Titre anglais : Time Out of Place
Titre français: Espace-temps décalé
Auteur : Cosmic (bananacosmicgirl ici)
Traductrice : Jess HDH
Catégories : Romance, Action/Aventure, Voyage dans le temps, UA
Couples : Harry/Draco, Ron/Hermione, Sirius/Remus, autres
Rating: PG-13/T
Spoilers : les quatre premiers livres de HP
Etat actuel de la fic : terminée. Elle compte 23 chapitres.
Où trouver la fic anglaise : ici même, sur FFNet
Résumé : Harry se réveille, la tête douloureuse, mais il réalise bien vite que son mal de tête est le cadet de ses soucis. Et quel rôle Draco joue-t-il dans tout ça ?
Disclaimer: cette histoire est basée sur des personnages et des faits crées et appartenant à J.K. Rowling. Aucun argent n'en est retiré. L'histoire de cette fic appartient à son auteur, Cosmic, et la traduction à sa traductrice, Jess HDH.
Note de la traductrice : Bonjour à tous ! Merci d'être toujours aussi nombreux à me lire, vous ne pouvez pas savoir à quel point ça m'encourage. J'espère que ce chapitre vous plaira. N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires. Bonne lecture !
Merci à Kain, Shima-chan, Natmangafan, Light of Moon, Agatha Brume, Ginnii, Lou Biloute, Falyla, Lolie Shing, Griselle, Ali Angel, Lovely A, Luce.wiz, Vif d'Or, Macatou, Amandaaa (la gagnante du chapitre bonus), Barbon & Panda, Ange De Un Cisme, Lily's Angel, Bibidibabidibou, Micy, Leviathoune et Ishtar205.
Hermione 2005, merci, mais si tu veux que je te réponde individuellement, mets ton mail la prochaine fois.
CHAPITRE 15
Les guerres n'ont jamais fait de mal à personne, à part à ceux qui meurent
(Citation de Salvador Dali)
Cinq heures plus tard, Harry était de nouveau sur pied. Pour l'instant, il était assis au chevet de Severus Rogue, une main sur le front du Maître des Potions, l'autre sur la blessure par balle. Severus était l'un des otages les plus touchés, malgré le peu de temps qu'il était resté entre les mains des kidnappeurs. Il y avait des dommages internes, causés principalement par la balle, mais également très probablement par une exposition prolongée à l'Endoloris. Les médecins n'avaient pu promettre à Harry que son cerveau n'était pas endommagé – après tout, il était connu que des gens deviennent fous suite à ce sortilège impardonnable.
Il était assis à côté de Severus depuis une heure. Après son réveil, il s'était rapidement rendu aux soins intensifs, ou plusieurs ex-otages avaient été emmenés. Il avait découvert que Neville avait déjà été déplacé dans un autre service, car il ne souffrait d'aucune blessure mettant sa vie en danger.
La jeune femme était bien plus mal en point ; la balle, en pénétrant dans l'épaule, avait abîmé le muscle. Et puis le staff médical avait fait une découverte des plus surprenantes.
« Les balles qui ont été utilisées ont été enchantées » lui avait dit un médicomage. « Celle qui l'a touchée a été enchantée de façon à ce que la guérison soit beaucoup plus difficile. Si elle reste trop longtemps, la blessure est irréparable. Le fait que vous l'ayez soignée a très probablement sauvé son bras, et même sa vie. Les mauvais sorts auraient commencé à se frayer un chemin dans son corps, rendant impossible toute guérison totale jusqu'à ce que la balle soit enlevée. C'est une situation absolument horrible pour n'importe quel médecin. »
Un autre médicomage lui avait dit quelques minutes plus tard que Rogue avait été blessé par le même type de balle. Peu après, Harry s'était posté au chevet de Severus et n'en avait pas bougé depuis.
La porte s'ouvrit en grinçant, et Harry leva les yeux pour découvrir un blond qui lui était familier se tenir dans l'embrasure de la porte.
« Draco » fit-il. « Qu'est-ce que tu fais ici ? Tu es censé être à Poudlard, pour te reposer. »
Draco haussa les épaules et entra dans la pièce. Quand il arriva à la hauteur de Harry, il s'affaissa dans une chaise à côté du brun.
« Je ne pouvais pas rester assis là-bas » se justifia-t-il. « Il y a trop de gens qui ont besoin de moi. »
Harry le regarda, abasourdi, puis lui fit un petit sourire. « Alors maintenant tu es Mère Térésa ? »
« Qui est-- ? »
« Laisse tomber » le coupa Harry. « Les médecins sont heureux d'avoir de l'aide, quelle qu'elle soit. Les balles ont été enchantées de sorte que les blessures ne se referment pas correctement, ou ne se referment pas du tout. »
« Je sais, j'ai parlé à un des médecins » dit doucement Draco, en regardant Severus. « On lui a tiré dessus ? »
Harry hocha la tête. « Et on l'a mis sous Endoloris. »
« Aie » fit Draco avant de se lever. « Je devrais aller donner un coup de main. »
« Vas-y mollo, d'accord ? »
Le blond lui sourit. « D'accord. »
« Draco ? »
Le blond s'arrêta et se retourna quand il entendit la voix de Harry. « Oui ? » fit-il.
« Comment tu savais ? Là-bas – tu m'as aidé. »
Draco haussa les épaules. « Je ne sais pas, vraiment. Après qu'on ait lancé l'Audiosis, j'ai pu tout à coup voir et ressentir une partie de ce qui t'entourait. Je ne sais pas comment j'ai fait. Je ne me souviens pas trop non plus de ce qui s'est passé à Poudlard. Dumbledore et Ginny semblaient penser que c'était bien, donc ils m'ont laissé faire. Mais ça doit avoir quelque chose à voir avec le Lien du Cœur, à mon avis. »
« Je suppose. Enfin, quoi que tu aies fait, merci. Je ne sais pas si je m'en serais sorti indemne, ou sorti tout court, sans toi. »
Le jeune blond lui fit un petit sourire. « De rien » fit-il avant de s'en aller.
Les heures passèrent. Harry ne bougea pas, à part pour s'étirer les bras une fois ou deux ; il continuait simplement à donner l'énergie et la force qu'il avait, en espérant et priant que le Maître des Potions s'en sortirait.
C'était étrange de voir le Rogue d'habitude si vivant allongé comme mort sur un lit. Il bougeait à peine ; seule sa poitrine se soulevait et s'abaissait en rythme avec sa respiration.
Une fois encore, Harry se surprit à penser à quel point la situation aurait été improbable deux mois auparavant. Deux mois selon le calcul de Harry, pas celui de ce monde. S'il avait dit à la Hermione et au Ron de son époque qu'il était resté au chevet de Rogue des heures d'affilée en espérant que l'homme s'en sortirait après qu'on lui ait tiré dessus, ils auraient cru qu'il était devenu fou. La Hermione et le Ron de ce monde n'étaient pas choqués par ça ; en réalité, ils s'y attendaient, surtout Hermione. Apparemment, Harry et Rogue étaient parvenus à un accord après la crise cardiaque de ce dernier.
Harry appréciait cette version un peu adoucie du Maître des Potions. Il n'était en aucun cas doux – Harry ne pensait pas que ce mot puisse décrire un jour le professeur – mais il était plus...agréable. Légèrement. Harry et lui pouvaient discuter poliment pendant quelques minutes sans que Rogue ne lui donne une retenue ou ne lui fasse perdre des points – non pas qu'il puisse encore enlever des points à Harry ou lui donner une retenue maintenant qu'il n'était plus à l'école, mais quand même.
Il supposait que la crise cardiaque que Severus avait eue était la raison qui se cachait derrière tout ça. Il n'en était pas sûr, évidemment – il y avait peu de choses qu'il savait vraiment sur ce monde -, mais il présumait qu'une crise cardiaque changeait le point de vue d'une personne sur la vie.
Il se demandait ce qui avait pu se passer à l'époque pour que Voldemort s'aperçoive que Rogue était un espion pour Dumbledore. Il se demandait également pourquoi le Seigneur des Ténèbres ne l'avait pas tué cette fois-ci, alors qu'il avait à nouveau l'homme entre ses griffes. Evidemment, il ne savait pas qu'il s'en sortirait aussi bien ; il était bien connu qu'une exposition prolongée à l'Endoloris rendait folles les victimes. Ajoutez à cela une balle enchantée, et non, la probabilité pour que Severus soit capable de se lever et de tourmenter à nouveau Harry était décidemment bien maigre.
Evidemment, le Maître des Potions avait toujours le chic pour prouver que le jeune Potter avait tort.
Au milieu de la nuit, Harry sentit soudain Rogue remuer sous ses mains. Les yeux de Severus s'ouvrirent d'un coup, et il jeta des regards un peu éperdus autour de lui. Quand sa vue s'éclaircit et qu'il vit Harry, son corps se détendit légèrement.
« Potter ? »
« C'est bien moi » répondit Harry. « Comment vous sentez-vous ? »
« Comme si on m'avait tiré dessus » rétorqua Severus, la voix rauque et la bouche sèche.
Harry laissa échapper un petit gloussement. « C'est à peu près ça. Vous êtes à Ste Mangouste, et vous avez été inconscient pendant...une dizaine d'heures. Je vous suggère de dormir un peu pendant que je vais chercher un médicomage pour qu'il vienne vous ausculter. »
Rogue acquiesça, ses yeux se fermant tout seul. Quand Harry fut certain qu'il s'était rendormi, il se leva et enleva ses mains de lui. Le Maître des Potions tressaillit quand le contact avec la Chaleur Guérisseuse fut coupé, mais Harry savait qu'elle ne l'aurait pas aidé ; il fallait qu'il trouve un médecin et qu'il lui dise que Rogue était de nouveau conscient.
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Deux jours plus tard, Harry se trouvait au sous-sol de la boutique de M. Hanawalt, car il allait commencer sa première leçon de tir. Draco se tenait derrière lui. Harry n'avait pas voulu qu'il vienne ; le blond avait toujours l'air épuisé, mais Draco avait convaincu Harry que jusqu'à ce qu'ils sachent ce que le poison allait lui faire, il pouvait tout aussi bien apprendre à tenir une arme.
« Ok » fit Carl. « Avant de commencer quoi que ce soit, je vais récapituler quelques règles de sécurité concernant les armes à feu. Numéro une – faites comme si toutes les armes étaient chargées. Donc pas de pitreries. Numéro deux – pointez toujours une arme dans une direction sûre. Pas sur vos amis, même si c'est simplement pour plaisanter. Il peut toujours y avoir un accident, mais tant que vous ne visez personne, il ne se passera rien de très grave. Donc je répète : pas de pitreries.
Numéro trois – gardez votre doigt loin de la détente jusqu'à ce que vous soyez prêt à faire feu. Numéro quatre – ne chargez pas votre arme avant d'être prêt à tirer. Si l'un d'entre vous enfreint ces règles, je vous jette dehors, la tête la première, compris ? »
Harry, Draco, Ron et Bill, le groupe de ce soir-là, acquiescèrent.
« Bien. Passons aux armes que vous allez utiliser. Ce sont des pistolets. Ils sont faits pour être tenus et pour tirer d'une seule main. Toutefois, on se sert habituellement de l'autre main en dessous pour un meilleur appui. »
Il continua sa leçon en expliquant comment était fait un pistolet, en leur parlant entre autres des cartouches, des munitions et du détonateur amorcé. Les quatre hommes écoutèrent attentivement chaque mot de Carl jusqu'à ce qu'il soit temps qu'ils s'entraînent à proprement parler.
« Mettez-vous à l'aise, dans une position décontractée. Servez-vous de votre main libre pour soutenir le pistolet par en dessous » commença Carl. Il continua de les guider point par point pour qu'ils adoptent la bonne position.
« A présent, souvenez-vous bien de bloquer fermement votre bras qui ne tient pas le pistolet, sinon votre visage fera les frais du recul caractéristique du pistolet après coup ». Ce furent ses derniers mots avant qu'ils ne tirent leur première balle.
A la fin de la soirée, ils avaient tous appris que le tir n'était pas aussi simple qu'il n'y paraissait. Cependant, ils s'en sortirent assez bien. Ils promirent tous de revenir dans quelques jours pour s'entraîner davantage, sachant qu'ils en auraient besoin. Mais il y avait d'autres problèmes urgents qui requerraient également leur attention en ce moment.
« Comment te sens-tu ? » demanda Harry quand ils se retrouvèrent dans leur appartement. Dumbledore avait permis à Draco de rester chez lui pendant que Rogue essayait de trouver l'antidote. Il y avait été obligé, car Draco avait refusé tout net de passer ses journées à l'Infirmerie à être dorloté par Madame Pomfresh.
« Fatigué, mais ce n'est pas nouveau » répondit le blond.
« Tu devrais aller au lit. »
« Tu viens avec moi ? » demanda Draco, la voix lasse mais réussissant à être pleine de sous-entendus.
« Dans un moment » fit Harry, peu enclin à jouer à ce petit jeu avec le blond.
Draco bouda un instant avant de disparaître dans la chambre. Harry s'assit sur le sofa et s'adossa mollement contre les coussins. Son esprit se vida, et il se sentit dériver vers le sommeil. Il devrait aller se coucher, il devrait vraiment...
« Debout, fainéant » lui dit Draco depuis le pas de la porte.
Harry ouvrit un œil pour lui lancer un regard noir. Le blond avait enfilé un boxer et un t-shirt noir : sa tenue de nuit habituelle.
« Va-t'en » marmonna Harry.
Draco s'approcha de lui et le tira brutalement du sofa. Il s'arrêta à quelques centimètres de Draco. Leurs yeux se croisèrent un instant avant que Harry ne détourne vivement la tête. Ils se dirigèrent sans un mot vers la chambre. Harry ne voulait pas – et ne pouvait pas – s'occuper de Draco et de ses sentiments pour l'instant ; il était trop tard, il était trop fatigué, ce n'était pas le bon moment.
Une petite voix dans sa tête lui demanda si le bon moment arriverait un jour. Harry lui dit de se taire.
Il se lava les dents, se changea et se donna un coup de brosse, même si ça ne rendait pas ses cheveux plus coopératifs. Finalement, il se dirigea vers le lit, où Draco s'était déjà endormi. Harry se glissa sous les couvertures et se retourna pour regarder le blond. Ses longs cheveux retombaient doucement sur son visage, et il avait l'air paisible dans son sommeil. C'était un beau jeune homme, même Harry était forcé de le reconnaître.
En soupirant, il s'enfonça davantage dans son oreiller et s'abandonna à son épuisement.
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Le lendemain matin, Harry et Draco furent tous les deux convoqués à Poudlard. A 9h30, ils étaient tous les deux assis, baillant, dans le bureau du directeur. Avec un léger frisson, Harry se rappela la dernière fois qu'il s'était retrouvé dans cette pièce – juste avant 'l'opération'.
Personne n'était mort. Par conséquent, Ginny était gaie comme un pinson et l'Ordre était soulagé que les choses se soient mieux passées, après deux missions plus que désastreuses.
Les Moldus blessés avaient été soignés. Chaque personne qui avait été enlevée avait également été interrogée sous Veritaserum. Harry n'avait pas encore eu d'échos sur ce qui avait résulté de ces interrogatoires. Il supposait que, en temps voulu et si c'était important, il en serait informé.
La porte du bureau s'ouvrit sur le Maître des Potions Severus Rogue. Il marchait avec une béquille, souffrant encore des séquelles de l'enlèvement. Pourtant, il était de nouveau sur pied, après être sorti de l'hôpital depuis seulement un jour. Harry avait appris par Remus que Rogue avait refusé de rester plus longtemps à l'hôpital, déclarant qu'il fallait qu'il retourne à Poudlard. Etant à deux doigts de subir le courroux du Maître des Potions, les médicomages avaient promptement accepté de le laisser partir.
« M. Potter, M. Malfoy » les salua-t-il.
Ni le blond, ni le brun ne dirent mot. Rogue salua également le directeur avant de s'asseoir sur une chaise, posant sa béquille avec dégoût.
« J'ai fait quelques tests sur l'échantillon de sang que j'ai reçu » commença-t-il. « Après plusieurs heures de travail, j'en ai conclu que vous avez été empoisonné par quelque chose de liquide. Ce quelque chose s'est infiltré dans votre système sanguin, et par conséquent il sera presque impossible de s'en débarrasser. »
« Savez-vous quel est ce poison, ou quels sont ses effets ? » demanda Draco d'une voix égale.
Rogue secoua lentement la tête. « Comme je l'ai dit, j'ai fait plusieurs tests. Ce poison m'est inconnu. »
« Donc il n'y a pas d'antidote » fit Draco.
« Je ne sauterais pas si rapidement à cette conclusion, M. Malfoy » rétorqua le Maître des Potions. « Presque tous les poisons ont un antidote – ça va prendre juste un peu de temps pour le trouver. »
« L'optimisme ne vous va pas, Sev » dit Draco avec un sourire triste. « Vous devriez vous en tenir au sarcasme. »
Severus lui lança un regard meurtrier, que Draco contra par un haussement de sourcil.
« Savez-vous quels sont les effets du poison ? » intervint Harry, souhaitant rompre la joute visuelle qui s'engageait. Les deux personnes qui se tenaient devant lui étaient celles qui pouvaient soutenir le regard de quelqu'un le plus longtemps. Il n'avait pas franchement envie qu'ils se lancent dans une compétition pour se départager.
Rogue tourna son regard vers Harry. « Les quelques ingrédients que j'ai pu déceler désignent un poison qui provoque une grande fatigue. Ce doit être un processus très lent, d'après ce que Madame Pomfresh m'a dit de vos symptômes. En plus de vous épuiser, il vous donne l'impression d'être malade. Il continue à s'infiltrer et à avoir une emprise grandissante sur votre corps, ce qui vous rend de plus en plus faible ; il est possible qu'il vous donne de la fièvre et des nausées. Je ne suis pas certain de tout ça, mais je pense également qu'à l'approche du stade final, cela débouchera sur des hallucinations, puis une paralysie. »
« J'imagine que le stade final est la mort ? » fit Draco d'une voix morne, ou perçait quand même une pointe de tristesse.
« A mon avis, oui. »
Harry écoutait ce que Rogue disait, mais son cerveau n'en avait pas encore compris le sens. Draco était en train de mourir ? Ce n'était pas possible. C'était un Malfoy. C'était l'ennemi de Harry, ou peut-être son ami, il avait été là, une épine dans le flanc de Harry depuis leur première année à Poudlard. Maintenant qu'il avait changé de camp, il était en train de mourir ? C'était impossible.
« Je vais essayer de trouver un antidote » continua Rogue. « Mais je ne peux rien promettre. »
Draco hocha la tête, et Harry eut envie d'exploser. Comment pouvait-il juste rester assis là ? Il acquiesçait et approuvait alors que Rogue venait peut-être de signer son arrêt de mort. Il n'était pas bouleversé le moins du monde, ni énervé. Il ne criait pas, ni ne pleurait. Il restait juste assis là, regardant par la fenêtre derrière le bureau de Dumbledore.
Juste au moment où Harry allait révéler le fond de sa pensée, il sentit la main de Draco sur la sienne. Le Survivant leva la tête et vit Draco qui l'observait.
« Calme-toi » fit-il. « Ca ne sert à rien de se mettre en colère. »
Harry déglutit péniblement et prit quelques profondes inspirations, puis il acquiesça.
« Savons-nous d'où ça vient ? » demanda Draco.
« J'espérais que vous me le diriez » répondit Rogue. « Je n'ai pu découvrir que ce qui le composait, et non comment il a été introduit dans votre système sanguin. Toutefois, j'ai une idée, et je pense que vous avez la même – Voldemort. »
« Mais pourquoi un poison qui agit lentement ? » intervint Harry. « Pourquoi ne pas l'avoir tué, tout simplement – ou nous deux, d'ailleurs ? Et faire une grande déclaration. Il aime bien faire des discours. »
« Je ne sais pas, Potter » fit le Maître des Potions. « Vous en savez autant que moi. Toutefois je dirais que de cette manière, il préoccupe plus de monde : je vais travailler sur ce poison dès maintenant ; beaucoup d'autres vont s'inquiéter ; vous allez donner votre énergie à Draco. Tout ça au lieu de se concentrer sur ses plans. »
« Il a empoisonné Draco pour faire distraction ? » fit Harry, complètement incrédule.
A ce moment là, Dumbledore intervint, ressentant le besoin d'interrompre la conversation avant qu'elle ne se change en une dispute généralisée alimentée par des émotions à fleur de peau.
« Severus, je sais que vous allez faire de votre mieux pour trouver un antidote » fit-il. « Harry, Draco, je vous suggère de rentrer chez vous. M. Malfoy, essayez de beaucoup vous reposer. Il est probable que vous allez devoir être transféré à l'Infirmerie dans peu de temps, mais je préférerais éviter ça aussi longtemps que possible. »
Draco acquiesça, bien que Harry remarquât qu'il évitait le regard du directeur. Tout à coup, il sentit un léger sentiment de peur émaner du blond – apparemment, les murs qui retenaient ses émotions étaient en train de s'écrouler. Il devrait peut-être ramener le blond à la maison. S'il craquait soudainement, Draco n'aimerait pas que ce soit devant le directeur et le professeur de Potions, deux personnes que Draco admirait, Harry le savait.
« Rentrons à la maison, alors » dit Harry. Il prit Draco par la main et l'aida à se mettre debout. Le Serpentard lui lança un regard interrogateur, mais Harry se contenta de hausser les épaules.
« Nous restons étroitement en contact » conclut Dumbledore. « Nous vous préviendrons à la moindre nouvelle. »
« Bonne ou mauvaise, j'espère » fit Draco.
« Oui, qu'elle soit bonne ou mauvaise » promit le directeur avec un maigre sourire.
Quelques minutes plus tard, Harry et Draco prirent congé et partirent par cheminette tandis que Rogue retournait dans ses cachots pour se remettre au travail.
Quand ils furent rentrés chez eux, Draco dit à Harry qu'il allait faire une sieste. Harry approuva, le cœur serré à la vue de la silhouette fatiguée du blond. Il n'exprima pas ses sentiments, mais il supposa que Draco les connaissait, tout comme il avait deviné quand ils étaient à Poudlard.
Comme le blond disparaissait dans la chambre pour dormir, Harry se prépara une tasse de thé et des petits pains au lait. Il s'assit au salon, ayant décidé depuis longtemps que c'était son endroit préféré pour s'asseoir et réfléchir. De là, il pouvait voir tomber les flocons de neige par les grandes fenêtres, tandis que lui était au chaud et bien installé sur le sofa. Les flammes dans la cheminée gardaient la pièce à une bonne température.
« Bonjour, Harry ! »
Le Survivant sursauta quand il entendit ces mots, et renversa quelques gouttes de thé. Il jura intérieurement avant de se tourner vers la cheminée.
« Bonjour, Ron » fit-il. Le visage de Ron flottait au-dessus du feu, ses cheveux roux assortis aux flammes.
« Comment ça va, par cette belle journée enneigée ? »
« Bien » répondit Harry, même s'il était loin d'aller bien après avoir entendu les nouvelles de Rogue.
« On dirait que tu ne me dis pas la vérité » fit Ron en se rembrunissant légèrement.
Harry soupira. « On vient d'aller à Poudlard pour discuter avec Rogue. »
« A propos de Draco ? »
Harry acquiesça. Il avait dit à Ron que Draco était malade quand Ron était venu rendre visite à Rogue après son réveil. Il était trois ou quatre heures du matin, et Harry avait expliqué ce qui n'allait pas chez Draco. Ron était resté assis sans bouger, écoutant attentivement, et à la fin avait promis de faire son possible pour aider.
« Rogue dit que le poison est inconnu. Par conséquent, il n'y a pas d'antidote, du moins pas encore. C'est un poison qui agit lentement – et il va finir par le tuer. »
La voix de Harry était fatiguée, et presque dépourvue d'émotion. Il en restait peu en lui après la réunion avec Dumbledore et Severus. La colère s'était atténuée, le laissant vidé.
« Merde » murmura Ron.
« Severus va essayer de trouver un remède » continua Harry. « Draco semble déjà avoir abandonné. »
« Il a toujours été assez mélo dans son genre » fit Ron, et le Survivant s'autorisa un léger sourire.
« Tu ne devrais pas travailler ? » demanda-t-il un peu plus tard, souhaitant changer de sujet.
« Oh, mais c'est ce que je fais » répondit Ron avec un sourire.
« En me parlant ? » s'enquit Harry, un sourcil légèrement levé.
« Bon, ok, peut-être pas » admit Ron. « Mais il fallait que je te parle pour une bonne raison. »
Harry se redressa. « A propos de l'Ordre ? »
Le rouquin acquiesça. Il regarda autour de lui pour voir si personne ne l'écoutait. Quand il fut satisfait, il dit « Nous avons interrogé tous les otages de l'enlèvement. Apparemment, ils travaillent tous dans l'armée d'une manière ou d'une autre et ils sont tous experts en armes. »
« Pas étonnant. Je parie que Voldie voulait les forcer à lui apprendre des choses. Quand ils ont refusé, on s'est...occupés d'eux, j'imagine. Ca expliquerait également pourquoi un des types parlait aux Mangemorts dans la vision de Draco. Cette personne là a dû accepter de les aider. »
« Exactement » fit Ron. « C'est pourquoi maintenant on a besoin de Draco. On ne peut pas dire quel est le Moldu qui se serait tourné vers les Mangemorts, vu qu'on est arrivés avant. On a besoin de lui pour qu'il nous montre le type en question. »
Harry hocha lentement la tête. « Il dort pour le moment, mais nous passerons dès qu'il se sera réveillé. On doit aller à ton bureau, ou ailleurs ? »
« Venez ici, ça ira. On ira jusqu'aux quartiers où les Moldus sont retenus quand vous arriverez. »
« D'accord. Ca te dérange d'attendre une heure et demie environ ? Il – il a besoin de se reposer. »
Ron acquiesça. « Bien sur. On ne veut pas qu'il s'endorme ici, alors laisse-le se reposer. Oh, et n'oubliez pas de vous habiller en Moldus – on va traverser le Londres moldu après tout. »
« D'accord » fit Harry.
Ils se dirent au revoir et Ron disparut. Harry se leva ; la tasse de thé et l'assiette de petits pains étaient vides depuis longtemps. Il lança un rapide sort de nettoyage, d'abord là où il avait renversé du thé et ensuite sur la vaisselle elle-même, puis la rangea dans un des placards de la cuisine.
Il longea le couloir et ouvrit précautionneusement les portes menant à la chambre. Draco était au lit, profondément endormi. Apparemment, il s'était simplement allongé avant de dériver vers le sommeil ; il avait encore sa cape sur lui.
Harry s'avança et s'assit sur le lit, appuyant son dos contre le mur. Il bougeait avec lenteur, ne voulant pas réveiller Draco. Il posa ses mains de chaque côté du visage du blond, sachant que même si la Chaleur Guérisseuse ne redonnerait pas la santé à Draco, elle ne lui ferait certainement pas de mal.
Il ne fallut que quelques minutes pour que Harry trouve la position inconfortable.
En soupirant, il s'allongea à côté de Draco et enroula ses bras autour de lui. C'était bien ; ça lui paraissait normal, comme la fois où il s'était réveillé après la dernière vision. Il ne se posa pas davantage de questions. Pour une fois, son esprit était relativement calme. Il y avait toujours l'inquiétude tenace à propos du poison qui courait dans les veines de Draco et il savait qu'il fallait absolument trouver un antidote. Même le fait de retourner dans son monde n'était plus aussi important à la lumière des récents événements.
Et pourtant, il se sentait en paix allongé là, les bras autour du blond, lui procurant autant de réconfort que possible. Il se dit qu'il devrait en profiter pendant qu'il en était temps, car une petite voix insistante dans sa tête lui disait qu'il ne pourrait peut-être pas le faire encore bien longtemps. Si Rogue avait raison en supposant que des hallucinations et une paralysie seraient le prochain stade du développement du poison, alors Draco devrait être transféré à Poudlard. Tôt ou tard, il mourrait.
Harry se rendit compte qu'il ne voulait vraiment pas que cela arrive.
TBC...
