Les douves du château d'Hyrule

Ou comment lâcher sa meilleure amie pour le prince charmant…

- Le château d'Hyrule est le plus grand château du plus grand royaume de la terre. Depuis toujours, la famille royale se transmet la Triforce de génération en génération. Il paraît que la famille royale descend de la tribu des Hyliens ! Donc ils sont de la même race que moi et…

- T'es obligée de me raconter tout ça ? Tu me soules et puis d'abord… POURQUOI JE DOIS TE SUIVRE EN COURANT?

- Parce que Mystik ne veut pas que tu montes sur son dos !

Mystik était la panthère disciple de Farore. Celle-ci, sur laquelle était assise Edriel, émit un petit grognement.

- Héla ! Doucement, ma belle !

- Gnagnagna…

- C'est pas de ma faute si elle ne t'aime pas et puis tu l'as bien mérité ! C'est à cause de toi qu'on est là !

- Même pas vrai ! Tu es aussi coupable que moi !

- Ah oui, et c'est qui qui m'as fait du chantage en me disant que si je l'accompagnait pas, elle me réveillerait à 5h du matin jusqu'à la fin de mes jours ! (C'est stupide comme menace, mais je tiens à mon sommeil !)

- Pff ! T'avais qu'à pas accepter...

- Bon, faut que je t'explique… Lorsque l'on arrivera au château d'Hyrule, on ira parler à la famille royale : qui on est et ce qu'on est venues faire ici. Ensuite, on ira là où ils nous indiqueront, on tuera je-sais-pas-quoi, et on retournera là-haut !

- Eh ben, t'es vraiment pas motivée, toi !

La panthère s'arrêta brusquement.

- Aïe ! Sale bête, tu pourrais prévenir quand tu mets les freins !

- Grrrrrrrrrrrr !

- Ok j'ai rien dit !

- Regarde, c'est le château…

En effet, une grande muraille se dressait devant les deux jeunes filles, haute de plus de 10 mètres, entourée par des douves profondes et froides.

- Et tu peux me dire pourquoi la porte est fermée ? demanda Poltergeist, les poing serrés.

- Ben…Je ne sais pas moi ! renchérit Edriel.

- C'est à cause du couvre-feu !

- Comment tu sais ça, Poltergeist ?

- C'est pas moi qui ait parlé !

- En fait, c'est moi !

Les deux jeunes filles firent volte-face, et tombèrent nez à nez avec un cavalier blond, en habit vert. Celui-ci portait une épée et un bouclier dans le dos, et des protections légères aux poignets.

- Ca doit être un guerrier, souffla Edriel à l'oreille de son amie.

Le jeune homme mit pied à terre.

- Vous n'êtes pas d'ici, n'est-ce pas ?

- Pourquoi dites-vous cela ? grogna Poltergeist, un poing sur la hanche.

- Calme-toi, intervint l'Hylienne, il n'a pas l'air méchant, alors ce n'est pas la peine de le provoquer.

- Et qu'est-ce qui te fait penser qu'il n'est « pas méchant » ?

- Ben, regarde Mystik !

La panthère s'était approchée de l'individu, et se frottait à présent contre sa jambe dans un doux ronronnement.

- Elle est mignonne, votre bestiole, s'extasia le jeune homme.

Il s'accroupit pour mieux la caresser.

- Maaaaiiiiiiis ! C'est pas juste ! Pourquoi moi elle m'aime pas !

- Va savoir !

Le cheval du jeune homme ne semblait pas rassuré par le félin noir, mais ne voulait pas non plus quitter son maître.

- Comment vous appelez-vous ? se risqua Edriel.

Ces mots eurent comme un effet d'électrochoc sur le jeune homme, qui se releva soudain, l'air grave.

- Il ne faut pas rester là ! Vous avez un endroit où aller ?

- Heu… ben, pas vraiment, pourquoi ?

- Parce qu'il y a des monstres, la nuit, dans ce coin. C'est pour ça qu'il y a un couvre-feu !

- Oh, la poisse…

- Je peux vous défendre, mais pas toute une nuit…Je m'appelle Link ! Désolé de ne pas vous avoir répondu plus tôt, mais tout plein de choses se bousculent dans ma tête, et le plus important, pour le moment, est de quitter ces lieux. Venez !

- On le suit ou pas ?

- Ne fais pas la rabat-joie, Polty ! Tu as vu que Mystik l'aime bien, alors c'est qu'on peut lui faire confiance, elle ne se trompe jamais quand il s'agit de juger les gens : elle a un don pour ça.

- Alors pourquoi elle m'aime pas !

- Ah ça, j'en sais rien ! Et je crois que ça restera un mystère jusqu'au bout !

Link avait pris la bride de son cheval, et longeait la muraille du château, cherchant quelque chose. Edriel le rattrapa pour entamer la conversation.

- Vous êtes un Hylien non ?

- Oui… et vous aussi je crois !

- Effectivement, mais vous pouvez me tutoyer.

- D'accord, alors toi aussi !

La voix de Poltergeist retentit un peu plus loin :

- Hey ! Edi ! Il va pleuvoir !

- Ok !

- Ça m'étonnerait, les nuages ne sont pas assez gros, remarqua l'Hylien.

- Poltergeist ne se trompe jamais lorsqu'il s'agit du climat.

- Poltergeist, hein…Et toi ? Quel est ton nom ?

- Je m'appelle Edriel !

- Ravi de faire ta connaissance…

- Moi de même !

- Cela fait longtemps que je n'avais pas vu de gens de la même race que moi, c'est très agréable…

Edriel le dévisagea, surprise.

- Enfin, je veux dire… C'est agréable d'avoir un peu de compagnie de temps en temps, parce que cela fait trois mois que je m'entraîne dans la montagne Goron, et à part des Gorons, je ne voyais pas grand-monde… Et puis, les Gorons ne sont pas vraiment des humains, alors…

Il s'interrompit, voyant que la jeune fille riait.

- Tu n'as pas besoin de te justifier. Je comprends tout à fait ce sentiment, qui pousse les hommes à rechercher la compagnie de leurs semblables. C'est comme si on retrouvait des frères.

- Tout à fait !

Une fine goutte de pluie vint s'installer sur la joue de l'Hylienne qui sursauta, surprise.

- Ah ah ! Votre amie avait raison, il pleut.

Le jeune homme effleura délicatement de sa main gantée la joue de la jeune fille, pour chasser la larme de cristal.

- Merci, apprécia Edriel avec un sourire charmeur.

Link rougit légèrement, puis détourna son beau regard bleu azur vers la muraille du château.

- Nous y voilà ! s'exclama-t il, comme pour prévenir les autres membres du groupe.

- Quoi, tu veux qu'on passe par les égouts !

Poltergeist venait de les rejoindre, et visiblement, la pluie n'avait pas arrangé son humeur… (Qu'est-ce qui peut arranger son humeur ?)

- Ce ne sont pas des égouts ! C'est un passage secret construit par les Sheikahs, pour pouvoir s'échapper en cas de lourde attaque ennemie.

- En gros, c'est une sortie de secours, précisa Edriel.

- Exactement !

- C'était pas la peine de préciser, j'avais compris ! ronchonna Poltergeist entre ses dents.

- Et cette eau qui s'écoule provient des douves, je me trompe ?

- Non, c'est exactement ça ! Tu as une bonne capacité de déduction !

- Merci !

La pluie s'intensifie, coupant court aux explications pompeuses sur le fonctionnement des douves d'un château.

- Bon, restez là, je vais entrer dans la ville, et ouvrir la porte pour que vous puissiez rentrer avec votre bestiole noire.

- Hey ! Tu nous laisses là, dans la pluie et le froid, je proteste !

- Calme toi, Polty ! Link, avant toute chose sache que notre « bestiole noire » est une panthère, et qu'elle s'appelle Mystik. Et deuxièmement, je viens avec toi !

- Heu… Je veux bien, mais vous ne serez pas trop de deux pour vous défendre, face à des zombies.

- Ne t'en fais pas, Poltergeist est assez forte pour tenir le temps qu'on revienne, et puis, elle a aussi Mystik avec elle, ce qui n'est pas rien !

- Eh ! Deux secondes là ! Tu ne vas pas m'abandonner quand même ?

- Bon, dans ce cas je n'ai plus rien à dire…

- Alors c'est décidé ! Poltergeist, garde Mystik et le cheval…

- Epona !

- Et Epona pendant que l'on va vous ouvrir la porte.

Sans même laisser un moment de réflexion à la disciple de Din, Edriel et Link s'engouffrèrent dans la sombre galerie qui menait à l'intérieur de la cité d'Hyrule.

- Non mais j'y crois pas ! Elle m'a abandonnée pour un prince charmant à deux balles ! Moi, sa meilleure amie…

La jeune fille laissa échapper un long soupir, et prit la bride d'Epona. Elle appela Mystik d'un signe de tête, et vint s'asseoir en tailleur sur une pierre un peu plus grosse et plus plate que les autres. La pluie tombait drue et à grosses gouttes maintenant. Epona se coucha contre un rocher massif, qui la protégeait légèrement de la pluie, et la panthère vint se coucher aux pieds de Poltergeist. Celle-ci, les yeux fermés et le visage au ciel, respirait de grandes bouffées d'air humide, comme si elle se réchauffait à un feu de bois un soir d'hiver. Il est vrai que le bruit de la pluie est apaisant, mais pas forcément lorsque l'on est dessous...

Plusieurs paires de grand yeux rouges apparurent, arrachant un grognement à Mystik qui se mit en position de garde, les pattes pliées à l'avant, prête à bondir.

- Tiens, voilà la cavalerie qui arrive, souffla la jeune fille en se redressant.

Elle sortit les dagues qu'elle cachait dans son dos, et, une main en avant, plia les genoux pour épauler la panthère dans son assaut. Les yeux rouge sang se rapprochaient dangereusement de leurs positions d'un pas lent et maladroit, mais tout de même très effrayant. Les pattes du félin relâchèrent leur détente, propulsant l'animal sur le premier ennemi à portée de croc. Le monstre était un tas d'os dépourvu de chair. Sa tête se détacha de son corps sous le choc des griffes du fauve. Un autre qui arrivait par derrière se vit couper en deux par les dagues acérées de Poltergeist, qui afficha un sourire carnassier avant de se jeter sur un autre ennemi.

- Attention de ne pas glisser, c'est mouillé un peu partout !

Link avançait avec prudence dans le souterrain de plus en plus sombre, suivi d'Edriel qui ne voyait déjà presque plus rien.

- Où on est ?

- On s'enfonce sous terre, près de la source souterraine du château. L'humidité ne va aller qu'en augmentant.

- Et c'est encore loin ?

- Oui, environ un bon quart d'heure. Attention à la pierre !

- Aïe !

- Ça va aller ?

La jeune Hylienne venait de trébucher sur une grosse pierre, et avait heurté au passage le jeune homme, qui l'avait rattrapée de justesse. Celui-ci lui prit la main :

- N'ai pas peur, je connais ce chemin comme ma poche.

- Je n'ai pas peur quand je suis avec toi…

L'éteinte de Link se resserra sur la main de sa compagne de route, visiblement touché par ces paroles. La marche qui menait à la source souterraine prit 10 longues minutes durant lesquelles tous deux furent silencieux. Malheureusement, leur contact fut coupé au moment où Link perdit l'équilibre, et tomba dans un trou. La jeune fille ne put s'empêcher de crier :

- Link ! Link ! Est-ce que ça va !

Une voix plaintive lui répondit des profondeurs :

- Mmmmf, ouais, ça peut aller…

Edriel poussa un soupir de soulagement.

- Saute, je vais te rattraper ! continua la voix.

L'Hylienne s'exécuta et atterrit quelques mètres plus bas, dans les bras de l'Hylien. Fort malheureusement, celui-ci n'avait pas pris en compte le facteur sol glissant et tous les deux finirent leur course par terre…

- Aïe, je crois que je me suis cassé quelque chose…

- Oh Link, je suis désolée, c'est de ma faute si tu t'es fait mal…

- Non, non, t'en fais pas, ça va aller ! C'est juste que j'ai l'habitude de dire ça quand je tombe. Mais t'en fais pas pour moi, avec l'entraînement que je m'oblige à suivre, c'est pas ce genre de petite chute qui va me faire mal…

Il se tut, voyant que la jeune fille riait encore. Elle le regardait fixement dans les yeux, et lui décocha un de ces magnifiques sourires, ceux qui laissent légèrement apparaître ses dents et donnent à ses yeux un quelque chose de magique. Link rougissait à vue d'œil mais ne parvenait pas à détourner le regard. Il était comme envoûté. Edriel caressa délicatement du bout des doigts la joue de son sauveur, puis y déposa un tendre baiser…

« Le héros… cherche… du temps… les trois pierres… le héros du temps… sacrées… le mal… et acquière… sera vaincu… L'épée… le héros du temps… contre le mal… sacrée… combattre…tu dois… réunir… pour devenir… les 7 prêtres… face au mal… et acquière… le pouvoir… Ganondorf… tu dois tuer… Ganondorf… le pouvoir… pour sauver… ce monde… le héros… et sauver… du temps… la Triforce… Link… Tu es le héros du temps… »

- Aaaaaaaaaaaaaaaaah !

- Edriel ! Edriel, calme toi ! Edriel ! C'est moi, Link !

L'Hylienne rouvrit les yeux :

- Tu… Tu es...

- N'aie pas peur, je suis là !

- Le héros du temps…

La jeune fille était allongée par terre et l'Hylien, assis près d'elle, mouillait son front avec son bonnet qu'il plongeait dans l'eau de la nappe, puis essorait avec délicatesse. Edriel se releva lentement sous le regard inquiet de Link.

- Ça va mieux ?

- Que s'est il passé ?

- Tu t'es évanouie… J'ai eu très peur pour toi ! Tu n'arrêtais pas de parler de « pouvoir » et de « temps ».

- Je… J'ai eu une vision.

- Et ça t'arrive souvent ?

-Euh… Oui, de temps en temps… J'ai vu ton passé, je crois…

- C'est vrai ?

- Oui, j'ai vu que tu étais… Le héros du temps…

Link se remit debout, épousseta sa tunique et posa ses doux yeux azur sur le plafond humide où pendaient quelques stalactites.

- Cela fait bientôt un an… finit-il par dire.

Puis il reposa ses yeux sur la fille toujours assise. Il lui tendit l'une de ses mains gantées avec un sourire un peu triste. Celle-ci l'accepta et se laissa hisser doucement sur ses pieds. Ils étaient très proches l'un de l'autre et Edriel pouvait sentir le souffle accéléré du jeune homme, certainement perturbé par quelque chose. Pour tenter de le rassurer, elle entremêla ses doigts dans les siens et posa sa tête contre son torse. L'Hylien dégageait une chaleur vraiment agréable, la chaleur d'un soleil couchant d'été, et une sensation de bien-être très particulière. On sentait qu'il était différent des autres personnes.

- Tu sens vraiment très bon, souffla-t il tout en glissant sa main libre sur la hanche de la jeune fille.

Il l'avait déjà senti ce parfum, celui qui sent la joie et la douceur, celui-là même qu'il avait senti quelques instants plus tôt, lorsqu'elle lui avait donné ce baiser, celui de la fille qui avait fait chavirer son cœur avec un sourire, celui de cette fille, Edriel, celle qu'il tenait dans ses bras en ce moment… Il lâcha la main de l'Hylienne pour lui caresser la joue tout en laissant aller son souffle contre la peau de sa nuque. La jeune fille frissonna et se serra un peu plus contre son prince charmant. Elle avait à présent la tête sur son épaule. La main de Link sur sa joue la réchauffait énormément, et elle avait même l'impression d'être toute rouge, sûrement à cause de ce sentiment qui naissait dans son cœur, et prenait peu à peu possession de toutes les parties de son corps, l'empêchant de bouger. Doucement, elle sentit sa tête se lever vers celle du jeune homme, dont les lèvres lui effleuraient la joue. Bientôt, leurs souffles se mêlèrent, puis leurs lèvres se rencontrèrent dans un instant magique que rien ne semblait pouvoir briser.

Malheureusement, l'eau de la pluie qui faisait encore rage dehors finissait son infiltration dans la nappe et il ne fallut que quelques instants pour ramener les deux amoureux a l'ordre.

- Il faut se dépêcher, Poltergeist nous attend, souffla Edriel en se dégageant de la douce étreinte.

- Tu as raison, poursuivit son ami, nous y sommes presque, le chemin est…

Sans prévenir, l'eau de la source commença à former une sorte tourbillon puissant, débordant de plusieurs mètres de son lit d'origine. Link saisit l'Hylienne à la taille, et fit un bond en arrière, se projetant contre le mur de roche.

- Qu'est-ce que c'est ? C'est la pluie qui engendre tous ces remous ? questionna Edriel.

- Je… Je ne crois pas… J'ai l'impression que c'est autre chose…

Le centre du tourbillon s'assombrissait de plus en plus, recouvrant l'eau d'une sorte de pâte noire. L'apparition de cette pâte avait calmé la source, qui retrouvait à présent son niveau normal.

Link libéra précautionneusement sa princesse pour aller observer de plus près la chose noire. Il s'accroupit au bord de la berge et la tâta du bout de son index. Puis après un instant de réflexion, qui le laissait complètement perplexe, il se risqua à formuler une hypothèse :

- Tu crois que c'est la panthère qui s'est liquéfiée ?

Cette remarque lui valut une bonne taloche derrière les oreilles.

- Imbécile… lâcha Edriel mi-énervée, mi-souriante.

L'Hylien simula un « désolé » très poignant, avant de sortir un flacon de nulle part.

- Que fais-tu ? lui demanda la jeune fille.

- Je fais un prélèvement pour le montrer à Impa, elle saura quoi faire, elle.

- Qui est Impa ? s'étonna Edriel en fronçant les sourcils.

- C'est l'une des derniers Sheikahs, elle protège la famille royale d'Hyrule dans l'ombre, et s'occupe de toutes les affaires qui doivent rester… secrètes.

- Mmm…Je vois ce que tu veux dire.

La pâte était gluante, et Link poussa une exclamation de dégoût lorsque celle-ci glissa entre ses doigts, retombant à l'intérieur du flacon transparent dans un « gloug » répugnant.

- Bon, en route maintenant, finit-il par annoncer en se redressant, et en rangeant le flacon là où il l'avait sorti.

Edriel le rejoignit et main dans la main, ils amorcèrent la remontée vers la ville. Le trajet ne dura pas plus de 5min, durant lesquelles la route boueuse se dalla, pour laisser place à des escaliers. Ceux-ci finissaient leur course face à un étrange mur d'eau.

- C'est quoi cet étrange mur d'eau ?

- Un sortilège Sheikah ! Tu ne doit pas avoir peur de le traverser, car c'est par là que se trouve la sortie.

- Vraiment ? Ces Sheikahs sont incontestablement très doués ! J'ai hâte de rencontrer cette Impa !

L'Hylien tendit sa main et la plaqua contre la paroi aqueuse. Bizarrement, celle-ci s'enfonça, avalant son bras dans la foulée, puis son épaule, son torse et son visage. Il tenait toujours la main d'Edriel qui se laissait guider, et finit par pénétrer elle aussi dans le miroir d'eau.

De l'autre côté, c'était le stéréotype de la mort avec de l'eau en plus: un long tunnel menait vers le haut, au bout duquel on apercevait une lumière blanche.

Link entraîna Edriel vers cette lumière.

- Waaaaaah ! De l'air libre… Où sommes-nous maintenant ?

- C'est le puits de l'espoir. Il se trouve dans un cul-de-sac mais la route que tu vois là bas mène à la grande place. L'Hylien se hissa hors du puits, imité par la jeune fille. La « lumière au bout du tunnel » était en effet une lumière, mais celle de lune qui était visible malgré la pluie.

- Allez, viens, nous y sommes presque…

Après encore 5min de déambulage dans la ville, ils arrivèrent enfin près du grand pont-levis, toujours fermé.

- Reste là, je vais monter pour les prévenir ! s'exclama le jeune homme.

- Non, laisse, je vais y aller…

L'Hylienne prit son élan et bondit sur la grosse chaîne enroulée. Elle atterrit sur la pointe des pieds, et s'agrippa avec les mains pour mieux se hisser. En moins d'une minute, elle se retrouva au sommet de la muraille. Elle se tourna vers Link, qui applaudissait silencieusement. Elle ne put s'empêcher d'esquisser une révérence, puis l'interrogea d'un signe de menton. Il lui indiqua une direction qu'elle prit en courant.

- Poltergeist ! Poltergeist, où es-tu ?

Un grognement de félin l'avertit de la position exacte. Mystik donnait encore quelques coups de pattes à un squelette, tout en protégeant Poltergeist qui était assise contre une pierre, inconsciente.

Edriel siffla pour indiquer sa position. La panthère saisit le bras de la fille inanimée avec douceur, et la hissa sur son dos. Elle fit ensuite signe à Epona de la suivre. La jument s'exécuta et suivit au galop le félin noir. La porte n'était pas très loin, et les squelettes assez lents ne parvinrent pas à les rattraper. Edriel fit un signe de la main à Link pour l'avertir, tout en se laissant glisser sur la grosse chaîne. Link abaissa le levier juste le temps de laisser passer les animaux et la blessée.