Bon, ça m'a pris un peu de temps, je manquais d'inspiration pour ce moment précis, mais je crois que je m'en suis bien sortie.
Au fait, le Turk dont il est question est le brun-roux mignon de Before Crisis. Je l'appelle Shinji à cause de la réplique de Reno dans Last Order, parce qu'il n'a pas de nom officiel... pauvre petit...
Enfin, merci à ceux qui reviewent, c'est toujours apprécié... ceci est l'avant-dernier chapitre, j'espère que vous allez aimer!
Dix-neuf ans
Ce n'est rien, c'est du bon, une bonne nouvelle, tout va bien, une bonne nouvelle, tout va bien aller.
C'est fou comme je le déteste…
Je toque à la porte de son bureau. Il me fait languir une bonne trentaine de secondes avant de daigner me dire d'entrer. Je prends une grande inspiration, et j'ouvre la lourde porte du bureau.
Il est là, il ne me regarde pas. Il a un stylo à la main, un dossier marqué « Urgent / Nibelheim » dans l'autre. Il lit attentivement, il a l'air vraiment énervé, encore plus que d'habitude. On dirait que j'ai vraiment mal choisi mon jour. Tant pis, trop tard.
-Père…
-Hm, c'est toi, Rufus? Tu ne vois pas que je suis occupé?
-Désolé, père…
-Qu'est-ce que tu veux? Dépêche-toi, je suis vraiment très pressé.
-Quelque chose s'est passé?
Il relève la tête. Je pourrais presque avoir pitié des cernes sous ses yeux rougis, presque.
-Des troubles à Nibelheim. Sephiroth est mort, il a fait un carnage avant d'aller se faire griller dans le réacteur. L'imbécile.
-Je vois… tu dois organiser un nettoyage…
-Je dois me démener avec les médias, ils ont déjà laissé glisser des informations, les salauds… enfin, qu'est-ce que tu me veux?
Je me redresse. J'avais presque oublié, presque oublié cette enveloppe dans ma main… Ce n'est rien, c'est du bon, une bonne nouvelle, tout va bien, une bonne nouvelle, tout va bien aller.
-Je viens t'annoncer… j'ai été accepté à l'École Supérieure de Commerce.
-Quoi, c'est tout? La prochaine fois, quand tu viens me déranger, viens pour des choses plus importantes.
Je cligne des yeux. Ce que je déteste sa voix quand il prend ce ton… pourquoi est-il toujours si colérique? Pourquoi me déteste-t-il autant?
Je lui jette l'enveloppe au visage et je crie, je crie, parce que je dois crier, je ne peux plus me retenir de crier.
-Je venais juste te demander de signer ces formulaires, merde! Parce que j'en ai besoin pour mon inscription! C'est ce que tu veux, non? Que je finisse rapidement mes études et que je devienne vite le Vice-président? Pour te succéder? C'était pas ça ton but, ton projet pour moi : que je sois le parfait remplaçant? Mais agir en père pendant deux minutes, c'est trop difficile? Je suis ton fils, pas ton jouet, t'aurais pas oublié? Je ne vais pas jouer à l'ange pour toi indéfiniment, je vais finir par avoir ma claque, surtout si c'est pour un sale connard comme toi! Regarde-toi un peu et va te faire foutre! Tout ce dont j'ai envie, là, c'est de repartir, et pour de bon cette fois!
Je quitte son bureau, la porte claque, course, larmes, chambre, lit. Je m'effondre. Dark Nation vient appuyer sa tête contre mon épaule. Je la flatte frénétiquement. Pourquoi n'y a-t-il qu'elle pour me comprendre? Pour m'apprécier, simplement, tel que je suis? Une panthère… une panthère m'aime plus que mon père… pathétique, tout ça.
OoOoO
J'entre dans le bâtiment gris, carré, morne, et, étrangement, je me sens libre. J'aurais préféré m'éloigner de Midgar, mais au moins je serai loin de la Tour, dans un quartier tranquille de la Plaque 3. Je me suis trouvé un appartement sympa juste à côté de l'École, je serai bien. J'espère.
J'ai fini mes études intermédiaires par correspondance. Mon père désirait me garder à ses côtés. Je le déteste. Mais pour les études supérieures, pas le choix, je dois sortir! Libre! Tant pis pour lui! Il a tellement peur que je parte à nouveau… pourtant, même si je le menace souvent de repartir… je ne le ferai plus. Je ne peux plus. C'est trop tard. La tornade qu'est ce monde m'a emporté loin de la route.
-Monsieur Shin-Ra?
Qui m'appelle? Moi qui porte un chandail de sport avec un capuchon pour ne pas être reconnu… Je me retourne. Uniforme bleu marine… merde… J'accélère le pas, mais il court pour me rattraper.
-Monsieur Shin-Ra, attendez-moi!
-Qu'est-ce que tu veux, Turk?
-Je suis votre garde du corps, on ne vous a pas prévenu? Je suis Shinji, et je…
-Ferme-la et rentre à la Tour, je n'ai pas besoin de toi.
-Ce sont les ordres du Président…
C'est fou comme il a l'air mal à l'aise… je l'observe un peu. Merde, il a l'air plus jeune que moi! Juste un petit excité… un nouveau en plus! Il va se faire tuer dans deux-trois missions. Un peu plus et j'aurais pitié de lui.
-Rien à foutre du Président, je vais me débrouiller tout seul, d'accord?
-Mais… les ordres…
Ah, il m'énerve! Je le prends à la gorge… c'est beau de le voir suffoquer… les gens nous entourent, nous regardent, et merde, moi qui voulais faire une entrée discrète, je crois que c'est raté. Tant pis, je vais donner un bon spectacle, dans ce cas.
-Tiens, voilà mes ordres : tu vas rentrer et tu vas dire à mon père que s'il veut me surveiller, il n'a qu'à le faire lui-même.
Je le jette par terre. Il se relève en suffoquant, le pauvre.
-Et oublie l'idée de me surveiller à distance, d'accord? Parce qu'il y a déjà quelqu'un qui le fait.
-Qui? Je le connais?
-Dark Nation.
-La panthère? Je vais…
Je lui donne un coup de pied au visage. Le sang gicle, c'est beau. Tout ça, la violence, mon univers.
-Si tu touches ne serait-ce qu'à un seul de ses poils, tu signes ton arrêt de mort.
Il déglutit, essuie son nez qui verse toujours des flots de sang. Je me retourne, je m'en vais, je le laisse là. Peu importe le reste, peu importent les conséquences.
Je n'ai besoin de personne.
OoOoO
Le petit enfant au visage d'ange
Devint grand, devint fort, devint adulte
S'établissant sans s'établir en terres libres
Du moins est-ce ce qu'il croyait.
De retour en sa patrie abandonnée
En son monde, son paradis perdu, son éden
Son éden de flammes et de sang
Il entendit la prière…
Celle que l'on ne peut entendre.
Celle que l'on ne peut saisir.
Celle qui guide tous nos pas sur la route :
La route de la destinée des anges comme lui.
