Phoebus chapitre 9


Ne pas oublier que je ne suis pas psychiatre et que je publie de la fiction, il est ainsi possible que certaines choses soient incorrectes. J'ai tenté de réaliser une histoire cohérente, soyez indulgents.

Correction apportée par : KillerNinjaPanda. Je tiens à la remercier d'avoir accepté de remplacer MarineMaRi qui a dû quitter pour un retour aux études. Merci beaucoup pour notre belle expérience ensemble MarineMaRi !


Phébus ou Phœbus (du grec ancien Φοῖβος / Phoíbos) est le nom latin d'Apollon dans la mythologie romaine. Signifiant « le brillant », il est le dieu du soleil personnifié, qui avait dirigé Sol étant enfant. Ce terme est utilisé comme épithète d'Apollon, qu'on peut d'ailleurs nommer « Phébus ».


Sasuke avait ramené Naruto à sa chambre relativement tard, il avait croisé Tsunade qui lui avait fait signe de venir la voir. L'interne se doutait bien de ce dont elle désirait discuter avec lui, la psychiatre allait lui demander de ne pas autant s'investir avec le patient. Bien qu'il fût déjà trop tard pour l'Uchiha, sa destinée avait été scellée à la seconde où il avait posé les yeux sur le blondinet. Ce que Naruto représentait pour lui au stade de leur relation était une chose qu'il n'avait jamais ressentie pour qui que ce soit. Le noiraud savait pertinemment que ce n'était pas éthique, cependant Sasuke ne pouvait pas s'en empêcher. Le sentiment tourbillonnant avait totalement pris le contrôle. Ainsi, il était incapable d'imaginer un autre psychiatre lui venir en aide même pas Tsunade.

L'Uchiha devrait être subtile pour être en mesure de soigner convenablement le blond. De toute manière, Sasuke ne ferait probablement jamais rien envers Naruto. Le lien de confiance qu'il avait réussi à créer avec le patient était plus qu'important et il ne ferait pas tout déraper par simple caprice. Non, l'interne garderait sous clé ce qu'il ressentait réellement pour le jeune homme blond, l'Uchiha était passé maître dans le domaine de masquer ses émotions.

Ce qui était primordial pour le psychiatre était que Naruto retrouve la joie de vivre, de ne plus avoir peur, et Sasuke aimerait entendre le son de sa voix. Rien ni personne ne l'empêcherait, surtout lui-même.

Naruto s'était endormi la seconde où sa tête blonde était entrée en contact avec l'oreiller. L'interne regarda un long moment le visage paisible du blond, son corps un peu plus détendu, tout cela était un baume sur le cœur du noiraud. Il jeta un coup d'œil rapide à son cellulaire 20 : 41 Tsunade devait encore l'attendre. Avant de refermer la porte derrière lui, Sasuke observa une dernière fois Naruto, le blondinet dormait profondément.

Sasuke se rendit au bureau de sa professeure, frappa un coup et entra dans la pièce. La femme blonde était assise à son bureau, parlant au téléphone, et elle lui indiqua de prendre place.

"Je comprends bien Sabaku-San, cependant je crois que votre visite serait bénéfique pour Gaara. "

La psychiatre ouvrait et refermait son poing rythmiquement, démontrant ainsi clairement sa frustration envers le paternel du patient de sa conjointe.

"Oui, bien sûr, j'en ferai part à Katô-San à son retour. "

Sasuke prit place tel que demandé se sentant légèrement mal à l'aise d'être présent durant cette discussion. En revanche, cela ne semblait pas embêter Tsunade.

"D'accord. Au revoir. "

La femme posa brutalement le combiné, elle soupira longuement les deux mains posées sur les yeux. L'Uchiha resta silencieux, immobile, il connaissait trop bien la psychiatre pour la brusquer. Tsunade resta ainsi un bon moment respirant légèrement, tentant visiblement de reprendre contenance à la suite de la discussion avec l'homme opulent. Sasuke ne l'avait croisé qu'une seule fois la journée où l'homme d'affaires avait fait interner son fils contre la volonté de celui-ci. L'homme lui avait rappelé son père froid détaché sans aucune émotion autre que l'ennui et de l'impatience envers son cadet. Sabaku-San s'était ensuite entretenu en privé avec Shizune pendant que son fils était placé en isolement. Gaara attaquait n'importe qui, osait l'approcher. Ibiki avait dû s'en mêler et le gardien de sécurité avait dû maîtriser par la force le jeune homme roux. Les cris de rage le sang qui maculait le visage du roux avait déstabilisé Sasuke. C'était la première fois en stage qu'il était témoin d'autant de violence de la part d'un patient. Malgré son corps frêle, Gaara semblait posséder une force hors du commun. Après avoir conclu son entretien avec la psychiatre Katô, le paternel quitta l'étage psychiatrique sans même un regard pour son enfant. L'Uchiha était heureux de ne pas avoir à s'entretenir avec cet homme, il aurait perdu patience il y a longtemps.

"Bon. Comment ça se passe avec Phoebus ? "

Sasuke leva la tête, surpris par la voix de Tsunade. Cependant, il se reprit rapidement, le noiraud se plaça plus droit dans la chaise, et croisa ses jambes.

"Étonnement, malgré la gourde de Haruno-San – il. " L'Uchiha cessa de parler lorsqu'il observa le visage de son mentor.

Sa professeure leva un sourcil vers l'interne face à elle, Tsunade n'avait toujours pas commencé le visionnage de la vidéo. Donc par défaut, Sakura n'était pas encore, ou peut-être même pas du tout, coupable de l'agression donc elle avait été victime. Sasuke voulu argumenter, il savait hors de tout doute que ce qui était arrivé aujourd'hui était le résultat d'une stupidité posé par l'autre interne. Cependant, le jeune homme connaissait sa professeure, et elle n'avait probablement pas eu le temps de faire l'enquête nécessaire. Ainsi, il ravala ses mots avant de poursuivre.

"Étonnement, malgré ce qu'il s'est passé plus tôt aujourd'hui, on a fait un pas vers l'avant. "

Tsunade croisa les mains sous son menton, attendant la suite.

"Après son réveil, il a eu une réaction au fait qu'il avait blessé une personne. Donc, je crois qu'il a réagi par peur. Mais il me fait toujours confiance. "

La femme blonde l'observa un moment, le menton toujours posé sur ses mains. Par la suite, elle se redressa dans le siège.

"Comment peux-tu déclarer cela sans aucun doute, Sasuke ?"

Le jeune psychiatre s'était attendu à cette question, cependant il avait espéré qu'elle ne lui demande pas. Devait-il lui annoncer que le blondinet lui avait donné son prénom ? Oui, il devait lui dire, mais il ne voulait pas non plus briser la confiance de son patient. Mais il devait tout à sa professeure, Tsunade était la raison pour laquelle il avait rencontré Naruto. Et elle était lié aussi par le secret professionnel. Sasuke inspira lentement en regardant la femme dans les yeux.

" Lors de notre promenade, il m'a donné son prénom."

Les yeux noisette de Tsunade s'ouvrirent de surprise, elle se reprit rapidement et le masque de professionnalisme était de retour.

"Je suis heureuse de cette belle évolution. "

Sasuke attendit, il se doutait bien qu'elle ne s'arrêterait pas là.

"Mais Sasuke, je dois te prévenir que tu ne peux pas dormir ici avec ton patient. Ce n'est pas étique, et surtout cela ne va pas aider Phoebus."

Le noiraud baissa le regard, il était au courant de tout ceci, mais que sa professeure lui remettre l'information en plein visage n'était pas agréable. En revanche, il ne pouvait pas exactement lui dire la vérité. Malgré qu'agir comme il le faisait présentement n'était pas sain pour le blondinet, Sasuke risquait de créer une situation de « dépendance néfaste ». Cela était la dernière chose que Sasuke voulait faire, mais l'idée de laisser Naruto seul face à ses frayeurs la nuit, lui brisait le cœur en deux. S'il était honnête, l'Uchiha devrait admettre qu'il était tiraillé entre son devoir de psychiatre, et son besoin presque vital de s'assurer que Naruto se sente toujours en sécurité. Mais en continuant d'agir ainsi, Tsunade lui retirait complètement de dossier du blond et cela serait terrible pour eux.

"Je suis d'accord, Tsunade-Sama. Je ne comptais pas reproduire cela. Dans la situation actuelle, j'ai jugé qu'il était préférable au début que le patient ne soit pas seul."

La psychiatre regardait le jeune homme face à elle, Tsunade ne savait pas à quel point Sasuke était honnête avec sa réponse. Lors de la rencontre avec le patient, la blonde avait bien remarqué la lueur qui était apparue dans le regard d'onyx. La symbiose qui s'était installée rapidement entre les deux hommes l'inquiétait. Autant pour le patient que pour son interne, ils risquaient de tomber dans un cercle vicieux, et Tsunade ne pouvait pas permettre cela. Les deux dernier soirs, Sasuke avait dormi à l'hôpital, cela n'était pas en soi un problème, par contre il avait dormi dans la même chambre que son patient. L'Uchiha jouait un jeu dangereux. Si cette situation s'ébruitait la psychiatre serait obligé de rendre compte à l'actionnaire de l'hôpital et de retirer le patient à Sasuke pour le réassigner à un autre psychiatre. Cela serait désastreux pour le jeune patient.

"Je comprends. Sasuke, dormir avec un patient, dans la même chambre que lui, peu importe la sévérité du cas, est inacceptable. Je ne veux plus jamais être témoin de ce genre d'action de ta part. "

Le visage de la femme se durci.

"Tu es interne. Si je considère que tu n'es pas apte à faire correctement ton travail, eh bien je te retire le patient entièrement."

Le visage de Sasuke demeura neutre, comme si la menace de sa professeure ne venait pas juste de lui arracher le cœur. À ce stade, tout ce que souhaitait le noiraud était de pouvoir continuer à travailler avec Naruto. Sasuke était en mesure de faire en sorte que rien ne transparaisse sur son visage.

"J'en suis conscient, Tsunade-Sama. "

L'Uchiha contrôlait à grand peine son corps, il ne voulait pas que la femme puisse déterminer que cette menace le renversait autant.

"Parfait Maintenant, retourne chez toi. Je ne veux pas te voir ici avant le début de ton quart de travail. "

Le noiraud se leva rapidement en hocha la tête, une fois à la porte, il se tourna vers son mentor.

"Bonne nuit. "

Lorsque la porte se referma derrière lui, Sasuke dû se forcer à aller vers les vestiaires. Il aurait voulu aller déposer un mémo pour Naruto, le blond n'était pas au courant du développement, et l'interne craignait le réveil de son patient. Cependant les paroles de Tsunade avaient été très claires, aucune autre transgression ne serait tolérée. Sasuke devrait prendre le temps d'expliquer au blond pourquoi il devait prendre du recul. Il n'avait cependant aucune idée de comment le faire sans expliquer ce qu'il ressentait pour lui. L'Uchiha hocha la tête pour tenter de s'éclaircir les idées, il n'avait pas le choix de s'éloigner Le noiraud réalisait, peut-être trop tard, qu'il avait commis un impaire majeur. À peine son diplôme obtenu qu'il perdait le contrôle. Sasuke avait prêté serment lors de la remise des bulletins. Peu importe ce qu'il ressentait pour Naruto, il devrait abandonner toute idée qui pourrait lui nuire.

Une fois dans le vestiaire, il attrapa son veston de cuir ainsi que son casque de moto. Une fois dans l'ascenseur, Sasuke décida qu'il agirait professionnellement avec le blond lors de leur prochaine interaction. C'était ce qu'il y avait de mieux pour Naruto. Le jeune homme avait vécu un sévère traumatisme, et il n'avait aucun droit de lui imposer les sentiments qu'il ressentait pour lui. Ce serait profiter d'un homme alors qu'il était au plus bas. À un certain niveau, les tests restaient à faire, il devait avoir la mentalité d'un jeune enfant.

Une pluie légère tombait lorsqu'il se dirigeait vers sa moto. Sa décision était prise, cependant son cœur venait de complètement de se fissurer. Il ferait tout pour le blond, sans même le vouloir, ou même le réaliser, Naruto lui avait volé son cœur. Et il lui appartiendrait jusqu'à la fin des temps.


Naruto ouvrit les yeux subitement, il faisait encore noir dans la chambre. Il ne savait pas ce qui l'avait réveillé. Le blond se retourna sur lui-même, et l'angoisse lui empoigna le cœur. La pièce était vide, le patient réalisa qu'il était seul, aucune trace de Sasuke.

Le jeune homme s'assit rapidement, les instruments reliés à son corps émettaient plein de bruits qui l'agressait. Pourquoi Sasuke n'était-il pas là ? Avait-il décidé de ne plus lui tenir compagnie ? Pourtant ils avaient passé une si belle soirée. Naruto avait vraiment eu l'impression qu'ils avaient créé un lien. Ce qu'il avait ressenti...le blond n'était pas en mesure de le décrire, il n'avait pas éprouvé ce sentiment de sécurité depuis qu'il était enfant. Il y avait plus, plus que ce sentiment, quelque chose qu'il ne saisissait pas. Mais il aimait ce que cela lui apportait, une douce chaleur qui se propageait dans son corps lorsque Sasuke était près de lui.

Mais à cet instant il était seul dans la pièce faiblement éclairée, les machines continuaient à émettre des sons. " Kit, calme-toi. Il va revenir. Les instruments réagissent à tes battements de ton cœur."

Au même instant la porte s'ouvrit, Naruto orienta vivement le regard en espérant que c'était Sasuke. Il figea, le rythme cardiaque du jeune homme augmenta, la respiration se fit laborieuse. Une infirmière s'était aventurée dans la pièce, elle avait des cheveux rouges, des lunettes, et elle cessa de marcher à quelques pas du lit.

"Bonsoir. Je suis Karin, je suis infirmière sur cet étage. Comment te sens-tu ? "

La voix calme de la femme, ainsi que le respect qu'elle affichait pour son espace vital rassura légèrement Naruto. Il tendit le bras avant de l'abaisser de nouveau, le blond craignait que l'infirmière prenne ceci pour un signe, et qu'elle s'avancerait. Les machines continuaient leurs tintamarres, lui donnant le tournis. Cependant, il était incapable de se calmer. « Du calme, Kit. Respire. Je ne crois pas qu'elle soit comme l'autre femme. » Le renard tentait de calmer le blondinet, il ne voulait pas que Naruto s'emballe, et qu'il aille se réfugier dans leur monde imaginaire. Cet univers avait été créé pour ne pas que l'enfant qu'il était perde complètement la carte. En revanche, Kyûbi était persuadé qu'en allant là-bas, son blondinet ferait un pas arrière.

"Je vais faire le tour du lit, et je vais aller éteindre la machine. "

Karin contourna le lit en gardant le plus de distance possible entre eux, une fois près de l'équipement médical, elle l'attira à elle. La jeune femme travailla avec dextérité, et rapidité, à peine cinq secondes plus tard, la chambre retrouva le silence. L'infirmière s'accorda le temps nécessaire à lire les résultats inscrits sur le papier qui avait été produit par la machine. Elle prit des notes sur le calepin qui était placé sur une planchette, tout en respectant toujours une distance confortable.

"Tu as besoin de quelque chose avant que je quitte ? "

Karin était de retour au milieu de la pièce, son regard était doux, et elle ne forçait le contact visuel. Naruto osa de tendre le bras, une fois le crayon ainsi que le calepin en main, il griffonna. Inspirant pour se donner du courage, il tendit au bout de ses doigts le papier. La jeune femme ne fit qu'un seul pas avant d'étirer le bras qui ne tenait pas la planchette.

"Où est Sasuke ? "

"Eh bien, il est retourné chez lui. Sa journée de travail est terminée, mais ne t'inquiète pas, Dr. Uchiha sera de retour demain matin. "

Cette annonce eut l'effet d'une douche froide sur l'âme du blondinet. Pourquoi ? Comment ? Sasuke lui avait promis de ne jamais l'abandonner il lui avait donc menti ? « Kit, ne – ». Naruto se ferma complètement, il ne voulait pas entendre l'excuse que le renard donnerait. Donc, Sasuke aussi lui avait menti…Comme tous les autres hommes avant lui.

Karin avait remarqué le changement physique que sa réponse avait engendré chez le patient du Dr. Uchiha. Avait-elle fait quelque chose qu'elle ne devait pas ? L'infirmière décida qu'elle irait en parler de ce pas à Tsunade-Sama.

"Est-ce que tu veux quelque chose à boire ? "

Aucune réaction, le patient s'était laissé tombé sur le lit avant se mettre en position fœtal.

"Eh merde. " Karin soupira, que venait-elle de faire ? La psychiatre en chef lui avait glissé un mot au sujet du nouveau patient, et l'infirmière avait respectée toutes les demandes faites. Pour quelle raison le patient avait-il réagi ainsi à l'annonce du départ de son médecin ? C'était la première fois qu'elle était témoin d'un tel acte. Karin entendit deux minutes, elle voulait s'assurer que le jeune homme ne lui écrirait pas autre chose. Mais la forme de l'homme resta totalement immobile, au moins le rythme cardiaque s'était calmé, et la respiration était beaucoup mieux quoique pas parfaite.

L'infirmière regarda le patient une dernière fois avant de refermer la porte derrière elle. La jeune femme espérait qu'elle n'avait pas fait quelque chose de néfaste sans même s'en apercevoir. Nerveusement elle se dirigea vers le bureau de Tsunade-Sama, Karin cogna deux coups rapides, et ouvrit la porte. La femme était en train de terminer les rapports de la journée, et Karin se sentit coupable de la déranger. Cependant, elle garda le silence attendant que la femme lui demande de parler. Le silence s'étira un peu plus longuement à ce que s'attendait Karin. Elle bougea sur place, mal à l'aise, peut-être devrait-elle revenir plus tard ? Oui. Bonne idée. Alors qu'elle s'apprêtait à sortir de la pièce, Tsunade l'interpella.

"Karin ? Tu voulais me parler ? "

L'infirmière posa sur le regard sur le pilier du département, et elle réalisa que la femme était épuisée. Elle devrait faire court.

"Je suis allée dans la chambre de Phoebus, en respectant toutes les consignes. J'ai été alerté par les alarmes sur le moniteur cardiaque. "

Tsunade la regardait, le menton posé sur ses mains croisées sous le menton, elle lui fit signe de continuer.

"Je lui ai demandé s'il avait besoin de quelque chose, en même temps que d'aller éteindre le moniteur. "

Elle inspira avant de continuer.

"Ensuite, le patient s'est saisi d'un papier et crayon pour me demander ou se trouvait Dr. Uchiha. Après lui avoir expliqué que le médecin était de retour chez lui, que sa journée de travail était terminée – eh bien…Il y a eu un changement dans le physique du patient. "

La psychiatre s'était relevé droite dans la chaise, et dévisageait l'infirmière.

"Que s'est-il passé exactement ? "

"Il – Il s'est refermé sur lui-même. Pas seulement physiquement, mais – je ne suis pas capable de l'expliquer. Tout son extérieur est devenu rigide avant qu'il se laisse tomber sur le matelas et prenne une position fœtale. "

Karin garda son regard planté dans les yeux noisette qui la regardait, aucune trace de colère, la jeune femme expira l'air de ses poumons. Elle n'avait même pas remarqué qu'elle l'avait fait ceci.

"Merci de m'en avoir fait part. Je retourne chez moi, appelle-moi si quoi que ce soit d'autre se passe avec Phoebus. Pas Dr. Uchiha, moi. "

Le ton qu'elle avait employé ne donnait aucune marge de manœuvre, et de toute façon Karin avait beaucoup trop de respect pour la psychiatre pour ne pas faire ce qu'elle lui demandait.

"Bien-sûr Tsunade-Sama. Bonne nuit. "

La jeune femme quitta le bureau sans un regard en arrière. Elle devait continuer de faire son tour de garde, et de s'assurer que tous les autres patients étaient eux aussi au repos. Karin adorait son travail, avoir eu la chance de travailler avec une femme de renom comme Senjû-Sama était un immense honneur. Le travail n'était pas toujours facile, les patients pouvaient se monter difficiles, violents, et parfois hors de contrôle, mais Karin ne changerait absolument rien. Ce soir elle travaillait avec une jeune infirmière qui sortait tout juste de l'école, Tenten. Karin voulait lui partager sa passion du métier en psychiatrie. Ainsi, la jeune femme se dirigea vers le bureau central où travaillait les infirmières, pour débuter la formation de la nouvelle venue.


Sasuke n'avait pratiquement pas fermé l'œil de la nuit, trop inquiet au sujet de Naruto. Si le jeune homme s'était éveillé pendant la nuit ? Qu'avait-il pensé ? Avait-il eu peur ? Vers trois heures du matin, le noiraud avait failli appeler à l'étage de psychiatrie pour avoir une réponse à ces questions. En revanche, il ne l'avait pas fait, l'infirmière en poste aurait probablement avisé Tsunade de son appel, et il – il ne voulait pas perdre le dossier de Naruto. L'Uchiha était affalé sur le divan dans son salon trop grand, dans un appartement hors prix tout aussi ridiculement grand. Hier la solitude l'avait frappé de plein fouet, alors qu'habituellement il appréciait être seul…La veille il s'était senti si – si vide.

Le lien qui s'était créé entre le blond et lui avait été si facile, si naturel que Sasuke avait failli y sombrer. Car la relation semblait fusionnelle, et le noiraud savait parfaitement bien que rien de positif ne ressortait de ce type de relation. Il l'avait détecté la seconde où ses yeux s'étaient posés sur la forme immobile de Naruto. En revanche, il ne pouvait pas y succomber. Cela n'apporterait que la douleur au blond. Le jeune patient n'avait probablement connu aucun lien sain depuis des années, et les agissements que l'Uchiha aurait pu avoir des impacts fortement nuisibles.

Il savait tout cela, Sasuke n'était pas idiot. Malgré tout, son cœur, son âme lui réclamait Naruto à grand cri. Le psychiatre se leva brusquement de son sofa, il se dirigea vers la salle de bain, et il ouvrit l'eau froide. Sasuke ne se permettrait pas de blesser le blond. Non, il se devait d'agir avec lui, comme il devrait agir avec n'importe quel autre patient. L'eau glacée le fouetta, il resta ainsi de longues minutes, par la suite il ajouta un peu d'eau chaude pour se laver, et faire disparaitre les traces de son manque de sommeil. Une fois qu'il eu terminé, il s'habilla à l'aveuglette, attrapa les clés de la moto, le casque et barra la porte de son appartement.

Le soleil était de retour, les rues étaient sèches, et Sasuke conduisit sa moto un peu trop rapidement. Après tout, le noiraud cherchait à fuir ses démons. Une fois dans le stationnement de l'hôpital, il inspira longuement se préparant mentalement à la discussion qu'il devrait avoir avec Naruto. Il se doutait bien que le blond n'apprécierait pas le nouveau déroulement des choses…Seulement cela était la bonne chose à faire pour le patient. Un fois un peu plus calme, l'Uchiha se dirigea vers l'entrée, et il prit l'ascenseur qui l'amena à l'étage de la psychiatrie.

L'endroit était animé ce matin, de nombreuses voix lui parvenait de la salle commune. Sasuke aperçut Ibiki qui gardait un œil vigilant sur la pièce, et il le salua d'un signe de tête qui lui fut retourné.

"Uchiha-San ! "

Sasuke se tourna vers une infirmière qu'il n'avait jamais vu auparavant. La jeune femme était petite et menue. Ses cheveux bruns étaient coiffés en deux chignons, des grands yeux noirs le regardait. Trois pas derrière elle se trouvait Karin. Alors la nouvelle était en apprentissage.

"Oui ? "

L'infirmière baissa son regard vers ta tablette, en bougeant nerveusement sur place.

"Senjû-Sama demande à vous voir immédiatement. "

"Quel est votre nom ? "

Le rouge monta aux joues de la nouvelle employée, l'Uchiha se retint à grand peine de ne pas rouler des yeux.

"Tenten, Uchiha-San. "

"Je te remercie Tenten. Je dois juste aller voir mon patient av – "

Karin avança pour être aux côtés de l'autre infirmière.

"Uchiha-San. Tsunade-Sama a dit immédiatement. "

Sasuke faillit lui dire de se mêler de ce qui la regardait, bien que l'ordre vînt directement de Tsunade.

Merde !

Tout ce qu'il désirait était – était…D'agir professionnellement avec Naruto. Sasuke était tiraillé par les deux côtés de son être. Le côté clinique lui disait de faire son boulot correctement, et respecter les protocoles. Le côté humain et le cœur lui disaient qu'il ne devrait pas renoncer au bonheur, de penser au blond – de…L'Uchiha secoua la tête pour écraser la deuxième partie, l'aspect médical était vitale, beaucoup plus important.

"Bien, j'y vais de ce pas. "

Il tourna les talons sans prendre le temps de remercier les deux infirmières. Sasuke était beaucoup trop remué, il craignait de faire quelque chose de stupide. Peut-être serait-il mieux pour Naruto qu'un autre psychiatre s'occupe de lui ? Un qui n'était pas amoureux de lui ? Juste penser à cela son cœur lui monta à la gorge, et son souffle se coupa.

Eh merde !

Sasuke était tellement confus.

Il cogna à la porte de son professeur, sans attendre il ouvrit la porte, et figea sur place.

Devant lui se trouvait Tsunade-Sama et que sa conjointe, ainsi que Sarutobi Hiruzen, l'actionnaire principal de l'hôpital. Sasuke se reprit rapidement, il avança dans la pièce, et il s'arrêta derrière l'une des chaises.

"Prend place Sasuke. "

La voix de son professeur ne trahissait rien, l'Uchiha n'avait aucune idée de ce qu'il se passait. Il obéit sans poser de question, et il s'assit dans la chaise désignée.

"Sasuke. Pour donner suite à l'incident d'hier, j'ai dû visionner les vidéos de surveillances pour déterminer ce qu'il s'était passé exactement. "

Le noiraud se relaxa quelque peu, cela pourrait avoir du positif.

"Dans la première partie, on t'aperçoit discuter avec Dr. Haruno avant que tu ailles prendre ta douche. Comme elle me l'avait indiquée. "

L'interne serra sa mâchoire si fermement qu'il était sûr qu'il allait casser une dent, malgré cela il n'interrompit pas son mentor. Autant qu'il voulait lui dire que oui, ils avaient discuté, mais qu'il avait refusé son offre de l'aider avec son patient. Sasuke rongea son frein en silence, hochant simplement la tête.

"Dans la deuxième partie, on voit Dr. Haruno pénétrer dans la chambre de ton patient. Elle avance normalement, elle ne semble pas bouger de manière agressive. Une fois près de Phoebus, le seul geste qu'elle pose est de déposer sa main sur l'épaule du jeune homme. "

Cette fois-ci, Sasuke ne put s'empêcher d'intervenir.

"Senjû-Sama ! Le problème se situe exactement là ! Mon patient craint les con – "

"Dr. Uchiha ! "

L'éclat de voix de Tsunade lui coupa la parole.

"Je vous prie de vous restreindre. "

Ainsi il serra les poings en abaissant, honteux, son visage.

"Comme je disais. Dr. Haruno a toucher l'épaule de votre patient, et Phoebus à réagit violemment. "

Sasuke releva le regard tout en s'assurant d'être calme, tout du moins en surface. La psychiatre continua.

"Après avoir visionné à maintes reprises la deuxième vidéo, j'en ai déduit qu'en effet le patient est visiblement effrayé. "

Shizune s'avança pour donner un bout de papier à la blonde, le regard parcouru vivement le mémo, Tsunade le chiffonna avant de le mettre dans la poche de son pantalon.

" Sarutobi-San a eu vent de l'altercation, et tenait à être présent ce matin, pour comprendre à son tour ce qu'il s'est réellement passé hier. "

L'Uchiha regarda furtivement l'homme qui était légèrement en retrait, appuyé au mur. Le noiraud l'avait rencontré une seule fois, lors de sa première journée de stage. L'homme était principalement un homme d'affaire, qui voulait que l'hôpital génère plus de revenus. Et d'après ce que Sasuke avait perçu au travers de nombreux ragots, Sarutobi ne voyait pas l'intérêt d'un étage complet pour les soins psychiatrique.

"Ainsi, Dr. Haruno va être suspendue une semaine sans salaire, et devra présenter des excuses au Dr. Uchiha. "

Le soulagement que ressentit le noiraud lui fit brièvement fermer les yeux. Shizune s'approcha un peu plus de l'interne.

"Durant l'absence du Dr. Haruno, Dr. Uchiha vous devrez la remplacer auprès de son patient. Voici le dossier de Aburame Shino. "

La femme tendit un dossier à Sasuke. Le jeune homme accepta avec un léger signe de la tête, il était embêté, cela signifiait qu'il aurait moins de temps a consacré à Naruto. L'Uchiha inspira doucement, et il posa son regard sur sa professeure, attendant d'avoir son congé. Elle tourna le regard vers Sarutobi.

"Sarutobi-San, avez-vous des questions ? Je dois maintenant m'entretenir en privé avec le Dr. Uchiha. "

Le vieil homme dévisagea un moment Tsunade avant de poser son regard sur l'autre femme, avant de terminer sur l'interne.

"Non. Gardez-moi au courant des développements à propos du Dr. Haruno. "

L'homme se leva avec grâce avant de quitter la pièce en refermant en douceur la porte derrière lui.

La blonde se tourna vers sa conjointe pour discuter un moment avec elle en chuchotant. Sasuke attendit patiemment que les deux psychiatres aient terminé leur dialogue, en étudiant le dossier de Aburame Shino. L'homme était atteint de ce qu'on appelait la maladie des morgellons, ceux qui en étaient victimes avaient des lésions cutanées, fatigue, problème de concentration, violentes démangeaisons et une impression que des insectes grouillent sous la peau. Cependant le cas de Shino semblait être plus sévère que la majorité des autres patients atteint du même mal. Le jeune homme s'arrachait littéralement la peau, il devait être restreint en tout temps, et sous sédation la nuit.

"Sasuke. Hier soir, ton patient s'est éveillé. "

La voix de Tsunade le pris par surprise, il releva le visage vivement pour la regarder. En espérant que son anxiété était bien camouflée.

"Karin a été dans la chambre de Phoebus. Elle a suivi toutes les consignes à la lettre. "

Le corps du noiraud s'était, malheureusement, visiblement tendu.

"Le patient a communiqué avec Karin. Il lui a demandé où tu étais. "

Oh.

Oh. Merde.

Il n'aimait pas le ton, ni la tournure que prenait la discussion.

"Lorsqu'elle lui a expliqué que tu avais terminé ta journée de travail, et que tu étais retourné chez toi, sais-tu comment il a réagi ? "

Putain de merde.

Ce que craignait Sasuke était en train de se dérouler, son mentor – la femme de fer – face à lui, s'enlignait pour lui passer un savon. Peut-être pire.

"Je – Je ne sais pa – "

"Bien-sûr que tu le sais ! "

Tsunade lui coupa la parole en frappant durement le bureau de son poing fermé. Sa conjointe avança d'un pas avant de s'arrêter le regard d'obsidienne de la psychiatre tenta de rassurer l'interne…sans succès.

"Je t'avais pourtant dit de ne pas trop t'investir avec Phoebus. On ne connait pas encore la profondeur de son traumatise. Ce que tu as fais comme avancement avec lui dans les deux derniers jours c'est vraiment extraordinaire…"

La blonde expira bruyamment par le nez, se frottant les yeux avec le revers de ses mains.

"Sasuke, tu as créé un lien « de force ». "

Alors qu'il allait réfuter cette déclaration, la psychiatre leva la main pour l'empêcher de parler.

"Tu sais très bien ce que je veux dire. Ce jeune homme a visiblement vécu un enfer dans les dernières années de sa vie. Et toi, tu aurais été supposé d'agir en conséquence. Au lieu de cela, tu as réagi comme si le patient était une personne chère dans ton cœur. Tu ne peux pas agir ainsi avec une personne qui n'a connu que de la violence, et négligence. Phoebus ne doit pas s'attacher à toi comme à une bouée. Sasuke, tu dois être son psychiatre, pas son ami. Tu dois garder tes distances. "

Les yeux verts de Tsunade le regardaient franchement, une lueur de déception apparu pour disparaître aussitôt. Sasuke craignait la suite, que ferait-elle ?

"Ceci est ton avis final. Tu dois travailler avec Phoebus, comme tu vas travailler avec Aburame-San. Détaché, professionnel et à l'écoute. Rien de plus, rien de moins. Suis-je claire ? "

Sasuke avait l'impression d'avoir été frappé durement au plexus solaire, le souffle s'était bloqué dans sa gorge, et il était étourdi. Ses yeux rencontrèrent ceux de sa professeure, et ils étaient sans pitié. L'Uchiha comprenait parfaitement bien l'enjeu qu'elle rencontrait. Il l'avait réalisé par lui-même, cependant cela ne rendait pas la situation plus facile à accepter. Le noiraud n'avait pas d'autre choix que d'accepter les règles, chose qu'il aurait dû faire à la seconde où il avait ressenti sa perte de contrôle. En revanche, il n'abandonnerait pas Naruto, il lui en avait fait la promesse.

"Je comprends parfaitement bien, Senjû-Sama. Cela ne se reproduira plus. "

Sasuke se leva de la chaise pour faire une révérence à son employeur. Il devrait trouver un moyen de bien balancer, de trouver les bons mots pour Naruto. L'Uchiha ne voulait surtout pas que le blond croit qu'il l'abandonnait. En se fiant à la déclaration de Karin, il était peut-être déjà trop tard. Et cette infirmière était l'une des meilleures avec qui il avait travaillé. A cet instant précis, Naruto croyait que Sasuke l'avait abandonné la nuit dernière, tout ça à cause de lui. Si l'Uchiha avait agi en vrai psychiatre, le blond serait déjà habitué à dormir seul, et à travailler avec Sasuke pour combattre le traumatisme qu'il avait vécu.

"Excellent. Va maintenant effectuer ton travail. N'oublie pas que tu as deux patients cette semaine. Si tu rencontres des problèmes, ou si tu as des questions, viens me voir. Sinon Shizune sera aussi présente sur le plancher, si jamais je suis indisponible. "

L'Uchiha hocha une fois de plus la tête en silence avant de quitter la pièce. Il se dirigea sans hâte vers la chambre de Naruto. Il redoutait la discussion à venir.

Quel con !

Sasuke s'en voulait énormément de n'avoir pas su se rendre compte à temps du chemin que son esprit et son âme avaient pris à son insu. Il avait failli à son devoir professionnel et risquait de mettre en échec la guérison de son patient. Mais il trouverait une solution. Il garderait son lien avec Naruto tout en l'accompagnant avec plus de professionnalisme. Il devrait le protéger de lui-même.