CHAPITRE DEUXIEME
4 ans plus tard
Ça faisait maintenant quatre ans que Boruto et Shikadai avaient été porté disparu. Cela avait profondément affecté le village et l'on sentait que l'ambiance était maintenant différente. Tout était différent lorsque des parents perdaient leur enfant. Personne ne parlait de ce tragique évènement depuis ce jour-là et un accord tacite avait été passé de ne plus prononcer leur nom. Les plus jeunes générations n'avaient donc pas connaissance des tragédies passées il y a quatre ans.
Shikamaru se noyait sous le travail, ses pensées constamment dirigées vers une personne : son fils, Shikadai. Dorénavant, dès qu'il arrivait dans son bureau il ne se préoccupait plus que de chercher des indices sur lui et Boruto.
Cependant, bien qu'il soit obsédé à l'idée de retrouver son fils, il avait également d'autres responsabilités. Dans la tristesse et la dépression, Temari et lui avaient essayé de trouver une certaine forme d'apaisement et de réconfort, qui avait engendré une chose dont aucun d'eux ne s'y attendait : elle était tombée enceinte. Cela faisait maintenant trois ans que leur petite fille était née.
Ce fut un déchirement pour les deux parents mais un également une source de bonheur dans tout ce malheur, d'accueillir en ce monde cette petite merveille. Elle leur redonnait le sourire quand ils pensaient ne plus pouvoir le faire et leur permit de garder une certaine forme de stabilité mentale.
A sa naissance ils avaient décidé de l'appeler Amako, ce qui signifiait "enfant de la pluie". Cela faisait référence à la tristesse des deux parents mais également à la lumière qu'elle leur apportait au milieu des gouttelettes.
Temari, assise sur le canapé chez elle, regardait Amako, maintenant âgée de 3 ans, manger sa compote, assise à table, tenant sa cuillère maladroitement. Ses cheveux blonds étaient relevés en forme d'ananas comme son mari et son fils avaient l'habitude de faire. Une douleur traversa son coeur en y pensant mais elle ne laissa rien paraitre, tentant de ne pas inquiéter sa fille.
- Maman ? Je peux avoir une autre compote ? Demanda Amako, levant son regard vers sa mère.Elle avait le même regard et les mêmes yeux que Shikamaru, ce qui la soulageait dans un sens. Si elle avait pris ses yeux verts, elle ferait toujours automatiquement le lien avec son fils.
- Tu n'as pas déjà eu assez de compote ? Il est temps d'aller se coucher petite lumière.C'était un petit surnom qu'elle et son mari lui avait donner. Amako les avait sauvé d'une vie de ténèbres sans fin. Par son sourire lumineux, elle arrivait à leur partager sa joie de vivre et à réchauffer leur coeur.
Faisant une moue boudeuse, Amako descendit prudemment de sa chaise et se dirigea vers sa chambre, sa mère sur ses talons.
Après s'être changée et mise en pyjama, Amako se réfugia sous ses couvertures et attendit que sa mère vienne la border avec une histoire.
Temari s'assit sur le lit à côté d'elle et la regarda :
- Que veux-tu que je te lise ce soir ?Fronçant les sourcils, Amako réfléchit intensément à ce qu'elle voulait entendre avant d'aller se coucher. Ce matin, en cherchant son lapin en peluche dans la maison, elle était tombée sur une vieille photo dans les affaires de ses parents. Dessus, un garçon qui ressemblait à son père posait avec ses parents. Ça l'avait beaucoup intriguée et elle en profita pour poser la question :
- Maman c'est qui sur la photo ?Sortant la photo de sa table de nuit, elle la montra à sa mère. Elle l'avait pris avec elle dans le but de lui montrer directement le soir même, sans perdre de temps à aller la rechercher.
Immédiatement, les yeux de Temari s'embuèrent. Elle tenta de garder le contrôle d'elle-même afin de ne pas faillir devant sa petite fille même si cela lui demandait des efforts colossaux, presque insurmontables. Des éclairs de douleurs lui traversèrent le coeur et sa respiration se fit plus difficile.
Le regard d'Amako s'embua face à la colère de sa mère et Temari se sentit immédiatement mal de s'être emportée. Elle prit sa fille dans ses bras et s'excusa en lui déposant un bisous sur son cuir chevelu :
- Excuse moi Amako, je n'ai juste pas envie d'en parler. Maintenant il est temps de dormir d'accord ?Amako hocha la tête et se coucha, des questions pleins la tête du haut de ses trois ans. Elle avait hérité des gênes Nara et était déjà beaucoup trop intelligente pour son âge. Elle était souvent considérée comme surdouée par son entourage.
Quand sa mère sortit de sa chambre et ferma la porte, Amako fut persuadée d'une chose : le garçon sur la photo avait un lien de parenté avec elle et elle découvrirait coûte que coûte son identité.
Temari décida d'aller se coucher immédiatement après ça. Elle se dirigea dans sa chambre, se changea et se glissa sous la couette. Shikamaru n'était pas encore rentré, à son plus grand malheur.
Après ce qui s'était passé avec Amako, elle avait besoin de réconfort mais elle ne l'avouerait jamais. Penser à Shikadai la bouffait vivante : comment allait-il ? Avait-il réussi à s'échapper des Ôtsutsuki ? Ou bien était-il enfermé quelque part, blessé, en attendant que ses parents viennent le secourir ? Pensait-il qu'ils l'avaient abandonné ?
Se posant encore une multitude de questions comme celles-ci, Temari s'enfonça encore un peu plus dans son lit et les larmes qu'elle retenait tant devant sa fille se mirent à couler. Des tremblements la secouèrent et, comme un barrage cédant, des flots coulèrent sur ses joues.
Elle enfouit son visage dans son oreiller, afin de ne pas réveiller Amako. Une douleur immense et familière la prit au coeur. Cette douleur était devenue une habitude. Elle la connaissait et la reconnaissait. Depuis quatre ans elle la ressentait et ça n'était pas prêt de s'arrêter à moins de retrouver Shikadai.
A un moment, sans savoir combien temps cela faisait qu'elle était comme ça, elle sentit des bras forts l'entourer et l'enlacer. Le parfum distinct de Shikamaru emplit ses narines et Temari sût sans l'ombre d'un doute que son mari était rentré. Sans un mot, Shikamaru la berça, déposant un long baiser sur son cuir chevelu.
Temari savait que Shikamaru souffrait autant qu'elle. Elle le sentait dans sa respiration et ses gestes. Ils essayaient tous les deux de rester forts en public, mais chez eux leurs émotions les rattrapaient.
Aucun parent ne méritait de connaitre ça, se dit Temari.
Ce fut avec cette pensée qu'elle s'endormit, malheureuse, dans les bras de Shikamaru, tout aussi malheureux.
—
Ce fut le matin quand le soleil se leva et qu'Himawari se réveilla. Âgée maintenant de treize ans, elle avait fini les cours à l'Académie et venait d'être promue genin.
Aujourd'hui, elle avait sa première mission avec son équipe. Avec ses coéquipiers, Aiko et Fubuki, ils formaient l'équipe 7. Elle avait insisté pour avoir ce numéro tout comme son grand frère l'avait fait.
Quand elle avait demandé à son père, l'Hokage, de reprendre le même numéro d'équipe que son frère, un sourire triste était apparu sur son visage. Ses yeux cernés, tristes et vides, s'étaient baissés pendant quelques secondes sur les innombrables papiers jonchant son bureau.
Un sentiment de tristesse profond avait envahit la pièce et Himawari avait sentit son coeur se serrer. Son frère lui manquait atrocement mais elle essayait de garder la tête haute pour lui. Elle s'était fixée l'objectif de devenir une des plus fortes kunoichi existantes afin d'aller le sauver un jour.
Son père avait finalement approuvé sa demande au bout de quelques minutes, et la voici, membre de l'équipe 7, tout comme son frère et son père avant lui.
Se levant de son lit, elle marcha vers sa porte et l'ouvrit. Arrivée dans le couloir elle passa devant la chambre de Boruto. Sa porte était toujours fermée car ça faisait trop mal de voir sa chambre inchangée depuis des années. Himawari se demandait parfois à quoi ressemblerait sa chambre s'il n'avait pas disparu.
De temps en temps, sa mère passait faire le ménage afin que la poussière n'en fasse pas son territoire. Quand cela arrivait, Himawari ne voyait pas sa mère de toute l'après midi. Le nettoyage de sa chambre était tout le temps une grande épreuve pour elle et elle devait sans cesse s'arrêter afin d'essuyer ses larmes. Elle l'avait même parfois surprise à regarder les affaires de son frère en souriant, l'air de se rappeler de bons souvenirs, puis elle s'effondrait la seconde d'après quand la réalité la rattrapait.
Himawari ne l'a plus jamais vu sourire chaleureusement comme avant. Sa mère essayait de se contenir en temps normal sous de faux sourires, mais jamais cela n'atteignait réellement ses yeux. Elle accomplissait quand même son devoir de mère et Himawari ne s'était jamais sentie délaissée. Elle comprenait sans mal la douleur qu'elle traversait et également qu'il lui fallait parfois un peu de temps seule pour évacuer sa tristesse.
Cependant, ce matin-là, quand elle passa devant la porte de Boruto, elle remarqua qu'elle était un peu entrouverte, ce qui était anormal. Normalement sa mère y entrait toujours en début d'après-midi.
En poussant délicatement la porte elle jeta un coup d'oeil à l'intérieur de sa chambre. Là, elle vit son père assit sur le lit de Boruto, tenant entre ses mains les habits de nourrisson de son frère.
Ce n'était pas une scène habituel car son père n'était que très rarement entré dans la chambre de Boruto depuis quatre ans. La douleur de ne plus voir son fils le submergeait trop pour qu'il puisse faire face pendant quelques minutes aux souvenirs que cette chambre faisait ressurgir. Lorsque Boruto avait disparu, une grande déchirure émotionnelle lui avait lacéré l'esprit à tel point que sa personnalité enjouée et chaleureuse était partie avec lui.
Tête baissée, il ne remarqua même pas Himawari. Il s'était pour une fois, plongé dans ses souvenirs, se rappelant de l'époque où ils avaient été proches - avant qu'il ne devienne Hokage et qu'il foire leur relation pendant une petite période.
Lentement, Himawari s'installa à côté de son père, qui venait tout juste de la remarquer, et posa sa tête contre son épaule.
- Moi aussi il me manque papa…—
Mitsuki regardait le lever du soleil, du haut d'un arbre. Il se levait toujours très tôt. Son père l'avait conçu pour qu'il n'ait besoin que d'un minimum d'heure de sommeil - quatre heures - ce qui était deux fois moins qu'un humain normal.
Absorbé dans sa contemplation du soleil, ses pensées s'orientèrent automatiquement vers Boruto, son soleil à lui. Quand il était encore là, il y a quatre ans, Mitsuki était fasciné par lui. Il avait découvert un autre pan de ce monde, une autre façon de voir les choses à travers les yeux de Boruto.
Ce dernier avait éveillé la partie humaine de Mitsuki et il lui en serait éternellement reconnaissant pour cela. Il était également été son meilleur ami, le soutenant et le comprenant quand personne ne le faisait. C'était le seul qui avait réellement cherché à le connaitre et qui l'avait accepté entièrement, tel qu'il était.
C'est pour cela qu'il ne faiblirait jamais dans ses recherches. Sans cesse, il demandait à son père de l'aider, de le prévenir dès qu'il sentait quelque chose d'anormal ou recevait une information - même insignifiante - pouvant aider à retrouver Boruto et Shikadai. Il était moins proche de ce dernier mais toute personne importante pour Boruto l'était pour lui. Il espérait seulement qu'ils allaient bien là où ils étaient.
Mitsuki était, néanmoins, sûr d'une chose : Boruto et Shikadai étaient vivants.
- Toujours aussi lève-tôt à ce que je vois.C'était Sarada. Elle sauta sur la branche à côté de lui et regarda le lever de soleil comme il l'avait fait plus tôt.
- Aaah je comprends mieux. Ça te fait penser à Boruto.
Sa voix se brisa à la mention de son coéquipier. Ses deux amis, Boruto et Shikadai, lui manquaient terriblement.
L'équipe 7 et 10 n'existaient plus depuis quatre ans. Sans Boruto dans l'équipe 7, la dynamique de groupe était différente. Personne n'était là pour la contrarier ni pour la charrier. Elle n'avait personne sur qui crier. Personne pour inventer des plans loufoques et farfelues. Mitsuki était là, certes, mais elle avait un lien plus fort avec l'autre abruti blond. Elle le connaissait depuis toujours, ils se chamaillaient déjà à l'époque des couches.
Dans l'équipe 10, c'était la même chose : sans la tête pensante il n'y avait aucune harmonie et la dynamique était très différente.
Depuis qu'ils avaient été promus jonins, il était plus facile de moins y penser. Mais cela restait cependant une énorme douleur pour chacun.
- Il te manque hein ? Demanda Mitsuki.Elle hocha la tête continuant de regarder au loin, tentant de cacher ce qui pour elle était une marque de faiblesse : ses larmes. Elle avait déjà assez pleurée ce jour fatidique d'il y a quatre ans. Si seulement elle ne l'avait pas envoyé dans ce quartier… Elle ne pouvait s'empêcher de se blâmer encore et encore.
Elle était tellement touché par la disparition de son coéquipier, qu'il fut responsable de l'éveil de son Mangekyou Sharingan.
