CHAPITRE TROISIEME
Douleur, douleur, douleur
C'était tout ce à quoi ils pouvaient penser. Tout ce qu'ils avaient enduré…
Combien d'années s'était-il écoulé depuis leur capture ? Depuis combien d'années avaient-ils été torturé et transformé en armes ?
Il releva légèrement la tête de sa couche de fortune et regarda de ses yeux bleus les yeux verts de son coéquipier. Ils se comprenaient mieux que quiconque maintenant. Ils avaient enduré les pires choses. Plus besoin de parler pour se comprendre. Et c'est pour cela qu'une seule pensée traversa leur esprit au moment où leurs yeux se rencontrèrent :
Ils étaient seuls au monde. Personne ne viendrait les sauver.
Dorénavant c'était eux face à tous.
—
" Cours, ne t'effondre pas, cours, cours, cours ! "
C'était ce qu'il se répétait sans cesse dans sa tête depuis des jours déjà. Depuis son évasion. Depuis qu'ils étaient à sa recherche. Parce que s'ils le retrouvaient il était mort. Il ne survivrait pas. Son humanité serait détruite.
Voilà trop longtemps qu'il avait subi leur violence, et maintenant sa santé mentale ne tenait plus qu'à un fil. Ces êtres ignobles s'étaient servis de lui depuis son enfance en tant que cobaye et qu'arme. Si leur deux derniers joujoux n'étaient pas arrivés, il ne serait peut être plus qu'une enveloppe corporelle sans pensée, tout juste bon à obéir et à tuer.
A vrai dire, il se sentait coupable à la pensée de ses deux derniers. Il savait mieux que quiconque ce qu'ils avaient endurés et il avait entendu leur cris. Il les avait côtoyés à l'occasion, lorsque leur séance " d'entrainement " se déroulait en même temps. Il ne connaissait pas leur prénom - et réciproquement - mais il devait avouer qu'avoir deux compagnons du même âge et vivant la même agonie que lui l'avait quelque part un peu réconforté.
Il avait même fini par particulièrement se lier d'amitié avec le blondinet. Ils se ressemblaient tous les deux et partageaient cette même marque étrange appelée " le Kama ". Ils suivaient les mêmes programmes de reconditionnements et parfois ils avaient même le temps d'échanger quelques paroles.
Mais ce qui avait fait évoluer leur relation fut l'entraide silencieuse apparaissante petit à petit dans leurs yeux jusqu'au point, où, sans même échanger un mot, ils arrivaient à se comprendre. C'était comme s'ils se comprenaient parfaitement depuis toujours.
Il s'était pour la première fois senti important pour quelqu'un. Plus humain. Il n'était plus dorénavant seulement le réceptacle mais également le compagnon, l'acolyte. Celui qui le comprenait le mieux.
En fait il devait se l'avouer : il avait fini par le considérer comme la personne lui étant le plus proche.
Comme un frère.
Il avait également croisé quelque fois - mais beaucoup plus rarement - l'ami du blondinet. Il était tout l'opposé de ce dernier. Cheveux bruns, yeux verts, air fatigué… Il n'avait rien à voir avec son ami qui criait partout - même s'il avait fini par ne plus pousser un cri au bout de quelques mois. Il avait un air qui ne le trompait pas : c'était un fin calculateur. Ce qu'il ne comprenait pas c'était la raison pour laquelle l'organisation l'avait kidnappé lui aussi.
Après tout il n'avait pas le Kama et n'était pas non plus destiné à être un réceptacle. Alors pourquoi était-il là ? Il savait qu'il suivait un entrainement spécial mais il n'avait aucun détail concernant cela. Leur capacité étant éloigné, ils n'ont jamais été dans les mêmes sessions d'entrainement, ce qui explique qu'il ne le connaissait pas très bien. Il n'avait seulement pas pu s'empêcher de remarquer la complicité qu'il partageait avec le blondinet.
Et il l'enviait.
—-
Hokage-sama vous nous avez demandé ?
Oui, j'ai une mission importante à vous confier.
Naruto regarda l'escouade qu'il avait formé se tenir devant lui, attendant ses instructions. Sarada, Mitsuki, Inojin, Chôcho et Iwabê se tenaient droit, attentif à ses ordres.
Chaque visage reflétait un air sérieux où aucune émotion ne transparaissait. Ils avaient l'allure de vétérans de guerre ayant déjà tout vécu. Ses gamins étaient devenus matures beaucoup trop vite et cela inquiétait Naruto. A juste à peine 16 ans, leur jeunesse avait déjà été foutue en l'air.
- Notre équipe sensorielle a détecter une anomalie au nord du pays de Feu. Ils n'ont étonnement pas réussi cette fois à comprendre l'origine et la cause, ni à l'expliquer. Ça me parait beaucoup trop étrange pour ne pas m'en préoccuper. C'est pour cela que je vous charge d'aller enquêter dessus et d'en découvrir le plus de choses possibles.
- Pensez-vous que cela pourrait avoir un rapport avec…? Demanda Iwabê.
Naruto échangea un regard avec Shikamaru, qui se tenait à côté de son bureau. Effectivement ils avaient déjà envisagé ce cas de figure. C'est pour cela qu'il leur confiait cette mission.
En fait si ça ne tenait qu'à eux, ils seraient déjà en route. Mais ils ne pouvaient pas. L'Hokage était obligé de rester au village, tout comme le conseiller.
Et puis, ils étaient, avec Hinata et Temari, trop affectés et pouvait manquer de discernement pendant la mission. C'est pour cela que, difficilement mais en écoutant le peu de raison qu'il leur restait dans cette situation, ils laissaient l'escouade de Sarada s'occuper de toutes missions pouvant avoir un rapport de près ou de loin avec Boruto et Shikadai.
- Nous ne sommes encore sûres de rien. C'est pour ca que nous vous chargeons de cette mission. Au moindre indice prévenez-nous immédiatement. Des questions ?
- Non aucune, Hokage-sama !
Sur ces dernières paroles, l'escouade se mit en marche vers leur destination, où une lueur, presque imperceptible, d'espoir brillait au fond de leurs yeux.
—
Il aurait voulu les aider à s'échapper avec lui. Il savait qu'en restant là-bas ils se transformeraient en armes vivantes sans émotions. Il en était fallu de peu pour qu'il y passe.
Grâce au temps passé avec l'organisation, il connaissait les plans des bâtiments, les passages et les habitudes des membres. Il avait même arrivé à gagner un peu de leur confiance de sorte qu'il était autorisé à circuler plus ou moins librement dans les locaux. Il savait qu'il était toujours surveillé de près, c'est pourquoi il avait mis tant de temps à trouver un plan digne de ce nom pour s'échapper. Un plan que seul un individu pouvait réussir avec succès.
Un plan sans deux compagnons.
Il se sentait déjà coupable quand il avait décidé de fuir seul mais maintenant c'était pire. Peut être était-il déjà devenu un monstre à son insu ?
Quoiqu'il en soit, il avait repéré une faille dans leur système de surveillance. Quelques fois par an, les Otsutsuki venait rendre visite au chef de l'organisation. Afin qu'ils puissent entrer sans encombres avec leur dojutsu temporel, ils désactivaient le portail protecteur autour du complexe pendant quelques secondes seulement.
Il savait que ses chances étaient minces mais il avait tenté le tout pour le tout. Il avait profité d'un manque d'inattention du garde - pas aussi discret qu'il le pensait - pour l'assommer et prendre son badge. L'organisation n'avait pas réalisé à quel point il était devenu fort.
Il leur avait en fait caché ses capacités maximales. Pour que son plan soit un succès, ils devaient absolument le sous-estimer. Et c'est ce qu'ils avaient fait.
Une fois le badge, permettant de déverrouiller toutes les portes, en sa possession, il avait attendu aux aguets le moment où le système serait hors service pour quelques secondes.
Et il avait foncé.
Il avait couru, ne s'était pas arrêter et avait réussi à passer le portail désactivé. Quand il eut cru qu'ili était sorti d'affaire, Jigen s'était tenu devant lui furieux. Avec une voix sombre il lui avait dit :
- Toi ! Tu nous a bien trompé ! Je vais t'apprendre personnellement la discipline !
Il savait ce qu'était sa " discipline ". Des séances de tortures à n'en plus finir, une douleur sans fin et un épuisement sans fond. Il serait brisé.
Alors, sachant qu'il ne pourrait jamais le battre seul, il paniqua. Une bouffée d'énergie s'empara de lui et il sentit sa marque s'agiter. En juste un clignement d'oeil il s'était retrouvé seul, sans Jigen, entouré d'arbres et brûlant sous un soleil d'été.
Il ne savait pas ce qui s'était passé mais il comptait bien en profiter pour fuir le plus possible de Jigen et l'organisation.
C'est pour cela qu'il se retrouvait à courir comme un forcené, évitant les branches et n'ayant aucune idée d'où il allait. La seule chose qu'il pouvait faire était de ruminer ses regrets encore et encore.
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- L'anomalie détectée devrait se situer quelque part dans cette forêt.
Mitsuki, du haut d'une falaise, balaya la forêt d'un regard. Elle paraissait calme en apparence et aucun danger n'en transparaissait.
- D'ici nous ne pourrons rien voir. Il faut qu'on y entre et qu'on enquête.
C'était Sarada qui avait rejoint Mitsuki, debout sur le rocher. Elle paraissait sûre d'elle, comme si elle savait que cette mission serait un grand pas dans leur recherche de Boruto et Shikadai.
Elle avait changé au fil des années. Ses cheveux avaient poussé, ils arrivaient maintenant au niveau du bas du dos. Elle portait encore des lunettes rouges mais seulement occasionnellement, quand ses yeux étaient fatigués. Son corps s'était développé pour devenir celui d'une belle jeune femme. Elle faisait chavirer des coeurs mais n'accordait d'attention à aucun. Sa froideur en avait rembarré plus d'un.
Ils rejoignirent Chochô, Iwabê et Inojin qui se situait plus bas et partirent en direction de la forêt.
- Je pense qu'on devrait se séparer pour couvrir une plus grande surface, intervint Iwabê.
- Ca me semble être une bonne idée, répondit Chochô en engouffrant une poignée de chips dans le même temps.
- Eh la grosse on t'a pas appris les bonnes manières ! S'exclama Inojin.
Sarada soupira. Au moins, ils n'avaient pas beaucoup changé ces deux-là. Toujours à se chercher.
- Je pense qu'on devrait rester grouper. Si on venait à tomber sur une menace telle que les Otsutsuki on aurait besoin de la force de chacun pour les battre.
L'observation de cette dernière fit acquiescer les autres. Elle était devenu la voix du groupe, celle qu'on écoutait toujours dans ce genre de situation. Elle n'était pas au niveau de Shikadai mais, en même temps, personne ne pouvait l'égaler à part son père.
En groupe, ils entrèrent dans la forêt et explorèrent les environs.
Au bout de 5 heures, ils décidèrent de s'arrêter prendre une pause. Ils n'avaient rien trouvé de concluant et ils commençaient à avoir faim. Surtout Chochô.
Ils sortirent leur provisions et s'installèrent en cercle, à l'ombre d'un arbre. Le soleil commençait à se coucher progressivement et leur permettait d'obtenir un peu de fraicheur.
Personne ne parlait. En fait celui qui avait l'habitude de faire l'animation dans le groupe c'était Boruto. Celui qui lançait les discussions était Shikadai.
C'est pour cela qu'aucun d'eux ne savait quoi dire. Ils étaient maintenant habitué à ne pas plus parler que ça. Le silence leur permettait de se recentrer sur eux-même et ensuite ils pouvaient parfois engager une conversation sur des observations qui leur était venues.
En ce moment, ils avaient clairement fait choux blanc. Ils n'avaient rien trouvé et se demandait même ce qu'il fallait trouver en fait.
- Je vais à la rivière pour me rafraîchir, se leva Sarada.
- Tu veux que je t'accompagnes ? Demanda Chochô soucieuse de sa meilleure amie.
- Non ça ira ne t'inquiètes pas, la rassura Sarada.
Sarada avait repérer une petite rivière cachée derrière les fougères à quelques mètres d'eux. Elle avait besoin de se rafraichir un peu les idées seules afin de pouvoir réussir la mission qu'il leur avait été confié. Ils ne pouvaient pas revenir bredouille, il fallait absolument qu'ils reviennent avec des éléments qui leur permettrait d'avancer dans leur recherche.
Cela faisait déjà quatre ans qu'ils ne les avaient pas retrouvé. Elle n'osait même pas imaginer ce qu'ils vivaient en ce moment.
A cette pensée son coeur se serra.
J'espère que vous allez bien tous les deux…
* CRRAAAAAC* *BOOOOM*
Un énorme bruit tira Sarada de ses pensées. Le reste de ses amis, ayant également entendu le bruit, se précipitèrent pour la rejoindre.
Quand ils arrivèrent à la rivière, ils virent Sarada en position d'attaque, arme à la main, menaçante. Elle regardait un garçon aux cheveux noirs étalé par terre…
- Qui es-tu ?!
Ce dernier releva difficilement la tête et la regarda :
- Faim… , dit-il avant de s'évanouir pour de bon.
- Sarada qu'est ce qui s'est passé ? Demanda Mitsuki.
- Je sais pas vraiment… il est tombé des branches et s'est retrouvé par terre devant moi.
- Ramenons-le au camp et ligotons-le, nous pourrons peut être lui soutirer des infos, dit Iwabê.
- Bonne idée, approuva Inojin.
Iwabê et Inojin se chargèrent de le soulever et de le ramener au camp, près du feu.
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Il se réveilla peu après sa chute, pour constater qu'il était ligoté des pieds à la tête. Il s'était réfugié en haut de cet arbre pur se reposer mais s'était endormi sans s'en rendre compte. Il était donc tomber, et, dans la surprise, il ne put rien faire. Il était mort de faim et de soif. Il n'avait pas mangé depuis des jours et aussi puissant soit-il, il restait humain.
Une douce odeur lui chatouilla les narines et il constata que cinq personnes l'entourait. Un feu de camp était installé un peu plus loin et de la viande cuisait lentement. Son ventre ne put s'empêcher de gargouiller.
- Bien maintenant que tu es réveillé, tu vas nous révéler ton identité beau gosse, lui dit Chochô en se penchant vers lui.
Il n'allait certainement pas prendre le risque de révéler son identité sans savoir s'ils étaient de menace pour lui.
Devant son silence, la mine de Chochô devint plus sournoise.
- J'ai cru entendre ton ventre gargouiller tout à l'heure… révèle nous ton nom et ce magnifique bout de viande juteux, à point et délicieux sera à toi.
Il était tenté de céder mais il ne le ferait pas pour un peu de nourriture. Il avait survécu à pire.
- Je pense que notre ami est décidé à rien nous dire. En attendant, moi aussi j'ai faim. Allons manger, dit Iwabê.
- Je suis d'accord, approuva Mitsuki.
Ils partirent tous en direction du feu. Sarada jeta un regard appuyé au garçon avant de s'en aller elle aussi. Un éclat rouge avait illuminé ses yeux, tellement rapide que c'était un coup de chance qu'il ai réussi à le voir.
Soudain il se rappela…
… avec ses sharingans, elle était redoutable…
Sharingan… rouge.
- Es-tu Sarada ?
Le groupe s'arrêta de manger et se tournèrent tous vers lui, avec une expression de surprise.
Sarada se rapprocha et se pencha à sa hauteur.
- Comment le sais-tu ?
Le blondinet avait parlé d'une fille comme ça. Il en avait parlé avec tellement d'assurance qu'il fut sure d'une chose… s'il avait confiance en elle. il pouvait aussi. Il ne répondit pas à sa question et préféra répondre à une, plus ancienne.
- Je m'appelle Kawaki.
