CHAPITRE QUATRIEME

Les jours passaient et se ressemblaient, encore et encore. La douleur restait constante, comme un moyen pour eux de se souvenir qu'ils étaient vivants physiquement. Intérieurement, c'était une autre histoire…

Au fil des jours passés, leur souvenirs avaient commencé à s'embrouiller, se modifier, s'éloigner… Maintenant, aucun des deux ne se rappelaient ne serait-ce que d'une chose d'avant leur douze ans. En fait, ils ne savaient même pas quel âge ils avaient. Ils étaient perdus dans un tourbillon de douleur, de torture et d'entrainement qui leur fit perdre le bien le plus précieux pour un humain : leur humanité.

- Prénom ?
- Kawaki.
- Nom ?
- J'sais pas.
- Âge ?

- Seize/dix-sept ans je dirais.
- De quel pays viens-tu ?
- Aucune idée.
- Qui sont tes parents ?
- Je me pose la même question.
- As-tu des frères et soeurs ?
- Je pense pas.
- Sais-tu même qui tu es ?!

Shikamaru perdit son sang-froid face à la flegme dont faisait preuve le jeune homme. À part pour son prénom, ses réponses étaient toutes évasives et incertaines.

- Du calme Shikamaru, intervint Naruto. Je ne sens aucun mensonge dans ses réponses. Serais-tu orphelin ? Continua-t-il en se tournant vers Kawaki.
- Je pense ouais. En tout cas j'ai toujours vécu sans parents… enfin j'avais un père mais ce vieil alcoolo rabougri m'a vendu quand j'avais cinq ans. J'ai pas vraiment de souvenirs de lui à part l'odeur infâme qu'il dégageait.
- Ton propre père t'as vendu ?!

Pour Naruto et Shikamaru, cet acte leur paraissait inconcevable. Comment pouvait-on vendre son propre enfant ? Une vague de colère les traversa tout deux mais ils se continrent. Ce n'était pas le moment de s'énerver.
Naruto observa Kawaki plus attentivement. Il était assez grand, les cheveux bruns et les yeux sombres. Il dégageait une certaine suffisance et beaucoup de lassitude. Il paraissait toujours fatigué mais lorsqu'on lui prêtait un peu plus attention, on lui devinait un fin esprit calculateur. Il était beaucoup trop jeune pour dégager autant de solitude. Naruto se sentit en quelque sorte connecté à lui, se rappelant son propre passé d'orphelin, où la solitude était son quotidien.

Kawaki les regardait fixement, jugeant qu'il n'était pas nécessaire de répondre à cette question qu'il jugeait réthorique.
Cet Hokage et ce conseiller ne lui paraissaient pas dotés de mauvaises intentions à son encontre. Lorsqu'il était arrivé au village, en compagnie du groupe de ninja avec, à sa tête, la fameuse Sarada, il avait été directement redirigé vers une salle d'interrogatoire où il se tenait à présent. Malgré qu'il ne connaissait pas Konoha ni les ninjas qui l'avaient escorté, il s'était laissé amener, jugeant que c'était préférable à se faire capturer de nouveau par Jigen. Il avait entendu dire que l'Hokage était très fort et il espérait obtenir sa protection.

Pendant ce temps, Naruto prit sa décision.

- J'accepte de t'offrir l'asile à Konoha, tant que tu représentes pas une menace pour le village. Au moindre faux pas, nous t'expulserons. Pour l'instant je vais te garder à l'oeil, tu vas donc devoir venir habiter chez moi. Une objection ?

Kawaki ne réagissant pas, Naruto prit son silence pour acquis.

- Bien, nous ferons comme ça alors !
- Naruto, je dois te parler seul à seul, intervint Shikamaru.
- Hum d'accord. Je reviens dans cinq minutes gamin !

L'Hokage et son conseiller sortirent de la salle et marchèrent un moment dans les couloirs avant d'arriver au bureau de Naruto. Ils fermèrent la porte et Shikamaru se tourna vers Naruto.

- Ecoute Naruto, j'ai bien compris que ce gamin sorti de nulle part fait ressurgir des souvenirs de ton passé. Mais c'est pas une excuse pour te montrer tendre avec lui. On sait rien de son passé, de son identité et de ses motivations. Il pourrait être un espion pour ce que j'en sais !

Evidemment, Naruto avait pris en compte ces aspects-là.

- Je sais bien et ne t'imagines pas que je l'accueille seulement par pitié. Je pense seulement que nous serons gagnants au change, peu importe qu'il soit un espion ou non. Je vais le surveiller 24h/24h pour être sûr de ne pas être pris au dépourvu au cas où il se révèlerait être une menace pour le village. Et dans le cas contraire, il pourrait être une grande aide pour le village. Sa puissance ne t'as pas échappé non plus ?

Il était vrai que Shikamaru avait remarqué que cet intrus était puissant pour son âge.

- Je ne lui fais tout de même pas confiance mais toi tu as toute ma confiance. Je compte sur toi pour l'avoir à l'oeil, Hokage, finit par approuver Shikamaru, lasse de tout ce débat.
- Compte sur moi !

Shikamaru retourna dans son bureau pour s'occuper de la montagne de paperasse habituelle. Avant, il avait l'habitude de soupirer en y entrant et de pousser son fameux " gênant ". Maintenant, fait improbable, il se réjouissait de voir la quantité de travail qui l'attendait. Ce n'était pas qu'il s'était découvert une nouvelle passion pour les papiers - la sieste et l'observation des nuages resteront toujours dans ses occupations favorites - mais c'était bien l'une des seules activités qui arrivaient à le distraire de temps à autre de ses pensées et de sa tristesse. Temari et Amako étaient les deux autres personnes qui arrivaient à accomplir cet exploit.
Shikamaru sourit en pensant à elles et plongea dans son travail.

Naruto revint sur ses pas, se dirigeant vers la salle d'interrogatoire où Kawaki se trouvait. Il savait que le jeune homme n'avait pas essayé de s'échapper même si aucun garde n'avait été posté en évidence, sinon l'ANBU l'aurait prévenu et une alarme aurait sonné.

S'il avait accepté de donner l'asile à Kawaki, ce n'était pas uniquement dans le but de compter un nouveau ninja pour protéger le village. En fait, il avait autre chose en tête, qu'il n'avait pas partagé avec Shikamaru, ne voulant pas exacerber une plaie déjà béante s'il se trompait.

Il avait vite compris que le jeune homme cachait un paquet de mystères. Son attitude ainsi que son comportement démontrait une douleur intérieur reposant en lui. De plus, il était apparu dans la zone où l'anomalie avait été détecté. Il ne savait pas si cette anomalie avait un rapport avec son fils et Shikadai mais il préférait n'éloigner aucune hypothèse. Tout était bon à prendre, même le plus infime des indices.

Il avait également compris que Kawaki n'était pas du genre à se confier et à parler de ses problèmes. Il faudrait d'abord gagner sa confiance pour qu'il se révèle petit à petit à Naruto.

Il aurait aimé pouvoir lui soutirer les informations tout de suite et ne pas gâcher autant de temps. Mais il sentait que Kawaki pouvait être un atout de taille s'il se rangeait à ses côtés. De plus, ce n'était pas dans sa nature de torturer des adolescents pour obtenir des informations. Surtout qu'il avait leur âge…

Secouant la tête pour éloigner les pensées intrusives, il entra dans la petite salle et vit Kawaki avachit sur sa chaise, les pieds sur la table et le regard fixé au plafond, l'air de profondément s'ennuyer.

- Je suis de retour. À partir de maintenant, tu vas loger chez moi pour que je puisse garder un oeil sur toi.

Kawaki tiqua.

- Ouais super, un baby-sitter.
- C'était la condition, il faudra que tu t'y fasses. Suis-moi, je vais te faire visiter le village avant de rentrer.

Kawaki se leva et le suivit, trainant avec lui sa mauvaise humeur constante.

- Le village se divise en deux parties : en haut la nouvelle ville et en bas l'ancienne. Même si elle n'est pas si ancienne que ça parce qu'on a dû la reconstruire après l'attaque de Pain… Quoiqu'il en soit, pour relier ses deux parties et aller plus vite nous avons construit un train…

Naruto continua de déblatérer sur le village tandis que Kawaki le suivait l'air maussade. Il s'en foutait pas mal de savoir tout ça. Tout ce qu'il voulait c'était être à l'abris de Jigen et il avait entendu dire que le Kage de Konoha était le ninja le plus puissant qui n'ait jamais existé. Alors savoir que l'ancienne ville n'était pas si ancienne et que la nouvelle était relié avec un train… Sérieusement il s'en tapait. En plus, comment pouvait-il se perdre un jour s'il avait toujours l'Hokage collé aux fesses ? Sérieusement.

- Et voilà le meilleur restaurant de ramen de la ville ! Ichiraku ramen ! Je pourrais en manger matin, midi et soir. Quel est ton plat ton plat préféré ? Lui demanda soudain Naruto, se tournant vers Kawaki.

Surpris par la question, ce dernier prit son temps pour répondre. En fait, il n'avait jamais eu d'aliments favoris… Tant que ce n'était pas la boisson infâme qu'ils lui faisaient boire par moment, il mangeait de tout.

- J'en sais rien, finit-il par répondre en haussant les épaules.
- Je pensais que t'allais me répondre le truc habituel des jeunes dans ce village : les burgers. Ah ah je te jure ils sont bien différents de mon temps…

Sa voix s'amenuisa jusqu'à ce qu'il ne resta plus qu'un mince filet. Soudain, il fut comme abattu par un poids sur ses épaules et son regard se fit lointain. Ce fut comme s'il venait de se prendre un train en pleine figure. Ne sachant pas quoi dire ni comment réagir, Kawaki le laissa reprendre ses esprits, ce qu'il fit après quelques minutes.

- Bon, c'est pas tout ça mais j'ai faim moi ! Rentrons à la maison, ma femme est la meilleure cuisinière qui soit, tu vas voir ! Reprit Naruto, l'air de se ressaisir enfin.

Il esquissa même un sourire qui sonna très faux aux yeux de Kawaki.

Ils se dirigèrent vers la maison, cette fois-ci en silence.

Enfin arrivés, Kawaki s'arrêta un instant afin de prendre le temps d'observer ce qui allait être son nouveau chez lui pour un temps. C'était une maison ronde, de taille moyenne et plutôt jolie. Il s'attendait à quelque chose de grandiose étant donné que l'Hokage habitait ici, mais apparemment celui-ci se contentait de peu.

Il fut interrompu dans ses pensées lorsqu'un bruit de pas ténu, mais audible pour lui, le fit se concentrer sur la source de celui-ci.

Derrière la porte, Himawari courut, contente de revoir son père qu'elle n'avait pas vu depuis près d'une semaine. Elle avait senti sa présence tout près grâce à son chakra de perception particulièrement puissant pour son âge.
Il passait beaucoup de temps au bureau dorénavant, afin de retrouver son frère. Elle comprenait et ne lui en voudrait jamais pour ça mais elle était tout de même heureuse de le revoir.
Elle ouvrit la porte brusquement au moment où celui-ci allait l'ouvrir et lui adressa un grand sourire.

- Papa ! Tu es rentré ! Bienvenue !
- Je suis à la maison, sourit Naruto en lui ébouriffant les cheveux.

Hinata sortit une tête du salon puis vint les rejoindre, toute aussi heureuse de retrouver son mari. Après les habituels embrassades dont il faisait tout le temps face lorsqu'il rentrait chez lui, il se retourna afin de leur présenter le nouvel occupant de la maison :

- Je vous présente Kawaki, il vient tout juste d'arriver dans le village. J'ai accepté de l'héberger pendant un temps si ça ne vous dérange pas.
- Enchantée de te rencontrer Kawaki. Je suis Hinata, la femme de Naruto et voici Himawari notre fille, dit-elle en faisant un signe de main vers sa fille, viens rentre ne reste pas là.

Finalement Kawaki entra et referma la porte derrière lui. Il examina le hall d'entrée qui lui parut très simple et en même temps chaleureux.

- Bonjour, merci de me recevoir, répondit-il poliment.

Himawari lui adressa un petit sourire et décida de lui faire visiter la maison. Elle lui montra l'étage, les chambres et la salle de bain ainsi que les toilettes. Cependant, Kawaki remarqua qu'elle ne lui présenta pas une porte, qui restait fermée.

Devant son regard, Himawari se sentit obligé de le prévenir :

- Personne ne peut entrer dans cette pièce. C'est… comment dire… la chambre de mon frère.

Kawaki continua de fixer la porte, intrigué malgré lui de la raison pour laquelle on ne pouvait pas y entrer. Que ce soit la chambre du frère il comprenait, mais à moins de détenir un trafic suspect à l'intérieur, il ne voyait aucune raison pour ne pas y entrer.

Devant son air sceptique, Himawari décida de prendre son courage à deux main, malgré la douleur familière dans la poitrine qui commença à s'installer.

- Il a disparu il y a quatre ans. Avec Shikadai, le fils du conseiller.

Kawaki comprit tout de suite mieux. Il n'avait jamais eu de figure paternelle ou maternelle mais il avait toujours supposé que des parents sains d'esprits seraient dévastés s'ils venaient à perdre leur enfant.
Il se retrouva, à son insu, envieux de ce frère disparu… Au moins, il avait des parents et une soeur qui l'aimaient et qui avaient besoin de lui pour compléter leur bonheur. Pas comme lui.

Il était seul depuis sa naissance, depuis toujours et c'était comme ça. Il devait se ressaisir.

- Descendons, le diner est presque prêt.

Tout deux descendirent et arrivèrent dans le salon. Kawaki prit encore une fois le temps de tout regarder, habitude qu'il avait prit durant ses séances d'entrainements. Il ne savait jamais quelle piège ces bâtards avaient posé dans la pièce.

La pièce lui parut encore une fois chaleureuse. Elle était éclairée et des photos étaient posées sur les meubles. Par curiosité, il s'approcha de l'une d'entres elles.

C'était une photo de famille datant d'un anniversaire. À gauche, Hinata joignait ses mains et souriait. A ses côtés, Naruto avait passé son bras autour de deux enfants dont il reconnu Himawari…

Et ce qu'il vit le figea.
Le garçon blond souriant sur la photo.
Il le connaissait.

C'était le blondinet.

...

Coucou je suis de retour ! Non, je n'ai pas abandonné cette histoire, je suis juste une personne très occupée qui fait beaucoup de choses en meme temps. Désolée pour le bug précédent et merci à maevakanane de me l'avoir fait remarqué ! Sur ce j'espère que vous avez apprécié ce chapitre et n'hésitez pas à laisser un commentaire ça fait toujours plaisir :)