CHAPITRE CINQUIÈME

Kawaki resta figé devant la photo. Ce garçon avait donc une famille, il n'était pas orphelin comme il le pensait. Il croyait que seuls les enfants sans famille étaient ciblés mais en réalité, il venait de découvrir que ce n'était pas le cas.

À bien y repenser, il se sentit bête de ne pas avoir deviné. L'Hokage et le blondinet se ressemblaient comme deux gouttes d'eau. Leur ressemblance lui parut si frappante qu'il remit en question pendant un instant son intelligence. Leurs cheveux blonds, leurs yeux bleus et même les traits sur leurs joues… C'était comme regarder une copie conforme du blondinet en version adulte.
Évidemment, il remarqua quelques différences telles que le nombre de traits sur leurs joues, la texture de leurs cheveux qui paraissaient plus en pic chez l'Hokage, ainsi que la forme de leurs visages. Le blondinet avait visiblement prit un minimum de sa mère.

- Kawaki ? Qu'est-ce que… ?

Naruto s'arrêta net lorsqu'il vit ce que Kawaki regardait avec insistance. C'était une des dernières photos qui avaient été prises avec son fils. C'était aussi le dernier anniversaire qu'il avait passé avec lui.
Face au silence soudain de Naruto, Hinata et Himawari s'interrompirent dans la préparation du dîner pour regarder ce qui avait causé ce soudain mutisme. En voyant Kawaki se tenir devant la photo, elles comprirent.

Un soudain malaise prit place dans la maison Uzumaki. Boruto était devenu un sujet tabou, où chacun évitait de prononcer son prénom mais pensait fort à lui. Les photos étaient de douloureux souvenirs mais ils les avaient laissés partout dans la maison même s'ils faisaient de leur mieux pour ne pas les regarder.

Au bout de quelques secondes, Himawari brisa le silence :

- Et si on passait à table ? Qu'est ce que j'ai faim !

Comprenant la tentative de sa fille pour détendre l'atmosphère, Naruto entra dans son jeu :

- Je crève la dalle ! Hummm ça sent bon ! Dit-il en se détournant de Kawaki.
- Allez tout le monde à table ! Naruto tu peux mettre ces plats sur table et Kawaki ça ne te dérange pas de mettre le couvert ? Demande Hinata.

Kawaki s'empressa de le faire tout en mourant d'envie de leur demander plus de précision sur le blondinet. Comment s'appelait-il ? Quel âge avait-il ? Comment avait-t-il été enlevé par Jigen ?

Après avoir fini de mettre le couvert, ils s'installèrent tous à table et commencèrent à manger. Un silence pesant s'installa, ce qui mit Kawaki mal à l'aise. Il n'était pas du genre sociable et extraverti et ne fit donc rien pour détendre l'atmosphère tendue qu'il avait lui-même créé malgré lui.

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Après le dîner, Hinata montra à Kawaki sa nouvelle chambre. Elle n'était pas très grande mais plutôt confortable. La décoration était simple, les couleurs étaient neutres et quelques touches florales étaient disposées par-ci par-là. C'était déjà mille fois plus chaleureux que l'ancienne chambre qu'il occupait dans le repaire de Jigen.

- Je suis désolée, si j'avais su plus tôt que nous devions t'héberger, j'aurais fait en sorte que ta chambre soit plus accueillante… dit Hinata, l'air gênée.
- C'est parfait comme ça, madame Uzumaki, merci.
- Bon et bien… si tu as besoin de quoique ce soit n'hésite pas et viens nous voir, je serais au bout du couloir. Naruto sera dans son bureau, deux portes à gauche de la tienne, il y reste normalement tard.
- D'accord madame Uzumaki.

Hinata commença à partir avant de se retourner et de lui dire avec un sourire avenant :

- Tu peux m'appeler Hinata. Bonne nuit Kawaki.

Le coeur de Kawaki se réchauffa soudainement, le prenant par surprise. Jamais quelqu'un ne lui avait dit " bonne nuit " ni sourit avec autant de gentillesse.

En entrant dans sa chambre, il se fit la réflexion que le blondinet avait une belle vie avant. Il se demanda si c'était ça, avoir une mère : une personne qui se préoccupe de ton confort, qui te sourit et qui te souhaite bonne nuit.

Quelle chance tu avais, blondinet…

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Après s'être retourné à maintes reprises dans son lit, se tracassant au sujet de Boruto, Kawaki décida de se lever et de se diriger vers le bureau de l'Hokage.
Il frappa trois petits coups, puis il entendit " entrez ! ".

- Oh Kawaki c'est toi ! Qu'est-ce que tu fais debout à cette heure ? Demanda Naruto.
- J'arrivais pas à dormir… je dois vous parler de quelque chose.

Au ton sérieux de Kawaki, Naruto se figea et concentra toute son attention sur lui.

- Je t'écoute.

Prenant une grande inspiration, il commença :

- Tout à l'heure quand je regardais la photo… C'était pas par simple curiosité. Le garçon blond, je le connais. Ça m'a fait un choc et…
- Tu connais Boruto ?!

C'était donc son prénom : Boruto. Un poids invisible disparut des épaules de Kawaki. Il savait enfin comment il s'appelait. Il pouvait finalement l'humaniser et l'appeler autrement que par sa couleur de cheveux.

- Oui, en fait…
- Où est-il ?! Il va bien ?! Dis moi tout ce que tu peux me dire !
- C'est une longue histoire… Je sais pas où il se trouve ni s'il va bien.
- Comment ça tu…, Naruto prit une grande bouffée d'air pour se calmer et reprit sur un ton sérieux : tu vas devoir me dire tout ce que tu sais demain à la première heure. Je te réveillerais. Ne tente pas de t'enfuir, je le saurais.

Kawaki n'avait pas prévu de s'enfuir de toute façon. Il avait pris sa décision : il n'avait pas pu aider le blondinet et le garçon aux cheveux bruns à s'échapper avec lui mais il allait à présent faire tout son possible pour les aider grâce à l'Hokage. Il ne pouvait pas les laisser dans cet enfer. Il espérait qu'ils arriveraient à temps avant que l'irrémédiable ne soit commis…

Kawaki se retourna et marcha vers la porte du bureau pour sortir. Avant de fermer la porte, Naruto l'interpella :

- Kawaki… Je suis désolé d'avoir réagi comme ça.
- C'est rien.
- Bonne nuit alors, lui dit-il.

Kawaki lui tourna le dos et commença à fermer la porte.

- Ouais, bonne nuit.

Naruto ne vit pas son petit sourire maladroit qu'il tentait de cacher tant bien que mal. Qui aurait imaginer qu'un simple " bonne nuit " lui réchaufferait autant le coeur ?

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Quand Kawaki fut parti, Naruto passa sa main dans ses cheveux, ses coudes appuyés sur le bureau. Un long soupir s'échappa de sa bouche tandis qu'il analysait ce qui était en train de se passer. Il allait enfin obtenir plus d'informations sur Boruto et Shikadai. En quatre ans, il n'avait fait que ramer et cela commençait à le rendre fou.
Le léger grincement de la porte le fit relever la tête.
Hinata passa sa tête dans l'entrebâillement puis entra et referma la porte derrière elle.

- Tu as entendu ? Lui demanda Naruto.
- Hum, répondit-elle en hochant la tête et en s'installant sur ses genoux.

Aucun mot de plus n'avait besoin d'être prononcé. Un long silence s'étira entre eux. Naruto caressait les cheveux de sa femme d'un air songeur, réfléchissant à la longue journée qui allait suivre, et espérant qu'elle soit prometteuse. Hinata respirait le doux parfum de son mari tout en fermant les yeux et priant pour que son fils aille bien.

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Driiing Driiing Driiing

Temari ouvrit un oeil en entendant la sonnerie du téléphone de Shikamaru. Pour une fois qu'elle avait un jour de repos, elle comptait bien en profiter et faire la grasse matinée. Elle ferma les yeux et essaya donc de se rendormir.

Driiing Driiing Driiing

" La patience est une vertu " se répéta-t-elle mentalement encore et encore, tentant de contrôler son tempérament de feu pour une fois.

Driiing Driiing Driiing

Irritée au possible, elle se retourna pour regarder son mari. Celui-ci dormait comme un bébé, de la bave coulant sur son menton, ne semblant pas le moins du monde dérangé par sa stupide sonnerie de téléphone.

Driiing Driing Driiing

"Je. Vais. Le. Tuer. " Au diable la patience !

- Shikamaru, si tu n'éteins pas ce fichu téléphone je te l'enfonce où je pense !

La voix colérique de Temari pouvait sortir Shikamaru du pays des rêves en moins de deux secondes. Un instinct de survie qu'il avait développé durant ses longues années de mariage avec elle…

Ce fut également pour ça qu'il sauta du lit sans réfléchir, évitant de peu le coup de poing meurtrier de sa femme.

Driiing Driiing Driiing

Shikamaru comprit directement la cause de la mauvaise humeur de sa femme.

- Tu es un ninja de niveau supérieur, le conseiller de l'Hokage, une personne qui se laisse jamais surprendre et tu n'es pas FICHU de te réveiller au son de ton téléphone !

Il poussa un soupir tout en grattant l'arrière de sa tête, sentant la migraine arriver.

- C'est qu'aujourd'hui c'était mon jour de repos, j'étais vraiment épuisé, dit-il tout en attrapant son téléphone et regardant le nom de la personne coupable. C'est Naruto, l'informa-t-il.

Il allait décrocher lorsque la porte de leur chambre s'ouvrit sur le visage fatigué de sa fille, tenant son doudou fermement contre elle. Le coeur des deux parents fondirent à sa vue. Avec ses deux couettes brunes et ses yeux marrons encore endormis, elle était absolument adorable.

- Papa, maman c'est quoi ce bruit ? Demanda Amako.
- C'est rien ma chérie, c'est juste ton père qui devient sourd avec l'âge, lui répondit Temari, en enlaçant sa fille, tout en jetant un regard noir à son mari.
- Si ma femme gênante évitait de crier tout le temps mon ouïe se porterait miraculeusement mieux…
- Qu'est ce que t'as dit ?!

Shikamaru se dépêcha de sortir de la pièce et de décrocher son téléphone.

- Eh ça fait des heures que je t'appelle ! Lui reprocha Naruto.
- Ouais…

En vérité ça ne faisait que cinq minutes.

- Il faut absolument que tu viennes. Je suis désolé pour ton jour de congé, je t'en donnerai un autre mais aujourd'hui je crois qu'on va avoir plus d'informations sur Boruto et Shikadai.

Le coeur de Shikamaru rata un battement.

- J'arrive.

Il raccrocha et courut dans sa chambre pour chercher ses affaires. Devant son empressement, Temari sentit que quelque chose n'allait pas.

- Pourquoi Naruto t'appelait ?
- On va peut être obtenir des informations sur eux.

Amako ne savait pas quoi parlait son père mais sa mère eut l'air de comprendre tout de suite. Elle regarda fixement son père et vice-versa, et une conversation silencieuse sembla se jouer entre les deux.
Amako n'avait certes pas compris ce qui se passait mais une chose retint son attention.

- Papa, tu pars travailler ?

- Oui ma puce… Je suis désolé je me rattraperais un autre jour et je t'amènerais même au zoo, d'accord ? Lui dit-il tout en s'agenouillant devant elle et en lui faisant un rapide bisous sur le front. J'y vais ! Annonça-t-il en partant.

Amako regarda tristement son père partir, ayant souhaitée passer la journée avec ses deux parents.
Temari aurait voulu le suivre mais elle ne pouvait pas faire ça à sa fille. Elle ne voulait pas qu'elle se sente délaissée au profit d'un frère qu'elle ne connaissait même pas.

Il allait bien falloir lui en parler un jour…

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Kawaki était assis confortablement dans une salle où l'Hokage et son conseiller lui faisaient face. Un peu avant, il avait entendu ce premier informer Shikamaru qu'il avait peut être des pistes sur leurs fils grâce à lui.

Et voilà comment, pour la deuxième fois en deux jours, il faisait encore face aux deux mêmes personnes dans la même pièce.

- Je suis désolé pour le choix de la pièce Kawaki, lui dit Naruto tout en s'installant sur une chaise devant lui, mais c'est la seule insonorisée dont nous disposons dans le village.

Kawaki se contenta d'hocher la tête pour montrer que ça ne le dérangeait pas.

Shikamaru, resté debout appuyé contre un mur, prit la parole :

- Raconte-nous tous que tu sais.

Prenant une inspiration, Kawaki fixa un peu la table devant lui avant de relever la tête et de commencer :

- Pour que vous compreniez, il faut que je vous parle de mon enfance…

...

Coucou, j'espère que ce chapitre vous aura plu ! Je sais que ça donne l'air de trainer un peu en longueur mais croyez moi c'est nécessaire pour poser la suite de l'histoire. J'ai déjà tous les éléments en tête il ne me reste plus qu'à réussir à les poser astucieusement pour que tout soit réussi. J'espère que cette histoire finira par vous plaire autant qu'elle me plait dans ma tête. Sur ce, je vous dit au revoir jusqu'au prochain chapitre !