Salut! Voici la suite. En espérant que ça vous distrait un peu pendant le confinement!

Tarzane

Partie 2 – Début du stade 1

Ma première nuit fut désastreuse.

Nous étions tous – sans discrimination quelconque, ce qui inclut le sexe – dans le même dortoir. D'instinct, nous les trois filles nous étions mises dans le même coin, et Zeke avait décidé de prendre le lit à côté de moi, sans doute dans l'idée de davantage me protéger. C'était assez étouffant, la plupart du temps, mais pour une fois, ça ne me dérangeait pas vraiment. Les inconnus étaient toujours pleins de surprises.

À la suite de la déclaration du sergent Max Davis, nous étions tous perdus dans nos pensées. Sauf Zeke, évidemment. Lui parlait à tout le monde, se faisant des amis comme toujours. Nous nous observions tous mutuellement. Les deux autres filles étaient plus bâties que moi ; l'une était brune, grande et svelte, avec de grands yeux bleus de biche, et l'autre était rousse, la peau couverte de tache de rousseur, mais carrément en forme. Lauren et Ashley, de leurs noms. Les 26 autres étaient des hommes de toutes sortes.

On nous avait fait visiter les lieux ; l'école était d'une architecture assez simple, divisée comme un fort. Toute une aile était constituée de salles d'entrainement. Une autre aile était complètement dédiée à la cafétéria. Les deux autres ailes étaient davantage complexes. Il y avait plusieurs salles, bureaux, et nous n'étions pas autorisés à y circuler librement.

Étonnement, il y avait énormément de gens dans l'établissement. Non seulement ils formaient les futurs policiers, mais ils abritaient une population de policiers et semblaient être les hauts quartiers de chefs de police et autres gens importants dans le domaine. Ainsi, c'était pourquoi nous devions tous dormir dans le même dortoir.

La visite des lieux prit toute l'après-midi. Le souper – pas de la haute gastronomie, malheureusement – avait été bruyant malgré le silence contemplatif de la majorité des recrues. Plusieurs commençaient à créer des liens, comme Zeke. Pour ma part, j'analysais mes chances de réussites.

Et c'est le soir, dans mon nouveau lit de camp, alors que j'écoutais les ronflements divers de la pièce, que je savais que j'allais devoir faire plus. La forme physique, je me débrouillais, mais j'avais beaucoup de lacunes. Et le stade 1 reposait sur les capacités physiques. Contre tous ses garçons, j'étais nettement désavantagée.

Ne parvenant pas à dormir, je me levai. Jetant un coup d'œil à Zeke, je le vis profondément endormi. Lui n'avait aucun doute, en tout cas. Ce devait être bien, la vie aussi confiante.

Je sortis du dortoir et parcouru le couloir jusqu'à la salle d'entrainement. Le début des cours ne commençait que dans deux heures encore, mais rien ne m'interdisait de me familiariser avec les lieux d'abord. J'entrai dans la salle d'entrainement.

Je n'étais pas la seule à avoir eu l'idée de commencer plus tôt. Un des gars était déjà là. Il était occupé à frapper un punching bag, perdu dans ses pensées. Il avait les cheveux à la militaire, très courts, bruns. Je m'installai deux punching bag plus loin, pour lui donner son espace. Tranquillement, je me réchauffai. C'était plaisant, le silence presque complice qui nous entourait. Quelque temps plus tard, la porte s'ouvrit à nouveau, et les sergents instructeurs entrèrent. L'un des deux, surpris, vint nous voir. C'était celui qui s'appelait Amar, si je me souvenais bien.

- Bon matin à vous deux, dit-il. Je vois que vous êtes déjà pleinement motivé. Puisque vous êtes déjà là, vous pouvez aller choisir votre veste et le numéro qui vous convient.

Avec un seul hochement de tête, mon partenaire d'entrainement (si on peut dire) se dirigea vers le sac qui traînait. Je souris faiblement à Amar et, polie, le remerciai.

- Ne t'en fais pas, je t'aiderai à ne pas échouer si besoin, dit doucement Amar. Les bons policiers n'ont pas seulement des aptitudes physiques.

Je redressai les épaules dignement et hochai la tête, comme l'autre, dans l'espoir de montrer que j'étais plus que ce qu'on percevait de moi. Et j'espérais que c'était vrai.

L'autre avait déjà sélectionné la veste arborant le numéro 4. J'en pris une au hasard, et j'eus le numéro 18. Elle était faite grandeur homme, ainsi, elle était très grande pour moi. Elle était noire elle aussi, avec des bandes réfléchissantes et l'inscription «Aspirant policier» était écrite au-dessus du numéro dans le dos.

Les autres commençaient à arriver. Zeke arriva parmi les derniers, prit une des vestes restantes sur le sol et vient me rejoindre.

- Étonnant, que tu sois déjà là, marmonna-t-il en enfilant sa veste.

Numéro 22.

- J'avais besoin de bouger.

- Humph. Prochaine fois, réveille-moi, je t'accompagnerai.

Il m'adressa un de ses sourires «Ezekiel spécial» et je clignai des yeux, comme aveuglée. Évidemment, il le distribuait à tout un chacun, mais à chaque fois ça me paralysait momentanément. Heureusement, il ne s'en rendait jamais compte. Le sergent Amar prit alors la parole.

- Bon matin à tous. Aujourd'hui débutera votre entraînement. Pour ce faire, nous allons vous diviser en deux groupes : ceux ayant des numéros entre 1 et 15 auront moi-même pour instructeur, et les autres auront le sergent Anderson. Vous serez toutefois classés tous ensemble. Le tableau d'affichage se trouve au bout du couloir, à la vue de tous. Il sera mis à jour quotidiennement. Bonne chance à tous. Groupe 1, suivez-moi.

La moitié des gens partirent avec Amar. J'observai les 13 autres personnes restantes. Les deux filles étaient dans notre groupe. Les 11 autres étaient des hommes de tous les genres ; très bâtis, svelte, petits, grands, bruns, blonds, un roux.

- Groupe 2, bienvenue. Le stade 1 couvre une partie importante du métier de policier : la résistance au stress et à la peur. Ainsi, ce n'est pas le plan physique qui sera mis à l'avant-plan pour le prochain mois. Vous êtes toutefois invités à vous entrainer physiquement, puisque cet aspect sera couvert dans le stade 2. Enfin, le stade 3 entremêlera les deux, et ainsi nous pourrons déterminer si vous êtes apte à graduer à notre établissement. Des questions?

Un des gars, un blond cendré au nez écrasé, leva la main. Après l'autorisation, il se risqua.

- Comment peut-on mesurer une réaction?

- Par des simulations. Vous serez filmés dans plusieurs contextes différents, et notre équipe d'évaluateurs se penchera sur chacun de vos cas. Vous aurez à affronter des situations qui vous feront peur, aussi, qu'elles soient reliées à l'emploi ou non. Autre question?

Personne d'autre ne leva la main. J'étais plutôt soulagée que la phase physique ne soit pas immédiate ; cela me donnerait du temps pour tenter de rattraper mon retard.

Puis nous fûmes mis dans une salle d'attente, où on nous appelait chacun notre tour pour entrer dans une pièce attenante. Et enfin, mon numéro fut appelé.

X x X

La salle était presque vide. Le sergent Anderson, derrière un bureau, me fit signe de m'asseoir sur la petite chaise inconfortable, devant lui. À droite, il y avait deux poteaux, avec un harnais qui pendait au milieu.

- Pour commencer le stade 1, nous allons t'évaluer à l'aide d'une réalité virtuelle. C'est pour voir ta fréquence cardiaque vis-à-vis certaines situations, ainsi que tes réactions. Ensuite, tu auras ta première mise en situation.

Il m'installa les capteurs. Ceux-ci étaient reliés à une espèce de lunettes, semblables à celles utilisées pour la plongée sous-marine, le nez en moins.

- Ce test sert à deux choses : De un, à voir tes réactions physiologiques, et de deux à voir ta sincérité. Des questions?

- Qu'est-ce que vous considérez comme un échec à ce test?

- Pour aujourd'hui, il n'y a pas d'échec possible. C'est seulement pour voir quelles sont tes peurs et comment tu réagis face à elles. Tes réactions seront évaluées ; tu devras apprendre à les maitriser comme si tu les confrontais alors que tu es en poste. Autrement dit, ta peur ne devra plus influencer ton travail, autant que possible. Plutôt simple, non?

Je laissai échapper un rire de dérision. Clairement, ça ne serait pas si simple. Mais j'allais réussir.

- Si vous le dites. Je suis prête.

- Parfait. Viens t'installer ici.

Il me fit signe de me lever et de me mettre debout à droite du bureau, là où il y avait le harnais. Je l'enfilai, et c'est alors que je remarquai le sol : il s'agissait d'un carré de deux mètres par deux mètres qui roulait sur tous les côtés une fois activée, ce qui permettait à la personne debout de rester sur place même si elle se mettait à courir. C'était assez cool, comme technologie. Ainsi, on pouvait vraiment s'immerger dans la réalité virtuelle. Dommage que ça soit pour confronter nos peurs.

Le sergent Anderson me tendit les lunettes, qu'il m'aida à placer sur mon visage. Étonnamment, elles étaient plus légères que je ne m'y attendais. Pour le moment, c'était comme si j'étais plongée dans une pièce complètement noire. Je n'avais pas peur du noir, de ça j'étais certaine, mais dans l'attente, j'étais assez fébrile.

- Bonne découverte, entendis-je la voix de Anderson quelque part autour de moi. Seulement un cas extrême me fera éteindre le programme. Prends le temps qu'il te faut.

Plus ton temps est rapide, plus c'est un pas vers le succès.

Je hochai la tête. Et d'un coup, le monde autour de moi exista de nouveau.