Bonjour! Voici le chapitre 3! Merci à Courtney Ackles de m'avoir averti pour le problème de mise en page sur mon chapitre!

En espérant qu'il vous plaira! N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé!

Joyeuses Pâques

Tarzane

Partie 3 - Voir et vivre

C'était étrange, j'avais vraiment l'impression d'être dans cette cellule de prison. Pourtant, lorsque je m'approchai du lit miteux, je n'avais aucune sensation. Même que je savais que j'étais assise dans le harnais que j'avais enfilé. Je me relevai et avançai vers les barreaux. Derrière, on voyait bien les autres cellules, vides. J'étais seule.

Je me mis à regarder plus attentivement ma cellule. C'était vraiment très sale. Il y avait énormément de poussière, de déchets et… était-ce des fourmis qui se promenaient sur le mur? Je m'approchai. Eh oui, c'était des fourmis. Il y avait aussi tout un assortiment d'insectes ; des araignées, des scarabées, des chenilles, des perce-oreilles… je n'enviais pas du tout la personne qui avait peur de tout ça!

Soudain, tout devint noir. La seule lumière restante provenait de la lune qui brillait par la fente qui servait de fenêtre. Curieuse, je jetai un œil par le trou.

Dehors, c'était la forêt. C'était un paysage semblable à celui qui entourait l'école. Dans le silence, j'entendais le bruit du vent et le hululement d'un hibou. C'était paisible.

Un bruit de porte qui se ferme se fit entendre au loin, suivit de bruit de pas. Un homme énorme et poilu, de ce que je pouvais distinguer, apparut bientôt devant les barreaux de ma cellule. À sa taille, je distinguais une arme à feu, dont le métal brillait doucement sous la lumière lunaire. Sans un mot, il ouvrit la porte de ma cellule et me prit par le bras pour me faire le tenir brutalement par en arrière. Surprise, je laissai échapper une exclamation. Ça faisait mal, pour vrai! Mon cœur se mit à battre plus vite.

- Qu'est-ce que j'ai fait? demandai-je, dans l'espoir de mieux comprendre.

- Tu m'écoutes et tu fermes ta gueule, compris?

Je hochai la tête. Parfois, c'était mieux d'obéir que d'agir impulsivement, surtout dans un environnement inconnu.

- Maintenant, on va sortir et tu vas marcher droit devant. Tu suivras mes consignes.

Je sentis la bouche du fusil dans mon dos. Bon, j'allais devoir l'écouter pour un petit bout. Je savais bien que ce n'était pas réel, mais le froid du métal paraissait vrai. C'était mêlant, tout ça.

Je me risquai dans le couloir. Il était long, presque interminable. Au bout d'un moment, j'arrivai devant un escalier.

- On va monter tout en haut.

Je montai donc les marches. Je montai, montai, montai, si bien que cela me parût des heures et des heures. Enfin, nous arrivâmes en haut, et deux portes se présentèrent à moi. Il m'indiqua la porte de gauche, et j'entrai.

La salle était complètement pleine de livres et de caisses de papiers. Il y avait à peine d'espace pour nous deux. Mais qu'est-ce qu'on faisait là?

- Déshabille-toi.

- Pardon? m'indignai-je.

Une poussée brutale m'envoya valser contre l'étage la plus près. Tous les livres me tombèrent dessus. Merde, je ressentais vraiment la douleur!

- J'ai dit de te déshabiller!

- Pourquoi?

Un coup de fusil retentit alors. Je figeai. La balle était quelque part près de ma tête. Je me relevai tout en observant l'homme que j'avais pris pour un gardien de prison. Il avait un regard lubrique, comme si la violence l'excitait. Jetant un œil plus bas, je pus déterminer qu'en effet, une érection avait pris place dans son pantalon maintenant trop serré. Le stress embarqua. Il allait falloir que je me sorte de ce mauvais pas.

Je commençai à enlever la simple combinaison que je portais, tout en évaluant mes chances de m'enfuir. Du coin de l'œil, je le vis s'approcher. Subtilement, je pris le premier livre que je pouvais atteindre dans mon dos. Dès qu'il fut assez près, je lui lançai le livre dans les parties intimes et sautai vers la porte. Je tournai la pognée et m'enfuie vers l'autre porte.

Je me retrouvai dehors, tout en haut d'une tour. Le vent soufflait très fort, et il pleuvait des clous. Je remis ma combinaison en vitesse lorsque j'entendis le tonnerre. Super, un orage. Au centre de la tour se trouvait un hélicoptère. Ce dernier était en marche, comme s'il attendait que je monte. L'ignorant, je m'approchai du bord de la tour.

J'étais à des kilomètres du sol. Il était impossible que je saute en bas. Je me concentrai sur les murs ; la pierre était toute égale, si bien qu'il me serait impossible de descendre en m'agrippant à des prises. Misère, la seule façon de m'en sortir était de prendre le moyen de transport proposé : l'hélicoptère. Quel cauchemar.

Je m'approchai du véhicule. Le bruit était assourdissant. Une fois devant, je me figeai. Je ne pouvais pas. Il devait y avoir un autre moyen. Paniquée, je regardai autour de moi. C'était le vide. Peut-être qu'un autre chemin… Je décidai de retourner vers la porte et de redescendre les marches. Toutefois, à peine avais-je fait deux pas que la porte s'ouvrit et que je vis apparaître l'homme poilu.

- Montez! cria la personne dans le cockpit. Si nous ne partons pas maintenant, nous ne pourrons plus vous sauver!

Je savais que je n'avais pas le choix. Je montai donc dans l'hélicoptère, et la porte se referma aussitôt. Mais comment était-ce possible que j'aie la sensation qu'on décollait vraiment? Mes mains étaient moites, j'avais mal au coeur. Et si on s'écrasait bêtement? Je fermai les yeux, serrai mes bras et mes genoux contre moi et rentrai mes ongles dans ma peau. Je devais me calmer. Immédiatement.

- Nous nous dirigeons vers les cryptes de Napoli. Vous êtes recherchées depuis plusieurs mois déjà.

- Qu'est-ce que j'ai fait?

- Vous ne vous souvenez pas? À cause de vous, plein d'innocents sont morts. Vous avez tiré sans vous assurer que c'était les bonnes personnes.

Non, je ne ferais jamais ça. Jamais. Jamais. Et pourtant, ils le pensaient. J'étais accusée à tort.

Un bruit strident se fit alors entendre, puis un grand coup dans l'habitacle. Le pilote jura. Mon cœur fut à nouveau dans ma gorge. Merde, on allait s'écraser! Je regardai le sol ; on était plus très loin.

- Accrochez-vous!

L'ignorant, je décidai de sauter. J'avais plus de chances de survivre, j'en étais certaine. JE comptai silencieusement dans ma tête. Un, deux, trois… Je m'élançai.

- Qu'est-ce que…

Je n'entendis plus rien que le vent contre mes oreilles. Je ressentis alors le sol brutalement, ainsi qu'une douleur horrible dans le bras gauche. Et soudain, plus rien. Tout était à nouveau noir autour de moi.

- Enlève les lunettes, entendis-je une voix.

Ah oui, Anderson. C'était fini. Avais-je échoué? C'était presque pire! Lentement, je me débarrassai des lunettes. Je détachai calmement le harnais, avant de finalement regarder le sergent instructeur. Celui m'observait, un petit sourire en coin.

- Et puis? Ai-je réussi? osai-je enfin demander, mon pouls n'ayant jamais battu aussi vite.

Je me voyais devant quitter l'école, Zeke et les autres riants de ma personne lamentable. Que deviendrai-je? Comment aurais-je les moyens de subvenir aux besoins de ma sœur et de mon frère?

- Auriez-vous peur d'avoir échoué, Miller?

- Personne n'aime être pathétique.

- Échouer n'est pas pathétique. Voyez l'échec comme une façon de s'améliorer, et vous irez loin dans la vie.

C'était un conseil, mais dans l'état où je me trouvais, je n'étais pas en mesure de l'apprécier. J'avais désespérément besoin d'entendre dire que j'étais brillante, et non pas médiocre. Le sergent Anderson soupira.

- Vous aurez un rapport de vos peurs avant chaque nouvelle séance.

- Parce qu'il faudra le refaire? m'insurgeai-je.

- N'oubliez pas à qui vous parler, s'il vous plaît. Oui, vous referez l'exercice, mais pas dans la même simulation. Nous cherchons à cibler vos peurs, rappelez-vous. Les simulations dans le monde réel vous permettront de chercher des moyens pour surmonter vos peurs et les difficultés qu'elles peuvent occasionner. Maintenant, allez-vous reposer. Votre première mise en situation aura lieu ce soir. Vous serez jumelé à un partenaire, pour cette fois.

- Merci sergent Anderson.

Je quittai la pièce par la porte de sortie. Aussitôt dehors, je me dirigeai calmement vers les toilettes les plus proches, et je vomis.

Au moins, je n'avais plus les capteurs pour qu'ils enregistrent cette réaction physiologique.

X x X

Une fois plus maître de moi-même, je me rendis dans le dortoir. Là, il y avait plusieurs personnes étendues sur leur lit. Certains regardaient le plafond, perdus dans leurs pensées, d'autres étaient sur leur téléphone, sûrement pour se changer les idées. Quelques autres parlaient entre eux, s'étant déjà tissé un quelconque lien. Zeke était parmi ces derniers. Dès qu'il me vit, il me fit signe de venir le rejoindre. Il passa un bras au-dessus de mes épaules, comme si j'étais un de ses potes gars, et me présenta :

- Voici Shauna. Ne la provoquez pas, c'est une bête féroce. Elle mord comme une lionne si tu la piques avec une aiguille.

- Personne ne s'approcherait d'un lion avec seulement une aiguille, franchement, dis-je en levant les yeux au ciel. Mais merci pour ces mots doux, c'est toujours ce qu'une fille souhaite entendre.

Il rit, avant de me nommer les autres. Il y avait Carl, un homme châtain aux yeux étrangement violet qui paraissait timide, Philip, un costaud quasi chauve qui lui, au contraire, semblait en imposer peu importe la situation, Matthew, qui pourrait facilement être mannequin avec son corps athlétique et son visage d'ange blond aux yeux bleus, ainsi que Lauren, la fille aux cheveux foncés retenus en une tresse lousse, un sourire sympathique aux lèvres. Cette dernière m'appuya :

- Et franchement, si un tel imbécile s'y risquait, il aurait bien mérité que la lionne le morde.

Pour toute réponse, Zeke se fit aller les sourcils de haut en bas, en me lançant un clin d'œil. Je le poussai gentiment en guise d'offensive.

- Vous vous connaissez depuis longtemps? s'enquit Lauren.

- Son père et mes parents travaillaient dans le même poste de police, répondis-je en m'étirant. Ils étaient très proches, si bien que chaque jeudi, nous passions la soirée ensemble. Sans parler des fois où nous étions placés en gardiennage chez l'un ou chez l'autre.

- Pauvre toi, fit Carl.

Ses yeux violets étaient vraiment incroyables. Je n'en avais jamais vu auparavant, c'était fascinant.

- Tu portes des verres de contact? Ne pus-je m'empêcher de lui demander.

Il rougit avant de me sourire. Zeke éclata d'un drôle de rire avant de répondre à sa place et de me donner une bine sur le bras. Je le regardai bizarrement.

- Franchement, Shaun, c'est clair il me semble! De toute façon, on discutait de la réalité virtuelle. C'était génial non?

- Génial? s'insurgea Philip. Non, c'était plutôt paranoïaque! J'ai l'habitude d'être stoïque, mais ils s'arrangent vraiment pour fouiller le fond de nos tripes!

- Est-ce qu'on a tous eu droit au même programme? interrogeai-je.

- De ce qu'on a compris, globalement, oui, m'apprit Lauren. Toutefois, selon comment on répondait aux différents éléments, le scénario s'adaptait. Par exemple, j'ai passé un très mauvais et long moment avec des araignées dans ma cellule.

J'aimais beaucoup sa franchise.

- Et moi, je ne les ai même pas remarqués, renchérit Philip. Par contre, ça m'a pris un méchant bout de temps avant de monter dans l'hélicoptère.

- Peur de s'écraser? m'enquis-je, le cœur battant.

- Non, manque de confiance. Je trouvais ça louche, qu'il m'attende pour partir.

Je ris. Ça ne m'avait même pas traversé l'esprit.

- Et vous avez dû vous déshabiller, vous tous? Voulus-je savoir.

La face de Zeke était hilarante. Il paraissait si indigné!

- Le pervers! Mais je lui en ai donné pour son argent!

- Tu l'as envoyé volé dans les airs toi aussi? approuva Carl.

- Mais non! Je lui ai fait le striptease de ses rêves, avant de le caresser jusqu'à ce qu'il éprouve un malaise et ne veuille plus jamais me voir!

- Ce devait être hor-ri-ble! Fis-je en exagérant un dégoût.

Il me fit un clin d'œil coquin. Je levai les yeux au ciel, un petit sourire en coin, pendant que les autres riaient. Zeke réussissait toujours à me faire rire et à m'apaiser, peu importe la situation. C'était pour cela qu'il occupait une place si spéciale dans ma vie. C'était simplement dommage que l'inverse ne soit pas vrai. Il m'était indispensable ; la réciproque n'était pas vraie.

Nous continuâmes à parler, et plus le temps passait, plus nous retrouvions nos couleurs. Nous reprenions courage, et c'était bien, car personne ne savait à quoi s'attendre pour ce soir.