Et j'entends siffler le train

AC 198, aéroport spatial de Sank, salle d'embarquement 628, à destination de L2.

POV Heero:

J'ai pensé qu'il valait mieux

Nous quitter sans un "adieu"

C'est bête, hein Duo?

Tu dois m'en vouloir de ne pas être venu à ta petite fête hier soir. Mais tu vois Duo, j'avais presque envie de croire encore un peu que tu resterais avec moi.

Que malgré la fin de la guerre, on ne se séparerait pas.

J'y ai presque cru.

Je n'aurais pas eu le coeur

De te revoir.

Je suis désolé, je dois t'avoir fait un peu de peine, tu as dû croire que ton départ m'indifférait...

Je peux t'assurer que ce n'est pas le cas.

Bon Dieu, Duo, je n'ai jamais eu aussi mal!

Tu t'es acharné à me rendre plus humain et maintenant que tu as réussi, tu t'en vas. Je n'aurais pas pû te regarder sourire alors que c'était ta dernière nuit sur Terre...

Mais j'entends siffler le train

Et j'entends siffler le train

Mais je n'ai pas tenu. Je suis venu t'apercevoir une dernière fois.

Je te vois sur la passerelle d'embarquement. Tu sembles en grande discution avec une jeune femme, ta natte virvoltant autour de toi à chacun de tes pas.

J'ai mal mais je ne peux quitter ta silouette des yeux.

Que c'est triste un train qui siffle

Dans le soir.

J'aurai tant aimé que tu sentes ma présence et que tu poses ton regard sur moi, une dernière fois.

Je pose mon front sur la vitre froide, seul rempart tangible entre toi et moi, si près et pourtant déjà si loin, mes yeux et mon coeur enchaînés à toi.

Es-tu consciant que tu emmènes une partie de moi avec toi?

Je pouvais t'imaginer

Toute seule, abandonnée.

Je t'en veux presque d'être heureux de partir loin de nous, loin de moi...

Mais je n'ai pas le droit de t'en vouloir, moi qui n'est même pas eu le courage de venir te dire "au revoir".

J'ai préféré aller t'oublier dans le fond d'un verre de téquila.

Je me fais pitié, adossé à cette immense baie vitrée, te regardant sortir de ma vie.

Sur le quai, dans la cohue

Des "au revoir"

Qu'il est loin le Soldat Parfait que tu as rencontré. Je t'en veux de m'avoir libéré de mon entraînement. Je n'aurais pas tant souffert de ton départ.

C'est souvent que tu me disais que l'on s'aperçoit que l'on tient aux gens lorsqu'ils s'en vont. Je comprends maintenant le sens de tes paroles...

J'ai failli courir vers toi,

J'ai failli crier vers toi.

Je me maudis de ne pas t'avoir retenu alors que tu t'engouffres dans cette navette.

C'est trop tard maintenant.

Finalement, Duo, je suis venu te dire "sayonara".

Je me détourne de cet oiseau de métal qui t'éloigne de moi. Les larmes menacent de couler et je ne le veux pas.

C'est à peine si j'ai pu

Me retenir

Si tu me voyais...

Je dois avoir le regard vide ou trop plein d'une émotion que je maîtrise trop mal.

J'entends les moteur de la navette et finalement, je ne peux les retenir.

Mon regard se brouille et mes premières larmes d'homme sont pour toi.

Que c'est loin où tu t'en vas

Que c'est loin où tu t'en vas.

J'ai presque du mal à marcher. J'avance comme un automate vers la sortie. Je bouscule quelqu'un et j'entends à peine les insultes qui pleuvent.

J'ai le coeur au bord des lèvres.

Dis moi Duo...

A quoi penses-tu maintenant que tout est fini?

Y a-t-il une petite place pour moi dans tes souvenirs? Vais je te manquer? Même juste un peu?

Auras-tu jamais le temps

De revenir?

Je m'appuie sur une barrière, j'ai du mal à trouver mon souffle. Je jette un coup d'oeil vers la piste pour te voir décoller.

Mon coeur s'effrite dans ma poitrine.

Me donneras-tu de tes nouvelles? Trouveras-tu le temps de m'appeler? Entendrais-je de nouveau ton rire? Ta voix? Reverrais-je l'éclat améthyste de ton regard?

Je pensais qu'il vallait meiux

Se quitter sans un "adieu"

Je regrette tellement de ne t'avoir rien dit.

J'ai loupé ma chance, n'est-ce pas Duo?

C'est moi le "baka"!

Je n'ai pas voulu voir mes sentiments, préférant ignorer les frissons qui parcouraient ma peau quand tu me touchais, par hasard ou à dessein.

Tu rirais sûrement de me voir ainsi, si vulnérable, si...pathétique...

Mais je sens que maintenant

Tout est fini

J'ai glissé à genoux, tenant toujours la barrière d'une main, cachant mon visage de l'autre.

Je n'aurais pas dû venir mais j'avais besoin de te voir me tourner le dos, de te voir partir pour vraiment le croire.

Eh bien, "adieu", Duo, tu as été la meilleure chose qui me soit arrivée.

Ton sourire a réveillé le mien, tes yeux ont donné un second souffle à mon coeur.

Et j'entends siffler le train

Et j'entends siffler le train

L'engin de métal disparaît dans le crépuscule, me laissant définitivement seul avec ma douleur et mon amour.

Tu es parti sans un regard en arrière. Tu as raison, c'est le meilleur moyen de réapprendre à vivre.

Je te souhaite d'être heureux, Duo, sur ta colonie natale.

Je soupire une dernière fois, prêt à redevenir celui que j'étais avant...

Non, tu as raison, ce ne serait pas te faire honnneur...

J'apprendrais à vivre...

Et j'entendrais siffler ce train

Toute ma vie...

Je me tiens devant la sortie, face à cette dernière barrière entre mon passé et mon futur.

Même si tu ne l'entends pas, j'ai encore un chose à te dire avant de prendre un nouveau départ:

" Ai shiteru, Duo...

- Me too, Heero..."

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Alors? Ca vous a plu?

C'est et ça restera un OS à moins que vous soyez nombreux à me laisser un petit mot pour avoir une suite...

Le tout écrit sur une chanson des années 60 " Et j'entends siffler le train", de Richard Anthony.