Bonjour! Encore une fois, certaines scènes se rapportent au livre Four, de Roth, je n'ai donc aucun crédit.

En espérant que vous aimerez...

Partie 8 – Aide

Le lendemain matin, je me levai en retard, dû à une insomnie suite au party. Je vis Zeke endormit dans son lit, et décidai de le réveiller lui aussi pour ne pas qu'il soit en retard. Il n'avait rien fait de mal, après tout, ce n'était pas sa faute si j'avais inventé des signes et que j'étais amoureuse de lui.

Alors que j'enfilais mon uniforme rapidement, je me rendis compte que mon cellulaire avait disparu. Étonnée, je me dis que je l'avais probablement laissé chez Lauren, et que je lui en parlerais plus tard. Nous courûmes jusqu'à la salle d'entraînement, et arrivâmes justes au moment où mon nom fut appelé pour le combat du jour. Contre Ryan, un type aux yeux bridés à qui je n'avais pas vraiment parlé depuis mon arrivée.

J'eus beau me défendre du mieux que je pus, je perdis encore une fois, et si bien qu'il m'envoya valser sur un des poteaux et je m'écorchai le bras. Ça n'était pas grave, mais ça saignait, ce qui gênait. Je dus donc me rendre à l'infirmerie pour désinfecter et arrêter l'hémorragie.

Celle qui s'occupait des blessés, c'était Tori, celle qui faisait aussi l'accueil. Elle était sympathique, une fois que tu avais passé la première impression de dure à cuir qu'elle affichait. C'était une artiste aussi, elle adorait faire des tatous comme emploi à côté.

Alors qu'elle me montrait sa dernière œuvre – un phénix renaissant de ses flammes – deux gars arrivèrent. Ils transportaient une troisième personne, qui était décidément mal en point. Je m'approchai discrètement et quelle ne fut pas ma surprise de voir Éric, le gars qui était au deuxième rang au classement, réduit à un état de sueur et de sang.

Il n'y avait qu'une seule personne qui avait pu le battre ainsi. Le timide Quatre. Oui, j'avais fait le bon choix.

Je sortis aussitôt pour retourner à la salle d'entraînement, perdue dans mes projets. Alors que je tournais le dernier corridor, je vis un garçon assis dans l'ombre, les genoux repliés vers lui, les jointures encore tachées de sang. L'objet principal de mes plans. Mon nouvel ami.

Je me plaçai face à lui, mais il ne bougea pas, ne sembla pas s'apercevoir qu'il n'était plus seul.

- Hey, fis-je pour le tirer de ses pensées.

Ses yeux se posèrent sur moi. Ils semblaient hantés.

- J'aurais pensé que tu serais occupé avec une danse de la victoire! lui dis-je joyeusement.

- Je ne danse pas, répliqua-t-il sombrement.

- J'aurais dû deviner, riais-je.

Je m'assis à sa droite, dans une position semblable à la sienne. Soudain, j'avais peur qu'il refuse de m'aider. Mais si je ne tentais pas ma chance, je pouvais dire adieu à ma graduation.

Il me jeta un regard en coin. Comme il gardait le silence, je finis par prendre la parole.

- Éric est à l'infirmerie. Tu lui as cassé le nez, et probablement une dent.

Il regarda par terre. Clairement, il n'était pas fier de son exploit. Quelque chose avait dû se passer, entre eux, pour que Quatre en vienne à cette force. Pour ma part, j'étais impressionnée.

- Tu pourrais m'aider? finis-je par demander, le cœur battant.

Il cligna des yeux, étonné.

- T'aider à quoi?

- À me battre. Je suis nulle, j'accumule les humiliations sur le ring. Demain, je me dois me battre contre Ashley, tu sais, la fille qui demande qu'on la surnomme Ash parce que c'est tellement cool. Elle est genre 5e au classement, et elle gagne pratiquement tous ses combats. Et elle ne m'aime pas vraiment, je crois qu'elle a le béguin pour un des gars, Zeke, Phil ou Matt, je ne sais pas, mais elle pourrait bien me tuer, genre, littéralement, et j'ai vraiment envie de vivre.

- Et pourquoi voudrais-tu de mon aide? Parce que j'ai vécu dans une communauté?

Je fronçai les sourcils, un peu confuse. Ça, je ne savais pas du tout. J'étais censée le savoir? J'en pris toutefois note dans ma tête.

- Euh quoi? Mais non, vraiment pas! Je veux ton aide parce que, clairement, tu es le meilleur, dans ton groupe ET au classement.

- Je ne le suis pas.

J'éclatai de rire. C'était plus fort que moi. Comment pouvait-il sincèrement croire qu'il n'était pas le meilleur?

- Toi et Éric étiez probablement des seuls à ne pas avoir été battu encore… et tu viens de battre Éric. Donc, logiquement, tu l'es. Écoute… si tu ne veux pas m'aider, tu n'as qu'à…

- Je vais t'aider, m'interrompit-il. Je ne sais juste pas comment.

- On va trouver un moyen. Demain matin, après le déjeuner? Les combats ne recommencent qu'en après-midi.

Il acquiesça, je souris, je me levai et commençai à marcher. Mais je ne voulais pas qu'il retourne à son état mental déprimé. Ainsi, je me retournai après quelque pas et lui dis :

- Arrête de t'en faire. Tout le monde sera impressionné, autant que je le suis. Profites-en!

Et je poursuivis mon chemin, le cœur plein d'espoir. J'allais avoir de l'aide, j'allais peut-être réussir à m'en sortir et arrêtai de dégringoler le classement.

X x X

Je me fis réveiller par Zeke. Autant je n'avais pas fermé l'œil de la nuit passée, autant je m'étais rattrapée avec celle-ci. J'avais passé le reste de la journée à chercher mon téléphone, Lauren m'ayant confirmé qu'il n'était pas chez elle. Exaspérée, je m'étais finalement endormie.

Je suivis Zeke tel un fantôme. Je me pris un muffin au chocolat pour déjeuner, dans l'espoir qu'il me sorte de cette torpeur. À un moment donné, je pris conscience que Quatre était venu s'asseoir avec nous. J'en étais heureuse, et je fis un effort pour élaborer mes propos, bien qu'ils sonnaient étrangement comme des grognements. Mes yeux se fermèrent quand même malgré moi, et au bout d'un moment, je m'accotai sur ma main et glissai dans le sommeil.

Ma face tombée dans mon muffin au chocolat me réveilla brusquement. Zeke en ria aux larmes, et Quatre finit par le rejoindre.

Au moins, je les faisais rire, et Quatre était officiellement notre ami, maintenant.

X x X

Je décidai d'arriver plus tôt que prévu à notre entraînement. J'avais donné une excuse bidon à Zeke, et étrangement il n'avait pas répliqué. Il s'était contenté de me regarder avec un air un peu triste, comme s'il comprenait. Vraiment, j'avais du mal à le comprendre, ces derniers temps.

Je commençai à m'échauffer, puis à pratiquer ma technique de coup. Entre chaque coup, je prenais une pause pour réajuste ma position. J'ignore combien de temps je passai à me pratiquer, mais je finis par décider de prendre une pause. Je m'essuyer le front, et je sursautai en voyant Quatre, debout devant la porte fermée, en train de m'observer. Je fis littéralement deux pas en arrière.

- OK, dis-je en tentant de calmer mes battements de cœur, première règle pour ne pas être un pervers, on annonce sa présence quand on entre dans une pièce.

- Excuse-moi, dit-il. Mais en t'observant, j'ai trouvé des points sur lesquels on pourrait travailler.

-Oh, fis-je.

Je me mordis la joue. Évidemment que ma technique était mauvaise. Je perdais tous mes combats, pardi! Je pris mon courage à deux mains.

- C'est quoi que je dois améliorer?

- Tes genoux, ils sont trop droits, tu dois les plier. Ta main, tu peux la relever, pour protéger ta mâchoire. Fais des transferts de poids, plutôt que de seulement frapper à partir de ton coude. Allez, viens, on va te pratiquer.

Je le suivis dans l'arène, inquiète et soulagée. Tout ce qu'il m'avait dit était constructif. Je ne sais pas pourquoi, je m'étais attendu à ce qu'il tourne les talons en déclarant : « Aucun espoir. Désolé. »

On commença lentement, et il me servit de partenaire pour pratiquer mes coups. À plusieurs reprises, il me rappela un détail, comme mes genoux que j'avais tendance à raidir, ou à me montrer comment transférer mon poids, ce qui m'aida considérablement dans ma puissance de frappe. Cela dura une bonne heure et demie, et j'étais presque certaine de m'être améliorée.

Enfin, il me conseilla d'utiliser un uppercut lors de mon combat de cet après-midi. Il me montra comment. Je m'essayai sur lui alors sur lui. Il bloqua mon coup, et il fit mine de me frapper là où j'avais baissé ma garde, en s'arrêtant juste avant de me toucher pour vrai. Merde.

- Tu sais, marmonnai-je, tu devrais me frapper pour de vrai, ça m'apprendrait.

- J'aimerais mieux pas.

- C'est presque insultant, répondis-je, un peu piquée. Juste parce que je suis une fille.

- Ce n'est pas pour ça… c'est juste que je ne suis pas vraiment à l'aise avec la violence.

- Mais…

- Je ne considère pas vraiment tout ça comme un jeu, c'est tout.

Il y avait à nouveau quelque chose de hanté, dans ses yeux. Il cachait vraiment un gros secret, ce gars.

- D'accord, laissai-je tomber. On recommence, s'il te plaît? Une dernière fois, avant que j'aille me reposer.

Je réussis beaucoup mieux, et en quittant la salle, je lui passai un bras autour des épaules, comme je le faisais souvent avec Zeke. Pour lui montrer que j'étais reconnaissante, que je lui retournerai la pareille, un jour. Mais il se raidit. Ah oui, il n'était pas habitué aux contacts physiques.

- Comment être amis avec nous, cours d'introduction, plaisantai-je. Leçon numéro un : c'est OK de donner un câlin à ses amis, surtout pour les remercier ou les réconforter.

- On est amis? s'enquit-il.

- Franchement! m'exclamai-je en riant, avant de me sauver vers mon dortoir.

X x X

Je lisais quelques pages de mon carnet de citations pour me relaxer avant le combat lorsque Zeke s'écrasa à côté de moi, et posa la tête sur mon ventre. Je levai mon livre d'une main pour pouvoir mieux lire, et de l'autre je me mis à lui jouer dans les cheveux. C'était quelque chose qu'on faisait souvent, quand on était plus jeune.

Quelques minutes passèrent dans un silence un peu tendu.

- Tu es partie sans moi du party, finit-il par lâcher.

Je haussai les épaules et tournai une page.

- Tu paraissais bien t'amuser, et moi je me sentais un peu moche. Je n'ai pas voulu te déranger, alors j'ai marché. L'air m'a fait du bien.

- Carl ne t'a pas raccompagnée? s'étonna-t-il.

Carl?

- Pourquoi Carl m'aurait raccompagné? demandai-je, surprise. Il a assez de problèmes comme ça, il n'avait pas besoin de devoir me raccompagner en plus.

- Euh, c'est que je pensais…

Il s'interrompit, avant de rire un peu bizarrement. Je fermai mon carnet et soupirai.

- Sa mère est mourante. Il a reçu de mauvaises nouvelles, au party. Il s'est arrangé avec le sergent Max pour pouvoir interrompre son séjour ici. Malheureusement, je n'en sais pas plus, parce que j'ai perdu mon téléphone.

- Oh, c'est pour ça que je ne l'ai pas vu depuis… je pensais qu'il m'évitait.

- Pourquoi il t'éviterait?

- Parce que quiconque veut s'approcher de toi doit avoir mon autorisation.

- Pardon?

Je me relevai brusquement, indignée. Il éclata de rire.

- Je niaisais, voyons! On ne s'entendait pas très bien, c'est tout.

- Toi, ne pas t'entendre avec quelqu'un? m'étonnai-je. Et pourquoi je ne m'en suis pas rendu compte, d'abord?

Rêvai-je, ou il avait rougi?

- Shaun, je te ferai savoir qu'il y a beaucoup de gens que je n'aime pas, et personne ne le sait. Par contre, tout le monde m'aime.

Je ne pus m'empêcher de lâche un ricanement.

- Nomme-moi une seule personne qui ne m'aime pas, me mit-il au défi.

- Ce type, Éric.

- Ça ne compte pas, il n'aime personne!

- Alors Carl, selon tes dires.

Il marmonna quelque chose que je ne compris pas, mais qui sonnait comme «franchement, des yeux violets…». Parfois, il valait mieux de laisser tomber.

- Alors, qu'as-tu vraiment fait, ce matin?

- Rien de spécial… et toi? s'enquit-il.

- Tu n'as pas été voir ton flirt du moment? demandai-je nonchalamment.

- Mon flirt du moment?

- Allons, la jolie rousse du party!

- Quelle rousse?

- Bon, ça ne devait pas être très sérieux, puisque tu l'as déjà oubliée. Et les autres?

Encore une fois, je le vis gêné. Étonnant. Il avait toujours été un grand flirteur, pourtant.

- J'ai beaucoup bu, s'excusa-t-il soudain.

- D'accord…

- Je pensais… en fait, je ne pensais pas. J'aimerais vraiment pouvoir oublier ce party.

Moi aussi, mais je n'allais pas le lui dire.

- Qu'as-tu fait comme connerie? Non! m'exclamai-je soudain, une idée traversant ma tête.

- Quoi?

- Tu n'as pas couché avec l'une d'elles, quand même! Pas dans l'appart de Lauren!

- Quoi? Mais non! Arrête, je n'ai couché avec personne! Je te jure!

Un silence embarrassant s'installa. Pourquoi avais-je abordé ce sujet, déjà?

- Bon, d'accord, j'admets avoir participé à l'orgie de Lauren. J'étais si demandé… tu aurais dû rester, tu aurais pu avoir ta part.

Je souris. S'il disait n'importe quoi, c'est qu'il n'avait vraiment pas couché avec l'une des filles. Même si ce n'était nullement de mes affaires, je me sentis soulagée.

- Pff, c'est toi qui aurais aimé avoir ta part, répliquai-je sensuellement.

Il s'approcha de moi, le visage à quelques millimètres du mien, et dit :

- Ça, c'est certainement vrai.

Et il me planta là. Je soupirai. Si seulement il ne plaisantait pas.