Tout de suite le prochain chapitre. S'en suivra un court épilogue d'ici quelques jours, ainsi qu'un bonus. Bonne lecture, en espérant que ce soit selon vos attentes!
Partie 12 – La fin
Il y avait des hurlements partout. J'étais en position accroupi, ma main sur mon arme, derrière un rack de vêtements et j'attendais le bon moment pour tirer la fille qui elle, braquait son arme et tirait tout ce qui bougeait. Le problème, c'était qu'elle avait Hector en otage. Mon frère.
Je paniquais, et pour tirer, je devais me calmer.
On était venu nous chercher environ une heure plus tôt en catastrophe. Une tuerie était en cours dans le mail de la ville d'à côté, et plusieurs personnes tiraient sur tout ce qui bougeait. Les forces policières déjà en place avaient du mal à gérer, et en désespoir avaient demandé main forte à notre école. Dès notre arrivée, nous avions été lâchés dans le chaos. Des centaines de personnes courraient partout, certaines se faisaient descendre en pleine course. Des cris fusaient de tous les coins, si bien que j'avais du mal à comprendre ce qui se disait sur le talkie-walkie qu'on m'avait donné. Zeke s'était précipité vers un magasin afin d'en faire sortir les gens de façon sécuritaire. Moi, on m'avait envoyé en patrouille. Il restait cinq individus à maitriser, avec possibilité de tirer si vies en danger. Un cri strident m'avait amené dans le magasin de vêtement Gaby's Styles. J'étais à peine entrée qu'une déflagration résonnait et le cri se taisait. Un corps était tombé à quelques mètres de moi. Je m'étais cachée et j'avais sorti mon miroir. Dans le reflet de celui-ci, je voyais une fille aux cheveux noirs dont le visage était camouflé derrière un masque noir braquer son arme vers l'entrée de la boutique. La prochaine personne qui entrait serait abattue.
Nous entendîmes en même temps un gémissement au fond de la salle, et elle tira. Un cri fragile s'éleva, et je vis des vêtements bouger. Je me mis à marcher à quatre pattes dans cette direction, et alors que j'arrivais près du but, je chuchotai :
- Viens près de moi, je te protégerai.
J'entendis quelques pas, puis alors qu'une main apparaissait devant moi, un cri de protestation d'éleva. C'était la voix de mon petit frère. Aussitôt, je me redressai et tirai sur la fille. J'atteignis la jambe. Elle tira dans ma direction, et j'évitai la balle de justesse en me rebaissant. D'où pourquoi j'étais en position accroupie, derrière des vêtements.
- Sors de là, police de merde.
M'efforçant de garder mon calme, je pris mon talkie-walkie :
- Suspecte chez Gaby's Style. Détient un otage.
- Shauna! s'écria Hecto en pleurant.
- Tais-toi, morveux, ou tu finis mort. La seule raison pour laquelle ce n'est pas encore fait est que tu attires la police.
Je fermai le son de mon appareil. Pas question de me faire repérer. Que faisait Hector ici? Où était Lynn? Respire, Sauh, respire. Je changeai de position en rampant, aussi silencieuse qu'un chat. J'étais maintenant dans son dos. Je tendis le bras, ordonnai à mon bras d'arrêter de trembler, puis appuyai sur la gâchette. Au même moment, la fille se tourna vers moi et appuya elle aussi. Je reçus sa balle en plein dans le ventre, et elle dans l'épaule.
J'eus le souffle complètement coupé. La fille lâcha son arme et tomba sur le sol, en entrainant Hector avec elle. Alors que nous tentions de nous relever en même temps, une fille aux cheveux blonds sauta sur la tueuse pour la maintenir au sol. Cela me donna le temps de me précipiter sur elles, et je pus l'aider. Je réussis à maitriser la fille aux cheveux noirs, au même moment où Zeke entra dans la boutique. Je réussis à lui passer les menottes pendant que Zeke la tenait. L'autre fille regardait ses mains, les yeux gros comme des billes.
Je me précipitai vers mon frère, qui pleurait. Le serrant fort dans mes bras, je m'assurai qu'il n'avait rien. Zeke annonça qu'on détenait une des coupables. Le talkie-walkie de Zeke répondit que c'était la dernière recherchée. Le danger était écarté. Je gardais mon frère dans mes bras tout en m'approchant de la fille blonde, plutôt petite. Elle avait un long nez et des yeux bleus-gris.
- C'est fini. Merci de ton aide, dis-je en lui tendant ma main. Tu m'as rendu une fière chandelle.
- Je… de rien.
- Quel est ton nom?
- Beatrice.
- Eh bien, Beatrice, tu pourrais être policière, je pense. Tu en as certainement le courage.
Elle m'adressa un grand sourire.
- J'y ai souvent pensé.
- Si tu veux, nous glissons un bon mot pour toi à l'École d'aspirant policier Dauntless?
- Oui, je veux bien!
- Allons, Shaun, on peut très bien l'emmener avec nous et la présenter au sergent Amar.
- Pourquoi pas. Si tu es game? demandai-je à Beatrice.
Elle hocha la tête.
Hector s'était calmé. Il allait bien. C'est seulement à ce moment-là que Zeke le reconnut.
- Oh mon dieu, c'est Hector? Et moi j'ai vu Uriah tout à l'heure!
Je fronçai les sourcils.
- Hector, où est Lynn?
- Sais pas. Partie avec un monsieur.
J'échangeai un regard avec Zeke. Quelque chose n'allait pas. Silencieusement, je m'approchai de l'entrée du magasin. À l'extérieur, un brouhaha s'élevait et des gens étaient regroupés un peu partout. Plusieurs personnes étaient étendues par terre, et certaines commençaient à remuer.
- Tu crois que c'était…? murmura Zeke à mon oreille.
Je vis Quatre à l'autre bout du couloir, qui écoutait le sergent Max, le visage fermé. Le connaissant, il était en colère.
- Un coup monté. Une farce, dis-je, les dents serrées.
Je retournai auprès de la fille masquée. Elle commençait à remuer. Je me penchai sur elle alors qu'elle ouvrait les yeux. Un sourire apparut sur ses lèvres.
- Très bonne job, les amis. Je vous donnerai la mention succès, surtout que j'ai pris ton frère en otage! Mention spéciale, Shauna.
Mon visage devait être livide, parce qu'elle fronça les sourcils en me regardant.
- Ils t'ont bien expliqué que c'était une simulation de tuerie? Que c'était ton examen final? Les balles, c'étaient des balles paralysantes temporaires. Elles font mal mais ne tuent pas.
Non, évidemment pas. Je ne leur en voudrais pas autant s'ils n'avaient pas choisi d'entraîner mon petit frère de 5 ans là-dedans. Je regardai Béatrice, qui semblait aussi surprise que nous.
- Je jure, je ne savais pas.
- On te croit, dit Zeke. Apparemment, ils ont juste embauché les acteurs et décidé de créer plein de traumatismes gratuits à tous les gens de la ville.
- Ce n'est pas comme ça que ça se passe, d'habitude, chuchota l'actrice, les sourcils froncés. Allons voir vos professeurs, ils auront peut-être des explications.
Il s'avéra qu'ils ne fournirent aucune explication, précisant qu'ils n'avaient aucune obligation de se justifier. Je retrouvai néanmoins Lynn, qu'ils avaient gardé avec eux dans un endroit en retrait parce qu'elle était plus dangereuse que les pseudo tueurs. Bien sûr, elle était frustrée au-delà des mots.
- Tu verras, quand je viendrai étudier ici dans deux ans, ils sont mieux d'avoir changé leurs méthodes. Parce qu'avec Marlène et Uriah, on va leur faire comprendre qu'ils n'ont pas le droit d'utiliser les gens de la sorte.
- Techniquement, quand tu entres à l'école…
- Je ne te parle pas des futurs policiers, quoique c'est encore discutable. Non, je te parle de toutes ces personnes qui magasinaient tranquillement aujourd'hui et qui vont rentrer chez eux avec un trauma, sans suivi psychologique.
- T'es une bonne personne, petite sœur.
Gênée, elle marmonna des mots incompréhensibles et s'en alla se chamailler avec le frère de Zeke et son amie Marlène. Je m'assis par terre, éreintée, et j'observai autour de moi les gens. Zeke jouait avec Hector et le faisait rire aux éclats. Mon cœur se serra. Je les regardai un bon moment, avant qu'un petit détail ne vienne attirer mon attention.
Là-bas, accoté à un mur, Quatre regardait intensément Béatrice. Celle-ci ressemblait à quelqu'un qui regardait à travers une vitre un monde auquel elle aimerait appartenir, sans savoir si elle y parviendrait un jour. Moi, je n'avais pas peur pour elle. Nos chemins se recroiseraient un de ces jours, j'en étais certaine.
X x X
C'était notre dernière nuit au dortoir. Les gens qui nous étaient proches avaient été rassemblés dans un hôtel près d'ici, et dormaient là-bas. Lynn veillait sur Hector.
Le classement final était maintenant affiché : j'étais 12e. Zeke, lui, 7e, et Quatre était… premier, suivit de Éric. Nous avions tous réussi la troisième étape et le test final. La cérémonie des diplômes devait avoir lieu demain.
Alors que j'étais sur le point d'enfin m'endormir, je sentis une main me secouer doucement. Je grognai, et j'entendis vaguement un petit rire près de mon oreille.
- Ok, dors bien, crus-je entendre Zeke.
Je sentis ses lèvres se poser légèrement sur ma tempe, et je serrai mes couvertures plus étroitement contre moi. Je dormis comme une bûche.
J'avais l'impression d'avoir à peine fermé les yeux quand on me secoua doucement de nouveau. Toujours en grognant, j'ouvris un œil. Le visage de Zeke était à quelques centimètres du mien. Sursautant, je m'assis dans mon lit et ramenai les couvertures sur moi. Zeke leva un sourcil, moqueur.
- Allons, j'ai vu bien pire. Tu viens? J'ai quelque chose à te montrer.
- Il fait encore nuit, dis-je en clignant les yeux.
- Mais non, le soleil est levé depuis au moins une heure. Bouge tes fesses un peu et suis-moi.
- Mais…
- J'ai des muffins et du café.
Il me fit un clin d'œil. Bon sang. Je marmonnai un semblant d'assentiment, et une fois mon coton ouaté et mes souliers mis, Zeke me tendit un thermos plain de café. Au fur et à mesure que j'ingérais la caféine, mon esprit se désembrumait. Je réalisai que nous étions dans la forêt. Il m'emmena à notre endroit secret, près de la rivière, là où nous avions concocté notre plan, avec Quatre.
- Qu'est-ce qu'on fait ici? m'enquis-je en retenant un bâillement.
- Quel meilleur endroit pour dire adieu à cette aventure que dans cette beauté?
Je regardai autour de moi, me laissant gagner par le calme et la sérénité du paysage. Toute la tension accumulée par le stress des derniers mois me quittait. Je fermai les yeux et pris une grande respiration.
- Oui, chuchotai-je, c'est une bonne idée. Même si je ne te savais pas aussi sentimental face à cette école.
- Je peux être très sentimental quand je le veux.
Je ris, tout en offrant mon visage au soleil timide qui s'engouffrait à travers les feuilles des arbres.
- Mais oui, bien sûr.
Un silence paisible s'installa entre nous. J'écoutais les oiseaux chanter lorsque je sentis la chaleur de Zeke près de moi.
- Shaun…
- Mmmm?
- Je voudrais… et puis merde.
Je sentis une paire de lèvres sur les miennes, ferme et douce. Surprise, j'ouvris les yeux, avant de les refermer aussitôt pour savourer la sensation. Zeke m'embrassait. Aux anges, je me mis à l'embrasser moi aussi, mes mains allant se mêler automatiquement dans ses cheveux.
Sans déconner, ce fut le meilleur baiser de tous les temps.
Je me mis à rire, et Zeke s'écarta, un sourire jusqu'aux oreilles.
- Pourquoi tu ris?
- Parce que… eh bien, je pensais que je m'étais réveillée, mais, clairement, je rêve, mais je m'en fiche.
- Non, Shaun. Pas un rêve. Les rêves, c'est fini pour moi. Ça fait des années que j'en rêve. Là, je veux du réel. Tous les jours.
Je fronçai les sourcils. Des années? Lui aussi? Mais, il s'amusait à flirter avec toutes les filles sauf moi, il sortait avec n'importe qui, il…
- Je ne comprends pas.
- Ça a toujours été toi, avec qui je voulais être. Tout le temps. Mais, appelle-moi obtus ou simplement un homme, l'idée d'être amoureux de ma meilleure amie me semblait être difficile à vivre. Jusqu'à ce que je comprenne que combattre était inutile. Ne restait plus qu'à te charmer.
- C'est pour ça que tu as embrassé la fille au party de Lauren?
Il se cacha le visage dans les mains.
- Quel con. Je pensais que tu… toi et Carl… enfin, l'alcool m'a fait disjoncter. Tu me connais. Plus grosse erreur de ma vie.
Je levai les yeux au ciel.
- Je peux t'en citer des plus horribles, si tu as besoin…
Il me fit taire en m'embrassant. Toutefois, à peine avait-il commencé qu'il se détacha de moi et me regarda dans les yeux.
- Je t'aime, Shauna.
Et il me fit cette poignée de main spéciale que nous faisions naguère, enfants, pour certifier à l'autre que nous étions 100% honnêtes. Le ventre plein de papillon je lui répondis en souriant :
- Ça tombe bien, puisque je t'aime aussi, Ezekiel.
Et une session bécotage passionnée commença.
Quelques minutes (ou décennies?) plus tard, il me prit la main et nous nous dirigeâmes vers l'école. Il fallait se préparer pour la cérémonie des diplômes. Alors que nous approchions de l'entrée de l'école, nous croisâmes un monsieur avec une moustache fournie. Il adressa un salut à Zeke, qui lui rendit son bonjour et se mit à bavarder avec lui, moi à côté, ma main dans sa main. Je finis par comprendre qu'il s'agissait du concierge. Allez savoir pourquoi Zeke était ami avec le concierge de l'établissement. Néanmoins, au bout d'un moment, Jake le concierge demanda qui j'étais.
- Elle? C'est ma blonde. Shauna la Terrible.
Je lui donnai un coup de coude dans les côtes, mais je ne pus m'empêcher de sourire. Officiellement la petite amie de Zeke Pedrad.
Dans tes dents, Eric.
