Un petit bonus, que j'ai écrit il y a longtemps pour m'aider! Enjoy (:
Dans la tête d'un Ezekiel Pedrad
Ils avaient toujours été ensemble, aussi loin qu'il pouvait se souvenir. Lui, Ezekiel Pedrad, aîné de sa famille, charmeur invétéré, avait eu pour première mission de charmer le petit bébé des voisins, Shauna Miller. Bien sûr, il ne se rappelait pas cette époque, mais il était certain qu'il avait réussi. Parce qu'il était impensable qu'il ait pu échouer à charmer qui que ce soit.
Il devait avoir si bien réussi son coup qu'ils étaient devenus inséparables. À 3 ans, ils jouaient ensemble avec ses camions, mais aussi avec ses Barbie. Il devenait alors le chauffeur de l'auto rose bonbon, et ça se terminait toujours en bataille, parce qu'il avait accidentellement arraché la tête de la conductrice en fonçant dans un mur, ou parce qu'il avait carrément décidé que c'était plate, comme jeu.
À 8 ans, ils jouaient ensemble aux jeux vidéo. Elle était douée, mais pas autant que lorsqu'ils faisaient la course. Merde, qu'elle courrait vite, la Shauna! Il n'avait jamais réussi à la battre. Shauna détenait le record au cours d'éducation physique. Ils passaient toutes leurs récréations ensemble, et personne n'était admis dans leur cercle si l'autre n'avait pas approuvé lui aussi.
Vers 12 ans, ils s'étaient concoctés une poignée de main spéciale, qui signifiait que ce qu'ils se disaient était la vérité pure et dure. Shauna avait entendu son père dire que toutes les femmes étaient des menteuses, et elle avait voulu le rassurer sur le fait qu'elle était une exception. Zeke avait toujours su qu'elle était honnête, mais pour la rassurer elle, il avait accepté. Et puis, ça rajoutait un côté drama à leurs échanges, ce qu'il aimait bien.
À 14 ans, Zeke commença à développer un goût pour les relations. Il y avait plein de filles qui venaient le voir et se mettaient à le flatter, à lui dire qu'il était beau… qui n'aurait pas résisté? Il se mit alors à essayer. Parce qu'il était trop occupé à ça, il voyait moins Shauna. Ça lui manquait, mais lorsqu'il tentait de rattraper le temps perdu avec elle, sa meilleure amie semblait souvent occupée. Plus le temps passait, plus il sentait qu'elle s'éloignait de lui, parfois même délibérément. Même la poignée de main ne semblait plus aussi importante pour elle. Il la croisait dans les couloirs, et souvent elle était seule. Ça lui faisait de la peine, de la voir ainsi, mais elle ne semblait pas s'en faire. Elle avait développé un goût pour les citations, les écrivant dans un carnet «Phrases de vie», et lui en sortait une fois de temps en temps, lorsqu'il parvenait à passer du temps avec elle.
À 16 ans, il s'ennuyait définitivement de sa meilleure amie. Afin de le lui montrer, il s'inscrit au même club de course qu'elle. Ils courraient maintenant ensemble, et ils retrouvèrent leur ancienne complicité. Il faut dire qu'il ne sortait plus non plus avec toutes les filles qui le lui proposaient, ce qui lui donnait beaucoup plus de temps libre. C'est dans une de leur rencontre du club qu'il s'émerveilla du talent de Shauna pour la course. C'est qu'elle avait les jambes parfaites pour cela. Longues, minces, bien sculptées… il se surprenait un peu trop souvent à regarder ses jambes. Elles soutenaient des belles fesses, fermes mais rondes, et lorsqu'elle marchait devant lui, il avait de la difficulté à ne pas les fixer. Heureusement, elle ne semblait pas s'en rendre compte. Il camouflait le tout en flirtant avec d'autres, sans pour autant s'engager jamais.
À 17 ans, il parvient à une conclusion. Shauna était la plus belle des filles de l'univers, en plus d'être la plus drôle, la plus courageuse, la plus orgueilleuse, la plus sincère… la plus merveilleuse quoi. Ça lui avait pris du temps pour s'en rendre compte parce qu'elle était juste à côté, mais maintenant qu'il savait, il ne pouvait plus l'ignorer. Elle avait un visage des plus harmonieux, avec sa peau qui semblait douce, ses yeux noisettes pleins de rires et de courage, ses sourcils fins, son nez patricien, ses joues qui cachaient des pommettes, sa bouche… oh là là sa bouche! Elle lui donnait des rêves merveilleux. Mais il ne pouvait pas lui en parler. Shauna était sa meilleure amie, et pour rien au monde il ne voulait la perdre. Même si pour cela, il devait calmer une certaine partie de son corps chaque fois qu'il la voyait, qu'il la touchait ou qu'il pensait à elle.
À 20 ans, ils entraient ensemble à l'école de Police. Shauna était enfin déléguée de ses responsabilités de chef de famille, ses parents étant décédés tragiquement. Lynn prendrait sa place, pour les prochains mois, ainsi que ses propres parents. Enfin, ils pourraient redevenir comme avant, les meilleurs amis du monde, sans soucis, l'avenir devant eux. Peut-être même pourrait-il commencer à la draguer et la charmer, cette fois avec toute son expérience acquise depuis qu'il était bébé. Il ne pouvait pas échouer. Et pourtant, tout alla de travers.
Cela commença avec Shauna qui s'escrimait à l'éviter lorsqu'elle s'entraînait en «cachette». Elle ne le réveillait presque jamais pour qu'il vienne avec elle, ce qui réduisait ses opportunités. Ensuite, il ne pouvait pas la réconforter après chacune des réalités virtuelles, puisqu'elle était plus forte que lui. Il se mit à être jaloux de son partenaire Carl, parce qu'elle semblait fascinée par ses yeux violets. Qui avait des yeux violets, nom du ciel? Ça manquait énormément de virilité. Ce que lui-même ne manquait pas. Après, il fit l'erreur de la traiter de sœur, et il faillit l'embrasser en la voyant rouge de colère parce qu'il avait sous-entendu qu'il se considérait comme son frère, alors que c'était complètement l'inverse. Il s'était ensuite enfui comme un lâche, parce que ce n'était pas le plan.
Comme il ne se faisait plus confiance, il évitait d'être seul avec Shauna. Mais parce qu'il la fuyait, d'autres comblaient les moments manqués ; Lauren et Carl. Elle était déjà jumelée avec Carl pour les exercices, et maintenant elle passait beaucoup, beaucoup de temps avec lui. Et Zeke avait remarqué la façon dont ces fichus yeux violets dévisageaient le beau visage de sa meilleure amie : de la même façon que lui. Sans peut-être le côté désespéré, qui venait avec les années à essayer de se contrôler.
Il avait encore failli l'embrasser, sur le ring, devant tout le monde. Elle avait eu l'air de le vouloir, ce qui lui faisait battre le cœur plus vite. Puis au party, voyant Shauna avec Carl, il crut avoir tout rêvé. La jalousie le poussa alors à faire sa deuxième connerie : flirter à l'extrême devant Shauna, jusqu'à embrasser d'autres filles pour tenter de la rendre jalouse. Oh l'alcool était vraiment mauvaise conseillère. Tout ce qu'il avait réussi à accomplir, c'était blesser celle qu'il aimait. Mais Shauna lui pardonna sans même qu'il eut à le lui demander ; dès le lendemain, elle fit comme si de rien n'était. Étrangement, cela lui fit encore plus mal.
Le jour de ses 20 et demi (oui, ça comptait comme fête), il décida qu'assez était assez, et qu'il n'avait qu'à la draguer sérieusement, sans distraction. Elle semblait toutefois ne pas réaliser qu'il était sérieux. Elle reculait toujours là où lui avançait. Sauf lors de l'activité paintball. Là, ils avaient été géniaux ensemble, et la victoire l'avait rendu tellement belle! Elle n'avait pas reculé. La jauche d'espoir s'était rempli, dans son cœur. Oui, il allait l'embrasser. Il allait profiter de la diversion (des feux d'artifices, grandioses) pour s'exécuter. Mais comme toujours, lorsqu'il planifiait, il échouait. Zeke ne l'avait pas vu de toute la représentation.
L'examen final avait été une épreuve terrible. Entendre sa voix au talkie-walkie, la savoir seule face au tueur… dès qu'il avait pu, il s'était dirigé vers elle, pour l'épauler. Le tout terminé, Zeke savait qu'il ne pouvait quitter l'école sans s'être déclaré. Et la cérémonie des gradués se déroulait toujours le lendemain de l'examen final. Cela ne lui laissait donc guère le choix.
Il prit son carnet de citation alors qu'elle dormait et en écrivit une de son cru : « Je t'aime. -Zeke. » Elle ne le verrait pas avant un bout, mais il sourit, confiant. Ils étaient faits l'un pour l'autre.
Ne restait plus qu'à le lui dire, et que ça saute. Sans merder, cette fois.
