Courir. C'était la seule chose à faire. Il fallait qu'ils courent à travers cette épaisse forêt, qu'ils rejoignent la porte au plus vite. Leur campement avait été attaqué pendant la nuit. Et maintenant, ils courraient de toutes leurs forces. Mais, le fait qu'il y ait un arbre tous les mètres ne les aidait pas vraiment ! Alors qu'ils courraient comme des dératés, John trébucha. Et au passage, une branche s'était enfoncée dans sa cuisse. Comment pourrait-il se relever, et se remettre à courir, maintenant ?

Il vit deux pieds arriver juste sous son nez. Ford, il avait fait demi-tour, pour venir le chercher.

- Ford, dégagez de là, je vais vous retarder !

Celui-ci ne répondit pas, et l'aida à se relever, et quand John fut enfin debout, il se rendit compte que Teyla et Rodney aussi étaient là. Ford le soutenait toujours, mais ses trois coéquipiers étaient raides comme des piquets.

- Partez sans moi ! Ils vont arriver !

- On ne partira pas ! fit Teyla.

- Ne dites pas de bêtises ! Vous allez vous faire tuer, aller ! Ford, ramenez les entiers sur Atlantis, c'est un ordre !

- Je crois que ce que voulait dire Teyla c'est qu'on n'a aucune raison de partir, lui répondit Rodney.

- Quoi ? prononça John, de façon presque inaudible. Ford finit par le lâcher, soudainement. Le Major manqua de mordre la poussière, mais s'appuya le plus possible sur sa jambe valide, pour ne pas tomber. Ses trois coéquipiers étaient face à lui, debouts, stoïques… C'en était presque effrayant.

- Partez pendant qu'il en est encore temps ! tenta-t-il encore une fois. Il ne faut pas qu'ils vous rattrapent !

Il ne savait pas qui avait attaqué le campement, et il ne savait pas pourquoi. Tout ce qu'il savait c'est qu'ils ne leurs voulaient pas du bien, et que lui et ses coéquipiers feraient mieux de se carapater de cette planète au plus vite, avant que l'ennemi ne les rattrape. Il entendit un bruit derrière lui, comme si quelqu'un se rapprochait en tentant de se faire discret. Il se retourna vivement, près à se défendre – même s'il n'avait pas son P-90, il pourrait toujours s'en sortir au corps à corps. Mais il n'y avait rien. Il entendit un doux vent près de son oreille, et sentit quelque chose le frôler. Il en frissonna, et se retourna aussitôt. Il y avait un homme, juste derrière eux. Ses coéquipiers étaient en ligne ; McKay, Teyla, puis Ford. Et là, juste derrière Teyla, se tenait un homme. Il était grand.

- Faites attention ! Derrière vous !

Il était grand, comme dans son rêve ! Etait-ce possible que ce fut un moyen de le prévenir que quelque chose de terrible allait arriver ? … Non, il devait se calmer ! Garder son sang froid ! Les types grands, franchement, ça courre les rues – enfin les forêts ! C'est vraiment pas le critère pour trouver un psychopathe !

- Il ne nous veut aucun mal, dit simplement l'Athosienne.

Aie. Ca, ça sentait le déjà vu. Le déjà vu qui sentait très très mauvais !

- Tey…

Il ne put finir. Ce qui sentait plus mauvais que le déjà vu, c'était le déjà-vu. Rien n'était pire que le déjà-vu, sauf quand ça se répétait. Et là, c'était le cas… Un poignard. Il venait de sortir un poignard, et il allait la tuer !

Le Major Sheppard tenta de s'avancer vers eux, pour les prévenir, les protéger : il le fallait ! Mais il en avait oublié sa blessure à la cuisse, et cette fois ci, il tomba violemment sur le sol. Aouch. Il se sermonnait intérieurement. Quel pauvre idiot il faisait ! C'était de sa faute s'ils étaient en danger, et il ne trouvait pas mieux à faire que d'être faible, impuissant, et de ne pas pouvoir les aider ! Il tenta d'oublier sa douleur, et se releva.

Ford et McKay. Ils n'étaient plus là. Ils avaient littéralement disparu. John se repassa rapidement la scène en tête. Il y avait McKay, Teyla, Ford, et aussi un psychopathe derrière eux. Il avait détourné malencontreusement les yeux, et là : Pfiout, plus de McKay, plus de Ford ! Juste Teyla et le psychopathe. Ca aussi ça sentait très mauvais. D'autant plus mauvais que le psychopathe en question tenait toujours le poignard en main !

- Qui êtes vous ? dit-il froidement.

Si Teyla ne voulait pas l'écouter, et le croire, il valait peut-être mieux s'adresser au psychopathe en question. Malheureusement, ce fut encore plus infructueux. Il ne lui répondit même pas ; John se demanda même s'il l'avait compris ou entendu.

- Teyla, vous devez partir !

- Il ne me fera pas de mal, Johnny ! lui répondit-elle doucement, presque langoureusement.

Johnny ! Depuis quand elle l'appelait comme ça ! La dernière personne à l'avoir appelé Johnny, c'était... au lycée... et ce n'était une personne dont il aimait se souvenir. Et puis, le ton de sa voix... Ce n'était pas le genre de ton sur lequel elle lui parlait habituellement... Là, c'était vraiment...

Okaaay, il vaudrait mieux se concentrer sur la situation présente. Le type n'avait pas bougé d'un poil. Enfin... Ses mains se baladaient sur les bras et les épaules de Teyla, doucement. John ne savait plus quoi faire. L'homme déposa un baiser sur l'épaule gauche de la guerrière.

- Arrêtez ça tout de suite ! hurla le major, en rage.

Son adversaire respira encore le parfum de Teyla, leva la tête, et regarda John dans les yeux, en disant d'un air dédaigneux et arrogant : « Elle n'est pas pour toi, Torri ! » Et d'un coup il trancha la gorge de la jeune femme.

- Noooooooooon !

- Noooooooooon !

- Major ! Réveillez-vous !

Il se réveilla en sursaut, totalement terrorisé. Teyla était à genoux, près de lui, inquiète.

- Ça va aller, ce n'était qu'un cauchemar, dit-elle doucement en glissant sa main sur sa joue.

Il était en sueur, essoufflé, et qui plus est totalement perdu. Il regarda Teyla ; elle était saine et sauve. Il ferma les yeux, et se passa une main sur le visage :

- Oh, bon sang, c'est pas vrai...

- Est-ce que ça va aller ? s'inquiéta-t-elle.

- Oui... Oui, ça va, c'était juste...

Il la dévisageait comme s'il avait vu un fantôme. Comme s'il était surpris de la voir là.

- Je croyais que les cauchemars avaient cessé !

Aie... Elle ne perd pas le nord, se dit John.

- On ne serait pas là si j'avais dit le contraire.

- Oui, c'est bien le but ! ... Major, dites-moi ce qui se passe !

Il la regarda longuement. Elle était inquiète pour lui. Et lui... La seule chose qui lui venait à l'esprit, c'était une irrésistible envie de la serrer dans ses bras. Il prit une grande respiration et dit simplement :

- On a les Wraiths sur nos traces, alors on ne va pas se priver de l'occasion de nous faire des alliers juste parce que je dors mal !

- Racontez-moi ce rêve. Je sais très bien que ce n'est pas aussi flou que vous le dites.

Elle lisait vraiment en lui comme dans un livre ouvert. C'était un peu inquiétant de savoir qu'elle le connaissait aussi bien...

- Vous feriez mieux de dormir Teyla. Demain on aura une longue journée de négociation devant nous.

- Vous n'avez pas confiance en moi ? Je sais garder un secret.

- Non... Ça n'a rien à voir avec vous...

- Vous savez, dans ma civilisation, on ne voit pas les rêves comme une faiblesse. Certain même les voient comme une force ; Ils révèlent le plus profond de notre esprit, de nos pensées, ou de tout ce que l'on refoule, ou renie.

Il ferma les yeux un instant. Elle avait raison, encore une fois.

- Dormez maintenant, c'est un ordre, dit-il doucement.

La jeune femme se résigna donc, pour le moment. Elle comptait bien lui faire dire ce qui n'allait pas. Elle s'allongea près de lui. Elle ne comprenait pas pourquoi il ne voulait rien dire. Ils étaient amis pourtant… A moins que ce soit justement pour cette raison…

Lui, avait bien du mal à se rendormir. Dès qu'il fermait les yeux, il la revoyait, et revoyait ce type lui trancher la gorge...

TBC