Cette fanfiction devait, à la base, raconter l'histoire d'une jeune moldue qui se retrouvait dans le monde magique. Finalement, l'idée m'a peu à peu déplue et je me suis laissée entraînée dans quelque chose de totalement différent. A vous de lire.
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Titre : .L'enfant de la brume.
Auteur : Elizabeth.
Spoilers : les QUATRE premiers tomes seulement.
Disclamer : Tout ce que vous allez lire ne m'appartient pas (sauf peut-être l'histoire, ce qui n'est que peu de choses). Ayant décidé d'écrire sur le monde d'Harry Potter, je tiens à préciser qu'il appartient à l'écrivain J.K Rowling. Je ne touche donc aucun droit d'auteur et le travail que je fournis n'est pas dans un but lucratif.
Avertissement : PG-13 (pour les idées développées dans l'histoire, les scènes de violences et autres).
Résumé du chapitre précédent : Alors que je rentrais chez moi par un soir d'orage, un homme étrange m'aborda et m'ordonna de me barricader à la maison car un groupe de personnes devait arriver chez moi. Je ne compris pas grand chose mais lui obéissait. Peu après, on frappa à la porte et ma vie bascula dans un horrible cauchemar. Mes parents furent tués, mon frère sûrement mortellement blessé et ma maison brûla. Des hommes en noirs dont j'ignorais encore tout étaient venus depuis les ténèbres nous chercher.
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Chapitre 2 : LA MARQUE DE LA FLAMME.
Je n'osai pas encore rouvrir les yeux, de peur de découvrir devant moi un immense tas de cendres encore rougeoyantes dans lesquels celles des cadavres de mes parents. Ma vie était, elle aussi, partie en fumée ce soir-là et je savais que j'étais morte. Morte et enterrée. Pourtant, mes autres sens s'épanouissaient : ma peau sentait un tissu rêche me recouvrant jusqu'aux épaules, mes oreilles un faible murmure. Finalement, je parvins à me convaincre qu'il n'y avait rien qui pourrait me nuire. Mes paupières papillonnèrent avec lourdeur et je retrouvai ma vue avec une vague d'angoisse fulgurante qui disparut aussitôt que je me vis allongée dans un lit douillet quoique raide.
Je tentai de me redresser mais mon dos protesta et je remarquai qu'à mon bras gauche était accrochée une attelle. Je détournai donc la tête avec une lenteur réfléchie (je ne tenais pas à m'engendrer plus de souffrances). Ce pourquoi je me trouvais allongée dans un lit d'hôpital ne me dérangea pas plus qu'autre chose et je refusai inconsciemment de chercher à savoir ce qui c'était passé. La vitre de ma chambre me présentait un ciel gris chargé de nuages qui apporteraient avant le soir une pluie diluvienne. Mais après tout, je ne savais même pas quelle heure il était de la journée et combien de temps j'avais dormi ?
« Tiens, vous êtes réveillée ? »
La voix me fit sursauter et je me cognai le bras contre une des barres de cuivre de mon lit. Un hurlement de douleur jaillit d'entre mes lèvres et mon corps s'affala dans les draps et les cousins.
« Vous êtes sûre que ça va ? »
Je relevai la tête et découvrit dans un lit en face de moi une femme échevelée dont le visage avait pris une étrange teinte violette. Je restai sans parler mais ce ne fut pas son cas.
« Et bien, jeune fille, vous avez perdu votre langue ? Pourquoi êtes-vous donc là ? Vous ne semblez pas avoir subi de graves dommages.»
Ses paroles résonnaient dans ma tête avec un sifflement perçant et je me sentais agressée par sa voix. Alors que j'allais tenter de lui répondre quelque chose, une silhouette apparut derrière la porte vitrée et nous nous tûmes toutes les deux pour écouter (pour ma part, plus par mutisme que par curiosité).
« Vous ne l'avez pas mis dans une chambre à part ! »
« Je ne peux pas répondre à toutes les demandes, Monsieur. De plus, toutes nos chambres sont occupées et en voyant son état, je n'ai pas jugé nécessaire de la placer dans les cas inquiétants. Elle n'a presque rien. »
« Presque rien ! Cette jeune fille vient de survivre à l'attaque des mangemorts qui ont massacré toute sa famille. Ne trouvez vous pas le choc psychologique suffisamment important, peut-être ? De plus, c'est une moldue. »
Je détournai mon visage de la porte et remarquai que ma voisine de chambre me fixait avec un regard ébahi, presque rempli de dédain.
« J'aurai dû m'en douter, rétorqua t'elle à voix haute sans se soucier du fait que personne ne l'écoutait. »
Je fis alors quelque chose d'insensé mais je tenais alors à sortir au plus vite de cette pièce. Je devais me trouver dans le département des atteintes mentales. Mes jambes cédèrent sous mon poids et je me raccrochai désespérément au mur dans l'espoir de ne pas basculer au sol. A cet instant, la porte pivota sur ses gongs et laissa pénétrer dans la pièce un jeune homme vêtu d'une blouse de médecine verte. Aussitôt qu'il me vit, il sortit de sa poche une fine tige de bois clair qu'il pointa sous mon nez comme pour me faire reculer. Mes mains glissèrent sur le mur et je manquai une fois de plus de m'affaler sur le carrelage.
« Ne bougez pas, ça ne n'est ni dangereux, ni douloureux, murmura t'il entre ses dents. »
Je vis ses yeux s'agrandir et alors qu'un jet d'étincelles allait m'atteindre, on cria dans le dos du médecin et quelque chose le bouscula. Il tomba à terre et les étincelles rebondirent sur le mur pour disparaître en produisant un petit crépitement. Je ne savais pas ce que cet homme avait voulu me faire mais ceux qui avaient torturé mes parents étaient armés pareillement. Je rassemblais mes forces et me sentit alors capable d'échapper à ceux qui arrivaient. Je bousculai tout le monde et me mis à courir maladroitement dans le couloir.
« Attrapez-là, il ne faut pas qu'elle s'échappe ! »
Une cavalcade retentit dans mon dos et je tournai brusquement dans le couloir sur ma droite pour me réfugier dans un cabinet obscur. Je m'accroupis sur le sol et plongeai instinctivement la tête entre mes genoux que j'avais repliés contre ma poitrine. La pièce sentait une forte odeur de plantes et celle plus forte du clou de girofle me fit tourner la tête. On tambourina contre la porte que j'avais bloqué du mieux possible et je tremblais de tout mon corps, une sueur glacée le long de mon dos tandis que ma chemise blanche couvrait à peine mes jambes.
« Ouvrez ! »
A
nouveau, ces coups contre la porte qui me terrorisaient plus que
tout. Je me plaquais contre le mur et me cognai la tête contre
le mur pour faire disparaître les voix qui envahissaient
pernicieusement mon esprit. Des pas pressés arrivèrent
et tout à coup, les coups contre la porte s'interrompirent
pour ne laisser place qu'à un étrange et angoissant
silence.
Morte de peur, paniquée et aux aguets, je
refusais de relever la tête pour offrir mon visage aux ténèbres
qui m'environnaient. Puis quelqu'un se laissa glisser contre la
porte et j'entendis sa voix, douce et chuchotante, celle qui
m'avait affirmé que tout était fini.
« Alysse, je sais que tu es là. Je tiens à ce que tu saches que je ne te veux aucun mal. C'est moi qui t'ai pris dans mes bras ce soir là. Ne cherches pas à t'en souvenir. »
Ma respiration haletante s'essouffla puis ralentit pour devenir un plus rauque. Je redressai la tête et ne put m'empêcher de me crisper contre le mur.
« Où suis-je ? Tout est noir autour de moi. »
« Tu t'es réfugiée dans un placard de l'hôpital. »
« Qu'est ce qui s'est passé ? Pourquoi suis-je ici ? »
« Je vais tout te dire, Alysse, mais pour cela, il faut que j'entre dans la pièce. Tu veux bien ? »
Mes yeux roulèrent dans leurs orbites comme si j'étais possédée et je me mis à frapper contre le sol de toutes mes forces.
« Alysse, calme-toi. Arrête de te faire du mal. »
« Je ne veux pas les voir. »
« Allons, je suis seul, Alysse. »
Je me calmais quelque peu et tournais mes jambes pour me mettre à genoux. Le froid m'envahit et je sentis des larmes couler sur mes joues.
« Alysse, je vais entrer et je serai seul. Tu es d'accord ? »
J'acquiesçais vaguement de la tête sans me rendre compte que cela ne servait à rien. J'étais seule dans l'obscurité et personne ne me regardait. Un étrange cliquetis se fit entendre, puis la serrure grinça avant de laisser la porte s'entrouvrir. Un rai de lumière m'éblouit et je plaquai instinctivement mes mains sur mon visage.
« Ne bouge pas. »
Je restais prostrée dans cette position pendant un temps indéterminé avant que j'ose ôter mes mains. Rien n'avait changé dans les ténèbres et j'écoutais le silence avec attention avant de percevoir une légère respiration.
« Alysse ? »
Je surpris ce souffle avec un tremblement et manquais de m'étouffer en entendant le bruit de tissus froissés se rapprocher de moi avec lenteur. Je tentai d'exprimer ma peur de l'inconnu mais ne parvint qu'à faire entendre un couinement étouffé et rauque.
« Je suis tout prêt de toi, n'ais pas peur. »
« Comment voulez-vous que je n'aie pas peur, criai-je en pleurant. »
« Tu as été très courageuse jusqu'à maintenant, Alysse. Bien plus courageuse que la plupart des gens. »
« Et qu'est ce qu'il m'arrive ? Pourquoi tout le monde est après moi ? Et qui étaient ces gens en noirs et cet homme qui m'a dit que ce ne serait pas douloureux ! »
Ma voix devint peu à peu hystérique et je me mis à frapper par terre contre le sol sans prendre garde à mes mains que j'enfonçais toujours plus violemment sur le carrelage. Une douleur atroce monta peu à peu dans mes bras et engourdit mes mouvements. Le sang, chaud et poisseux, collait à mes mains que je n'osais plus bouger par peur de la souffrance. Je laissai ma tête tomber sur mon épaule et me mis à sangloter. Rien ne pouvait expliquer le cauchemar dans lequel je m'enfonçais toujours plus profondément. Je n'avais plus rien à quoi me rattacher, ma mémoire piétinée et souillée par la nuit d'avant ne m'était d'aucune aide. L'obscurité noyait mon être et je me sentais toujours plus perdue. Quand tout à coup, quelque chose m'empoigna un peu fermement et me plaqua contre elle. La chaleur qui jaillit de notre contact fut si intense que je manquai de défaillir et reconnut simplement la voix douce qui m'avait déjà chuchoté des paroles rassurantes à l'oreille.
« Alysse, tout est fini. Tu vas te laisser aller dans mes bras maintenant. Je viendrai te voir bientôt. »
J'obéis avec aveuglement et relâchai la tension de mon corps qui s'effondra comme une poupée de chiffon dans les bras de l'homme. Je l'entendis une dernière fois, avant de m'endormir, prononcer des paroles qui me plongèrent dans un sommeil profond et sans rêves.
Quand je me réveillai à nouveau, un homme était assis à mes côtés. Son visage buriné par les âges offrait pourtant une bienveillance sans limite et sa grande barbe argentée retombait souplement sur son torse. Quand il remarqua que je le fixais d'un regard très certainement interrogateur, ses yeux se plissèrent derrière ses lunettes en demi-lune qui menaçaient de tomber de son nez crochu.
« Et bien, Mademoiselle Alysse, je vois que vous venez enfin de vous réveiller. »
« Excusez-moi… mais… »
« Bien sûr, je vous dois quelques petites explications. »
Sa voix devint plus douce alors qu'il prononçait ses derniers mots et une gêne s'installa entre nous deux.
« Je voudrais savoir ce qui nous est arrivé, ce soir là. »
J'avais beau être allongée, je serrais le drap entre mes doigts avec l'angoisse de savoir ce que j'allais entendre. Je ne me leurrais pas sur ce qu'on allait me dire mais je désirais savoir, comprendre, cesser de naviguer dans ces ténèbres.
« Bien, je vais tout vous raconter, alors. »
Sa voix soupira et sa poitrine remonta lentement. Il fit en même temps un geste de la main et apparut sur la petite table de nuit un plateau pourvu d'une théière fumante ainsi que de petits gâteaux. Il prit la théière et la dirigeait vers sa tasse quand il arrêta net son mouvement et releva la tête pour me regarder.
« Veuillez m'excuser, un peu plus et je manquais de politesse. Voudriez vous une tasse de thé ? »
J'acquiesçai et le laissai me servir une tasse de thé fumant aux arômes envoûtants.
« Il y a deux jours, vous êtes rentrée chez vous et avez dû rencontré un homme sur le chemin de la maison. Cet homme se nommait Rob Mellor et était chargé de surveiller votre maison. Il travaillait pour le ministère sous les ordres d'une mission spéciale. »
« Mais pourquoi et qui sont ces hommes qui sont venus et ont… ont… »
Je ne pus terminer ma phrase et je croisai néanmoins le regard chargé de douleur de l'homme qui me parlait. Il était vêtu d'une longue veste de voyage bleue sombre et semblait s'être arrêté d'une longue errance pour parvenir dans cette petite chambre minable que je soupçonnais appartenir à un hôpital.
« Il ne m'est pas possible de répondre à chacune de vos questions, Mademoiselle Cleland, et avant même de subir votre interrogatoire, j'aimerais savoir si votre mère vous a déjà parlée de son passé ? »
« Son passé ? »
« Sa vie avant qu'elle rencontre votre père… »
« Non, je ne pense pas mais… »
Ma voix resta en suspend, je savais pertinemment que lorsque les gens commencent à vous poser ce genre de questions, c'est que l'on vous a caché de nombreuses choses au cours de longues années. Je retins ma respiration après avoir bu une gorgée de thé qui me brûla l'œsophage. Mes cheveux plaqués par la sueur sur mon front me firent frissonner.
« Votre mère s'appelle Esther Sparrow de son nom de jeune fille et s'est mariée avec Mark Cleland. Elle a eu deux enfants et s'est installée dans ce petit coin de Norfolk où elle espérait disparaître aux yeux de certains et pouvoir oublier son passé. »
« Je ne comprends pas ce que vous voulez dire. »
« Votre mère a accepté de renier ses origines pour ses enfants et son amour pour vote père. »
« Ses origines ? »
Je me sentais de plus en plus perdue par le discours du vieil homme et mes mains se mirent à trembler. La tasse de thé s'agitait sur la soucoupe mais je n'y prêtais pas attention jusqu'au moment où j'ai entendu ces mots :
« Votre mère était une sorcière, Alysse. »
La tasse dérapa de mes mains encore malhabiles et la porcelaine s'écrasa en milliers de morceaux blanchâtres sur le sol.
« N'importe quoi … la magie n'existe pas, chuchotais-je avec le faible espoir de me convaincre moi-même. »
« En êtes-vous si sûre, Mademoiselle Cleland ? »
Le regard perçant de l'homme me glaça les sangs et je retins une fois de plus ma respiration alors qu'il faisait glisser entre ses doigts maigres mais agiles une fine tige de bois. Ses lèvres murmurèrent quelques paroles inaudibles et les morceaux de porcelaine brisés lévitèrent vers moi pour reformer la tasse intacte, sans aucunes marques de fêlures.
« Alysse ? »
Je devais offrir alors un visage d'une personne si choquée que rien ne pouvait me tirer de ma contemplation éperdue. Les doigts de l'homme s'agitèrent devant mon visage et je repris mes esprits.
« Bien, maintenant que vous savez le plus important, il nous faut parler d'autre chose. Vos parents ayant péris dans l'attentat, le ministère avait décidé d'effacer votre mémoire et de vous placer dans un orphelinat pour moldus. »
« Moldus, demandais-je avec une voix soucieuse. »
« C'est ainsi que les sorciers nomment les gens sans pouvoirs. »
« C'est pour cela que cet infirmier voulait effacer mes souvenirs ? »
« Oui. »
« Pourquoi ne l'a t'on pas encore fait, m'étonnais-je vainement. »
« Il se trouve qu'il existe une seconde solution. Des personnes de votre famille ont été prévenues et ont accepté de vous prendre chez eux. »
Je me sentis à nouveau mal à l'aise, gênée par ce rayon d'attentions qu'on braquait sur moi. Je ne demandais rien sauf de comprendre. Et il était hors de questions qu'on m'ôte les souvenirs de cette nuit-là. Ils faisaient partis de ma vie avec tous les autres et ils étaient les derniers que j'avais de ma famille. Et ce que je sentais grandir en moi n'était qu'un désir de vengeance qui mettrait du temps avant que je ne l'accepte pleinement.
« Pour votre sécurité, j'ai trouvé préférable d'accepter la seconde solution. Vos tuteurs ne devraient d'ailleurs plus tarder à arriver pour vous ramener chez eux. Il va cependant falloir être forte car vous allez vous sentir déboussolée dans un monde qui n'est pas le vôtre. Vous comprenez, nous ne pouvons savoir si votre mère vous a transmis sa magie et si vous êtes vous aussi une sorcière. »
«Je ferrai mon possible, déclarai-je en sachant que je n'avais pas d'autres solutions que d'accepter ce que des inconnus avaient décidé pour mon avenir. »
« Mais le plus important, c'est que vous avez vu vos agresseurs et je ne pense pas qu'ils vont vous laisser vivre en paix maintenant que vous connaissez leurs identités. Il est donc impératif que vous changiez la votre. »
Je redoutais ses paroles depuis quelques instants lorsque je rabattis mon corps dans la moiteur des oreillers comme pour me rassurer que j'avais mal entendu.
« Personne ne doit savoir qui vous êtes réellement. Nous ne serons que trois à connaître la vérité. Moi, vous et … »
A ce moment là, quelques légers coups frappèrent à la porte et une haute silhouette apparut dans l'embrasure de la porte. L'homme était vêtu de vêtements un peu passés de mode dont la couleur sombre laissait oublier leurs âges déjà fort avancés. Son visage fatigué aux traits fins me surprit ainsi que le regard gris qu'il porta sur moi. Ses cheveux étaient relevés en une souple et courte queue de cheval tandis que quelques folles mèches blondes jaillissaient dans son cou.
« Désolé de vous interrompre, Professeur. »
Aussitôt, sa voix réveilla quelque chose en moi, quelque chose de douloureux et de violent. Quelque chose que j'avais refoulée devant mon incompréhension à tout ce qui m'arrivait. Je levais mon regard vers lui et sentit une chaleur m'envahir peu à peu. L'inconnu s'approcha de mon lit et tira une chaise sur laquelle il s'assit.
« Vous tombez bien, Ayn. Je suppose que vous reconnaissez Mademoiselle Cleland ? »
« Bien sûr Dumbledore, chuchota t'il d'un air un peu gêné qu'il cacha en détournant la tête. »
L'homme qui se nommait Dumbledore reprit la parole avec aisance sans prêter attention à la gêne de son voisin.
« Voici donc Monsieur Ayn Hawthorne, Melle Cleland. Je lui ai demandé de veiller sur vous pour tout le temps à venir. C'est lui qui vous a sauvé la vie lors de cette terrible soirée. »
Le vieil homme se retourna vers Ayn Hawthorne et plissa les yeux d'un regard entendu.
« Mademoiselle, à partir de cet instant, vous vous nommez Mael Lanchaster. Vous êtes un jeune homme de treize ans et, un neveu de Richard et Eliza Lanchaster. Vous venez d'Irlande et vos parents sont Liam et Mary Lanchaster. Vous rejoignez votre famille anglaise pour poursuivre vos études dans un brillant établissement nommé Poudlard. »
Le discours me laissa sans réaction sachant que je m'appelais Alysse Cleland, que j'habitais non loin de Norwich, que j'avais quinze ans et que j'étais une fille. J'acceptai toutefois cette nouvelle identité sans broncher, ne voyant quels arguments je pourrais apporter pour ma part, trop occupée que j'étais à réaliser ce qui m'arrivait.
« Nous allons vous laisser vous habiller, Monsieur Lanchaster. »
Dumbledore se leva avec aisance malgré son âge apparent et salua l'autre jeune homme. Puis avant de sortir par la porte, il me fit un clin d'œil et disparut sans demander son reste dans un éclair lumineux. Je restais sans bouger, prostrée dans mon lit, la bouche grande ouverte. Ayn Hawthorne me dévisagea avec une pointe d'amusement dans le regard et je le vis esquisser un timide sourire sur ses minces lèvres.
« Je crois que je vais devoir vous aider, Mael. »
Devant mon visage qui s'empourpra en un instant, je l'entendis rire de bon cœur. Quelques instants après, j'étais parvenue à me redresser et me trouvais à moitié cachée derrière un paravent. De nouveaux vêtements fraîchement repassés se trouvaient sur la chaise. Je parvins à enfiler un pantalon noir et tentai tant bien que mal d'enfiler une chemise sévèrement amidonnée. Mais mon bras en écharpe était de trop car après quelques instants d'essais infructueux, je me vis contrainte de demander de l'aide à Hawthorne. Je ne lui présentais pudiquement que mon dos où mes cheveux descendaient en souples boucles. Avec surprise, je vis un plastron enserrer ma poitrine et sentit les attaches se serrer dans mon dos. Ses doigts agrippèrent rapidement la manche de la chemise et firent passer mon bras au travers avec une rapidité étonnante. Je commençai à refermer du mieux que je pouvais les boutons de nacre mais les doigts fins et agiles de l'homme eurent fini leurs besognes avant les miens. J'osai enfin redresser la tête et croisais son regard pâle qui me fixait avec attention.
« Bien, Mael. Il va maintenant falloir vous couper les cheveux si vous voulez paraître un peu plus masculin. »
Il me fit asseoir devant une glace et je le vis lever sa baguette vers mes cheveux blonds. Je n'osais pas regarder et fermais les yeux le pus fort possible jusqu'à voir au travers de mes paupières des étoiles lumineuses.
« C'est fini. »
Je plaquai mes mains au niveau de mes oreilles et écarquillai les yeux le surprise. Mon visage fin et arrondi était maintenant encadré par des mèches claires qui frôlaient avec peine mon cou. Quand je me relevai, j'étais effectivement devenu Mael Lanchaster avec ce visage pâle et ses yeux brillants. Hawthorne m'enfila une veste sombre et je me sentais comme déguisée pour un bal masqué.
« Maintenant, je vais devoir vous demander de ne pas bouger, Mael. J'ai accepté de devenir votre protecteur mais il me faut pour cela créer un lien entre nous. Tournez-vous s'il vous plait. »
Je restais sans bouger, bien décidée pour une fois à faire valoir mon avis dans tout ce bouleversement qui traversait ma vie sans que je ne puisse y prendre part.
« Si je refuse ? »
« Je ne vois pas pourquoi vous voudriez refuser l'aide que je vous propose. »
« Ma mère m'a toujours dit de ne compter que sur moi-même et de ne pas attendre d'aide des autres. »
Je croisai le bras et reculai, le visage redressé vers l'angle de la pièce. Et à mon grand étonnement, Hawthorne me dévisagea puis acquiesça pour lui-même. Je m'attendais donc à ce qu'il renonce mais à ma grande surprise, il me saisit brutalement par mon bras valide et plaqua mon dos contre lui. Il était bien plus grand que moi et il était vrai que malgré mes quinze ans, on n'avait aucun mal à me faire passer pour un jeune homme de treize. Je serrai les poings et commençai à me débattre. Son étreinte se resserra et je finis par m'immobiliser en sentant la pointe de sa baguette magique contre mon cou. De frayeur, je restais paralysée.
« Vous n'avez pas le droit ! »
« Ce n'est pas par droit mais par devoir que je fais ça, Mael. Pour quelqu'un à qui j'ai promis. »
Je sentis une étrange chaleur envahir mon cou et peu à peu me brûler comme si on m'appliquait un fer chauffé au rouge. Puis Hawthorne relâcha son étreinte et je m'écroulai sur le sol, haletante. La sensation était tellement étrange et nouvelle dans ma tête que je fis glisser mes doigts sur mon cou et glissai sur quelque chose qui retint mes doigts.
« Que m'avez vous fait ! »
« Par ce contact, je suis devenu ton protecteur, Mael. Nous sommes maintenant liés jusqu'à ce qu'un de nous meurt. Nous sommes devenus deux flammes liées à jamais. »
Il me présenta la paume de sa main et je reconnus un fin dessin de flamme comme peint à l'encre noire.
« Tu possèdes la même sur ton cou, Mael. »
« A quoi cela m'avance t'il ! »
« Je vais te laisser car je crois que la famille Lanchaster vient d'arriver et monte vers ta chambre. »
« Attendez, m'exclamai-je, furieuse de n'avoir pu rien apprendre de plus. »
Hawthorne me regarda une dernière fois avant de me faire un signe de sa main et de disparaître tout comme l'avait fait le vieil homme avant lui. Je me laissai tomber sur le lit et tentai de trouver un sens logique à tout ce qui m'arrivait. On avait anéanti ma vie, assassiné ma famille, meurtri mon être et volé mon identité. Je décidai à cet instant que je n'aurai de repos tant que ses assassins vêtus de noir et voilés par les ténèbres seraient encore en vie.
fin du chapitre 2
