C'est étonnant ce que cette histoire me tient à cœur. Pour tout vous dire, je l'écris grâce à mon état actuel (ça me permet de déverser mes sentiments un peu houleux dans ceux de mon héroïne). Je m'attache vraiment à elle mais je n'ai malheureusement pas fini de la faire souffrir. Certains des personnages que j'introduis dans ce chapitre étaient destinés à une toute autre fic qui ne verra sans doute jamais le jour (ça devait plutôt tourner sur un trio qui mène des enquêtes sur les crimes à Poudlard mais bon). A leur grande demande, ses trois personnages ont intégré les péripéties d'Alysse Cleland. Pour le meilleur et pour le pire …

J'en profite pour remercier mon très cher bêta-reader qui accepte de me suivre dans cette nouvelle aventure quelque peu tordue ! Pour cependant reconnaître son talent à sa juste valeur, je vous encourage à aller voir ce qu'il écrit (il me semble que tout comme moi, tu sois un peu en manque de reviews; non ). Merci à toi, Bloub !

Réponse aux reviews (que j'aurai du faire depuis longtemps et je m'en excuse profondément !) :

Beru ou bloub : ha, toujours fidèle au poste, cher bêta-reader ! Ca me fait plaisir que tu accroches à cette histoire et je vais faire de mon mieux pour continuer de te satisfaire (bien que pour une fois, je ne sache pas où je vais). Au fait, ta nouvelle technique de correction est bien plus efficace et rapide. Continue !

Vega : Voilà donc la suite tant attendue ! J'espère que ça va te plaire !

Clochette : Et bien, niveau nouveaux personnages, tu risques d'être servie. Contente que ça te plaise car je m'investis vraiment dans cette histoire.

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Titre : L'enfant de la brume.

Auteur : Elizabeth.

Spoilers : les QUATRE premiers tomes seulement.

Disclamer : Tout ce que vous allez lire ne m'appartient pas (sauf peut-être l'histoire, ce qui n'est que peu de choses). Ayant décidé d'écrire sur le monde d'Harry Potter, je tiens à préciser qu'il appartient à l'écrivain J.K Rowlling. Je ne touche donc aucun droit d'auteur et le travail que je fournis n'est pas dans un but lucratif.

Avertissement : PG-13 (pour les idées développées dans l'histoire, les scènes de violences et autres).

Résumé du chapitre précédent : Malgré ma faiblesse physique et mon bouleversement, la famille Lanchaster m'a accueilli chez elle. Leurs nombreux enfants présentent bien des caractères différents : si John, l'aîné, me paraît aimable, il n'en ait pas moins un peu suffisant. Les jumeaux sont deux farceurs invétérés et Ann une petite fille un peu trop gâtée à mon goût. Cependant, sous toutes ces apparences de bonne famille, j'ai rapidement compris que ma tante, la sœur de ma mère et surtout mon oncle m'ont recueillie plus par pitié et obligeance que par compassion et amitié. Si je parvins à partager mes pensées avec Ayn Hawthorne, cela n'a pas été ma plus grande surprise. J'ai retrouvé une étrange photo où posent ma tante, ma mère sous son aspect véritable et une étrange personne qu'on s'est apparemment chargé de faire disparaître des mémoires en effaçant son visage.

Rappel des personnages évoqués dans ce chapitre :

Cleland Mark : Mon père mort assassiné par d'étranges hommes vêtus de noir qui ont détruit notre maison.

Sparrow Esther : Ma mère que je croyais connaître. Son nom de jeune fille est Sparrow et c'était une sorcière qui a décidé de fuir sa famille et son passé attaché au monde de la magie. Elle est morte assassinée sous mes yeux.

Cleland Matthew : Mon grand frère qui est mort lors de l'attaque de notre maison.

Lanchaster Eliza: La sœur de ma mère qui a accepté de me recueillir.

Lanchaster Richard: le mari de ma tante, qui ne semble pas particulièrement apprécier mon intervention dans sa vie bien rangée.

Lanchaster Keith et Nathaniel: Mes cousins. Ce sont deux jumeaux particulièrement doués pour les farces de mauvais goût mais ils sont sympathiques. Ils sont en troisième année à Gryffondor.

Lanchaster John: L'aîné des enfants Lanchaster en cinquième année à Serdaigle. Gentil mais un peu suffisant.

Lanchaster Ann: Leur petite sœur âgée de six ans que je trouve bien trop gâtée. Une petite peste ?

Hawthorne Ayn: Cet homme est devenu mon protecteur en se liant avec moi par la magie. Il est ma flamme et semble étrangement au courant du passé de ma mère.

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Chapitre 4 : DE NOUVELLES CONNAISSANCES.

Lorsque je me réveillai le lendemain matin, ce fut les coups toqués à ma porte qui me forcèrent à m'extraire des draps douillets et confortables. Je me levai donc et traversais la chambre, tout en me passant une main toujours anxieuse dans mes cheveux mi-longs. Je baillai profondément puis ouvrai la porte pour me retrouver face à la jeune servante d'hier soir. Mon visage vira au rouge pivoine lorsque je me rendis compte que j'étais en pyjama mais elle resta impassible, n'osant profiter du spectacle que je lui offrais. ..
« Monsieur, le petit déjeuner est servi. ».
Elle fit une petite révérence des plus gracieuses et disparut à nouveau dans le couloir sans que je ne puisse lui adresser un mot. Je m'habillai du mieux que je pus et abandonnai finalement la veste sur le dossier d'un fauteuil. Il m'était encore trop difficile de l'enfiler toute seule car mon bras en écharpe s'envahissait facilement d'une douleur lancinante.
J'appliquais avec soin mes mains sur ma chemise pour tenter d'en faire disparaître les quelques plis qui parcouraient le devant. Lorsque je pénétrai dans la salle à manger, je m'aperçu que seuls les enfants se trouvaient là et d'un côté, je me sentais soudain soulagée. La discussion que j'avais eue la veille avec mon oncle et ma tante m'avait laissée pleine de doutes et de suspicions que je préférai abandonner de si bonne heure.

Heureusement, l'attirante odeur qui s'offrait à moi me divertit un peu et Keith m'invita à s'asseoir à ses côtés – proposition que j'acceptai avec joie. John siégeait face à moi et lisait le journal d'un air absorbé qui lui faisait plisser le front. Je ne pus m'empêcher de le détailler avec attention et m'efforçai de reconnaître en lui le visage de sa mère. Il gardait pourtant la détermination du regard de son père et quand il redressa la tête après avoir laissé tomber avec négligence le journal, je reconnus dans son regard un petit air de suffisance.

Nathaniel détourna mon attention en me présentant quelques petits pains dorés qui accompagnèrent à merveille mon porridge. Les deux frères et sœurs entamèrent une discussion apparemment de la plus haute importance sur la prochaine farce qu'ils feraient. Ann, assise de l'autre côté de la table, me fixait d'un étrange regard. Ses tresses lui donnaient un aspect de poupée, renforcée par la teinte vermeille de ses joues. Je lui rendis un regard interrogateur tandis que je reposais mon bol.

« Dis, en Irlande, tu vis dans un vrai château hanté ? »

Sa question me surprit mais je me sentis obligée d'y répondre. Ses yeux s'agrandirent et son frère lui jeta aussi un coup d'œil.

« Oui, même que la chambre à côté de la mienne est occupée par le fantôme d'un ancêtre qui fait craquer toutes les portes la nuit venue. »

Son teint devint rapidement livide et je me demandai si je n'étais pas allé un peu trop loin quand Nathaniel apparut brusquement derrière la petite fille qui manqua de tomber de sa chaise et poussa un cri strident. Les trois aînés ne purent s'empêcher de rire et Ann, furieuse, quitta la table en pleurant. On l'entendit se plaindre dans le couloir puis ses gémissements s'étouffèrent.

« Ma sœur est une vraie trouillarde, déclara Keith en souriant. »

« Plus froussarde, ça n'existe pas, ajouta Nathaniel qui se tordait de rire. »

John partagea un instant leur hilarité et voyant que je restais sans bouger, il m'expliqua quelque peu.

« Ann a peur des fantômes depuis qu'elle est toute petite. Avant, la maison était hantée par un ancêtre qui trouvait très amusant de hanter les couloirs la nuit venue. Et un soir, Nath' et Keith n'ont rien trouvé de mieux que de l'effrayer dans sa chambre. »

« Je m'en souviens comme si c'était hier ! Maman nous a filée une sacrée punition pour cela… »

« Et je risque de bien devoir recommencer si vous continuez à vous comporter en enfants. »

Eliza Lanchaster était apparue dans l'embrasure de la porte, les bras croisés sur la poitrine et une moue boudeuse étirait vainement ses lèvres trop fines. Je remarquais alors qu'elle était vêtue comme pour un voyage, d'une longue cape bleue et de son sac à main. John réussit à se faire oublier et se leva tout en saluant sa mère. Les deux jumeaux qui se tenaient côte à côté parurent indécis sur la réaction appropriée à avoir face à leur mère puis finirent par se lever aussi. J'avais pour ma part fini de manger.

« Vous deux, débarrasserez la table puis filez dans votre chambre, que je ne vous vois plus avant le déjeuner. »

Les deux jeunes gens ne se firent pas prier puis s'en allèrent en courant. J'entendis un rire moqueur puis je reportais mon attention sur ma tante.

« Bien, Mael, je dois aller acheter vos fournitures pour la rentrée et après plus mûres réflexions, j'ai considéré que vous pourriez m'accompagner. Il est temps que vous découvriez le monde de la magie avant votre entrée à Poudlard. »

« Oui, ma tante. »

« Allez chercher une veste et venez me retrouvez dans le salon. »

Je remontai aussi vite que je le pouvais dans ma chambre et ouvrai avec empressement l'armoire massive qui faisait face à mon lit. Mon lit avait été fait et les draps dégageaient une agréable odeur de frais. Quelqu'un avait même pris la peine de déposer un bouquet de fleurs fraîches sur le petit bureau installé dans l'angle. Je supposai qu'il s'agissait de la jeune femme qui était venue me réveiller ce matin et trouvai enfin un peu de réconfort dans cette pièce qui me restait cependant étrangère. Une lourde cape verte pendait sur un cintre et je m'en drapai avec élégance. Un coup d'œil au miroir et je vis mon reflet effectuer un tour sur lui-même puis s'adresser à moi d'un air satisfait.

« Très élégant ! »

Je haussai les épaules puis abandonnai l'étage pour rejoindre le rez-de-chaussée en espérant n'avoir pas trop fait attendre ma tante. Elle m'inspecta d'un coup d'œil attentif puis m'indiqua de me placer dans la cheminée. On n'y avait pas allumé de feu depuis la veille et seules quelques braises rougeoyaient encore sous la cendre. Le linteau était assez élevé pour que quelqu'un se tienne dans l'âtre et je vis ma tante se saisir d'un coffret en métal posé dessus et prendre une poignée de son contenu.

« Mael, pour nous déplacer, nous allons utiliser la poudre de cheminette. N'ayez crainte, vous ne risquez rien ! »

Mon air étonné lui arracha un sourire et je vis enfin un visage un peu plus joyeux. Ses lèvres laissèrent échapper quelques brides de mots et un feu étincelant apparut dans l'âtre. Elle tendit ensuite sa main et lança une poudre scintillante dans les flammes qui se teintèrent d'éclats émeraude.

« Vous n'avez qu'à me suivre et prononcer les mots : 'Chemin de Traverse'. »

Je fis signe que j'avais compris et m'avançai à mon tour dans le crépitement des flammes avec une relative angoisse au ventre. Je vivais maintenant dans le monde de la magie mais je ne lui appartenais pas. Mes lèvres bredouillèrent et je me sentis happé par un souffle étrange et chaud. Mon corps dut se démembrer car je ne sentais plus mes jambes et battais vainement des bras pour tenter de trouver une prise. Un âcre nuage de fumée manqua de m'étouffer et je sentis alors le sol dur et rugueux sous mes pieds. Ma tête me tournait et je sentis que ma poitrine se soulevait, prise de nausée. Eliza Lanchaster me soutint d'un bras secourable que j'acceptai sans hésiter. Lorsque j'eus retrouvé mes esprits et que mes yeux se furent habituer à la lumière, je dévisageai avec une stupeur non cachée toutes les personnes que nous croisâmes. Les gens étaient vêtus étrangement comme si le siècle dernier n'avait pas semblé s'être écoulé. La plupart vêtus de longues robes et capes chatoyantes, certains offraient un spectacle ravissant telle que la femme coiffée d'un chapeau pointu brodée d'étoiles. D'autres vêtus de guenilles loqueteuses n'offraient qu'un pitoyable aspect avec leurs vêtements usés et délavés ou leurs cuirs bouillis.

Je tenais toujours le bras de ma tante et cette situation m'était assez étrange. J'étais censée avoir treize ans et à cet age, on ne tient plus le bras de sa mère. Mon regard perdu parmi toutes les merveilles qui s'offraient à moi devait intriguer les gens car on me dévisagea plusieurs fois. Une douce odeur de caramel m'envahit les narines et j'aperçus un vendeur de glace que nous dépassâmes à mon grand regret. Enfin, ma tante me fit pénétrer dans une boutique qui couvrait deux grands étages. La librairie regorgeait de livres anciens aux épaisses couvertures de cuir craquelées et de nombreux sorciers se pressaient parmi les étalages. Je m'aperçus que plusieurs jeunes gens étaient habillés de la même façon mais ne m'y attardaient pas car ma tante me mit dans les bras trois épais volumes poussiéreux.

« Bon, voilà qui est presque fait ! Il ne manque plus que tes livres de botanique et de potions. »

Elle héla donc un vendeur qui s'empressa de venir à sa rencontre et la conduit à travers les rayons. Je suivais pour ma part du mieux que je le pouvais, évitant les autres clients. Je ne comprenais toujours pas ce que l'on attendait de moi dans ce monde. J'allais devoir me rendre dans une école de sorcellerie, ce qui, pour quelqu'un dépourvu de pouvoirs magiques, était des plus inaccoutumés et angoissants. J'espérais pour ma part que la matinée passée en tête-à-tête avec ma tante me permettrait d'en savoir en peu plus sur ma mère et je comptais bien lui poser un certain nombre de questions. Une chose m'avait intriguée : le fait que ma tante ne soit même pas au courant que sa sœur avait eu deux enfants (un garçon et une fille). Même si ma mère s'était séparée de sa famille et de son monde (le pourquoi, je l'ignorais), elle nous avait eus assez jeune mon frère et moi et je ne voyais pas comment elle avait pu quitter si tôt sa famille et rompre tous contacts.

Deux livres supplémentaires vinrent rejoindre la pille qui se trouvaient dans mes bras et nous passâmes à la caisse, à ma grande satisfaction.

Les deux heures suivantes furent consacrées à l'achat d'un nécessaire de potions et d'un chaudron ainsi que de rouleaux de parchemins, de flacons d'encre et de plumes.

Je me sentis de plus en plus mal à l'aise en songeant aux innombrables dépenses que j'occasionnais pour mon oncle et ma tante et n'y tenant plus, je finis par poser cette question.

« Il n'y a pas à vous inquiéter, Mael. Votre mère possédait toujours son compte à la banque de Gringotts et j'en ai fait retirer un peu d'argent. »

Le pire moment fut quand nous pénétrâmes dans une boutique pour acheter mon uniforme. La vendeuse tenait absolument à me faire essayer un uniforme mais je dénigrais sa proposition de façon insistante. Eliza Lanchaster me lança un regard étonné et j'expliquais que mon bras me faisait mal en sortant le bras en écharpe de sous le pan de ma cape. Je n'étais pas encore habituée au nouveau corps qu'on m'avait, pour ainsi dire, imposé et il m'arrivait parfois d'oublier que j'étais maintenant un garçon. La veille femme finit par acquiescer et je me retrouvais avec un uniforme noir. Quand on me demanda à quelle maison j'appartenais, je me troublai et perdis brusquement toute l'aisance que j'avais peu à peu acquise depuis ce matin. Heureusement, ma tante répondit avant que mon silence devienne étrange.

« Ce jeune homme est mon neveu. Il vient d'arriver d'Irlande pour poursuivre ses études à Poudlard. Vous savez comment c'est là-bas. »

Je surpris un regard dédaigneux de ma tante et fronçai les sourcils devant le tel mépris qu'elle affichait pour les Irlandais. La vendeuse acquiesça d'un regard sous-entendu puis emballa rapidement nos achats. Si Eliza Lanchaster m'avait paru être tout d'abord une femme quelque peu timide et réservée, toutes illusions avaient disparues et je me demandais à quel jeu elle jouait. Elle avait été si aimable et avenante depuis ce matin à mon égard, répondant à chacune de mes nombreuses questions.

Nous sortîmes de la boutique puis remontâmes l'allée que nous avions empruntée tout à l'heure. Je remarquai une boutique dont la vitrine attirait de nombreux jeunes gens qui étaient collés les uns contre les autres pour admirer quelque chose. Un coup d'œil en l'air m'apprit qu'il s'agissait d'une boutique de Quidditch mais cela ne m'avança pas de beaucoup.

« Ma tante, qu'est ce que le Quidditch ? »

La femme fronça un sourcil puis soupira avec patience.

« Le sport pratiqué par les sorciers. Il s'agit de marquer le plus de points possibles en jetant une balle au travers d'un anneau alors que l'on vole sur un balai. Tu pourras en parler avec John, il est lui-même poursuiveur dans l'équipe de sa maison. »

Je restai étonnée et la suivis vers une petite auberge d'apparence miteuse. Le chaudron baveur se révéla être toutefois bien plus accueillant qu'à son apparence et on nous plaça dans un coin un peu plus confortable et moins poussiéreux lorsque ma tante se présenta au barman. On nous servit un délicieux potage suivi d'une viande savoureuse. Eliza Lanchaster ne parut pas toucher à son assiette mais j'étais bien trop affamée pour m'en soucier.

« Que voulez dire la vendeuse quand elle a parlé de maison, ma tante ? »

« Et bien, Poudlard est une très grande école de sorcellerie et est divisée en quatre maisons qui sont Gryffondor, Serdaigle, Poufssouffle et Serpentard. Chaque élève est attribué à l'une d'entre elle et poursuit ses études dedans. »

« Comment se fait la répartition ? »

« Et bien, selon le caractère et les capacités de chacun. »

« Dans quelle maison sont John, Natheniel et Keith ? »

« John est à Serdaigle, une très bonne maison et Nathaniel et sa sœur à Gryffondor, ce qui n'a rien d'étonnant étant donné leur caractère. »

Je perçus une petite pointe d'amertume dans sa voix mais je continuai tout de même.

« Et vous, ma tante, vous êtes allée à Poudlard ? »

« Bien sûr. Tous les sorciers de Grande-Bretagne se rendent à Poudlard lorsqu'ils ont onze ans. »

« Dans quelle maison étiez-vous ? »

« Serdaigle. »

Ses yeux se plissèrent et sa voix prit une teinte fière que je ne compris pas. Une serveuse aux cheveux blonds cendrés nous apporta un dessert que je savourais avec plaisir.

« Et ma mère, dans quelle maison est-elle allée ? »

Je vis alors le regard de ma tante se voiler et son sourire disparaître pour de bon. Un froid s'installa entre nous deux et je finis par la suivre quand elle se redressa avec raideur. A mon grand mécontentement, le retour fut encore pire que l'aller et je me retrouvais, tremblotant à genoux, sur le dallage froid du salon. Ma tante me dévisagea une dernière fois avant de me laisser seule.

« Ta mère a fait ses choix et on sait où cela l'a menée. Il n'y a rien à y ajouter. »

La porte claqua derrière elle et je frissonnais de déplaisir. Je ne savais pas du tout ce qu'elle avait voulu entendre en déclarant ses mots blessants mais je compris que l'on ne soulèverait pas les voiles du passé de ma mère pour que je comprenne pourquoi j'étais maintenant seule au monde et dans l'ignorance la plus totale. Je sentis mes yeux se mettre à me piquer et pour m'empêcher de pleurer, j'époussetai du mieux que je le pus la cendre qui s'était déposée sur ma cape. En montant dans ma chambre, je croisais Nathaniel et Keith qui décidèrent que ma chambre ferait un quartier général idéal pour leur délibération. Puis finalement, voyant que j'étais un peu lasse de leur magouille, ils finirent par me parler de Poudlarld et j'en perçus alors une image un peu plus contrainte que celle dépeinte par leur mère.

« Tu parles, tout le monde sait que la meilleure maison est Gryffondor ! Bon, bien sûr, John chéri à sa maman est à Serdaigle tout comme elle l'a été mais bon… il n'est pas parfait non plus ! »

« Certainement pas ! Tu le verrais frimer dans les couloirs avec son équipement de Quidditch quand il se rend à l'entraînement. »

« Faut dire, il a de la classe. »

« C'est pour cela que toutes les filles sont dans son sillage, où qu'il aille. »

La discussion entrecoupée des jumeaux me perdit un peu au début puis je leur posais des questions sur les professeurs, question à laquelle ils me répondirent d'un commun accord qu'aucun ne valait mieux que le professeur d'enchantements car il permettait de faire ce qu'on voulait pendant ses cours. J'acquiesçai et tentai une dangereuse manœuvre en leur demandant quelques renseignements sur ce qu'ils avaient appris depuis deux ans.

« Pas grand chose. Enfin, de toutes façons, tu rattraperas rapidement ton retard, me répondit Keith en me lançant un clin d'œil. »

« Tiens, si tu veux, je peux te montrer quelques trucs. »

J'enregistrais du mieux que je le pus les sorts qu'il lança sans savoir vraiment à quoi cela me servirait mais bon, je serai bien obligée de tenter de faire durer la duperie le plus longtemps possible. Autant tenter de paraître tel qu'on l'attendait de Mael Lanchaster. Au bout d'une demi-heure, je finis par me demander si le fait de transformer les oreilles de quelqu'un en chou-fleur avait un quelconque intérêt puis je devinais que les jumeaux me faisaient partager leur savoir quelque peu non réglementaire.

Je les remerciai puis les laissai quitter ma chambre pour partir à la recherche d'une mauvaise blague à faire. Je remarquai alors seulement qu'on avait déposé un coffret de bois verni sur ma table de nuit et je l'étudiais avec minutie. Je me décidai à l'ouvrir et y découvris une fine baguette de bois sombre. Je passais avec timidité mes doigts le long du bois veiné et fraîchement ciré. Une baguette magique, finis-je par me convaincre. Mais qui avait bien pu me la faire parvenir alors que je ne possédais pas de pouvoirs magiques ?

Un mot écrit sur une feuille de parchemin mit fin à mes interrogations et je découvris qu'il s'agissait d'Ayn Hawthorne.

Mael,

Je te fais parvenir comme promis ce dont tu auras le plus besoin pour survivre. Cette baguette a appartenu à ta mère et elle l'a conservé tout au long de sa vie jusqu'à ce soir là. Je l'ai récupérée dans les décombres et ai jugé préférable de te la confier. Tu penses ne pas posséder de magie en toi mais je suis persuadé du contraire. Comment Esther aurait-elle pu ne pas transmettre cela à ses enfants ? Peut-être que la magie s'est profondément enfouie en toi mais il ne s'agira alors que de la réveiller. De toute façon, en attendant, tu n'as qu'à prétendre que tu ne peux manipuler ta baguette étant donnée que tu es blessée au bras.

J'espère que la famille Lanchaster t'a fait un bon accueil et que tu ne manques de rien. Je comprends parfaitement que tu te sentes déboussolée par tant de nouveautés mais il ne faut pas t'en inquiéter. Les enfants Lanchaster devraient t'aider à parfaitement t'intégrer une fois à Poudlard. Dumbledore pourvoira à tout, comme il le fait si bien et je ne serai jamais très loin de toi. De toutes façons, je reste toujours auprès de toi pour veiller sur ta sécurité. Ne pense pas non plus être parfaitement sauve car les assassins de ta mère sont toujours présents. Mais plus tard, ils découvriront ta survie, mieux cela voudra pour toi. Crois-moi, ces hommes n'ont aucune pitié et même si certains parmi eux se sont simplement égarés sur de sombres chemins, il est souvent impossible de pardonner à des gens pareils ce qu'ils ont fait. Quoi qu'il arrive, je suis là pour te protéger et je remplirai cette mission jusqu'au bout.

Pour l'instant, si tu as besoin de me parler, il te suffit de penser à moi et d'ouvrir tes pensées.

Ayn Hawthorne

J'abandonnai avec un sentiment de lassitude la lettre sur le rebord du lit et laissai mon corps se détendre sur les couvertures. Cette lettre ne m'avait pas appris grand chose mais n'avait fait qu'apporter encore plus d'interrogations face au mystère que cachait ma mère. Ayn Hawthorne semblait l'avoir connu, cela se sentait à l'intonation que prenaient ses mots lorsqu'il parlait d'elle. Pourtant, elle avait tout abandonné sans que je sache pourquoi et il n'avait apparemment pas été courant de rappeler la disparition d'Esther Sparrow auprès de sa famille, même de sa propre sœur. Les autres propos de mon protecteur me laissaient plus sceptique, surtout ses suppositions concernant ma magie. Si je n'avais eu ne serait-ce qu'une goutte de sang magique, j'aurai pu défendre ma famille ce soir là et ils n'auraient pas connu une fin si atroce et si sanglante. Ma mère avait accepté sa mort d'une façon si désinvolte que cela me troublait maintenant en y repensant. Si elle était une sorcière, pourquoi n'avait-elle rien fait pour se défendre et sauver la vie de son mari et de son fils ? Non, elle s'était laissée assassiner par ses hommes qui y avaient pris du plaisir et elle m'avait laissée, abandonnée, le corps douloureux plongé dans l'herbe noire et humide, les yeux dans les étoiles et les pensées dans les ténèbres alors que ma vie s'écroulait. Pourtant je ne parvenais pas à en vouloir à ma mère. Non, cela m'était impossible. Quoi qu'elle ait pu faire, elle resterait ma mère et je l'aimerai toujours.

Je m'endormis, le visage baigné de larmes et n'entendis même pas quand la cloche retentir pour le dîner.

Le lendemain matin, ce fut le froid qui me réveilla bien avant qu'Emily ne passe toquer à ma porte. Je me redressai et frissonnai, couvert de sueur. L'on n'avait pas pris la peine de faire un feu dans ma chambre et un courant d'air glacé s'échappait de l'âtre. Je sortis de ma chambre et me rendais à la salle de bain, seul endroit où je pouvais encore me permettre d'être Alysse Cleland. L'eau chaude de la douche me revigora et je sentis mes muscles se détendre. Puis devant la glace, je tentais vainement de retrouver celle que j'avais été, il y avait seulement quelques jours, en aplatissant mes cheveux mouillés sur mon front. Le résultat ne fut pas très convaincant et en séchant mes cheveux à l'aide de la serviette, je sentis sous mes doigts la petite marque laissée par la baguette d'Ayn Hawthorne. Je rattachais mes cheveux blonds et jetais un dernier regard avant de sortir. Il était indéniable que je ressemblais à un garçon malgré mes traits fins.

« Tu es très bien, me lança mon reflet dans la glace. Quel tombeur avec ce regard de glace et ses cheveux ! »

La réflexion me vexa quelque peu et je finis par attacher les mèches volantes en un catogan à l'aide d'un ruban noir. Lorsque je descendais en bas, attirée par l'odeur du petit déjeuner, je tombai sur John qui descendait avec précipitation les escaliers. Il me bouscula puis s'arrêta avant d'empoigner mon bras valide.

« Ha, te voilà ! Je me demandais où tu étais passé. On t'attend pour déjeuner. Il faut se dépêcher, le train part à onze heures. »

L'agitation dont était victime John semblait avoir envahi chaque habitant de cette maison sauf peut-être les jumeaux qui gardaient un flegme non feint envers ce que pouvait leur déclarer leur mère. Après un rapide petit déjeuner, John vint dans la chambre et m'aida à boucler mes valises, ce qui m'aurait pris du temps avec mon bras. Je sortis ma baguette et la glissai à la taille comme je l'ai souvent vu faire depuis mon arrivée.

« C'est étonnant ce que tu t'habitues vite, remarqua-t-il. »

Sa remarque me fit un petit peu peur et je me retournai vers lui.

« C'est comme si tu avais été toujours là. »

« Ha, d'accord. »

« Dis-moi, est ce que tu jouais au Quidditch lorsque tu étais en Irlande ? »

Je restai d'abord sans bouger puis lanças un vague regarde en biais à mon cousin.

« Tu sais depuis mon accident… Avec mon bras… »

Je fis une petite grimace et il acquiesça de la tête.

« Ne t'en fait pas pour cela, si tu es à Serdaigle, je pourrais m'arranger pour que tu ais une place. »

John dut prendre mon étonnement pour un remerciement car il descendit ma valise et m'assura qu'un poste de poursuiveur serait libre cette année. Je restai en haut des marches sans bouger et bouche bée quand je me rendis compte de ce que je venais de dire. Je n'étais au grand jamais montée sur un balai volant, à la maison, on s'en servait seulement pour nettoyer ou dans mes lointains souvenirs comme cheval lors de nos jeux à mon frère et à moi. John avait compris que je jouais au Quidditch avant mon accident et allait s'arranger pour me faire une place. Mon estomac s'alourdit dangereusement et je ne réagis pas quand Ann me bouscula. Je lui lançai un coup d'œil auquel elle répondit d'un regard torve.

« Tu ne peux pas avancer ! Non mais… Papa a vraiment raison quand il dit que ces Irlandais sont des… »

La fin de sa phrase se perdit et je ne pris pas la peine de la rattraper malgré l'irritation que sa remarque venait de réveiller en moi. En effet, mon père était irlandais mais je ne voyais absolument pas en quoi cela était un mal. J'avais toujours vécu en Angleterre sans qu'on ne me face de telles remarques si désobligeantes. Je ne savais pas ce qu'on reprochait à ma mère pour que son souvenir ait un tel traitement mais je ne comptais pas rester longtemps dans cette maison pour recevoir la même chose. Je me sentis alors bien contente de partir même si c'était pour me retrouver dans un endroit encore pire.

Dans l'entrée alors que nous nous préparions à partir, Nathaniel demanda à sa mère si nous nous rendions à la gare en voiture. Madame Lanchaster soupira et fit non de la tête.

« Nous ne tiendrions jamais tous dedans. Et de toutes façons, je n'ai jamais aimé ce moyen de transport moldu. »

Je me renfrognais en entendant les gens de mon espèce se voir traiter de la sorte, ce à quoi personne ne prêta attention. Nous nous retrouvâmes sur le trottoir devant la grande propriété et Eliza Lanchaster agita sa baguette comme pour appeler quelque chose d'invisible. Il y eut alors un craquement sonore et dans un nuage de fumée opaque et à mon grand étonnement, un bus violet à double impérial se trouvait devant nous. Un jeune homme au visage ravagé par l'acné se présenta à nous et hissa nos bagages à l'intérieur tandis que ma tante payait les billets.

« Voilà, cinq tickets. Tiens, il est à vous aussi, celui-là, demanda le chauffeur en soulevant sa casquette dans la direction. »

« Non, répondit froidement Eliza Lanchaster. Il s'agit de mon neveu. »

« Enchanté, fiston, me répondit l'homme en écrasant son mégot de cigarette avant de démarrer brutalement. »

Je compris alors pourquoi John, Keith et Nathaniel s'étaient aussitôt assis les uns à côté des autres et je me dépêchais de les rejoindre. Dans un virage brutal, Keith m'empoigna le bras pour ne pas tomber de sa place. Les chaos du voyage ne semblaient pas réussir à beaucoup de voyageurs car on entendit rapidement des plaintes et des gémissements. Au bout d'une demi-heure, après avoir déposé quelqu'un près d'Oxford puis pris une petite vielle accompagnée d'une chouette posée sur son épaule vers Bristol, nous nous dirigeâmes enfin vers Londres.

Arrivés à la gare de King Cross, je me contentai de traîner ma valise sur le quai en attendant patiemment de voir un grand rassemblement de jeunes de notre acabit. Pourtant nous ne croisâmes que des gens tout à fait normaux et je commençai à avoir des doutes quand John s'arrêta devant un mur de briques et s'évanouit comme par magie au travers. Keith me précéda et je me retrouvai en sa compagnie sur le quai 9 ¾. Je n'aurai jamais cru une chose possible mais un panneau d'affichage indiquait bien que le Poudlard Express partait dans moins de 7 minutes.

Etre alignés tous les quatre était presque comique et Eliza Lanchaster embrassa ses enfants chacun leur tour en recommandant aux jumeaux de ne pas faire de bêtises. Lorsqu'elle fut devant moi, elle se redressa de toute sa hauteur et je la sentis mal à l'aise. Heureusement, le sifflet du chef de gare nous rappella à l'ordre et nous nous serrâmes simplement la main avant de rejoindre les derniers voyageurs dans le wagon qui se présentait à nous. Nos bagages encombrants nous empêchaient d'avancer avec aisance dans le couloir et la plupart des compartiments étaient déjà pleins. John nous abandonna pour changer de wagons et rejoindre ses amis. Nous finîmes par pousser la porte d'un compartiment d'où de joyeux éclats de voix résonnaient.

« Enfin, les voilà ! »

« Tu ne croyais tout de même pas qu'on allait manquer le voyage, répliqua Keith avec malice. »

Je remarquai que trois personnes occupaient déjà le compartiment et je me sentis un peu gênée d'imposer ma présence. Pourtant, l'un des garçons se leva et empoigna ma valise en voyant l'état pitoyable dans lequel je me présentais. Nous nous assîmes et je me retrouvai entre Nathaniel et une jeune fille aux cheveux courts et noirs plaqués contre ses tempes. Je lui lançai un timide sourire mais elle ne me le rendit pas. Vint alors l'obligation des présentations alors que tous les regards se tournaient vers moi.

« Va s'y, m'encouragea Nathaniel en sortant de son sac quelques confiseries. »

« Et bien, je m'appelle Mael Lanchaster et je suis le cousin de Keith et Nath. »

« Tu entres à Poudlard, tu es pourtant plutôt âgé, non ? »

La question venait d'un jeune homme aux cheveux en bataille et blond comme les blés. Il me dévisagea par-dessus ses lunettes et je m'empressais de lui répondre.

« Avant, je vivais en Irlande et mes parents ont fini par se décider à m'envoyer poursuivre mes études à Poudlard. »

« Tu rentres donc en quelle année ? »

« Mael rentre en troisième année. »

Keith venait de me sauver la vie car je n'aurais pas su quoi répondre à la question. Chacun se présenta à moi et je tachais de faire de mon mieux pour retenir chaque nom. La jeune fille assise à mes côtés qui n'avait pas encore parlé et affichait un air assez froid s'appelait Flavy Oswald. Le jeune homme blond aux lunettes était Chass Cooper tandis que son voisin, un jeune homme assez petit aux yeux couleur de charbon se dénommait Denis Stern. Je tentais tant bien que mal de suivre les diverses conversations et me rendis rapidement compte des différences de caractères qui régnaient parmi eux. Chass Cooper parlait avec lenteur et finit par se plonger dans la lecture d'un livre de métamorphose quand on changea de sujet. Un peu taciturne et du genre intellectuel sans doute, il paraissait réfléchi et devait freiner les dérives houleuses qui emportaient parfois le petit groupe au-delà des limites du règlement.

Denis Stern était un bon vivant dont la carrure laissait supposer qu'il effectuait de nombreuses heures de sport, ce sur quoi je ne me trompais pas en apprenant qu'il jouait au poste de poursuiveur de Quidditch dans l'équipe de Poufssouffle. Il me demanda si je pensais intégrer une équipe sachant que des postes se seraient libérés à la rentrée. Je ne voulais pas tomber dans le même piège qu'avec John mais ne put finir ma phrase car Nathaniel répondit à ma place.

« John m'a dit qu'il lui trouverait un poste assez aisément s'il intégrait Serdaigle. »

« J'espère que tu n'es pas si doué que le prétend Nath', Mael, sinon l'équipe de Serdaigle finira par devenir imbattable, me déclara Denis. »

« Tu parles, ce n'est pas parce qu'ils ont gagné la coupe l'an passé que cela va se reproduire cette année. »

Nathaniel et Denis se mirent à arguer l'un contre l'autre et j'abandonnai à nouveau tout espoir de pouvoir passer inaperçue, à moins de conserver mon bandage tout au long de l'année (je n'y tenais pas particulièrement même si cela était plus aisé pour expliquer mon incapacité magique).

Brusquement la porte du compartiment s'ouvrit et un jeune homme coiffé en brosse pénétra dedans, le souffle court et les joues enflammées. Chacun abandonna alors brutalement ses occupations et nous le dévisageâmes tous avec une certaine angoisse, même moi qui pour ma part, ignorais totalement de qui il s'agissait.

« Les serp… les serpentards… Ils sont après moi. »

Il se laissa alors tomber dans le siège le plus proche de lui et tenta de reprendre son souffle. Mes camarades se lancèrent des regards sous-entendus avant que Nathaniel pousse un juron retentissant.

« Merde alors, il ne manquait plus que ça pour commencer l'année ! »

« Silence ! »

La voix de Flavy résonna et tous se turent alors que la porte s'ouvrait pour laisser apparaître un groupe d'élèves aux mines peu avenantes : trois garçons et une fille. En les voyant ainsi, décontracté, les bras croisés sur la poitrine ou les mains fourrées dans les poches, je n'arrivai pas à comprendre comment ils avaient pu effrayer le nouveau venu. Mais je me rendis rapidement compte de mon erreur. Celui qui se tenait au premier plan paraissait tout à fait à son aise et nous toisait de haut. Une mèche de cheveux bruns cachait son œil droit mais il nous fixait d'un regard méprisant et suffisant. Il tordit sa bouche avec mépris avant de nous parler.

« Alors, Sullivan, tu es obligé d'aller rejoindre tes petits amis pour te sentir en sécurité ? »

Son voisin venait de parler : un jeune homme de petite taille au visage sévère. Il serrait les mâchoires et lâchait ses mots avec rapidité. Je remarquais qu'une longue cicatrice défigurait sa joue gauche, trois profondes marques rectilignes. Je préférai ne pas savoir comment il s'était fait cela. Celui qui paraissait être leur chef reprit aussitôt la parole.

« On se demande bien ce que tu leur trouves… Entre deux clowns pitoyables, un coincé d'intello, un insignifiant joueur de Quidditch qui ne sait que faire perdre son équipe et j'oubliais… Le meilleur pour la fin, une traître à son sang ! »

Chacun de nous venait de se faire insulter avec humeur et je vis mes nouveaux camarades réagir différemment. Mes deux cousins durent se retenir de ne pas se lever pour en découdre avec les serpentards, Chass Cooper resta imperturbable, seul son livre glissa sur ses genoux. Denis Stern déglutit bruyamment en entendant narré ses exploits sportifs et enfin, Flavy Oswald pointa son regard froid sur celui qui venait de la traiter de traître.

« Tu crois vraiment que tu nous impressionnes, Ringler, avec ta petite troupe ? »

Sa voix était aussi gelée qu'un torrent et je vis le dénommé Ringler perdre contenance devant les propos de Flavy.

« Tu te sens concernée, Oswald ? Il faut dire, je serai toi, je m'inquiéterai un peu pour moi étant donné qui tu fréquentes… Quand on a un nom comme le tien, on lui fait honneur. »

« Je te conseille de laisser mon nom tranquille. »

Je vis la jeune fille fit apparaître sa baguette qu'elle fit tournoyer entre ses doigts avant de la diriger vers son interlocuteur. Le troisième jeune homme, le plus grand de tous, se redressa et passa devant Ringler. Il était blond coiffé en brosse et son regard bleu nous enveloppa avec étonnement.

« Je ne pense pas que la violence soit une solution, Oswald, déclara t'il sans aucune intonation dans la voix. »

Quelques instants de silence régnèrent dans le compartiment avant que j'attire enfin l'attention, à ma grande désapprobation. J'avais compris que nos opposants n'étaient pas du genre tendres et je ne tenais pas particulièrement à me faire remarquer.

« Tiens, il me semble que tu as oublié quelqu'un, Neil. Regarde ! »

La jeune fille pendue au bras de Neil Ringler me désigna d'un geste de la tête et je vis tous les regards se tourner vers moi.

« Et bien, encore un nouveau pour le club des nuls, ajouta Stanley Vebel, le jeune homme à la cicatrice. »

« Pourtant, il est bien mignon pour les fréquenter, rétorqua la jeune fille en entortillant avec malice une mèche de ses cheveux roux. »

« Qui es-tu, je ne t'ai jamais vu à Poudlard, le nouveau, me demanda froidement Neil. »

« Je m'appelle Mael Lanchaster et je rentre à Poudlard en troisième année. »

« Enchanté de te connaître. Mais je suppose que tu as malheureusement un lien de parenté avec les deux idiots derrière toi ? »

Je me sentis envahie par une vague de frissons en réalisant combien Ringler s'adressait à moi avec hauteur et snobisme. Je ne pus m'empêcher de le remettre à sa place.

« Ce sont mes cousins et je te déconseille à l'avenir de les traiter de quoi que ce soit. C'est aussi valable pour leurs camarades. »

« Tiens, des menaces… »

Neil Ringler ne s'attendait visiblement pas à ce que je lui réponde et il fronça un sourcil en me répondant.

« Très bien, Lanchaster, je vais m'arrêter là pour aujourd'hui avec toi. Tu as l'air d'être quelqu'un d'intéressant, contrairement à tous ses imbéciles. Si tu te retrouves à Serpentard, nous pourrions nous entendre. Mais je t'avise que si jamais le cas contraire se présentait, je ne pense pas que tu puisses faire grand chose pour te rattraper. Penses à ton bras car il pourrait t'arriver bien pire… »

Il claqua la porte et la tension croissante qui était montée jusqu'à maintenant retomba brusquement. Mon dos se détendit et je m'affalai dans la mollesse du dossier rembourré. Le soupir que je poussai me parut bien mérité et en ouvrant les yeux, je remarquai que chacun avait tourné son visage vers moi mais n'affichait pas la même humeur.

« Fantastique, Mael ! Je suis fière que tu sois mon cousin, rétorqua Keith en me collant une grande claque dans le dos qui me fit faire une immonde grimace. »

« Tu lui as bien fermé son bec en tout cas, ajouta Nathaniel avec bonne humeur. »

Le nouveau venu qui s'appelait Scott Sullivan me remercia pour mon intervention en jurant qu'il n'aurait pas fait mieux. Je voilai un demi-sourire en repensant à son air catastrophé lorsqu'il avait débarqué, les serpentards aux trousses. Mais la bonne humeur retomba rapidement quand je vis l'air qu'affichaient Chass Cooper et ma voisine, Flavy Oswald.

« Tu n'aurais pas du faire ça, me répondit le jeune homme. »

« J'espère que tu étais sûr de ce que tu affirmais, Mael, car je te préviens, ce n'était pas de la rigolade. Ces gens là ne sont pas des frimeurs. »

Je regardai encore une fois son visage sans expression.

« Je peux te poser une question, pourquoi parlaient-ils de traître tout à l'heure ? »

« Et bien… »

Je la vis faire une petite moue avant de se décider à me répondre.

« Parce que je les suis pas. En tant que serpentard, je devrai plutôt rester avec les gens de ma maison, ce qui n'est pas le cas. »

« Il faut dire que les serpentards ne sont pas particulièrement… »

« je te conseille d'arrêter là ton commentaire, déclara Flavy en foudroyant Denis d'un regard sombre. »

Je ne cherchai pas à en savoir plus mais compris rapidement que le petit groupe avec lequel je me trouvais était ce qu'il y avait de plus hétéroclite. Mes deux cousins étaient à Gryffondor ainsi que Scott Sullivan, le peureux. Chass Cooper était à Serdaigle et Denis Stern à Poufsouffle. Je me disais que j'aurai donc la chance de me retrouver avec quelqu'un que je connaissais, quelque soit la maison dans laquelle on m'enverrait. Cependant, Serpentard me paraissait quelque peu une mauvaise solution étant donnée l'inamitié que je venais de récolter envers Ringler et sa bande.

Une heure plus tard, le train arriva en gare et je descendis en suivant Nathaniel et Keith qui étaient pressés de trouver une place dans une des calèches. Je suivais la foule dans la nuit qui tombait et marmonnai contre la pluie qui s'était mise à tomber dès notre arrivée. Sur le quai, j'avais aperçu une gigantesque silhouette qui appelait avec force les premières années. De mon côté, je ne savais pas quoi faire et je décidais donc de suivre mes cousins, ce qui me parut bien plus prudent comme solution. Alors que nous avancions dans la boue pour rejoindre une des calèches, je m'arrêtais brutalement en voyant les chevaux qui les tiraient. L'un d'eux dirigea son regard d'opale vers moi et je me sentis mal à l'aise en voyant ses orbites blanches me fixer désespérément. Son pelage était noir luisant et deux grandes ailes comme celles des chauves-souris étaient repliées sur son flanc. Je restai sans bouger, immobile et hypnotisée, parcourue d'un tremblement. Alors que je pensais devoir rester prostrée ainsi durant une éternité, à jamais, on me bouscula avec violence et Flavy me rattrapa pour m'empêcher de tomber. Son regard vert me fixa ave inquiétude avant de me demander comment je me sentais.

« Mael tu te sens bien, tu avais l'air tout à fait mal. Comme si tu revivais quelque chose, tu étais atone, debout, les yeux hagards. »

« Tout va bien, je t'assure. J'ai simplement un peu mal à mon bras. »

Et ce n'était pas un mensonge. La bousculade que je venais de subir m'avait quelque peu désorientée et je m'étais cognée le bras dans quelqu'un. Flavy se redressa puis me posa une main sur l'épaule.

« Est-ce… Est-ce que tu les vois ? »

Sa voix tremblait un peu et je me demandai de quoi elle parlait. Je bredouillais vaguement.

« Les chevaux, Mael ? Tu peux les voir, n'est ce pas ? »

« Bien sûr, répondis-je en me demandant pour quel fou je ne passais pas encore. »

« Ca doit être récent pour que cela te fasse un tel effet, désolée. Toutes me condoléances. »

Je ne compris rien au sens de ses paroles et elle m'entraîna aussitôt sur le marche-pied avant que la calèche ne s'en aille sans nous. Nous restâmes silencieux pendant tout le trajet et je me contentais de regarder avec étonnement la campagne environnante et découvris la haute silhouette d'un château aux tours élancés vers le ciel. Cette vision fantomatique disparut rapidement pour être remplacée par les sous-bois touffus d'une obscure forêt. Les bosquets plongés dans les ténèbres et les troncs d'arbres perdus dans des nappes de brume défilèrent avant que le cahot de la route se fît plus doux. Nous passâmes une haute grille entourée de statues de sangliers ailés.

« Nous voilà à Poudlard, déclara avec joie Keith. »

Je me demandai alors si je partageai son sentiment.

On nous fit rapidement entrer dans un vaste hall et je me tordis le cou en tentant d'admirer toutes les statues de marbre et les tapisseries multicolores suspendues aux murs de pierre. La décoration était des plus surprenantes tout comme le bâtiment. A ma grande surprise, des fantômes traversèrent les murs et je sursautai en sentant l'un d'eux, une jeune femme vêtue d'une crinoline, me frôler. Keith commençait à m'expliquer certains détails quand son nom retentit.

« Lanchaster, cria quelqu'un dans la foule. »

Nathaniel agita son bras pour diriger celui qui nous appelait et un jeune homme assez gros et essoufflé apparut. Ses petits yeux étaient surlignés de deux minces sourcils tandis qu'il avait coiffé avec application ses cheveux le long d'une raie sur le côté. Il nous regarda tous les trois et finit par arrêter son regard sur moi.

« C'est toi, Mael Lanchaster ? »

J'acquiesçais en me demandant ce qu'on me voulait encore.

« Le directeur m'a demandé de t'amener à son bureau. Il souhaiterait te parler. »

Je suivis donc le gros jeune homme et demandai pardon au moins une bonne dizaine de fois avant de me pouvoir me faufiler dans l'assistance. Je jetai un regard en arrière pour voir une dernière fois Keith et Nathaniel mais m'aperçut qu'ils venaient de pénétrer dans une grande salle. Je me détournai donc d'eux et suivis le jeune homme à travers les couloirs.

« Je m'appelle Hank Barley et je suis préfet en chef. »

Je lui demandai en quoi cela consistait et il m'expliqua son rôle. Deux préfets se trouvaient dans chaque maison et deux préfets en chef géraient le tout. Ils servaient d'intermédiaire entre les élèves et les professeurs. Je l'entendais souffler profondément entre chacune de ses phrases mais m'appliquais à écouter chacun des détails qu'il me confiait, pour parfaire ma connaissance du fonctionnement des lieux. Un tableau s'adressa à nous mais nous l'ignorâmes, ce qui le fit nous jeter un tas d'adjectifs à la tête.

Nous arrivâmes enfin devant une grande sculpture hideuse et j'entendis Hank murmurer quelques mots avant qu'un grincement retentisse. La statue s'écarta du mur et un escalier en colimaçon apparut à notre portée. Nous le prîmes et le jeune homme m'abandonna devant une grande porte de chêne après avoir toqué et m'avoir saluée. J'attendais avec une relative angoisse car je ne savais pas ce qu'on me voulait.

La porte s'ouvrit enfin et le vieil homme que j'avais vu à l'hôpital apparut, vêtu d'une longue robe bleue dorée. Il me salua et m'invita à pénétrer dans l'étrange pièce. Tout semblait frémir dans la pièce et j'observais des quantités de livres posés sur des étagères, d'étranges objets d'argent disposés dans des vitrines et une dizaine de portraits accrochés au mur derrière le bureau. L'un d'eux toussota et Dumbledore m'adressa enfin la parole.

« Et bien, Mael, te voilà enfin parmi nous ! J'espère que tu as fait bon voyage… »

Je l'en assurais et attendais qu'il me pose d'autres questions. Il se retourna et saisit un tas de tissu de sur son bureau. Je me demandais bien à quoi cela allait lui servir mais restais sans bouger.

« Je t'ai fait venir ici pour t'expliquer certaines choses mais nous n'avons malheureusement que peu de temps devant nous. Tes camarades nous attendent déjà avec impatience, j'en suis sûr. Je vais procéder à ta répartition parmi l'une des quatre maisons de Poudlard où tu seras désormais élève. Ceci est le choixpeau de Poudlard, il décidera dans quelle maison tu devras aller. »

Je regardai avec méfiance le tas de tissu et il me demanda de l'enfiler sur ma tête, ce que je fis. Les rebords me tombaient sur les yeux et je ne voyais rien du tout. Soudain, quelque chose envahit mon esprit et je frissonnai en sentant cette chose inspecter mon esprit. Enfin, une petite voix se mit à me parler, de la même façon que celle d'Ayn Hawthorne.

Qu'est ce que c'est que… Mais … Dis donc, de qui te moques… Ha non, je n'ai rien dit… Ta magie est cachée bien profondément pour quelqu'un de si jeune… Etonnant…

Je sentis la chose s'himisser un peu plus en moi.

Je vois que la vie n'est pas très tendre avec toi depuis quelques temps… Mais c'est ce qu'apportent les secrets trop longtemps enfouis… Je vois une envie de vengeance, un désir de comprendre mais tu sembles quelque peu perdu… Tiens, quelle est cette chose… Hum, cela ne t'appartient pas… Décidément, tu dois être quelque peu particulière pour qu'on t'ait imposée une flamme.

Je frémis en réalisant que cette chose venait de percer ma réelle identité au grand jour.

Allons… Ce que tu prétends être ne m'importe que peu… L'important, c'est ce que tu es et ce que tu veux devenir… Mais bon, on n'avance pas beaucoup… J'hésite… Tu pourrais être très bien à Serpentard… Après tout, cette noirceur que je décèle en toi… mais bon… il y a d'autres choses tout aussi intéressantes… si ce n'est plus… Et je ne voudrais pas être responsable de ce que tu pourrais faire là bas…

Le monologue me paraissait durer depuis plusieurs minutes quand le choixpeau fit enfin son travail.

« Gryffondor ! »

J'ôtai avec maladresse le vieux bout de tissu rapiécé et le tendis au directeur dont le regard pétillait.

« Et bien, tu as dû lui demander pas mal de travail… Bien, puisque le choix est fait ! Le mieux est que tu te rendes dans ton dortoir. Un elfe de maison viendra t'apporter de quoi te restaurer. »

Il me fit sortir et il héla un fantôme pour lui demander de m'accompagner à la tour de Gryffondor. Dumbledore disparut dans un éclair et je n'eus bientôt d'autre choix que de suivre l'homme translucide qui se baladait devant moi. Sa fraise était tachée de sang et il se mit à me poser un tas de questions auxquelles j'essayais de répondre de mon mieux. Dix minutes plus tard, nous nous arrêtâmes devant le tableau d'une dame toute vêtue de soie rose.

« Mot de passe, s'il vous plait ? »

« Perlimpinin, déclara Nick avec un calme non fin. »

Il me salua et le tableau bascula pour m'inviter à pénétrer dans la pièce. A ma grande surprise, je me trouvais dans une agréable pièce aux couleurs chaudes, rouges chamoirés et or. Une haute flambée brûlait dans la grande cheminée. Mes camarades et mes cousins devaient donc dîner en bas. Je me demandai pourquoi Dumbledore ne m'avait pas autorisée à dîner en leur compagnie quand un être de couleur verte apparut devant moi. Ses grandes oreilles pointues s'agitaient sur le sommet de son crâne et il n'était vêtu que d'un torchon.

« Monsieur le directeur m'a demandé de vous apporter ceci. »

A ces mots, il claqua des doigts et un plateau au contenu appétissant apparut sur unes des tables. Je le remerciai puis il disparut dans un crépitement d'étincelles. Tout ce que j'avais déjà vu d'anormal aujourd'hui me suffisait et je décidai donc de ne pas y prêter attention. Je m'attablai et dégustai avec joie la viande savoureuse et les pommes de terre qui l'accompagnaient. A la fin de mon repas, le plateau d'argent disparut et je partis en quête de ma chambre. Après quelques infructueuses recherches, je découvris qu'on avait apporté ma malle dans une grande chambre où quatre lits à baldaquins trônaient. Je me laissais tomber sur celui qu'on m'avait attribué et sans plus chercher à réfléchir à tout ce qui venait de m'arriver, je tombai dans un sommeil sans rêve.

fin du chapitre 4