Youpi, c'est les vacances et les fêtes de fin d'année ! Pas de tout repos car il va malheureusement falloir échapper à l'immonde bûche de Noël et à l'inévitable dîner de famille (sans compter les longues heures passées dans les bouchons) ! Toutefois, pensez que vous n'êtes pas tout seul à souffrir, notre héroïne a elle aussi fort à faire !

Il paraît que les auteurs n'ont plus le droit de répondre à leurs lecteurs (stupide comme règle…) mais tant que je n'aurais pas trouvé le soit-disant truc de ff pour vous répondre, je continuerai d'enfreindre les lois !

Maelys : Hum hum, une petite maligne ! A propos de Matthew, je peux juste dire que celui qui était le frère d'Alysse est mort … pour une bonne raison que je ne vais tout de même pas révéler ! Continue à lire et je ferai en sorte d'en dire un peu plus d'ici peu.

Beru ou bloub : Merci encore d'avoir corrigé si rapidement ce chapitre ! Je ne sais toujours pas trop où je vais et je crois fort que je vais laisser cette histoire prendre la taille qu'elle veut !

Mooonz : Merci pour la review mais je ne suis moi-même pas adepte de la série-super-passionante-qui-au-bout-du-37°-tome reprend toujours les mêmes trucs et fait traîner l'histoire en longueur. A réfléchir encore un peu alors !

Morcroc : Le rythme tente tant bien que mal de se maintenir . Alysse a tendance à s'étonner de tout et à contempler tout ce qui se trouve sur son passage mais on ne peut pas lui en vouloir ! Pour l'intrigue, sache juste que tu n'es pas au bout de tes surprises. Simple indice, les apparences sont parfois plus que trompeuses…

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Titre : L'enfant de la brume.

Auteur : Elizabeth.

Spoilers : les QUATRE premiers tomes seulement.

Disclamer : Tout ce que vous allez lire ne m'appartient pas (sauf peut-être l'histoire, ce qui n'est que peu de choses). Ayant décidé d'écrire sur le monde d'Harry Potter, je tiens à préciser qu'il appartient à l'écrivain J.K Rowlling. Je ne touche donc aucun droit d'auteur et le travail que je fournis n'est pas dans un but lucratif.

Avertissement : PG-13 (pour les idées développées dans l'histoire, les scènes de violences et autres).

Résumé du chapitre précédent : Quel n'a pas été mon malaise et mon quand j'ai découvert dans les journaux qu'on parlait activement du massacre de ma famille, décrite comme de simples moldus. Encore troublée par le souvenir, j'ai fait la connaissance de notre professeur de défense contre les forces du mal qui n'est autre que Ayn Hawthorne. Je vais finir par croire que cet homme me suit à la trace : il a même réussi à me faire accepter de travailler la magie en sa compagnie (le lien qui nous unit me permet également de puiser dans ses ressources magiques) et de m'apprendre à voler sur un balai en vue des qualifications de Quidditch. Par curiosité, j'ai fouillé la bibliothèque et découvert que ma mère avait fait ses études à Serpentard, maison apparemment néfaste et exécrable aux grands dires de la plupart des sorciers qui m'en ont parlé (surtout ma tante). Et notre petite rencontre tardive avec les serpentards de troisième année ne m'encourage pas cependant à en penser grand bien !

Rappel des personnages évoqués dans ce chapitre :


Cleland Mark : Mon père mort assassiné par d'étranges hommes vêtus de noir qui ont détruit notre maison.
Sparrow Esther : Ma mère que je croyais connaître. Son nom de jeune fille est Sparrow et c'était une sorcière qui a décidé de fuir sa famille et son passé attaché au monde de la magie. Elle est morte assassinée sous mes yeux.
Cleland Matthew : Mon grand frère qui est mort lors de l'attaque de notre maison.

Lanchaster Eliza: La sœur de ma mère qui a accepté de me recueillir.
Hawthorne Ayn: Cet homme est devenu mon protecteur en se liant avec moi par la magie. Il est ma flamme et semble étrangement au courant du passé de ma mère.

Lanchaster Keith et Nathaniel: Mes cousins. Ce sont deux jumeaux particulièrement doués pour les farces de mauvais goût mais ils sont sympathiques. Ils sont en troisième année à Gryffondor.
Sullivan Scott: Gryffondor de troisième année et poursuiveur. Un des camarades de mes cousins qui préfère faire profil bas devant tout le monde. Je n'en sais pas trop sur lui.

Cooper Chass : Serdaigle de troisième année. Toujours le nez dans un bouquin, il remet les pieds sur terre du petit groupe et donne des conseils fort avisés que je ferais mieux de suivre.

Stern Denis : Poufsouffle en troisième année et se trouve être le frère de la préfète de Gryffondor mais ça ne l'empêche pas de traîner avec mes cousins. Franc et sympathique, sa grande passion est le Quidditch car poursuiveur dans son équipe !
Oswald Flavy : Bien qu'elle soit à Serpentard en troisième année, c'est une des camarades de notre groupe. Froide et silencieuse, quand elle dégaine (que ça soit sa baguette ou sa langue), ça fait mal et elle ne rigole pas. Ceux de sa maison la rejettent à cause de ses fréquentations mais semblent tout de même lui témoigner un certain respect qui serait dû à son nom de famille.

Lanchaster John: L'aîné des enfants Lanchaster en cinquième année à Serdaigle. Gentil mais un peu suffisant.
Stern Emily : Préfète de gryffondor, elle est en cinquième année. Son frère traîne avec nous et elle semble plutôt sympathique.
Faulkner Eliane : Une des amies de John avec qui j'ai fait la connaissance. Elle semble plutôt m'apprécier.

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Chapitre 7 : L'OUBLIÉ DE L'OMBRE.

Le souaffle me passa entre les mains et je me penchai avec une relative frayeur vers le bas. Le manche de mon balai se mit à trembler et mes mains se crispèrent sur le bois vernis et un peu usagé. A mon grand damne, mes cheveux se glissaient devant mon regard et je dus plusieurs fois les replaquer nerveusement dernière mes oreilles, manquant ainsi plusieurs fois de perdre la balle. Mon bras gauche se tendit et réceptionna la lourde balle rouge sombre alors que je m'essoufflai toujours plus. Je me redressai sur mon balai un peu mal à l'aise et me souvins alors que mon objectif n'était autre que de faire passer cette maudite balle de cuir dans le cerceau qui se trouvait à l'autre bout du terrain. Ma cape claqua dans mon dos et un souffle de vent embrassa mon visage alors que je tendais tout mon corps vers l'avant. Le souaffle s'échappa de mes mains et une vague d'angoisse m'envahit alors que mes yeux se fixaient avec appréhension sur le cerceau de métal. La balle effleura d'un bruit sonore le but et mon bras arrêta enfin de trembler. Un sifflement retentit derrière moi et John apparut à mes côtés, la tête penchée comme pour évaluer mon tir. Ses yeux s'agitèrent derrière ses lunettes et je le vis faire une petite moue avant de me déclarer que ce n'était pas trop mal.

Apparemment, mes exceptionnelles capacités qu'il avait clamées auprès de la moitié de Poudlard et qui n'étaient en réalité que pures élucubrations, ne lui paraissaient pas si horribles que je l'avais redouté. En effet, je n'étais montée que la veille au soir sur un balai magique pour la première fois de ma vie.

Après m'être discrètement absentée de la bruyante compagnie de mes deux cousins qui lançaient un nouveau concours dans la salle commune de Gryffondor à la grande consternation d'Emily Stern, j'avais rejoint à petits pas le stade de Quidditch où mon professeur m'avait donnée rendez-vous. Mon écharpe resserrée autour de mon cou ne m'empêchait pas de souffler d'épais nuages de buée et je rabattis donc le pan de ma cape sur mes épaules pour ne pas prendre froid. Autour de moi, les ténèbres se mariaient au scintillement discret de quelques étoiles que masquaient par moments de lourds nuages bas. Tout était silencieux et c'est avec appréhension que je me glissais dans les gradins du stade. Le battant d'un siège craqua à quelques pas de moi et je vis une silhouette se lever dans les ombres environnantes. Bien malgré moi, je n'avais rien pour m'éclairer (ma soi-disant magie toujours bien profondément camouflée en moi) et j'avais repoussé l'idée de prendre une lanterne pour me guider. La lueur aurait été trop visible et c'était donc avec un peu d'angoisse que je m'étais faufilée jusqu'ici.

« Je vois que vous êtes à l'heure, Mael. »

« Oui, répondis-je simplement. »

Mon professeur s'approcha de moi et fit apparaître une petite sphère de lumière qui nous éclaira faiblement. Sur son visage pâle se mouvaient des ombres fuyantes et je vis ses yeux se cacher derrière quelques mèches de cheveux blonds. Je plissais les yeux et tentais vainement d'attraper son regard brumeux. Ayn Hawthorne paraissait bien cacher ses secrets et je me demandais toujours quelles avaient été ses relations avec ma mère. D'où l'avait-il connue et pourquoi se refusait-il à me parler d'elle ? Même si le cadre de notre relation ne devait pas en apparence dépasser celle d'un professeur de défense contre les forces du mal et d'un piètre élève peu doué en cette matière, il m'avait liée à son esprit et peut-être bien plus. Je tendis donc instinctivement mon esprit vers lui et sentis aussitôt que j'allais me perdre dans un maelström d'idées qui fusaient rapidement devant moi. Tout à coup, une barrière se dressa et je clignais des yeux comme pour la chasser. Je remarquai alors que l'homme avait posé fermement sa main sur mon épaule et je compris que si je n'étais pas plus discrète, je ne parviendrais jamais à tirer profit de la situation. Et pourtant, j'avais compris que mes chances de pénétrer son esprit étaient relativement réduites (pour ne pas dire nulles) à moins de profiter d'un instant d'inattention.

L'homme me tendit alors le manche verni et poisseux d'un balai que j'essuyais à l'aide de ma cape avant de le soupeser. Tous ses gestes me paraissaient étonnants et j'observais avec une attention toute particulière les joncs qui formaient la fin de l'objet. Quelques-uns dépassaient et je tiquai. Je me demandais bien comment ce vieux balai allait pouvoir me faire voler sans que je me retrouve par terre. Ayn Hawthorne me fit un petit signe de la main et nous descendîmes dans un silence glacé le long des petites marches de bois. Je m'avançai donc sur la pelouse, sombre tapis verdoyant à mes pieds, alors que la petite lumière dansait presque autour de ma tête. L'appréhension se fit plus palpable et ma gorge se noua comme si une boule m'empêchait de respirer. Mes paupières papillonnèrent et je chassai d'un geste vain la petite lumière scintillante qui s'échappa devant moi pour venir me narguer de nouveau quelques instants après.

« Tenez-vous sur vos deux pieds, Mael et laissez votre balai à terre le long de votre corps. »

Je m'exécutai alors que l'homme croisait les bras sur sa poitrine. Je le sentais tout aussi tendu que moi et sa joue tiqua en faisant apparaître un peu plus sa cicatrice. J'étais débout, les bras ballants dans le vide et très certainement un air niais sur le visage. Je tournai mon regard vers mon professeur qui me demanda d'éteindre mon bras au-dessus de mon balai et de lui demander se lever. Décidément, moi qui m'étais promis de ne plus m'étonner de rien ! Je déclaras mon ordre à voix haute et sentis aussitôt quelque chose tirailler au fond de moi. A travers mon esprit, je vis un pont invisible s'établir entre l'homme et moi-même. Un frisson me parcourut et je vis le balai bondir dans ma main avec une rage presque furibonde et il manqua d'ailleurs de m'échapper pour s'envoler dans les airs. Sous les commandes de mon professeur, j'enfourchai le balai d'un geste malhabile alors que ma cape me gênait plutôt qu'autre chose. Je frappai doucement le sol du plat de mon pied et vis le sol s'éloigner assez rapidement pour que mon estomac ne manque de se soulever. Je plaquai aussitôt une main fébrile sur ma bouche et mon équilibre encore précaire chancela avant que je me rattrape avec un frisson au manche en bois. Une écharde me rentra dans la peau mais je n'y prêtai pas garde et continuais de tenter de manœuvrer le balai pour prendre un peu plus d'altitude.

Le souffle nocturne s'engouffra entre mes bras et gonfla ma cape. La vitesse du balai augmenta et c'est une ivresse grandissante qui m'envahit alors que je tentai maladroitement de contrôler un peu mieux ma trajectoire. Je fis finalement une embardée pour éviter les anneaux que je n'avais vu qu'au dernier moment et je lâchai avec frayeur le manche de mon balai qui bascula en avant. Je basculai à mon tour et me détachai du balai qui retomba au sol à côté de moi. Mes mains plongèrent dans le sable qui entourait les poteaux métalliques et les grains vinrent se loger entre mes doigts tandis que je me redressai avec maladresse. Le balai se trouvait à quelques mètres de là et je le vis s'envoler pour rejoindre Ayn Hawthorne qui l'attrapa d'une main ferme. Le sang me monta à la tête et je me mis à tituber pour rejoindre la lueur tremblotante qui flottait derrière lui. Le vol m'avait saoulé et devant mes yeux scintillaient des lumières blanches alors que mes oreilles bourdonnaient désagréablement. Je sentais mon corps fluet se balancer dans la nuit et mes bras mollement frotter contre ma cape. Je relevai la tête et Ayn Hawthorne m'accorda un petit sourire en coin que je ne lui avais jamais vu. Je n'arrivais décidément pas à le cerner : tantôt froid et impassible, ou touchant de dévotion envers ma personne, je me demandais toujours derrière quel masque se cachait le véritable Ayn Hawthorne.

« Alors, me demanda t'il en faisait glisser ses mains sur le balai. »

« C'était… »

Je restai sans voix, la bouche entrouverte, cherchant avec anxiété puis agacement à décrire ce que j'avais ressenti mais rien ne vint que des images et surtout des sensations. Il acquiesça d'un geste vague et me regarda avec attention. Ses yeux gris me fixèrent et détaillèrent mon visage. Je remarquais dans ses yeux un reflet étrange. Tout à coup, je me redressai et fis un pas en arrière.

« Je n'ai pas vraiment volé, n'est ce pas, professeur ? Ce n'est que par votre pouvoir que j'ai réussi à faire décoller ce… balai… ! »

« Mael… Ce n'est… »

Ma voix s'étrangla dans un accent de rage et je serrai les poings alors que des larmes amères brûlaient mes paupières avec frénésie.

« En fait, je ne suis que votre instrument. Tout ce que je crois accomplir, je ne le fais que par votre volonté ! »

Les mots que je lui jetais à la figure avec une hargne spontanée et acerbe ne parurent d'abord pas l'ébranler. Mes mâchoires se serrèrent et les larmes débordèrent pour rouler telle une brûlure sur mon visage. De rage, je trépignai et lui tournai le dos en m'éloignant à grands pas.

J'avais à nouveau accepté d'accorder ma confiance et cela ne m'avait plongée que dans des illusions bien plus amères que la réalité. Je n'aurai jamais dû accepter de venir à Poudlard et sur le coût pensais que j'aurai préféré ne jamais rien savoir sur tout cela. Tout me paraissait être un mensonge éhonté dont on s'était efforcé de tirer les ficelles et moi, je m'étais avec une naïveté puérile jetée à corps perdu dans ce tourbillon, désabusée et maladivement désespérée qu'on ait pu me mentir. Si la magie ne devait m'être imposée que par la volonté d'un autre, je préférais encore y renoncer.

'Mael, reviens ici !'

'Vous pouvez toujours espérer ! Vous me cachez la vérité alors que je suis sûre que vous savez pourquoi tout cela m'arrive, à moi ! Vous savez pourquoi ma mère est morte ! Mais surtout vous avez osé me mentir et cela, je re refuse !'

La violence de mes pensées ébranla la pensée de l'homme tandis que mes pieds foulaient avec précipitation l'herbe sombre et invisible.

'Ma mère n'avait aucune raison de mourir et encore moins mon père et mon frère ! Vous, vous ne les avez pas vus sous leur masque obscur, leurs rires de déments, leurs sourires abjects et pernicieux, cette lueur malsaine et vivace qui brûlaient dans leurs yeux alors qu'ils massacraient avec une joie non dissimulée ma famille !'

'Tu as donc vu leurs visages !'

'Oui, je les ai vus. Je les ai dévisagés aussi longtemps que j'ai pu alors que leur simple vue me fait souffrir plus que tout. Simplement pour me souvenir, pouvoir les retrouver et leur faire payer !'

Un silence étrange s'imprégna dans mon esprit comme si Ayn Hawthorne tentait de dissimuler ses pensées. Je percevais cependant les murmures étouffés de sa voix dure et froide qui s'était emballée avec stupeur et malaise quelques instants plus tôt quand je lui avais déclaré connaître le visage des mes bourreaux. Le vent me battait les tempes et je sentais ma tête tourner alors que j'avançais sans regarder devant moi. Je déversais toute la bile amère qui s'était accumulée pendant ses semaines de répit qu'on m'avait offertes

'Et vous osez encore me cacher que vous savez tout !'

'Certaines vérités ne sont pas bonnes à entendre, Mael. Ta mère n'était pas celle que tu crois, malheureusement. Et ce qu'elle a fait la condamnait de toute façon à la mort qu'elle avait justement méritée, pour la plupart des gens.'

'Vous êtes un monstre… Vous ne valez pas mieux qu'eux !'

Mon cousin posa une main bienveillante sur mon épaule et m'offrit enfin un sourire qui justifiait bien à ses yeux les sacrifices qu'il avait faits pour moi. Je n'avais pas trahi ses espoirs. Je lui serrais le poing en signe d'approbation mais ne pus m'empêcher de grimacer en sentant mon épaule se tordre dans un étirement douloureux.

« Je vois que ta blessure te fait encore mal, rétorqua John avec un soupir. C'est dommage, tu as plutôt de bonnes capacités mais je pense que ça doit t'empêcher de les exploiter à fond. J'espère que tu te remettras rapidement et que tu feras bonne figure devant Norvig. Tu aurais été à Serdaigle, je n'aurais eu aucun mal à te faire intégrer l'équipe. »

Même si tu n'es pas capitaine, manquai-je de lui rétorquer avec un petit rire. Je me retins toutefois, supposant avec une exactitude justifiée que John le prendrait mal. Je ne tenais pas à dégrader les bonnes relations que j'avais jusqu'alors entretenues avec lui. Il avait beau être quelque peu imbu de lui-même, il profitait surtout de son succès auprès des filles et semblait apprécier avec plaisir qu'on se retourne sur son passage en chuchotant qu'il était poursuiveur de Serdaigle. John haussait alors les épaules avec assurance et jetait derrière ses lunettes un regard de conquérant au monde.

J'essuyais la sueur qui coulait de mon front avec la tenue plus adaptée que m'avait prêtée mon cousin. Tout à coup, alors que nous volions toujours doucement en faisant le tour du stade, un éclat de voix retentit comme pour attirer notre attention. Nous redescendîmes lentement en apercevant deux silhouettes nous faire signe. Je posai le pied à terre après John qui se dépêcha d'approcher des deux jeunes hommes, apparemment de ses amis. L'un d'eux avait les cheveux sévèrement coupés en brosse d'un blond relativement clair et ses yeux bleus sombres s'attardèrent sur moi avant de se reporter sur John à qui il serra la main avec contentement. Son visage un peu maussade sembla s'éveiller pendant quelques instants avant de reprendre un air affecté.

« On te cherchait, justement, John ! Tu sais qu'après le déjeuner, il y a la sortie à Pré-au-lard et… »

Je reportai mon attention sur l'autre jeune homme. Son regard me transperça avec une douleur infiniment profonde, un regard vert embrasé d'éclats d'or dans lequel je plongeais avec un délicieux frisson. Il tourna la tête en me remarquant et se rapprocha de moi. Ses cheveux auburn tombaient dans son cou et quelques mèches d'une frange ravageuse voilaient son visage. Il fit un geste agacé et releva la tête pour me présenter un visage fin aux traits réguliers. Nous nous serrâmes la main (la mienne devenant étrangement moite et molle).

« Je suppose que tu es Mael. John nous a parlé de toi. »

Je répondis par l'affirmative à ses dires.

« Je m'appelle Will Ashcroft et je suis à Serdaigle en cinquième année. Aussi un collègue de John, lança t'il avec un sourire railleur en le désignant de la tête. Je joue comme poursuiveur sur l'aide droite. Il paraît que tu vas postuler pour le poste vacant à Gryffondor ? »

« Oui, il semblerait, ajoutais-je maladroitement. »

Etonnement, je me sentais troublée par le jeune homme et l'intérieur de moi-même se mit à me tirailler avec insistance. Je n'avais jamais vraiment ressenti cela avant (sauf quand mon atroce professeur de mathématique nous avait remis les résultats des examens il y avait quelques années et que je m'étais cramponnée avec une angoisse débordante au rebord de ma table). John se tourna alors vers nous et me présenta le jeune homme blond qui se révéla être le préfet de Serdaigle, Edward Tallow. Je le saluai et nous nous engageâmes vers un chemin pour revenir vers Poudlard en vue de déjeuner.

Will me demanda avec amabilité si je ne me sentais pas trop dépaysé par Poudlard. Je lui répondis que ma vie d'avant me manquait assez souvent mais qu'il fallait bien s'habituer.

« C'est vrai qu'on se sent un peu déboussolé quand on vient d'Irlande et que l'on débarque à Poudlard pour la première fois. J'ai eu moi-même un peu de mal à m'adapter à l'Ecosse. Ma mère est irlandaise et j'ai vécu pendant pas mal d'années là-bas. Mais au fait d'où tu es ? »

Je blêmis en entendant la question qui resta en suspens. Mes mains se nouèrent avec malaise et une vague de chaleur désagréable m'envahit alors que je paniquais un peu plus. Moi qui n'avais jamais vécu ailleurs que dans la campagne d'une petite ville prospère et sans histoire de la région de Norfolk jusqu'à ce fameux soir, je me sentis mal tout à coup et manquai de chanceler à terre.

Keith me sauta sur les dos et poussa un grand cri de joie en m'étreignant le cou. Je tentai vainement de me débarrasser de son étreinte mais rien n'y fit. Nathaniel me lança un sourire moqueur et je vis Scott Sullivan soupirer de plus belle secouant désespérément la tête devant le comportement excentrique de ma cousine. Arrivés dans la grande salle pour déjeuner, elle accepta enfin de me lâcher et je m'assis à deux places d'elle, comprenant qu'il n'était pas bon de se trouver près d'elle quand Keith était de bonne humeur. Je ne compris d'abord pas pourquoi tout le monde parlait à voix haute : des grands éclats de rire s'échappaient de la table des poufsouffles tandis que les papotages invétérés dans mon dos bruissaient toujours plus. Même les préfets paraissaient peu enclins à faire régner l'ordre et je découvris avec étonnement Emily Stern faire tenir apparemment une conversation fort enjouée avec un jeune homme assis à ses côtés. Je demandai donc ce qui se passait à Nathaniel qui haussa un sourcil de surprise puis se ravisa en claquant sa main contre son front.

« C'est vrai, tu n'es pas au courant ! Après le repas, on va passer l'après-midi à Pré-au-lard !

Je levai un sourcil interrogateur tandis que Keith me faisait passer un plat rempli de petits feuilletés. Nathaniel en profita aussitôt pour m'expliquer ce que je ne savais pas encore.

« Pré-au-Lard est un des rares villages en Grande-Bretagne où il n'y ait que des sorciers ! Il existe un tas de boutiques qui vendent des objets magiques en tout genre, des pâtisseries et des confiseries enchantées et même un certain nombre de bars plutôt sympathiques ! »

« Et puis, les élèves de Poudlard ne sont autorisés à s'y rendre qu'à partir de la troisième année, c'est fantastique, non ? »

Keith affichait un grand sourire et je la vis échanger un regard plein de sous-entendus à son jumeau qui parut tout à fait satisfait. Scott poussa un soupir à vous feindre le cœur et je compris que l'après-midi n'allait pas être de tout repos !

Après le déjeuner, les élèves se regroupèrent dans le grand hall, tous chaudement vêtus pour affronter les rigueurs de l'hiver qui se faisait déjà sentir. Le fameux repas d'Halloween aurait lieu ce soir et chacun comptait bien s'offrir une bonne après-midi de détente qui si je la passais en compagnie de mes cousins risquerait bien de rimer avec magouilles. Je sortis de ma poche un bandeau que je plaçai avec soin sur mes oreilles pour me protéger du froid au dehors et passait sous le regard dédaigneux et suspicieux du concierge qui ne put s'empêcher de renifler avec dégoût.

Une fois arrivés devant le village, les élèves se séparèrent en petits groupes qui s'égayèrent dans les petites rues pavées et humides. Je respirai profondément et portai mon regard sur un flot de feuilles mordorées et ocres voletant devant nous avant de s'étaler à nos pieds.

L'automne était arrivé précocement dans les Highlands et j'avais un peu de mal à m'acclimater au temps austère et humide de l'Ecosse. Nous déambulâmes entre les petites ruelles qui étaient remplis d'étudiants aux uniformes sombres de Poudlard et je remarquai le petit groupe de Serpentard de troisième année disparaître dans un cul-de-sac. Ne souhaitant pas gâcher la bonne humeur du groupe, je décidai d'oublier ce que j'avais vu et profitai pleinement de l'après-midi.

Ce fut Keith avec, à mon étonnement, l'encouragement de Flavy qui invita tout le monde à se pénétrer dans la boutique Honeydukes. Je remarquai une immense vitrine qui présentait dans un décor enchanté de nombreuses corbeilles d'osier pourvues de confiseries et de bonbons que je ne connaissais pas. A l'intérieur régnait une douce chaleur et je fis glisser mon bandeau qui retomba autour de mon cou avec mollesse. Chass semblait avoir enfin retrouver un quelconque intérêt pour le monde qui l'entourait et il répondit à mes questions lorsque je lui désignai quelques friandises qui m'intriguaient. Je le vis se servir trois plumes en sucre avant de me proposer de prendre quelques Fizwizbiz. Keith apparut alors avant que je ne décline son offre et en saisit une poignée qu'elle plaça dans un petit sachet en papier kraft avant de passer à la caisse. J'étais gênée car je venais de me rendre compte que je ne possédais pas de quoi payer sur moi à part quelques pièces d'argent moldus que j'avais gardé dans mes affaires. Mais à mon avis, cela ne me permettrait pas d'acheter grand chose. Ma cousine m'attrapa par le bras et me tira jusqu'à la porte qui fit retentir une petite clochette d'argent au moment où nous sortîmes toutes les deux. Elle me remit d'office le petit paquet entre les mains et je ne sus qu'en faire.

« Mais… Keith… »

« Allons, ne te sens pas obligé envers moi, Mael ! Nath' et moi te l'offrons de bon cœur et je suis sûre que tu vas découvrir pleins de trucs super que vous n'avez pas en Irlande. »

Elle me déballa un petit paquet en carton coloré et une grenouille en chocolat en jaillit en croassant. Elle l'attrapa par une patte et me fit signe d'ouvrir la bouche. Avant d'avoir pu protester, je sentis l'animal disparaître entre mes mâchoires et un goût subtil de chocolat fondant apparut dans ma bouche.

« C'est un chocogrenouille, m'indiqua t'elle en me remettant le petit paquet. A l'intérieur, tu peux collectionner les cartes que l'on trouve. »

Je détachai donc d'un geste sec le papier coloré et découvrit le visage d'un antique sorcier vêtu d'une toge blanche qui me fixa d'un air hautain avant de disparaître rapidement.

« Ptolémée, ajouta ma cousine avec un petit sourire. C'est pas mal du tout pour commencer ! »

A cet instant, les autres nous rejoignirent dehors. Nous continuâmes notre chemin et la fatigue se fut un peu plus sentir. Flavy nous déclara qu'elle désirait se rendre chez Derviche et Bang pour faire vérifier son télescope qui était tombé par terre au dernier cours d'astronomie. Scott lui proposa de l'accompagner et ils partirent tous les deux alors que c'était au tour de Denis de nous emmener dans un magasin de farces et attrapes. Mes cousins remplirent leurs poches de pétards et autres ustensiles magiques en tout genre et je fus rapidement lassée de tous ses achats. L'atmosphère était lourde et empoussiérée. Je m'approchai donc de Nathaniel et lui confiai un énorme mensonge :

« Je dois aller poster une lettre pour mes parents, déclarais-je sur un ton aussi neutre que possible. »

« Très bien, tu n'as qu'à nous attendre aux Trois balais ! John m'a déjà confié que c'est une excellente auberge. On te retrouvera là-bas. »

Je sortis d'un pas rapide de la boutique et me promenai pendant une demi-heure entre les passants en prenant le temps d'admirer les petits jardins que les sorciers entretenaient devant leurs maisons. J'aperçus enfin l'insigne en bois de la petite auberge et me dépêchai d'y pénétrer pour me mettre à l'abri de l'averse qui venait d'éclater. A l'intérieur, l'ambiance n'était pas encore très animée mais je devinai aisément que cela ne saurait tarder, mes cousins vont investir la place. Une serveuse derrière le bar me salua et je m'assis à une table ronde dans un petit recoin pas trop enfumé de la salle. Il était déjà quatre heures, la petite bande ne devrait pas trop tarder.

Je commençais d'ailleurs à m'assoupir dans la tiède chaleur que projetait la cheminée quand une ombre apparut devant moi sans que je m'en fusse aperçue. Une main se posa sur la table et je la détaillais rapidement avant de remonter le long du torse jusqu'à une capuche tombante qui masquait le visage du nouveau visiteur. Un frisson me parcourut et je me demandai alors ce que j'allais bien pouvoir faire et surtout ce que l'inconnu me voulait.

« Ca ne vous dérange pas que je m'assoie à côté de vous, jeune homme ? »

Je secouai vivement la tête et vis la chope remplie de bièraubeurre se poser à mes côtés tandis que l'homme ramenait le pan de sa cape pour s'asseoir dessus.

« Alors, tu es tout seul ? »

« Non, j'attends mes amis, déclarais-je car je ne savais pas trop si l'homme s'adressait à moi par pure courtoisie ou pour toute autre raison obscure. »

« Ca tombe bien, je voudrais qu'on parle un peu tous les deux. »

« Je ne vois pas de quoi, répliquais-je sur un ton froid pour masquer mon désarroi. »

« Allons, je te conseille de te lever tout doucement et de te rendre jusqu'à la porte qui se trouve dans ce coin. »

Je le vis bouger la tête et il me désigna une porte en bois sombre du menton alors que son visage était toujours masqué par les ténèbres. J'allais faire un mouvement vers ma poche quand je sentis quelque chose appuyait contre mon flanc.

«Et laisses ceci tranquille ! »

Je me levai donc lentement sous la menace de l'inconnu qui me suivit, sa baguette pointée sur mes côtes. Je déglutis en posant ma main gauche sur la clenche métallique et pénétrais avec angoisse dans la petite pièce obscure qui s'offrait à nous.

La pièce devait être un débarras car ne traînait à l'intérieur que deux vieilles tables et quelques chaises cassées ainsi qu'un tas de cartons apparemment vide. La pénombre m'encouragea à bouger lentement et alors que j'allais faire un pas vers le petit soupirail que j'avais aperçu sur ma gauche, un souffle retentit derrière moi. Je me retournai pour découvrir que l'homme avait allumé une lanterne crasseuse qui projetait en crachotant une souffreteuse lumière chamarrée. Il rabattit son capuchon sur ses épaules et je découvris un visage que je n'avais jamais vu et pourtant que j'avais l'impression intime de connaître. L'homme ne me parut pas agressif et il m'invita même à m'asseoir.

Ses traits étaient réguliers et assez sévères tandis que son nez qui avait été cassé au moins une fois offrait à son visage une harmonie toute particulière. Ses courts cheveux noirs étaient attachés en catogan et j'observais avec attention ses pupilles vertes qui scrutaient mon visage avec une attention toute particulière. On aurait dit qu'il tentait de lire en moi comme pour percer un secret. Son regard s'encadrait de deux grandes cernes sombres et je remarquais qu'une barbe naissante pointait sur ses joues.

« Et bien, mon garçon, quel est ton nom… ou plutôt, celui qu'ils t'ont donné ? »

Surprise, je tentai de rester immobile dans mon mutisme et l'homme découvrit un sourire amusé.

« Pas très bavard, je le comprends bien ! »

« Je ne vous donnerai mon identité que si je connais la votre, déclarais-je. »

« Très bien, je m'appelle Sand. »

« Ce sont eux qui vous ont envoyé, n'est ce pas, rétorquais-je avec aigreur à l'homme. »

« Si tu veux parler des mangemorts, absolument pas ! Je suis ici pour voir comment te traite le peu de famille qui te reste. »

« Mais comment savez-vous que… »

« Oui, ta mère est morte, hélas ! Esther, la pauvre et dire que tu as atterri chez ma chère Eliza. »

Il poussa un soupir plaintif.

« Vous connaissez… »

« Ta tante, oui, jeune homme. J'arrête d'ailleurs de plaisanter sur ce ton badin car il n'y a pas lieu. Mon nom de famille est le même que celui d'Eliza. »

« Sparrow, Sand Sparrow… Alors vous êtes… le frère de ma mère ! »

« Exact, ajouta t'il sur un ton las et je remarquais que la petite étincelle de gaieté qui avait parcouru ses yeux jusqu'à maintenant venait de s'éteindre. Je suis le petit frère de ta mère et donc ton oncle. Mais je suis étonné que tu sois au courant de mon existence… »

Je lui racontai donc comment j'avais trouvé des photos mutilées dans les tiroirs de la maison des Lanchaster. L'homme me fit raconter mon histoire et je m'abstins pourtant de lui révéler que j'étais en réalité une fille. Garder ce secret me mettait en confiance de ne pas avoir tout dévoiler de mes mystères.

« Mais pourquoi ne parle t'on pas de vous, Sand ? »

« Il se trouve simplement que je suis mort pour l'opinion publique et que ma propre famille m'a renié dans les fonds de tiroirs. »

« Pourquoi ? »

Son visage tiqua et je vis qu'il hésitait à me parler.

« A cause de ta mère, petit ! Mais je ne tiens pas à en parler pour l'instant. Crois-moi, cela vaut mieux ! Il faut que tu prennes garde à toi, je suis sûr qu'ils cherchent ta trace en ce moment même. »

« Les mangemorts… »

« Oui, tant qu'ils ne t'auront pas mis la main dessus, ils tenteront par tous les moyens d'y parvenir. Méfie-toi de ceux qui t'entourent. »

« Mais qu'est ce que ma mère a fait pour que… »

« Qu'on l'assassine… Elle a juste croisé la mauvaise personne quand elle était jeune, mon garçon. Je me souviens encore de cet homme qu'elle fréquentait avant de disparaître. Je suis sûr que c'est de sa faute à lui… »

Ses mots étaient devenus durs et je vis qu'il faisait un effort pour masquer son émotion.

« De qui parlez-vous ? »

« De cet homme, grand et blond au sourire enjôleur… Sans lui, rien ne serait arrivé… Mais il ne faut pas que je t'en dise trop, nous aurons d'autres occasions de nous revoir, j'espère. »

Il se leva en soufflant la flamme de la lanterne et nous nous retrouvâmes dans les ténèbres.

« Sache que je suis désolé pour ta mère et ton frère, mon garçon… »

J'allais lui demander s'il avait connu mon père quand il me déclara d'une voix froide et pressée qu'il valait mieux qu'il s'en aille. Un pop sonore retentit et je me retrouvai seule. Je poussai discrètement la porte pour découvrir que le pub avait gagné de la clientèle depuis tout à l'heure. Alors que je longeais les tables, Keith me sauta dessus et pointa son doigt sous mon nez comme pour me menacer.

« Dis donc, où étais-tu passé, toi ? »

« Juste aux toilettes, rétorquai-je en découvrant que le petit groupe s'était installé à ma table. »

On me fit asseoir et je découvris qu'en plus de nous se trouvaient John et quelques-uns un de ses amis. Je découvris une jeune fille que John tenait par les épaules ainsi qu'une rouquine qui me fit un petit geste de la main. Je reconnus la jeune fille qui m'avait guidé dans la bibliothèque et je la saluais poliment. Edward Tallow, le préfet de Serdaigle, sirotait sa chope en écoutant mon cousin palabrer. Scott me remit entre les mains une chope de bièraubeurre qui me réchauffa l'estomac avec plaisir. Je vis Will Ashcroft, un des joueurs de Quidditch de Serdaigle engager la conversation avec la petite amie de John après m'avoir saluée avec amabilité.

La fin de l'après-midi se déroula agréablement et j'aillais presque oublié l'étrange rencontre que j'avais faite quand Eliane Faulkner déclara qu'elle trouvait le nouveau professeur de défense contre les forces du mal enfin compétent. Edward Tallow secoua la tête et j'entendis différents arguments fuser de partout.

« Hawthorne ? Je ne sais pas s'il est compétent mais en tout cas, il est sacrément puissant ! »

« Plutôt mignon avec ses cheveux blonds… »

Je vis alors une image du professeur se former dans ma tête et sans savoir pourquoi un étrange malaise m'envahit en regardant sa haute taille et ses longs cheveux blonds.

Une boule d'angoisse se massa dans mon ventre et je cramponnai mon point à la rambarde en entendant mon nom résonner dans le stade. Un coup d'œil vers John qui était assis au rand derrière moi ne me rassura pas trop ; il était occupé à répondre à une jeune fille qui se tenait étrangement proche de lui. Un des joueurs de gryffondors me fit signe d'approcher et je dévalais les marches tel un automate. Un filet d'angoisse me coula dans le dos quand je saisis le manche de mon balai et me demandais avec crainte si je parviendrais à m'envoler. J'enjambai le manche et courageusement frappai du pied le sol déjà rendu un peu boueux par la pluie de la veille.

Je manquai de glisser et ma main pourvue d'un gant de cuir s'agrippa au balai alors que je m'envolai en zigzaguant. Je rougis en sentant les regards curieux se diriger vers ma personne et me sentis franchement gênée en découvrant que mes cousins brandissaient un grand drapeau enchanté sur lequel mon nom clignotait en lettres d'or et de pourpre. Je fis un tour du stade pour prendre bien en main mon vol que je tentais désespérément de rendre plus souple.

Trois autres joueurs s'étaient présentés avant moi et je me doutais qu'ils étaient pour la plupart bien plus qualifiés. Deux étaient plus âgés et volaient à une vitesse impressionnante en approchant les buts. L'un d'eux avait marqué tous ses essais. Une jeune fille de quatrième année paraissait bien sûre d'elle et je la vis faire un petit looping à la fin de sa présentation. En découvrant qu'elle s'approchait d'un joueur de l'équipe de Gryffondor qui était son frère, je n'eus plus beaucoup de doutes sur le choix qui se ferait d'ici quelques minutes. Denis, le fanatique de Quidditch de notre petit groupe, m'encourageait en tenant ses mains en entonnoir autour de sa bouche mais je n'entendis pas un traître mot de ce qu'il tenta de déclarer avec tant de verve. Chass comme à son habitude était plongé dans un de ses livres et je vis seulement Flavy m'adresser un petit signe de tête. Et étrangement, ce fut ça qui me remit les idées en place et calma le rythme effréné que mon cœur prenait.

Je m'avançai de quelques mètres et découvris les deux autres poursuiveurs à mes côtés. Le ballet s'engagea et je parvins à maintenir une position stable tout en recevant la balle rouge. Je vis alors les deux joueurs se regarder mutuellement et alors que ma passe s'envolait déjà en l'air, la jeune fille de l'aile gauche disparut de ma vue. Mes dents serrés se mirent à grincer en voyant avec désespoir le souaffle chuter quand tout à coup, le joueur du centre se dégagea brutalement sur le côté, s'en saisit et je découvris avec stupeur que la jeune fille apparaissait à mes côtés. Il s'agissait d'une jeune fille de sixième année et je ne rencontrais dans ses yeux qu'un regard décidé et sûr d'elle. Je déglutis et réceptionnai tant bien que mal la balle que l'autre joueur m'envoya. Je me trouvais maintenant au milieu de l'avancée et vis les anneaux d'argent défendus par le gardien se rapprocher de moi. Mes doigts se crispèrent et je sentis le crochet métallique d'une de mes protections se prendre dans le tissu de ma cape. Je fis un grand geste pour m'en débarrasser et sans le vouloir, lançais la balle vers le but de gauche.

Le capitaine jouait normalement au poste de gardien mais avait demandé à un autre joueur expérimenté de prendre sa place pour lui permettre de mieux apprécier nos avancées dans les airs depuis les gradins. J'entendis un grand murmure dans le stade à moitié désert et vis le jeune homme faire une embardée sur son balai d'un geste brusque sans toutefois parvenir à réceptionner la balle qui passa dans un pop sonore à travers l'anneau. Mes mains lâchèrent mon balai de surprise pour les plaquer sur ma bouche et je sentis aussitôt que je m'étais mise à chuter à une vitesse relativement grande pour pouvoir me sortir d'un inévitable choc au sol sans dégâts. Je repris le contrôle et pressai le manche avec vigueur contre ma poitrine. Le balai ralentit et je touchais terre sans grand mal, qu'une frayeur encore tapie dans mon cœur et qui avait heureusement pas eu le temps de jaillir.

Norvig fit un signe à ses joueurs qui redescendirent lentement vers le sol. A peine eus-je eu le temps de reprendre mon souffle que quelques silhouettes apparurent devant moi. John me donna une grande claque dans le dos et j'eus à peine le temps de faire glisser mes lunettes de protection sur mon front que je découvris mes cousins qui accouraient vers nous avec ardeur.

« Pas Mal, Mael ! J'espère que ça suffira à impressionner Norvig ! »

D'autres éclats de voix retentirent mais je ne suivais plus très bien ce qu'il se passait. Je découvris la haute silhouette du capitaine de Gryffondor nous remercier et il nous déclara qu'il donnerait les résultats dans une petite heure, le temps de faire le point avec son équipe. Je poussai un soupir et John me déclara qu'il rejoignait le château en compagnie de ses camarades. Le spectacle était terminé, il rentrait, lui. Je ne pus m'empêcher de sourire en le voyant s'éloigner en compagnie de tout un petit groupe qui papotait avec ferveur.

Je jetai un coup d'oeil à mes autres fervents admirateurs : Keith et Nathaniel qui continuaient d'agiter leur drapeau dont quelques lettres commençaient à s'estomper sous l'œil déçu de Scott qui avait apparemment participé à l'enchantement, Chass qui avait coincé son livre sous son bras et me dévisageait par-dessus ses lunettes, Denis qui se refusait à lâcher mon bras qu'il maintenait en l'air en signe de victoire et enfin Flavy qui encouragea le petit groupe à me laisser me changer dans les vestiaires. Je la remerciais mentalement de me sauver de cette foule et me retrouvais quasiment seul alors que deux trois personnes rangeaient les balles dans une grande malle de bois bardée de métal.

Dans les vestiaires, je savourais avec délice la tranquillité et desserrais les sangles de cuir qui avaient marqué mes bras. Les attaches métalliques de mes jambes libéraient mes mouvements et je repoussais les lourdes protections sur le sol. Mes cheveux étaient trempés. Une douleur sourde résonnait à l'arrière de ma tête mais je n'y pris pas garde. Je venais de remporter une victoire en flouant tous ceux qui s'étaient juré de miser sur moi. John avait paru satisfait de ma prestation et j'avais permis aux jumeaux d'exploiter la situation en s'amusant. J'avais sauvé les apparences pour ainsi dire et j'en étais enchantée.

Mon sort reposait entre les mains de Hugo Norvig et j'avais toutes les chances pour ne pas être choisie parmi les quatre qui s'étaient présentés. Je m'essuyai la nuque avec vigueur et passai mes doigts sur la petite marque que je devinais, gravée dans mon cou. Je préférais cependant pour l'instant chasser ses pensées néfastes et déprimantes et me décidais à profiter de la soirée pour participer au plan que mes cousins étaient entrain d'élaborer.

A cet instant, alors que je m'étais relevée et m'apprêtais à décrocher ma cape pour retourner au château, on frappa à la porte du vestiaire. J'eus bien malgré moi un sursaut et plaquais ma main sur mes vêtements tandis que la porte grinçait. Un jeune homme apparut et je me mis à pâlir en reconnaissant Will Ashcroft qui me dévisageait. Il parut tout à coup gêné et passa une main à l'arrière de sa tête.

« Désolé de te déranger mais j'ai eu vent des résultats de la sélection et j'ai pensé que ça t'intéresserait de les connaître assez rapidement. »

Mes mains tremblaient et je le vis s'approcher de moi alors que je drapais ma cape autour de mon corps comme pour me camoufler. Je fis un pas en arrière et butais contre le mur. Je grinçai des dents en sentant une improbable migraine envahir avec ampleur mon esprit.

« Sortons, me proposa t'il en voyant que j'étais prête à retourner au château. »

Alors que nous nous égarions dans l'herbe que nous foulions de nos pas lents, il s'arrêta et me regarda en souriant. Ma tête tournait et je la laissais dodeliner sur mes épaules en espérant arriver assez vite au château. Pourtant, cela faisait plusieurs jours que je n'avais eus aucun contact mental avec Hawthorne.

« Félicitations, tu es le nouveau poursuiveur de Gryffondor. On va pouvoir se mesurer sur un terrain de Quidditch. »

Une bourrasque de vent agita ma cape et comme je ne l'avais pas correctement agrafée, elle se détacha de mes épaules et manqua de s'envoler dans la brise du soir. Will fit un bond, la rattrapa et me la lança d'un geste amusé. Mon regard ahuri le fit rire gentiment mais je ne pouvais contenir le ridicule et le malaise qui m'envahissaient. La nausée pointait et je déglutis péniblement en priant pour que tout cela cesse.

« Allons, on a presque l'impression que tu es déçu ! Si tu as peur de ne pas être à la hauteur, il n'y a pas à t'inquiéter. Si Norvig t'a choisi, ce n'est pas seulement à cause du chantage que John lui a fait. Tu es capable de réussir ! »

Un frisson de honte me parcourut et je me demandais comment j'avais pu me méprendre en croyant m'être débarrassée de ce problème. Je me détournais du serdaigle pour découvrir les rayons ambrés du soleil couchant arroser avec parcimonie les hautes silhouettes sombres des arbres de la forêt interdite. Ma gorge se noua et je fus submergée par un sentiment défaitiste que j'avais longuement réussi à dissimuler en moi. J'aurais voulu me laisser tomber dans l'herbe obscure et noire à attendre que les étoiles apparaissent comme cette atroce nuit où les regarder m'avait maintenue en vie face à l'horreur. Je plaquais une main sur mes tempes qui me faisaient depuis plusieurs minutes mal de façon lancinante et ravalais un sanglot.

« John va être fier de toi ! »

Je sentis sa main s'abattre vigoureusement dans mon dos et je me retournais avec une lenteur non désirée. Je vis que ses yeux verts se voilaient étrangement en scrutant mes traits. Une ombre sévère et angoissée parcourut son visage quand il articula les derniers mots que j'entendis.

« Mael… Qu'est… Tu te sens bien ? »

Mes mains s'agrippèrent à sa veste pour m'empêcher de tomber et je me laissai choir dans ses bras à sa grande frayeur pour enfin m'évanouir.

fin du chapitre 7

(27 déc. 05)