Un nouveau chapitre comme chaque dernier jour du mois… Enfin, avec les évènements du moment, il se peut que mes cours se transforme en temps de rédaction de mes histoire…Sinon, on retrouve notre Mael avec une multitude de personnages qui, chacun cache bien son jeu, je vous l'assure. Et nous ne sommes pas au bout de nos surprises !

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Titre : L'enfant de la brume.

Auteur : Elizabeth.

Spoilers : les QUATRE premiers tomes seulement.

Disclamer : Tout ce que vous allez lire ne m'appartient pas (sauf peut-être l'histoire, ce qui n'est que peu de choses). Ayant décidé d'écrire sur le monde d'Harry Potter, je tiens à préciser qu'il appartient à l'écrivain J.K Rowlling. Je ne touche donc aucun droit d'auteur et le travail que je fournis n'est pas dans un but lucratif.

Avertissement : PG-13 (pour les idées développées dans l'histoire, les scènes de violences et autres).

Résumé du chapitre précédent : Mon premier entraînement de Quidditch a bien manqué finir en bagarre avec un poufssoufle. Cependant, rien ne me décourage et j'ai fini par aller toquer à la porte d'Hawthorne pour lui demander des explications. Car en recoupant toutes les informations (plus ou moins nébuleuses, c'est vrai) que je possède, j'en suis arrivée à l'incroyable conclusion qu'il pourrait être mon père. Pourtant, la colère de l'homme éclate quand je lui parle et il me lance au visage, après avoir manqué de me frapper, que Matthew était bel et bien son fils qu'il a eu avec ma mère mais que je ne suis pas sa fille. Il calomnie ma mère des abominations qu'elle aurait commises alors qu'elle était mangemort et je ne peux le supporter. Bouleversée, je me retrouve dans le couloir où Will me surprend en larmes et dans un piteux état. Inquiet pour moi, il finit par me blottir dans ses bras et je succombe sous le coup. Scott et un groupe de filles nous surprennent dans les bras l'un de l'autre. Je m'enfuis et abandonne Will sans rien lui expliquer. Même si je suis parvenue à mitiger les doutes de Scott, je sens que l'image de Mael Lanchaster se fendille de plus en plus. Et c'est une étrange lettre de mon oncle, Sand Sparrow, qui m'achève : l'homme m'annonce qu'il a réussi à mettre la main sur quelque chose qui pourrait valider l'innocence de ma mère et qu'il désire me le remettre en main propre.

Rappel des personnages évoqués dans ce chapitre :


Cleland Mark : Mon père mort assassiné par d'étranges hommes vêtus de noir qui ont détruit notre maison.
Sparrow Esther : Ma mère que je croyais connaître. Son nom de jeune fille est Sparrow et c'était une sorcière qui a décidé de fuir sa famille et son passé attaché au monde de la magie. Elle est morte assassinée sous mes yeux.
Cleland Matthew : Mon grand frère qui est mort lors de l'attaque de notre maison.

Lanchaster Eliza: La sœur de ma mère qui a accepté de me recueillir.
Hawthorne Ayn: Cet homme est devenu mon protecteur en se liant avec moi par la magie. Il est ma flamme et semble étrangement au courant du passé de ma mère.
Sparrow Sand : Le frère cadet de ma mère. On l'a accusé d'être un mangemort et d'avoir entraîné ma mère là-dedans, ce qu'il réfute avec vigueur. Lui sait qu'elle n'est pas coupable de ce dont on l'accuse et m'a mis en garde contre un homme blond qui, pour moi, ne peut être personne d'autre qu'Hawthorne. On l'a fait disparaître des archives familiales et je crois bien que le ministère ne serait pas mécontent de lui mettre la main dessus.

Norvig Hugo : Capitaine de Gryffondor.

Welch Nersei : Pousuiveuse de Gryffondor et élève de troisième année. Petite peste, elle ignore royalement tout le monde et ne laisse pas Scott indifférent.

Lanchaster Keith et Nathaniel: Mes cousins. Ce sont deux jumeaux particulièrement doués pour les farces de mauvais goût mais ils sont sympathiques. Ils sont en troisième année à Gryffondor.
Cooper Chass : Serdaigle de troisième année. Toujours le nez dans un bouquin, il remet les pieds sur terre du petit groupe et donne des conseils fort avisés que je ferais mieux de suivre.

Sullivan Scott: Gryffondor de troisième année. Ami de mes cousins, c'est un timide souvent gêné.

Lanchaster John: L'aîné des enfants Lanchaster en cinquième année à Serdaigle. Gentil mais un peu suffisant.
Ashcroft Will : Et bien… C'est un bon ami de John qui joue comme poursuiveur à Serdaigle. Très gentil avec moi mais pourquoi ai-je toujours face à lui un sentiment de malaise qui n'a pourtant rien à voir avec ma situation ? A moins que ce ne soit parce qu'il est un garçon et moi… une fille !

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Chapitre 10 : CONFIDENCES POUR CONFIDENCES.

Ellas Doenitz vit quelques élèves de troisième année massés devant l'âtre de la cheminée, redoutant très certainement les ferveurs de l'hiver qui s'annonçait. Il haussa les épaules et après avoir descendu les escaliers d'un pas souple et discret, il éteignit d'un geste sévère de sa baguette les hautes flammes claires qui brillaient dans la cheminée depuis le petit matin. Le jeune homme avait toujours considéré que le confort était un simple plaisir pour les nuls et que l'endurcissement ne passait que par la privation. C'est pourquoi il considérait avec mépris les autres qui se plaignaient du vent, de la pluie, du froid…

Un élève de troisième année, apparemment pressé de se mesurer à lui, se redressa de la pause languissante qu'il avait prise dans le canapé de cuir noir et lui demanda avec acidité pourquoi il avait ça. Le septième année qui se dirigeait déjà vers le passage, arrêta lentement son pas et se retourna avec une certaine raideur vers son interlocuteur.

« Et bien, … Ringler, c'est ça il me semble ? Qu'est ce que tu veux ? Il s'avère que je suis plutôt pressé… »

Le silence lourd d'ententes s'immisça dans la pièce et chacun détourna la tête en voyant que le regard froid du septième année effleurait les visages étonnés, pleins d'appréhension et pour certains remplis d'une admiration voilée de terreur sourde. Tous avaient compris que Doenitz avait à faire avec les partisans de Voldemort et qu'il ne permettrait à personne de le mettre en retard. Car personne ne savait qu'intimement, Ellas sentait l'appréhension amère monter en lui, cette peur sourde qui le faisait frissonner d'avance en pensant que dans à peine quelques heures, il changerait son masque de paisible élève pour celui d'aspirant mangemort. Attisé par l'ambition que lui offraient ses responsabilités, le jeune homme se rendait régulièrement à des réunions et se chargeait pour l'instant de simples petites missions confiées par des sous-fifres du seigneur des ténèbres. Mais sa réputation n'était plus à refaire car quand il passait dans les couloirs, les murmures qui flottaient de bouche à oreilles indiquaient fermement que chacun savait ses orientations et cela le rendait fier.

« Ho, c'est juste que… il serait dommage qu'on remarque l'absence d'un des joueurs de Quidditch alors que c'est le second match de la saison, non ? Moi, je dis ça comme ça. » Qui dit ça ?

Neil Ringler sourit lancinement et poussa un petit soupir suffisant qui souleva une des mèches de sa longue frange avant que ses cheveux châtains retombent sur ses yeux perçants. Le petit rire de gorge qui retentit fit hausser les épaules à l'aspirant mangemort qui considérait qu'il n'avait pas de temps à perdre avec des troisièmes années.

« Si tu t'inquiètes pour moi, Ringler, tu peux toujours venir m'accompagner. Si l'envie t'en prend…. »

La remarque n'était qu'à moitié ironique et on vit le visage de Neil Ringler, le chef de la petite bande des troisièmes années, faire une grimace et se relever en remettant un peu d'ordre dans son uniforme froissé.

L'ambiance était assez sobre et dépouillée dans la salle commune des serpentards. La décoration aux teintes de la maison nimbait la grande pièce basse de plafond dans une lumière terne, nappant de zones d'ombres et d'obscurités les recoins ou encore les escaliers. Les quelques marches qui descendaient vers la cheminée étaient de marbre clair mais d'épais tapis aux broderies sombres s'étalaient sur le sol et étouffaient le bruit des pas. Un écusson d'argent était suspendu à un des murs et seul le bazar qui traînait, piles de livres et parchemins négligemment abandonnés par leurs propriétaires qui travaillaient dans un coin de la salle commune, faisait perdre à cette pièce son austérité.

Les doigts d'Ellas Doenitz se mirent à jouer avec le bouton argenté de sa longue cape d'hiver et le jeune homme parut satisfait du regard angoissé qui brillait dans les pupilles de Ringler. Pourtant, après avoir sévèrement dégluti, le troisième année reprit son air malin et lança quelques paroles qui firent réfléchir le septième année. Le jeune homme ne consentait qu'à écouter d'un air supérieur les belles paroles qu'osait lui assener Ringler avec sa verve si piquante. C'était un des rares jeunes élèves à oser lancer son avis à la face de l'aspirant car seuls les autres septièmes années (qui soutenaient avec discrétion ses agissements) ou quelques élèves assez âgés pouvaient se permettre de lui adresser la parole d'égal à égal.

« C'est l'occasion de se venger de certaines personnes, non ? Gryffondor contre Serdaigle, un accident serait vite arrivé, non ? »

« Si tu fais allusion à ce petit crétin de Lanchaster… »

« Exactement, je crois que tu ferais mieux de t'y intéresser de plus près. Ca se pourrait bien d'ailleurs que ça séduise ceux que tu vas aller voir…. »

« Ne raconte pas n'importe quoi, petit, rétorqua froidement Doenitz en claquant sa main sur le cuir craquelé du fauteuil rembourré. Tu ne sais pas de qui tu parles. »

Ringler avait pris la sage précaution de reculer discrètement et s'était placé en évidence aux côtés d'Alister Etheridge qui abordait comme à son habitude, cet air un peu perdu, le regard vague. Ringler ne faisait que se rassurer en s'assurant une illusion de protection par la carrure assez impressionnante de son camarade. Mais tous savaient pertinemment que personne ne tiendrait tête à Ellas Doenitz. Bien qu'il fût assez grand, le jeune homme ne présentait pas une musculature très forte mais sa vigueur et la sécheresse de ses coups qu'il combinait à une certaine rage valaient bien n'importe quelles grosses brutes. Le serpentard avait d'ailleurs démontré à plusieurs reprises ses capacités et c'est avec une pointe de rancœur qu'il avait touché le bleu de sa joue que lui avait assené le coup de poing du professeur. L'affaire aurait aisément pu faire un scandale mais après plus mûres réflexions, le jeune homme avait considéré qu'il ferait mieux de se renseigner à l'extérieur pour savoir à qui il avait à faire. Hawthorne n'était de toute évidence pas habitué aux élèves et ce geste démontrait qu'il devait être plus coutumier du terrain que de la chaleur douillette d'une salle de classe, coincé entre deux bouquins poussiéreux et un monceau de copies.

Ringler jeta un regard furieux à un des ses amis, celui à la cicatrice, remarqua Doenitz. Celui qui osait se moquer ainsi ouvertement de lui trôner, assis sur un des accoudoirs et semblait parfaitement s'amuser du petit échange. Ellas jeta un coup d'œil à sa montre et remarqua qu'il était plus que temps pour lui de partir. Il ne tenait nullement à être en retard à son rendez-vous.

« Ho, au contraire, je suis sûr que le nouveau nous réserve pleins de surprises qui te permettraient de trouver l'éloge de tes supérieurs. Parles leur en et si tu veux, demande de plus amples renseignements à Oswald ! »

Les regards se tournèrent vers la silhouette qui travaillait studieusement derrière eux. La jeune fille releva la tête en entendant son nom et offrit un regard méprisant à ses camarades. Sa plume continuait de gratter avidement le parchemin alors que ses yeux s'amusaient en aller-retour entre l'air satisfait de Stanley Vebel, le balafré et celui suspicieux du poursuiveur de septième année. Agacée de l'attention accrue qu'on lui portait, elle finit par claquer un livre dont un petit scintillement de poussières dorées s'échappa. Doenitz s'approcha de la table et dévisagea avidement la jeune fille qui ne s'abaissa pas à détourner les yeux. Décidément, il était plus que temps de rappeler qui était le chef ici !

« Doenitz, ça ne sert à rien de me regarder comme ça ! Je n'ai rien à te dire. »

« Tu es sûre, Oswald, rétorqua la voix moqueuse de Vebel. »

Ellas se tenait à côté d'elle, et la dominait de toute sa hauteur. Rien ne laissait transparaître que c'était la jeune fille qui tenait la supériorité du conflit. Pourtant, d'un geste sec, elle se redressa et son regard vert sembla envoyer des éclairs autour d'elle.

« Je te conseille de ne pas te mêler de ça, Doenitz. »

« Ha oui, il me semble que tu oublies à qui tu parles, déclara violemment le serpentard en tendant instinctivement son bras pour la saisir. »

Pourtant, Flavy fut plus rapide que lui et lui asséna un coup du bras pour l'empêcher de l'empoigner. Bien qu'elle ait pu rester calme pendant quelques minutes, on sentait la rage gronder en elle. Ses sourcils s'arquaient méchamment au-dessus de ses yeux que ses courts cheveux noirs cachaient lorsqu'elle agitait la tête.

« Ose me toucher, Doenitz et je te jure que même ton petit statut d'aspirant ne se suffira pas à te sauver. Ces soi-disant mangemorts et leur chef sont vraiment risibles. Ils ne savent pas ce que c'est… »

« C'est étonnant qu'on t'entende te servir de tes relations, Oswald. D'habitude, tu t'arranges plutôt pour oublier d'où tu viens, non ? En traînant avec des sang-mêlés ou des crétins dont les familles regorgent de chasseurs de mages noirs, par exemple. Je trouve ton comportement un peu contradictoire. Quand on a un nom comme le tien, on l'honore. »

La réflexion de Ringler sembla pincer l'amour propre de la jeune fille qui fit une moue et empila ses affaires rapidement. C'est avec un plaisir apparent qu'il continua sur le même ton arrogant, pointant avec délice là où cela faisait mal.

« Si ta famille est si puissante que ça, comment se fait-il qu'elle n'ait rien fait pour enrayer la montée de tu-sais-qui ? Après tout, la concurrence commence à devenir sévère ! »

« Ta gueule, Ringler ! Tu es vraiment pathétique à refuser d'appeler ce soit disant mage noir par son nom. Voldemort, Voldemort, Voldemort ! Voila qui doit bien faire mal à tes oreilles. Et quant à ma famille, je ne vois pas en quoi sa position te concerne. »

« Silence, clama Ellas Doenitz, apparemment sévèrement énervé. »

Le jeune homme voyait d'un mauvais œil le temps s'écouler et son impatience ne tarderait pas à se métamorphoser en angoisse.

« Ce que tu sais sur ce Mael Lanchaster, tu seras bien obligée de me le dire, s'il s'avère que cela intéresse mes supérieurs. Que tu t'appelles Oswald ou non ne changera rien. Ta famille n'a plus le contrôle des forces des ténèbres. Ils feraient mieux de se l'avouer au lieu de se draper dans leurs anciennes gloires soit-disant immortelles. »

L'aspirant mangemort planta là le petit groupe et s'engagea d'un pas vif dans le couloir des cachots après avoir bousculé deux filles de quatrième année qui pestèrent à son passage.

Flavy était outrée par l'entourloupe que venait de lui joueur Neil Ringler. Les chuchotements prirent un peu plus d'ampleur et elle scruta sur les visages les mots qui s'échangeaient de bouches à oreilles. Près d'une étagère couverte d'un drap noir et argent, se tenaient deux jeunes filles que ne se génèrent pas pour la désigner du doigt. Elle finit par hausser les épaules et ce fut la voix de son camarade qui la fit se retourner. Le jeune homme de troisième année jouait avec le nœud de sa cravate et il leva les yeux avec malice vers elle.

« C'est marrant, je crois qu'on va bien s'amuser cette après-midi ! »

« Qu'est ce que tu veux dire, Ringler ? »

« Ho, rien ! Juste que lors d'un petit match de Quidditch, il peut arriver pleins de choses. Il se peut d'ailleurs que tu en saches plus que nous ! »

« Je ne vois pas de quoi tu veux parler, Ringler ! »

« Pourtant, ce n'est pas beau de rôder dans les vestiaires où se trouve entreposé le matériel, Oswald. Si ça se trouve, tu cherches à faire bande à part et à servir les intérêts de ta famille. Je suis sûre que tu en sais plus que tu ne le laisses croire sur ce crétin de gryffondor. »

La voix de la jeune fille grinça dans sa gorge et elle grogna presque. Ses yeux étaient grand ouverts et ses cheveux noirs s'agitaient sur son front. Puis finalement, elle se refusa à répondre aux sous-entendus du serpentard. De toutes façons, cela ne servait à rien de parlementer avec lui. Ringler se leva et s'apprêtait à abandonner la grande salle en compagnie de sa petite bande, Melissa Isker accrochée à son bras, un sourire mièvre sur les lèvres.

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« Allez, courage, s'exclama Keith en me voyant nouer l'attache de mes lunettes de protections ! »

« De toutes façons, il y a toujours quelques petits risques lors d'un premier match, ajouta son frère avec humour, un grand sourire sur les lèvres. »

« Qu'est ce que tu appelles 'petits risques', demandais-je en m'étranglant. »

Je me dégageais de la précipitation qui régnait dans les vestiaires et je vis bien que Norvig lorgnait d'un œil mauvais la présence des deux Lanchaster. Je lui tournais le dos et tentais de faire rapidement dégager mes cousins.

« Oh, tu sais, John, lors de son premier match, a fini à l'infirmerie… Un cognard dans la figure… »

« Bof, ça ne se voit presque plus, rétorqua Keith en croisant les bras, contre les dires de son frère. »

« A part au niveau des neurones, c'est sûr que ça l'a pas arrangé. »

Agacée et déjà assez angoissée comme ça, je les poussai vivement vers les tribunes et le capitaine attendit avec impatience que j'ai rejoint le reste de l'équipe pour commencer un long laïus. Si, à l'entraînement, il n'était pas très bavard, ses remarques qui s'adressaient à chacun de nous me mettaient de plus en plus mal à l'aise. De plus, je remarquai avec agacement alors que Hugo faisait remarquer aux poursuiveurs que nous jouions contre Serdaigle (qui possédait une attaque très rapide et un repli quasi systématique en défense), que la sangle et la pointe de métal de la protection de mon poignet gauche me blessait désagréablement, meurtrissant ma chair. Mais à ma grande horreur, je n'eus pas le temps de me plaindre plus car un puisant rugissement retentit et les grandes portes s'ouvrirent à notre volée. D'un coup sec, j'ordonnai à mon balai de s'envoler et jaillis presque de sous les tribunes avec fureur. Je profitai des quelques instants de répit qui nous étaient accordés (le temps que les balles soient lâchées) pour repérer le terrain. La foule m'impressionna et je tentai sans succès d'apercevoir quelques visages familiers. En tant que poursuiveur, je ne pouvais me permettre d'avoir un jeu assez lâche et indépendant et devais me calquer avec application sur les progressions que feraient mes deux partenaires. J'avais peut-être une chance étant donnée que je ne jouais pas au centre. Le sifflement strident du sifflet de l'arbitre me força à plaquer mes mains sur mes oreilles et je vis que la partie s'engageait sans attendre.

La présentatrice était à ma grande chance une jeune fille de Gryffondor, ce qui m'évita de subir les réflexions sur ma façon de jouer. J'avais assez entendu murmurer que j'étais rentrée dans l'équipe grâce aux accointances de John avec le capitaine de Gryffondor. Si j'y avais cru moi aussi au début, la sévérité du jeune homme m'avait vite fait comprendre que même si John l'avait amadoué, on me virerait sans mal si je ne donnais pas satisfaction.

« Serdaigle toujours au meilleur de sa forme avec ses admirables poursuiveurs, Ashcroft, Lakshman et Lanchaster ! Souhaitons leur d'être aussi efficaces que l'an passé ! Sinon, un nouveau joueur chez Gryffondor ! Veuillez l'applaudir, que dis-je, l'acclamer ! Il s'appelle aussi Lanchaster et s'il joue aussi bien que son cousin de Serdaigle, le match risque de devenir très passionnant ! »

Le poursuiveur du centre avançait en arrière de nous deux qui étions sur les ailes, à quelques mètres devant lui. Les échanges de balles commencèrent et je me concentrai à chaque fois pour réceptionner du mieux que je pus le souaffle. Un des batteurs de Serdaigle sembla me prendre avec insistance pour cible et ce fut le cri d'un autre joueur qui me fit faire une légère embardée sur le côté pour éviter le cognard lancé avec vigueur sur ma personne.

Dans la panique, un des poursuiveurs adverses se saisit de la balle et les cris de la foule se firent plus virulents. La vague rouge et or s'agitait en trépignant et j'entendais clairement que le public clamait le nom des joueurs. John passa sous mon nez, la balle coincée sous son bras gauche et je n'attendis pas le glapissement de Nersei Welch pour me lancer à sa poursuite. Fort heureusement, je profitai d'un coup d'éclat de notre batteur pour me faufiler et récupérer prestement la balle. Mes doigts l'agrippèrent violement mais je fis certainement une très jolie grimace puis filai aussi rapidement que je le pus à l'autre bout du terrain. Mais j'avais à peine eue l'impression de faire quelques mètres que je sentis John se projeter contre moi et me pousser de son épaule pour me déséquilibrer.

« Alors, Mael, enchanté du jeu ? Tu sais, tu as beau être mon cousin, je ne te ferais pas de cadeaux ! »

« J'avais compris, lui répondis-je en criant pour me faire entendre. »

Je ne lui prêtai pas plus d'attention et alors qu'un autre joueur de serdaigle s'approchait de moi, je laissai mon balai descendre pour me faufiler entre mes adversaires et envoyer le souaffle au poursuiveur du milieu. Lorsque je fus démarquée, je vis Will Aschcroft voler non loin de moi et sentis alors que je perdais ma concentration. Mes mains se mirent à glisser sur le manche vernis et mes dents tremblèrent en sentant au fond de moi une sourde chaleur apparaître. Ce n'était pas vraiment le moment de penser à ça !

« Et vingt à dix pour gryffondor, clama Marion McKeagan avec virulence. »

La partie se poursuivit et je parvins à ne pas perdre la balle une seule fois. Pourtant, dès que l'on arrivait en avant des anneaux, je me dégageais de toutes responsabilités et laissais mes deux partenaires tirer. Je considérais que j'avais déjà assez de mal à maintenir mon allure et à suivre les embardées permanentes, les allers-retours et les feintes pour me permettre de me ridiculiser au tir.

Alors que Serdaigle nous égalisait (cinquante à cinquante) et que je m'apprêtais à m'éloigner de nos buts, la main de Norvig s'abattit fermement sur mon épaule. Je me retournais et vis tout de suite qu'il n'était pas satisfait de ma prestation. Et je ne me trompais pas !

« Dis donc, Lanchaster, c'est bien beau de virevolter à gauche ou à droite, mais quand tu es devant les anneaux, fais un effort pour tirer. Ca fait au moins trois fois que tu évites de tirer ! »

« C'est que… je ne me sens pas très sûr, marmonnai-je pour explication. »

« Je n'en ai rien à faire ! Si tu n'es pas capable d'assurer ton poste, tu n'as qu'à aller t'asseoir sur un banc et regarder les autres jouer. C'est compris ? »

Je déglutis et penchai la tête avant de l'abandonner à ses anneaux qu'il défendait férocement pour rejoindre le milieu du terrain. A ma grande surprise, Will vint voler vers moi tandis que le gardien de Serdaigle s'appliquait à renvoyer le souaffle. Je me plaçai devant lui et tendis le bras. Aussitôt que j'eus réussi ma réception, je m'avançai vers le terrain et renvoyai la balle à mon coéquipier. Le jeune poursuiveur de Serdaigle volait avec aisance et se saisit de la balle en zigzaguant entre les autres joueurs. Je grinçai des dents et m'étonnai qu'il se laisse encore aller lentement, une main posée sur son balai. Saisissant ma chance, je descendis pour remonter aussi vite que je le pus et lui fauchai la balle alors qu'il avait presque ouvert le bras pour que je m'en empare. Surprise, je continuai tour droit et tournai la tête en arrière pour voir le jeune homme m'offrir un furtif sourire, ses yeux verts pétillants entre ses mèches de cheveux qui se plaquaient sur son front. Mon manque d'attention me fut fatal.

La douleur que je ressentis lorsque le cognard me percuta embrasa mon bras et je lâchais la balle que John réceptionna sous les acclamations de la foule de supporteurs. Le souffle court, je commençai à m'étrangler et tentai de me maîtriser en sentant des larmes brûlantes poindre entre mes paupières sous le coup de la souffrance. La main gauche s'accrochait vigoureusement à mon balai mais autour la foule était en liesse, étant donné que mon cousin venait de marquer à nouveau pour son équipe. Je restai sans bouger et me penchai en avant pour tenter de calmer la douleur. Mes mâchoires crispées, mon bras retomba sur le côté et lorsque je tentai de le mouvoir à nouveau, cela manqua de m'arracher un abominable cri de souffrance.

Le match continuait et je sentais ma tête tourner, un regard en biais me confirma que je saignais, ma manche pourtant rouge imprégnée de sang pourpre. Je cherchais de toutes mes forces à me raccrocher à la petite lueur qui brillait dans mon esprit en sentant que le balai commençait dangereusement à vaciller entre mes jambes. Ce que j'avais toujours redouté depuis la première fois que j'avais enfourchée mon balai était entrain de se produire. Je lâchai prise sur le lien qui m'unissait à Ayn Hawthorne. Des frissons me parcoururent et je crus que j'allais défaillir en regardant le vide sous moi. La commentatrice explosait de joie dans une verve abondante alors que les deux attrapeurs se disputaient apparemment le vif d'or qui était apparu près de la tribune des professeurs. Jude McClain, la poursuiveuse de Serdaigle, se mesurait à un jeune homme plus jeune qu'elle et plus agile. Alors qu'ils fonçaient tous les deux après la petite sphère dorée aux ailes graciles, elle lança des ordres au reste de son équipe qui reprit une formation plus combative.

'Mael, qu'est ce que tu fabriques !'

La voix de mon professeur me bouleversa et je mis plusieurs instants à formuler quelques mots balbutiants dans mon esprit. Le balai vibrait de plus en plus et mes cuisses tremblaient en sentant leur étreinte se relâcher peu à peu. Je réussis enfin à poursuivre un vol mitigé entre deux autres joueurs mais mon balai tanguait dangereusement.

'Je ne sais pas… Un cognard m'a percuté et j'ai cru que j'allais perdre le contact avec …'

'Non, tu ne peux pas perdre le contact ! La seule façon que la flamme s'éteigne et que notre relation soit rompue, c'est que l'un d'entre nous meure ! Et je suis actuellement dans les tribunes aux côtés du professeur McGonnagal. Donc, je me répète : qu'est ce que tu fabriques ?'

Nersei Welch passa à mes côtés et me lança un regard méprisant et me déclara qu'il serait temps de me bouger si je voulais tenter de remonter le score. Elle n'avait pas tort mais le courage m'abandonnait.

'Mon balai est parcouru de tremblements… je n'arrive pas à le contrôler !'

Tout à coup, alors que je me concentrais sur le souffle qui jaillissait en moi et m'abreuvait d'une étrange douceur, je m'aperçus que je venais de basculer dans le vide. Je battais désespérément des bras et vis mon balai parcouru d'étranges frémissements avant qu'un intense rayonnement blanc ne le parcoure. Il fut comme pris de folie et se mit à fuser entre les joueurs qui s'étaient enfin aperçu que quelque chose n'allait pas. Le cri qui ressortait de ma bouche m'écorchait les oreilles et je vis que le sol se rapprochait dangereusement de mes jambes. Le balai pris de furie frappa à l'épaule le gardien de Serdaigle et repartit dans un dérapage sonore en bousculant Hugo Norvig.

La chaleur que j'avais appelée à moi envahit tous mes membres et un fin nuage de paillettes brillantes m'entoura. Alors que les voix hurlaient dans un chaos sonore clignant, je heurtais le sol. Ma mâchoire sauta d'un coup se et mon corps se détendit brutalement sous le choc. Je fermais les yeux et tentais de sentir en moi toutes les atroces fractures qui devaient parcourir mes os. Pourtant, c'est le visage plein d poussières et de boue que je relevais la tête tandis que du sang visqueux coulait entre mes doigts qui s'agrippaient aux mottes de terre glacées du terrain. Je me laissais tomber sur le dos après avoir tenté d'un dernier effort, de me relever et vis mon balai exploser en milliers de morceaux de bois.

Le ciel était d'un blanc grisé un peu pâle, couleur de nacre et quelques dernières feuilles tardives s'agitaient au loin sur les rameaux noirs dénudés des arbres de la forêt interdite. Quelques instants plus tard, de lourds pas martelèrent le sol et je découvris le visage de Keith qui m'observait en se mordant les doigts. Nathaniel apparut à son tour et se pencha sur moi pour me permettre de me mettre assis. Son genou appuya mon dos qui était douloureux mais je parvins à ma redresser en chancelant. Je vis deux professeurs arriver à leur tour en courant et Madame Bibine m'ordonna de me rasseoir. Je secouais la tête négligemment et ne répondis rien. Les joueurs des deux équipes avaient mis pied à terre et l'effervescence sonore du stade ne faisait qu'empirer. John me soutint par le bras dès qu'il eut dégagé avec véhémence les curieux qui s'étaient approchés.

« Bon sang, Mael ! Qu'est ce qui t'a pris ! Tu devrais … »

« Etre mort, pour sûr ! »

Je me tournai vers la voix narquoise et entraînai dans mon mouvement mon cousin dont les lunettes tressautaient sur son nez. Je découvris Neil Ringler perché sur la première estrade, qui semblait s'amuser comme un gamin. Etheridge à ses côtés m'observait avec minutie et ma bouche se tordit pour lui cracher quelques insultes à la figure. Alors que je balbutiais, il sauta lestement au sol et s'avança vers moi, les mains dans les poches. Sa cape flottait derrière lui et avec exagération, il rejeta l'éternelle mèche de cheveux auburn qui lui mangeait le visage.

« Dégage d'ici, Ringler, cracha Nathaniel en serrant les poings. »

« Pourquoi, Lanchaster, je profite du spectacle, c'est tout ! »

« Je vais t'en donner, moi, du spectacle, clama Keith. »

Un des joueurs de Serdaigle l'empêcha de s'avancer plus et elle resta en trépignant sur place, glapissant des insultes toujours plus féroces au jeune homme qui ne lâchait pas son air moqueur. Jude McClain intima au serpentard de dégager sur un ton grinçant mais je fus plus rapide. Personne ne s'attendait à me voir si vite reprendre mes esprits. Je me détachai de l'étreinte de mon cousin et me jetai tête baissée sur le serpentard, mes doigts avaient eu le temps de trouver ma baguette et le sort fusa lorsque l'habituelle petite étincelle explosa dans mon esprit. Neil Ringler poussa un glapissement sauvage et une gerbe de sang gicla depuis son cou. En gargouillant, il se plaqua contre le mur et alors que mes forces m'abandonnaient, je le vis qui se débattait sauvagement pour éviter l'épanchement de son sang.

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Lorsque je me réveillais doucement en émergeant d'une moiteur ouatée, mes yeux papillonnèrent et je vis quelques silhouettes qui m'entouraient se pencher sur moi. Je me redressais et poussais un gémissement plaintif en sentant mon épaule m'élancer. Une main charitable me força à me recoucher et mon dos retrouva avec soulagement l'oreiller.

« Enfin, c'est pas trop tôt que tu te réveilles ! »

« Ouais, maugréa Nathaniel. 'Commence à en avoir marre ! En plus, j'ai bien peur d'avoir fini le paquet de chocogrenouilles, j'espère que tu ne m'en veux pas ? »

Je compris alors que je me trouvais à l'infirmerie en reconnaissant les murs peints en blanc et les petits lits aux draps immaculés qui s'alignaient le long du mur. Les jumeaux étaient debout à côté de mon lit, entrain de se chamailler comme à leur habitude, tandis que Chass Cooper et Denis Stern étaient assis sur le lit d'à côté.

« Qu'est ce que…, commençai-je à murmurer. »

« Ha, je paris que tu te souviens plus de rien, déclara Nathaniel tandis que Denis me proposait une dragée surprise de Bertie Crochue. »

« Heu…non, pas trop. »

« Euh, et bien, il se trouve que Ringler, lui, n'a pas pu oublier ce que tu lui as fait, me lança le poufsouffle d'un air contrit. »

« Pff, de toutes façons, il n'a eu que ce qu'il méritait, tonna ma cousine en croisant les bras. »

« Très beau sort, ajouta mon cousin en ricanant, une poignée de cartes de chocogrenouilles à la main. »

Il eut un petit silence que brisa Chass Cooper qui était resté parfaitement muet et stoïque jusqu'à maintenant. Ses yeux perçants s'agitèrent derrière ses lunettes et il passa une main distraite dans ses cheveux blonds dont s'échappaient à son grand mécontentement, de nombreux épis.

« Dis, Mael, qu'est ce que c'était comme sort que tu as lancé ? Parce que, sans vouloir t'accuser, Ringler a tout de même bien manqué de se vider de son sang. »

« Euh… franchement, je sais plus. Je n'ai plus de souvenirs précis. »

Il hocha la tête puis finalement, je demandais les résultats du match en craignant que Norvig ait entre temps décidé de me virer. Keith poussa un soupir et se laissa tomber sur les draps du lit en secouant la tête.

« Il fallait s'y attendre, on a perdu. »

« Bon, de pas grand chose, rétorqua Nathaniel dont la bonne humeur semblait inébranlable. Deux cent à quatre-vingt dix. »

« Tout de même, murmurai-je avec une désagréable grimace. Et je suppose que Norvig m'a virée ? »

« Non, pas du tout, s'exclama Denis. Etant donné que ce qui s'est passé est tout de même un peu étrange… »

Je hochais la tête et reprit une dragée surprise qui s'avéra être la fraise. Puis finalement, les autres repartirent en cours. Chass Cooper me laissa un livre pour me distraire un peu et je le remerciais. Une heure plus tard, Madame Pomfresh passa et m'administra un fortifiant. Je lui demandais quand est ce que je pourrais sortir et son regard sévère, lourd de réprimandes, me dispensa d'une réponse plus précise.

Alors que je tendais le bras pour me saisir d'un verre d'eau, je vis la porte s'entrouvrir pour laisser passer la petite silhouette de Scott Sullivan qui referma d'un geste précipité la porte. Adossé contre le mur, il poussa un sourire, attestant qu'il avait dû braver l'attention perspicace de l'infirmière pour venir me voir. Je m'étais d'ailleurs étonnée de ne voir ni lui ni Flavy Oswald parmi mes camarades mais je n'avais pas poussé mes soupçons plus loin, supposant qu'ils devaient être occupés à autre chose.

Le jeune garçon avait un petit sourire timide et ses grands yeux noisettes s'agitaient de tout côté, comme s'il s'attendait à ce qu'un gobelin jaillisse du mur pour le dévorer.

« Tiens, salut Scott ! »

« Bonjour Mael…. Dis, les autres sont passés te voir, n'est ce pas ? »

« Oui, bien sûr, en fin de matinée, je crois… »

Sa voix hésitante trahissait non pas comme à son habitude la timidité du gryffondor mais un certain malaise, trahi par nombres de signes. Il s'approcha du lit et je me mis à douter du but de sa visite en le voyant extraire d'un geste précautionneux de sous sa cape, quelque chose emballé dans un morceau de tissu.

« Mael… Je crois que ce qui s'est passé pendant le match n'a rien d'un accident ! »

« J'en ai bien peur, moi aussi, soufflais-je. »

Il me remit sur la couverture l'objet que je déballais avec attention pour me retrouver face à un morceau de bois rompu d'un côté et qui offrait de trop nombreuses échardes à mon goût.

« Qu'est ce que c'est que ça ? »

« Un des restes de ton balai, marmonna t'il. »

« Enfin, c'était juste un balai prêté par l'école. Peut-être n'était-il pas très… »

Il m'interrompit brutalement et je fixais son visage blême qui tentait de me dire quelque chose.

« Non ! Regarde sur le côté… »

Je tournais le bout de bois entre mes mains pour découvrir un petit signe gravé dans les fibres pâles et veinées de bruns. Mes doigts parcoururent avec attention le petit signe et je relevais la tête pour adresser un regard interrogateur à Scott.

« C'est une rune, murmura t'il. »

« Et qu'est ce que c'était censé faire là ? »

« Apparemment, quelqu'un s'est débrouillé pour accéder à ton balai et graver ce symbole dessus… Je le sais car j'ai pris étude de runes comme options cette année et d'après un livre que j'ai emprunté à la bibliothèque, ce graphème avait pour but de désorienter ton balai. »

« Ca signifie que … »

« Quelqu'un t'en veut, marmonna le jeune homme en rongeant avidement ses ongles. »

Etonnement, il paraissait bien plus bouleversé par la nouvelle que moi-même. Peut-être que je commençais tout simplement à être habituée à ce qu'on en veuille à ma vie. Je détournais la tête pour laisser mes yeux fatigués par la lumière accrue parcourir lentement le parc, ses bosquets. J'aperçus même un long ruban de fumée argentée qui s'échappait de la petite cabane d'Hagrid, le garde-chasse.

« Tu sais qui ça peut être ? Parce que même pour un simple match de Quidditch, c'est à ta vie qu'on en voulait ! »

La voix de Scott montait dans les aiguës au fur et à mesure qu'il avançait dans l'intrigue, se posant de plus en plus d'interrogations qui plissaient sévèrement son front et rendaient son regard anxieux. Je me redressai et poussai un petit soupir en sentant mon épaule m'élancer. Madame Pomfresh m'avait prévenu que la potion mettrait quelques heures à agir pour faire disparaître la meurtrissure.

« Ecoute, Scott ! Je suis sincèrement touchée que tu te fasses du souci pour moi mais je dois t'avouer quelque chose. Je m'y attendais un peu…Merci de t'inquiéter pour moi néanmoins ce n'est pas la peine ! »

« Mais… commença à bredouiller le garçon. »

« Je ne peux rien te dire de plus, je suis désolée ! »

Il parut déçu car il devait commencer à se douter que je lui dissimulais quelque chose. Scott Sulivan sous ses allures de lourdaud maladroit, timide et effrayé pour peu de choses, s'appliquait surtout à rendre aux autres une image un peu pitoyable de lui-même. Pourtant, il avait été des plus rapides à se douter de quelques choses. Contrairement à mes cousins, trop occupés à se chamailler comme des gamins, ou même à Chass Cooper, pourtant le plus intelligent de la bande.

« Très bien, je suppose que ce que tu caches n'est pas un simple petit secret. Mais ne crains rien, je saurais tenir ma langue. Je n'ai parlé à personne de ton altercation avec Hawthorne et si tu veux, je m'occuperai de ces filles avant qu'un tas de ragots stupides se mettent à courir sur ton compte. »

Il me quitta, abandonna le mouchoir dans lequel il avait pris soin de camoufler les restes du balai que je m'empressais de faire disparaître sous le lit. Puis je tentais d'imaginer la frêle silhouette de Scott cherchant à menacer ou effrayer un groupe de filles gloussant sous son nez. Je ris à voix basse mais m'interrompis en voyant une nouvelle personne pénétrer dans la chambre. Décidément, j'allais finir par croire que le petit groupe s'était entendu pour venir à la queue leu leu me présenter leurs soupçons. Rapidement et furtivement, Flavy Oswald vint s'asseoir sur la courtepointe, ses cheveux mi-longs qui voletaient sur son front et dans son cou. Sa bouche se tordait mollement en un rictus qui laissait sous-entendre que j'allais encore assister à de lourdes révélations.

« Je suis passée car après ce qui t'est arrivée, je me suis dit que j'allais revenir sur ma parole et finalement te poser ma fameuse question. J'aimerai que tu y répondes, s'il te plait ? »

« Euh, quelle question, fis-je d'un air absolument crétin, comme si je ne savais ce que la serpentard voulait dire. »

« Qui es-tu vraiment ? »

En réfléchissant rapidement, je me dis qu'il valait mieux ne rien révéler qui puisse me nuire, considérant que j'avais suffisamment d'ennuis par là même. Je triturais maladroitement l'ourlet du drap mais la main fine et froide de la jeune fille s'abattit sur mon poignet pour me convaincre de parler.

« Je m'appelle Mael Lan…. »

« Arrête, ça ne sert à rien ! Je te jure que je peux t'aider mais il faut pour cela me mettre dans le secret. »

Un profond soupir déchira ma poitrine et après une moue hésitante, je finis par lâcher la vérité et ses milliers de visages qu'elle avait pris ses derniers mois. Cela m'étonna de débiter ainsi ma vie et les mots, les phrases, les noms résonnaient à mes oreilles comme des sonorités nouvelles et inconnues, comme si j'avais déjà fait le deuil de moi-même.

« Très bien, je m'appelle en réalité Alysse Cleland. Ma mère était une sorcière et s'appelait Esther Sparrow… »

Avec attention, la jeune fille écoutait mes paroles et tandis que je parlais, je sentais un poids disparaître, mes pensées s'éclairer et enfin cesser d'être troublées par les ombres et les mensonges qu'on m'avait assénés pendant assez longtemps. Je lui exposais la mort de mon frère et de ma mère, comment Hawthorne s'était proposé pour se lier à moi, qu'il avait aimé ma mère et eut un fils avec elle, que j'avais cru qu'il était mon père et comment ma mère avait trahi tout le monde en se révélant être une mangemort. Les larmes se mirent à couler sur mes joues en racontant l'angoisse profonde et sourde que j'avais découverte sur les traits de ma mère lors de cette sombre nuit où je l'avais vue traquée comme une bête sauvage et paniquée par les agents ministériels dont son amour et par les mangemorts. C'était l'image d'une femme déchirée, convoitée et tiraillée par tous.

Un silence gênant s'installa entre nous puis finalement Flavy m'offrit un sourire que l'on voyait fort rarement sur ses lèvres fines, un sourire qui illuminait son petit visage pointu et sur le coup, ce geste, si petit et futile soit-il, projeta en moi un sentiment de soulagement et de plénitude.

« Alysse, tu me permets de t'appeler Alysse… »

J'acquiesçais doucement et la laissais continuer.

« Puisque tu as eu le courage de me faire confiance, je vais te révéler un secret. Tu m'avais demandé pourquoi tout le monde, surtout les serpentards à vrai dire, me respectaient. Et bien, c'est tout simplement à cause de ma famille. Les Oswald sont une des plus grandes familles de Grande-Bretagne à pratiquer la magie noire. Ho, je ne m'en vante pas, tu sais. Ca fait parti de moi et de ma vie, c'est tout. Les serpentards connaissent l'influence de ma famille et qu'il vaut mieux lui être allié que de s'opposer à elle. C'est pourquoi même ce crétin de Doenitz ne me menace pas trop… Enfin, depuis peu, je sens qu'on perd pied et que de nombreuses personnes se tournent vers ce nouveau mage noir. Maintenant, je comprends mieux pourquoi certains seraient très intéressés de te faire disparaître. »

Il avait décidément bien pire que ma famille et je finis par avouer à Flavy que j'étais certaine qu'il se trouvait quelque chose que je ne savais et qui expliquait le choix de ma mère. Persuadée qu'elle n'aurait jamais abandonné sa vie et celui qu'elle aimait pour suivre d'aussi atroces exactions. Sand Sparrow m'avait assuré que quelqu'un l'avait entraîné dans ce cauchemar. Si j'avais d'abord été persuadée qu'il s'agissait d'Ayn Hawthorne, maintenant, plus aucunes pistes ne s'ouvraient à moi. Une phrase de Flavy me sortit de mes pensées.

« En tout cas, je suis presque certaine que ce n'est pas un hasard que Hawthorne soit devenu ta flamme. Un lien si fort ne se pratique pas à la légère. Si ça se trouve, d'autres personnes sont impliquées et ce n'est pas un choix personnel. »

« Tu crois ? Il m'a dit qu'il faisait ça en souvenir de quelqu'un…. Je supposais qu'il s'agissait de ma mère. »

« Il y a un moyen de vérifier cela mais… il faudrait attendre que tu sortes de l'infirmerie. »

« De toutes façons, je refuse de rester encore une journée alitée à attendre bien sagement qu'on vienne m'achever ! Mais qu'est ce que tu proposes ? »

Un doute m'envahit en voyant les yeux de la jeune fille se plisser en deux minces fentes alors qu'elle se redressait et agitait ses cheveux noirs. Un peu de bruit provint du couloir et indiqua la fin d'un cours.

« Ho, juste une petite visite dans les appartements de notre professeur de défense contre les forces du mal ! »

fin du chapitre 10

(5 février 06)