Hello!

Et voici le chapitre 1 de Ta danse!

L'incendie qui a lieu dans la première partie est fortement inspiré d'un incendie semblable qui a eu lieu pas loin de chez moi l'année dernière. Bien des choses sont inspirées de la vie réelle, même si on écrit de la fiction, en fait.

Concernant le rythme de parution des chapitres, j'ai décidé que ce serait soit le dimanche, soit le mercredi lorsque le chapitre est long à traduire. Je peux déjà vous dire que le prochain sera long (8000 mots, 15 pages word)!

Je voulais aussi vous prévenir, il y aura BEAUCOUP de visites à l'hôpital au cours de cette histoire! (genre 7 fois sur les 10 parties... mais tout finit bien pour ceux qui s'y retrouvent!)

Bonne lecture!


Chapitre 1 - Hôpital et calendrier


L'alarme résonna bruyamment dans la caserne de pompier, et les hommes coururent jusqu'aux deux grandes échelles. Lorsque les deux véhicules quittèrent la caserne sirènes hurlantes, Roy fit un bref compte-rendu de l'accident à son équipe.

— Il y a eu une explosion dans un laboratoire du campus. Le feu est en train de ravager l'étage supérieur. Pour le moment nous ne savons rien sur d'éventuelles victimes, donc gardez un œil au cas où vous trouverez quelqu'un. Compris ?

— Oui ! Répondirent les sept pompiers, à la fois dans le camion et par la radio de l'autre échelle.

Écrasant la pédale d'accélérateur, Maria Ross conduisit agilement dans les rues encombrées d'East City, jusqu'au campus de l'université. Alors qu'ils s'approchaient de la fac de sciences, ils purent voir une épaisse fumée noire s'élever dans les airs. Le cœur de Roy se serra alors qu'un mauvais pressentiment le saisissait. Alphonse lui avait dit moins de deux heures auparavant que son frère travaillait sur une expérience importante au labo de sa fac cet après-midi. Il espéra, espéra, qu'Edward n'était pas là, pour qu'il n'ait pas à dire au meilleur JSP de sa caserne que son frère avait été blessé. Il ferma les yeux, inspira, expira, enferma ses sentiments loin en lui, et rouvrit les yeux. Il était déjà intervenu sur des incendies comme celui-ci, il pouvait le faire.

Lorsqu'ils arrivèrent sur place, la foule était déjà rassemblée près du bâtiment en flammes. Il y avait les gens qui avaient évacué et des curieux. Ce n'était pas bon, pensa Roy. Les gens étaient toujours curieux de l'infortune des autres, et ils s'exposaient là à des fumées dangereuses, des températures élevées et des chutes d'objets.

Le labo qui avait pris feu était au troisième étage du bâtiment, et les flammes avaient déjà dévoré presque la moitié de l'étage. Roy analysa la situation avant de donner ses ordres.

— Falman, Breda, dispersez la foule ! S'exclama-t-il en sortant du camion. Occupez-vous de la police et des secours ! Havoc, Charlie, grimpez pour voir s'il y a des gens coincés en haut ! Ross, Brosh, Damiano, avec moi pour éteindre le feu.

Il enfila son casque et alla aider les autres qui déployaient les échelles sur le mur et connectaient les lances aux bornes à côté du bâtiment. Peu après, Havoc et Charlie mirent leurs ARI (appareils respiratoires isolants) et commencèrent à grimper alors que Ross, Damiano, Brosh et Roy arrosaient abondamment le feu.

— Il y a au moins deux personnes là-haut ! Les avertit Breda à la radio.

Merde.

— Faites attention ! Répondit Roy. C'est peut-être un petit labo, mais il y a des produits chimiques qui peuvent encore prendre feu !

Une goutte de transpiration perla sur son front. Ce n'était pas son premier feu, loin de là, mais cette fois, il ne voulait pas annoncer à quelqu'un que son frère avait été pris dedans.

S'il te plaît, sois en sécurité, supplia-t-il. Il connaissait Edward Elric depuis deux ans, et ce garçon était ambitieux. Il avait commencé, à 17 ans, une licence de chimie et de pharmacie dans le but de trouver un remède pour une maladie encore inconnue. La même maladie qui avait emporté leur mère, à Alphonse et lui.

Un troisième et un quatrième camions arrivèrent avec une ambulance. Breda ou Falman avaient dû les prévenir de la présence de gens dans le labo en flammes. Les deux autres équipes s'installèrent à côté de celle de Roy et commencèrent à combattre l'incendie.

— J'ai trouvé quelqu'un ! Il est conscient ! Annonça Havoc depuis l'intérieur. Je le descends, préparez de l'oxygène !

— Très bien, répondit Roy. Charlie, tu vois quelqu'un d'autre ?

— Il y a trop de fumée, c'est difficile de voir. La voix de Charlie résonna à son oreille. Attendez ! Il y a quelqu'un !

Roy tenta de se concentrer sur la lance et le jet d'eau qu'il envoyait sur les flammes. Mais ses pensées était loin du feu.

— Préparez des soins d'urgences ! Je crois bien qu'il saigne ! Cria Charlie.

Havoc descendit le long de son échelle, aidant un garçon blond. L'espoir de Roy mourut lorsqu'il se tourna. Ce n'était pas Edward. Le garçon marcha jusqu'à l'ambulance, aidé par le subordonné de Roy.

Enfin, Charlie apparut avec quelqu'un sur son dos. Le sang de Roy se figea lorsqu'il vit la tresse blonde qu'il connaissait bien, celle du frère de son meilleur JSP. Charlie se précipita vers l'ambulance, hors de son champ de vision, et il appréhenda de voir la condition d'Edward.

— Je vais prendre le relais, mon lieutenant ! L'offre de Havoc fut un soulagement. Il n'y avait personne d'autre en haut, nous pouvons nous concentrer sur l'extinction du feu !

Roy donna la lance à Jean et se dirigea vers l'ambulance.

— Je le connais, dit-il d'une voix qu'il espérait ferme aux ambulanciers qui s'occupaient des blessures d'Edward. Comment va-t-il ?

— Il a reçu une barre en métal dans le côté, nous avons besoin de le stabiliser avant de l'emmener à l'hôpital, lui répondit l'un d'eux.

Roy hocha la tête, mais il était concentré sur le visage pâle, presque blanc sous la cendre, du garçon. Il se débattait face à la douleur, même inconscient, c'était évident. Roy grimaça. Il allait devoir l'annoncer à Alphonse une fois qu'il aurait fini ici. Heureusement, son équipe n'était pas la prioritaire sur les interventions de cette garde, donc il pourrait trouver du temps pour emmener le plus jeune Elric à l'hôpital.

Il se tourna vers l'autre garçon, qui était assis dans l'ambulance, une couverture sur ses épaules et un masque à oxygène sur son visage.

— Comment vous sentez-vous ? Que s'est-il passé ?

Interroger les victimes était le boulot de la police durant l'enquête, mais Roy voulait au moins avoir quelques éléments à donner à Alphonse.

— On était en train de nettoyer notre équipement de laboratoire, et soudain le bac a pris feu, répondit le garçon.

Il toussa.

— On a essayé d'éteindre le feu, mais quand Edward a mis de l'eau dessus, ça a explosé. J'ai perdu conscience, et c'est votre collègue qui m'a ranimé. J'espère qu'Ed ira bien, c'est un bon ami et un étudiant brillant.

— Avez-vous une idée de la raison de cet incendie ?

Le garçon secoua la tête. Il était fatigué, avait sans nul doute respiré des vapeurs toxiques, et voulait être seul. Roy le laissa donc, lui souhaitant un prompt rétablissement.

Des voix nerveuses retentirent sur sa droite. Il se tourna pour voir un homme aux lunettes rondes et aux courts cheveux châtain criant sur des policiers qui le tenaient par les épaules.

— Je vous dis que je n'étais pas là ! Je ne sais pas ce qui s'est passé !

— Calmez-vous, monsieur Tucker, dit un des policiers en tentant de le calmer. Nous voulons vous poser quelques questions, c'est tout. Vous n'êtes pas en état d'arrestation, je vous le garantis.

— Je ne voulais pas que quelque chose de mauvais arrive à ces étudiants ! Ils travaillaient sur leurs projets, c'est tout.

Tucker se débattit sous la poigne des officiers. Roy s'approcha.

— Êtes-vous le professeur d'Edward Elric ?

L'homme se tourna vers lui et acquiesça.

— Comment le connaissez-vous ?

— Ce n'est pas important, monsieur. Je voulais simplement vous prévenir que si la sécurité de vos étudiants n'était pas garantie, vous pourriez être considéré comme responsable de cet accident.

Le visage de Tucker tourna au gris cendre. Se souciait-il plus de la santé de ses étudiants ou de sa carrière ? Roy ne put s'interroger davantage lorsqu'un autre homme à la peau sombre portant des lunettes s'approcha du petit groupe.

— Monsieur Tucker, vous voilà ! Le directeur souhaiterait vous voir. Il fit signe aux policiers. Vous pouvez venir, puisque c'est au sujet de l'enquête sur l'incendie.

Cela semblait urgent, donc Roy les laissa partir. L'ambulance partit aussi. Roy retourna au bâtiment, où le feu semblait diminuer peu à peu sous les efforts conjoints des équipes. Environ deux heures plus tard, il était presque éteint, et Ross, Charlie et Brosh arrosèrent les braises pour éviter toute reprise de feu. La foule s'était dispersée, et seuls quelques badauds étaient restés pour observer les pompiers.

Les deux équipes nettoyèrent le lieu de l'intervention et retournèrent aux camions. Dès qu'ils furent partis, Roy prit son téléphone et composa le numéro d'Al. Quelques sonneries plus tard, Alphonse répondit.

— Lieutenant Mustang ? Il semblait surpris. Je viens de finir les cours, que se passe-t-il ?

— Es-tu toujours au lycée ? Je passe te chercher… dans une quinzaine de minutes.

— Je suis au lycée, répondit Alphonse d'une voix plus sérieuse.

— Attends-moi. Nous allons à l'hôpital. Quelque chose est arrivé à ton frère. Roy essaya d'être bref, mais ne voulait pas causer trop d'inquiétude au garçon.

— J'ai entendu des rumeurs… à propos d'un incendie sur le campus scientifique.

Roy entendit la question derrière les mots d'Al. Il déglutit et jeta un œil à ses collègues qui le regardaient, l'air soucieux. Il ne le connaissaient pas autant que lui, mais il était doué et dévoué, donc Roy parlait souvent de lui aux autres.

— Ed était là, déclara Roy, appréhendant la réaction d'Al.

— Je vais appeler Winry, répondit-il immédiatement, la voix lourde de chagrin. Je ne veux pas qu'elle l'apprenne de ses parents, même si c'est logique. Elle est en cours de danse, donc j'espère qu'elle répondra.

— Fais ça en m'attendant.

Roy raccrocha.

Le camion se gara dans la cour de la caserne et Roy sauta dehors. Il donna quelques ordres pour faire vérifier, comme d'habitude, les lances et le reste du matériel.

— Boss, laissez-nous faire, on va s'en occuper ! Dit Havoc. Allez chercher Alphonse, je pense que c'est plus important. Et si le vieux Grumman vous demande, on lui dira où vous êtes.

Roy ne prit pas le temps de se doucher. Il monta dans sa voiture et partit, portant toujours son T-shirt à l'odeur de feu. Quand Alphonse ouvrit la portière côté passager, il s'excusa pour l'odeur.

— Ne vous inquiétez pas, répondit le garçon.

Il semblait calme, mais ses épaules étaient tendues et sa voix manquait son habituelle énergie et sa vivacité. Il se rencogna dans son siège durant le reste du trajet et ne parla pas, seulement pour dire que Winry était sous le choc.

— Elle vient avec sa prof de danse. Elle m'a dit qu'elle appellerait ses parent pour savoir comment va Ed. Elles nous attendront.

— OK.

Roy trouva une place non loin des Urgences, et lui et Alphonse coururent vers l'entrée. Alphonse demanda à la réceptionniste où il pouvait trouver son frère, et la jeune femme lui indiqua une salle. Roy le suivit, et ils trouvèrent Winry en pleurs, assise sur un banc.

— Win ! Alphonse se précipita vers elle et l'enlaça. As-tu des nouvelles ?

Winry secoua la tête.

— Papa s'occupe de lui en ce moment. Je sais qu'il s'est fait poignarder, mais je ne sais pas à quel point il va mal. Elle leva la tête et vit Roy debout à quelques pas derrière son ami. Merci, monsieur Mustang, de nous avoir prévenus si rapidement.

Roy sourit dans une tentative pour la rassurer.

— Je le connais depuis un certain temps, et je crois qu'il appréciera d'avoir sa petite amie à ses côtés quand il se réveillera.

Un mince sourire apparut sur le visage de Winry. Des bruits de pas résonnèrent sur le carrelage du couloir.

— Winry, je t'ai pris du chocolat chaud… Oh, Alphonse ! Je suis contente de te voir ici, je pense que Winry a bien besoin de son soutien, déclara une voix féminine derrière Roy, et il se retourna. Et vous devez être le pompier dont Al a parlé, monsieur…

Roy écarquilla les yeux, croyant à peine ce qu'il voyait. C'était un souvenir de trois ans, un visage qu'il n'avait vu que deux fois mais jamais oublié. Comment était-ce possible ? Pourquoi était-elle là ? Il déglutit, ses yeux passant sur son visage vif, sur ses cheveux noués en un chignon, ses jambes masquées par un pantalon noir. Elle allait bien.

Trois petits mots passèrent ses lèvres.

— L'Oiseau de Feu.


Riza démarra la musique. Aux premières notes de harpe et de flûtes qui sonnèrent dans le studio de danse, Winry s'élança. Elle se mût agilement, aussi gracieuse que Flore devait l'être. Chacun de ses pas était parfait, nota Riza. Cette fille était vraiment l'espoir du conservatoire. Elle avait dix-huit ans et avait déjà gagné plusieurs prix lors de compétitions nationales. La variation de Flore serait sa pièce pour la suivante, quelques mois plus tard. Ce serait sa première compétition internationale, avec de jeunes danseurs venant de nombreux pays. Amestris avait des danseurs mondialement connus, mais parfois Drachma et Xing fournissaient de bons challengers.

Quand Winry monta sur sa dernière arabesque, Riza put voir sa jambe trembler légèrement. Elle fatiguait, après deux heures passées à danser.

Riza éteignit la musique, et Winry redescendit sur ses deux jambes.

— Comment était-je ? Demanda-t-elle d'un air soucieux alors que Riza s'approchait d'elle.

— Parfaite, sourit Riza. Cependant, tu semblait fatiguée sur ta dernière arabesque.

Un air fier apparut sur le visage de Winry pendant quelques secondes, puis elle fronça les sourcil.

— Comment puis-je améliorer cette arabesque, dans ce cas ? Ou alors ne pas paraître fatiguée ?

Riza monta sur ses pointes et releva sa jambe gauche loin derrière elle, son dos toujours droit.

— Tu as besoin de trouver la bonne hauteur pour ta jambe, dit-elle, toujours sur sa pointe. C'est la hauteur à laquelle tu sera à la fois belle et à l'aise.

Winry hocha la tête et tenta de reproduire la même arabesque que venait de lui montrer son enseignante. Riza sourit. Son élève était dévouée et constante dans ses efforts. Elle irait loin, sans doute plus loin qu'elle-même. Mais ces temps de gloire et de succès étaient terminés pour Riza. Depuis son accident de voiture, elle n'avait pas dansé en compétition ou dans un ballet. Même si elle n'avait jamais rien dit, même à Rebecca, danser ainsi lui manquait. Elle pouvait danser, mais même si sa mémoire était intacte, à la pensée de danser dans un ballet elle se sentait mal à l'aise. Elle pouvait toujours montrer les différentes figures à d'autres, et le choix de devenir professeur avait été facile à faire après le refus d'Olivia Armstrong de l'intégrer de nouveau au BNA avant qu'elle soit complètement guérie.

Elle avait trouvé une place au CDEC grâce à Rebecca, et même si elle avait reçu de nombreuses offres à cause de sa célébrité, elle avait choisi d'être proche de son amie de lycée. Rebecca Catalina avait commencé la danse en même temps qu'elle, et si au début elles avaient été rivales, elles étaient rapidement devenues des amies proches, partageant leurs joies et chagrins. Rebecca avait été l'un de ses meilleurs soutiens lors de sa convalescence, et elle avait voulu lui rendre sa gentillesse.

Enseigner à des jeunes gens talentueux était gratifiant. Winry était devenue une danseuse brillante en deux ans passés avec Riza, qui était heureuse de voir son élève grandir pour devenir une belle jeune femme. Elle aimait aussi enseigner aux plus jeunes enfants. C'était adorable de les voir progresser dans leurs tentatives de pirouettes et de voir leur fierté lorsqu'ils montraient à leurs parents comme ils dansaient bien. Avril était bientôt terminé, et ses élèves préparaient leur numéro pour le gala annuel.

— Refais-le, je veux voir comment tu t'en sors avec la fatigue physique, dit Riza, et Winry acquiesça, même si sa fatigue se voyait sur son visage.

Cependant, avant que Riza ne puisse relancer la musique, un téléphone sonna. Winry grimaça.

— Je suis désolée ! J'ai oublié de le mettre en mode vibreur, s'excusa-t-elle.

Riza l'autorisant à vérifier, elle courut vers son sac et sortit son smartphone.

— C'est Al. C'est étrange… Il sait que j'ai un cours de danse à cette heure.

— Réponds, c'est peut-être important, dit Riza.

Elle connaissait Alphonse Elric et son frère Edward, qui étaient les amis d'enfance de Winry, l'aîné des deux étant son petit copain. Ils avaient tous les deux quitté leur village natal dans la campagne pour la rejoindre après la mort de leur mère. Les parents de Winry les avaient accueillis, et les deux Elric avaient depuis été à chacune de ses compétitions pour la soutenir. Riza les avait rencontrés et appréciait l'affection qu'ils avaient pour Winry, et leur dévouement pour rendre le monde meilleur, chacun à sa manière.

Riza fronça les sourcils. Winry pâlissait à vue d'œil. Elle s'assit alors qu'elle écoutait Alphonse. Riza s'agenouilla devant elle et attendit que l'appel se termine.

— D'accord, renifla Winry. J'irai dès que je peux. Je vais appeler Maman ou Papa, ils en sauront plus sur son état. Merci de m'avoir prévenue. Elle raccrocha et regarda Riza. C'est Ed, il a été pris dans un incendie et a été gravement blessé. Il est à l'hôpital.

Sa voix se fêla et les larmes se mirent à couler sur ses joues.

Riza jugea ses options en quelques secondes.

— Habille-toi rapidement, Winry. Nous y allons. Winry lui lança un regard incrédule. Je t'emmène à l'hôpital, Ed aura besoin de toi à ses côtés.

Pendant que Winry remettait ses vêtements normaux, Riza enfila un pantalon au-dessus de son legging de danse et un simple pull sur son justaucorps. Elle ne savait pas si elle pourrait revenir pour s'entraîner un peu à la fin de la journée, aussi rangea-t-elle la chaîne hi-fi dans le placard. Tout ce temps, elle ne pensait qu'à Edward et Winry. Que s'était-il passé ? A quel point Edward était-il blessé ? Winry l'aimait de tout son cœur depuis qu'ils étaient enfants, mais ils ne sortaient ensemble que depuis un an. Riza espérait qu'ils ne souffriraient pas au-delà des conséquences immédiates de cet accident. Ils méritaient d'être heureux et de profiter de leur jeunesse.

Riza conduisit jusqu'à l'hôpital, et Winry tenta de garder un visage calme alors qu'elle appelait sa mère, qui travaillait comme sage-femme. Peut-être serait-elle plus disponible que son père, médecin urgentiste, donc plutôt occupé pour le moment. Elle envoya un message à Alphonse, lui disant qu'elle arrivait avec sa professeur de danse. Lorsqu'elles arrivèrent, une infirmière leur indiqua la direction de la salle d'opération où était Ed. Winry s'assit sur un banc près de l'entrée et soupira.

— Je ne pas qu'il arrive malheur à Ed et Al, murmura-t-elle. Ils ont déjà tant souffert dans leur vie.

Riza posa une main compatissante sur son épaule. Elle pouvait la comprendre, certains souvenirs de sa propre enfance remontant à son esprit. Mais ce n'était ni le lieu ni l'instant de penser à ça. Pour le moment, Winry avait besoin de soutien et de réconfort.

— Je vais t'acheter quelque chose à boire, je crois que tu en as besoin.

Winry hocha la tête et Riza partit à la recherche du distributeur automatique. Elle choisit un chocolat chaud pour la jeune fille et un thé pour elle. Alors qu'elle attendait que les boissons soient servies, elle observa autour d'elle, les souvenirs revenant à la surface.

Elle avait passé une semaine affreuse dans cet hôpital, luttant contre la douleur de ses jambes, alors que Rebecca lui répétait qu'elle irait bien. Elle était parvenue à éviter les journalistes qui voulaient voir sa souffrance et en parler. Mais le pire avait été lorsqu'elle avait réalisé qu'elle ne serait plus la femme qu'elle avait été jusque là. Un jour elle était une danseuse de talent, l'une des meilleures, acclamée par tous, et le jour suivant elle n'était plus rien. Une femme blessée qui ne pourrait pas marcher pendant des mois, incapable de faire ce qu'elle aimait, ce que sa vie avait été toutes ces années durant.

Elle secoua la tête. Ce n'était pas le moment de revivre ces mauvais souvenirs. Mais son cœur resta serré dans sa poitrine alors qu'elle revenait vers Winry.

— Winry, je t'ai pris du chocolat chaud… déclara-t-elle avant de s'apercevoir que la jeune danseuse n'était pas seule.

Alphonse était assis à côté d'elle, et un homme brun se tenait devant eux, dos à elle. Elle ne pouvait rien voir d'autre que de larges épaules sous un T-shirt noir, et une posture confortable.

— Oh, Alphonse ! Je suis contente de te voir ici, je pense que Winry a bien besoin de son soutien. L'homme se retourna vers elle. Et vous devez être le pompier dont Al a parlé, monsieur…

Elle s'attendait à un nom. A la place elle reçut un regard surpris. Deux yeux noirs qui l'observaient avec une fascination stupéfaite, de fines lèvres entrouvertes, des sourcils noirs haussés sous des mèches également noires. Il était agréable à regarder, et étrangement, son visage lui était familier.

— L'Oiseau de Feu, souffla-t-il.

— Je vous demande pardon ? Demanda Riza, ne saisissant pas ce qu'il venait de dire.

Etait-ce son nom ? Ou savait-il quelque chose sur elle ? L'Oiseau de Feu avait été son dernier rôle avant l'accident. Comment un pompier d'East City pouvait-il la connaître, connaître ses rôles ?

— Je suis désolé, répondit-il, embarrassé. C'est que… je…

Riza ne put empêcher un sourire d'apparaître sur ses lèvres. Il était beau, mais il semblait qu'une simple question le déstabilisait.

— J'ai vu votre dernière représentation il y trois ans, et j'ai été fasciné par votre danse. Il tendit la main pour qu'elle la serre. Je m'appelle Roy Mustang, au fait. Je suis l'instructeur d'Alphonse, et mon équipe est celle qui est intervenue sur l'incendie du labo d'Edward aujourd'hui. Enchanté, Riza Hawkeye.

Riza prit sa main, des questions se heurtant dans son esprit. C'était arrivé trois ans plus tôt, et il se souvenait encore d'elle ? Sa main chaude l'apaisa et calma un peu le flux de ses questions.

— Enchantée de même, monsieur Mustang, répliqua-t-elle. Mais je ne danse plus.

Elle retira à regret sa main de celle de Mustang.

— Je sais.

Une étrange lumière brilla dans ses yeux. Il détourna les yeux un bref instant, perdu dans ses pensées. Lorsqu'il revint vers elle, il sourit.

— Je suis heureux de voir que vous êtes capable de transmettre ce que vous avez appris dans le passé. C'est une noble tâche.

Les joues de Riza chauffèrent soudain et ce fut à son tour de détourner les yeux vers Winry et Alphonse. Tous les deux les regardaient, Mustang et elle, avec un air entendu. Riza réalisa soudain qu'ils parlaient de danse alors qu'Edward était en train d'être opéré, et que sa copine et son frère attendaient des nouvelles. De bonnes nouvelles, avec un peu de chance.

— Peut-être pourrions-nous discuter… autre part ? Est-ce que ça vous dérange ? Demanda Riza aux deux adolescents.

— Allez-y, dit Winry. On vous tiendra au courant, et mes parents nous poseront à la maison.

Riza hocha la tête, mais une goutte de sueur courait le long de son dos. Pourquoi lui proposait-elle de discuter aussi nonchalamment ? Elle ne le connaissait même pas ! Mais lorsqu'elle le regarda alors qu'il acceptait, elle vit une lueur joyeuse dans ses yeux. Elle ne savait pas vraiment ce qu'il voulait, mais elle avait quelques questions à lui poser.

Ils quittèrent Alphonse et Winry pour s'installer dans la salle de pause pour les visiteurs, là où elle avait acheté le thé qui était toujours intact dans sa main.

— Donc vous êtes venu à Central pour voir la dernière représentation de l'Oiseau de Feu il y a trois ans, déclara-t-elle d'une voix calme.

— Je suis allé rendre visite à ma mère et mes sœurs, et elles m'ont offert le ticket pour aller voir le ballet. J'aimais le conte quand j'étais petit, alors elles on pensé que ce serait bien si je pouvais le voir sous un autre format.

— L'avez-vous aimé ?

Riza grimaça intérieurement. Bien sûr qu'il avait aimé, il venait de dire qu'il avait été captivé par sa danse. Mustang acquiesça.

— Vous… c'était magnifique. J'ai vraiment aimé la musique, les costumes, et les danseurs étaient excellents. Vous ne faisiez pas partie du ballet national pour rien.

Riza prit une gorgée de thé. Ses joues étaient de nouveau brûlantes. Cet homme savait complimenter les femmes sans vraiment le montrer.

— Merci, murmura-t-elle.

Ils se tenaient sur le même banc, séparés par quelques dizaines de centimètres, et cela semblait à la fois trop et trop peu. Riza n'aimait pas ce qu'elle ressentait. Cet homme était un étranger, même s'il aimait sa danse. Mais il semblait amical et respectueux.

— Vous êtes le supérieur d'Alphonse, n'est-ce pas ? Demanda-t-elle dans une tentative de détourner la conversation d'elle. Je suis heureuse que vous l'aidiez à grandir. Il deviendra un homme bien grâce à vous.

— Merci. Mais je pense que même sans moi il deviendra quelqu'un de bien, désireux d'aider les autres. C'est ce qui le motive à avancer.

— Tout ce que je sais sur les pompiers, c'est ma colocataire qui me l'a raconté. Est-ce vrai que la majorité d'entre vous devenez pompiers uniquement pour éteindre des incendies ?

Il sourit.

— La majorité, non. Mais l'objectif premier que nous partageons tous est d'aider les gens. Personnellement, je voulais devenir un héro quand j'étais petit. J'ai hésité entre militaire et pompier, et me voici un pompier militaire de la brigade d'East City.

— Y a-t-il une probabilité que vous soyez envoyés sur le champ de bataille ? Demanda Riza, surprise.

Grand-Papa lui avait dit que les pompiers de Central et East City étaient militaires, mais il n'avait jamais dit s'ils faisaient autre chose qu'éteindre des incendies. Mustang secoua la tête.

— Non, mais nous pouvons être envoyés à des endroits où nos spécialités peuvent être nécessaires. Nous avons une unité de plongeurs, et une qui peut réagir en peu de temps en cas d'accident industriel.

Riza hocha la tête mais garda le silence. Elle sentait qu'il voulait ajouter quelque chose, mais il la regardait simplement, semblant avoir perdu ses mots. Finalement, il ouvrit la bouche, pour être immédiatement interrompu par un « bip » bruyant venant de sa poche. Il sursauta et sortit un petit appareil qu'il éteignit après avoir vérifié l'écran.

— Je suis désolé, je dois y aller, dit-il d'une voix douce alors qu'il lui souriait. J'espère que tout ira bien pour vous. Je suis heureux de voir que vous vous êtes bien remise.

Il salua Riza et partit, la laissant trop abasourdie pour dire quoi que ce soit. Secouant la tête, incrédule, Riza rejoignit Winry et Alphonse, qui attendaient encore dans le couloir.

— Des nouvelles ? Demanda-t-elle.

Winry acquiesça, soulagée, et un peu de l'inquiétude de Riza s'évanouit.

— Ils ont réussi à fermer sa blessure, et il est en salle de réveil. Papa a dit qu'il se réveillera bientôt et qu'ils pourront le transférer dans sa propre chambre. Elle fronça les sourcils. La police le verra quand il ira mieux. C'est pour lui poser des questions à propos de l'incendie. Ils ont déjà vu l'autre étudiant, Russell quelque chose, et ils ont besoin de la version d'Ed pour vérifier qu'elles correspondent.

Riza lui tapota l'épaule, tentant de la rassurer.

— Je suis certaine qu'il ira bien. Tu m'as dit qu'il était toujours attentif durant ses expériences.

Ils discutèrent tous les trois quelques instants, puis lorsqu'une infirmière arriva pour prévenir Winry et Alphonse qu'Edward était réveillé, Riza les quitta, non sans avoir promis d'aller lui rendre visite plus tard.

— Souhaitez-lui un bon rétablissement ! Ajouta-t-elle avec un sourire retenu.


L'esprit de Riza était encore encombré de questions lorsqu'elle se gara au pied de son immeuble. Il était trop tard pour s'entraîner ce soir, soupira-t-elle. Cela voulait dire plus d'entraînement pour rattraper celui qu'elle avait manqué aujourd'hui.

Rebecca était déjà là, préparant le dîner.

— Hey, Riz' ! Comment était ta journée ? Demanda-t-elle en salant le contenu de la casserole.

Ça sentait tellement bon que Riza était impatiente que ce soit prêt. Elle se débarrassa de son sweat et ses chaussures avant de s'asseoir à table en s'étirant.

— Bizarre, je dirais, répondit-elle. Oui, c'est ça, bizarre. Jean t'a raconté l'incendie sur le campus ?

— Oui, il était là. J'ai appris par lui pour le garçon qui a été blessé.

Rebecca baissa le feu et s'assit en face d'elle.

— Tu as vu son chef ? Il était aussi à l'hôpital.

— Oui.

Riza aperçut une étrange lueur dans les yeux de Rebecca, et sa meilleure amie sourit légèrement. OK, ça c'était étrange.

— Il semblait familier, mais je ne saurais pas dire pourquoi.

Le sourire de Reb' s'étira. Elle pointa du doigt quelque chose derrière Riza.

— Voilà pourquoi.

Riza se tourna pour voir le calendrier des Pompiers d'Amestris ouvert à la page d'avril. Elle fronça les sourcils. Serait-il possible que ? Elle se leva et prit le calendrier.

— Février, lui indiqua Rebecca.

Elle tourna deux pages pour retourner à février et se figea.

Comment n'avait-elle pas reconnu Roy Mustang ? Durant vingt-huit jours elle l'avait vu tous les matins au petit-déjeuner, posant sur la page ouverte, torse nu, un sourire rayonnant sur le visage, ses yeux brillant espièglement, ses cheveux peignés en arrière. Il portait une lance enroulée sur son épaule, et son casque sous son autre bras. Comme elle le suspectait, il avait de larges épaules, et des abdos plutôt agréables à l'œil. Riza secoua la tête à cette pensée.

— Il est beau mec, n'est-ce-pas ? Demanda Rebecca avec un sourire moqueur.

Riza soupira. Elle tourna quelques pages jusqu'à trouver la photo préférée de Rebecca. Jean Havoc, faisant un clin d'oeil au photographe, aussi torse nu, faisant du pole-dance sur une échelle. Riza montra le calendrier à sa meilleure amie.

— Celui-là l'est encore plus, qu'en penses-tu ?

— Jean est à moi, comme tu le sais, répliqua Rebecca. Mais je pense que si j'avais été moins bouleversée la première fois que j'ai vu Mustang, je crois que je lui aurais demandé son numéro.

Elles rirent toutes les deux, avant que Riza ne soit soudain frappée par les mots de Rebecca. Elle fronça les sourcils.

— Bouleversée ? La première fois que tu l'as vu ? De quel événement parles-tu ? Tu ne m'as jamais dit que quelque chose t'était arrivé !

Elle criait presque, mais Rebecca l'interrompit.

— Tu étais plus importante que moi à ce moment-là ! Tu étais tout ce qui comptait alors !

Abasourdie, Riza laissa échapper le calendrier et fit quelques pas vers elle.

— De quoi… elle déglutit. De quoi parles-tu ?

— Il y a trois ans, c'est lui qui a assisté à ton accident ce soir-là. Il t'a apporté les premiers soins avant que l'ambulance n'arrive, et il m'a appelée avec ton téléphone.

Riza retomba sur sa chaise, regardant sa colocataire sans y croire. Comment avait-elle pu garder ça pour elle ? Elle ne lui avait jamais demandé comment elle avait été prévenue de son admission à l'hôpital, mais elle s'attendait à ce que son amie soit honnête avec elle. Pour être franche, elle ne savait pas comment digérer cette information.

Au moins, pensa-t-elle, cela expliquait comment Roy Mustang était au courant de son accident et pourquoi il s'inquiétait de sa santé. L'impulsion d'aller le trouver pour lui demander pourquoi il n'avait pas dit qui il était la saisit. Mais ce n'était pas le bon moment. Elle soupira.

— Alors… tu le connaissais déjà quand tu as rencontré Jean ?

Rebecca hocha la tête.

— J'étais surprise au début, et j'ai dû expliquer à Jean pourquoi je connaissait son supérieur. Il a eu peur au début que Roy me pique à lui. Mais il ne me connaissait pas autant qu'il me connaît maintenant.

Riza oublia son agacement envers son amie. Elle se rappela comment Rebecca parlait de son copain et des ses collègues, décrivant leur supérieur comme un coureur de jupons. Riza grimaça à cette pensée. C'était de Mustang qu'il s'agissait. Etait-il vraiment un coureur ? Elle avait rencontré quelqu'un d'honnête, qui n'avait pas essayé de la séduire à l'hôpital. Peut-être était-ce un masque. Ou pas.

— Je connais ce regard. La voix de Rebecca la sortit de ses pensées. Tu penses à quelque chose qui ne te plaît pas.

Riza ne pouvait pas cacher ça à son amie du lycée. Elle la connaissait trop bien.

— Plaisantait-il à propos de Mustang qui serait un coureur de jupons ?

Partager ses inquiétudes à voix haute était étrange. Pourquoi se souciait-elle de quelqu'un qu'elle venait tout juste de rencontrer ? Même s'il était l'homme qui l'avait sauvée trois ans plus tôt, même s'il était plutôt beau gosse, c'était étrange. Elle n'avait jamais pensé à quelqu'un de cette manière. Même ses ex-petits copains ne lui donnaient pas ce genre de pensées.

— C'est juste une façade, une réputation qu'il veut que les gens lui donnent, dit Rebecca. Je ne pourrais pas te dire pourquoi, mais Jean m'a dit qu'il ne pique pas les copines des autres. Elles tombent simplement sous son charme et jettent leurs copains. Juste pour qu'il refuse de leur parler.

— Ont-elles vu sa photo dans le calendrier ?

Riza rit presque en récupérant le-dit calendrier sur le sol.

— En fait, c'est la deuxième fois qu'il est là-dedans.

— Il était déjà dedans l'année dernière ?

Si Riza avait été en train de boire, elle se serait sans doute étranglée avec sa boisson.

— Tu veux que je te donne ce calendrier ? Répliqua Rebecca sur un ton joueur. Je pense que tu étais trop occupée avec ton boulot et ton rétablissement pour te soucier de ça.

— C'était l'année dernière. Maintenant j'ai du temps. Le numéro pour le gala de cette année est prêt.

— Tu veux le revoir ?

La question de Rebecca la fit réfléchir. Voulait-elle revoir Roy Mustang en personne ? Peut-être. Etait-ce à cause de ce qu'il avait fait pour elle lorsqu'elle avait été trop insouciante pour voir qu'il était temps de sortir de l'autoroute ? Sans doute. Ce pouvait-il être à cause du regard soulagé, joyeux, et un peu embarrassé qu'il lui avait lancé ? Elle l'ignorait.

— Si c'est écrit quelque part que nous nous rencontrerons encore, qu'il en soit ainsi, dit-elle, résignée.

Elle ne voulait pas ressembler à ces femmes qui jetaient leur copain sans raison.

— Non, ne me propose pas son numéro. Je ne veux pas espérer l'avoir si ce n'est pas utile.

Rebecca haussa les épaules.

— Très bien dans ce cas. Mais si quoi que ce soit arrive, tu me tiendras au courant, OK ?

Elle adressa un clin d'oeil à Riza, qui sourit. Elle ne changerait son amie pour rien au monde.