Hello!
Et voici le chapitre 2 de cette histoire! Merci LenaFMA et Hawkeye59 pour vos review qui m'ont fait chaud au coeur! Moi aussi je veux ce calendrier des pompiers!
On se retrouve une nouvelle fois à l'hôpital ici, mais vous sourirez plus qu'autre chose! Et c'est le cas pour la majeure partie du chapitre!
Concernant le cadeau d'Elicia, je me suis largement inspirée de Pompy, l'ours en peluche des pompiers, qu'ils donnent aux enfants sur le lieu des accidents pour les réconforter. Mais j'ai élargi la gamme proposée!
Ce chapitre est pour le moment l'un des plus longs, et j'ai réussi à le traduire dans les temps. Si je continue comme ça, j'aurai suffisamment d'avance pour poster un chapitre le mercredi d'avant et pas celui d'après! (je suis déjà au tiers du prochain chapitre)
Sur ce, bonne lecture!
Chapitre 2 - Cette fois notre rencontre est choisie
Roy sonna à la porte, et un cri enthousiaste répondit à la sonnerie. La porte s'ouvrit et un visage joyeux apparut sur le seuil.
— Oncle Roy !
Roy sourit à la joie d'Elicia.
— Bonjour Elicia ! Joyeux anniversaire !
Il la cueillit dans un câlin chaleureux, comme ils le faisaient chaque fois qu'elle voyait son parrain depuis quelques années déjà. Elle n'était plus autant timide, et à 5 ans – 6 maintenant – pouvait poser des questions auxquelles même ses parents ou lui ne savaient pas répondre.
— T'as apporté un cadeau ? Demanda Elicia, des étoiles dans les yeux.
Roy ne put s'empêcher de sourire. Il ne pouvait rien faire d'autre quand elle était à côté de lui, de toute manière. Il lui montra un sac en papier qu'il garda hors d'atteinte lorsqu'elle tenta de l'attraper.
— Ce n'est pas encore le moment ! Tu vas devoir attendre un peu avant de l'ouvrir, dit-il d'un ton sérieux.
Gracia sortit en souriant et le salua.
— Entre Roy, tu es le dernier ! La voix de Maes résonna dans le couloir.
Gracia prit la veste de Roy et ferma la porte alors qu'Elicia prenait la main de son parrain pour le tirer jusqu'au salon. La pièce était remplie de gens, adultes comme enfants. Les premiers discutaient en petits groupes, les derniers couraient un peu partout. Roy reconnut la sœur de Maes, son mari et leurs enfants, puis vit Breda, Falman et Havoc discutant dans un coing. Avec un sourire, il laissa Elicia rejoindre ses amis et salua Maes. Son meilleur ami lui adressa un sourire éclatant.
— J'espère que tu as un cadeau sympa pour Elicia ! Dit-il en posant une main énergique sur son épaule.
— Ne t'inquiète pas, je suis certain qu'elle aimera, et qu'elle ne l'a pas encore, répondit Roy.
Bien entendu, il avait choisi le meilleur cadeau pour elle. Elicia était sa filleule, et la fille chérie de son meilleur ami, et il savait ce qu'elle aimait. De toute manière, il était le seul à lui offrir ce présent.
Hughes fronça les sourcils à côté de lui.
— Va rejoindre les gars, je dois m'occuper de quelque chose, dit-il avant de sortir dans le jardin.
Une délicieuse odeur de saucisses et de brochettes de poulet flotta dans la pièce lorsqu'il ouvrit la porte.
Roy serra la vigoureusement la main de chacun de ses collègues.
— Chef ! C'est bon de vous voir parmi nous, dit Havoc. Je crois que vous connaissez Rebecca ?
Il entoura de son bras la taille de la femme brune à ses côtés. Roy acquiesça.
— Bien sûr, nous nous sommes déjà rencontrés. Comment allez-vous ?
Havoc adorait parler de sa copine, qui était déjà venue à la caserne, mais ils n'avaient jamais beaucoup parlé.
Rebecca coupa court à toute politesse.
— J'ai appris que vous aviez enfin rencontré Riza, déclara-t-elle.
Le cœur de Roy battit plus rapidement – il galopa comme un cheval sauvage – et il entendit le ton surpris de Breda et Falman. Cela faisait des années qu'il n'avait pas entendu son nom, et en quelques jours il l'avait vue, et sa meilleure amie lui parlait d'elle. Peut-être n'avait-il finalement pas abandonné, même si cela semblait sans espoir.
— Elle m'a raconté votre rencontre, et que vous aviez l'air familier, ajouta-t-elle, avant que son visage ne s'éclaire d'un sourire entendu. Je lui ai montré notre calendrier des pompiers.
Pourquoi lui racontait-elle tout cela ? Roy ignorait comment réagir, mais il sourit en retour.
— Comment m'a-t-elle trouvé ?
Rebecca secoua la tête.
— Je ne sais pas, elle a évité la question. Mais maintenant elle sait pour vous.
Roy faillit lui demander ce qu'elle sous-entendait, mais la réponse était évidente. Riza Hawkeye savait quelle implication il avait eue dans son accident trois ans plus tôt. Mais comment avait-elle réagi en l'apprenant ? Il n'osa pas demander à son amie. C'était quelque chose qu'il voulait entendre de Riza elle-même. S'il pouvait la revoir, bien entendu. Il fut sorti de ses pensées par la question de Falman.
— Qui est cette Riza ?
— La meilleure danseuse que j'ai jamais vue, déclara immédiatement Roy.
— Ma meilleure ami, dit Rebecca au même moment.
— Une danseuse ? Donc c'est une de tes collègues, Rebecca, non ? Demanda Breda.
— Tu peux dire ça, mais je suis plus en danse contemporaine alors qu'elle enseigne la danse classique. Mais nous sommes amies depuis le lycée.
La conversation fut détournée sur la danse, les ballets et le sport, et Roy y participa, se demandant encore si Riza voudrait bien le revoir.
Heureusement pour les invités, cette fin d'avril était clémente et le temps agréable, donc ils purent tous apprécier de une excellente viande et de délicieuses salades dans le jardin. Cependant Elicia fut impatiente d'ouvrir ses cadeaux à peine les saucisses et les patates avaient disparu des assiettes. Gracia tenta de la calmer le temps que Roy et d'autres lui apportaient ses cadeaux et un énorme gâteau au chocolat. Maes, qui avait pris des photos tout le repas, ne s'arrêta pas lorsque sa fille commença à déballer ses paquets. Bientôt, quelques livres pour enfant, des accessoires pour sa poupée préférée et un jeu de cartes prirent toute la place sur la table alors qu'elle les sortait de leurs boîtes. Elle sourit et remercia chacun de ses amis qui lui avait offert quelque chose. Mais lorsqu'elle trouva le cadeau de Roy, elle laissa échapper un cri d'excitation.
— Oncle Roy ! C'est tellement mignon ! Je l'adore ! Merci !
Elle courut vers Roy, agitant un ours en peluche habillé en plongeur, et atterrit dans ses bras. Roy l'enlaça avec affection. Il aimait la voir réagir à ses cadeaux, c'était toujours inoubliable.
— Je savais que tu n'avais pas celui-là dans ta collection de Pompiers peluches, et que tu l'aimerais.
— Il a un nom ? Demanda la petite fille, gloussant en serrant l'ours tout moelleux dans ses bras.
— Eh bien, il a été nommé Teddy plongeur, mais tu peux lui donner le nom que tu veux.
Ces ours étaient faits pour tous les enfants, et chaque camion de pompier en avait un au cas-où un enfant était impliqué dans un accident. Certains étaient vendus à ceux qui en voulaient, et les bénéfices versés à des organisations qui aidaient les enfants.
Elicia fronça les sourcils, le regard perdu dans ses pensées.
— Hum… Je crois que cet ours est en fait une ourse.
— Une ourse ?
Roy sourit. Elicia avait sa manière de penser et ses propres idées, et il ne pouvait qu'attendre qu'elle prenne une décision.
— C'est parce que les filles aussi peuvent être pompiers, et elles nagent bien ! J'en ai vu danser dans l'eau quand je suis allée à la piscine la semaine dernière. C'était beau.
— C'était de la natation synchronisée, Elicia. Et tu es très belle aussi quand tu danses.
La petite fille rayonnait.
— Je sais ! C'est parce que ma professeur danse aussi super bien ! Elle s'arrêta de parler quelques secondes, puis son visage s'illumina. C'est ça ! Je vais l'appeler Liz !
Elle enlaça encore Roy, le remerciant abondamment. Roy ne pouvait jamais cacher sa joie lorsqu'elle était à proximité. Elle était un rayon de soleil où qu'elle aille, portant avec elle le sens pratique de sa mère et le sourire de son père.
— Je crois bien que tu as encore quelques cadeaux, Elicia, dit Gracia, et sa fille retourna en courant vers la pile de présents.
Il y eut de nouveau de nombreux rires et mercis. Durant l'après-midi, Roy discuta avec quelques invités, prit part à la chasse au trésor dans le jardin, et porta un autre gros gâteau. Il avait la forme d'une ballerine, puisqu'Elicia avait commencé les cours de danse presque deux ans plus tôt et adorait ça.
Lorsque la plupart des invités partit, Roy resta un moment, discutant avec Maes dans le jardin. Elicia avait choisi ses genoux pour faire une sieste après cette journée fatigante, et dormait profondément.
— J'ai entendu que tu avais revu cette ballerine que tu as sauvée il y a trois ans, dit joyeusement Maes.
— Tu as entendu ou Rebecca ou Havoc te l'ont dit ?
Roy parvint à retenir son soupir. Quand Hughes savait quelque chose, il ne s'arrêtait pas avant d'avoir toutes ses réponses.
— Ce n'est pas important ici. Tout ce que je veux savoir, c'est ce que tu penses d'elle, maintenant que tu l'as vue.
Roy leva les yeux au ciel.
— Très bien, je vais te le dire, se rendit-il. Mais personne ne doit savoir, OK ? A part Gracia, puisque je suis sûr que tu lui dis tout.
— Tu me connais si bien.
Les deux hommes rirent. Plus de dix ans d'amitié ne s'effaceraient pas facilement.
— Elle allait… bien, commença Roy.
Il vit son ami hausser les sourcils.
— Quand je dis bien, c'est parce qu'elle semblait en bonne santé, ajouta-t-il. Elle est toujours belle. Et je ne mens pas. Je l'ai vue deux fois avant la semaine dernière, et c'était de loin ou alors quand elle était blessée. On a parlé un peu, et elle s'est intéressée à mes motivations en tant que pompier, et comment on travaille.
— Sincèrement intéressée ? Demanda Hughes, et Roy hocha la tête. Si tu en avais l'opportunité, voudrais-tu la revoir ? Je demande juste pour savoir à quel point tu serais sérieux. C'est pas comme si je la connaissais personnellement.
Roy acquiesça de nouveau. Il voulait connaître cette femme, savoir ce qui l'animait, comment elle avait vécu après son accident et sa rééducation, et ce qu'elle aimait et n'aimait pas. Mais s'il la revoyait, il ignorait comment elle réagirait.
— Tu es sérieux, constata Hughes en le regardant d'un air incrédule. Quand tu l'as « rencontrée » pour la première fois, je pensais que tu allais l'oublier et sortir avec quelques filles comme tu le faisais avant. C'est ce que tu as fait, mais il n'y avait rien de sérieux, et elles te voulaient uniquement parce que tu étais un pompier beau gosse, je le sais.
Il siffla doucement, pour éviter de réveiller sa fille.
— J'espère que ce n'est pas parce que tu as pitié d'elle ou quelque chose du genre.
— Pitié d'elle ? Roy fronça les sourcils. Pourquoi aurais-je pitié d'elle ? Je sais qu'elle a traversé des moments difficiles, mais si je l'admire, c'est surtout parce qu'elle les a vaincus.
Il s'adossa au dossier de sa chaise, un bras autour d'Elicia, l'autre sur l'accoudoir.
— Je ne la connais pas vraiment, et cela ne changera pas si je ne la rencontre pas de nouveau. Donc n'espère pas trop, Maes. C'est trop tôt pour quoi que ce soit.
Maes eut un petit rire.
— Désolé, je suis trop content que mon ami ait trouvé quelqu'un qui lui a volé son cœur.
Le jour suivant, quand il revint de son jogging matinal, Roy trouva un message de Gracia sur son téléphone.
Peux-tu aller chercher Elicia après son cours de danse mardi prochain ? J'ai une réunion tardive à l'école, et Maes est de garde toute la nuit.
OK ! Pas de problème !
Il répondit en souriant. Il n'avait pas eu l'occasion de beaucoup discuter avec Elicia la veille, donc il apprécierait ce temps avec sa filleule. Ce n'était pas la première fois qu'il faisait ça, et ça ne serait pas la dernière.
Cependant, c'était la première fois qu'il irait la chercher après son cours de danse.
— Allez les filles, c'est bientôt l'heure !
Riza frappa dans ses mains, attirant l'attention des douze filles en justaucorps rose et collants chair. Elles la regardèrent, attendant ses prochaines consignes.
— Vous avez bien travaillé aujourd'hui, et vous connaissez toutes le début du numéro. J'imagine que vous êtes un peu fatiguées, donc il est temps de se reposer un peu.
Comme d'habitude, elle les invita à s'allonger et à fermer les yeux quelques minutes, sentir le sol sous leurs talons, mollets, cuisses, dos, épaules, bras, mains, tête. Elles ne faisaient qu'un avec le plancher, lourdes comme du plomb, puis elles tendirent un bras vers le ciel, puis l'autre, et amenèrent leurs genoux à leur poitrine pour rouler sur leur dos.
Les élèves de Riza adoraient cet exercice, qu'elles faisaient toujours avec application. Lorsqu'elles se relevèrent, elle leur donna les consignes habituelles : n'oubliez pas de boire, mettez votre justaucorps à la machine et n'oubliez pas le cours de la semaine prochaine. Toutes les filles partirent au vestiaire, et pendant qu'elles se rhabillaient, Riza rassembla quelques affaires qu'elle donnerait aux filles qui les avaient oubliées.
Puis elle ouvrit la porte et accueillit les parents qui attendaient leurs filles. Quelques unes d'entre elles sortirent et partirent, et Riza put être témoin, comme d'ordinaire, de la vue de quelque chose qu'elle n'avait jamais vécu dans sa vie. Son père ne s'était jamais montré à ses leçons de danse, ni à ses galas. Elle avait été contente de le quitter lorsqu'il avait été considéré comme un danger pour elle, mais elle avait longtemps été jalouse de ses camarades de danse parce que sa relation avec son père ne serait jamais la même que celle qu'elles avaient avec le leur.
Balayant ses mauvais souvenirs de côté, elle salua Anna et Laura, les jumelles, et leur mère, avec un signe de la main. Quand tous les parents furent partis, il ne resta que deux filles. Elicia Hughes et Nina Tucker.
— Eh bien, Elicia, c'est inhabituel de la part de ta maman d'être en retard, dit-elle à la première en souriant.
— Maman ne vient pas me chercher ce soir, elle a une réunion au travail, répondit la petite fille avec un gloussement.
Riza haussa un sourcil.
— Oh ? Qui vient, dans ce cas ? Elle n'a rien dit quand elle t'a déposée il y a une heure.
Gracia avait l'air pressé, sans doute à cause de sa réunion.
— C'est mon oncle !
Elicia semblait impatiente de le voir, et Riza se demanda qui était ce gars.
— Mais tes parents sont enfants uniques, non ?
— C'est un de leurs grands amis ! Ils l'ont choisi pour être mon parrain, donc je l'appelle oncle Roy !
Riza se figea. Roy ? Ça ne pouvait pas être lui, se convainquit-elle. C'était une coïncidence, un prénom courant. Elle détourna le fil de ses pensées en se tournant vers Nina.
— Et toi Nina ? Est-ce que ton père vient te chercher ?
Nina leva les yeux vers elle, et Riza remarqua la touche de tristesse dans le bleu de ses pupilles.
— Je crois qu'il a oublié. Encore.
Cette situation était trop familière, et le cœur de Riza se serra dans sa poitrine. Elle ne put s'empêcher de se voir dans cette fillette qui voulait juste danser et être récupérée par son père après la leçon. Elle s'agenouilla à côté d'elle et lui tapota gentiment le dos, lui adressant un sourire rassurant.
— Je vais appeler ton père pour lui dire que tu l'attends.
Elle avait fait la même chose la semaine précédente et la semaine d'avant. Monsieur Tucker avait dit qu'il était occupé par son travail mais était quand même venu au studio de danse. Riza espéra qu'il ferait la même chose cette fois encore.
Nina acquiesça et un maigre sourire apparut sur ses lèvres.
— D'accord.
Riza se releva et sortit son téléphone de son sac.
— Vous pouvez rester à la porte, ça ne prendra qu'une minute, dit-elle aux deux filles.
Elles hochèrent la tête, et pendant que Riza composait le numéro, elles commencèrent à discuter à voix basse.
Riza fut presque immédiatement dirigée sur la messagerie de Tucker.
— Bonsoir monsieur Tucker, ici Riza Hawkeye. Je voulais vous prévenir que le cours de danse est terminé et que Nina ne peut pas partir sans vous. Pourriez-vous me rappeler, s'il vous plaît ? J'espère que vous m'appellerez rapidement.
Riza raccrocha et l'inquiétude rampa au milieu de ses pensées. Elle connaissait cette sensation. Mais le cri joyeux d'Elicia la fit revenir à la réalité. La fillette quitta la pièce comme un lièvre.
— Elicia, je t'ai déjà dit de ne pas courir dans les couloirs !
Riza sortit du studio à sa suite et vit Elicia se jeter dans les bras d'un homme qui la souleva du sol en riant.
— Oncle Roy ! Tu es là ! Tu m'as manqué !
— Vraiment ? La voix de l'homme lui était familière. Ça ne fait que quatre jours depuis ton anniversaire, tu sais.
L'homme reposa Elicia, et le cœur de Riza manqua un battement lorsqu'elle le vit clairement.
Oh.
C'était Roy Mustang.
Il la regarda droit dans les yeux et se figea. Son sourire disparut et ses yeux s'écarquillèrent. Il cligna plusieurs fois des paupières et Riza déglutit en constatant à quel point ses yeux étaient sombres. Non, ma fille, tu dois penser à quelque chose d'autre, tu ne peux pas le laisser te distraire, surtout maintenant que tu sais ce qu'il a fait pour toi.
Mustang fronça les sourcils et murmura quelques mots qu'elle ne comprit pas, avant de lui sourire.
— Mademoiselle Hawkeye ! Quelle surprise ! Je ne m'attendais pas à vous voir ici.
Il semblait honnête, et Riza lui sourit en retour.
— Je peux dire la même chose, monsieur Mustang. Elle ne pouvait pas lui dire qu'elle avait espéré le revoir. C'est une bonne surprise pour moi aussi.
Il ouvrit la bouche en un « Oh » silencieux, sourcils haussés.
— Pour tout vous dire, ce n'est pas une coïncidence. Je crois que Maes a aidé cette fois-ci.
Soudain consciente de l'endroit où ils étaient et des personnes qui étaient avec eux, Riza répondit le plus calmement possible :
— Peut-être devrions-nous en parler autre part. Et… il y a quelque chose dont je voulais vous parler au cas où j'avais l'opportunité de vous revoir.
Mustang acquiesça et lui donna une carte où son nom et son numéro étaient écrits dans une écriture nette et anguleuse.
— Dans ce cas, contactez-moi quand vous voulez. Je suis libre ce week-end.
Riza accepta la carte et la mit dans sa poche.
— Merci. Je vous tiendrai au courant.
Elle lui était reconnaissante qu'il n'ai pas insisté pour planifier leur prochaine rencontre immédiatement. Elle savait que les filles parleraient si quelque chose se passait. Elle se tourna vers Elicia.
— Je crois qu'il est temps que tu rentres à la maison ! Je suis certaine que tu veux te reposer pour pouvoir faire plein de choses demain. Et si ton parrain est aussi gentil qu'il en a l'air, il pourrait te laisser plus de temps que tes parents avant de te coucher.
— C'est ce qu'il fait chaque fois qu'il vient ! S'écria Elicia. On se raconte plein d'histoires ! Je lui parle de l'école et de la danse et de mes amis, et il me parle de son travail et de contes de fée aussi.
Puis elle s'éloigna en courant, et lui adressa un signe de la main.
— Viens oncle Roy ! Maman a dit que je pouvais cuisiner avec toi ce soir.
Roy souhaita une bonne soirée à Riza et rejoignit Elicia.
Riza le regarda partir jusqu'à ce qu'il ait disparu dans un autre couloir. Puis elle se rappela Nina. Elle vérifia son téléphone, mais monsieur Tucker n'avait pas appelé. Elle essaya une nouvelle fois de le joindre, sans succès. Elle laissa un autre message.
— Bonsoir monsieur Tucker, c'est encore Riza Hawkeye. Puisque vous n'avez pas répondu, je suppose que vous ne pouvez pas venir chercher votre fille au studio de danse, donc je conduirai Nina chez vous. Je vous envoie un SMS pour dire la même chose. Je vous vois dans vingt minutes. Au-revoir.
Elle se tourna vers Nina, qui était restée silencieuse tout ce temps. Ses yeux brillaient de larmes contenues et sa main enserrait la lanière de son sac.
— Je suis désolée, Nina, ton père ne peut pas venir. Je vais te conduire chez toi à la place, et tu pourras dire aux autres filles que tu as été dans ma voiture la semaine prochaine !
Riza fit un clin d'œil, tentant de la dérider. Nina hocha la tête et Riza rassembla ses sacs, éteignit la chaîne hi-fi et les lumières, et après un dernier coup d'œil ferma la porte. Nina et elle marchèrent jusqu'à sa voiture. Le trajet vers la maison des Tucker fut court et silencieux. Nina n'ouvrit la bouche que pour remercier Riza lorsqu'elles arrivèrent.
— As-tu des clés ou dois-tu attendre que ton père t'ouvre ?
Nina secoua ses clés.
— Bonne soirée mademoiselle Riza.
Avec un dernier sourire triste, elle partit.
Sur le chemin du retour, Riza se demanda s'il y avait quelque chose de plus sérieux derrière tout cela. Cela avait commencé après l'incendie du labo, quand Edward avait été blessé, et elle avait vu dans les journaux que Tucker était son professeur référent et le responsable de la sécurité du bâtiment. Le fait que Tucker négligeât sa fille pouvait être lié à cette affaire, mais Riza n'était pas certaine que ce soit le cas. Elle s'inquiétait pour Nina et se promit de garder un œil sur elle.
Elle avait une autre préoccupation à l'esprit. Une préoccupation aux cheveux et aux yeux noirs et aux larges épaules. Riza, arrête de penser à ça. Ça n'est pas arrivé depuis des années, ne te laisse pas avoir par un joli visage. Tu dois l'inviter pour le remercier et c'est tout. Mais le sourire de Mustang était imprimé dans sa tête, et elle ignorait si elle pourrait s'en débarrasser. Elle soupira. Elle allait devoir l'appeler et fixer un jour.
Bonjour monsieur Mustang, c'est Riza Hawkeye.
J'ai prévu d'aller à l'hôpital samedi prochain pour rendre visite à Edward Elric, donc si vous voulez me rejoindre, nous pourrions y aller ensemble.
Dites-moi ce que vous en pensez, et je vous dirai le lieu et l'heure.
Riza Hawkeye
Bonjour mademoiselle Riza,
Merci pour votre invitation
Puisque je suis libre samedi, j'accepte avec plaisir
Tenez-moi au courant, j'attends votre prochain message !
Roy M
Bonjour,
Je déjeune avec mon grand-père jusqu'à 14h, donc nous pouvons fixer le rendez-vous dans le parc de l'hôpital à 14h30
Est-ce que cela vous convient ?
Riza Hawkeye
C'est parfait, j'y serai à l'heure
A samedi!
Je suis là
Riza
Mon grand-père a insisté pour venir avec moi, je suis désolée
Il veut rencontrer le gars qui m'a sauvée il y a trois ans
Il doit vraiment vous aimer s'il veut me rencontrer !
Mais je comprends que vous trouviez ça gênant
Je quitte ma voiture, à tout de suite !
Roy verrouilla sa voiture. Son sourire n'avait pas disparu depuis le matin où Riza lui avait envoyé le premier message. Enfin, pas lorsqu'il était en intervention sur un accident ou un malaise. Il ajusta sa prise sur le bouquet pour Edward et quitta le parking.
Le grand-père de Riza voulait le rencontrer ? C'était étrange. Il en savait si peu sur elle, et pourtant il allait rencontrer un membre de sa famille à leur troisième – quatrième ? – rencontre, si ce qui s'était passé trois ans plus tôt comptait.
Mettant cette pensée de côté, se demandant simplement quel genre de personne était ce grand-père, Roy remonta la rue jusqu'à l'hôpital. Il entra dans le parc et chercha la femme qu'il voulait retrouver. Il la trouva sous un grand hêtre, assise sur un banc avec un vieil homme qui lui semblait familier. Elle avait attaché ses cheveux en un chignon lâche tenu par une barrette noire, et sourit lorsque l'homme – son grand-père – dut raconter quelque chose de drôle. Elle avait l'air heureux, et le soleil perçant à travers les feuilles et les branches éclairait ses cheveux blonds.
Quelques pas plus loin, Roy fut à portée d'oreille.
— Tu sais, si c'est un pompier, il se pourrait que je le connaisse déjà, donc pourquoi gardes-tu le mystère ?
Roy connaissait la voix de ce vieil homme. Il ralentit le pas, absorbant l'idée que le vieux général Grumman était le grand-père de Riza Hawkeye. Roy le connaissait depuis des années maintenant, mais il ne pouvait pas dire grand-chose sur sa vie privée. Il savait que Grumman avait été marié, et qu'il avait une petite-fille – le général lui avait souvent proposé de la rencontrer –, mais il n'avait rien de plus à dire sur le reste de sa famille, même sous la torture. Grumman l'avait régulièrement taquiné sur le fait qu'il ne soit pas encore marié – comme Hughes avait l'habitude de faire presque une fois par semaine – en racontant comment il avait rencontré sa défunte épouse.
— Il est là, entendit-il Riza dire. Monsieur Mustang, par ici !
Elle lui fit un signe de la main en souriant, et Roy oublia soudain qu'il serait taquiné sans merci sur Riza dès qu'il mettrait le pied à la caserne lundi. Il s'approcha alors qu'elle se levait du banc.
— Grand-papa, dit-elle en se tournant vers Grumman, je veux te présenter…
— Nous nous connaissons, la coupa le vieil homme, et Riza écarquilla les yeux. Eh bien, Mustang, je ne savais pas que vous choisiriez votre future femme dans ma famille !
Roy serra la main de Grumman, et le plus jeune des deux ne manqua pas l'étincelle dans les yeux de son aîné. Ni les joues rouges de Riza.
— Je pense que vous allez un peu vite sur ce point, monsieur, répondit-il en lançant un regard désolé à Riza. Je ne suis pas le seul à décider, et ce n'est que notre premier rendez-vous. Si on peut appeler ça un rendez-vous ? Ajouta-t-il.
Il ne voulait pas que Riza se sente forcée à faire quelque chose qu'elle ne voulait pas.
— Nous verrons ce qu'il en ressortira, pour savoir comment appeler cette journée dans le futur, dit-elle avec un doux sourire avant de se tourner vers Grumman. Grand-papa, je sais que tu es impatient de me voir installée avec un mari dans une jolie maison, mais j'ai encore du temps devant moi.
— Je n'en ai pas, moi, et tu le sais.
Riza leva les yeux au ciel.
— Arrête d'essayer de me faire culpabiliser, et vas-y ou tu seras en retard pour ta compétition d'échecs, ordonna-t-elle avant d'embrasser son grand-père sur la joue.
— Très bien, j'y vais ! Amusez-vous bien tous les deux !
Grumman leur adressa un clin d'œil avant de quitter le parc d'un pas allègre.
Roy et Riza soupirèrent et se regardèrent avec le même sourire embarrassé.
— Il… il vous aime bien, on dirait, constata Riza.
— Oui, il aime me taquiner surtout, répondit Roy. Comme si je n'en avais pas assez avec Hughes. Est-ce qu'il vous le fait souvent ?
— Chaque fois qu'on se voit, c'est à dire tous les samedi depuis bientôt deux ans. Pourquoi ne pas aller voir Edward puisque nous sommes là pour ça ?
Ils trouvèrent Edward dans sa chambre, en train de lire. Il mit son livre de côté lorsque Roy et Riza entrèrent.
— Monsieur Mustang, mademoiselle Riza ! Qu'est-ce que vous faites ici ?
Le regard qu'il leur lança portait quelque chose de plus que de la surprise, mais il ne l'exprima pas.
— Nous voulions savoir comment tu allais, répondit Riza. J'ai eu quelques nouvelles grâce à Winry, mais pas tout.
— Pareil, par Alphonse, ajouta Roy. Donc, comment vas-tu ? Quand seras-tu libéré ?
— On dirait que je suis en prison ! Rit Edward.
— N'y es-tu pas ? Demanda Riza avec un sourire qui surprit Roy.
Il ne s'était pas attendu à ce qu'elle réplique aussi facilement, mais il aimait ça. Elle venait juste de lui prouver qu'elle avait le sens de l'humour et était capable de plaisanter avec légèreté. Roy afficha un large sourire.
— Alphonse m'a dit que tu tournais en rond ici, puisque tu ne peux pas aller dehors et t'activer un peu, déclara-t-il.
Edward acquiesça et soupira.
— Ouais, il m'a même proposé de courir en me portant sur son dos, mais les infirmières nous ont dit que ce n'était pas une bonne idée et que ma blessure pourrait se rouvrir. Et Winry nous a presque jeté ses pointes à la figure quand on lui a dit.
— Ses nouvelles ? Ça les aurait assoupli un peu !
Riza n'avait pas arrêté ses taquineries, et Roy eut l'impression de voir une grande sœur asticoter son petit frère.
— Arrête avec les blagues sur la danse ! Winry en fait déjà trop ! Protesta Edward, mais son sourire dit le contraire.
— Vous vous voyez souvent ? Interrogea Roy, soudain intrigué.
Edward fut le premier à répondre.
— J'essaye d'aller chercher Winry à la fin de ses leçons de danse au moins deux fois par semaine, donc on a appris a se connaître plutôt bien ces derniers temps.
Ils discutèrent de l'état d'Edward – « je vais mieux maintenant, merci » – de la manière dont Alphonse parvenait à suivre les cours et les JSP, de la compétition de Winry, avant que Riza ne demande d'un ton sérieux comment se passait l'affaire Tucker.
— Parce que sa fille est l'une de mes jeunes élèves, et je m'inquiète pour elle.
Roy jeta un coup d'œil à Riza. Elle semblait soucieuse. Il se rappela la fillette qui était à côté d'elle lorsqu'il était allé chercher Elicia mardi. Elle avait l'air triste et il se demanda si c'était la fille de Tucker.
Edward les regarda, l'air incrédule.
— Alors vous ne savez pas ? Il a été viré de l'université mardi matin ! Russell, le gars qui était avec moi au labo et qui a déjà quitté l'hôpital, m'a dit que Tucker était presque dingue quand il a quitté le bâtiment principal avec ses affaires. Ils ont dit que c'était de la négligence. Il n'a pas respecté les règles de sécurité incendie et n'a pas jugé bon de faire contrôler le système de sprinklage. Il n'était pas là pour nous dire que nous avions fait une erreur, il a été irresponsable. Donc ils l'ont viré pour faute grave. La police m'a demandé de témoigner sur ce qui s'est passé, et je pense que ça a compté pour sa chute.
Roy resta silencieux. Il se rappelait la réaction de Tucker lorsqu'il lui avait dit qu'il pourrait y avoir des conséquences pour lui si la sécurité de ses étudiants n'avait pas été garantie, et d'une certaine manière il n'était pas surpris par le résultat de l'enquête. Il regarda Riza. Elle semblait réaliser quelque chose, et le cœur de Roy se serra dans sa poitrine. Il n'aimait pas la voir ainsi. C'était étrange de constater qu'alors qu'il ne l'avait vue que quatre fois, la pensée de la voir triste ou blessée ou en colère ne lui plaisait pas. Il y avait bien des personnes qu'il ne voulait pas voir en colère, mais il savait que ce n'était pas pour les mêmes raisons.
Avant qu'il ne s'en aperçoive, sa main se posa sur l'épaule de Riza.
— Ça va ?
Elle se tourna vers lui et lui offrit un timide sourire.
— Je m'inquiète pour Nina. Nina Tucker, répondit-elle. Je crois bien que je vais devoir prendre plus soin d'elle durant les prochains cours de danse.
Roy lui sourit en retour, tentant de la rassurer. Il essaya de se convaincre que tout irait bien. Mais il ne faisait que se bercer d'illusions. Il demanderait à Elicia et Gracia ce qu'elles savaient à propos de Nina, se promit-il en silence. Puis il réalisa que sa main était toujours sur l'épaule de Riza. Il détourna le regard, revenant sur Edward, et retira sa main. Elle lui sembla soudain froide. Il avait aimé ce contact, et cela n'avait pas semblé la déranger. Mais ça ne devait pas l'empêcher d'être un gentleman.
— Ça ira pour ton retour à l'université ? Demanda-t-il à Edward.
Le jeune homme sourit.
— Pas de problème pour moi ! Un nouveau professeur de chimie est déjà arrivé pour ma promo. Les autres étudiants m'ont dit que le professeur Curtis est une tête dans son domaine, et que malgré son caractère compliqué, elle est efficace et sait gérer n'importe quel étudiant. Edward regarda Riza, puis Roy. Assez parlé de moi. Vous vous êtes rencontrés en venant ici ?
Roy ouvrit la bouche, mais Riza fut plus rapide.
— Oui, répondit-elle immédiatement.
Roy ferma la bouche et fronça les sourcils. Pourquoi avait-elle dit ça à Ed ?
Ils restèrent encore dix minutes, puis partirent lorsque Riza regarda à l'extérieur.
— Il va pleuvoir, et mon après-midi n'est pas encore terminé, dit-elle avant de saluer Edward.
— Je te vois la semaine prochaine alors, je pense ! Répondit Edward. Je vais essayer de venir chercher Winry pour sa prochaine leçon avec toi. Ça me fera marcher et faire un peu d'exercice.
— Pourquoi ?
La question de Mustang prit Riza au dépourvu alors qu'ils se dirigeaient vers la sortie de l'hôpital.
— Pourquoi quoi ? Demanda-t-elle, lui lançant un regard en biais.
— Pourquoi as-tu dit à Edward que nous nous étions rencontrés en venant ?
Il semblait agacé, et Riza s'interrogea brièvement sur la raison de son agacement.
— Eh bien, n'est-ce pas la vérité ?
Il haussa les épaules.
— J'imagine, mais c'est quelque chose que nous avons planifié, pas une rencontre accidentelle. Donc pourquoi ne pouvions-nous pas lui dire que nous voulions le voir ensemble ?
Riza s'arrêta net et se tourna vers lui. Elle inspira brusquement et le regarda dans les yeux. Le pli entre ses sourcils froncés était mignon, et elle voulut soudain le lisser de ses doigts. Calme-toi ma fille ! Ce n'est pas le moment pour ça ! Elle soupira et répondit calmement.
— Je pense que vous savez ce que je veux dire. Voulez-vous vraiment qu'un garçon que nous connaissons par nos protégés respectifs sache que nous pourrions commencer quelque chose ensemble ?
Elle insista sur le « pourrions ». Pour le moment, à part sa beauté et le fait qu'il l'avait sauvée, elle ne connaissait pas grand-chose de Roy Mustang et ne voulait pas s'engager dans une relation alors qu'elle ne savait pas où elle pourrait la mener.
— Voulez-vous vraiment qu'il soit le premier à savoir ? Voulez-vous vraiment que tout le monde sache à propos d'une possible relation entre nous alors que nous n'en sommes même pas certains nous-mêmes ?
Roy eut l'air blessé pendant une seconde, puis il lui sourit faiblement.
— Tu es dure à le dire comme ça, mais tu as raison. S'il y a quelque chose entre nous – et j'espère qu'il y aura quelque chose –, j'aimerais que ça reste entre nous au début.
Une étrange mais bienvenue chaleur naquit dans la poitrine de Riza. Elle sourit à Roy.
— Très bien dans ce cas. Mais je pense que nous devons trouver un autre endroit pour en parler. Et parler d'autres sujets aussi.
Elle n'oubliait certainement pas ce qu'il avait fait pour elle trois ans plus tôt.
Roy acquiesça et son sourire s'élargit. Ils atteignirent la sortie de l'hôpital et constatèrent qu'il pleuvait. A verses. Roy rit légèrement.
— Je n'ai pas de parapluie, je ne prévoyais pas que le temps serait comme ça.
— Pour un pompier tu as l'air d'oublier de te protéger, plaisanta Riza. Enfin, ajouta-t-elle, espérant que sa taquinerie n'avait pas été mal accueillie, j'ai mon parapluie. Nous pouvons partager jusqu'au café où j'ai prévu que nous allions.
— Je partagerai volontiers avec toi. Merci…
Le regard qu'il posa sur elle portait une question muette.
— Appelle-moi Riza. Je ne crois pas qu'il faille encore garder autant de distance entre nous.
Roy lui adressa un sourire éclatant.
— Appelle-moi Roy dans ce cas.
Ainsi, ils quittèrent le bâtiment sous la pluie battante. Ils coururent presque tout le trajet jusqu'au café que Riza connaissait. Son parapluie était grand, mais sans doute pas assez pour protéger quelqu'un d'aussi large que Roy. Elle avait remarqué que pendant qu'il courait à côté d'elle, son bras gauche touchait son bras droit, mais il n'était pas entièrement sous la toile. Son épaule droite était trempée lorsqu'ils atteignirent leur destination.
Ils entrèrent dans un café chaleureux et s'assirent près de la fenêtre. Riza vit les gens courir sous la pluie, comme eux, mais certains n'avaient pas de parapluie. Une mère avait donné sa veste à son fils pour le protéger de l'averse, un homme d'affaire courait avec sa mallette sur la tête, et un couple âgé flânait sur le trottoir en souriant, sans parapluie.
— Ils ont l'air paisible.
Riza leva les yeux et constata que Roy regardait le même couple qu'elle.
— En effet, sourit-elle.
Peut-être qu'un jour elle serait comme eux. Mais il y avait bien des étapes à franchir jusque là.
— Qu'est-ce que tu prendras ? Demanda-t-elle.
Pendant qu'ils attendaient leurs boissons et des pâtisseries, ils discutèrent des avantages et inconvénients du thé et du café, mais Riza sentait la nervosité grandir dans son ventre. Elle allait devoir tout mettre sur la table avant de prendre une bouchée du cheesecake qu'elle avait choisi. Elle aimait beaucoup ceux qui étaient cuisinés dans ce café, et le fit remarquer à Roy.
— Je ne connaissais pas ce café avant aujourd'hui, et je suis content que tu me l'aies fait découvrir, répondit-il en souriant.
Dès que leurs boissons furent sur la table, Riza prit une gorgée de son thé. L'eau chaude la brûla, mais elle apprécia la saveur du citron sur sa langue.
— Je sais ce que tu as fait pour moi il y a trois ans, commença-t-elle, ancrant son regard dans celui de Roy. Comme il restait silencieux, elle continua. Je veux te remercier pour ça, parce que sans toi et ta réactivité, je pense que ma situation aurait été bien pire. Ce n'est pas le meilleur moment de ma vie, et je n'aime pas vraiment y penser. Mais il y a eu de bons moments, et je les garde en tête. Merci encore.
Le silence s'installa entre eux lorsque Riza arrêta de parler. La posture de Roy était étrange, comme s'il était… mal à l'aise. Riza sentit une boule se former dans sa gorge, et elle essaya de garder son sourire. Enfin, Roy parla.
— Je ne l'oublierai pas non plus. Ce n'est pas tous les jours qu'on voit une voiture vous dépasser pour finir dans un talus, et ensuite apprendre que la conductrice est la danseuse étoile que vous avez vue danser la veille. Il fronça les sourcils. A quoi pensais-tu ? Pourquoi conduisais-tu si vite ? Comment as-tu vécu ton rétablissement ? Pourquoi… J'ai trop de questions, et je ne crois pas que tu veuilles répondre à toutes. Il secoua la tête et ancra son regard sombre dans les siens. Peux-tu me raconter comment tu as vécu ce moment ?
Riza était abasourdie. Il semblait sincèrement soucieux à propos d'elle, et les avertissements de Rebecca s'évanouirent loin dans son esprit. Sa meilleure amie était la seule qui savait ce qu'elle avait traversé alors, mais elle sentait qu'elle pouvait faire confiance à Roy. Un homme comme lui ne pouvait pas être mauvais, si ? L'image d'un autre homme aux cheveux noirs traversa son esprit, mais elle la repoussa. Elle ne voulait plus penser à lui. Elle ne voulait plus le nommer. Il ne méritait pas son attention. Ce qui importait maintenant était l'homme en face de lui, qui l'observait gentiment, séduisant dans son pull bordeaux et son jean, attendant sa réponse.
Elle lui donna donc sa réponse. Elle lui raconta qu'elle était pressée, qu'elle était habituée à conduire vite – trop vite –, elle admit qu'elle l'avait pas un bon sens de l'orientation et avait presque manqué la sortie, où elle s'était plantée. Elle lui dit qu'elle avait perdu conscience presque immédiatement, pour se réveiller à l'hôpital quelques heures plus tard, après une longue opération qui avait sauvé ses jambes. Elle lui raconta ce que Rebecca lui avait dit de son accident, en laissant de côté le gars qui l'avait sauvée, puis parla des journalistes qui avaient envahi l'hôpital, et de son retour à Central pour sa rééducation.
Roy l'écouta, hochant la tête de temps en temps, concentré sur elle. Ils avaient oublié leurs boissons, et quand Riza prit une autre gorgée de thé, il avait refroidi, mais elle s'en fichait.
— Ce n'était pas difficile de reprendre le volant après ça ? Demanda tout à coup Roy. Je sais que certaines personnes ont peur de conduire de nouveau après un accident de la route. Était-ce ton cas ?
Riza ne s'attendait pas à cette question, mais elle avait déjà une réponse.
— Les médecins m'ont dit que le meilleur moyen était de reconduire le plus tôt possible pour éviter que la peur ne s'installe. Donc j'ai pris d'autres leçons de conduite, et travaillé mon sens de l'orientation. Maintenant, j'ai une nouvelle voiture, et les gens acceptent d'être mes passagers, termina-t-elle avec un sourire.
A son grand soulagement, Roy lui rendit un sourire amusé.
Riza prit une bouché de son cheesecake.
— Maintenant je veux seulement marcher vers le future. Je ne veux pas que ce qui m'est arrivé et ce que tu as fait pour moi déterminent ce que sera notre relation. Grâce à toi j'ai une vie dont je peux profiter, et grâce à ton attention pour les frères Elric, j'ai pu te rencontrer sans en savoir quoi que ce soit. Maintenant je veux connaître l'homme que tu es aujourd'hui, l'homme que j'ai rencontré à l'hôpital l'autre jour.
Roy l'avait écoutée sans dire un mot. Lorsqu'elle eut terminé, il resta silencieux un moment, digérant ses mots. Riza sentit une piqûre dans l'estomac, soudain effrayée qu'elle ait eu l'air ingrate.
— Je comprends parfaitement, finit-il par dire. Je pense la même chose, ajouta-t-il, la surprenant. La première fois que je t'ai vue j'ai pensé que tu étais belle, gracieuse, et si loin de moi et de mon monde. Le jour suivant j'ai réalisé que tu étais aussi humaine que moi, pas l'Oiseau de Feu qui m'avait coupé le souffle. Mais je veux connaître la femme qui m'a coupé le souffle quand je l'ai revue il y a quelques semaines.
Riza sentit ses joues chauffer et masqua son embarras derrière son thé froid. Elle termina sa tasse pour reprendre un peu d'assurance, puis sourit à Roy.
— Donc, il n'y a aucun intérêt à cacher le fait que tu me plaît, n'est-ce-pas ? Parce que je te plais aussi. Nous avons juste besoin de savoir où nous allons, et à quel rythme.
— Ça peut être une partie difficile, mais je pense que nous sommes suffisamment matures pour le déterminer ensemble.
Riza acquiesça. Contrairement aux gars qu'elle avait fréquentés par le passé, Roy la mettait à l'aise, même si elle ne le connaissait pas. Elle apprendrait beaucoup sur lui, mais elle savait déjà que ce ne serait pas un problème.
— Quelque chose me surprend. Roy leva un sourcil, attendant qu'elle continue. Il semblerait que nous connaissons les mêmes personnes, mais en trois ans aucun d'entre eux n'a pensé à provoquer une rencontre entre nous. Tu m'as dit que Hughes te taquine beaucoup sur ton mariage, comme mon grand-père, mais il ne leur est jamais venu à l'idée de nous mettre ensemble.
Roy toussa soudain, les joues rouges, et il détourna le regard.
— Il est possible que Grumman… m'ait parlé de sa petite-fille… Comme Riza ouvrait de grands yeux, il continua. Je lui ai dit que je ne voulait pas rencontrer quelqu'un à l'aveugle, donc il a arrêté de parler de toi, même s'il continue de me demander quand est-ce que je me marrie.
Riza sourit malgré elle. Son grand-père ne s'était pas gêné pour faire de même avec elle, même s'il n'avait jamais parlé de quelqu'un qu'il avait en tête.
— Et Hughes ? Il te charrie avec ça, mais il est passé par un moment où tout le monde lui demandait quand il épouserait une fille sympa, j'en suis certaine.
Roy nia.
— Il n'avait que 23 ans, donc personne ne lui mettait la pression.
Riza se pencha au-dessus de la table, l'invitant à continuer. Elle était curieuse d'en savoir plus sur Maes et Gracia depuis un certain temps, parce qu'Elicia racontait souvent comme ses parents s'aimaient. Et s'il y avait un moyen de rendre à Gracia la monnaie de sa pièce, elle le prendrait immédiatement. Elle ne pourrait cependant pas la charrier sur le fait qu'elle soit tombée amoureuse d'un pompier.
— Gracia était une professeur des écoles stagiaire à Central, et il y a eu un incendie de graisse dans la cafétéria de l'école, donc tous les élèves et professeurs ont évacué. Gracia était chargée de guider les pompiers lorsqu'ils arriveraient. Maes avait été envoyé à Central pour en savoir plus sur le fonctionnement de la brigade là-bas, et il est intervenu à l'école. C'est à lui que Gracia a dit ce qu'il s'était passé, et il est tombé amoureux au premier regard. Il m'a appelé le soir-même pour me dire à quel point elle était belle, qu'il voulait la connaître davantage, qu'elle était parfaite, même s'ils n'avaient échangé que quelques mots.
Riza rit. Maes Hughes n'avait pas changé. Lorsqu'il venait récupérer Elicia, il ne pouvait s'empêcher de chanter les louanges de Gracia.
— Le jour suivant il est allé à l'école avec un bouquet, et quand elle est sortie dans la cour avec ses élèves, il lui a demandé de sortir avec lui.
Riza lança un regard incrédule à Roy.
— Comment Gracia a-t-elle pris ses avances ?
— Hughes m'a dit qu'elle a rougi et répondu qu'elle ne pouvait pas dire oui – pour le moment. Et à cause de ce « pour le moment », Hughes a persisté. Il s'est montré à l'école tous les jours pendant deux semaines avec des fleurs ou des chocolats, et lui donnait avec un sourire, attendant simplement qu'elle dise quelque chose. Elle prenait toujours les cadeau avec un sourire, mais ne disait rien. Et un jour elle lui a donné une lettre. Maes ne m'a jamais dit en détail ce qu'il y avait dedans. Seulement son numéro de téléphone et un lieu où ils pourraient se rencontrer. Ils ont commencé à sortir ensemble après ça, et quand Maes a quitté Central parce que son temps à la Brigade était terminé, il l'a demandée en mariage. Ils ont passé quelques mois séparés parce qu'elle devait attendre le résultat de sa demande de poste comme professeur diplômée. Ils se sont mariés quelques semaines après avoir emménagé ensemble à East City…
— Et le reste est historique, termina Riza pour lui.
Il y avait une lumière dans ses yeux alors qu'il la regardait, et elle aima cela. Elle voulait le connaître, connaître son passé, sa famille, son travail, ses objectifs, ses projets de vie. Et elle voulait partager les siens avec lui. Pas tout à la fois – surtout sa famille – mais petit à petit, pour qu'ils puissent se revoir, encore et encore. Elle l'avait dit à Rebecca, mais elle réalisait seulement maintenant à quel point ses mots avaient été justes. Elle voulait le revoir.
— C'est historique, mais aussi le présent, dit Roy. Je peux te demander comment tu es devenue professeur de danse ?
Il ne demandait pas pourquoi elle n'avait pas repris la scène, mais c'était la véritable question derrière sa question. Riza lui parla d'Olivia Armstrong qui n'avait pas voulu qu'elle retourne au Ballet National tant qu'elle n'était pas complètement guérie, et ajouta qu'elle appréciait de plus en plus son travail comme professeur. Elle aimait enseigner, et aimait les sourires des filles – et des quelques garçons – lorsqu'elles dansaient pour leurs parents.
Ce qu'elle ne mentionna pas était le pincement au cœur quand elle voyait ses élèves avec leurs parents, et sa récente crainte de danser devant un public. Ce serait pour une autre fois.
Le temps passa avant qu'elle n'ait eu le temps de dire « ouf », et soudain il fut deux heures plus tard. Riza jeta un coup d'œil dehors alors qu'elle écoutait Roy.
Le soleil perçait les nuages, et un doux rayon frappa leur table à travers la fenêtre du café. C'était une vision que Riza n'oublierait pas. Des gouttes de pluie tombaient des arbres dehors. L'abri qu'ils avaient été durant le déluge étaient désormais l'endroit que les gens évitaient pour ne pas se mouiller. Des flaques çà et là sur le trottoir brillaient sous la lumière, et quelques moineaux atterrirent sur les tables à la terrasse du café, cherchant des miettes ou n'importe quoi de mangeable.
— Riza ?
Elle se tourna vers Roy. Il la regardait, l'air d'attendre quelque chose, et elle réalisa qu'il avait posé une question.
— Désolée, j'étais captivée par le paysage dehors.
— Je peux voir ça, dit-il en souriant. Je me demandais si tu voulais qu'on aille autre part ensemble ou si tu avait autre chose à faire.
Riza jeta un œil à son téléphone, qui n'avait pas quitté son sac de tout le temps qu'elle avait passé avec lui.
— Merde ! Désolée, je dois y aller bientôt, j'ai presque oublié mon entraînement avec Rebecca.
Elle lui avait envoyé trois messages pour lui rappeler leur rendez-vous, puis s'était inquiétée de ne pas recevoir de réponse.
— Ce n'est pas grave, répondit Roy, mais Riza put lire une certaine incertitude dans ses yeux.
Ils se levèrent en même temps.
— Je vais payer pour nous deux.
Riza l'arrêta.
— Je peux payer ma part, Roy. Comme il la regardait d'un air déçu, elle continua. Ça ne veut pas dire que je n'ai pas aimé ce moment. Merci pour ça, c'était… agréable.
Elle fit un pas vers Roy et déposa un baiser sur sa joue, impulsivement. Elle serait embarrassée plus tard.
— Nous pouvons appeler ça un rendez-vous, murmura-t-elle à son oreille.
Elle tournait pour partir lorsqu'il attrapa son poignet.
— Merci, murmura-t-il.
La gorge de Riza était soudain sèche. Sa voix fit vaciller son cœur, et elle souhaita pouvoir l'entendre davantage.
— Je suis heureux, parce que c'est comme ça que je le voyais aussi. J'ai hâte d'être au prochain.
Il lui adressa un sourire éclatant. Et embrassa sa joue.
Pareil, pensa Riza. Elle ne savait pas où ils allaient, mais quelque chose avait commencé, et elle en était heureuse.
