Hello!

Et voici le 3ème chapitre de cette histoire, posté depuis le train (merci le wifi de la SNCF)

Cette fois l'histoire se concentre sur un autre personnage que Roy et Riza, même si bien sûr ils apparaissent et ont leur importance. Mais vous ne les verrez pas ensemble ici, il faudra attendre le suivant! (où vous recevrez une sacrée dose de Royai!)

Merci à tous ceux qui suivent cette histoire, qu'ils laissent des reviews ou restent silencieux!

Petit avertissement: Négligence et enlèvement d'enfant dans ce chapitre

Je n'ai mis que le strict nécessaire sur les services sociaux, ce n'est pas vraiment un domaine dans lequel je suis spécialiste, même si j'ai fait quelques recherches.

Bonne lecture! N'hésitez pas à me faire part de vos réactions!


Chapitre 3 - Nous ne l'avons pas vu venir


Gracia Hughes pouvait dire qu'elle était une bonne institutrice. Pas seulement parce que son mari le lui disait chaque fois qu'il la saluait à son retour de l'école, mais parce que les autres enseignants, les parents et même ses élèves le lui disaient. Mais parfois elle doutait. Elle se demandait si elle faisait assez pour les enfants, si elle était suffisamment attentive, si elle était trop sévère… Il y avait des moments où elle doutait.

Ce moment ne faisait pas exception.

La première fois qu'elle avait remarqué que quelque chose n'allait pas avec Nina Tucker, c'était lorsqu'elle lui avait dit qu'elle avait oublié son déjeuner. L'école n'avait pas de cantine, donc les élèves pouvaient manger où ils voulaient, et beaucoup restaient dans leur salle de classe, surtout les plus jeunes qui ne rentraient pas chez eux pour déjeuner. Nina faisait partie de ceux-là. Elle avait d'ordinaire une boîte verte qui avait appartenu à sa mère, mais ce jour-là elle ne l'avait pas. Gracia lui avait donné un de ses sandwichs et demandé aux autres élèves s'ils pouvaient partager avec elle, et tout s'était bien passé. Nina avait hésité à accepter, mais ensuite les avait remerciés avec empressement.

Mais depuis la nouvelle de l'éviction de Shou Tucker de l'Université à cause de sa négligences des règles de sécurité de base qui avait mis la vie de deux étudiants en danger, il y avait eu plus d'oublis de repas. Nina semblait plus fatiguée, parfois même triste, et Gracia se demandait si quelque chose n'allait pas avec son père. Nina lui assura que tout allait bien, mais sa voix portait le signe qu'il en était sans doute autrement.

Attends et vois, décida Gracia. A la fin de la semaine, Nina avait « oublié » son repas deux fois. Et le lundi matin, il lui sembla que la petite fille avait pleuré. Durant la récréation, Gracia appela Elicia. Elle et Nina était amies, et si Nina disait ce qui n'allait pas à quelqu'un, ce serait à sa fille. A là fin de la récré, Elicia et Nina vinrent la trouver.

— Maman, Nina veut te parler, déclara Elicia à voix basse.

Elle semblait aussi triste que son amie. Elle lui tint la main tout le temps où Nina raconta son histoire.

— Papa a dit qu'on ne pouvait pas garder Alexander avec nous. Il a dit qu'il était trop gros, qu'il n'était qu'un fardeau et qu'il était inutile… Donc il l'a emmené avec lui samedi, et il est revenu sans lui…

Nina éclata en sanglots, et peu après, elle pleurait à chaudes larmes dans les bras de Gracia et Elicia. Gracia tenta de l'apaiser par des mots doux, pendant que son esprit carburait à toute vitesse. Son père était-il si pauvre qu'il ne pouvait plus se permettre de garder un chien à la maison et de nourrir sa fille ? Son cœur se serra dans sa poitrine. Devait-elle appeler les services sociaux ? Certains d'entre eux n'étaient pas malhonnêtes, mais la prendraient-ils au sérieux avec une histoire de chien abandonné ? Et une fille qui semblait plus triste à chaque jour qui passait ? Ils lui diraient d'emmener Nina voir un psychologue, ou lui riraient au nez.

Attends et vois. Mais si elle agissait trop tard ?

Elle voulait parler de ça à Maes, mais il était de garde à partir de cinq heures du matin le lendemain, pour les vingt-quatre heures suivantes. Il était déjà dans leur lit lorsqu'elle revint à la maison avec Elicia, donc elle ne pouvait pas discuter avec lui.

Elle parla à Elicia ce soir-là, lui disant de garder un œil sur Nina, parce qu'elle traversait un mauvais moment. Son père avait perdu son travail, et les autres enfants n'étaient pas gentils avec elle. C'était surtout à cause de ce que les parents avaient dit de monsieur Tucker, de son comportement irresponsable et indifférent. C'était peut-être vrai, mais sa fille n'avait pas à porter les fautes de son père. Elle n'était qu'une victime.

Cette nuit-là, lorsqu'elle s'installa dans le lit qu'elle partageait avec Maes, elle savait qu'elle appellerait les services sociaux le plus tôt possible. Nina Tucker était une victime. Non seulement de certains de ses camarades de classe, mais aussi de son propre père. Elle était désormais presque certaine qu'il la négligeait.

Elle se tourna sous les draps, faisant face à Maes. Ses traits étaient détendus alors qu'il dormait, et elle repoussa une mèche de ses cheveux derrière son oreille avec un sourire. Elle devrait bientôt les lui couper pour respecter les règles de la Brigade, puisqu'il était militaire. Même les pompiers devaient être rasés de près et porter les cheveux courts. C'était bon pour leur image. Mais, pensa-t-elle en caressant le duvet qui couvrait son menton, les règles étaient moins strictes pour les officiers sur la barbe.

Maes s'étira sous ses doigts, et elle sentit tout à coup sa main sur sa hanche. Son bras musclé la rapprocha de lui, et il l'enlaça bientôt, sa tête sur son épaule.

— Tu es là, marmonna-t-il, à demi endormi.

Gracia caressa sa joue et s'installa plus confortablement entre ses bras. Elle l'embrassa sur le front.

— Je suis là, murmura-t-elle. Dors bien, mon amour, tu as une longue journée demain.

Il ne répondit pas, il était de nouveau endormi. Gracia le rejoignit bientôt, ses inquiétudes effacées par la présence chaleureuse de son époux.

Elle fut réveillée par Maes qui quittait leur lit quelques heures plus tard. Il faisait encore noir, mais elle pouvait le voir s'habiller. Elle tourna pour l'observer bouger dans leur chambre, et lorsqu'il prit son téléphone sur sa table de nuit, elle l'appela.

— Bonne journée, Maes.

Le matelas s'enfonça sous son poids quand il grimpa sur le lit. Gracia sentit ses lèvres sur les siennes et elle répondit à son tendre baiser.

— Bonne journée à toi aussi, ma chérie.

— J'aurai quelque chose à te dire quand tu reviendras, dit-elle d'un ton somnolent. Tu n'as pas à t'inquiéter pour moi. Va et travaille bien.

— D'accord. Ça va être dur d'être loin de toi la nuit prochaine, murmura Maes dans son oreille. Heureusement que demain c'est mercredi, comme ça j'aurai Elicia et toi pour moi seul.

Gracia gloussa.

— Va travailler, toi qui as un cœur bien rempli par ta femme et ta fille !

— J'y vais, chérie, mais d'abord, il me faut un autre baiser, pour compenser celui que je n'aurai pas demain au réveil.

Maes l'embrassa tendrement sur les lèvres, puis sur son nez et son front. Il retourna réclamer sa bouche, et elle répondit avec un sourire, avant de le repousser.

— Va travailler et laisse-moi dormir, mon amour.

— Très bien, chère Gracia, soupira-t-il.

Il partit silencieusement, et à peine cinq minutes après son départ, Gracia dormait de nouveau profondément.

Le lendemain, Nina semblait aussi fatiguée et triste que la veille. Durant la pause déjeuner elle n'avait toujours pas son repas, et Gracia insista pour qu'elle prenne le sien. Elle mangerait un morceau dans la salle des professeurs, puisque c'était l'anniversaire de madame Brosh, et l'enseignante avait apporté suffisamment de nourriture pour partager avec les autres professeurs.

Durant la récréation de l'après-midi, Gracia appela les services sociaux. Même s'ils ne faisaient rien, au moins elle aurait appelé, et prévenu à propos d'une enfant négligée. Parce que c'était ce que c'était. Elle en avait parlé avec la directrice, qui l'avait pressé d'appeler.

Alors que le téléphone sonnait, son cœur accéléra. Elle sentit une sueur froide dans son dos alors qu'elle exposait la situation et donnait toutes les informations qu'elle pouvait.

Et puis… Presque rien. La femme à l'autre bout du fil lui dit que le dossier serait examiné et une visite faite à la maison au cours du mois prochain.

— Le mois prochain ? Ça pourrait être trop tard ! Qu'est-ce que vous attendez ? Qu'elle meure ? Cette enfant est en danger, même si vous ne me croyez pas !

— Nous vous tiendrons informée de l'évolution de cette affaire, madame Hughes.

— Et je vous tiendrai informée de l'évolution de Nina, répliqua Gracia.

Elle voulait gronder, crier que Nina était une enfant, pas une affaire, mais elle ne fit qu'inspirer profondément et raccrocha après avoir salué la femme d'une voix faussement calme. Ça n'allait pas. Si elle n'était pas prise au sérieux, la situation pourrait s'envenimer. Gracia se souciait de ses élèves, mais certains, dont Nina, étaient plus vulnérables que les autres. Lorsque l'école s'acheva, elle emmena Elicia et Nina à leur cours de danse, comme elle le faisait d'ordinaire. Elle le faisait depuis que Elicia avait commencé la danse grâce à son amie. Une fois au studio, elle demanda à parler à Riza et l'avertit de l'état de Nina.

— Garde un œil sur elle. Elle est plus fragile qu'elle n'en a l'air.

— Je le ferai, répondit Riza. Je m'inquiète pour elle depuis quelques semaines déjà, depuis que son père a oublié de venir la chercher deux fois après le cours.

C'était un nouvel élément à ajouter pour plaider la cause de Nina, pensa Gracia, son inquiétude grandissant. Essayant de changer ses idées et celles de Riza, elle l'interrogea innocemment à propos de Roy. Riza sursauta et la regarda, les joues roses.

— Que t'a-t-il dit ?

— Je sais seulement que vous vous êtes rencontrés la semaine dernière grâce à moi, mais je ne sais pas comment ça s'est passé.

Un fin sourire apparut sur le visage de Riza et ses yeux brillèrent.

— Nous nous sommes vus samedi dernier. S'il te plaît, ajouta-t-elle rapidement, ne le dis pas à ton mari, il n'arrêterait pas d'agacer Roy avec ça. Nous voulons juste garder ça entre nous pour le moment.

Gracia rendit son sourire à Riza. Cette femme avait traversé beaucoup de moments difficiles dans sa vie, elle méritait d'avoir un peu d'intimité et le temps de découvrir, de connaître Roy.

— Je ne dirai rien. Juste… appelle-moi si tu as besoin d'une oreille amicale.

Elle n'étaient pas vraiment amies, mais Gracia avait le sentiment qu'elle la verrait plus souvent dans le futur.


Riza prit une gorgée de sa bouteille et regarda son téléphone. Le seul message venait de Rebecca, qui demandait quel film elle voulait voir pour leur soirée film hebdomadaire. Je suis partante pour un re-visionnage de Rogue One ! Répondit-elle avec un sourire.

Ça serait une bonne soirée. C'était le seul jour dans la semaine où elles étaient toutes les deux disponibles. Pas de représentation, pas de cours tard le soir, pas de rendez-vous amoureux. Rebecca avait été claire sur ce point avec Jean : le mardi c'était soirée entre filles. Pas soirée en amoureux.

Riza repensa soudain à un autre pompier et à la gentillesse qu'il avait montrée le samedi précédent. Elle voulait revoir Roy, le plus tôt possible. C'était un homme intéressant, qui connaissait de nombreux sujets. Mais le plus important, c'était qu'il la trouvait intéressante. Et cela valait beaucoup pour Riza. Lorsqu'ils avaient discuté au café, il lui avait demandé son avis, partagé son point de vue, et confronté les deux avec objectivité. De nombreuses fois, lorsque Riza avait essayé de sortir avec un homme, il n'avait été intéressé que par son apparence et se fichait de ce qu'elle pensait. Certains d'entre eux pensaient même qu'être danseuse ne consistait qu'à être souple et jolie. Il n'était pas difficile de savoir que ces rendez-vous avaient été raccourcis et les numéros de téléphone bloqués.

Ce n'était qu'après son accident, puisque lorsqu'elle travaillait avec le Ballet National d'Amestris, la principale règle d'Armstrong était d'interdire toute relation amoureuse pour ses danseurs, et la directrice était inflexible sur ce point. De nombreux danseurs avaient quitté la compagnie après une confrontation avec Olivia à cause de cette règle. Riza l'avait trouvée bénéfique pour elle. Cela l'avait protégée de l'attention indésirable des hommes, et de certains précédents soupirants un peu trop insistants.

Aujourd'hui, c'était la première fois depuis la fin de son adolescence qu'elle voulait voir le même homme plus d'une fois. Et cette fois elle avait un bon pressentiment. Elle espérait que de belles choses naissent de cette relation. La première était d'avoir l'opportunité de le déterminer ensemble d'abord, sans que personne d'autre ne leur dise comment ils devaient faire. Donc la première action de Riza lorsqu'elle avait quitté le café, les joues brûlantes à cause de son baiser, avait été d'envoyer un message à grand-papa.

Quoi qu'il soit arrivé entre Roy et moi, je t'en prie n'en parle pas.
On te dira quand on le sentira.

Très bien. Donc c'est Roy maintenant ? -)

Grandpa.

Je plaisante
Mais tu me demande d'arrêter de taquiner Mustang ? Ça va sembler étrange aux autres, ils y sont trop habitués.

OK, très bien. Je lui dirai de se préparer.

Riza revint à la réalité en entendant le bavardage de deux filles. Elle remit de l'ordre dans ses pensées et vérifia l'heure. Elle fronça les sourcils en constatant qu'il était encore tôt. Gracia, Elicia et Nina entrèrent dans la pièce, les deux fillettes discutant à propos d'un livre qu'Elicia avait prêté à son amie. Elles arrêtèrent de parler en voyant Riza et la saluèrent avec un grand sourire. Cependant, Riza pouvait voir que Nina semblait peu concentrée. Elle se rappela la nouvelle que Edward leur avait annoncée, à Roy et elle le samedi précédent, et se demanda s'il n'y avait pas un lien entre le licenciement de Tucker et le regard étrange de Nina.

— Allez vous changer, les filles ! Leur dit-elle joyeusement.

Les deux filles allèrent dans le vestiaire et recommencèrent à discuter.

— Je dois te dire quelque chose, dit Gracia d'un air grave.

Elle lui raconta alors ce qui arrivait à Nina à l'école, et parla de son appel aux services sociaux. Riza l'écouta avec une inquiétude grandissante et lui promit qu'elle garderait un œil sur la fillette.

Elle fut surprise par la question de Gracia sur Roy. Elle ne s'y attendait pas et sentit ses joues chauffer alors qu'elle répondait. Gracia lui promit son soutien, et en une phrase, Riza sut qu'elle étaient plus qu'une professeur et un parent, mais commençaient à devenir amies.

— Dans quelques semaine, nous organisons un événement pour les compagnes des pompiers, tu pourrais venir avec nous. Rebecca sera là aussi. C'est une bonne opportunité pour lier des liens grâce à un point commun et apprendre à se connaître.

Riza fut déconcertée par l'invitation, mais ne donna pas de réponse immédiate. Elle déclara à Gracia qu'elle y penserait. Elle n'était pas la femme de Roy, et ne savait pas comment leur relation pouvait être appelée.

Elle mit ces pensées de côté lorsque plus d'élèves arrivèrent, et un joyeux brouhaha envahit les vestiaires. La leçon commença bien, et peu après l'échauffement, elle répétèrent le numéro pour le gala.

Cela arriva durant le grand jeté. Au tour de Nina, Riza vit comment elle courait et son cœur se décrocha. Elle était sur le point de dire à la fillette d'arrêter de courir, mais Nina se prit le pied dans sa cheville et s'effondra en avant, se cognant brutalement la tête sur le plancher.

— Nina ! Le cri unanime retentit dans la salle.

Riza courut vers son élève gisant au sol. Elle vérifia sa respiration et constata qu'elle était présente, mais Nina ne répondait pas à ses questions. Riza leva la tête et vit que toutes les filles s'étaient rassemblées autour d'elle, l'air inquiet, voire paniqué. Elle inspira longuement, puis commença à donner ses instructions.

— Elicia, peux-tu m'apporter mon téléphone ? Anna et Éloïse, allez chercher la trousse à pharmacie. Et toutes celles d'entre vous qui ont un pull quelque chose comme ça, apportez-le, il faut garder Nina au chaud. Toutes les autres, reculez un peu, elle a besoin d'espace.

Toutes les petites danseuses obéirent, et peu après, Nina reposait en PLS sur un matelas de pulls et sweats. Riza composa le numéro qu'elle aurait voulu ne jamais avoir à appeler durant un cours de danse. En deux ans c'était la première fois.

Nina ne s'était pas réveillée lorsque les secours arrivèrent, et ils la placèrent sur un brancard. Riza leur donna toutes les informations dont ils pourraient avoir besoin, ainsi que le numéro de monsieur Tucker. Elle espéra qu'il répondrait cette fois.

Puisqu'il restait du temps avant la fin du cours, Riza fit répéter le numéro aux filles une nouvelle fois, même sans Nina. Cela se passa bien, mais Riza ne put s'empêcher de s'inquiéter pour son élève. Elle avait besoin de quelqu'un à son réveil, et si son père pouvait être là, cela pourrait sans doute être bon pour elle.

— Nina est tombée, elle est à l'hôpital en ce moment, dit-elle lorsque Gracia arriva pour récupérer Elicia. Je vais aller voir si on prend soin d'elle, et si son père est là.

— Est-ce que je peux aller la voir ? Demanda tristement Elicia.

— Je demanderai si ses amis peuvent venir la voir, et je le dirai à ta mère, Elicia, répondit Riza. Tu es une bonne amie pour elle.

Elle caressa affectueusement les cheveux de la fillette et lui sourit pour la rassurer. Elicia hocha la tête et agita la main alors qu'elle quittait le studio. Une fois seule et la pièce rangée, Riza envoya un message à Rebecca.

J'espère que je serai à l'heure. Une de mes élèves s'est blessée, donc je vais la voir à l'hôpital.
Tu m'attends, OK ?

J'espère qu'elle se rétablira rapidement !
Mais manquer Rogue One, c'est dommage !

Riza eut un léger rire à la réponse de Rebecca. Elle était contente que sa meilleure amie partage la plupart de ses goûts cinématographiques, malgré leurs différences. Riza adorait les vieux films parce que c'étaient les premiers qu'elle avait vus avec son grand-père lorsqu'elle était partie vivre chez lui à partir du collège. Que ce soit un vieux film romantique ou d'espionnage, elle les regardait toujours volontiers. Rebecca préférait les comédies romantiques, mais toutes deux appréciaient les films d'action ou de science-fiction.

Riza arriva à l'hôpital et demanda après Nina.

— Elle est dans l'aile pédiatrie, madame, répondit l'infirmière. Mais vous devez faire partie de sa famille pour aller là, je suis désolée.

Dommage. Riza soupira.

— Son père est-il là ?

L'infirmière secoua la tête.

— Personne n'est venu la voir avant vous.

Riza fronça les sourcils. N'avaient-il pas appelé monsieur Tucker ?

— Il semble qu'il ne décroche pas le téléphone, donc nous ne savons pas s'il a reçu la nouvelle.

La peur saisit Riza. Cela ressemblait à un abandon d'enfant, et elle n'aimait pas ça. Tucker laissait la vie de sa fille en danger et ne faisait rien contre ça. Elle fut ramenée seize ans en arrière, lorsque son grand-père avait appris comment elle vivait avec son père.

— Laissez-moi voir ma fille ! Un cri retentit derrière elle et elle se retourna pour voir l'origine de l'agitation soudaine.

Shou Tucker se précipita au comptoir de la réception, l'air totalement désespéré. Il avait reçu les messages.

— Où est-elle ? Grogna-t-il presque au visage de la pauvre femme qui n'avait encore rien dit.

— Seriez-vous monsieur Tucker, par hasard ? Demanda-t-elle d'une voix incertaine.

Tucker ne répondit pas, mais Riza hocha la tête pour l'infirmière.

— Où est ma fille ? Je dois l'emmener à la maison !

La colère et la panique se mélangeaient sur son visage et dans sa voix.

— Calmez-vous monsieur Tucker, dit l'infirmière. Elle a été examiné, mais nous ne pouvons pas la laisser partir avant d'avoir les résultats, et avant de savoir ce dont elle peut avoir besoin.

Elle secoua la tête et se leva de sa chaise, prête à retenir Tucker s'il essayait de se précipiter dans le service pédiatrie.

— Monsieur Tucker, vous devriez l'écouter, intervint Riza.

L'homme se tourna vers elle. Il fronça les sourcils, comme s'il essayait de se rappeler qui elle était.

— Mademoiselle Hawkeye, c'est ça ? Elle acquiesça. Qu'est-ce que vous faites là ? N'est-ce pas de votre faute s'il est arrivé quelque chose à Nina ?

Riza le fixa, abasourdie. Comment pouvait-il proférer de telles absurdités ? Elle tenta de protester, lui disant ce que Gracia lui avait raconté avant le cours, comme quoi Nina semblait triste et fatiguée, mais il lui hurla dessus, arguant qu'elle était irresponsable d'avoir laissé une fille fragile danser alors qu'elle n'était pas en forme.

La faute à qui ? Riza voulut crier. C'était lui qui négligeait sa fille ! C'était lui qui voulait qu'elle quitte l'hôpital alors qu'elle avait clairement besoin d'y être !

— Quel est tout ce bazar ? Un médecin sortit d'un couloir proche. Qui êtes-vous ?

Tucker retourna sa rage contre lui.

— Shou Tucker. Je suis là pour ramener ma fille à la maison. Elle n'a pas besoin d'être ici, elle sera mieux à la maison. Sa voix était calme et posée, mais le grognement en dessous était immanquable.

— Monsieur Tucker, je suis le médecin qui a examiné votre fille. Je ne pense pas que la ramener chez vous sera bénéfique pour elle. Elle a besoin de repos et de soins, et elle les aura ici. Je peux vous le garantir.

— Je ramènerai ma fille à la maison ! Vous ne me ferez pas changer d'avis ! Cracha Tucker en saisissant la blouse du docteur.

Il y avait quelque chose de plus, Riza en était certaine.

— Est-ce un problème financier, monsieur Tucker ? Demanda-t-elle, tentant de détourner son attention du médecin.

Cela fonctionna, et Tucker lâcha l'homme avant de se tourner vers elle.

— Un problème financier ? Un problème financier ? Il ricana avec hauteur. Pensez-vous que parce que je suis au chômage je ne peux pas payer les frais d'hôpital de ma fille ? Je suis soudain pauvre et incapable de subvenir aux besoins de ma famille?

C'était ça, Riza le savait. Il faisait face à une situation financière difficile, mais il était trop fier pour l'admettre. Elle secoua la tête.

— Bien sûr que non, monsieur, je suis sûre que vous pouvez prendre soin de votre fille vous-même, dit-elle en grimaçant intérieurement.

Elle nota tout de même d'ajouter ce point aux arguments pour les services sociaux qui s'occuperaient de Nina.

— De toute manière, monsieur Tucker, les heures des visites son passées, et la vie de votre fille n'est pas en danger, donc vous pouvez la laisser avec nous, déclara le médecin. Ne vous inquiétez pas, nous prendrons soin d'elle. Vous êtes libre de revenir demain, et nous vous ferons part des conditions de sa sortie d'hôpital.

Tucker haussa les épaules.

— Ma fille n'a rien qui nécessite vos soins. Elle reviendra chez moi demain, je m'en assurerai.

Puis il quitta le hall de réception. Si les portes n'avaient pas été automatiques, Riza était certaine qu'il les aurait claquées. Elle se tourna vers le médecin, qui semblait se demander qui elle était.

— Je suis la professeur de danse de Nina, expliqua-t-elle. Je voulais savoir comment elle allait, parce que je pense qu'il y a plus qu'un simple choc à la tête ici.

— Nous le saurons lorsque les analyses seront faites, répondit l'homme. Mais je ne peux rien vous dire, puisque vous ne faites pas partie de sa famille.

Riza hocha la tête.

— Très bien. Seulement… gardez-la en sécurité, je vous en prie.

Le trajet du retour ne fut pas aussi joyeux qu'elle l'aurait pensé le matin-même. Même la pensée de regarder Rogue One avec sa meilleure amie ne lui apportait pas de soulagement. Et elle devait appeler Gracia, au moins pour rassurer Elicia.


— Hé, Roy !

Roy leva la tête de son ordinateur, où il écrivait le rapport de la dernière intervention de son équipe.

— Hughes, qu'est-ce que tu fais là ? C'est pas ton jour de repos ? Demanda-t-il en voyant son ami s'appuyer sur son bureau avec un grand sourire.

Mais quelque chose dans son regard n'allait pas.

— Il s'est passé quelque chose ?

— Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

— Tu es ici un jour de repos, et tu n'es pas en train de me montrer une photo d'Elicia ou de son anniversaire, ou en train de me raconter ce qu'elle ou Gracia ont fait. Donc je te demande une nouvelle fois : il s'est passé quelque chose ?

Hughes soupira.

— Tu es trop intelligent, Roy. Est-ce que je te surprendrai un jour ?

Roy sourit.

— Tu l'as déjà fait, le jour où tu es rentré de Central en m'annonçant que tu étais fiancé. C'était la plus grande surprise de ma vie ! Mais retournons à nos moutons.

— Eh bien, j'ai un document que j'avais oublié hier à donner à Grumman, mais je voulais te parler de Gracia et Elicia.

Les nouvelles ne semblaient pas bonnes. Roy indiqua à Hughes de s'asseoir sur une des chaises de son bureau.

— J'espère qu'il n'y aura pas d'urgence dans les prochaines minutes, parce que ce sera pour mon équipe. La première est déjà en intervention. Comment vont Elicia et Gracia ? Il ne leur est rien arrivé ?

— Elles vont bien, ne t'inquiète pas. Mais elles semblaient tristes hier quand je me suis réveillé de ma sieste au retour de ma garde. C'est à propos d'une des amies d'Elicia. Il semble qu'elle soit négligée par son père.

Hughes commença à lui raconter qu'une des élèves de Gracia n'avait pas eu de déjeuner correct plusieurs semaines durant, mangeant seulement ce que ses camarades de classe lui donnaient gentiment. Il parla de son chien, emmené par son père, qui ne s'était pas montré à l'école depuis plusieurs jours, obligeant une enseignante à la ramener chez elle le soir. Et maintenant cette fille était à l'hôpital parce qu'elle était tombée durant un cours de danse, mais son père voulait qu'elle soit chez eux. Et Gracia avait appelé les services sociaux, mais personne n'avait voulu la prendre au sérieux.

Hughes ne masqua pas la colère dans sa voix, et Roy put comprendre sa réaction. Il savait déjà que son meilleur ami était le meilleur exemple de père qu'il pouvait avoir, et ce n'était pas surprenant de le voir aussi énervé par une situation où une enfant était maltraitée par son père. Aucun homme ne devrait être autorisé à traiter son enfant de cette manière. Jamais.

Tout ce dont Roy se souvenait de son père était de la chaleur et des rires. Il se rappelait ses bras ouverts quand il sortait de l'école. Il se rappelait son chagrin après la mort de sa mère, comme si un doux voile avait été posé partout dans la maison, étouffant les sons et refroidissant l'atmosphère. Son père avait changé à ce moment-là, mais il n'avait jamais cessé d'aimer Roy et de prendre soin de lui. Jusqu'à son accident. Depuis, Roy n'avait jamais rencontré de père comme le sien, jusqu'à ce que Maes en devienne un.

— Son cours de danse ? Demanda-t-il. Est-ce Nina Tucker ? Riza s'inquiétait pour elle, et je crois qu'elle avait raison, maintenant que tu me dis tout ça. Cette fille doit être protégée.

— Alors ça a marché ! Maes jubilait presque. Vous vous appelez par vos prénoms, donc vous vous êtes revus !

Merde.

— Je suis tombé sur elle par hasard en allant à l'hôpital samedi dernier, rien d'autre. Nous avons parlé avec Edward, c'est tout. La prochaine fois qu'il viendra chercher Al, tu lui demandera.

Roy essayait de garder un air impassible, mais la simple pensée de Riza le mettait déjà dans tous ses états. Ils s'étaient mis d'accord pour garder leur relation pour eux au début, donc il n'allait pas trahir sa confiance moins d'une semaine après leur premier rendez-vous.

— Tu utilise des termes plutôt irrévocable, tu es sûr que c'est tout ? Après tout, Gracia et moi ne voulons pas planifier une nouvelle rencontre pour rien.

— Tu ne lâche pas l'affaire, comme d'habitude, mais tu sais que je peux aussi être têtu, Hughes. Au fait, ce n'est pas l'heure de ton déjeuner avec Gracia ?

Hughes ouvrait la bouche pour répondre lorsque la sirène retentit.

— Équipe deux, intervention pour enlèvement d'enfant. Les services sociaux et la police sont déjà là.

Roy se leva.

— Désolé, Hughes, on parlera plus tard !

Il se précipita vers la salle de pause où il savait que certains membres de son équipes se reposaient.

— Ross, Breda, Fuery, avec moi ! Nous prenons le VSAV !

— Oui chef !

Sur le trajet vers le lieu de l'intervention, Roy les briefa.

— Les services sociaux ont été appelés par l'hôpital parce qu'un homme a emmené son enfant sans approbation médicale. Il semblerait que l'enfant a un fichier pour négligence, et ils veulent l'emmener loin de son père. Mais l'homme s'est barricadé chez lui, et crie qu'il est le seul à pouvoir prendre soin de son gosse. La police est là, mais personne ne sait comment va l'enfant.

— Donc on parle d'abord, et si nécessaire on laisse la police faire le boulot dangereux ? Demanda Breda.

— J'espère qu'on arrivera pas là, répondit Ross.

Fuery leva la main.

— Moi aussi.

— Notre priorité est l'enfant. Une fois qu'on l'aura, on va à l'hôpital et les services sociaux iront après s'être occupés du père.

Roy tentait de masquer sa colère. Sa conversation avec Hughes lui revenait en tête. Il y avait des pères merdiques partout.

Lorsqu'ils se garèrent devant la maison – une demeure qui avait autrefois été belle mais dont le jardin n'avait pas été entretenu depuis des années – l'un des policiers vint les saluer et leur expliquer la situation.

— Tucker est à l'intérieur, nous lui parlons au téléphone, mais il ne veut pas nous dire comment sa fille se porte.

Le cœur de Roy se serra. Tucker ? Sa fille ? Putain, c'était Nina. Il se rappelait clairement la fillette aux longues tresses brunes et aux grands yeux bleus qu'il avait vue la semaine précédente au studio de danse. Elle lui avait semblé triste, et désormais il savait pourquoi. Une fois de plus ses sentiments personnels menaçaient son travail. Il ajusta sa posture et salua le policier.

— Avez-vous besoin de nous pour négocier avec lui ?

— Vos hommes sont-il formés à la négociation ? Comme Roy acquiesçait, l'homme ajouta : L'aide d'une femme pourrait être utile, il sera sans doute plus enclin à écouter.

— Si vous pensez que ça vous aidera, le sergent Ross sera parfaite.

Roy était soulagé. Il ne serait pas impliqué personnellement, surtout que Tucker le connaissait déjà.

Maria Ross prit le téléphone tendu par le policier.

— Monsieur Tucker, je suis Maria Ross, de la Brigade des sapeurs-pompiers d'East City. Comment vous portez-vous ?

— Bien ! Vraiment bien ! Déclara ironiquement la voix dans le combiné. Des gens veulent me prendre ma fille parce que quelqu'un leur a dit que je négligeais ma fille, puis la police se pointe pour m'arrêter, et maintenant des pompiers ? Qu'est-ce que vous foutez ici ? Y'a pas le feu à ma maison ! Comment pensez-vous que je vais ?

— Monsieur Tucker, je comprends que vous vous sentiez submergé en ce moment. Vous devez vous sentir sous pression, et peut-être que vous pensez que nous n'aidons pas, mais nous ne voulons que votre bien et celui de votre fille.

— Je suis très bien où je suis, je veux juste que vous fichiez le camp. Ma fille n'a besoin que de moi, et de personne d'autre.

— Vous avez fait sortir votre fille de l'hôpital alors qu'elle a besoin de soin que vous ne pouvez pas lui fournir.

— Vous ne savez rien de ma fille !

— Alors dites m'en plus ! Comment va-t-elle ?

— Elle dort ! Cria Tucker.

Cependant les cris étouffés qui s'entendaient dans le fond indiquèrent le contraire aux pompiers et policiers.

— S'il vous plaît, monsieur Tucker, laissez-nous parler avec elle.

Non, vous l'emmènerez loin de moi, comme vous l'avez fait à ma femme.

Maria regarda Roy, qui l'autorisa à tirer sur ce fil. Ils devaient le faire parler pour évaluer au mieux la situation avant toute intervention.

— Qu'est-il arrivé à votre femme ? Demanda Ross.

— Elle est partie. Elle était malade, donc nous sommes allés à l'hôpital, et soudain je ne pouvais plus la voir, jusqu'à ce qu'ils me disent qu'elle était partie.

— Vous n'avez pas pu la voir avant sa mort ?

Alors que la conversation continuait, Roy fut de plus en plus certain qu'il y aurait besoin d'un autre genre de soins pour Tucker. Cet homme état malade et nécessiterait de l'aide avant qu'il ne blesse sa fille ou lui-même. On appela une ambulance, et le temps qu'elle arrive, Ross était parvenue à un premier compromis avec Tucker. Il leur dit où il était dans la maison et l'état de Nina. Il était sur le point de lui donner le téléphone lorsque l'ambulance arriva, sirènes hurlantes.

— Vous avez appelé plus de monde ? La voix de Tucker redevint aussi froide qu'au début et Roy grimaça. Comment je peux vous faire confiance si vous ramenez plus de monde pour envahir ma maison ? Vous êtes les pires ! Vous dites que vous voulez aider les autres, mais vous les forcez à accepter votre aide ! Barrez-vous, bâtards !

— Monsieur Tucker, je pense que votre état actuel n'est pas bon pour votre fille. Elle a besoin de soins que vous ne pouvez pas lui apporter. Et vous aussi avez besoin de soins. S'il vous plaît, pensez à son bien-être, les médecins prendront soin d'elle.

Pas une seule fois Ross n'avait haussé le ton, gardant une voix douce malgré la frustration qui apparaissait sur son visage. Elle avait peur pour Nina, et Roy fut satisfait d'avoir emmené ses meilleurs éléments pour ce genre d'intervention.

Lorsque les journalistes arrivèrent, il le fut encore davantage. Breda et l'un des policiers s'occupèrent d'eux, répondant à leurs questions sans tout dévoiler. Roy ne voulait pas qu'ils se mêlent de l'intervention, surtout quand tout le monde était déjà au courant du rôle de Tucker dans l'incendie du labo sur le campus.

Finalement, Maria parvint à convaincre Tucker de sortir de sa maison. Mais il tenait Nina comme un bouclier, et la petite fille semblait plus pâle qu'un fantôme. Roy l'approcha, les mains en évidence, après avoir dit à Ross et Fuery de rester derrière pour prendre Nina en charge le plus rapidement possible. Il savait que la police était aussi prête à s'occuper de Tucker, mais pas de la même manière.

— Monsieur Tucker, je suis le lieutenant Roy Mustang, et je ne veux pas vous faire de mal. Je veux seulement parler avec vous.

Roy n'était pas habillé de la même manière que la dernière fois qu'il avait parlé à Tucker et il espéra qu'il ne le reconnaîtrait pas. Si Tucker ne le reconnut pas, sa fille le fit. Ses yeux s'écarquillèrent et un maigre sourire apparut sur ses lèvres.

— Je le reconnais, dit-elle. Il était au studio de danse la semaine dernière.

La prise de Tucker sur sa fille s'accentua encore plus.

— Qui êtes-vous ? Cracha-t-il. Avez-vous fait quelque chose à ma fille ?

Roy secoua la tête, prêt à répondre, mais Nina fut plus rapide que lui.

— C'est un ami d'Elicia et de notre professeur ! Il n'est pas méchant !

Tucker plissa les yeux. Il resta silencieux alors qu'il observait Roy, le jaugeant.

— Monsieur Tucker, votre fille a besoin d'aller à l'hôpital, lui dit Roy d'une voix calme, malgré l'angoisse qui le saisissait.

Nina l'avait reconnu, et il craignit soudain que son attitude professionnelle ne disparaisse. Il avança lentement.

— Faites-moi confiance, nous ne voulons pas qu'il lui arrive quoi que ce soit. Et nous ne vous voulons pas de mal non plus. Vous avez vécu des moments difficiles, et ils doivent s'arrêter.

Roy était à moins de deux mètres de Tucker lorsque l'homme poussa sa fille sur le côté et commença à courir. Roy attrapa la fillette dans ses bras et courut vers le VSAV. Nina jeta ses bras autour de lui, s'accrochant à son uniforme. Elle était légère, et il sentit les os de son dos sous ses mains. Il entendit les cris des policiers, les hurlements de Tucker alors qu'il était plaqué au sol.

— Ne regarde pas, Nina. Tout va bien aller, OK ?

Elle hocha la tête contre lui, et lorsqu'il la déposa sur le brancard du véhicule, elle pleurait.

— Je suis désolée, Nina, dit Maria. Nous allons prendre soin de toi, et tu seras bientôt en super forme, avec des gens supers avec toi.

— Tiens, ça te fera du bien.

Fuery plaça une couverture autour de sa frêle silhouette et lui donna une bouteille d'eau et un nounours Pompier peluche en uniforme de tous les jours. Nina ne toucha pas la bouteille mais regarda l'ours avec de grands yeux avant de le serrer fort dans ses bras.

— C'est le même qu'Elicia, murmura-t-elle avec ébahissement.

Les larmes coulaient sur ses joues, et Roy comprit que ce n'était plus la peur qu'elle ressentait, mais le soulagement.

— Tu as été courageuse, Nina. Ne t'inquiète pas, tout ira bien.

Roy lui ébouriffa les cheveux.

— Merci monsieur Roy…

Nina lui sourit et Roy ne put masquer son soulagement. Elle était en sécurité, et son père allait être emmené loin d'elle, là où il ne pourrait plus la blesser. Il espéra qu'elle trouverait une gentille famille d'accueil, avec des personnes qui se montreraient attentives et lui feraient oublier ce qu'elle avait vécu. Les services sociaux arrivèrent.

— Bonjour Nina, nous allons nous assurer que tu ailles à un endroit sûr lorsque tu sortiras de l'hôpital. Est-ce que ça te va ? Demanda l'un des deux agents.

Nina acquiesça. La femme continua de discuter avec elle, jusqu'à ce que Fuery décide qu'il était temps de partir pour l'hôpital.

— Les urgences n'attendent pas. Vous lui parlerez plus tard.

Il grimpa dans le VSAV et ferma les portes arrière. Roy alla annoncer à Breda qu'ils partaient, mais un journaliste l'intercepta.

— Vous sembliez connaître la fille, pouvez-vous nous en dire plus sur elle ? Saviez-vous que son père était endetté ?

— Je n'ai pas le temps de vous répondre, désolé, fut la seule réponse de Roy. Et même si je savais quelque chose, je ne pense pas que je vous le dirais. Il se tourna vers son collègue. Breda, on y va !

— OK chef ! Breda salua le journaliste avec lequel il discutait et rejoignit Roy alors qu'il marchait vers leur véhicule. Cet événement va mettre à jour de nouveaux éléments sur l'incendie du labo. Et ce sera une fois de plus l'actualité du moment.

— C'est bien ce que je crains, soupira Roy. J'ai juste aucune envie d'avoir encore affaire à cet homme.

Ross les attendait à la place du conducteur avec le moteur allumé lorsqu'ils prirent place à côté d'elle.

— Allons-y. Cette fille doit recevoir des soins.

Au grand soulagement de Roy, ils quittèrent la scène sans problème, conduisant jusqu'à l'hôpital où les médecins prirent Nina en charge.

Puis Roy envoya un message à Maes.

Tu te souviens de la fille dont tu parlais ce matin ? Elle va faire la une des journaux, et son père aussi.

Argh, certains pères étaient vraiment des ordures. Ça ne devait pas l'étonner après plus de dix ans comme pompier, mais ce n'était pas comme ça que le monde devait être. Chaque enfant méritait une famille aimante et attentive.