Hello!

Et voici le chapitre 5! J'ai eu peur un moment de ne pas avoir le temps de finir la traduction, mais après avoir terminé le OS pour "Les frasques d'une fine équipe" hier soir vers 23h, je me suis attaquée aux quatre dernières pages de ce chapitre, et j'ai terminé tranquillement!

Bon, je peux déjà vous prévenir que comme je passe le pont du 11 novembre avec ma famille, je risque de ne pas avoir beaucoup de temps pour le chapitre 6, et il est possible qu'il arrive dimanche au lieu de mercredi. Désolée d'avance, mais au moins je vous préviens!

Au dernier chapitre j'avais oublié de le préciser (enfin maintenant j'ai fait une correction), mais Sachar Demir est Scar. Merci à Hawkeye59 d'avoir posé la question!

Pour le Grand Prix de Central, je me suis inspirée du YAGP (Young American Grand Prix), une compétition de danse qui a lieu chaque année aux Etat-Unis. J'ai appris son existence grâce au manga "En scène!" de Cuvie, et ça m'a bien aidée pour écrire.

Ce chapitre dégouline d'amour, même au milieu! (vous verrez ce qu'il se passe, mais j'avais prévenu pour l'hôpital) D'ailleurs j'ai essayé de reproduire le jeu de mot entre "path" et "pace" en anglais avec "route" et "rythme", alors j'espère que ça passera.

Lexique: BNA = Ballet National d'Amestris, CDEC = Conservatoire de Danse d'East City, Bitnaneun Byeol = Etoile filante en coréen

Bonne lecture!


Chapitre 5 - De la danse et des relations


Le temps était plus clément que lundi, remarqua Riza alors qu'elle commençait à courir à côté de Roy. C'était une bonne façon de démarrer la journée. Un temps ensoleillé, de l'air frais, une course, et une excellente compagnie. Lorsqu'elle avait vu le sourire de Roy en sortant de son immeuble, elle avait su qu'elle avait eu raison de lui faire confiance. Roy calqua sa vitesse sur la sienne et entama la conversation, en faisant attention de ne pas s'essouffler.

— Comment vas-tu depuis que je t'ai eue au téléphone ?

— Bien, vraiment bien. Merci pour ton aide, Roy.

Ils tournèrent à gauche, sur la rue qui menait à la rivière.

— Pas besoin de me remercier, j'étais heureux que tu me demandes ça.

— Ça a dû t'étonner.

— Je ne vais pas te mentir, j'ai été surpris.

Riza ne masqua pas son sourire.

— Grâce à toi j'ai pris une décision que je n'arrêtais pas de repousser. Je vais avoir une bonne conversation avec mon ancienne directrice de ballet. Elle fait partie du jury du Grand Prix la semaine prochaine.

— Ah oui, le Grand Prix. Je ne pourrai pas te voir pendant une semaine.

Riza remarqua le sourire contrit de Roy. Les mots sortirent avant qu'elle ne puisse les arrêter.

— Es-tu déjà accro ?

— Et si je dis oui ?

Riza faillit trébucher. Elle ne s'y attendait pas. Enfin, elle s'attendait à ce qu'il lui dise quelque chose comme ça un jour ou l'autre, mais aussi tôt?

— Tu ne me verras pas en personne, mais les téléphones existent, et il y a des applis qui nous permettent de nous voir. Et je vais clairement en utiliser une avec toi la semaine prochaine.

Ils atteignirent le chemin qui longeait la rivière, où ils croisèrent d'autres coureurs et des gens qui promenaient leur chien.

— Tu as l'habitude de courir seule ? Demanda Roy alors qu'ils dépassaient un petit groupe d'étudiants.

— Rebecca courait avec moi, mais elle préfère courir le soir maintenant. Avec Jean, évidemment.

— N'est-ce pas un échauffement pour un autre genre de sport ?

— Roy, tu n'aides pas, là.

— Quoi ? Je ne fais que demander !

Rire en courant était dur pour ses poumons, mais Riza ne le regretta pas. Elle donna un coup de coude à Roy alors qu'ils échangeaient un regard entendu.

— Parfois j'écoute de la musique quand je suis ici.

— Quel genre ?

— De la musique de ballet, bien entendu ! Mais les plus rapides et joyeuses, pour garder un bon rythme.

— Pourquoi ne suis-je pas surpris ? La danse est ta vie, je ne peux pas te le retirer.

Riza resta silencieuse quelques secondes, intégrant les mots de Roy. Il était trop adorable. Trop bon.

— Et toi ?

— Des musiques de films, du rock, de la pop, tout ce que j'ajoute sur ma playlist. Ça aide à garder le rythme.

— Classique, je dirais.

— Tu ne veux pas dire ennuyeux ?

— Tout dépend du contenu de ta playlist, mon cher !

Riza accéléra avec un sourire. Ils quittèrent la rive gauche de la rivière et coururent sur la passerelle jusqu'à l'autre côté. Riza avait toujours préféré cette rive, puisqu'elle n'avait pas le soleil dans ses yeux et pouvait voir East City illuminée par la lumière matinale, et les montagnes qui surplombaient la ville.

— Je ne regrette pas d'être revenue vivre ici. C'est une belle ville, déclara Riza.

— Oui. Même si je suis loin de ma mère et mes sœurs, je suis heureux de travailler et vivre ici. J'ai rencontré des personnes géniales ici.

Roy lui adressa un clin d'œil.

— Pareil pour moi. Les frères Elric et Winry sont vraiment gentils, et les Rockbell sont de très bons médecins. J'ai failli oublier les Hughes ! Elicia est adorable, et ses parents l'aiment tellement.

Silence.

— Tu n'oublies personne ?

Riza sourit malicieusement et feignit de réfléchir.

— Jean, bien sûr ! Comment puis-je oublier le copain de ma meilleure amie ?

— Riza ! Protesta Roy.

— Quoi ?

— Très bien, j'ai compris, je vais devoir m'habituer à être la cible de tes taquineries. C'est comme ça que tu montres aux gens que tu les aimes, n'est-ce pas ?

— Je ne vois pas ce qui te fait dire ça, répondit innocemment Riza.

Mais elle était heureuse qu'il ait compris ça. Elle l'était encore plus qu'il l'apprécie.

— Tu l'as fait à Edward à l'hôpital. Tu semblais suffisamment à l'aise pour le faire.

— En effet. C'est peut-être un génie, il reste humain et a besoin de savoir que les gens se soucient de lui, en dehors de Winry et Alphonse.

Ils avaient pratiquement couru toute la distance entre les deux ponts. Une fois de retour sur leur propre rive, Roy lui offrit de prendre une douche chez lui.

— Mes sœurs m'ont laissé des vêtements la dernière fois qu'elles sont venues. Elles ont dit que ça pouvait servir si j'avais une jolie fille chez moi. Ils n'ont pas encore été utilisés, donc sens-toi libre de venir.

Riza sourit. Roy avait vu son appartement, et elle voulait savoir comment il vivait. Le meilleur moyen de connaître l'esprit d'un homme était de voir comment il vivait. Y aller pouvait être le bon moment de voir ce qu'il en était pour Roy.

— Très bien, dans ce cas. Montre-moi le chemin, Roy.

De retour dans les rues encombrées de voitures et de piétons, ils ne purent garder la même allure et ralentirent. Ils passèrent la rue de Riza et tournèrent à droite à la suivante. Quelques foulées plus loin, Roy s'arrêta. Il tapa le code et ils entrèrent dans un hall blanc. Ils n'étaient pas loin de là où Riza habitait, mais elle remarqua que l'immeuble était un rang au-dessus en terme de standing. Alors qu'ils grimpaient au deuxième étage, elle devint de plus en plus consciente de sa peau en sueur. Et encore plus lorsque Roy ouvrit la porte, laissant voir une entrée propre et un salon tout aussi propre, joliment décoré et meublé. Riza regarda autour d'elle. C'était sympa, et elle se sentit bien accueillie.

— C'est un bel appartement. Ça fait combien de temps que tu habites ici ?

— Ça fera cinq ans le mois prochain. Mes anciens apparts n'étaient pas aussi classes. Mais avec deux promotions et quelques augmentations, j'ai pu acheter celui-là.

Roy alla dans une pièce qui était meublée mais semblait peu utilisée et revint avec quelques vêtements.

— J'espère que c'est ta taille et que tu aimes le style. Si c'est ceux de Vanessa, ils peuvent être un peu plus grand, et… extravagants. Dis-moi si tu as besoin de quelque chose d'autre. Il lui donna le paquet de vêtements pliés et lui montra le chemin vers la salle de bain. Il y a des serviettes dans le placard. Prends ce que tu veux.

Il était si gentil, si attentif, et Riza lui sourit en prenant les habits dans ses mains. Leurs mains se frôlèrent et Riza frémit à ce contact agréable.

— Merci, murmura-t-elle.

Elle tourna pour aller à la salle de bain, mais sa tête heurta brutalement un obstacle. Les vêtements tombèrent au sol. A son exclamation de douleur, Roy fut soudain devant elle, paniqué alors que ses mains frôlaient ses tempes, où l'étagère l'avait frappée, et son front et ses joues.

— Ça va ?

Il s'inquiétait. Il s'inquiétait pour elle.

La douleur dans sa tête fut soudain remplacée par le battement furieux de son cœur. La main de Riza attrapa celle de Roy et la garda contre sa joue. Roy ouvrit la bouche pour parler, mais la ferma lorsqu'une lueur de compréhension illumina son regard. Riza était toujours conscience de la transpiration sur elle, mais cela n'importait pas à ce moment. Elle sourit, et durant un instant incertain, aucun d'entre eux ne bougea.

Leurs lèvres se rencontrèrent à mi-chemin. Le baiser fut court, salé et chaud. Lorsqu'ils s'éloignèrent un peu, Riza garda une main sur l'épaule de Roy, et lui tenait toujours sa taille. Son sourire lui réchauffa le cœur.

Roy se pencha de nouveau et Riza accueillit ses lèvres une fois de plus. Être embrassée et embrasser lui avaient manqué, et cet homme était le meilleur qu'elle avait pu trouver. Elle voulait le connaître encore plus. Ses larges épaules et la fermeté de son torse lui disaient clairement qu'il n'était pas bâti comme les danseurs qu'elle avait connus. Un jour elle saurait.

Elle sourit à cette pensée et mordilla la lèvre de Roy.

— Qu'est-ce qu'il y a de drôle ? Demanda-t-il quand ils se séparèrent. Mes baisers sont-ils si mauvais que ça, Oiseau de Feu ?

Encore ce surnom. C'était agréable. Son sourire ne disparut pas.

— Ils sont super, Roy. Tu n'as pas à t'inquiéter pour ça. Je suis heureuse de la route que nous prenons.

— Es-tu heureuse du rythme aussi ?

Roy lui adressa un sourire rayonnant et Riza leva les yeux au ciel.

— Si je n'étais pas heureuse du rythme, je n'aurais pas pris la route.

Elle déposa un baiser sur sa joue et se pencha pour récupérer les habits au sol. Elle se dirigeait vers la salle de bain lorsque la voix de Roy l'arrêta.

— Mangeras-tu un bout avec moi ? Ou prendras-tu un café ?

Riza se tourna vers lui et regarda l'horloge sur son mur. Il avait une vraie horloge ! Qui en-dessous de quarante ans et au-dessus de vingt avait une horloge sur son mur ?

— Il me reste une heure avant le boulot. Et j'aime les tartines grillées au beurre, et les fruits, et un grand bol de thé pour le petit-déjeuner. Ne brûle pas le pain, ajouta-t-elle avec un clin d'œil.

— Quelle ironie pour un pompier, rit Roy. Ne t'inquiète pas, je sais comment mon grille-pain fonctionne.

La journée avait commencé de la meilleur façon possible pour Riza, et ce fut compliqué pour elle de réprimer son immense sourire à chaque fois que son esprit vagabondait vers Roy durant ses divers cours du jour. Mais lorsque les élèves de troisième année arrivèrent, elle ne put cacher sa joie en voyant Nina et monsieur Sachar entrer dans le studio. Les autres filles étaient aussi contentes qu'elle, et même si elle ne dansa pas, la présence de Nina réchauffa l'atmosphère, et ce fut comme avant les événements qui avaient impliqué son père.

— Sacha et moi on est allé au refuge pour chien et on a retrouvé Alexander ! Lui dit Nina, rayonnante. Je suis tellement contente de l'avoir avec moi ! Mais l'appartement est un peu petit alors on le promène beaucoup dans le quartier. Sachar dit que c'est un bon moyen de dire aux gens que j'ai un ami qui peut me protéger.

Savoir qu'elle allait aussi bien satisfit encore plus Riza et lui donna l'excuse qu'elle sortit à Rebecca lorsque celle-ci lui demanda la raison de son immense sourire.


Lorsque Riza posa sa valise dans sa chambre d'hôtel, c'était presque l'heure du dîner. Elle avait passé presque toute la journée à voyager en train de East City à Central, puis le groupe de cinq étudiants et trois professeurs avait pris le but de la gare à leur hôtel. Ils n'avaient pas eu beaucoup de temps pour voir la ville et étaient fatigués après autant d'heures passées assis dans le train.

Riza soupira et s'assit sur son lit. Au moins, le Conservatoire avait réservé de bonnes chambres dans un bon hôtel. Et leur groupe n'était pas loin par le bus du Centre Culturel Raven. Riza sortit son téléphone et envoya un SMS à Roy.

Je suis arrivée à l'hôtel
Tu me manques, beau gosse

Sa réponse arriva moins de cinq minutes plus tard, alors qu'elle rangeait ses vêtements dans le placard. Elle était là pour une semaine, alors autant s'installer correctement.

Tu me manques aussi, mon Oiseau de Feu
Au fait, j'adore le petit nom que tu m'as donné

Riza sourit. Depuis la première fois qu'ils s'étaient embrassés, ils s'étaient rencontrés plusieurs fois, que ce soit pour courir ensemble ou manger ensemble. Ils s'étaient de nouveau embrassés, et la mémoire des lèvres de Roy restait encore sur sa peau.

C'était devenu encore plus difficile de faire l'innocente avec Rebecca. Sa meilleure amie lui avait posé quelques questions, et elle ne tombait plus dans le panneau des excuses qu'elle avait pour expliquer son air ravi les jours où elle rencontrait Roy. C'était arrivé trois fois la semaine passée. Le retour de Nina avait fonctionné, mais lorsque Riza avait annoncé à Rebecca que Olivia Armstrong avait accepté de la rencontrer durant la compétition, son amie avait été sceptique.

Le jour où elle lui dirait la vérité approchait.

Le jour suivant, les élèves s'enregistrèrent dans leur discipline. Certains d'entre eux, les plus jeunes, dansaient uniquement en classique, avec un professeur, mais tous les autres dansaient en classique avec Riza et en contemporain avec Rebecca. Pendant le temps libre de l'après-midi, Riza reçut un message d'Olivia.

Nous pouvons nous voir mercredi.
J'ai vu que ton élève la plus âgée danse demain, et je veux d'abord la regarder.

Donc la directrice du BNA voulait voir si elle enseignait bien avant de prendre une décision. C'était ainsi que Olivia Armstrong fonctionnait.

La compétition démarra le mardi. La majeure partie des compétiteurs étaient d'excellents danseurs, et quelques uns se détachaient déjà par leur talent. Riza fut satisfaite que ses élèves soient parmi ceux-là. Winry brilla particulièrement grâce à sa variation de Flora. Ce n'était pas la pièce la plus difficile, mais elle dansa avec la grâce que Riza avait vu en elle lorsqu'elle était devenue sa professeur. Ses mouvements étaient parfaitement équilibrés, elle dansa Flora comme si elle l'était, et son sourire emporta le public, qui applaudit pour elle plus longtemps que pour les autres. Riza aperçut la directrice Armstrong parmi le jury. Elle avait l'air aussi sévère que d'habitude. Trois années ne l'avaient pas changée.

Dès qu'elle le put, Riza quitta la salle pour aller féliciter ses élèves.

— Vous avez fait du très bon travail, tous. Vous pouvez être fiers de vous. N'abandonnez pas vos efforts, vous avez toujours votre performance en contemporain. Mais j'ai confiance en votre talent et vos capacités.

— C'est nous qui devons vous remercier, mademoiselle Riza, répondit l'une de ses élèves. Sans vous je ne sais pas si nous serions arrivés jusque là.

— Tu nous as donné de l'espoir, Riza, ajouta Winry avec un large sourire. Et nous n'arrêterons pas maintenant, quel que soit le résultat.

— C'est un excellent était d'esprit, répondit Riza en lui rendant son sourire.

Elle ne fut pas surpris d'apprendre à la fin de la journée que ses trois élèves avançaient jusqu'à la finale. Les plus jeunes n'eurent pas cette chance et en furent déçues. Mais leur professeur trouva les bons mots pour les encourager. Au moins elles auraient plus de temps pour préparer le spectacle avec tous les compétiteurs.

Le jour suivant ce fut le tour des groupes et des couples, en même temps que les variations contemporaines. Quand le dernier couple, deux jeunes danseurs xinois, termina, Riza vit Olivia parler à ses collègues et se diriger vers elle.

— Hawkeye, la salua-t-elle.

— Armstrong.

Riza se leva et la suivit dehors. Elles trouvèrent une salle vide avec quelques chaises et s'assirent en face l'une de l'autre. Armstrong croisa les jambes et les bras, fixant Riza, qui avait croisé ses chevilles sous sa chaise en attendant que la directrice parle.

— Ainsi vous êtes guérie. Riza acquiesça. Depuis quand ?

— Le médecin a dit que je pouvais de nouveau danser au niveau professionnel il y a deux ans. La danse a fait partie de mon programme de rééducation, donc je n'ai pas perdu mon niveau technique.

— Pourquoi avoir attendu si longtemps ?

— Je ne me sentais pas prête à remonter sur scène aussi tôt, et j'aime enseigner. C'est nouveau, et je voulais savoir ce que ça faisait d'être de l'autre côté, de transmettre ce qu'on m'avait donné toutes ces années.

L'honnêteté était la clé lorsqu'on parlait avec Olivia Armstrong, et Riza l'avait rapidement appris. La directrice du BNA savait lorsque quelqu'un était sournois ou mentait, et elle ne supportait pas ces gens. Mais il y avait quelque chose que Riza n'était pas encore prête à lui dire. Elle savait à quel point elle détestait lorsque les danseurs étaient engagés dans une relation amoureuse. Était-ce à cause de son expérience personnelle ? Ou considérait-elle vraiment qu'un petit copain, une petite amie, un mari, une femme ou des enfants pouvaient ralentir une carrière de danse ?

Ce que Riza avait avec Roy… c'était nouveau, c'était beau, c'était précieux. Et cette fois elle ne savait pas si elle était prête à abandonner cette relation fleurissante.

Armstrong resta silencieuse, étudiant les paroles de Riza.

— J'ai vu tes élèves danser. Ils sont bons, surtout la blonde, Winry Rockbell. Tu fais du bon travail en ce moment.

— Merci.

— Mais je ne peux pas te juger comme ça. Je veux te donner deux conditions. Riza ne parla pas, ce n'était pas encore le moment. Si l'un de tes élèves est sélectionné pour aller dans une école l'année prochaine ou gagne un prix, et si je trouve ta performance correcte au gala annuel du CDES.

— Donc cela dépend de ma performance et de celles de mes élèves, déclara Riza.

Elle n'était pas surprise que Olivia connaisse l'existence du gala, même s'il était généralement pour les élèves et leurs parents.

— C'est cela. Es-tu prête à passer tes deux prochaines semaines à t'entraîner ?

— Oui. Je m'entraîne tous les jours depuis deux ans, donc ça ne sera pas un problème. Puis-je choisir ma pièce ? Demanda Riza.

Elle avait déjà une idée.

— Tu peux. De quoi auras-tu besoin ?

— Mon costume, et mon partenaire. Est-ce qu'Obert sera libre ? C'est un bon partenaire de danse, et c'était un bon prince dans l'Oiseau de Feu.

Olivia haussa un sourcil.

— Je vois, tu veux repartir de là où tu en étais restée, dit-elle, ses lèvres esquissant un sourire ténu. Je vais voir ce que je peux faire. Elle se leva. Je pense que la pause est bientôt finie. Je ferais mieux d'y aller avant que la compétition ne reprenne.

— Merci de me donner cette chance, Armstrong.

La directrice s'arrêta.

— Tu le mérites, Hawkeye. Une dernière chose : j'espère que tu te rappelles ma politique concernant les relations dans la compagnie.

Riza grimaça intérieurement.

— Oui, je me rappelle.

— Je voulais être sûre. Mais je ne m'inquiète pas pour toi. Tu es une femme qui place sa passion au-dessus du reste.

Olivia n'attendit pas la réponse de Riza et quitta la pièce. Riza soupira de soulagement. Elle n'avait pas eu à mentir concernant Roy. Pas encore. Elle ne voulait pas mentir à son sujet.

Les jours suivants étaient surtout occupés par des cours donnés par des professeurs et chorégraphes reconnus. C'était une bonne chose pour les danseurs, qui pouvaient parler de techniques de danse dans les autres pays. Winry devint amie avec le couple xinois qui avait gagné si facilement la première étape des pas de deux. Ils demeuraient dans le même hôtel, et Riza fit aussi connaissance avec eux. Leur amestrien était presque parfait, et ils étaient enthousiastes à l'idée de tout découvrir de la culture amestrienne. Winry leur parla de la vie dans la campagne, puisqu'elle y avait vécu dix ans avant que ses parents ne déménagent à East City lorsque son père était devenu chirurgien là-bas. Riza et Rebecca leur parlèrent de la vie d'un danseur professionnel.

Riza assistait au cours d'Olivia lorsque la porte s'ouvrit et Rebecca, dévastée, entra en trombe, attrapa sa main et la tira dehors. Elles s'assirent toutes deux sur un banc à l'entrée du centre culturel.

— Rebecca, qu'est-ce qu'il s'est passé ? S'inquiéta Riza lorsqu'elle vit les larmes couler des yeux rouges de son amie.

— C'est Jean…

La voix de Rebecca se brisa, et le cœur de Riza se brisa. Elle l'enlaça alors qu'elle sanglotait sur son épaule.

— Il est tombé dans les escaliers de la caserne et s'est cassé la jambe… Il est à l'hôpital.

Riza comprit sa question silencieuse.

— Va le voir, il a besoin de toi. Ne t'inquiète pas pour moi, nous nous débrouillerons pour garder nos élèves sages.

Rebecca renifla.

— Merci, Riz', tu as toujours été ma meilleure amie.

— Tu es la mienne aussi, sourit Riza.

La brune se retira de son étreinte. Ses lèvres étirées en un mince sourire.

— Et en tant que ta meilleure amie, je peux savoir ce qu'il t'a rendue si joyeuse la semaine dernière ?

Riza fronça les sourcils. Elle n'avait pas encore abandonné, hein ?

— Tu veux vraiment savoir ?

Rebecca acquiesça.

— Donne-moi au moins quelque chose de bien auquel penser pendant le trajet vers East City.

Se promettant d'envoyer un message à Roy dès que Rebecca serait partie, elle sourit.

— Je sors avec Roy Mustang.

Rebecca ouvrit la bouche en un cri silencieux. Avant qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit, Riza ajouta qu'elle ne lui dirait rien de plus.

— Au fait, c'est un secret. Seules Gracia Hughes et toi êtes au courant.

— D'ac. Je ne dirai rien jusqu'à ce que ce soit bon pour toi. Mais quand tu reviendras à la maison, on va devoir parler, toi et moi. Je veux tout savoir.

— Ne t'inquiète pas, tu sauras. Maintenant vas-y, ou tu vas louper ton train ! Et souhaite à Jean un bon rétablissement pour moi.

— Je n'y manquerai pas.

Rebecca lui fit une bise et se dirigea vers l'arrêt de bus, prête à arrêter le premier taxi. Lorsque son amie eut grimpé dans une voiture en direction de l'hôtel, Riza retourna dans le centre. Mais une voix l'arrêta.

— Mademoiselle Hawkeye !

Riza se tourna pour voir la chevelure blonde familière d'Edward Elric. Il se dirigeait vers elle, s'appuyant sur une canne et tirant une petite valise.

— Edward ! Comment vas-tu ?

— Très bien ! Il lui adressa un sourire rayonnant. J'ai entendu dire que ma petite-amie dansait en finale, et je veux la féliciter !

— Winry a un cours en ce moment, mais si tu veux tu peux regarder avec moi. Tu as un endroit où rester ?

Edward haussa les épaules.

— Ouais, un hôtel miteux à l'autre bout de la ville. Je vais devoir prendre les transports en commun pendant des heures pour arriver jusqu'ici tous les jours.

Une idée vint à Riza.

— Il y a eu un changement dans notre groupe. Le copain de Rebecca s'est blessé, et elle vient de partir pour le rejoindre. Je peux appeler l'hôtel pour leur dire de garder sa chambre pour toi.

— Tu es sûre ? Ça ne dérangera personne ?

— Absolument certaine, et Winry en sera contente, je te le garantis.

Edward finit par accepter et Riza passa un premier coup de fil à Rebecca pour lui expliquer la situation.

— Ne t'inquiète pas ! Je leur dirai, et tout ira bien pour Edward, répondit Rebecca.

Une fois la situation réglée, Riza et Edward se dirigèrent vers la pièce que Riza avait quittée un quart d'heure plus tôt. Ils entrèrent en silence, mais Riza put voir le visage de Winry s'éclairer lorsqu'elle vit son petit-ami. Elle faillit courir vers lui, mais Riza lui indiqua de ne pas montrer son entrain.

A la fin du cours, elle n'attendit pas plus et embrassa Edward avec enthousiasme, provoquant quelques rires et applaudissements parmi ses camarades de danse.

— J'espère que ce ne sera pas un problème pour sa future carrière, déclara Olivia en s'approchant de Riza, l'air réprobateur.

— C'est un gars bien. Je ne pense pas qu'il s'opposera à sa vocation, répondit Riza.

Winry allait devoir faire ses propres choix de toute manière, et si ça marchait entre elle et Edward, ce serait parfait. Ces deux-là étaient promis à un bel avenir, elle le savait.

— Et ta collègue ? Qu'est-ce qui s'est passé ?

— Elle est retournée à East City. Son copain s'est blessé au travail.

Armstrong émit un soupir contrarié.

— Tss. C'est pour ça que je ne veux pas que mes danseurs soient engagés dans une relation amoureuse. Ça ruine toujours leur vie professionnelle. Les partenaires et les gamins sont des fardeaux. Les frères et sœurs aussi.

Riza masqua sa grimace. Elle ne voulait pas commencer un débat sur la danse et les relations, mais elle combattit le désir de dire à la directrice que sa position était un peu trop extrême. C'était une conversation pour un autre moment. À la place, elle souhaita que son amie trouve son copain suffisamment en forme pour plaisanter. Quand Jean pouvait rire et blaguer, il allait bien.

Ses pensées errèrent du côté de Roy tout l'après-midi et toute la soirée, jusqu'à ce qu'elle trouve le temps de lui dire que Rebecca était au courant de leur situation. Lorsqu'elle reçut sa réponse, son errance empira.

OK, j'aurai ça à l'esprit lorsqu'elle sera là
T'inquiète, mon Oiseau de Feu, je me débrouillerai si elle n'attend pas avant d'attaquer.
Il faudra qu'on discute quand tu reviendras, qu'on décide de la manière dont on dira au autres qu'on est ensemble
Lundi à 20h chez moi ?
Amoureusement, ton beau gosse

Riza fut contente d'être seule dans sa chambre. Au moins personne ne la verrait rougir alors qu'elle relisait ses derniers mots, encore et encore. Amoureusement, amoureusement, amoureusement.


Roy s'assit sur la chaise à côté du lit de Havoc. La chute de son subordonné quelques heures plus tôt avait effrayé tout le monde à la caserne. Au moins il y avait eu du monde pour l'emmener promptement à l'hôpital, mais appeler Rebecca avait été l'une des choses les plus difficiles à faire de sa vie.

Et ce n'était pas la première fois qu'il l'appelait parce que quelqu'un qu'elle aimait avait été blessé. Il avait été ramené trois ans plus tôt, lorsqu'il avait appelé une « Rebecca » depuis le téléphone de Riza. Cette fois comme la première, il avait entendu sa voix se briser quand elle lui avait demandé ce qu'il s'était passé. Puis elle avait été très silencieuse.

— Je le dis à Riza et j'arrive, avait-elle déclaré avant de raccrocher.

Quelques heures plus tard, alors qu'il attendait la fin de l'opération de Havoc, il reçut un message de Riza.

J'ai dit pour nous à Rebecca
Pas d'inquiétude, je pense qu'elle n'attaquera pas avant que l'état de Jean s'améliore.
Au moins ça lui aura donné un peu de joie avant son départ
Je t'embrasse, ton Oiseau de Feu

Eh bien, il fallait bien que ce jour arrive, à un moment ou un autre, pensa-t-il, souriant pour lui-même. Il gérerait Rebecca avec tous les arguments qu'il aurait. Et bien sûr, la promesse – faite à lui-même des semaines plus tôt – de ne jamais blesser Riza. Elle avait traversé trop de difficultés dans sa vie, surtout dans son enfance. Ça donnerait une mauvaise image des pompiers s'il ne vivait pas selon la devise de sa brigade « Sauver ou périr ».

— Où est-ce que je suis ?

La voix hagarde de Havoc tira Roy de ses pensées.

— Dans une chambre d'hôpital, Havoc. Souviens-toi, tu es tombé dans les escaliers.

Jean leva la tête et soupira en voyant sa jambe plâtrée.

— Ouais. C'est bête, hein ? Tomber dans les escaliers sur ton lieu de travail alors qu'il y a plein d'autres façons de se blesser en mission qui sont bien plus cool que ça. Quel idiot je suis.

— C'est pas cool de se blesser en mission, et tu le sais, Havoc. D'ailleurs ça fait de la paperasse, et tu sais très bien que j'ai horreur de la paperasse.

Havoc ricana.

— Toujours en train de penser aux rapports et aux demandes de matériel, hein Chef ? Vous savez que les promotions signifient une meilleure solde et plus de paperasse.

— La ferme Havoc. Je crois que l'opération était uniquement pour ta jambe, pas pour augmenter ton respect envers tes supérieurs.

— Dommage pour vous Chef ! Havoc changea ensuite de sujet. Au fait, où sont les autres ?

— Ils sont rentrés chez eux ou à la caserne pour ceux qui doivent travailler. Je leur dirai que tu es réveillé et déjà agaçant. J'ai dit à ta copine ce qu'il t'était arrivé, elle est en chemin.

— Rebecca vient ?

Havoc semblait à la fois surpris et joyeux. Il sourit largement.

— Je sens que je vais me remettre comme un champion avec elle.

— Elle n'est pas infirmière, tu sais.

— Peut-être, mais elle sait comment s'occuper de moi.

Roy leva les yeux au plafond.

— S'il te plaît, n'en dis pas plus.

— Vous aimeriez avoir la même, n'est-ce-pas ?

Roy s'adossa à sa chaise.

— En fait, j'ai quelqu'un. Et c'est la meilleure.

Jean écarquilla les yeux.

— Vraiment ? Depuis quand ? C'est qui ?

Roy fit le calcul dans sa tête. Vingt jours. Son premier rendez-vous avec Riza avait eu lieu vingt jours auparavant. Ce n'était pas beaucoup, mais c'était plus que toutes les autres fois où il était sorti avec quelqu'un. Et cette fois il voulait atteindre vingt semaines, vingt mois. Vingt ans ? N'était-ce pas un peu tôt pour penser à une si longue durée ?

— Tu la connais, dit-il simplement.

Havoc était suffisamment intelligent pour comprendre, même s'il n'était pas celui qui avait tenté de le mettre avec Riza.

Havoc resta silencieux, puis siffla.

— C'est une femme géniale, et j'espère que vous réalisez que vous êtes un homme chanceux. Riza n'a laissé personne dans sa vie pendant des années. Mais c'étaient tous des abrutis. Donc elle a aussi beaucoup de chance de vous avoir, à moins que vous deveniez le plus con de tous.

— Comme si j'allais ruiner ce que j'ai avec Riza. Je sais que j'ai de la chance. Elle est intelligente, elle est forte, elle est indépendante. Je ne pense pas qu'elle ait besoin de moi, et pourtant elle m'a accepté dans sa vie.

— Chef, c'est pas à moi qu'il faut dire ça. Gardez-le pour elle, comme je garde mes compliments pour Rebecca, déclara Havoc avec un clin d'œil.

— Alors pense à ce que tu va lui dire quand elle sera là. Elle était affreusement inquiète quand je l'ai appelée.

— Dites-lui que je suis réveillé.

Roy n'avait pas besoin que Jean lui dise quoi faire.

— Tu ne veux pas lui dire toi-même ?

— Nan, répondit Havoc en secouant la tête. Je préfère lui parler en face. J'ai hâte qu'elle soit là.

— Très bien, dit Roy en pressant « envoyer » sur son téléphone. Je vais dire aux infirmières que tu es réveillé. T'as besoin de manger un bout ? Je pense que le dernier truc que tu as mangé était le sandwich de la cantine.

— Maintenant que vous le dites, j'ai faim. J'espère juste que je n'ai pas d'interdiction alimentaire.

Roy quitta la chambre et trouva les infirmières à leur bureau. L'une d'entre elle alla vérifier l'état de Havoc pendant que Roy cherchait la salle où il avait parlé avec Riza pour la première fois. Il était huit heures et demi passées, et les heures de visite étaient normalement passées, donc la pièce était plongée dans le noir lorsqu'il entra. Mais le distributeur fonctionnait. Roy acheta un sandwich, deux barres de chocolat, et une bouteille d'eau.

Lorsqu'il revint dans la chambre de Havoc, il trouva son subordonné seul. Il posa la nourriture sur la table de chevet et Havoc ouvrit le sandwich pendant que Roy reprenait sa place sur la chaise de l'autre côté du lit.

— Des nouvelles de Reb ? Demanda Havoc la bouche pleine.

— Non, mais son train arrivait il y a dix minutes, et la gare n'est pas très loin d'ici. La connaissant, elle aura couru tout du long donc elle sera ici bientôt.

Roy avait à peine terminé sa phrase que Rebecca débarquait dans la pièce. Elle haletait à cause de sa course, et ses cheveux étaient décoiffés. Elle avança vers le lit et laissa tomber son sac au sol. Elle demeura là quelques secondes, ses poings serrés sur ses flancs.

— Est-ce que tu sais à quel point je me suis angoissée au cours des dernières heures ?

Jean sourit doucement et lui tendit la main.

— Je sais, Reb, parce que j'aurais été tout autant paniqué si tu avais été à ma place. Je suis désolé de t'avoir inquiétée, princesse.

Rebecca sembla se détendre un peu à son petit nom et s'assit sur le lit, où elle prit la main de Havoc. Roy ne savait pas si elle l'ignorait ou si elle n'avait même pas réalisé qu'il était là. Il décida de ne pas bouger et de rester invisible. C'était leur moment, et il ne voulait pas le ruiner. Bien sûr, il partirait s'ils décidaient de parler de sujets plus… personnels.

— Je suis heureuse que tu sois en sécurité maintenant, dit Rebecca en souriant. Je fais confiance aux médecins pour te dire ce que tu peux faire et comment tu travailleras jusqu'à ce que tu aies complètement récupéré.

— Et je te fais confiance pour me surveiller et m'arrêter si je deviens trop téméraire. Elle frappa son front. Hé ! C'était pour quoi, ça ?

— Tu ne devrais même pas essayer d'être téméraire, pour commencer. Ton boulot est dangereux, mais tu as beaucoup de consignes pour te garder en sécurité quand tu sauves des gens. Elle sembla chercher ses mots. Tu sais, j'ai pensé à quelque chose dans le train...

— C'est quoi ?

Rebecca se mordit la lèvre, et Roy put voir ses joues s'empourprer. Quelque chose d'intéressant se passait, pensa-t-il en souriant pour lui-même. Silencieusement, il prit son téléphone.

— Vivre chaque jour sans savoir si tu vas être blessé ou tué en mission est parfois difficile. La panique envahit les yeux écarquillés de Jean. Mais chaque jour que je passe avec toi vaut toute cette incertitude.

— Qu'est-ce que tu veux dire ?

Rebecca prit les deux mains de Jean dans les siennes.

— Je vais te sembler un peu trop terre-à-terre, mais je ne veux pas que le système considère que notre relation n'existe pas parce que rien n'est inscrit aux yeux de la loi. Je sais que nous le voulons tous les deux, et ta blessure m'a fait réaliser qu'il était temps. Rebecca fit une pause pour prendre une grande inspiration. Je t'aime, Jean Havoc. Est-ce que tu veux bien m'épouser ? Dit-elle d'une voix ferme mais amoureuse.

Roy avait déjà vu une demande en mariage avant, une publique, et elle avait été pleine de larmes et de rires et de danses joyeuses. Ici c'était une chambre d'hôpital, c'était Rebecca qui faisait la demande, et Jean ne pouvait pas bouger à cause de sa jambe. Roy sourit en voyant l'immense sourire qui apparut sur son visage.

— Ce n'est absolument pas comme ça que je le prévoyais, dit-il en amenant les mains de Rebecca à ses lèvres. C'est encore plus parfait. Il embrassa ses phalanges. Oui, Princesse, je veux bien t'épouser. Je t'aime, Rebecca Catalina, et je serai le plus heureux des hommes si je peux passer toute ma vie à tes côtés.

Au-delà des mots doux, Roy savait que Havoc était sérieux. Il était sérieux à propos de Rebecca depuis longtemps, et même s'il parlait plus à Breda, il lui avait souvent demandé conseil pour un bon endroit où emmener Rebecca, ou quel genre de fleurs il pouvait lui offrir. Grâce à ses sœurs, Roy lui avait donné de bons conseils à chaque fois. Avant Rebecca, Jean avait été plutôt malchanceux avec ses copines. L'une d'entre elles avait même essayé de le poignarder lorsqu'il avait rompu avec elle. Cela n'avait fait que lui donner une raison supplémentaire de la larguer.

Roy reporta son attention sur les nouveaux fiancés. Rebecca était penchée sur Jean et l'embrassait avec entrain. Roy détourna la tête. Franchement, le parc de l'hôpital était sympa sous la lumière du soleil couchant, nota-t-il.

— Pourquoi est-ce que tu as un goût de jambon ?

Roy regarda de nouveau le couple. Ils étaient plongés dans les yeux l'un de l'autre, front contre front. Havoc sourit et montra la table de chevet.

— J'étais en train de manger quand tu es arrivée.

— Ah, fit Rebecca.

Jean tourna la tête vers Roy.

— Chef, il y a quelque chose que j'aimerais vous demander de faire pour moi. Vous pouvez m'apporter la boîte qui est dans mon casier la prochaine fois que vous viendrez ?

Finalement il ne m'avait pas oublié.

— Bien entendu Havoc, répondit Roy.

— Attends, t'étais là tout le long ? S'exclama – cria presque – Rebecca. Et t'as rien dit ?

— Eh ben, je n'allais pas gâcher votre moment, si ? Est-ce que je peux prendre une photo de vous deux ? Je l'enverrai à Riza lorsque vous lui aurez annoncé la nouvelle.

— Qu'est-ce…

Rebecca ne put aller plus loin, puisque Jean l'embrassa de nouveau. Il leva un pouce en l'air et Roy n'hésita pas. Son téléphone en main, il prit une photo des deux amoureux s'embrassant.

— Bon, je rentre ! Rebecca, il est à toi seule, dit-il. Prends soin de toi, Havoc, tu auras besoin d'être sur tes deux pieds pour ton mariage !

Sur ces dernières paroles, Roy partit. Finalement, le projet que Havoc construisait allait être mis en action, grâce à cette même femme qu'il avait eu l'intention de demander en mariage.

Il n'avait pas besoin de lui dire où trouver la bague de fiançailles, puisqu'il l'avait sortie régulièrement durant les pauses. Presque tout le monde à la caserne était au courant de son existence, même s'ils ne connaissaient pas l'heureuse élue. Sur ce point, Havoc avait été clair : il ne parlait pas de Rebecca au boulot.


Le jour suivant était un jour de repos pour Roy. Il le commença avec sa course matinale – bien solitaire sans Riza comme toutes les autres fois cette semaine passée –, puis il fit le ménage de son appartement et envoya la photo de Rebecca et Jean qui s'embrassaient lorsque Riza lui annonça leurs fiançailles. Rebecca l'avait choisie comme première témoin, et Roy la félicita, ajoutant qu'il adorerait voir les robes que Rebecca choisirait pour ses demoiselles d'honneur.

J'imagine que ce sera en rapport avec la danse, mais je ferai en sorte que ce soit décent !

Roy sourit tout le long du chemin pour aller chez les Hughes, qui l'avaient invité pour regarder ensemble la finale du Grand Prix.

— C'est Oncle Roy ! Entendit-il Elicia crier lorsqu'il frappa à la porte.

Le panneau de bois s'ouvrit et deux petites ballerines l'accueillirent avec un grand sourire. Elicia lui prit immédiatement la main, le tirant à l'intérieur avant de fermer la porte.

— Bonjour monsieur Mustang, le salua Nina d'une voix douce.

— Bonjour Nina. Je suis content de voir que tu vas bien, comme Riza me l'a dit.

— Donc tu l'as revue !

Maes apparut dans l'entrée avec une grimace joyeuse. Roy lui rendit sa grimace, sachant qu'il allait surprendre son meilleur ami.

— En fait, on sort ensemble depuis trois semaines maintenant.

Il avait eu raison. Hughes semblait sur le point de se décrocher la mâchoire.

— Attends une minute… vous sortez ensemble depuis qu'on a planifié la rencontre au cours de danse et vous ne l'avez dit à personne ? Tu as entendu ça, chérie ?

— Je sais pour Roy et Riza depuis quelques semaines, mon amour ! La voix de Gracia retentit depuis le salon.

Maes allait s'étouffer si cela continuait ainsi. Roy ne cacha pas sa surprise non plus. Riza ne lui avait pas dit que Gracia était au courant. Il allait devoir lui demander.

— Et tu ne me l'as pas dit ? Je suis trahi par ma propre épouse ! Se plaignit Hughes avec le talent d'un mauvais acteur.

— J'ai promis à Riza de garder le secret, répondit Gracia. Pourquoi ne venez-vous pas ? La finale est sur le point de commencer, et tu dois saluer nos autres invités, Roy.

Elle lui sourit lorsqu'il entra dans le salon.

Les trois personnes assises dans le canapé se levèrent. Roy salua Alphonse, peu surpris par sa présence. Puisque Edward était parti pour Central et que les parents de Winry étaient tous deux occupés par le travail ce week-end, Hughes l'avait invité pour l'occasion. Cependant les deux autres personnes étaient inconnues. L'une était une fille de l'âge d'Al et l'autre un Ishbal plus grand que lui qui semblait pouvoir lui briser le cou à mains nues. Pourtant lorsqu'ils se serrèrent la main, il fut ferme mais pas brutal.

— May Chang et Sachar Demir, si je ne me trompe pas ? Ils acquiescèrent tous les deux. Riza m'a parlé de vous. Je suis heureux de vous rencontrer.

— Nina m'a aussi parlé de vous, monsieur Mustang. Et May, par Alphonse.

— J'imagine donc que tu es la May dont Alphonse parle tout le temps quand il est à la caserne. La fille hocha la tête, ses joues rougissant légèrement. Ne t'inquiète pas, il n'a jamais rien dit de méchant.

— Pourquoi je dirais quelque chose de méchant à propos de May ? Demanda Alphonse en feignant l'indignation.

May rit doucement et prit sa main.

— Je sais que tu es la gentillesse incarnée, Al. Mais tu peux dire quand il y a quelque chose que tu n'aimes pas.

— Tu sais déjà ce que je n'aime pas, May.

Ils plongèrent dans le regard de l'autre comme s'ils étaient seuls dans la pièce.

— Allez, c'est l'heure de s'asseoir et de regarder ces jeune gens talentueux danser pour le monde ! Déclara Maes, guilleret, en entrant dans le salon avec un plateau de tasses fumantes et de cookies. J'ai fait du thé pour ceux qui n'aiment pas le café.

Roy s'assit dans un fauteuil. Sachar prit place dans un autre à côté, pendant que Maes et Gracia s'installaient dans le canapé, Alphonse et May à leurs côtés. Nina et Elicia avaient pris tous les coussins des sièges et formé un matelas avec. Elles s'y assirent en gloussant d'excitation.

— Et voici la dernière partie du programme solo, la finale des seniors ! S'exclama le présentateur lorsque Maes alluma la télé. Quelques changements ont eu lieu dans le jury, puisque l'une d'entre eux connaît l'un des compétiteurs. Elle a été remplacée par monsieur Garfiel, qui a été danseur étoile dans sa jeunesse. Il est désormais maître de ballet à l'Académie de Danse du Sud. L'une de ses élèves a gagné le deuxième prix l'année dernière, donc vous pouvez constater qu'il n'a rien perdu de son talent ! De retour au jury ! Madame Armstrong, directrice du Ballet National d'Amestris, Madame Park de l'École de Ballet Bitnaneun Byeol, et Madame Gujiarro, maîtresse de ballet à l'Institut Bayadera d'Aerugo.

— Les compétiteurs senior viennent de bien plus de pays différents que les pré-compétiteurs et les juniors ! Bien sûr, la majorité d'entre eux sont amestriens, drachmiens, aerugoniens, cretains, ou ont même traversé le désert depuis Xing, mais bien plus de nationalités sont représentées !

— On vient de me dire que les cent compétiteurs sont prêts. Vous ne m'entendrez plus, sauf pour vous dire le nom, l'âge, la nationalité, l'école et la variation du prochain danseur.

Les danseurs étaient appelés au hasard, les plus jeunes d'abord, et Roy apprécia le fait de pouvoir regarder plusieurs fois la même variation mais pas de la même manière. Le petit public dans le salon commenta les costumes, les sourires, la grâce des danseurs. Chacun d'eux dit s'il avait aimé les performances. Les danseurs de quinze, seize et dix-sept ans passèrent, puis ce fut au tour des compétiteurs de dix-huit ans. L'atmosphère dans le salon devint animée, jusqu'à ce que « Winry Rockbell, 18 ans, Amestris, Conservatoire de Danse d'East City, Le réveil de Flore » entre sur scène. Soudain le silence tomba dans la pièce, et tout le monde observa la blonde danser sur l'écran, un grand sourire sur les lèvres. D'autres filles avaient dansé cette variation, mais il y avait quelque chose de plus dans les pas et les figures de Winry. Peut-être était-ce le ressort de ses sauts, ou la manière dont elle était Flora, déesse du printemps – Roy avait fait ses recherches – mais il savait que quelqu'un comme Riza n'enseignerait pas à Winry uniquement la danse, mais aussi toute l'histoire autour.

Il n'avait pas été le seul à voir que Winry était différente, puisque lorsqu'elle termina sa dernière arabesque après plusieurs tours rapides, le public du Centre Culturel Raven l'applaudit plus fort encore que d'autres de sa catégorie. La manière dont le public réagissait n'influencerait pas les juges, mais Roy était certain qu'elle les avait déjà séduits.

Après Winry, quelques compétiteurs dansèrent, mais l'attention des téléspectateurs était passée sur un autre spectacle. Nina et Elicia avaient décidé de leur montrer ce qu'elles apprenaient pour le gala, deux semaines plus tard. Elles n'étaient pas très coordonnées, mais c'était l'absence de musique. Elles furent de toute manière très applaudies.

Ils avaient deux heures avant l'annonce des vainqueurs, et décidèrent de jouer à quelques jeux de société. Roy envoya un message à Riza pour lui dire comment il avait trouvé la danse de Winry.

Elle a un très bon professeur, je ne doute pas un moment qu'elle gagnera un prix !

Dans ce cas ça veut dire que je danserai de nouveau
Ne le dis à personne avant qu'on sache les résultats !

Roy regarda son téléphone sans y croire. Son immense sourire serait difficile à masquer aux yeux des autres, mais le jeu était trop animé et il fut pris dans l'action, essayant de ne pas se faire égratigner la main lorsqu'il prit le totem.

Au moment des résultats, Roy ne tenait plus en place. Le futur de Riza se jouait maintenant, et personne d'autre ne le savait. Le nom de Winry n'était pas parmi les douze mieux classés, mais il y avait toujours l'espoir quelle fasse partie des trois champions. Et elle y fut.

— Deuxième place, Winry Rockbell, Conservatoire de Danse d'East City, Amestris !

A cette annonce, un cri de victoire s'échappa des gorges d'Alphonse et de Roy. Les autres regardèrent Roy, surpris, mais il voulait garder la vraie raison de ce cri pour lui-même.

— Quoi, c'est une danseuse de talent, elle le mérite, non ?

— Je pense que tu es aussi heureux pour sa professeur ! Le taquina Hughes.

Roy rayonnait.

— Peut-être…

Il fallait qu'ils fêtent ça.

Et ils fêtèrent ça.

Lorsque Riza apparut sur le pas de sa porte le jours suivant, Roy l'accueillit avec un doux baiser, qui devint rapidement plus enfiévré et passionné. Un peu après, alors qu'ils reposaient dans son lit, enlacés et se murmurant des mots doux, il lui demanda comment se passerait son retour sur scène.

— Il faut juste que tu sois là au gala dans deux semaines, répondit Riza avec un sourire qui ajouta encore plus de carburant à l'incendie qu'elle avait allumé dans son cœur. Je dois beaucoup m'entraîner pour ce jour, mais je suis confiante et je sais que je serai prête à temps.

— C'est génial alors, dit Roy en embrassant son front avec tendresse. Cette fois je ne manquerai pas le gala de ma filleule.

Riza laissa un rire musical lui échapper.

— Tu vas devoir trouver une meilleure excuse pour Grandpa, ou être complètement honnête avec lui.

— Honnête sur le fait que je veux que tu soies une femme, une danseuse et une enseignante accomplie ? Sur le fait que le jour où je t'ai vue danser pour la première fois j'ai voulu te connaître ? Sur le fait que mon cœur. palpite à la simple pensée de toi en train de danser parce que c'est ce pourquoi tu es faite ? Sur le fait que je me sens de plus en plus attiré par toi à chaque jour qui passe ? Je serai honnête avec lui, mais je ne lui dirai pas tout.

— Pourquoi penses-tu que je devrai danser de nouveau ?

Il y avait une lueur étrange dans les yeux de Riza, mais cela pouvait être la lumière du soleil couchant, rien de plus.

— Parce que tu es faite pour ça, mon Oiseau de Feu.

Roy l'embrassa, et les heures de sommeil qu'il aurait avant sa prochaine garde de 24 heures furent réduites au strict minimum nécessaire pour lui permettre de travailler efficacement.