Hello!

La semaine dernière je vous ai faits souffrir, et j'en suis encore désolée |_O_| (c'est censé être un bonhomme qui s'incline)

Cette semaine, il y a encore un peu de souffrance, surtout au début, mais il y a aussi beaucoup de guimauve (vous n'êtes pas prêts pour le chapitre 8 où vous serez submergés!). Les choses s'arrangent sur bien des plans, et j'espère que vous apprécierez.

Sur la partie la plus tragique, j'ai regardé des interviews des pompiers qui étaient intervenus sur place après l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice. Ca vous donne un aperçu de ce qu'il s'est passé sur cette place. Les bracelets de couleur pour les victimes, je l'ai piqué à "Descendants of the Sun", un drama que je vous conseille!

Et... Olivia Mira Armstrong en justaucorps. C'est tout ce que je voulais ajouter.

Bonne lecture!


Chapitre 7 - Souffrance, réconfort, justice


La nouvelle de l'explosion arriva brutalement. Tout le monde à la caserne fut appelé et tous les véhicules de secours disponibles partirent dans les cinq minutes. Une seule équipe resta pour s'occuper des autres interventions.

— OK les gars, nous ne savons pas qui a fait ça, s'ils sont toujours là-bas, et le nombre de victimes, déclara Roy en commençant son briefing. Soyez attentifs, et occupez-vous d'abord des blessés. Ils sont notre priorité. Compris ?

— Oui chef! Répondirent ses subordonnés, dans la voiture et à travers la radio depuis les autres véhicules.

La radio grésilla une minute plus tard.

— Il y a eu deux nouvelles explosions. Il semblerait que la dernière ait été une attaque suicide. L'assaillant est sans doute mort.

La consternation s'abattit dans la voiture. C'était mauvais. C'était très mauvais. Roy se força à respirer. C'était la première fois de sa carrière qu'il faisait face à ce genre de situation. Reste calme, Roy, pour ton équipe et pour les civils, reste calme.

Lorsqu'ils se garèrent sur la place devant le palais de justice, c'était une scène de cauchemar qui les attendait. La fumée rampait presque partout, et des gens terrifiés erraient, en pleurs. Certains étaient blessés. L'odeur affreuse prenait aux tripes et Roy serra les dents en voyant les corps au sol.

— Utilisez les bracelets pour trier les victimes, ordonna-t-il. Les rouges sont prioritaires !

Les pompiers s'éparpillèrent, apportant les premiers soins et portant ceux qui en avaient besoins jusqu'aux ambulances et véhicules de secours qui n'arrêtaient pas d'arriver et de repartir.

Roy venait d'envoyer un autre blessé dans une ambulance avec Breda lorsqu'une voix familière l'appela. Il se tourna pour voir Grumman s'approcher à grands pas. C'était surprenant de le voir durant son jour de congé. Il salua le vieil homme. Hughes le rejoignit à ce moment. Il avait un jour de repos aussi, mais était quand-même venu aider.

— Général ! Que faites-vous là ?

— Il se trouve que j'ai mon rendez-vous habituel du samedi avec ma petite-fille pas très loin d'ici. Je suis venu dès que possible. Quelle est la situation ?

Le cœur de Roy le piqua à la mention de Riza. Durant les dernières semaines il avait essayé de l'oublier en travaillant jusqu'à tomber de fatigue, mais la moindre petite chose la lui rappelait.

— Nous n'avons pas encore de compte précis des morts et blessés, répondit-il. Pour le moment soixante personnes ont été envoyées à l'hôpital, et plus vont y aller, j'en ai peur.

— J'ai appelé un hélicoptère pour vous aider à transporter les cas les plus critiques, déclara Grumman.

À ce moment-là le bruit familier des pales résonna dans les airs. Il y eut des cris, et en quelques secondes, l'engin avait suffisamment de place pour atterrir.

— Lieutenant ! C'était Falman. J'ai rassemblé plusieurs témoignages concernant l'attaquant. Il était habillé d'un costume blanc, il avait des longs cheveux noirs et riait comme un malade avant la dernière explosion, à côté du podium. C'est là que nous avons trouvé le plus de victimes.

Qu'est-ce qui pouvait être pire que de réaliser que des gens dingues étaient prêts à se transformer en bombes humaines uniquement pour tuer ? Personne ne savait rien d'autre sur le tueur et ses motivations, mais le simple fait qu'il ait voulu bouleverser les vies de tant de gens retournait le cœur de Roy.

Bien d'autres pompiers les rejoignirent, venant de casernes à l'extérieur d'East City. Ils travaillèrent une bonne partie de l'après-midi pour emmener les blessés à l'hôpital, calmer les témoins, et compter les morts. Le bilan fut lourd. Sur le millier de personnes qui s'étaient rassemblées pour réclamer liberté et justice pour un ado de 15 ans arrêté parce qu'il était au mauvais endroit au mauvais moment, 200 avaient été blessées, et plus de 50 avaient été tuées. Tout cela à cause d'un homme fou et dangereux.

Grumman et le procureur de police s'occupèrent des journalistes, et Roy fut content de ne pas avoir à gérer ça.

Le trajet de retour à la station, une fois que tout le monde eut été évacué, fut lugubre. Fuery éclata en sanglots dès que les portes se fermèrent. Ross se concentra sur sa conduite, mais Roy vit à quel point elle luttait pour garder ses émotions cachées.

— C'est une bonne chose que Havoc ne soit pas là aujourd'hui, marmonna Breda.

Roy ne pouvait pas être plus d'accord. Un homme sur le point de se marier n'avait pas besoin de voir une telle scène. Il avait besoin d'encouragements pour son rétablissement, pas des nouvelles désastreuses.

Lorsque vint le soir, l'épuisement les frappa tous, et ils prirent leur douche chacun leur tour, trouvant un moyen de rester éveillés. Ils parvinrent à grand peine à terminer leurs rapports. Roy resta en dernier pour tout rassembler et les envoyer à ses supérieurs. Il avait même dit à Hughes de partir. Son ami avait une famille avec laquelle il devait être. Lorsque les mots quittèrent sa bouche, Riza revint le hanter. Oh, comme il voulait être avec elle maintenant !

Sur le chemin vers chez lui il tenta de garder ses pensées sous contrôle. Mais dès qu'il s'effondra sur son canapé après une autre douche, le souvenir de l'odeur, des cris, de la fumée, du sang sur les pavés, tout revint à son esprit.

Pourquoi ? Pourquoi devaient-ils assister à tant de dévastation, tant de chagrin, tant de violence ? Les pompiers protégeaient les gens, mais les gens étaient quand-même blessés à cause d'individus qui ne voulaient que la souffrance.

Roy soupira, son bras sur ses yeux alors qu'il tentait de se reposer. Mais les visions de la journée n'arrêtaient pas de venir. Il avait besoin de parler à quelqu'un qui pourrait comprendre. Il saisit son téléphone et trouva le contact qu'il voulait. Elle répondit à la deuxième sonnerie.

— Mon petit Roy, je suis là.

La voix de Chris au téléphone était telle qu'il se la rappelait fois où elle l'avait réconforté après son premier mort. Et après bien d'autres interventions affreuses.

— Tu as vu les nouvelles ?

— Oui, mon garçon.

Sa voix était grave, solennelle, et Roy réalisa alors qu'il ne savait pas comment les politiques et gens influents avaient réagi. Il ne pouvait que supposer que l'attaque avait été partout dans l'actualité.

— C'était horrible, commença Roy. Je ne sais pas si je serai capable d'oublier ce que j'ai vu aujourd'hui. Personne ne devrait vivre quelque chose comme ça, mais ça existe, et je ne sais pas pourquoi. Qu'est-ce que je peux faire, moi, simple pompier ? Je veux protéger les gens de cette ville, et on dirait que je ne peux que gérer les conséquences.

— Tu n'es pas seulement un pompier, Roy. Tu peux acquérir davantage de pouvoir là où tu travailles, là où tu vis. Cela ne dépend que de toi.

Le ton de Chris lui rappela les moment où il avait pensé à abandonner. Mais il était toujours là, il pouvait toujours faire quelque chose…

Quelqu'un sonna à la porte. Qui cela pouvait-il être ? Il était presque 23h.

Son téléphone à la main, il ouvrit la porte, et se figea.

— Je te rappelle, Chris, déclara-t-il d'une voix tremblante.

— Salut, dit Riza.

Elle avait l'air d'avoir couru tout le long du chemin jusque chez lui. Ses cheveux étaient défaits, ses joues rouges, ses yeux brillants. Elle était magnifique. Une boule se forma dans sa gorge, et il déglutit.

— Salut, répondit-il, l'invitant à rentrer.

Riza hocha la tête. Lorsque la porte fut fermée, ils se tinrent face à face. Riza garda le regard rivé au sol alors que Roy s'interrogeait sur sa venue chez lui. Puis elle leva les yeux, et ils se perdit dans ses pupilles ambrées.

— Crie, parle, pleure, fais ce que tu veux. Je suis là pour toi, Roy.

Roy fit un pas vers Riza et prit ses joues entre ses mains.

— Riza, est-ce vraiment toi ?

Elle acquiesça de nouveau. Roy l'étreignit.


Grandpa agit rapidement. Alors que Riza s'asseyait sur sa chaise, il prit son téléphone. En quelques minutes, Riza sut qu'il avait toutes les informations dont il avait besoin. A la seconde où il raccrocha, une deuxième explosion déchira l'atmosphère. Les gens autour d'eux étaient déjà en train de s'abriter dans les restaurants et bâtiments, craignant que quelque chose de plus n'arrive. Et quelque chose de plus arriva. Une troisième explosion.

Qui pouvait faire une chose pareille ? Comment quelqu'un pouvait attaquer une manifestation pacifique ? Le cœur de Riza se serra dans sa poitrine alors que davantage de fumée s'élevait au-dessus des immeubles. Elle savait que Sachar était là, et elle espéra qu'il n'avait pas été touché. Elle espéra que personne parmi les enfants dont elle avait fait la connaissance ces dernières semaines n'était là. Ces enfants connaissaient la victime et voulaient la justice pour lui.

— Riza. Son grand-père la prit par les épaules. Il la fixait, l'air le plus sérieux sur son visage. Rentre chez toi, et ne sors pas, d'accord ? Je veux juste que tu sois en sécurité loin de tout cela. Je te dirai ce qu'il s'est passé.

— Qu'est-ce que tu vas faire ?

Riza s'inquiétait pour lui. Il n'était pas en uniforme, mais son devoir l'appelait.

— Je vais faire mon travail et aider à sauver les gens qui peuvent être sauvés.

C'était la première fois qu'elle voyait son Grandpa aller accomplir son devoir. Durant les années qu'elle avait passées avec lui elle n'avait pas vraiment fait attention à ce qu'il faisait, elle était trop occupée par ses entraînements de danse. Elle savait qu'il sauvait des vies, elle savait que cela pouvait être dangereux, mais la seule fois où elle l'avait vu en uniforme avait été pour sa cérémonie de promotion au grade de général. Elle voulait que la dernière soit pour la cérémonie de son départ en retraite. Pas ses funérailles.

Riza se leva de sa chaise et l'enlaça brièvement.

— Fais attention, s'il te plaît.

— Bien sûr, ma chérie.

Durant tout le trajet vers son appartement, Riza s'angoissa sur le sort des gens qui étaient sur place. Mais lorsqu'elle réalisa que May et Nina pouvaient être avec Sachar, son sang se figea, glacé dans ses veines. Elle courut jusque chez elle, et dès qu'elle fut à l'intérieur, fouilla dans les fiches de ses élèves à la recherche du numéro de fixe de Sachar. Elle savait que si personne ne répondait elle appellerait Alphonse. Lorsque May décrocha après une attente angoissante, une vague de soulagement la submergea et elle tomba lourdement dans son fauteuil préféré.

— Allô ?

— Bonjour May, c'est Riza.

— Oh, bonjour mademoiselle Riza ! Vous voulez parler à Sachar ? Il n'est pas là, il est à la manif, mais je peux prendre un message.

Ainsi elle ne savait pas. Riza ferma les yeux, se concentrant sur ses prochains mots.

— J'appelais pour savoir comment Nina et toi allez. Je m'inquiétais pour vous, puisque… Elle détestait annoncer des mauvaises nouvelles, mais c'était nécessaire. Je ne veux pas vous alarmer, mais il s'est passé quelque chose à la manif.

— Quoi ? Qu'est-ce qui s'est passé ? La bonne humeur de May avait disparu.

Alors que Riza expliquait davantage ce qu'elle savait de la situation, elle l'entendit s'assombrir encore.

— Je ne sais pas comment va Sachar, mais je peux demander à des gens de me tenir au courant, tenta-t-elle de rassurer la jeune fille.

— Faites ça, s'il-vous-plaît. Merci de me l'avoir dit.

— Je suis désolée, May. J'espère qu'il va bien. Je te tiendrai informée. Prends soin de Nina.

— Bien sûr. Nous ne sommes pas seules ici, il y a des gens pour nous soutenir.

— C'est bon à entendre.

Riza raccrocha et son regard tomba sur son écran de verrouillage. Roy. Elle l'avait remis ce matin, dans l'espoir qu'il puisse lui donner le courage d'aller le voir.

Roy. Il était là aussi, il faisait son boulot. À quel point était-ce affreux ? À quel point serait-il secoué à la fin de tout ça ? Était-ce sa pire intervention ? Riza hésitait. Devait-elle regarder les nouvelles pour voir à quel point la situation était mauvaise ? Pour voir comment Roy s'en sortait ? Pour voir si Sachar allait bien ?

Elle parvint à garder la télé allumée pendant cinq minutes. C'était mauvais. Affreux. Horrible. Elle n'enregistra que la description de l'assaillant – vêtements blancs et cheveux noirs en catogan – avant d'éteindre la télévision.

Les heures suivantes furent une vraie torture. Une première liste des victimes fut effectuée, et le nom de Sachar n'y était pas. Elle appela son grand-père pour savoir où les blessés étaient envoyés, puis envoya le nom de l'hôpital à May.

Son après-midi et sa soirée lui semblèrent longs. Trop long. Rien d'autre n'était arrivé après que tout le monde avait été évacué de la place du palais de justice. Il y eut des condoléances du Président, du Premier Ministre, et d'autres politiciens, mais le pire message fut celui du maire Hakuro. La communauté Ishbale fait beaucoup pour nous, cela me peine de les voir vivre une telle tragédie. Quel hypocrite. Riza arrêta de vérifier les réactions après cela.

Un message de May arriva plus tard dans l'après-midi.

Merci de nous avoir dit ce qu'il s'est passé
Nous avons trouvé Sachar, il est gravement blessé, mais il se remettra

Riza mangea à peine. Elle ne trouvait pas le repos, et lorsqu'elle essaya de dormir, elle fut incapable de fermer les yeux. Elle avait besoin de parler. Non, Roy avait besoin de quelqu'un. Il avait besoin d'elle.

Riza enfila un pull, des baskets, et quitta son appartement en toute hâte. La course de deux rues ne fut pas longue, et avant de le savoir elle sonnait à la porte de Roy. Elle était épuisée, mais il avait plus besoin d'elle qu'elle n'avait besoin de sommeil.

La porte s'ouvrit, et Roy, son téléphone dans la main, apparut. Il la fixa, yeux écarquillés.

— Je te rappelle, Chris.

Riza lui adressa un sourire hésitant.

— Salut.

Il semblait sur le point de pleurer. Était-ce à cause de l'appel qu'il passait ? De sa présence ? Ses cheveux emmêlés lui donnaient envie de passer ses doigts dedans pour les peigner, et elle voulut lisser la ride soucieuse entre ses yeux.

— Salut, répondit-il, avant de s'effacer pour la laisser entrer.

Il ferma la porte derrière elle, et lorsqu'ils se firent face, Riza sentit la tension augmenter et détourna le regard. Il lui demanderait ce qu'elle faisait là, peut-être qu'il ne voulait pas la voir…

— Crie, parle, pleure, fais ce que tu veux. Je suis là pour toi, Roy.

Les mots étaient sortis. Elle était là pour tout ça.

La réaction de Roy fut immédiate. Ses mains caressèrent ses joues, et ses yeux se remplirent de la tendresse qu'elle aimait tant.

— Riza, est-ce vraiment toi ? Souffla-t-il, et les poumons de Riza s'arrêtèrent de fonctionner un instant.

Elle acquiesça, et soudain ses bras musclés l'attrapèrent. Elle s'agrippa à son T-shirt. Enfin elle le sentait de nouveau, ressentait sa chaleur, respirait l'odeur de son savon. Elle ne sut pas qui avait commencé le mouvement, mais ils tombèrent sur leurs genoux dans son entrée, s'enlaçant toujours. Roy enfouit sa tête dans le creux de son cou et son corps fut secoué de sanglots. Riza l'attira plus près, nichant sa tête sur son épaule.

— Je suis là, murmura-t-elle.

— Ne pars pas.

— Je ne partirai pas. Je ne veux pas partir.

Elle ne voulait pas le quitter. Elle n'avait jamais voulu le faire. Elle avait fait un faux choix, un choix qui ne la rendait pas libre. Mais désormais elle avait l'intention de faire le bon choix. Pour le moment elle allait tenir Roy, l'écouter, et l'aider à se sentir mieux par tous les moyens.

— Je suis tellement désolée, Roy.

— Je ne veux pas vivre un autre moment comme celui-là, souffla Roy. C'était tellement dur de faire mon boulot aujourd'hui.

— Je sais, répondit Riza. Tu as été fort avec tes collègues, tu as sauvé tous ceux que tu pouvais, et maintenant tu as tous les droits d'être vulnérable. Je suis là pour toi. Je te tiendrai tant que tu en auras besoin.

Il marmonna un « merci » étouffé, et sa main glissa de son dos à ses cheveux.

— Je ne te raconterai pas tout… c'était horrible. Je ne peux pas te raconter ça. Je veux juste que tu sois là. J'ai besoin de toi. Tu m'as tellement manqué. Tu ne sais pas comme je suis reconnaissant de t'avoir ici.

— Je suis là, donc tu peux me tenir, et je peux te tenir. Je ne veux être nulle part ailleurs. Tu m'as manqué aussi. Je voulais arrêter de penser à toi, mais je n'ai pas pu. Tu es trop important pour moi. Je suis désolée de t'avoir quitté, Roy.

— Je suis désolé de ne pas m'être battu pour toi, Riza. Mais tu es revenue.

— Oui, je suis revenue. Je suis revenue pour de bon.

Roy mit ses mains sur ses épaules et la tira de leur étreinte. Il la regardait, préoccupé, ses yeux remplis de questions et toujours humides de ses larmes versées.

— Pour de bon ? Et Armstrong ?

— Elle n'appréciera pas ma décision, mais je pense qu'il est temps que j'utilise mon talent pour la danse pour faire quelque chose de bien, ici à East City. Avec toi, si tu veux de moi.

Un sourire doux et aimant éclaira le visage de Roy.

— Bien sûr que je veux de toi, Riza. C'était si dur sans toi, et je sais que tu es la meilleure femme que j'aurais pu rencontrer dans ma vie. Il baissa la voix et son front toucha celui de Riza. Tu es la seule femme que je veux.

Riza ferma les yeux, ses lèvres étirées en un immense sourire, le plus grand qu'elle avait jamais fait. Son cœur explosa dans la poitrine.

— Oh, Roy, je n'arrive pas à croire ma chance de t'avoir dans ma vie, souffla-t-elle.

Les lèvres de Roy trouvèrent les siennes, et leur baiser la fit frissonner. Elle emmêla ses doigts dans ses cheveux alors qu'il la rapprochait de lui. Lorsqu'ils se séparèrent, hors d'haleine, Roy tenta de l'embrasser de nouveau, mais elle plaça deux doigts sur ses lèvres.

— Même si j'ai très envie de t'embrasser, je pense que nous devons parler. Parler d'aujourd'hui et de nous.

Il sourit, penaud.

— J'ai juste besoin que tu sois là pour enlever de mon esprit ce qui est arrivé aujourd'hui. Je ne veux que toi, maintenant. Il se releva. Tu ne veux pas qu'on aille à un endroit plus confortable ? Je te ferai du thé.

Il lui offrit sa main et elle la prit. Ils furent bientôt installés dans son canapé, une tasse fumante entre les mains et un plaid sur leurs genoux.

— Je suis désolée de ne pas t'avoir parlé de la stupide règle d'Armstrong contre les relations amoureuses, commença Riza. Je voulais tellement danser, je n'ai pas pensé à d'autres options.

— Je suis désolé que tu aies dû travailler avec quelqu'un de si amer à propos de l'amour, répondit Roy. Mais avant que tu ne danses au gala, les autres compagnies de ballet ne savaient pas que tu voulais de nouveau danser.

C'était vrai. Depuis ce jour elle avait reçu de nombreuses offres, mais n'avait répondu à aucune d'elles.

— J'ai une autre option, et je pense que c'est la meilleure pour nous, et pour les gens que je veux aider.

Elle lui parla du projet qu'elle voulait mettre en place avec Sachar, et du refus du maire pour le financer. La main de Roy se posa sur la sienne.

— J'ai me cette idée, et c'est une honte qu'Hakuro n'en veuille pas. La culture est importante et doit être partagée. Si tu ne connais pas tes voisins, comment peux-tu les comprendre ? Peut-être que les événements d'aujourd'hui peuvent changer les choses.

— J'espère que ce sera sincère, alors, répondit Riza en entrelaçant leurs doigts.

Ils passèrent la nuit ensemble. Lorsque Roy se réveilla en sueur et à bout de souffle, Riza fut là pour le calmer et l'apaiser. Il avait besoin d'elle après ce qu'il avait vu, et elle lui donna volontiers le réconfort qu'il méritait. L'avoir dans ses bras, sa tête sur sa poitrine alors qu'ils s'endormaient était la meilleure sensation.


— Que faisons-nous maintenant ? Demanda Roy le matin suivant pendant leur petit-déjeuner.

— Tu veux venir à Central avec moi pour voir Armstrong ? Je dois lui parler de ma décision.

Riza était prête à faire face à son ancienne maîtresse de ballet et lui dire qu'elle avait fait son choix.

Roy vérifia son téléphone.

— Apparemment, Grumman veux que je prenne un jour de congé ce lundi, donc je peux t'accompagner, répondit-il en souriant. En fait, je veux venir avec toi. J'aime te regarder lorsque tu t'imposes face aux autres.

Il lui adressa un sourire éclatant avant de prendre une bouchée de sa tartine.

Riza sourit tendrement.

— Je t'aime, Roy.

La tartine de Roy tomba de sa main et il déglutit, la fixant.

— Je voulait le dire en premier ! Protesta-t-il. Je voulais le dire dans un décor romantique, avec un coucher de soleil et des fleurs…

— Tu peux toujours faire ça, même si tu n'es pas le premier. Riza se leva et embrassa son front. Même si je connais déjà tes sentiments, ça sera très bien.

Pour être sincère, Riza avait hâte qu'arrive le moment où il les lui déclarerait. Le cœur romantique de ses années d'adolescente était de retour et elle en était heureuse. Elle avait confiance en Roy, il prendrait soin de ce cœur ouvert et vulnérable, mais plein d'espoir et d'amour.

— Pourquoi ne pas aller à un endroit sympa pour faire un pique-nique ensemble ce soir ?

Roy rayonnait. Il ouvrit la bouche et la referma aussitôt.

— Ne me le fais pas dire maintenant, ça ruinerait tout l'effet, bouda-t-il.

— Je voudrais que chaque fois que tu le diras soit comme la première, beau gosse.

Roy la prit par la taille et l'attira sur ses genoux. Il plongea son regard dans le sien.

— Moi aussi.

Ils appelèrent Hughes pour prendre des nouvelles et l'informer de leur situation.

— Enfin ! S'écria-t-il au téléphone. Enfin il sera plus raisonnable sur sa charge de travail !

— Hughes, grogna Roy, mais Riza put voir la lueur dans ses yeux.

Il n'avait pas été seul lorsqu'elle n'était pas là.

— Ne me dis pas que j'ai tort, Roy ! Je suis heureux pour vous deux ! Et Gracia le sera aussi !

— Tu peux dire à Elicia que je ne partirai pas et qu'elle pourra me revoir, déclara Riza.

— Elle en sera folle de joie !

Le sourire de Maes s'entendait à travers le téléphone.

Puis Riza appela Rebecca. Sa meilleure amie répondit d'une voix qui indiquait qu'elle venait de sortir du lit.

— Riz' ? Pourquoi t'appelles aussi tôt ?

— Reb', il est dix heures passées, Riza la taquina. Tu n'es pas allée courir ?

— Je pense qu'après ce qui s'est passé hier, je voulais juste rester en sécurité, avec quelqu'un que j'aime. Hey, comment ça va se passer pour ton projet ? Monsieur Demir était là-bas, non ?

— Il a été blessé dans une des explosions, mais je suis certaine qu'il ira mieux bientôt. Nous irons lui rendre visite à l'hôpital la semaine prochaine.

Il y eu un silence.

— « Nous » ?

— Roy et moi.

Riza sourit et une douce chaleur envahit son corps quand elle vit Roy faire de même à côté d'elle.

— Aaaaah ! S'écria Rebecca dans son oreille. Tu dois tout me raconter ! C'est vrai ? Et Armstrong ? Qu'est-ce que tu vas faire ?

— Oui, c'est vrai, et nous allons à Central demain pour parler avec Armstrong.

Elles discutèrent de la rééducation de Jean, mais surtout de l'enterrement de vie de jeune fille de Rebecca.

— Puisque tu n'es plus déprimée, ça va être génial ! Je compte sur toi pour tout organiser !

Bien entendu, Riza ne pouvait pas protester, elle était la première témoin après tout.

Ce soir-là, ils préparèrent des sandwiches, des chips, une salade et même un gâteau, et Roy les conduisit tous deux jusqu'à une colline à l'est d'East City. Ils mangèrent leur pique-nique en admirant le paysage qu'était East City en été, profitant de la brise sur leur peau. Alors que le soleil se couchait, ils se rapprochèrent. Roy entoura les épaules de Riza, Riza glissa sa main sur sa taille et posa sa tête sur son épaule.

Le soleil disparut derrière les montagnes de l'autre côté de la ville. Roy embrassa la tempe de Riza.

— Je t'aime, murmura-t-il.

Riza s'y attendait, mais les sentiments qu'il provoqua en elle la surprirent agréablement. Elle rit, ravie.

— Je t'aime aussi.

Ce sentiment de paix disparut lorsque Riza regarda son téléphone sur le trajet du retour. Il y avait un message de May, à qui elle avait donné son numéro la veille. Le bras droit de Sachar avait été gravement blessé, et il avait perdu plusieurs doigts de la main. Elle allait devoir prévoir une visite à l'hôpital. Mais le pire fut lorsqu'elle vit le nom de l'assaillant dans un article.

Solf J Kimblee. Ce putain de Solf Kimblee.

Riza trembla à la pensée de sa main sur sa tête. « Bonne fille », avait-il dit, et peu après les expériences avaient commencé. Ce rictus sur son visage lorsqu'il s'était ramené devant le conservatoire le jour de ses dix-huit ans l'avait irritée. Et c'était toujours le cas aujourd'hui.

— Roy, arrête la voiture.

Son ton de voix avait dû être inquiétant, puisque Roy obéit immédiatement.

— Qu'est-ce qui se passe, Riza ?

Elle lui montra l'article.

— Tu te souviens de cet ancien étudiant qui est venu voir mon père quand j'étais petite ? C'était lui, déclara Riza, un peu inquiète. Je n'ai pas revu mon père depuis que je suis allée vivre chez mon grand-père, mais lui… je l'ai revu.

Riza ignorait comment Roy réagirait. Des années plus tôt elle avait tout fait pour ne plus jamais revoir Kimblee après son apparition au conservatoire.

— Est-ce qu'il t'a fait quelque chose ?

La voix de Roy était calme, mais ce n'était que la surface. Son corps tendu et ses poings serrés autour du volant lui disaient qu'il aurait bien voulu frapper l'homme si c'était encore possible. Mais tabasser un puzzle était un poil compliqué.

— Non, répondit-elle, et elle sentit le soulagement qui envahissait Roy. Il s'est montré un jour après un cours de danse et voulait me donner des fleurs. Je pense qu'il voulait de nouveau entrer en contact avec mon père, à travers moi. Apparemment il ne savait pas que je ne vivais plus avec lui. Je lui ai dit que je n'avais pas oublié ce qu'il avait fait, et que si j'en avais l'opportunité je dirais tout à la police de son lien avec mon père. Il a essayé de me séduire, alors j'ai pris les fleurs et l'ai giflé avec. C'était des roses, et j'espère qu'il avait encore des cicatrices après ça. Roy la fixa, impressionné. J'ai dit au gardien d'appeler la police si jamais il se remontrait encore au conservatoire. Et je ne l'ai plus jamais revu.

Roy lui prit la main et elle s'abîma dans ses yeux noirs.

— Je suis fier, commença-t-il, et la ferveur de sa voix la fit frissonner. Je suis fier de te connaître, parce que tu es une femme forte. Tu as traversé tant d'épreuves, et même si c'était dur, tu as trouvé le courage de faire tes propres choix. Tu as été au plus bas plusieurs fois, mais tu as toujours trouvé un moyen pour te relever malgré les difficultés. Tu es forte, et je suis fier de t'aimer et d'être aimé par toi.

Riza maudit le frein à main et le levier de vitesse qui les séparaient. Elle voulait prendre Roy dans ses bras, le câliner…

— Rentrons, déclara-t-elle en posant une main sur le genou de Roy.

Ils se réveillèrent tôt le matin suivant pour conduire jusqu'à Central. Puisqu'ils n'avaient pas pris rendez-vous avec Olivia Armstrong, il fut difficile de lui prendre un peu de temps pour parler. La directrice du BNA était aussi maîtresse de ballet et donnait des cours le lundi. Finalement ils parvinrent à l'intercepter durant une pause. Ils trouvèrent Armstrong dans une salle de danse, vêtue d'un justaucorps et de guêtres, en train de s'étirer avant son cours suivant. Elle enleva sa jambe de la barre en voyant Riza et Roy entrer.

— Je pensais sincèrement que tu étais plus maligne que ça, déclara-t-elle lorsque Riza lui annonça qu'elle avait choisi Roy plutôt que le BNA.

— Je n'ai peut-être pas l'air maligne à cause de mon choix, mais je pense que c'est ça qui me rendra heureuse.

— Heureuse ! C'est n'importe quoi, Hawkeye. Tu gâches ton talent en restant dans cette ville. Central est ton futur.

— Ça a peut-être été vrai durant cinq ans, et parfois Central me manquait quand j'étais à East City. Mais désormais… Riza glissa une main dans celle de Roy. Je sais où est mon futur. Il est avec ma famille, mes amis, et ma vocation. J'ai souvent pensé que j'étais destinée à danser et faire rêver les gens. Mais il semblerait que je sois encore meilleure pour enseigner la danse aux enfants, pour qu'ils soient capables de rendre le monde plus beau par l'art. Quand vous m'avez vue danser au gala vous m'avez dit qu'il y avait quelque chose de plus à ma manière de danser. Peut-être que c'était quelque chose que vous ne nous avez jamais enseigné au BNA. Vous nous avez toujours dit d'incarner nos personnages, mais vous n'avez jamais dit de les aimer. Vous avez parlé de technique, d'interprétation, mais vous n'avez pas parlé de transmettre quelque chose à notre public.

Armstrong ricana.

— Dans ce cas pourquoi cet homme est tombé amoureux de toi, si tu ne donnais rien à ton public ?

— Je l'ai trouvée belle quand je l'ai vue pour la première fois. Elle était une excellente danseuse, talentueuse et magnifique, mais je ne suis pas tombé amoureux à ce moment-là. Ce n'est que quand je l'ai vraiment rencontrée et que j'ai appris à la connaître que je suis tombé amoureux de Riza Hawkeye, pas de la danseuse étoile du BNA. Je pense que les gars qui ont essayé avant moi voulaient seulement la danseuse, pas la femme, et n'ont jamais pris le temps de mieux la connaître.

— J'ai été très heureuse de faire partie du BNA, mais ce n'est plus ce dont j'ai besoin maintenant.

— Et de quoi penses-tu avoir besoin ? Demanda Armstrong.

Elle fronça les sourcils et croisa les bras.

— D'être utile, répondit Riza. Ce n'est pas par le ballet que j'en serai capable. Et je connais déjà le bon moyen de l'être.

Armstrong soupira, apparemment résignée.

— Très bien, si tu es si sûre de toi, vas-y. Mais ne reviens pas en disant que tu aurais préféré danser ici.

Riza sourit, un peu relaxée.

— Nous vous inviterons pour que vous voyiez comment nous nous en sortons. Vous savez que je ne peux pas oublier les années que j'ai passées dans votre compagnie, et grâce à vos leçons j'ai été capable de perfectionner ma technique.

— Qu'importe, déclara Olivia en haussant les épaules. Maintenant partez avant que mes élèves ne reviennent.

Riza et Roy la saluèrent et s'en allèrent. Ils passèrent la nuit chez Chris, qui fut enchantée de les voir ensemble. Elle montra à Riza quelques vieilles photos de Roy, et Riza ne put qu'admirer ses joues rondes, ses cheveux en bataille, et son sourire éclatant évoluer d'un âge à un autre.

— Tu étais si mignon, Roy, déclara-t-elle avec un sourire alors qu'ils étaient penchés au-dessus des albums.

— Et maintenant je ne le suis plus ? Demanda Roy avec un sourire entendu.

— Ça dépend. Des fois tu peux être super mignon, d'autres fois tu est un adorable idiot, et la plupart du temps tu es le plus bel homme que je connaisse. Hé ! S'exclama-t-elle lorsqu'il attrapa sa taille entre ses bras musclés et la plaqua contre son torse.

Roy souffla dans son cou.

— Et tu es la femme la plus gracieuse, forte et magnifique que je connaisse, mon Oiseau de Feu.

Riza éclata de rire.

Leur nuit fut tranquille, dans cette chambre que Riza ne connaissait pas, mais qui sentait encore comme Roy, même des années après son départ.

Ils étaient dans la voiture pour retourner à East City lorsque le téléphone de Riza sonna. C'était un numéro inconnu.

— Allô ? Riza Hawkeye j'écoute.

— Ah, mademoiselle Hawkeye, je suis ravi de pouvoir vous parler. La voix lui était familière, mais Riza ne l'avait pas beaucoup entendue. C'est le maire Hakuro.

— Oh, bonjour monsieur le maire.

Il allait lui parler du projet, Riza n'en douta pas un instant. Puisque Roy la regardait, intrigué, elle articula silencieusement « Hakuro ». Il acquiesça et reporta son attention sur la route, même s'il lui jetait des coups d'œil de temps en temps.

— Je voulais vous parler du projet commun entre le Conservatoire de Danse d'East City et l'association de jeunes de monsieur Demir. Avez-vous un peu de temps maintenant ? J'ai repensé à ma décision précédente, et peut-être pourrions-nous...

Riza le coupa.

— Je suis désolée, je ne peux pas maintenant, mais si vous avez un peu de temps demain, je pense que nous pouvons en parler à l'hôpital avec monsieur Demir lui-même.

Elle sourit malicieusement. Elle ne laisserait pas Hakuro s'en sortir si facilement avec la manière dont il s'était occupé d'eux, et surtout de Sachar.

— Demain ? À l'hôpital ? Je ne sais pas si…

— Ce serait une bonne opportunité pour montrer votre soutien aux Ishbals, non ?

Riza observa Roy. Son sourire reflétait le sien, et son cœur frémit à la fierté et l'admiration qu'elle lut dans ses yeux.

Silence. Puis :

— Que dites-vous de 14h ? Nous pourrions parler de votre projet avec monsieur Demir, puis je peux visiter d'autres victimes de l'attaque de samedi.

— Faites comme vous le souhaitez. Je vous attendrai avec monsieur Demir, monsieur le maire. Je vous vois demain.

Lorsqu'elle raccrocha, Roy éclata de rire.

— Riza tu es géniale ! Je n'oublierai pas le jour où tu as réussi à manipuler le maire pour avoir ce que tu voulais !

— Si Hakuro veut paraître agréable aux yeux des Ishbals, il a intérêt à faire ce qu'ils veulent. Ça ne changera pas ce qu'il a fait ces dernières années, et ça ne me fera certainement pas voter pour lui dans trois ans, mais ça sera un peu bénéfique pour les minorités d'East City.

— Si tu réussis ici, ça donnera des idées à d'autres gens ailleurs ! Ça aidera la fraternité et l'unité partout à Amestris.

Riza acquiesça et prit la main de Roy alors qu'il continuait à conduire. Elle appela Sachar dès qu'ils arrivèrent à la maison, pour lui parler de la visite de Hakuro le lendemain.


— Alors, j'ai pensé à ce qui s'est passé samedi, et la manière dont je me suis comporté durant notre entretien la semaine dernière, et j'ai réalisé que ce n'était pas la bonne manière d'avoir une bonne cote, commença Hakuro lorsque les autres visiteurs quittèrent la pièce.

Riza savait que Roy divertirait May et Nina pendant l'heure qui suivait – Alexander était dans le parc de l'hôpital –, donc Sachar, le maire et elle-même pouvaient parler librement. Elle s'assit sur une chaise, attendant que Hakuro continue.

— J'ai réexaminé votre projet, et mes adjoints et moi-même nous sommes mis d'accord pour financer toutes les dépenses pour le nouveau matériel pour les familles adhérentes à votre association, monsieur Demir. Qu'en pensez-vous ? Je peux écrire un contrat ici, si vous voulez.

Riza et Sachar échangèrent un regard. Ce n'était même pas proche de ce qu'ils avaient prévu d'obtenir.

— Ça pourrait sembler être une bonne affaire, monsieur le maire, mais vous ne semblez pas vous rappeler le niveau de vie des familles dont nous parlons, répondit Sachar. Seules quelques unes peuvent se permettre toutes les dépenses qu'impliquent les cours de danse d'un enfant.

Le comportement de Hakuro changea légèrement. Il fronça les sourcils et croisa les bras.

— À quoi vous attendiez-vous ? Le budget de la ville n'est pas extensible, et il y a une limite à ma générosité. De toute manière, combien d'enfants vous attendez-vous à voir participer à ce projet ? Quatre ? Cinq ?

Riza faillit ricaner.

— Seize filles et trois garçons, pour cinq niveaux différents.

Le maire en fut abasourdi. Il ne s'y attendait pas du tout.

— Nous pouvons nous mettre d'accord sur les frais d'inscription, déclara Sachar. Vous nous donnez cette somme tous les dix enfants, et nous pouvons rembourser les familles avec ça. Cela couvrira les frais de trente à cent pourcents, en fonction du nombre d'enfants.

Les négociations continuèrent durant plus que l'heure qu'ils avaient prévue. Mais finalement ils parvinrent à un accord, que Riza écrivit immédiatement avant qu'ils ne le signent tous – Sachar de sa main valide. Elle quitta ensuite la chambre pour faire des copies. Le bureau des infirmières était à l'autre bout du couloir, et elle y arriva sans problème. Mais lorsqu'elle sortit de la pièce, ses trois copies en main, elle trouva une foule de journalistes devant elle.

Que faisaient-ils là ?

— Elle est là ! S'exclama l'un d'entre eux en accourant vers elle. Mademoiselle Hawkeye, avez-vous un moment pour nous dire ce que vous savez de Solf Kimblee ?

Riza se figea. Merde, qu'est-ce qui se passait ? Un mélange de colère et de peur rampa sous sa peau.

— N'êtes-vous pas là pour voir le maire et parler de la situation de la communauté ishbale à East City ? Elle tenta de garder un ton égal. Qu'est-ce qui vous fait penser que j'ai un lien avec l'assaillant de samedi ?

Plus de journalistes se rassemblèrent autour d'elle, et l'oppression qu'elle ressentait commença à écraser sa poitrine. Elle devait partir d'ici, et le plus tôt serait le mieux.

— La police a trouver des documents et des photos chez lui. Les documents font le lien entre lui et votre père, Berthold Hawkeye. Les photos ont toutes été prises dans des magazines ou durant une représentation, et vous êtes sur toutes. Les dernières datent du jour du gala.

Son esprit se vida, sa tête fut soudain légère. Kimblee avait-il continué à l'observer ? Ce gars était un dingue. Elle fut soudain satisfaite qu'il ne soit plus là. Sa mâchoire était contractée et elle se força à desserrer les dents en inspirant. Les journalistes continuèrent à lui poser des questions.

— Écoutez, je n'ai vu cet homme que deux fois dans ma vie, et il est la cause de bien des difficultés dans ma jeunesse, donc je n'apprécie pas que vous me parliez de lui. Si je dois témoigner devant le tribunal sur ce que je sais de lui, je le ferai, mais je n'en parlerai pas maintenant. J'ai d'autres choses en tête, et elles concernent des gens vivants qui ont besoin de plus d'espoir dans leur vie, pas que nous leur apportions du chagrin et de la destruction à chaque fois. Maintenant, laissez-moi passer.

Quelqu'un posa une main sur son épaule et elle sursauta avant de voir Roy. Le soulagement l'envahit et elle sourit pour le rassurer. Une petite main se glissa dans la sienne et elle baissa les yeux vers Nina.

— Allons-y, mon Oiseau de Feu, murmura Roy à son oreille.

Ces mots simples lui donnèrent le courage d'avancer et de traverser la foule des journalistes qui avaient commencé à poser plus de questions, sur Kimblee, sur l'homme qui était avec elle, sur le projet – ah, au moins ils en avaient entendu parler – mais elle continua, Roy, Nina et May à ses côtés.

Dès qu'ils furent dans la chambre, elle marcha sur Hakuro.

— Avez-vous dit aux journalistes que j'étais là ?

— J'ai dit que vous étiez l'une des personnes qui proposaient le projet pour les enfants ishbals.

Riza grommela.

— Alors allez leur parler et emmenez-les loin de cette pièce, s'il-vous-plaît, lui ordonna-t-elle fermement.

Le maire obéit, les laissant seuls. Toute la tension s'évanouit d'un coup, et Riza s'assit sur une chaise, soulagée. Ses problèmes avec Kimblee n'étaient pas encore terminés, mais ils le seraient bientôt.

Elle avait des gens à ses côtés qui l'aideraient et la soutiendraient. Roy le premier.

Mais elle devait poser une question.

— Pourquoi sens-tu le chien mouillé ?

Roy rit.

— Alexander m'a léché à chaque fois qu'il le pouvait. Et c'est compliqué d'échapper à un chien de sa taille.