Cet os est écrit pour un jeu du FoF, il fallait le rédiger sur le thème "Lupin" en une heure. Pour plus de précisions vous pouvez m'envoyer un mp.
Remus était installé seul dans le salon de Square Grimmaurd, les yeux fixés sur la cheminée qui flambait joyeusement. Il contemplait le feu ayant l'impression que le mouvement hypnotique des flammes l'apaisait.
Il n'était pas si vieux que ça, et pourtant il avait l'impression d'être usé. Il portait les stigmates de sa monstruosité dans sa chair, les cicatrices dues à sa nature lupine et les cernes prouvant que chaque pleine lune était une épreuve. Ses vêtements trop vieux et usés complétaient le tableau, lui donnant parfois l'air d'un vagabond.
Amer, il pensa qu'il n'était que ça un vagabond, et que sans l'aide de certains sorciers bienveillants, il dormirait sous les ponts.
Il était encore plus morose qu'à son habitude. Peut être parce que son ami le plus proche venait de disparaître. Après tant d'années de séparation, il avait enfin retrouvé Sirius et découvert qu'il était innocent des crimes qu'on l'accusait. Mais son retour avait été aussi bref que le passage d'une étoile filante parce qu'il était mort.
Le colère gronda en lui en se souvenant des circonstances de sa mort. Sirius s'était jeté tête la première dans un piège pour aller secourir son filleul adoré, le fils de James. Et il avait été tué de la baguette de sa cousine cinglée.
Il n'y avait même pas un corps à enterrer, son ami avait disparu à travers une arche mystérieuse, et il ne restait plus rien de lui. Juste ce Manoir sinistre, où parfois il avait encore l'impression d'entendre le rire de Sirius, comme si son fantôme s'attardait à cet endroit qu'il avait tant détesté.
En découvrant la disparition de Sirius, Remus était devenu fou de douleur. Il avait hurlé, et quelqu'un l'avait empêché de se précipiter à sa suite dans l'arche. Il avait sangloté, et il se souvenait avoir crié après Harry, l'avoir accusé de la disparition de Sirius.
Avec le recul, il s'en voulait. Lui aussi aimait Harry, le fils de James. Et le gamin avait été dévasté, allant jusqu'à poursuivre cette cinglée de Bellatrix, décidé à la faire souffrir et à la tuer. Il lui avait lancé un Doloris, avant d'être interrompu par l'arrivée de Voldemort et éjecté manu-militari du Ministère par Dumbledore.
Il aurait aimé pouvoir serrer Harry dans ses bras et s'excuser, lui jurer qu'il ne lui en voulait pas. Lui dire que ce n'était pas sa faute, qu'il n'était pas celui qui avait tué Sirius. Qu'il avait parlé sous le coup de la douleur et que ses paroles avaient été stupides. Mais Dumbledore l'avait expédié une fois encore chez ses moldus, et Remus s'était senti encore plus misérable.
Sirius bien évidemment, lui avait dit à quel point Harry était mal traité. Il lui avait révélé qu'il voulait récupérer Harry et lui donner un peu du bonheur qu'il n'avait jamais eu.
Quelqu'un s'installa près de lui, et son odorat lui permis d'identifier Tonks. Son parfum d'agrumes ne le trompait pas.
Elle resta un long moment silencieuse, avant de soupirer doucement, et de le bousculer d'un léger coup d'épaule amical.
- Je me suis toujours demandé par quel hasard ton nom de famille était aussi évocateur de ta… particularité. Est-ce qu'un de tes ancêtres était un loup-garou ?
Remus sursauta et cligna des yeux, désemparé par la question étrange. Puis il émit un son entre le rire et le grognement.
- Dieu merci non ! Aucun monstre en dehors de moi.
La jeune femme grimaça au mot "monstre" mais elle ne fit pas la moindre réflexion, n'ayant visiblement pas envie de s'engager dans une polémique stérile. Cependant ses cheveux passèrent au rouge, signe de sa désapprobation.
Elle devait avoir un objectif en tête, puisqu'elle insista, un sourire en coin sur son visage doux.
- Alors ? Pourquoi "Lupin" ?
Un bref instant, Remus caressa la possibilité de la repousser. De l'écarter de sa vie, de lui faire comprendre qu'il n'en valait pas la peine. Mais le manque de Sirius le torturait et Tonks lui offrait un moment de chaleur avec un autre être humain. Avec quelqu'un qui ne le regardait pas avec dégoût.
Il ferma les yeux et malgré lui, il eut un sourire doux en pensant à sa famille. À son père plus exactement, qui lui avait un jour parlé de leurs ancêtres.
Il soupira.
- La légende familiale veut qu'un de mes ancêtres ait laissé des fleurs pousser sur sa parcelle plutôt que de la cultiver. Des lupins. Il était la risée de tous jusqu'à ce que pendant une famine il ne découvre que les lupins produisaient un légume sec riche en protéines, permettant à ma famille de s'en nourrir. Mon ancêtre en avait même tiré une farine avec lequel il cuisinait des galettes très nutritives et je crois qu'il avait essayé de distiller une bière.
Tonks gloussa.
- Quelle épopée !
Remus soupira.
- Comme tu dis. Et moi je vais laisser une marque d'infâmie dans l'histoire de la famille lupin. Les générations futures oublieront cette histoire végétale pour se concentrer sur le monstre que je deviens à chaque pleine lune.
La jeune femme souffla doucement et posa une main douce sur la joue de Remus. Le forçant à la regarder, elle lui dit tranquillement.
- Tu n'est pas un monstre.
- Je…
- Remus. Je suis Auror. Des monstres j'en vois chaque jour. Des sorciers qui battent leurs femmes ou leurs enfants. Des tueurs. Des Mangemorts qui laissent leurs victimes marquées à vie. Toi… tu n'es rien de tout ça.
Le loup-garou ferma ses yeux, et une larme solitaire coula le long de sa joue.
- Chaque mois je risque de dévorer quelqu'un. Il suffit que je ne sois pas enfermé et… Bon sang ! J'ai failli dévorer Harry et ses amis l'année où j'ai enseigné à Poudlard !
Tonks haussa les épaules.
- Mais tu ne l'as pas fait. Et pour en avoir parlé avec Harry, il ne semble pas traumatisé. Il se souciait plus de l'évasion de Pettigrew que de la fourrure sur ton corps.
La voix brisée, Remus répondit.
- C'est de cette façons qu'ils en parlaient. James et Sirius. "Mon petit problème de fourrure mensuel". Et maintenant, ils sont morts tous les deux et je suis seul.
Les cheveux de la métamorphomage passèrent à un rose doux, et elle se leva pour se planter face à lui, un air décidé sur le visage. Elle encadra son visage fatigué de ses mains douces et lui sourit tendrement.
- Tu n'es pas seul, Remus Lupin.
Une douce chaleur entoura le coeur de Remus, vite repoussée par sa culpabilité. Cependant avant qu'il ne puisse protester, Tonks s'était penchée sur lui et avait fermement pressé ses lèvres sur les siennes, le bâillonnant de la plus douce des manières.
Un bref instant, Remus fut tenter de la repousser estimant ne pas être digne de son attention. Mais il était si fatigué et si seul… Et c'était Tonks. C'était celle qui avait su passer ses défenses et toucher son coeur. Il était las de la repousser, alors qu'il brûlait de la prendre contre lui.
Alors il se laissa entraîner dans le baiser, attirant la jeune Auror contre lui, oubliant ses craintes et ses objections à l'instant où Tonks laissa échapper un gémissement qui l'embrasa.
L'avenir était soudain moins sombre.
