Cet os est écrit pour un jeu du FoF, il fallait le rédiger sur le thème "Sycomore" en une heure. Pour plus de précisions vous pouvez m'envoyer un mp.
Severus s'installa sous son arbre préféré du petit parc de Carbonnes-les-mines. L'adolescent ne s'était jamais demandé comment la ville terriblement pauvre avait eu l'idée de ce parc, qui faisait figure d'oasis dans la petite ville minière.
En attendant, le jeune homme bénissait la présence du sycomore majestueux. Il s'était abrité du soleil estival durant toutes les vacances, souvent rejoint par sa douce Lily. Mieux encore, puisque c'était la fin de l'été, il se délectait de ses fruits juteux.
C'était grâce à Lily qu'il avait appris à apprécier les figues, découvrant leur chair sucrée.
Le jeune homme soupira, et s'adossa un peu mieux contre le sycomore. Demain, l'été se terminait, et il allait reprendre le Poudlard Express. S'il avait été impatient de rejoindre l'école de magie, il avait rapidement déchanté. Lily restait son amie bien sûr, mais les plaisanteries de plus en plus mauvaises des Maraudeurs le rendait malade à l'idée d'y retourner. Sa situation familiale n'était pas des plus enviables pourtant, et il vivait en stress permanent.
Il n'avait jamais le moindre instant de répit, hormis ces quelques instants volé à l'ombre de ce sycomore. Des moments de calme, où il n'avait pas besoin d'être sur la défensive ou de cacher ses sentiments. Lorsque Lily arrivait, il pouvait lui sourire sans crainte d'être bousculé par Potter ou Black. Ils pouvaient rire ensemble, parler autant de temps que possible - au moins autant de temps qu'il fallait à son père pour dessaouler et commencer à le chercher.
Severus ne le montrait pas, mais il était fatigué de cette situation. Fatigué de servir de punching ball à son père, fatigué de voir les ecchymoses sur le corps de sa mère. Fatigué de devoir éviter les Maraudeurs, fatigué d'être humilié et ridiculisé en permanence.
Ses professeurs lui disaient qu'il était brillant, mais il se sentait juste… insignifiant.
Parfois, l'idée de continuer cette vie lui paraissait insurmontable. Il ne se voyait aucun avenir : il était pauvre, il était un sang-mêlé. Son père ne voulait rien avoir à faire avec la Magie et il n'aurait pas le moindre centime pour poursuivre des études.
Il y avait Lily bien sûr. Son rayon de soleil. Celle qui faisait battre son coeur depuis qu'il l'avait rencontré, sa petite fée rousse…
Bien évidemment, il se laissait aller à de douces rêveries, dans lesquelles Lily le regardait enfin comme lui la voyait. Ils étaient heureux, dans une vie simple pleine d'un parfait bonheur domestique. Il imaginait qu'un jour elle se réveillait et tournait le dos à Potter pour le choisir, lui.
Ce n'étaient que des rêves bien sûr. Il savait parfaitement que personne de sain d'esprit n'irait le choisir, lui, Severus Rogue. Il savait qu'il n'avait rien de séduisant, qu'il n'avait ni le charisme ni l'humour potache de Potter. Il n'avait pas d'argent non plus, pas d'avenir tracé.
Lorsque ses rêves éclataient ainsi, il pensait amer à la proposition que lui avait glissé son camarade Lucius Malefoy. Rejoindre les Mangemorts. Ce n'étaient qu'un groupe de sang-purs pour l'instant, et Severus avait objecté, mais Lucius avait ricané et lui avait promis de le parrainer. Selon lui, ses talents en potions intéresseraient grandement le Seigneur des Ténèbres, et il pourrait rapidement devenir un favori.
Il pourrait avoir une place spéciale, et il n'aurait plus jamais à se préoccuper de l'argent : leur groupe était uni et ils s'entraidaient mutuellement.
Jusqu'à présent, une seule chose l'avait retenu. Lily.
Elle était encore son amie, sa douce amie aux boucles rousses et aux yeux verts ensorcelants. Elle lui était précieuse, et il se refusait à graver sur son bras la marque de ceux qui tuaient les nés-de-moldus comme elle.
Avec un soupir, Severus se redressa et quitta l'ombre amicale du sycomore pour rentrer chez lui. Aujourd'hui Lily n'est pas venue.
Au moment de quitter le parc, il se retourna, admirant l'arbre majestueux, sans se douter que c'était la dernière fois qu'il le voyait.
Il ne pouvait pas deviner que pendant l'année à venir il allait se brouiller définitivement avec Lily et qu'en réponse, il prendrait finalement la marque. Qu'il ne reviendrait Impasse du Tisseur que pour tuer son alcoolique de père - se vengeant ainsi d'une enfance misérable et de la mort de sa mère bien aimée. Et que la fois suivante, la ville de Carbonnes-les-mines aurait fait abattre son sycomore bien-aimé, comme pour lui signifier qu'il ne pouvait plus rien espérer de la vie…
