Cet os est écrit pour un jeu du FoF, il fallait le rédiger sur le thème "méphitique" en une heure. Pour plus de précisions vous pouvez m'envoyer un mp.


Harry entra avec hésitation dans le bureau de son professeur de potions. Depuis sa première année, plus exactement depuis le tout premier cours désastreux.
Il était arrivé sans le moindre à priori, avide d'apprendre, et Rogue l'avait humilié méthodiquement, sans lui laisser la moindre chance de faire ses preuves.

S'il y avait une chose pour laquelle l'homme était doué, c'était bien de se faire détester.

Au fil des années, leur relation ne s'était jamais apaisée.
Quoi que Harry fasse, il ne rencontrait que du rejet venant de son professeur. Rien ne trouvait grâce aux yeux du potionniste, et chaque mot de Harry était systématiquement mal interprété.
Alors l'adolescent avait fini par en vouloir à Rogue d'être aussi obtus. Pourtant, son instinct le poussait à lui faire confiance, et la protection efficace de l'homme jouait en sa faveur…

Comme à son habitude, Rogue était derrière son chaudron, penché au dessus des vapeurs méphitiques de la mixture bouillonnante. Ce n'était pas la première fois que Harry voyait l'homme dans cette position, il lui semblait qu'il passait tout son temps libre à brasser des potions…
Cette fois cependant, l'arrivée de Harry ne semblait pas avoir été remarquée.

Rogue était totalement absorbé dans sa tâche, le visage tendu, oeuvrant avec des gestes précis et minutieux. Il n'avait pas les traits contractés en son expression de mépris habituel, et Harry le dévisagea avec fascination.

Son professeur paraissait presque… séduisant à sa façon. Harry cligna des yeux, et se demanda pourquoi cet homme était célibataire. Pourquoi il n'avait personne dans sa vie.
Il était un potionniste de génie après tout, il n'était pas… si vieux. Harry avait calculé que Rogue avait l'âge de ses parents.

Bien évidemment, la guerre, la marque sur son bras et son rôle d'espion compliquait sérieusement les choses. Peut être refusait il de se lier pour ne pas mettre en danger l'élue de son coeur. Harry refusait de croire que l'homme était incapable d'aimer comme certains l'affirmaient. Pas avec autant de passion dans les yeux lorsqu'il faisait ce qu'il aimait.

Harry hésita à l'interrompre. Cependant, il était là pour une raison précise, aussi il toussota pour attirer l'attention de l'homme.
- Monsieur ?
Aussitôt, le visage de Rogue se transforma. Il se renfrogna et ses yeux se plissèrent, promettant une éternité de souffrance à qui osait le dérangeait.

Voyant Harry face à lui, il se crispa un peu plus, serrant les poings, comme s'il n'y avait rien de pire que d'être surpris en position de faiblesse face à l'adolescent.
- J'espère que vous avez une bonne raison de me déranger.
Il cracha les mots avec hargne, une lueur de haine dans les yeux.

Harry se mordilla la lèvre, son courage habituel de Gryffondor lui faisant défaut. Cependant, l'homme était le seul qui puisse l'aider. Aussi, tête basse, il murmura.
- J'ai besoin de votre aide.
Il ne vit pas le sursaut stupéfait de Rogue, ni le plissement suspicieux de ses yeux, pensant probablement à un piège. Rapidement l'homme reprit contenance et s'écarta du chaudron fumant pour croiser les bras sur sa poitrine.
- Intéressant. Et que me veut le Sauveur du monde magique ?

Harry leva ses grands yeux verts noyés de larmes vers lui.
- Je… le Directeur veut me renvoyer encore dans ma famille moldue.

La bouche de Rogue se pinça en un pli méprisant.
- Et alors ? Fatigué d'être choyé ?

Une larme coula sur la joue de l'adolescent, qu'il essuya d'un geste rageur, figeant Rogue. Harry l'ignorait, mais en cet instant, il ressemblait terriblement à sa mère. Pour la première fois, Rogue voyait face à lui le fils de Lily et non plus l'héritier Potter.
Il soupira, conscient que son comportement risquait de faire se refermer le gamin, et s'adoucit légèrement, voulant comprendre pourquoi il venait le voir lui.
- Explications.

Harry se frotta nerveusement les bras, comme s'il avait froid, et il détourna les yeux, deux taches rouges sur les joues. Finalement, il osa chuchoter quelques mots qui glacèrent Rogue.
- Ils vont finir par me tuer.

Il y eut un long moment de silence, et le professeur secoua doucement la tête, pour reprendre ses esprits. Dans sa tête, les mots de Harry se superposaient au moment où il avait pris conscience que Lily était en danger de mort, le rendant légèrement nauséeux.
- Que voulez vous dire ?

Harry hésita, visiblement déchiré. Finalement, il se frotta le visage nerveusement, et se redressa légèrement évitant le regard sombre de son professeur. Il avait besoin d'aide, et il savait que cet homme était son meilleur protecteur. Cependant, il refusait de lire de la pitié dans ses yeux.
- Ma famille me déteste, Monsieur. Je n'ai jamais été l'enfant choyé que vous imaginez. Chaque été, je suis leur esclave et… Je suis à peine nourri. Mais depuis… depuis qu'ils savent que Sirius Black est mon parrain, ils n'hésitent plus à me frapper. Parce que le bacon est trop cuit, parce que je suis sur leur passage, parce que j'existe…

Harry n'avait pas eu l'intention de tout déballer. Mais d'un coup, comme en transe, il parlait sans pouvoir s'arrêter, racontant d'une voix morne et dépourvue de passion son calvaire. Figé, Rogue le regardait et toutes ses illusions volaient en éclats…
- Sirius voulait s'occuper de moi mais Dumbledore a refusé. Il a dit que c'était trop dangereux. Alors, je dois y retourner et… ils sont de plus en plus haineux. Ma tante se contente de dire que j'aurais du mourir avec mes parents mais mon oncle… Il est persuadé que s'il me frappe suffisamment il ôtera la magie de moi. Pour lui je suis un monstre… J'ai supplié Dumbledore, mais il dit que c'est pour ma protection. Ma protection…

Le ton désabusé de Harry sembla agir comme un électrochoc sur Severus Rogue. Il s'approcha du jeune homme et lui agrippa le poignet - fermement mais avec douceur - comme pour le ramener à la réalité.
- Potter ?
Les yeux verts se levèrent une fois de plus vers lui, lui broyant le coeur tant ils étaient emplis de tristesse.

Il chuchota sans attendre de réponse de l'adolescent perdu.
- Ainsi donc, c'est ça que vous me cachiez pendant nos séances d'occlumentie.
Harry se tendit, sans pour autant chercher à se dégager. Après tout, c'était lui qui était venu demander de l'aide, et il avait confiance en l'homme. Bien malgré lui, mais il savait que Rogue le protégeait.

L'homme soupira, et secoua la tête.
- Nous trouverons une solution, Potter. Je ne peux encore rien vous promettre, mais je vais essayer de…

Harry laissa échapper un sanglot de soulagement à ses mots, et il se jeta sur l'homme pour l'enlacer, le coupant dans ses paroles et le laissant muet de stupeur.
- Merci Monsieur.

Le merci plein de ferveur du gamin l'emplit de détermination. Il allait l'aider, quoi qu'en pense Dumbledore.