Cet os est écrit pour un jeu du FoF, il fallait le rédiger sur le thème "Sourcil" en une heure. Pour plus de précisions vous pouvez m'envoyer un mp.
Il ne savait pas exactement ce qui avait provoqué son obsession. Il savait juste que d'un coup, Drago Malefoy était devenu essentiel dans sa vie.
Il avait besoin de le croiser, et de le faire réagir pour se sentir bien.
Tant que Drago Malefoy était là et réagissait à ses provocation - ou que lui réagissait à celles de l'autre garçon - la pression qu'il subissait à être le futur Sauveur, l'élu du monde magique, s'atténuait. Tant qu'il pouvait se disputer avec l'insupportable Serpentard, il avait l'illusion que peut être sa vie était normale.
Harry passait tellement de temps à observer le blondinet arrogant qu'il connaissait chacune de ses expressions. Il savait lire son langage corporel et pouvait deviner d'un regard quelle était son humeur.
Bien sûr, c'était son secret. Quelque chose dont il ne parlait pas, même pas à ses meilleurs amis. Surtout pas à eux. Ron serait horrifié - il hurlerait et lui ferait très probablement la tête. Hermione le fixerait comme une espèce d'insecte inconnue et essaierait d'analyser les raisons de son obsession. Avant de faire en sorte qu'il ne soit plus en contact avec l'objet de ladite obsession.
Un matin, pendant le petit déjeuner, alors qu'il fixait Malefoy d'un air distrait - comme toujours - il avait subitement compris ce qui l'obsédait.
Son sourcil.
Ce fichu sourcil Malefoyen qui semblait capable de se dresser à volonté. Ce sourcil qui pouvait signifier tant d'émotions sur un visage toujours impassible. La surprise, le dédain, le mépris… Malefoy pouvait communiquer avec cette partie de son visage.
Lorsqu'il était pris d'insomnies, parfois Harry s'enfermait dans la salle de bains et essayait dans le miroir d'imiter le lever de sourcil façon Malefoy. Cependant, il avait l'air terriblement stupide - ses deux sourcils semblaient connectés et les hausser lui donnait juste un air ahuri…
Depuis sa prise de conscience, Harry surveillait encore plus le Serpentard, fixé sur ce fascinant sourcil qui semblait doué d'une vie propre. Comme si le sourcil de Malefoy lui parlait, à lui. Comme s'il était privilégié de pouvoir comprendre.
S'il arrivait à dissimuler son obsession à ses amis - faisant semblant d'être perdu dans ses pensées -l'objet de son attention semblait avoir remarqué que leurs regards se croisaient un peu trop souvent pour que ce soit un hasard.
Malefoy l'observait désormais lui aussi, et leurs yeux s'accrochaient, entamant un duel silencieux. Puis d'un coup, le sourcil se levait, interrogatif, et le coeur de Harry s'emballait alors que le Gryffondor laissait fleurir un léger sourire sur ses lèvres, satisfait.
Il avait craint que Malefoy ne s'indigne de son obsession. Qu'il ne trahisse son petit secret. Mais le Serpentard semblait s'être pris au jeu, répondant à ses regards. Mieux encore, il semblait n'en avoir parlé à aucun de ses amis. Personne ne le regardait de façon étrange, personne ne lui faisait de remarque.
Il n'y avait qu'eux, leurs yeux et ce sourcil qui lui disait tout ce qu'il avait besoin de savoir. L'humeur de Malefoy, comment il allait - réellement.
En prenant compte de leur lien, Harry aurait pu s'indigner. C'était Malefoy après tout. Celui qui était son rival depuis la première année, depuis son arrivée dans le monde magique. Mais… Harry ne concevait pas un monde sans lui. Il lui était essentiel, au même titre que ses amis. Au même titre que sa magie.
Quand Drago commença à éviter son regard, l'humeur de Harry s'en ressentit. Il devint agressif et désagréable, furieux d'être privé de ce qui le faisait se sentir mieux. Normal.
Tout son entourage mettait son comportement sur le dos de la guerre, qui s'intensifiait. Même à l'abri des murs de Poudlard, les échos qui parvenaient jusqu'à eux étaient loin d'être encourageants.
Et puis, en plus de l'éviter, le sourcil de Malefoy cessa de se lever. Le Serpentard si fier autrefois, semblait avoir toujours la tête baissée, le regard fixé au sol.
Harry était peut être un serpent dans la peau d'un lion, il aurait peut être eu sa place à Serpentard, mais il avait l'impulsivité propre aux rouge et or ancré en lui. Aussi, il attendit patiemment l'occasion parfaite, un moment où ses amis ne seraient pas autour de lui et où il pourrait coincer le Serpentard dans un coin pour exiger des explications.
Grâce à la carte du Maraudeur et à sa merveilleuse cape d'invisibilité, il n'eut aucun mal à trouver un moment où Drago Malefoy était seul. Le Serpentard errait dans les couloirs, et son expression de détresse tordit le coeur de Harry.
Sans même réfléchir, il jaillit de sous sa cape, et entraîna Malefoy dans un couloir sombre et désert. Le Serpentard se débattit mollement et ne protesta même pas, comme s'il n'avait plus la force de se battre.
La colère de Harry - tous ses sentiments négatifs à l'égard du blond - disparurent, noyés par une vague d'inquiétude.
Il le dévisagea avec attention, notant les cernes et le pli inquiet au coin de sa bouche. Il nota les yeux gris qui évitaient de croiser son regard. Il nota le sourcil immobile, ne se levant même pas pour le questionner sur sa soudaine apparition.
Si Harry avait prévu de lui hurler dessus, il finit par murmurer, avec une douceur qu'il n'aurait jamais pensé avoir pour cette personne.
- Malefoy… Qu'est ce qui t'arrive ?
Le Serpentard aurait probablement hurlé d'indignation si Harry s'était montré plus brusque. Cependant, l'inquiétude sincère du brun le déstabilisa et il haussa les épaules, comme honteux, en baissant la tête. Il chercha à se détacher du Gryffondor, à fuir son regard émeraude, mais Harry grogna et l'épingla contre le mur, se collant contre lui, pour le forcer à l'affronter.
Lorsque leurs yeux se croisèrent, ils frissonnèrent tous les deux et restèrent un long moment immobiles un peu ébranlés. Sans le lâcher, sans détourner le regard, Harry murmura.
- Parle moi.
Vaincu, le Serpentard abdiqua. Comme s'il se doutait que ce n'était pas la peine de résister, qu'il finirait de toutes façons par faire face à ce foutu survivant, toujours sur son chemin.
Alors il brisa leur lien visuel avec difficulté et ferma les yeux pour avouer, d'un ton neutre.
- Je vais être marqué et je n'ai pas le choix.
Harry le serra un peu plus fort, collant son corps entièrement contre lui, l'esprit en déroute. Il souffla doucement.
- Malefoy regarde moi…
Un reste de fierté obligea le Serpentard à se redresser et à faire face à Harry. Le sourcil se leva - presque imperceptiblement - mais suffisamment pour que Harry le note et ne sente son coeur s'emballer.
Ils étaient si proches que leurs nez se touchaient presque, mais ni l'un ni l'autre ne semblait gêné de cette proximité inhabituelle. Après un long moment, Harry murmura.
- Hors de question.
- Potter…
- Tu ne prendras pas la marque Malefoy. Pas si je peux l'éviter. Tu sais que c'est une mauvaise idée… Tu te sens capable de tuer ?
Le teint déjà pâle du Serpentard blêmit, et il serra les mâchoires, une lueur de rage dans son regard gris.
- Tu ne comprends pas ! Si je ne le fais pas, mes parents seront tués !
Les yeux de Harry se plissèrent sous la colère, et le sourcil de Drago se leva, comme pour le narguer.
- Si tu n'es pas en mesure d'être marqué, si tu es retenu contre ta volonté, tes parents seront sauf.
Drago ouvrit la bouche, comme pour protester, mais Harry fondit sur lui. L'esprit en déroute, il utilisa le seul moyen qui lui restait pour l'empêchait de parler. Puisqu'il le maintenait de ses mains, il l'embrassa.
Ce n'était pas sa désastreuse aventure avec Cho qui lui avait donné l'expérience d'embrasser quelqu'un. Même le baiser que Ginny avait déposé sur ses lèvres dans la salle sur demande n'était pas un souvenir inoubliable.
Cette fois pourtant, quelque chose éclata dans sa poitrine, comme une bulle de bonheur et il se sentit à sa place.
Le Serpentard aurait pu se dégager ou protester. Mais passé la première seconde de choc sous l'action du Survivant, il se surprit à répondre à la pression des lèvres, appréciant la douceur de l'instant, émerveillé de la tendresse que déployait Harry Potter pour lui.
Il s'écartèrent un instant pour reprendre leur souffle, et ce fut Drago qui plongea cette fois sur les lèvres de Harry, avec un désespoir presque palpable. La prise de Harry sur le corps de Drago faiblit et ses mains glissèrent vers ses joues, en une lente caresse.
Submergés par leurs sentiments, ils s'embrassèrent longuement avant de s'écarter. Pour autant, aucun ne fit le moindre mouvement pour séparer leurs corps et Harry se laissa aller, posant son front sur celui de Drago.
Ce dernier soupira.
- Pourquoi Potter ?
Harry ferma les yeux, agrippé à celui qu'il nommait rival mais qui était bien plus proche de lui qu'il n'aurait pu l'imaginer.
- Tu es à moi. Je refuse qu'il te marque, qu'il te prenne toi aussi…
Même s'il n'avait pas totalement conscience du poids de sa déclaration, Harry était totalement sincère dans ses paroles. Il avait tant perdu qu'il se refusait à ne plus avoir ce blond prétentieux et insupportable dans sa vie… Il en avait besoin.
