Cet os est écrit pour un jeu du FoF, il fallait le rédiger sur le thème "frangin" en une heure. Pour plus de précisions vous pouvez m'envoyer un mp.


Seul dans le petit cimetière, il n'osait pas regarder la tombe lourdement fleurie. Finalement, il soupira et baissa les yeux, lisant le nom gravé avec soin, puis la date de naissance, identique à la sienne.
- Salut frangin…

Depuis sa mort, il se sentait incomplet. Amputé d'une partie de lui-même.

D'abord, les premiers instants, lorsque le mur s'était effondré sur Fred, il avait refusé d'y croire. C'était une monstrueuse farce d'avoir survécu aux combats contre les Mangemorts et de terminer sous un morceau de Poudlard. Sous le choc, il avait secoué le corps sans vie de son frère.

Même s'il avait vu son cadavre, il avait refusé d'y croire. Il était fermement convaincu que son jumeau allait passer la porte d'une seconde à l'autre, souriant d'un air idiot, fier de sa petite plaisanterie de mauvais goût.
Fred était une partie de lui, il ne pouvait pas l'avoir abandonné comme ça après tout. Il était fort, et malin. Il se sortait toujours de toutes les situations !

Comme Fred n'arrivait pas, il commença à arpenter le chemin de traverse, cherchant le visage de son jumeau. Il allait à Poudlard régulièrement, convaincu que son idiot de frère avait pris un coup sur la tête et souffrait d'amnésie. Il visitait les blessés à Sainte-Mangouste, inlassablement, cherchant des cheveux roux. Cherchant son propre visage.
Il ignorait les regards de pitié qui se détournaient à son passage. Il ignorait les sanglots de sa mère et son père qui essayait de le raisonner.

Fred ne pouvait pas l'avoir laissé.

Il avait refusé d'assister à son enterrement, furieux que son double aille si loin dans son entêtement. Qu'il ne soit pas revenu vers lui, comme il l'avait toujours fait.
Et puis, un matin, en se levant, il avait ouvert les yeux et il avait su.

Il avait compris. Fred était mort. Fred s'était retrouvé stupidement coincé sous une pile de gravats, et il l'avait abandonné. Il l'avait laissé seul pour la première fois depuis leur naissance.

Georges avait alors hurlé de toute la force de ses poumons, furieux. Furieux contre l'univers. Contre le monde entier. Mais surtout contre son double, son frangin.
Furieux de sa stupidité, de s'être laissé écraser, de ne pas avoir été plus prudent.

Il avait détruit méthodiquement leur appartement, refusant de voir une seule seconde de plus des objets que Fred avait touché. Il était décidé à le chasser de sa vie, puisqu'il l'avait laissé.

Il avait commencé à boire, trouvant dans l'ivresse l'oubli de son chagrin et de sa colère. Lorsqu'il était ivre, il ne se souvenait plus pourquoi il était en colère. Il pouvait dormir sans rêver de son frère, sans revoir sa mort stupide.

Il avait l'impression de chuter dans un puits sans fond, et il se laissait entraîner incapable de réagir. L'alcool avait peut être dilué la colère, au point qu'il oublie sa rage permanente, mais l'ivresse l'avait plongé dans un abîme de détresse.

Chaque souvenir de Fred lui serrait le coeur, lui rappelait les jours heureux, lorsqu'il était complet. Lorsqu'ils étaient deux.
Il avait cessé d'aller voir sa famille, parce que le manque se faisait plus douloureux lorsqu'il était entouré des siens. Retourner dans la maison où ils avaient grandi, voir les photos, l'aiguille de Fred désormais immobile sur l'horloge familiale… c'était bien plus qu'il ne pouvait encaisser.

Sans son vieil ami Lee Jordan, il aurait laissé le magasin à l'abandon. Mais Lee venait, ouvrait et servait les clients. Parfois, il le forçait à produire de nouveaux gadgets, mais le coeur n'y était plus. Sa créativité était partie, morte avec son double.

Il commençait tout juste à s'habituer à cette situation, à se résigner à vivre une demi-vie, lorsque Harry Potter avait poussé la porte de sa boutique. Le regard hanté du jeune homme, sa maigreur et ses cernes lui firent un choc. Depuis qu'il le connaissait, il l'avait toujours aimé, à la manière d'un petit frère. Sans compter que Harry leur avait offert leur rêve à son frère et à lui, en finançant la boutique.
Maladroitement, il l'avait attiré contre lui, le serrant dans ses bras en retenant ses larmes. Fred n'aurait pas aimé voir Harry dans cet état, pas après tout ce qu'il avait accompli pour eux. Pour le monde magique.
Le petit brun s'effondra en larmes contre lui, se répandant en excuses de ne pas avoir sauvé son jumeau.

Horrifié, Georges le consola, et le rassura. Il lui assura que ce n'était qu'un accident, un stupide accident que personne n'aurait pu prévoir. Que Fred devait être fier de lui, en cet instant, et qu'il n'aimerait pas qu'il se sente coupable.
Ils avaient longuement parlé tous les deux. Ils avaient pleuré également. Mais au final, Georges se sentait libéré d'un poids. Lorsqu'il avait raccompagné Harry à la porte, avec la promesse de se revoir rapidement, il avait compris qu'il était temps d'aller sur la tombe de son frère.

Et face à cette pierre grise et triste, il se sentit coupable. Fred n'aurait pas aimé ça. Il aurait voulu de la fantaisie, de la joie jusque dans sa mort. Il aurait voulu continuer à faire sourire, même après son décès.

Georges n'eut pas besoin de réfléchir longtemps pour lancer un sort sur la pierre tombale, reproduisant l'enseigne de leur boutique du chemin de traverse. Le visage de Fred souriait, et son nom s'affichait en lettres bancales. C'était coloré, et de très mauvais goût… mais c'était eux.
Il hocha la tête satisfait, avec le sentiment que Fred approuvait voire même qu'il riait d'avance à la tête que feraient ceux qui viendraient le visiter.
- Attends moi frangin. Je te rejoins quand ce sera le moment.
Il n'allait pas faire l'insulte à son frère de se laisser mourir. Il avait la charge de leurs deux vies à vivre désormais. Et il comptait bien faire honneur à son double, à son frangin. Gred et Forges Weasley étaient éternels après tout, il suffisait d'y croire.