Cet os est écrit pour un jeu du FoF, il fallait le rédiger sur le thème "Toujours" en une heure. Pour plus de précisions vous pouvez m'envoyer un mp.
Toujours.
Son amour pour Lily pouvait se résumer à cet unique mot. Toujours.
Quelles qu'aient été leurs querelles, quoi qu'il ait pu se passer, Lily a toujours été présente.
Elle a été la fée rousse de son enfance, cette petite fille têtue qui avait décidé d'être son amie. Qui s'était rapproché de lui, petit garçon battu et renfermé, pauvre, dont tout le monde se moquait.
Elle avait été celle pour qui il avait fait la plus belle magie qui soit. Il aimait lui offrir des fleurs, qu'il faisait pousser par magie. Il adorait voir ses yeux verts briller de joie et d'émerveillement.
Elle avait été celle à ses côtés les premières années à Poudlard. Son amie, son soutien malgré leurs maisons ennemies.
Lily était une vraie Gryffondor, aucun doute. Elle ne s'occupait pas des regards noirs et des reproches, elle continuait encore et encore de venir près de lui, de lui parler. De lui offrir ses sourires merveilleux qui faisaient naître des papillons dans son ventre.
Elle avait été son premier amour. Son unique amour.
Un jour, il s'était rendu compte qu'elle n'était plus seulement sa meilleure amie et sa confidente. Il savait qu'elle était belle, bien sûr. N'importe qui pouvait le voir, même cet idiot de Potter. Mais il avait pris conscience à quel point il était dépendant d'elle. L'idée même qu'elle puisse se tourner vers un autre garçon le rendait enragé.
Lily était une pure Gryffondor, une fille au courage indéniable. Mais lui… Lui était un Serpentard. C'était ce qu'il s'était dit en se jurant de ne jamais avouer ses sentiments, pour ne pas être rejeté. Il avait trop peur de la perdre, il était trop lâche pour risquer le peu qu'il avait déjà.
Elle avait été son premier chagrin. Le plus puissant. Lorsqu'elle avait commencé à regarder Potter avec intérêt, lorsqu'elle avait commencé à rire avec lui. Severus avait senti qu'elle lui filait entre les doigts, mais il ne savait pas comment faire pour la retenir. Sa fée rousse avait toujours été insaisissable, et c'était elle habituellement qui venait vers lui. Jamais l'inverse.
Il l'avait perdue. Il allait la perdre. Alors… il avait fait en sorte qu'elle le déteste. Il l'avait insultée, pour qu'au moins elle soit en colère contre lui. Qu'il n'y ait jamais d'indifférence. S'il ne pouvait pas avoir son amour, alors il aurait sa haine.
À cause d'elle, à cause de sa propre stupidité, il avait vendu sa liberté à un mage noir de pacotille. Il imaginait trouver la famille qui lui faisait défaut, il imaginait recevoir enfin de l'attention et de la reconnaissance. À la place, il avait été marqué comme du bétail, et traité comme un esclave. Torturé régulièrement selon les sautes d'humeurs de Voldemort.
Parfois, il accusait Lily de sa déchéance, mais au fond de lui, il savait qu'elle n'y était pour rien. Il était le seul responsable de son malheur.
Elle avait été sa plus grande peur. Peu après l'annonce de la prophétie, il s'était rendu compte que la peur pouvait prendre bien des formes. Jusqu'à ce moment, il pensait qu'il n'avait peur de rien. Après tout, il n'avait rien à perdre. Il ne craignait pas la mort, puisque la vie était si fade. Il acceptait la douleur des tortures, comme une punition méritée pour ses erreurs.
Et puis d'un coup, il s'était rendu compte que finalement, il y avait encore des choses qui pouvaient le toucher.
Voir un épouvantard prendre la forme du corps sans vie de Lily avait été un électrochoc salutaire, et il avait retrouvé une raison de vivre : sauver sa Lily même si elle était maintenant mariée à Potter, et bientôt mère de son rejeton…
Elle avait été la raison de son désespoir. Il avait été envoyé par Dumbledore à Godric's Hollow, et stupidement, sur le chemin, il s'inquiétait de l'accueil de Potter. Il se jurait de ne pas entamer les hostilités, mais de rendre coup pour coup.
Il n'y eut aucun coup à rendre. Potter était mort.
Et à l'étage de la petite maison parfaite, pour une gentille famille parfaite, Lily était au sol. Morte.
Il s'était effondré, en hurlant sa douleur. En cet instant, tous les doloris reçus n'étaient pas aussi puissants que la douleur de son coeur qui se brisait. Il avait été proche de se donner la mort, jusqu'à croiser les yeux verts du fils de Lily. Les yeux de Lily… Il avait juré à sa Lily de vivre juste assez pour protéger son fils, pour le maintenir en vie.
Elle avait été sa rédemption. C'était pour elle et uniquement pour elle qu'il avait décidé de risquer sa vie pour combattre Voldemort. Il s'était rendu compte qu'il n'avait pas d'allégeance véritable : il ne croyait ni en Dumbledore, ni à Voldemort. Il se moquait bien des moyens employés, ou du camp qu'il servait, son unique but était de respecter la promesse faite à Lily : sauver son fils.
Elle était son tout. Depuis toujours. C'était la conclusion logique à laquelle il était arrivé alors qu'il se vidait de son sang après que Voldemort ait lancé son serpent sur lui. Elle était son tout, et ses yeux étaient près de lui, le fixant, pleins de larmes. Il savait que c'était l'infernal gosse Potter - qu'il avait appris à légèrement apprécier - mais il se laissait aller dans ses souvenirs, alors que la vie quittait peu à peu son corps. Il n'avait pas peur de mourir, il y avait bien longtemps qu'il était mort intérieurement. Depuis que Lily était morte. Peut être même depuis ce jour où elle lui avait tourné le dos.
Dans un dernier effort, il murmura à son fils qu'il avait les yeux de sa mère, lui offrit ses souvenirs. Et avant de se laisser sombrer, il offrit sa vie au gamin, sans que celui-ci ne s'en doute. Il accueillit la Mort à bras grands ouverts, lui demandant de protéger l'enfant de Lily.
Elle était là. Près de lui. Lui tenant la main, un doux sourire sur les lèvres, le regardant avec cette affection qui lui avait tant manqué. Lui ne savait plus sourire, alors il se gorgea juste de son image.
Il était mort, et elle l'avait attendu, pour le remercier et le guider. Et avant qu'il ne la suive, elle lui assura qu'elle avait toujours été à ses côtés. Toujours.
