Cet os est écrit pour un jeu du FoF, il fallait le rédiger sur le thème "Douleur" en une heure. Pour plus de précisions vous pouvez m'envoyer un mp.


Le Doloris le frappa de plein fouet, et son corps se tendit, alors qu'il hurlait à s'en briser les cordes vocales. Chacun de ses nerfs semblait s'enflammer, et il s'effondra, comme une marionnette dont on aurait coupé les fils.

C'était ce qu'il était, après tout. Une marionnette.

Haletant, il ferma les yeux, s'obligeant à rester immobile, essayant de ne penser à rien, se focalisant juste sur son corps, tentant d'oublier à quel point il avait mal. À quel point chaque Doloris le poussait près de la folie.

Il entendit de nouveaux cris et il comprit que c'était au tour d'un autre d'être torturé. Il tenta de se concentrer, de se redresser légèrement, mais ses nerfs hypersensibles le faisaient souffrir le martyre et ses muscles étaient encore crispés.

Il pinça les lèvres, se refusant à laisser échapper le moindre murmure. Il devait juste se faire oublier. Subir et rester invisible.

Il s'éveilla en sursaut, hors d'haleine. Encore une fois, il avait été tiré de son sommeil par un cauchemar. Tremblant, il passa une main hésitante sur son visage, essayant de revenir au présent, à la réalité. Il se répéta que la guerre était finie, que tout ça appartenait au passé, mais son corps se souvenait de la douleur, et il se souvenait des effets des Doloris.

Il frissonna et lorsque les battements de son cœur s'apaisèrent, il se glissa hors du lit en silence.

Il sortit de la chambre, pour se poster devant la fenêtre, s'appuyant contre la vitre glaciale, retrouvant peu à peu ses esprits.

Il frémit, et ferma les yeux, laissant les souvenirs l'engloutir.

Le Doloris, encore. Quelques entailles d'un sort de découpe particulièrement vicieux. La chaleur du sang qui coulait sur sa peau, ses sanglots nerveux.

La douleur. Il n'y avait que la douleur, implacable, impossible à ignorer. Elle saturait ses sens, et l'empêchait de penser. Son corps se recroquevillait sur lui-même, comme pour se protéger, comme pour enfermer cette douleur insupportable au plus profond de lui.

Il haleta lorsqu'une main se posa sur son épaule, se retournant d'un bond, tous ses muscles crispés. Cependant, les yeux noirs familiers le regardaient sans agressivité, et il se détendit, montrant l'espace d'un instant son soulagement de le reconnaître.

L'homme soupira, doucement.

— Tout ça est derrière toi. C'est fini.

Il hocha lentement la tête, et jeta un coup d'œil prudent en direction de sa chambre. De leur chambre. Au moins, il ne l'avait pas réveillé.

Il soupira, avant de murmurer.

— Je sais. Mais…

L'homme compléta, avec un sourire triste.

— Les cauchemars sont toujours là. Je sais.

Il y eut un silence, alors qu'ils s'observaient mutuellement. Ils savaient qu'ils vivaient la même chose. Que leurs nuits étaient emplies d'images du passé, de la noirceur qu'ils avaient côtoyée.

Ils sursautèrent à peine quand la porte de la chambre grinça, et qu'une troisième voix s'élevait, un peu moqueuse, mais pleine d'inquiétude.

— Une réunion nocturne ? Il fallait me prévenir.

Il laissa échapper un rire nerveux, et soudain, le souvenir se dilua, retournant dans le passé. Il se relaxa, sentant la tension se relâcher. La douleur fantôme se fit moins présente avant de s'éteindre.

Face à sa réaction, l'homme aux yeux noirs pinça les lèvres, comme s'il se retenait de faire une remarque. Et il le connaissait suffisamment pour savoir qu'il y avait probablement une réflexion pleine de sarcasme ou moqueuse prête à fuser. Puis, il hocha la tête.

— Puisque tout semble aller pour le mieux, je vais aller dormir. Vous avez passé l'âge d'être renvoyé au lit avec une punition après tout…

Le nouvel arrivant gloussa joyeusement, ses yeux verts pétillant de malice.

— Mais vous aimeriez tant me retirer des points et m'envoyer en retenue. N'est-ce pas, professeur ?

L'homme grogna et fronça le nez, mais une lueur d'amusement dansait dans ses prunelles sombres. Finalement, il répondit sèchement.

— Vrai. Et à la place, je suis privé de mon plaisir personnel et je partage votre maison.

Son ton boudeur fit rire les deux plus jeune, et le professeur roula des yeux.

— Allez donc dormir, nous parlerons demain.

Le garçon aux yeux verts tendit la main à son compagnon et enroula ses doigts aux siens. Puis il le tira avec douceur jusqu'à leur chambre, sous le regard triste de celui qui les avait vu grandir.

Une fois seuls, il l'enlaça, et déposa un baiser léger sur son front, l'inquiétude visible sur ses traits.

— Tu trembles. Viens te mettre au chaud…

Le jeune homme lui jeta un regard noir, refusant tant de sollicitude. Ses souvenirs semblaient se dissiper plus rapidement que d'habitude et il ne voulait pas être materné. Il passa la main dans ses cheveux pâles — presque blancs — et il haussa les épaules.

— Je vais bien. Juste…

— C'était quoi cette fois ?

Il soupira et baissa les yeux.

— Doloris.

Les mains chaudes passèrent sur sa peau, dénouant ses muscles et le soulageant, comme un baume apaisant après tant de noirceur. Il se laissa aller contre lui, abdiquant. Il savait que plus il le repousserait, plus il reviendrait à la charge, décidé à partager son fardeau.

Lorsque ses paupières papillonnèrent, il se laissa entraîner vers le lit, et se recoucha, tout en se demandant si un jour il ne serait plus brisé.