Cet os est écrit pour un jeu du FoF, il fallait le rédiger sur le thème "antipodes" en une heure. Pour plus de précisions vous pouvez m'envoyer un mp.


Ils étaient aux antipodes l'un de l'autre… Et pourtant, il l'aimait tant.

Souvent, lorsqu'il croisait son reflet dans un miroir, il se morigénait d'espérer. Comment pouvait-elle seulement le regarder alors qu'il se trouvait si laid ? À l'inverse, elle était tellement belle. Toujours joyeuse, toujours souriante.

Il était depuis toujours attiré par les ténèbres. Maussade, toujours méfiant, il s'était laissé approcher par cette jolie fée si lumineuse. Elle l'avait entouré de son amitié, et il avait succombé à son charme.

Elle lui avait appris l'amour, elle lui avait donné de l'espoir. Il l'avait suivi, sans la moindre hésitation, prêt à tout sacrifier pour elle. Pour ses yeux.

Quelques fois, il sentait son cœur se serrer, comme s'il allait exploser sous l'afflux d'émotions qui l'emplissait. Surtout lorsqu'elle lui souriait, et lui faisait croire que quelque chose était possible entre eux.

Puis, il se souvenait qui il était, et il lui en voulait de lui faire miroiter un avenir impossible. Pourtant, le moindre sourire d'elle effondrait toutes ses barrières et faisait brûler en lui l'espoir d'un futur commun.

Il avait tenté de la repousser à plusieurs reprises, mais à chaque fois, elle revenait vers lui, refusant de se laisser évincer. Elle lui adressait ce sourire désarmant et lui tendait la main.

Et il se laissait aller à l'espoir, il laissait son cœur s'attendrir, abaissait ses défenses. Face à elle, il était vulnérable, il n'existait qu'à travers ses yeux.

Il imaginait ne jamais pouvoir aimer, trop meurtri par son enfance malheureuse. Il se pensait incapable de rêver d'une famille. Et puis elle était arrivée, petite fée intrépide, et s'était immiscée au plus profond de son âme. Ils étaient le négatif de l'autre, l'exact opposé. Leur amitié timide avait grandi jusqu'à Poudlard.

Avec l'âge, son amitié s'était muée en amour ardent, presque une vénération. Elle était son tout, son monde. Sa lumière dans les ténèbres.

Il s'y était accroché de toutes ses forces, se gorgeant de chacun de ses sourires, de chacun de ses gestes vers lui. Puis… la flamme de l'espoir avait été soufflée brutalement.

Une dispute de plus, quelques mots malheureux trop vite prononcés, des mots qu'il ne pensait même pas, et sa lumière s'en était allée, le laissant dans le noir le plus complet.

Il aurait pu la supplier, il aurait pu essayer de revenir dans sa vie. Mais il avait tant imaginé ce moment, où elle le verrait enfin tel qu'il se voyait, où elle partirait sans un regard en arrière, qu'il resta passif, acceptant sans un geste de la voir s'éloigner.

Les semaines suivantes, il s'était traîné comme une âme en peine. Encore plus sombre, encore plus taciturne. Parfois, il la voyait regarder vers lui, sourcils froncés, comme si elle hésitait à revenir près de lui. Mais il l'ignorait, parce qu'il l'aimait et qu'elle ne serait jamais à lui.

Il n'avait pas cherché à réparer son cœur brisé, gardant la douleur à vif, se torturant l'esprit avec ce qu'il avait perdu, avec ce qu'il n'aurait jamais pu avoir. Il l'avait regardée tomber amoureuse d'un autre, et s'éloigner à son bras, ressassant sa rancœur et son ressentiment.

Comme pour la punir, il s'était enfoncé encore plus dans les ténèbres, creusant son propre malheur, parce qu'elle avait voulu l'attirer vers la lumière. Il n'avait jamais cessé de l'aimer, sa jolie fée, mais cet amour était désormais perverti par l'envie de vengeance, par l'amertume de sa perte.

Il imagina qu'elle l'avait oublié, lui, le garçon terne qu'elle avait pris sous son aile. Il pensa qu'elle ne l'avait jamais aimé, et il se détesta de ne pas pouvoir cesser de l'aimer plus que sa propre vie.

Pour elle, il sacrifia son futur, sa vie même. Il se condamna à une vie d'esclavage, cultivant sa colère, toujours aussi intense, et son amour, toujours aussi exclusif.

Lorsqu'elle fut tuée, il eut l'impression que le peu de lumière qui lui restait disparaissait. Cette fois, il n'y avait plus le moindre espoir pour lui. C'était maintenant un voyage sans retour. Une partie de lui était morte en même temps qu'elle, que sa jolie fée si cruelle. Celle qui lui avait offert de l'attention, qui lui avait permis d'espérer avant de tout lui reprendre.

Elle était apparue dans sa vie comme une étoile filante, avant de disparaître tout aussi vite en le laissant si vide…

Peut-être que c'était pour ça que les antipodes ne se rejoignaient jamais.