Cet os est écrit pour un jeu du FoF, il fallait le rédiger sur le thème "Écoute" en une heure. Pour plus de précisions vous pouvez m'envoyer un mp.
Harry épongea le front de l'homme face à lui, ignorant son regard noir. L'endroit était glauque, un minable hôtel moldu, sombre et sale. Mais c'était surtout le meilleur moyen pour disparaître aux yeux du monde magique. Personne n'irait les chercher à cet endroit et c'était le résultat voulu.
Il soupira et se pencha pour essayer de réinstaller l'homme dans le lit, arrangeant nerveusement l'oreiller, ignorant le grognement agacé. Puis, il se réinstalla près du lit et évita de croiser ses yeux.
Finalement, le jeune homme de nouveau, l'air épuisé.
— Vous devriez manger, Professeur.
L'homme renifla, toujours aussi méprisant.
— Je ne suis plus professeur, Potter.
Cependant, Harry gloussa, pas vraiment impressionné.
— Je crois que vous le serez toujours pour moi.
Voyant que l'homme ne semblait pas réellement réceptif à son approche, il souffla et haussa les épaules, avec une expression soudain désemparée et surtout terriblement juvénile.
— Ce n'était pas juste de vous laisser mourir, monsieur. Et ce n'était pas juste de vous laisser être enfermé, même si ce n'était que le temps de recueillir des témoignages. Je ne leur fais pas confiance… C'est tout.
Rogue renifla.
— Comme toujours, vous n'écoutez rien, Potter. Je devais mourir. Il n'y a plus rien pour moi dans cette vie. Je me suis sacrifié en toute connaissance de cause. L'unique chose qui me maintenait en vie était de respecter la promesse que j'ai faite à votre mère.
Harry eut un sourire triste, baissant les yeux pour gratter le bord du drap, pinçant les lèvres.
— Alors vous allez me détester, monsieur. Parce que j'ai besoin de vous.
Il y eut un long silence, puis Rogue grimaça, retenant une quinte de toux, mais laissant Harry l'aider à boire un peu pour soulager sa gorge douloureuse.
Rogue murmura, perplexe.
— Besoin de moi ? Pour quelle raison ?
Harry rougit légèrement, puis il haussa brusquement les épaules et se redressa, le regardant avec un air de défi.
— Vous avez toujours été celui qui m'écoutait. Même si vous prétendiez le contraire, vous avez toujours été là. À l'écoute. Vous saviez mieux que personne comment me faire réagir…
L'homme grommela, visiblement choqué, puis il soupira en se crispant de douleur un court instant.
— Il faut croire que j'ai perdu la main. À une époque, vous seriez déjà parti en claquant la porte, Potter.
Harry eut un sourire malicieux, mais ne répliqua pas. Severus fatigué dévisagea le gamin à l'air maladif qu'il avait vu grandir et qui venait une fois de plus d'accomplir l'impossible en tuant Voldemort.
— Vous avez définitivement besoin d'aide, Potter. Pour penser que je suis… à l'écoute. Dumbledore l'était, paix à son âme. Mais moi ?
Harry émit un grondement agacé.
— Dumbledore ? Il n'écoutait que ce qui l'arrangeait. Que quand c'était pour le plus grand bien. Le reste du temps… Il souriait et faisait l'exact inverse de ce que vous vouliez. En souriant, et en vous jurant que c'était pour le mieux.
Severus réprima un rire moqueur, se sentant étrangement satisfait que le gamin ait perdu ses œillères au sujet du directeur. Albus avait peut-être donné sa vie pour le bien, mais il avait toujours été un foutu manipulateur.
L'ancien professeur de potions se replongea dans son mutisme, refusant de croiser le regard trop vert de Harry, refusant de le laisser s'attacher un peu plus. La vie l'avait brisé et il ne pouvait pas lui offrir l'attention dont il avait besoin.
Sauf que Harry resta près de lui. Avec une patience incroyable. Il l'aidait, s'occupait de lui, lui parlait. Il le distrayait souvent, même s'il se serait arraché la langue plutôt que de l'avouer.
La plupart du temps, Severus l'écoutait.
Le gamin parlait de son mal-être, de son besoin d'avoir un point fixe pour se reconstruire. Il ne fallait pas être devin pour comprendre que c'était lui son point fixe, qu'il l'avait choisi comme une espèce de père de substitution.
Severus pouvait toujours résister, mais les yeux verts de Harry étaient sa perte. Il n'avait jamais envisagé d'avoir d'enfants, il n'avait jamais imaginé vouloir un jour s'occuper librement de l'enfant de James Potter. Il n'avait même jamais pensé reprendre goût à la vie.
Pourtant, c'était ce que Harry faisait. Il s'infiltrait dans chacune de ses cellules, l'entourait de ses bavardages et de sa présence. Le gamin cuisinait pour lui, le veillait, le distrayait. Il s'intéressait à lui, riait à ses sautes d'humeur, à ses sarcasmes incessants. Il le soignait, jour après jour, l'aidait à récupérer de cet affreux venin qui l'avait fait souffrir des mois entiers.
De temps en temps, Harry changeait d'hôtel. Quand leur présence était devenue difficile à cacher, quand les oubliettes ne suffisaient plus.
Un matin, Severus attendit que Harry soit éveillé et occupé à préparer à manger pour lâcher, tranquillement.
— Nous devions peut-être choisir un endroit un peu plus stable et un peu moins… minable pour la prochaine fois ?
C'était juste une acceptation passive de leur cohabitation, le signe qu'il cesserait de résister et de protester.
Le sourire du gamin lui réchauffa le cœur, mais il garda un visage impassible, comme s'il venait de faire une réflexion au sujet de la météo.
