Et voilà le deuxième chapitre des aventures de Thalie Belphégor . Y est un inclus une petite chanson made in moi-même. Étant donné que je suis une pure quiche en poésie, j'aimerai vraiment que vous me disiez ce que vous en pensez.
Thalie se laissa choir sur son lit, parmi les vêtements en désordre et les morceaux de parchemin. Depuis trois ans, chacun faisait un travail psychologique afin de se préparer à mourir à tout moment. Il était hors de question d'inquiéter sa mère avec une lettre de menace, Phèdre Belphégor en recevait plusieurs centaines tous les mois.
Déchirant méticuleusement le message, Thalie se sentit submergée par la fierté. Sa mère inquiétait le plus grand mage noir du siècle.
Fumseck la contemplait d'un air impénétrable. Thalie lui tendit le bras et il vint s'y poser.
D'un air pensif, elle se mit à le caresser. Elle savait qu'il avait appartenu à son ancêtre, Albus Dumbledore, l'ancien directeur de Poudlard.
Chaque année, Thalie visitait sa tombe, un édifice blanc qui rayonnait dans le parc , toujours émue par cet illustre personnage qui avait tant donné à l'école.
Fumseck chanta une note. Un mi. Thalie la reprit, ajouta un la. Petit à petit, ils entamèrent en cœur une vieille comptine que chantait Droséracée, l'antique elfe de maison.
Mon cœur de tout côté est ballotté
La peur le pique un peu, la solitude lui pèse
L'amour me l'a ravi, je suis creuse et vidée
Quelqu'un est fort bien aise
De jouer de ce cœur
Qui peu à peu se meurt
Alors que je me vide
Moi faible, moi stupide,
Mes joues brillent, humides
De larmes de douleur
Car peu à peu je meurt
Mon cœur hors de mon corps
Lance des appels déchirants
Mon corps appelle la mort
Quand mon cœur est mourant
Nul chevalier sans peur
S'enquiert de mon sauvetage
Et peu à peu je meurt
Avec des cris sauvages…
La voix de Thalie se brisa. Les ritournelles de Droséracée avaient le don de la bouleverser, et elle en usait dès qu'elle désirait s'évader de ce monde. Emplie d'une douce mélancolie, elle agita sa baguette afin de rassembler ses affaires scolaires. La rentrée était dans une semaine, mais Thalie était extraordinairement pressée de quitter Londres. Hélas, il lui restait encore un tour à faire du côté du chemin de Traverse avant de prendre le Poudlard Express. Elle décida de prévenir ses meilleurs amis, Raphael Isengrin et Elena Holiday, afin qu'ils la rejoignent demain sur l'avenue la plus magique de la planète.
Saisissant une plume et un parchemin, elle se mit à gratter fébrilement.
Raphael , j'espère que tu vas bien. J'ai encore reçu une lettre de menace, mais personne n'a disparu dans ma famille. Je prie de tout cœur pour que ce soit ton cas.
Ma mère m'a dit que les choses étaient plutôt agitée du côté de chez toi. La semaine dernière, trois personnes ont disparue à Gloucester et un groupe de détraqueurs a été débusqué dans Leeds. Ils vont les soumettre au traitement habituel, à savoir la déportation dans un pays joyeux et ensoleillé. Les détraqueurs ne survivent pas plus de deux jours dans des conditions pareilles, heureusement pour nous. (1)
Enfin bref, je vais au CT demain, est-ce que tu pourrais t'arranger pour qu'on s'y retrouve ?
Thalie réécrivit la même chose Elena, à quelques différences près.
« Othello !» cria-t-elle. « J'ai du travail pour toi »
Le hibou vint se poser sur le bureau, et Thalie lui attacha les lettres aux pattes. Puis, prenant sa baguette, elle lui lança un sortilège de désillusion qui ne prendrait fin qu'en face des destinataires des deux lettres. Cette précaution avait été encouragée par sa mère, afin d'éviter à Othello d'être attaqué par une chimère.
Le hibou traversa la vitre blindée de la fenêtre comme si c'eut été un volute de fumée. Il s'agissait cette fois d'un sortilège du père de Thalie, Euménides Belphégor.
Il était l'archétype même du génie fou furieux et prolixe. Il tenait une boutique sur le Chemin de Traverse qui vendait des objets hétéroclites qui avaient pour point commun d'être tous totalement inédit et rocambolesques. Ces derniers temps, il s'était particulièrement spécialisé dans la fabrication d'artefacts et de sortilèges protecteurs.
Thalie jeta à sa montre un regard distrait. Il était vingt et une heure. On perdait vite la notion de temps sous le ciel rouge et noir de Londres. Elle s'étira et bailla longuement, et enfila une chemise de nuit blanche. Elle s'approcha de la fenêtre avec tristesse cherchant comme chaque soir dans le ciel sombre un petit éclat de lumière.
Mais comme chaque soir, on ne voyait pas les étoiles.
Quelqu'un tapa à la porte.
« Thalie ? »
Elle ne répondit pas mais ouvrit la porte. Sa mère se tenait sur le seuil, ses cheveux d'un blond tirant sur le roux dansaient la gigue autour de sa tête.
« Maman, tu devrais te recoiffer. » fit Thalie .
Mais Phèdre Belphégor n'esquissa pas le moindre sourire.
« Thalie, on vient de trouver le corps de Britany dans la Tamise. »
Une sirène déchirante se mit à hurler dans le crâne de Thalie.
« Et Sabina ? » chevrota-t-elle.
« Aucune nouvelle d'elle, ni de Gilbert. »
Sa mère la regardait d'un air désolé, mais Thalie lui était reconnaissante d'être si directe. Elle lui avait fait promettre de ne rien lui cacher.
« Merci »
Comme un somnambule, Thalie tourna les talons et s'enferma dans sa chambre. Un soulagement étrange lui réchauffait le cœur. Si Britany était morte, elle ne pouvait plus souffrir.
Ainsi Thalie se coucha-t-elle en paix, après avoir envoyé plusieurs pensées à ses proches décédés ou disparus. Fumseck chanta longtemps cette nuit là, pour accompagner Britany vers sa nouvelle demeure.
(1) Mais ce n'est pas logique allez-vous me dire. Eh bien si, justement ! Parce que si les détraqueurs se nourrissent de joie, c'est que la joie peut les tuer par overdose en quelque sorte. En plus, le soleil du sud les fait griller comme des chiche kebab.
