A la plage
Chapitre 4 : Ballade au Clair de Lune
« 'Chier » marmonna Hiei.
Il se retourna pour la énième fois dans son lit. Il soupira puis s'assit. Un coup d'œil vers le réveil digital l'informa qu'il était vingt-trois heures cinquante quatre. Il se laissa tomber et enfouit son visage dans son oreiller. Mais pourquoi, pourquoi Kurama hantait son esprit même la nuit, l'empêchant de dormir. D'un geste rageur et désespéré à la fois, il lança son oreiller à travers la pièce. Le jaganshi n'arrêtait pas de voir et revoir ce tout petit moment, celui où l'androgyne l'avait remercié pour lui avoir fait passer une agréable journée. Ce sourire, ce regard le poursuivaient sans cesse. Résigné, il repoussa ses draps et se glissa hors de son lit. Il sortit de sa chambre le plus doucement possible et constata par l'entrebâillement d'une porte que Yusuke dormait la lumière allumée, un magasine entre les mains. Le koorime se faufila jusqu'au rez-de-chaussée sans un bruit. Kuwabara était dans les bras de Morphée installé dans le canapé du salon où la télévision présentait en sourdine un film d'horreur en noir et blanc. Il passa furtivement et se rendit sans encombres dans le hall. Là, une présence s'imposa à lui. L'oreille aux aguets, il attendait.
« Hiei ? » murmura une voix étouffée.
« Kurama ? Qu'est-ce que tu fiches ici ? » demanda-t-il en se retournant.
« J'arrive pas à dormir. Et toi ? »
« Pareil... J'allais faire un tour dehors... »
« Ca te dérange si je viens avec toi ? »
Maladie humaine, le retour. Le cœur battant, le hérissé ouvrit et ferma plusieurs fois la bouche, scrutant l'ombre pour apercevoir le visage de son ami. Celui-ci s'avança dans un carré de lumière lunaire et lui sourit gentiment.
« Ca te dérange ? » répéta-t-il.
« Ah... Euh... Ben non... »
« Alors allons-y » dit le renard en lui prenant la main.
Le vent frais de la nuit souleva sa souple chevelure qui semblait d'un bleu aussi profond que celui du ciel. Le youkaï ne savait vraiment pas quoi faire. Il lui semblait que son cerveau était bloqué en mode je bave en silence sur l'homme de mes rêves et qu'il ne pouvait rien faire d'autre que hocher la tête ou émettre un grognement pour répondre lorsque le kitsune lui parlait. La pleine lune faisait naître des reflets argentés sur sa peau et celle du voleur, les rendant quelque part semblables.
« Hiei ? Tu vas bien ? »
« Bien sûr. Pourquoi ? »
« Je ne sais pas; on dirait que tu es absent »
« Je ne suis pas absent » répondit-il.
Le démon du feu ne savait pas du tout quoi faire. Il était « absent » parce que toute son attention était focalisée sur cette main dans la sienne. Tous ses efforts consistaient à ne pas mêler ses doigts à ceux de son ami et à ne pas se jeter sur lui. Mais comment lutter lorsque votre ami en question est l'homme que vous aimez secrètement et que ça fait bien un quart d'heure qu'il vous tient la main sous la douce lumière diffusée par l'astre lunaire tout en vous baladant sur une plage au sable fin, près d'une mer calme et qu'il vous sourie délicieusement ? De tout son cœur, Hiei priait pour que l'androgyne ne remarque pas sa gêne. Mais celui-ci paraissait occupé par quelque chose. Ou plutôt, il cherchait quelque chose.
« Qu'est-ce que tu fiches ? » s'enquit-il d'un ton bourru, comme à son habitude.
« J'essaie de... retrouver le... sentier de... la dernière fois... » marmonna son compagnon de virée nocturne, s'avançant dans les fourrés.
Le jaganshi le regarda faire. Puis son ami l'entraîna sous le couvert des arbres. Il ne lui demanda pas où il l'emmenait, il savait qu'il n'obtiendrait pas de réponse. Ses doigts étaient toujours entremêlés à ceux de Yohko. Cela le rendait fou. Oui totalement fou. Il avait parfois l'impression qu'il faisait exprès de le séduire innocemment: les tâches de lumière lunaire jouaient sur sa peau, dans ses cheveux qui flottaient autour de lui légèrement, se balançant au gré de ses pas. Si naturel, si insouciant, si beau. Lorsqu'ils émergèrent dans la petite clairière illuminée, ils furent éblouis un moment. Suishi le tira par la main, près du petit lac et montra le paysage d'un geste ample:
« Voici... Mon jardin secret... »
L'astre lunaire se reflétait sur la surface calme du lac au-dessus duquel se déplaçaient doucement des lucioles, faibles étoiles égarées sur terre. Le koorime ne dit mot et ne réagit pas jusqu'à ce que le renard lui lâche la main pour se jeter à l'eau après avoir rapidement retiré sa chemise.
« Allez... Viens Hiei ! » l'appela-t-il.
L'interpellé hésita puis finalement pénétra dans l'onde fraîche, provoquant des rides qui allèrent à la rencontre de celles du kitsune. D'ailleurs celui-ci se tenait la tête rejetée en arrière, les yeux clos et la bouche entrouverte, ses mains versant de l'eau sur son torse qui se parsemait de minuscules cristaux où la lumière de la lune avait trouvé refuge. Une vision de rêve. Plus rien n'existait aux yeux du hérissé si ce n'était Minamino. Ce dernier plongea soudainement et disparut sous le chatoiement de la lune. Une gerbe d'eau étincela et éclaboussa un youkaï surpris de voir un ancien voleur surgir devant lui.
« Argh ! C'est froid ! »
« Ho, t'es trop mignon comme ça ! » s'exclama Kurama, soulevant une petite mèche noire qui tombait dans les yeux rubis.
« Ah... »
Blocage. Très gros, énorme blocage même. Plus rien ne fonctionnait dans le mécanisme Hiei. Les mots étaient coincés dans sa gorge, sa mâchoire était coincée, ses yeux étaient rivés sur la bouche pulpeuse de son vis-à-vis, ses mains accrochées à l'avant bras de ce dernier. Il fallait remettre la machine en marche mais quelque part dans son cerveau, il y avait eu une panne de neurones généralisée. Si encore il ne s'agissait que du secteur de la parole, il aurait pu y remédier avec des grognements, le temps que le courant revienne. Mais là... C'était bien plus compliqué. Il y avait aussi un problème de surchauffe au niveau des joues qui devenaient de plus en plus rouges. La pompe qu'est le cœur s'était emballé et refusait obstinément de reprendre un rythme normal.
« Hiei, quelque chose ne va pas ? »
« Mais bouge nom d'un chien ! » s'ordonna-t-il mentalement. « Réagis, crétin de première ! Fais un effort ! »
Yohko se pencha sur lui, mêlant son souffle au sien, ce qui le fit frissonner. Mais toujours pas moyen de bouger. Et ce regard si profond qui plongeait dans le sien. Un regard empli d'inquiétude et de perplexité.
« Hiei tu m'entends ? » dit son vis-à-vis, la voix chevrotante.
Et enfin le miracle se produisit ! Ses doigts acceptèrent de lâcher le bras de son compagnon, tout comme sa mâchoire qui se débloqua, et son cœur consentit à se calmer.
« Da... Daijo... Daijobu... » (je... je v... je vais bien...)
« Qu'est-ce que tu as eu ? J'ai bien cru que tu t'étais transformé en statue... » soupira le renard de soulagement, posant affectueusement ses mains sur les épaules du koorime.
Contact délicieux. L'ancien voleur le tira sur la berge, soucieux de son état de santé, et l'obligea à s'asseoir. Le jaganshi protesta vigoureusement, évitant soigneusement les doigts fins et agiles du kitsune, sûr de se figer à nouveau si jamais il le touchait. Ainsi, une course poursuite, pareille à celle de l'après-midi, s'engagea autour du lac. Suishi débusquait immanquablement le youkaï qui se réfugiait de tronc d'arbre en fourrés pour échapper à ce sublime chasseur. La traque au clair de lune se prolongea jusqu'à ce que le lycéen s'avoue vaincu. Ce dernier se laissa tomber sur l'herbe qui tapissait la berge et se mit à observer les étoiles. Le hérissé se planta au-dessus de lui et lâcha sur un ton de défi:
« Alors ? T'abandonnes déjà ? Tu te ramollis ! »
« Tu regardes les étoiles avec moi ? » dévia-t-il avec une petite moue suppliante des plus adorables et des plus irrésistibles.
Comment dire non ? Hiei soupira, s'assit près de lui et leva le nez vers le ciel. Celui-ci, constellé de minuscules diamants, resplendissait et étendait ses bijoux scintillants à l'infini. Le jeune Minamino roula sur le côté, se retrouva tout près des cuisses du démon du feu, ce qu'il ne manqua pas de remarquer et qui le troubla.
« On s'est bien amusé, ne ? » fit-il, un sourire ourlant sa bouche charnue et aguicheuse.
« Mouais... » grogna le koorime pour cacher sa joie d'avoir passé un si bon moment en l'unique compagnie de cette créature de rêve.
Le ciel s'assombrit un peu tandis que sur leur gauche, direction de la plage et de la villa, les premières lueurs dorées et pourpres de l'aube pointaient à la cime des arbres.
« On devrait rentrer » dit Kurama, époussetant son boxer encore un peu humide où étaient collés des brins d'herbe avant de ramasser sa chemise.
Il prit le pyromane par la main et ils refirent le chemin en sens inverse. Le soleil prenait tout son temps pour étirer ses rayons et lorsqu'ils arrivèrent dans le hall d'entrée, il venait à peine de montrer le petit bout de son nez. Tous deux montèrent rapidement vers leur chambre respective pour ne pas réveiller les deux marmottes. Alors qu'il entrait, le jaganshi se sentit tiré vers l'arrière. Il eut juste le temps d'apercevoir une mèche rouge et des yeux émeraude avant d'avoir une bouche pulpeuse plaquée sur sa joue. Le temps s'étira tellement que ces quelques secondes lui parurent des heures. Puis les mèches flamboyantes virevoltèrent jusqu'à la porte en face de la sienne. Un sourire. Un clin d'œil. Et le battant se referma. Le youkaï, éberlué, resta un moment sur le pas de sa porte, et il réalisa enfin ce qu'il c'était passé lorsqu'il se laissa choir sur sa couche. Il porta une main à sa joue, à l'endroit où les lèvres s'étaient posées.
« Il m'a embrassé... »
Son visage vira au cramoisi et il l'enfouit dans ses mains. L'amour, ça vous laissait complètement à côté de vos pompes. Il était fatigué mais le renard hantait toujours ses pensées. Il se leva, ramassa avec lenteur son oreiller puis se laissa tomber à nouveau sur son matelas. Tant pis... Ce n'était pas si grave au final. L'avoir dans son esprit compensait le fait qu'il ne soit pas à ses côtés. Le hérissé se tourna sur le flanc et ferma les yeux. Il s'endormit aussitôt. Ses rêves se consacrèrent uniquement à le faire baver sur son dieu qui sommeillait dans la chambre juste en face. Et il n'en demandait pas moins à son subconscient.
Chapitre 4 : Ballade au Clair de Lune
Fin
Whaaaaaaaaaaa ! J'suis désolééééeee !J'ai mis beaucoup de temps mais en fait comme je fait cinquante fics à la fois, je m'en sors pas... , Donc je vous prie de m'excuser et je remercie toutes mes lectrices ! Ca me fait super plaisir ! Continuez de me lire même si je joue les tortues ces derniers temps... En tout cas, rendez-vous au prochain chapitre !Kiiiiiiiiiiisssss !
