L'enquêteur aurait pu annoncer son soulagement à cet instant si Paul ne s'était pas redressé trop vite sur sa chaise, le regard rivé sur la radio. Bien qu'également soulagée par la nouvelle, Alissa tendit l'oreille pour écouter tout en empêchant son compagnon de s'emporter.
- Vous avez tous assuré, sergent. Où se trouvait-il ?
- Il était planqué chez sa petite amie. D'ailleurs, elle n'a pas eu l'air surprise de nous voir débarquer. On pense qu'il s'est confié à elle avant de se mettre à convulser.
Étonné alors que le couple se regardait désormais, Watters demanda en se tournant vers le mur :
- Il convulsait ?
- Oui ! Les secours étaient sur place à notre arrivée, Caiafa faisait une overdose. L'ambulance arrivera à l'hôpital dans à peu près dix minutes. Je suis dedans avec les ambulanciers et Farmer nous suit derrière avec la voiture alors ne vous inquiétez pas, il est sous surveillance.
- Bien ! Et madame Connelly, vous avez pu lui parler plus en détail ?
- Non, impossible d'avoir son attention. Elle a insisté pour suivre l'ambulance immédiatement alors on n'a pas eu le temps, vous pourrez essayer quand elle arrivera.
- Ok !
Pendant que l'inspecteur mettait au point les futures conditions de surveillance de Jerry, Alissa analysa la posture que son amant adoptait au fur et à mesure : assis, les doigts joints et des marmonnements inaudibles n'annonçant rien de bon pour celui qui se retrouverait bientôt dans le même établissement qu'eux.
- Paul, à quoi tu penses ? chuchota t-elle.
Le regard qu'il lui adressa représenta sans conteste le dégoût dû à la rechute de son frère.
- Il m'avait juré de ne plus se droguer et il a recommencé. Putain ! Il me l'avait juré... et jamais de sa vie Jerry n'avait trahi sa parole. Regarde ce qu'il t'a fait, chérie !
Ne sachant plus quoi dire étant donné qu'elle savait que les rapports des deux frères allaient dépérir, Alissa se contenta de lui caresser la main en expirant. Mais sentant que la main de Paul commençait à trembler de rage contre la sienne, elle la lui serra et ils purent ainsi se soutenir mutuellement.
- À son arrivée, je lui défonce le crâne.
- Doyle !
Il tiqua à cette appellation qui n'arrivait en général que lorsqu'elle lui en voulait. Malgré sa faiblesse et sa fatigue, il avait bien senti que sa petite amie cherchait uniquement à empêcher un autre drame. La rage grondait en lui mais il savait pourtant qu'il lui faudrait se maîtriser pour Alissa.
- Inutile de suivre la même pente, d'accord ? Ça ne réglerait rien.
- Ne le prends pas mal mais c'est pour toi que ferai ça, parce que j'ai bien l'intention de lui en mettre plein la gueule. Je ne veux aucune clémence de ta part juste parce qu'il s'agit de mon frère.
- Je t'aime comme tu es, tu n'as pas besoin de chercher la vengeance. Et si vraiment il le fallait, c'est moi qui irais directement castrer ton frère.
Lorsqu'il afficha un sourire triste car il connaissait la détermination dont Alissa pouvait parfois faire preuve, elle attira son visage pour l'embrasser doucement.
- Alors comment se retenir quand on a envie de fracasser son propre frère ? demanda t-il, désespéré.
En panne d'arguments, la jeune femme allait soupirer mais le policier lui facilita les choses en intervenant.
- Je comprends votre frustration, Paul, mais c'est un hôpital ici.
Ils se tournèrent vers celui qui avait raccroché après avoir entendu ses derniers mots.
- Tous ces gens autour de vous ont besoin de repos. Écartez votre rancœur et montrez plutôt que vous valez mieux que lui. C'est auprès de mademoiselle White-Gluz que vous devez être en ce moment et pas dans une cellule pour tentative de meurtre.
Le conflit intérieur sembla aussi tumultueux pour Paul que les difficultés qu'Alissa avait éprouvées pour sortir de sa carapace après le viol.
- Il a raison, évite de craquer. Je sais que tu n'as pas envie de faire ça à ton frère. Laisse d'abord la police ou les médecins nous dire ce qu'il avait pris comme saloperie pour devenir comme ça. Ce n'est pas comme s'il avait été sobre... là, je t'aurai laissé faire.
- Jerry a choisi de se droguer alors pour moi, c'est comme s'il avait aussi choisi de te faire du mal.
- Moi je suis sûre qu'il a agi sur l'instant.
Alors que Watters proposa de leur laisser de l'intimité, Paul observa sa tenue et sa démarche mais ne put s'empêcher de lui demander :
- Vous pouvez me dire comment vous arrivez à rester calme en faisant ce métier ? Je veux dire, dans des circonstances pareilles... et puis même en dehors, vous devez en voir des saloperies !
Bien que peu surpris par cette question couramment posée aux représentants de l'ordre, l'inspecteur sourit en se retournant vers eux. Les sourcils haussés, il s'adossa au mur.
- Il le faut. Ça permet de garder le moral et surtout, ça évite des sautes d'humeur que ma femme et mes enfants n'ont pas à subir quand je rentre chez moi. Après, il est vrai qu'on est pas tous comme ça. Certains ont la matraque facile, se laissent facilement aller et donnent une image chaotique de la police. Mais je n'ai pas toujours été aussi sage, vous savez ? Réfléchir, prendre sur soi, savoir comment remonter le moral... ça prend énormément de temps mais c'est une question de volonté. Il faut juste se dire que tout ce monde n'est pas entièrement moche. Dans ma jeunesse, j'ai eu de très bons professeurs. Les écouter me permettait de me défouler mentalement, et de canaliser toute la colère qui voulait sortir. Parce que j'étais du genre rebelle... mais ils ont été là pour moi et dès que je le pouvais, j'allais les voir. J'ai même leur griffe gravée sur le corps.
Voyant leurs airs interrogatifs, son sourire s'élargit et alors que Paul fronça un peu les sourcils, Alissa demanda gentiment :
- Vous avez grandi dans une secte ? Avec des hippies ? Juste par hasard...
- Non, mieux ! Dans un milieu franc et expressif où les gens ne se laissent pas piétiner.
Watters sembla légèrement intimidé, mais il ouvrit son manteau et souleva son pull ainsi que toute autre couche de tissus au-dessous... pour découvrir un énorme tatouage qui étonna grandement les deux autres. En effet, le nom des "Misfits" trônait fièrement sur des abdominaux très prononcés qui passaient vraiment inaperçus sous sa tenue. Alors qu'il réajustait ses vêtements, l'inspecteur afficha un sourire.
- J'ai aussi le Crimson Ghost sur la fesse droite, mais je ne vais pas l'exhiber. Vous comprenez maintenant ?
La taille des yeux du couple avait doublé sous la stupéfaction, rieurs tout à coup. Alors que Paul encaissait encore cette révélation, Watters les surprit une fois de plus en leur faisant le signe des cornes avant de se décider à quitter la chambre. Ils avaient hérité d'un fan devenu policier, mais toujours aussi fan.
- Eh ben on ne voit pas ça tous les jours ! s'exclama Alissa.
Dans le couloir, Watters venait à peine de refermer la porte que Glenn et Michael se levèrent en catastrophe du banc pour se précipiter vers lui. Ils avaient aussi été informés pour Jerry et son overdose mais lorsqu'ils apprirent qu'il en était de même pour Paul, ils craignirent le pire. Tout ce qu'ils demandèrent, ce fut d'avoir le droit de parler à Jerry lorsqu'il serait réveillé. Alors que Watters commença à trouver leur comportement trop étrange vis-à-vis d'un homme coupable de viol et d'agression, les amis s'en rendirent compte. Plutôt que de se faire accuser de le couvrir juste par amitié, ils se regardèrent et hochèrent la tête.
- Écoutez, il n'avait plus aucune raison de se droguer jusqu'à maintenant alors si nous on lui demande, peut-être qu'il nous dira ce qui est arrivé avant l'attaque.
Bien que c'était contre les règles de la police, Watters se sentit obligé de faire une exception pour eux.
- Je veux bien mais à quelques conditions.
Les deux hommes furent plus attentifs que jamais.
- Il sera surveillé par au moins un agent qui restera dans un coin de la pièce, il n'aura pas le droit de rester seul.
Dès qu'il se fut assuré de l'acceptation de cette règle par les chanteurs, il continua.
- Ensuite... je dois vraiment vous dire que je vais piétiner sur cette enquête si je n'ai pas au moins un élément pour calmer les tensions. Vous m'avez tous dit qu'il ne se droguait plus, mais là c'est arrivé. Et ce même soir, il abuse de la petite amie de son frère avec qui il s'entend parfaitement. Lui est-il déjà arrivé de se comporter de façon obscène avec une femme à l'époque où il se droguait ?
- Quand j'ai connu Jerry, il n'y touchait déjà plus ! avoua Michael.
- On a commencé la came ensemble et on l'a aidé à en sortir plus tard que nous. Jamais de la vie il ne s'est comporté comme un bourrin en se droguant. Il était surexcité et bondissait dans tous les sens comme un animal qui joue. Mais Jerry a toujours été un gentleman avec les femmes, même celles qui ne l'aimaient pas. Il dit qu'il vaut mieux continuer d'énerver quelqu'un, que c'est la meilleure façon de lui renvoyer la balle sans faire de vagues.
Watters ne pouvait pas se vanter d'avoir eu la chance de les connaître comme des membres de sa famille, mais il les avait suffisamment observés dans sa vie. Il les avait vus en concerts dans diverses villes, lors d'événements organisés, et il les avait même vus lors de leurs passages télévisés sur les rings de la WWE alors qu'il n'avait jamais aimé le catch. Ils étaient son monde et avaient forgé sa jeunesse et son mental. Alors il voulait à tout prix que chaque pilier reste debout. Il savait qu'en cas de plainte ou de refus de plainte, Jerry n'échapperait pas à une peine de prison ou même une sanction allégée. Mais intérieurement, lui aussi voulait qu'il en soit autrement et que les choses se terminent sans effusion de sang avec son frère. Ce qui menaçait d'exploser une fois le cas "réglé", d'autant plus que Gerald risquerait d'être traîné dans la boue par la presse si une personne dans son entourage venait à parler.
- On doit vous le dire maintenant.
Nerveux, Glenn regarda son ami et ils s'encouragèrent mutuellement d'un petit coup à l'épaule. Ce fut Danzig qui parla tout en encourageant l'inspecteur à s'éloigner de la chambre. Ce dernier espéra un détail lui permettant enfin de changer la donne avec les Caiafa.
- Paul n'en sait rien, mais Jerry est fou amoureux d'Alissa depuis longtemps.
Dubitatif, Watters regarda Michale qui hocha la tête. Si cela allait changer les choses, ce serait loin d'être en bien pour l'aîné.
- On ne sais pas le pourquoi du comment mais avant que vous n'en reparliez... non, il ne la connaît vraiment pas. On ne vous a pas menti sur ça et Paul non plus.
Secoué par cette information qui n'allait pas l'aider à calmer la tension entre les deux frères, Watters expira brusquement.
- Comment pouvez-vous en être sûrs ? Il vous en a parlé ? chercha l'inspecteur.
Il eut la malchance de les voir se renfermer à ce moment-là. Les hommes auraient du se douter qu'en tant que policier, il demanderait chaque détail afin d'avoir autant de certitudes que possible.
- C'est vraiment important ?
- Michale, on ne peut plus reculer. C'est toi qui m'en as parlé le jour où tu l'as su alors tu dois lui dire.
- Parce que j'avais peur de le garder pour moi et d'être le seul à savoir.
- Et j'ai su garder le silence mais là, c'est un cas de force majeure. Regarde ce qu'il a fait ce soir. Ce n'est peut-être pas de sa faute ! Il s'est drogué apparemment, mais jamais il n'aurait voulu ça en étant clean. On doit lui demander depuis quand il s'y est remis et qui le fournit. Si Jerry a agi comme ça, c'est à cause de ses sentiments pour Alissa et on...
- Quoi ?
Tranchante et tonnante, la voix de Paul avait résonné dans le couloir alors qu'il s'approchait rapidement d'eux.
- Qu'est-ce que t'as dit ?
Regrettant de ne pas avoir surveillé leurs arrières, Glenn et Michael paniquèrent mais Watters les soutint. Il recommanda de nouveau à Paul de rester calme mais cette fois, ce n'était plus la peine de chercher à raisonner le punk. Non seulement son frère avait recommencé à se droguer mais en plus de cela, il avait des vues sur sa copine et deux de ses amis le savaient et lui avaient caché. Assumant, Michale fut franc.
- Jerry est amoureux d'elle, c'est vrai.
Le regard haineux du guitariste ne se fit pas prier.
- Regardez-moi dans les yeux et dites-moi pourquoi je suis le seul à ne pas être au courant ?
- Il n'y a que Michale et moi qui savons.
- Et encore... Jerry ne sait pas que j'en ai parlé à Glenn.
Malheureusement, leur ami n'en crut rien.
- Pourquoi je vous croirais maintenant ? Ça a tourné comme dans une orgie chez les "Misfits". Alors qu'est-ce qui me fait croire que Marky, Dave, Chud ou un autre ne sont pas au courant aussi ?
Cette fois-ci, Michael tapa du pied et le jura sur tout ce qu'il avait.
- Je n'en pouvais plus de savoir ça et de le voir souffrir en silence. Jerry a un garde-meuble en ville, il est discret et il connaît bien le proprio. Une fois, je l'y ai accompagné pour entreposer des affaires pour mon déménagement, mais j'ai fait une connerie qui m'a tout révélé. J'ai juste ouvert un petit tiroir quand il s'est éloigné, mais il n'y avait que des photos d'elle dedans. Des photos d'Alissa, toutes prises à son insu et tu es sur quelques unes. Pas des photos de pervers, plutôt des photos discrètes prises en public avec un téléphone. Je ne l'ai pas entendu revenir mais quand il m'a vu, il m'a plaqué au mur et il a menacé de me cogner. Il paniquait à mort alors je lui ai promis de ne rien te dire. Depuis que je sais, ton frère se croit surveillé et il se sent encore plus mal. Il est devenu parano mais il ne l'a pas choisi. Il l'aime mais il n'a pas voulu ça.
- C'EST ARRIVÉ ! hurla Paul.
À cet instant, même Watters n'osa plus intervenir mais certains membres du personnel de l'hôpital commencèrent à tourner la tête vers eux. S'il continuait, la sécurité allait de nouveau le mettre dehors. Paul serra les dents jusqu'à ce que sa mâchoire ne se mette à trembler, puis il serra les poings qui en firent autant. Se retenant d'avoir des mouvements de recul face à lui, ses amis baissèrent les yeux et attendirent avec silence qu'il ne se calme tout seul. Il y parvint avec difficulté puis alla s'adosser au mur derrière avant de se laisser glisser au sol.
Alors qu'il avait le regard fixé sur le carrelage, il demanda :
- Comment on peut être amoureux de quelqu'un alors qu'on ne lui a presque pas parlé dans la vie ?
- Toute la complexité de l'humain, Paul. Une seule image peut parfois suffire à hanter une personne.
Ces mots de l'inspecteur s'avérèrent apaisants pour l'humeur du guitariste et il repensa à son premier regard à lui posé sur Alissa. Il ne l'avait jamais oublié non plus et en ce sens, il pouvait comprendre ce que Jerry avait du ressentir. S'asseyant au sol à côté de lui, Graves lui extirpa le reste de sa pensée de la tête.
- Jerry t'aime énormément alors il respecte ta vie privée. Il a du tellement essayer d'oublier Alissa qu'il a fini par l'aimer encore plus. Mais en s'éloignant d'elle, il s'éloignait de toi aussi, c'est pour ça que tu n'as rien vu. Ça fait pas mal d'années que tu es avec elle alors autant de frustration et de retenue, ça peut faire exploser avec la drogue. Il y a forcément eu un déclic.
- Ce déclic, c'est la drogue. Jerry avait arrêté il y a presque vingt ans maintenant. Pourquoi il a recommencé ? grogna Paul.
- Ce qui est sûr, c'est que ce n'est pas par plaisir. On va le forcer à cracher le morceau à son réveil ! lui assura Glenn.
- Ah ça... pas question que je m'en charge. Surveillez-le avant que je ne l'enterre. La dernière chose que je veux, c'est lui parler gentiment.
- Inspecteur, l'ambulance est en bas. On a prévenu mademoiselle Connelly, elle vous attend près de l'accueil.
La voix de l'officière dans la radio venait de "réveiller" le quatuor. Mais alors que Paul aurait voulu se relever pour courir à l'extérieur, il n'en trouva ni l'énergie ni la volonté. Il fixa la radio plusieurs secondes puis pensa à rejoindre celle qu'il aimait sans avoir à croiser son frère. Il ne voulait qu'une chose : la faire sortir d'ici et la ramener chez eux.
- Inspecteur ?
- Oui ! Merci Farmer, j'arrive ! dit Watters dans sa radio.
Puis il salua les trois hommes de la tête avant de partir. Paul se releva après qu'il n'eut disparu mais alors que ses amis crurent qu'il allait le suivre, il retourna vers la chambre d'Alissa à l'opposé. De loin, Michael se releva également puis demanda assez fort :
- Tu nous diras si elle veut bien qu'on lui rende visite demain ?
Il sourit en entendant une réponse positive, puis ils décidèrent d'attendre quelques minutes. Ils n'auraient pas l'autorisation de voir le bassiste immédiatement étant donné son état, mais il évoqua Renée à Glenn. Peut-être aurait-elle éventuellement des choses à leur dire ? En effet, la drogue pouvant faire perdre partiellement la mémoire, Jerry aurait des chances d'avoir des trous à son réveil, feints ou non.
ooOOoo
Au rez-de-chaussée, Watters regarda attentivement ses hommes escorter les secouristes. Faisant appel au premier car les autres seraient assez nombreux, il lui demanda :
- Il n'a rien dit à propos de l'agression, Lucas ?
- Rien du tout. Après l'avoir stabilisé, les ambulanciers lui ont administré un sédatif pour éviter qu'il ne se fasse du mal. Ils vont le mettre dans une chambre du sixième étage, il est désert alors personne n'ira. Et j'ai prévenu tout le monde, aucun uniforme pour ne pas attirer l'attention.
- C'est parfait ! accepta Watters.
Ils regardèrent passer les représentants de la loi en civil escortant le brancard en route vers l'ascenseur.
- Monsieur Watters ?
Les policiers se tournèrent vers un homme en blouse. Il était de taille moyenne et semblait âgé, mais en forme et à l'expression sérieuse. Ce dernier vint leur tendre la main et se présenta dans les formes.
- Docteur Olaf Sanders, je suis le directeur de cet établissement.
Lui serrant la main, les deux hommes firent de même sans préciser leur fonction à cause des patients autour. Sécurité oblige ! De toute façon, le docteur le savait déjà.
- Enchanté docteur !
- Bonjour ! répondit Lucas.
Jetant un œil à l'attroupement qui se divisa en deux afin de prendre l'ascenseur, le directeur vérifia autour d'eux avant de parler.
- Je tiens à vous dire que tous mes chefs de services, y compris les ambulanciers, ont été avertis de la présence de deux personnalités. Je leur ai dit de faire passer le mot, mais qu'il ne fallait surtout pas qu'une seule information filtre. J'applique la tolérance zéro pour ça. Si une personne de mon établissement parle, elle perdra son emploi et elle le sait. Je suis strict là-dessus, ce n'est pas la première fois que ça arrive. Je refuse que cet hôpital attire une meute de journalistes, nous ne travaillons pas pour passer à la télé. Madame Mendez ici présente le sait également et j'ai toujours pu compter sur elle.
Il leur désigna la préposée à l'admission assise derrière eux, que les policiers saluèrent. Celle-ci les regarda tranquillement en hochant la tête et le directeur les assura de son professionnalisme.
- Et si un seul journaliste se pointe ? l'interrogea Watters.
- Il ne s'est absolument rien passé et il ou elle a été faussement informé ! répondit sans détour la préposée.
Croisant les bras, le directeur dit fièrement :
- Jamais elle n'a laissé un fouineur pénétrer ici, elle est bien plus dissuasive que les agents de sécurité.
- J'en suis ravi alors. Eh bien je vais aller parler à une certaine personne et vous, Lucas, vous pouvez aller finir votre service comme vous portez encore l'uniforme. Merci encore pour le travail de cette nuit.
- C'est normal. Au revoir messieurs !
Alors que le jeune homme disparut par la grande porte, Watters alla interpeller une femme de la deuxième partie de la sécurité.
- Gabrielle ! Que les agents qui veillent sur lui et sur mademoiselle se relaient de temps en temps, ça vous évitera de tous rester cloîtrés à un seul étage.
- Bien !
Moins d'une heure plus tard, les équipes étaient formées pour surveiller Alissa comme Jerry, et rien ne semblait avait troublé l'ambiance habituelle de l'hôpital. Pour Alissa, les agents gardaient leurs distances et ne firent que passer afin de savoir si tout allait bien. Le reste du temps, ils s'occupaient comme ils pouvaient dans les couloirs et discutaient avec le personnel soignant. Quant au bassiste, il fut plus largement surveillé. Deux agents avec lui dans la chambre et deux autres en train de longer le couloir vide. Ce fait ne les empêcha pas de commencer à souffler d'ennui en réclamant une cigarette. En dehors de ça, personne ne savait rien et aucune complication ne se présentait. Pour finir, Watters n'avait rien pu apprendre de nouveau de la part de Renée, uniquement les suppositions qu'il tenait de ses officiers. Jerry s'était bel et bien confié à Renée après avoir débarqué chez elle comme un fou, puis elle avait appelé les secours tellement elle prévoyait l'overdose. Malheureusement pour elle, un agent la refoulait depuis au moins dix minutes alors qu'elle réclamait le droit de rester auprès de l'homme qu'elle aimait.
Énervée au plus haut point, elle démontra à l'agent son impatience en n'hésitant pas à hausser le ton. Elle avait été avertie des conditions de garde de Jerry et Alyssa, donc elle évita les prénoms et les mentions "policières" telles que les grades ou les accusations.
- Il a besoin de moi, je dois rester près de lui. C'est mon homme, j'ai le droit de le voir.
- Cet homme est considéré comme dangereux, il est sous haute sécurité et interdit de visite. Il vous faut une autorisation de mon supérieur et je ne sais pas où il est pour le moment. Il doit être en train de parler avec le directeur.
- Et vous ne pouvez pas l'appeler ?
Nerveux d'interrompre ainsi son chef dans son travail, l'agent alla dans un coin pour cacher sa radio et pouvoir joindre Watters. Renée le regarda de loin, remuant sans cesse les jambes sans détourner les yeux. Malgré son empressement, la situation s'éternisa et elle prit peur en voyant l'officier froncer les sourcils. "Ne me refusez pas ça" pensa t-elle, au bord des larmes. Une minute plus tard, il revint vers elle.
- Vous allez pouvoir y aller.
- Oh merci, mille mercis !
- Pas de quoi, mais il faudra limiter les accès au sixième étage y compris les allers-retours intempestifs. Votre ami restera ici jusqu'à ce qu'on l'emmène au poste, mais il en a pour un ou deux jours avant d'être correctement rétabli. Alors s'il le faut, allez prendre quelques affaires chez vous et vous pourrez dormir dans le lit voisin, il est dans une chambre à deux lits.
Bien que réticente à l'idée de dormir dans une pièce surveillée par des policiers, Renée laissa de côté sa haine de la police et accepta pour Jerry.
- Renée ?
Se tournant, elle aperçut Danzig et Graves qui se dirigeaient vers elle. Soulagée de les voir, Renée les serra dans ses bras puis répéta ce qu'avait dit le policier. Sachant qu'ils ne pourraient pas tous dormir à l'hôpital, Glenn proposa que lui et Michael rentrent chez eux tout en demandant à être prévenus au réveil de leur ami. Quant à Renée, elle décida de retourner à son domicile pour chercher quelques affaires que Jerry avait laissées. Le policier accepta mais avant que chacun ne reparte dans sa propre direction, Renée ne put s'empêcher de demander des nouvelles d'Alissa. Compatissante vis-à-vis de ce que la chanteuse avait subi, elle se doutait que l'état de Jerry cachait quelque chose.
- On reviendra tous à son réveil ! assura Graves.
- Et tu crois qu'elle accepterait de me parler ? Alissa ! demanda t-elle.
- Elle n'a rien contre toi, elle t'a toujours appréciée alors je pense que tu pourras. Il faudra quand même demander à Paul quand il sera calmé parce qu'il est enragé contre son frère là.
Compréhensive, leur amie les salua de nouveau avant que chacun ne reparte. Sachant qu'elle devait aller chercher des affaires et revenir ensuite, elle ne perdit pas de temps.
Dans la chambre d'Alissa, cette dernière peinait à faire entendre raison à son compagnon afin qu'il rentre chez eux mais Paul était borné.
- Paul, je ne risque plus rien. Et puis il faut garder la maison, tu as dit qu'elle était ouverte et les flics vont bien finir par repartir. Jerry a été arrêté et il ne sera plus shooté à son réveil, il redeviendra comme avant.
- Plus rien ne sera comme avant ! trancha Paul.
Cette fois, la chanteuse fut d'accord sur ce point mais elle ignorait qu'il avait encore des choses à lui dire. Il se devait d'être honnête avec elle et il décida de ne pas lui cacher ce qu'il venait d'apprendre.
- Tu dois savoir ce qui est arrivé et surtout pourquoi. Michale et Glenn étaient déjà au courant de quelque chose que j'ignorais. Je ne l'ai jamais remarqué et j'en ai honte, je te demande pardon...
Alors qu'il s'était arrêté en plein élan en se perdant dans ses cheveux bleus, Alissa lui prit la main.
- C'est quoi ? Dis-moi !
- Je n'en savais rien, je te le jure.
Elle connaissait Paul depuis assez longtemps pour savoir qu'il ressentait de la culpabilité.
- Jerry est apparemment amoureux de toi.
- Quoi ? J'ai du le voir seulement trois ou quatre fois, je le connais à peine. Comment c'est possible ?
- Il a des photos de toi dans un garde-meuble. C'est maladif, ce n'est pas une passade. On pense qu'il t'évitait pour ne pas se faire griller, mais je te jure sur ma vie qu'il n'aurait jamais agi comme ça s'il n'avait pas été drogué.
À sa grande surprise, il ne constata ni choc ni colère sur son visage.
- Je sais bien mon bébé, on ne fait pas ça à une personne qu'on aime si on est dans son état normal. Même si tu m'as dit que ton frère n'avait aucun état normal. En plus, il a une réputation à laquelle on n'échappe pas même sans le connaître. Je me suis amusée à lire des anecdotes sur toi quand on s'est mis ensemble. Alors c'était difficile de ne pas voir d'énormes pavés qui concernaient ton frère dans ces moments-là.
Après un long moment de silence comblé par des caresses et des baisers, Paul décida de rentrer chez eux. Mais alors que la jeune femme sourit à ces mots, il ricana en précisant que ce serait uniquement pour lui prendre des affaires et revenir. En plus de cela, il pourrait verrouiller la porte du garage et les agents partiraient enfin. Même s'il n'en avait pas le droit, il resterait là et dormirait sur la chaise près d'elle. C'était sa décision et lorsque Paul Caiafa décidait d'une chose, il ne faisait jamais marche arrière. Il s'exécuta donc et sur son chemin, il croisa l'inspecteur Watters. Il n'en montra rien mais Paul aurait juré qu'il avait attendu à Saint-Andrews rien que pour être sûr que tout se déroule bien au niveau familial.
Choisir des vêtements et produits pour Alissa s'avéra laborieux. Il pensa au nettoyage des cheveux, du corps et du visage alors qu'il savait qu'Alissa préférerait prendre une douche complète une fois rentrée à la maison. Il dut ensuite chercher des vêtements qui ne lui colleraient pas à la peau à cause de ses douleurs. Cette tâche accomplie, il dut faire face au pire : le nettoyage du garage. Déjà, y remettre un pied lui rappela son absence pendant que sa copine avait eu besoin de lui. Tremblant de rage lorsque son regard se posa sur une trace de sang, ses lèvres tremblèrent et il imagina le coup de poing reçu par Alissa. Il prit ce qu'il fallait dans un casier près de son établi, puis nettoya chaque trace de sang et de sperme qu'il put trouver. "Je n'en reviens pas de devoir nettoyer ça venant de mon frère. Jerry, tu... " pensa t-il avant de relever la tête pour regarder ailleurs. Il remarqua à cet instant une lumière rouge qui brillait sur le bureau près de la moto.
- Non ! s'exclama t-il.
Les yeux exorbités, il réalisa que leur tentative pour trouver le défaut sur sa moto avait été enregistrée par Alissa. Parlant pour lui-même, il se releva pour s'approcher à toute vitesse de la caméra.
- T'as tout enregistré ma puce ! Pourquoi tu ne m'as rien dit ?
Leur caméra filmait encore et avait une autonomie de vingt-quatre heures, il y avait donc des chances qu'elle ait filmé l'arrivée de son frère et ce qui avait suivi. Bien qu'il n'en avait aucune envie, Paul voulait la vérité. Chaque détail concernant les atteintes sur Alissa, son calvaire, le comportement étrange de son frère... Pourtant, il ne voulait pas la voir souffrir, de même qu'il ne voulait pas voir son frère se comporter comme un monstre. Alors il remit ça à plus tard, préférant attendre d'avoir tout son temps et tout en sachant que sa petite amie serait ici et en sécurité. Avant toute chose, Alissa.
Il retourna à l'hôpital sans cesser de regarder l'heure sur son tableau de bord. À plusieurs reprises, il bâilla et ferma les yeux au volant. Il manqua également de faucher une voiture garée. Le stress et l'épuisement lui jouaient des tours et il souffla de soulagement en arrivant. Attrapant le sac d'affaires, il retourna à l'accueil pour signaler sa présence et bien que la préposée Mendez sembla réticente, elle ne put que lui faire confiance. Étant le petit ami, il avait le privilège de la voir plus et elle préféra éviter de le renvoyer chez lui à une telle heure alors que ses yeux étaient à moitié fermés.
Une fois dans la chambre, il alluma et sourit en constatant que sa copine dormait paisiblement. Il posa doucement ses affaires à côté de la porte puis alla approcher le fauteuil du lit de façon à pouvoir se poser auprès d'elle le plus possible pour dormir, même assis. Il alla d'abord se déchausser puis ré-éteignit la lumière avant d'aller dormir. Malgré l'inconfort dû à sa position, il ne tarda pas à fermer les yeux.
ooOOoo
Le lendemain, Paul fut le dernier à se réveiller. La cause : le petit-déjeuner d'Alissa ainsi que des draps propres apportés par deux infirmières pourtant silencieuses. Bien que surprises de constater qu'un visiteur se trouvait là bien avant les heures autorisées, elles ne purent que constater que grâce à sa présence, la victime avait retrouvé le sourire. En effet, voir Paul à côté d'elle à son réveil lui avait apporté une grande sérénité car cela lui rappelait tous ces matins où elle se réveillait à ses côtés, chez eux. Elle avait besoin de sa présence et à cause de ce qu'elle avait subi, aucune des infirmières n'osa s'opposer à la présence de Paul.
Alors qu'il prenait à peine conscience du matin, l'infirmière au nom de Bowman se pencha sur Alissa en lui tendant son plateau :
- Vous en avez de la chance. Ce n'est pas mon mari qui aurait fait ça pour moi, il aurait préféré le confort d'un lit.
Regardant tendrement son amant, Alissa se redressa pour mieux manger et prit le visage de Paul par le dessous.
- Oui, c'est vrai que j'ai de la chance.
Après avoir bâillé, ce dernier demanda faiblement :
- Alors ma belle ?
Faisant toujours preuve de pudeur en public, il se retint d'embrasser Alissa mais lui passa un bras derrière le dos le temps de se réveiller correctement. Remerciant la seconde infirmière lorsqu'elle proposa de lui apporter un café, il se massa ensuite le dos à cause de la douleur due à sa position d'endormissement.
- Ne vous en faites pas. Si tout va bien, vous pourrez la ramener aujourd'hui.
Ces mots leur remontèrent le moral à tous les deux et ils se regardèrent en souriant.
- Si encore son frère était comme lui... J'ai entendu dire qu'il vient de causer des problèmes au dernier étage.
Relevant trop vite la tête, le guitariste s'enquit :
- Quels problèmes ?
- On n'en sait rien. C'est arrivé pendant le changement d'équipe alors comme ça fait trop de mouvements vers cet étage, on n'a pas le droit d'y aller. C'est le docteur Hanson qui gère les autorisations et c'est déjà une femme sévère... alors vu que le directeur lui a donné tous les droits, il ne vaut mieux pas la provoquer.
La remerciant tout de même, ils la regardèrent sortir mais Paul réalisa avoir oublié un détail.
- Au fait, Glenn et Michale étaient là hier. Ils voulaient te voir à ton rétablissement mais pas sans ton accord, j'ai oublié de te le dire.
- Ça me fera toujours plaisir de les voir.
- Ah ! Bonne nouvelle pour eux.
Souriant, il envoya rapidement un message avant de constater que leurs réponses furent quasiment instantanées. Ils seraient là à la première heure de visite. Profitant maintenant de se retrouver enfin seul avec elle, Paul se redressa et s'assit sur le bord du lit pour être à sa hauteur. Alissa posa son front contre le sien et lorsque Paul déposa un chaste baiser sur ses lèvres, elle se rendit compte qu'il avait peur de lui faire à cause du coup.
- Ne t'en fais pas, je sens moins la douleur à ma bouche. Je sens même que j'ai un peu dégonflé.
Caiafa l'approuva après l'avoir observée mais involontairement, il repensa à son frère.
- C'est surtout entre les jambes que la douleur est encore vive, il a vraiment été violent la première fois.
Sentant son esprit perdre en sérénité, il baissa la tête.
- Je ne comprends toujours pas comment la drogue a pu le faire agir comme ça. Quand un homme est amoureux d'une femme, il laisse jouer la patience...
- Moi, je t'ai déjà toi ! Et la drogue n'a peut-être rien à voir là-dedans. Il faut retrouver celui qui lui a vendu cette merde et pour ça, tu vas devoir lui parler.
Son compagnon refusa.
- Pas question, je laisserai faire les autres.
- Tu comptes lui tourner le dos ? Je ne veux pas le défendre mais en tant qu'homme qui a commis un crime sans le vouloir, il sait qu'il va tout perdre là. Que tu le veuilles ou non, je sais que tu l'aimes. Tu m'as toujours dit du bien de lui et même moi, je regrettais de ne pas l'avoir connu plus que ça.
- Eh ben maintenant, tu dois le regretter !
Regrettant sa froideur à ces mots, il chercha à faire marche arrière.
- Ce qui me fait peur, ce sont les regards que les gens auront sur moi si je continue à voir l'homme qui a violé la femme que j'aime.
- Ça, c'est nous trois que ça regardera. D'ailleurs j'ai entendu un bruit selon lequel personne ne doit être au courant. Déjà que Michale et Glenn l'ont appris je ne sais pas comment...
- C'est de ma faute. Quand j'ai appris pour ton agression et qu'on m'a refusé l'entrée à l'hôpital, il me fallait un peu de soutien. Mais ils savent qu'il ne faut rien dire à personne.
Voyant son air révolté à propos du refus, Paul dut expliquer qu'à ce propos, il avait un distributeur à rembourser. Le serrant contre lui, elle l'embrassa ensuite avec amour et sans s'occuper de sa douleur. Ils gardèrent ce rythme et sans y aller plus fort jusqu'à ce qu'un raffut ne tonne dans le couloir. Tournant la tête vers la porte, les amants froncèrent les sourcils. Énervé, Paul conseilla à Alissa de ne pas bouger pendant qu'il allait voir. Alors qu'il ouvrit la porte, il trouva un homme plaqué au mur par deux agents de sécurité. Il venait apparemment de se disputer avec son épouse pour une histoire d'adultère, mais le guitariste fut soulagé de ne plus être aux prises avec ces deux gardiens comme la veille. Il ne retourna dans sa chambre qu'une fois le calme revenu.
- Sache que si tu viens à me tromper un jour, c'est moi qui te plaque au mur ! menaça Alissa avec un clin d'œil.
- Je m'en souviendrai ! dit Paul en riant.
Il insista ensuite pour qu'elle prenne son petit-déjeuner dans le calme et lui alluma la télévision. Bien qu'il n'y eut rien d'autre que des programmes d'achats ou des dessins animés, il laissa allumé pour avoir un fond d'ambiance. L'heure passa très vite et alors que Paul s'étonna que leurs amis ne soient finalement pas là, il entendit de nouveau du bruit dans le couloir. Soufflant, Alissa demanda :
- Il l'a trompée combien de fois, sa femme ?
Alors que Paul rigola, une infirmière arriva en trombe et regarda dans la pièce sous leurs regards ébahis.
- Il n'est pas là, Dieu merci.
- Qui ? demandèrent-ils à l'unisson.
Malgré le soulagement qu'elle afficha, ils se demandèrent où était le problème.
- Monsieur Gerald Caiafa n'est plus dans sa chambre.
- Pardon ?
Alors que Paul se mit à trembler de colère à la fois contre la police et son frère, Alissa ressentit des frissons de peur. Ce fut à cet instant que Glenn et Michale arrivèrent et bien qu'ils affichèrent leur joie de voir Alissa rétablie, ils avaient apparemment aussi entendu parler de la fuite car ils étaient arrivés en même temps que tout se disait.
- Il a du observer les rondes depuis son réveil et il en a profité.
- Attendez ! Vous disiez qu'il a déjà causé des problèmes il y a une heure et là ils l'ont carrément laissé s'enfuir ?
- Il causait des problèmes ? demanda Glenn.
- C'est quoi ces flicaillons ? grogna Michale.
Saluant leur camarade en plus d'Alissa, le guitariste hocha les épaules.
- Je ne sais pas ce qu'il a pris comme came, mais c'est franchement grave parce qu'il en a encore dans le sang.
À cet instant, une femme entra dans la chambre. Elle avait les cheveux soigneusement attachés et un air supérieur malgré son devoir médical. Le nom sur sa blouse leur sauta aux yeux : Hanson ! Elle était assignée au sixième étage le temps du "séjour" de Jerry. Selon elle, après avoir repris conscience il y a une heure, il était parvenu à arracher ses sangles en hurlant et avait ravagé la chambre ensuite. Impuissants face à tant de rage, les médecins, seuls à ce moment-là, avaient alerté la sécurité mais l'homme étant complètement désorienté et encore groggy, il avait tenté de poignarder un médecin. Et il y serait parvenu si un des agents ne s'était justement pas trouvé à l'étage du dessous à ce moment-là. Jerry n'avait pu être maîtrisé que par la violence et la force de cinq hommes. Et une heure plus tard, il était parvenu à s'enfuir.
- Juste la sécurité et des médecins ?
Outré, Paul désigna la chambre afin d'en jauger la taille et estima qu'elle pouvait contenir un certain nombre de surveillants. Quant à Glenn, il pesa le pour et le contre mais accusa la police immédiatement.
- Vous êtes en train de dire qu'au moment de l'évasion, aucun flic ne surveillait un homme drogué accusé de viol aggravé ? Et que les médecins ont du se débrouiller ? Pire encore, on dirait qu'ils ne l'ont même pas rattaché.
- Il y avait un seul officier. Mais il a choisi le plus mauvais moment pour se rendre à la machine à café, vous voyez ? Elle est à l'autre bout du couloir et votre frère a attendu qu'il lui tourne le dos discrètement pour passer par l'échelle d'incendie. Mais le bruit de la porte a été trop fort alors il a raté son coup. Il a du penser qu'il ne se réveillerait pas, ou que les sangles suffiraient. Parce que oui monsieur, votre frère a arraché deux paires de sangles. Deux ! Alors pour ça, mon personnel n'est pas responsable. Ses supérieurs vont déjà lui en faire baver, alors on ne va souhaiter de mal à personne et on continue de travailler. La police le cherche partout.
En effet, ils entendirent plusieurs sirènes dans les rues et Michael pesta alors que tout devait soit-disant rester "secret". Lorsqu'un homme en uniforme entra dans la chambre, ils surent qu'il venait directement du commissariat et que les règles avaient changé.
- Ça va, vous débarquez bien ? Ne faites pas attention à nous, on ne voudrait pas vous déranger dans votre boulot ! l'agressa Glenn.
- On m'a mis au parfum, alors je viens vous prévenir. Restez tous ici et nous on le cherchera.
- Ben voyons, pour vous laisser l'abattre comme une merde ?
- C'est ce qu'il est de toute façon, non ?
Glenn dut retenir le plus jeune. Bien qu'elle savait que Paul ressentait de la colère, Alissa avait senti son bras s'endurcir sous sa main.
- Ce qu'il est, c'est uniquement à moi d'en juger.
- On peut vous aider, il peut nous écouter. Même drogué, on pouvait lui parler avant. Mais s'il voit un uniforme, il va s'énerver encore plus.
Le policier soupira mais accepta pour repartir du bon pied.
- Brooks, on a repéré le suspect sur le toit. On a besoin de tout le monde.
Sans réfléchir un instant, les chanteurs accompagnèrent le policier jusqu'à l'endroit ciblé alors qu'Alissa analysait les intentions de son petit ami.
à suivre...
