4 ) Sur le pont, au clair de lune...
Le voyage s'annonçait bien. Le vaisseau des étoiles alliait la vitesse à la grâce et filait sous des vents favorables.
Le prince passa la journée dans ses appartements à consulter quelques grimoires et manuscrits retrouvés dans les souterrains du royaume. Ces manuscrits très anciens, environ dix mille ans, se révélaient être des trésors de connaissances pour des esprits avertis. Le prince Rodney était sans conteste le plus compétent pour déchiffrer les textes et en saisir toute la complexité. C'était du moins son avis personnel.
Ils avaient trouvé également de nombreux objets mais curieusement seuls les gens de la lignée des Sheppard et des Beckett possédaient le don magique qui permettait de leur donner quelque vie. Mais finalement ces objets s'avéraient inutiles et de toute façon personne ne comprenait leur utilité.
Le soir venu, le prince se para de ses plus beaux atours et se rendit à la salle des banquets. Le capitaine Sheppard l'y attendait et le mena à sa place.
Le repas, délicieux, fut servi dans de la vaisselle d'or et d'argent et le prince y fit honneur. La conversation était aimable et il se montra plein de verve et de charme.
Le capitaine était de nouveau sous l'emprise de son soupirant. Quand les beaux yeux bleus se posaient sur lui, son cœur s'emballait et lui venait l'inspiration. Il se voyait, ménestrel inspiré, déclamer le plus beau des poèmes, des vers qui parlaient d'amour et de gentilshommes énamourés à son bien-aimé (1). Il fut tiré de sa rêverie par l'objet de ses rêves.
-Capitaine Sheppard, vous siérait-il de faire une promenade sur le pont en ma compagnie ?
-Avec grand plaisir, prince Rodney, répondit le capitaine, manquant de s'étrangler sous l'émotion.
Le pont du bateau, désert, était éclairé par les doux rayons de la lune, une bise légère soulevait les voiles.
Les deux hommes firent quelques pas sur le bateau. Pour une fois, le prince se taisait et ce fut le capitaine qui parla.
-Prince Rodney, S'enhardit-il.
-Oui, capitaine Sheppard, répondit le prince, s'arrêtant et lui faisant face.
-Je..heu, et bien.. bafouilla t'il
Décidemment, il n'arriverait jamais à faire sa déclaration ! A ce momentla mer secourable vint à la rescousse. Une vague souleva le bateau et le prince, déséquilibré, tomba en avant dans les bras du capitaine (2) qui ne laissapoint passer l'aubaine et l'entoura solidement de ses bras. Le visage du prince était enfoui contre sa poitrine. Il releva lentement la tête. Leurs regards se rencontrèrent et les lèvres du capitaine se rapprochèrent doucement de celles de son bien-aimé.
-Capitaine Sheppard !
Ventrebleu de crénom de dieu de palsambleu ! En voilà un qui tombait bien mal à point !
Le prince se libéra prestement de l'étreinte du capitaine.
-Euh, capitaine Sheppard, je venais m'enquérir si vous aviez encore besoin de mes services pour cette nuit ?
Le capitaine dévisagea son conseiller : La chaise à clous, l'empalement, le garrot… Non, tout cela était encore trop doux. Et pourquoi ne pas rester dans la vieille tradition maritime et le traîner au bout du corde derrière le bateau, un morceau de viande rouge dans les chausses ? Cela ferait un met de choix pour les requins. Son conseiller était encore bien tendre. Ou bien le pendre à la vergue. Il en était là, se demandant si son conseiller servirait de festin aux requins ou aux mouettes quand le prince le héla.
-Capitaine Sheppard, vous m'entendez ?
Le capitaine émergea de ses envies de tortures.
-Euh oui, prince Rodney.
-Je vous souhaite bien le bonsoir, doux chevalier.
Il s'éclipsa dans ses appartements laissant le capitaine furieux et navré.(3)
-Capitaine ?
-Oui, passez une bonne nuit conseiller Aidenn.
Il s'accouda au bastingage et se laissa emporter par ses rêveries.
A suivre…
1)Punaise, je vois bien Sheppard déclamer des vers dans la série!
2)Ben oui, c'est par hasard, juste au bon moment, comme au cinéma.
3) Frustré aussi, certainement.
