12 ) Affrontements
Le bourreau était tout à son labeur, distribuant les coups de fouet avec savoir-faire et célérité.
Il avait certes l'amour du travail bien fait et le chevalier en ressentait les effets.
Au septième coup, il sentit que les lanières avaient accroché quelque obstacle dans son dos. Il se retourna pour constater que ledit obstacle était une main. Fort jolie d'ailleurs.
L'autre main tenait l'épée du chevalier pointée sur la panse du bourreau.
-Princesse Allina !
-Bourreau, si tu ne veux point que tes tripes se répandent au sol, délivre le prisonnier sur l'heure.
-Mais princesse, ce sont les ordres de sa majesté le roi !
-Obtempère ou bien je te transperce, boucher !
-Ah ça que nenni, pas boucher, bourreau ! s'exclama ce dernier heurté dans sa conscience professionnelle. Les bouchers ne sont que des amateurs, il n'ont pas le diplôme alors que nous les vrais bou…
La princesse enfonça légèrement l'épée dans la bedaine et un filet de sang coula de l'appendice ventru.
-Ahhh ! le bourreau, certes moins courageux que ses suppliciés se mit en devoir de détacher les clés qui pendouillaient à sa ceinture et libéra le prisonnier.
-Princesse Allina, soyez à jamais assurée de ma reconnaissance mais pressons-nous. Le prince court un grave danger et nous savons bien qu'il n'est point de force à se défendre devant Kolya.
-Boucher, montre-nous le chemin, intima la princesse.
-Mon pauvre prince, s'inquiéta le chevalier Sheppard, il doit être terrorisé à cette heure !
oooooooooooooooooooooo
Le « pauvre prince », acculé au mur embrassa le roi Kolya tout en laissant sa main courir sous le pourpoint de celui-ci. Puis il fit glisser lascivement son genou entre les jambes du monarque, laissant sa cuisse caresser la bosse qui déformait les chausses du roi.
-Prince Rodney, je ne vous pensais point si entreprenant, gémit Kolya, cherchant une prise où s'agripper.
-C'est parce que vous m'échauffez fort, sire.
-Oh mon prince, haleta le roi, pour un puceau, vous savez éveiller les ardeurs.
-Sire, vous me flattez, j'en suis confus, murmura le prince en insinuant tout de même sa main dans les chausses royales.
-Ooooh prince, je ne saurais plus me retenir très longtemps, gémit le roi en laissant échapper un râle de contentement.
-Alors, faisons vite, souffla Rodney tout en projetant avec force son genou dans les attributs kolyens.
Le roi se statufia sur le coup, la respiration coupée et changea subitement de couleur. Ses joues rougies par l'échauffement étaient pour l'heure pales comme la mort et il s'écroula.
-Je ne donnerai ma vertu qu'à mon chevalier, déclara le prince en se penchant sur l'homme inanimé au sol puis il en profita pour balancer perfidement un coup de pieds dans les attributs royaux déjà fort malmenés.
Il se réajusta et repris la direction de la salle des tortures.
-Rodney !
-John !
Le prince se jeta dans les bras de son chevalier qui l'étreignit avec force.
-Rodney, j'ai tant tremblé pour vous. Mais où est Kolya ?
-Evanoui comme une jouvencelle. Je lui est montré de quel bois je me chauffe !
-Rodney, comme vous êtes devenu téméraire, je ne vous reconnais point là. Mais lors, ne vous mettez plus en péril, je suis là pour vous protéger, déclara fermement le chevalier qui n'entendait point se voir délesté de son rôle.
-A votre gré, John, je m'en remet à vous, répliqua le prince en souriant. Partons.
-Vous ne partirez nulle part sans l'autorisation du roi, déclara le pair Kavanaugh qui venait de surgir d'un couloir. Mais sa majesté n'est point céans ? s'étonna t'il soudain moins fanfaron en jetant quelques regards apeurés autour de lui..
-Vous permettez, John ? s'enquit le prince.
-Mais faites donc, mon cher.
Le prince s'avança fermement sur le traite et l'estourbit d'un royal coup de poing sous le menton.
-Oh, mais ne vous êtes vous point blessé ? s'inquiéta le chevalier tout en couvrant de petits baisers attendris le poing en question.
-Si, un peu, peut-être, gémit le chevalierd'une toute petite voix profitant de l'occasion pour se faire câliner.
-Bon, et bien messires, ne m'en voulez point de m'immiscer dans ces tendres propos mais nous devrions partir derechef, intervint sagement Allina. Embarquons sur le « vaisseau des étoiles ». Le conseiller Aiden y a déjà trouvé refuge.
-Oui, mais et les armes ? Rétorqua le chevalier.
Le prince réfléchit :
-J'ai bien évidemment une idée, mon illustre cerveau ne saurait flancher devant l'adversité. Nous allons nous servir de la poudre et tout faire exploser. Je peux fabriquer une mèche assez longue pour assurer notre fuite sans nous mettre en péril.
-Rodney, vous êtes le plus grand génie de tous les royaumes connus ! s'exclama Allina.
-Je ne le nierai point, cousine.
John leva les yeux au ciel. Si son bien-aimé avait acquis la témérité, il n'avait toujours point fait l'apprentissage de la modestie.
Sitôt arrivé à la salle des armes, Allina et le chevalier se mirent à l'ouvrage, rassemblant les barriques de poudre en son centre, aidés en cela par le bourreau maugréant que ce n'était point là son emploi et qu'il saurait bien se plaindre envers qui de droit.
Le prince, penché sur l'établi fabriquait rapidement une longue mèche avec du fil de chanvre.
Aussitôt terminée, il la lia à un tonneau, ajouta une pincée de poudre sur le nœud et se saisit d'une torche qu'il utilisa pour allumer la mèche.
-Maintenant fuyons mes amis !
-Que nenni, vous ne partirez nulle part ! s'écria une voix caverneuse.
Kolya venait de surgir dans la salle,la démarche plutôt hasardeuse mais son arme à la main.
Le chevalier Sheppard saisit son épée.
-Le moment est venu d'en finir, Kolya. Battez vous si vous n'êtes point couard.
-Maraud, je vais te pourfendre, rugit le roi en se jetant sur le chevalier.
-Pour l'heure, je suis encore debout. Je me suis laissé dire que ce n'était pas le cas pour vous tout à l'heure, le prince vous a donné une leçon et vous auriez eu des vapeurs comme une jouvencelle effarouchée ? rétorqua le chevalier en esquivant.
Le prince en question se jeta sur la petite flamme qui crépitait de bon train le long de la mèche et l'étouffa sous ses pieds.
Les deux hommes étaient des escrimeurs chevronnés et savaient se battre. Mais Kolya, déjà secoué par le traitement que lui avait fait subir le prince commençait à faiblir.
Il se saisit traîtreusement d'un fléau accroché au mur et le lança sur le chevalier (1).
Celui-ci esquiva de nouveau et contrecarra en faisant tournoyer l'épée du roi dans les airs.
-Ramassez là, ordonna le chevalier qui était un homme d'honneur(2) et battez vous.
-Comme vous êtes magnanime, preux chevalier, ironisa le roi en reprenant son épée. Mais préparez-vous sur l'heure à descendre aux enfers.
Il s'élança.
-Le diable vous y attend déjà, rétorqua le chevalier en pourfendant la poitrine de Kolya d'un coup d'épée. Celui-ci s'écroula dans une mare de sang.
-John, s'écria le prince en se jetant à son cou, vous êtes le plus vaillant de tous les chevaliers du royaume !
-Mais maintenant, fuyons avant que des renforts n'arrivent, s'exclama Allina. Cousin, allumez la mèche !
Ils coururent à travers les douves du château, guidés par le bourreau jusqu'au rivage .
Dans la salle des armes, la petite flamme courageuse continua son bonhomme de chemin, grimpa le long du tonneau et rencontra la poudre. La formidable détonation se répercuta à travers tout le château, ébranlant les murs. Le feu qui avait pris dans les souterrains, se propagea, brûlant tout sur son passage. En quelques minutes il ne resta plus rien des armes. Les flammes remontèrent, embrasant les granges, se répandant dans les jardins et atteignirent le château. L'incendie dura toute la nuit.
Sur le pont du « vaisseau des étoiles » le prince et le chevalier contemplaient le brasier. Les rougeoiements de l'incendie reflétaient sur le visage de Rodney quand le chevalier mit un genou à terre devant lui.
-Rodney, mon souhait le plus cher est de passer ma vie à vos côtés pour toujours vous aimer. Me ferez-vous l'immense honneur de m'épouser ?
-John, je vous aime aussi et vous épouser est mon vœu le plus cher.
Le chevalier se releva. Maintenant il pouvait embrasser son prince. Aucun importun ne se profilait à l'horizon. Il enlaça fougueusement son bien-aimé , posa ses lèvres sur les siennes et l'embrassa avec passion.
-Chevalier Sheppard ! cousin Rodney ! s'exclama malicieusement Allina qui venait de surgir sur le pont..
Les deux amoureux ne l'ouïrent point. Elle s'éclipsa silencieusement les laissant s'étreindre sous le ciel étoilé.(3)
A suivre…(1) Dans les films de cape et d'épée, c'est toujours comme ça. Le méchant se saisit traîtreusement d'un fléau, poignard, pot de fleurs etc.. ( Barrez la mention inutile) pour le lancer sur le héros qui se bat à la loyale, lui, bien sur.
(2) Idem, le méchant est toujours désarmé et le héros lui rend son arme afin de le massacrer à la loyale. C'est comme ça aussi.
(3) Ben il était temps, hein ?
