Note de l'Auteur : Bonjour à mes quelques lecteurs. Je remercie ceux qui me suivent et les quelques commentaires que j'ai eu. J'espère que vous prenez toujours plaisir à me lire.

Au fil de mon écriture, je me suis rendu compte que je n'étais pas forcément très bon pour écrire des histoires d'aventures, j'ai plus le sentiment que ma fic traite plutôt de liens entre les personnages.

Honnêtement, je ne sais pas trop où je vais avec, mais je verrais bien où l'inspiration me guidera.

Sur ce, bonne lecture.


Chapitre 15 : Les liens qui nous unissent

Après tous ces évènements, le calme était revenu sur la ville. La dispute entre Thor et Freya s'était réglée, avec un résultat des plus inattendus, forçant la déesse à remettre le nez dans les affaires courantes pour faire en sorte que sa défaite n'écorche pas trop son influence. Cependant, elle devait faire quelque chose de très important malgré tout.

Ce matin-là, Ryuu fut surprise de trouver une lettre dans sa chambre. Qui l'avait mise là ? Certainement pas quelqu'un de la familia de Thor, quelqu'un avait donc profité de l'activité réduite du matin pour la poser sur son lit.

Il n'y avait aucun signe de l'expéditeur sur l'enveloppe, alors elle se résolut à l'ouvrir et découvrir qui voulait lui adresser un message. La lettre était de Syr. Elle n'avait pas vu cette dernière depuis le retour d'Astraea, sa déesse lui avait interdit de retourner à la Fertile Maîtresse tant qu'elle ne vérifiait pas certaines choses d'abord. Et devant le regard suppliant de la déesse, elle avait accepté de lui faire confiance. Elle aimait tous ceux de la taverne, mais Astraea était sa déesse, son lien avec elle était différent.

La lettre de Syr était plutôt courte, elle lui donnait rendez-vous le soir même, au sommet de la vieille église du 7e district, en lui disant que c'était très important. Ce lieu était lourd de sens pour elle. C'était à cet endroit que Syr lui avait vraiment redonné goût à la vie, là où elle lui avait montré que son combat n'avait pas été vain. Un lieu qui n'était qu'à elles deux.


Ryuu hésita longtemps à en parler à Astraea, mais elle voulait tellement revoir Syr qu'elle ne voulait pas risquer d'essuyer un refus. Ce serait plus simple pour elle de se faire simplement engueuler par sa déesse une fois les choses faites.

La belle elfe blonde s'éclipsa de la demeure durant la soirée. Elle était assez discrète pour ça et le seul qui aurait pu remarquer quelque chose, Ekkrit, était encore hospitalisé à l'hôpital de Dian Cecht.

Il ne lui fallut pas beaucoup de temps pour atteindre sa destination. La vieille église était vide, comme d'habitude. À quoi bon entretenir des lieux de cultes ? À une ère où les dieux marchaient parmi les mortels, il n'y avait plus besoin d'en passer par la prière pour s'adresser à eux. Quand elle arriva sur la grande terrasse au sommet, elle avisa une silhouette.

Ryuu !

C'était la voix chantante de Syr, qui exprimait la joie sincère de revoir sa meilleure amie. Au grand étonnement de l'elfe, l'humaine était habillée assez différemment de ce qu'elle connaissait. Elle n'avait ni son uniforme de serveuse ni sa robe blanche, à la place, elle était vêtue d'une étrange cape noire qui masquait complètement son corps. Seulement, elle n'eut pas le temps de plus y réfléchir, car elle lui sauta dans les bras pour une étreinte chaleureuse qu'elle lui rendit. Syr était l'une des rares personnes avec qui Ryuu acceptait les contacts physiques.

Tu m'as tellement manqué !

Moi aussi Syr.

Les deux jeunes femmes se séparèrent et la serveuse aux cheveux cendrés fit deux pas en arrière. Son sourire semblait étrangement triste.

Dis, Ryuu. Tu te souviens de cet endroit ?

Comment pourrais-je l'oublier ? C'est ici que tu m'as permis de comprendre que j'avais une place quelque part.

Je pense toujours ce que je t'ai dit à l'époque. Nous sommes en paix grâce à des gens comme toi et ta déesse et je vous suis reconnaissante.

Je sais.

Cinq ans ont passé depuis. J'avais fini par penser que notre vie à la taverne était éternelle, plus le temps passait, plus il me semblait naturel de t'avoir à mes côtés.

Moi aussi Syr. Le retour de dame Astraea m'a tellement surpris et j'avoue que j'ai encore du mal à tout remettre en place dans ma tête. Mais je ne vous ai pas oublié. Mia, Chloé, Lunoire, Anya et les autres. Ce sont des personnes qui me sont très précieuses. Et toi Syr, tu es ma meilleure amie.

Ryuu fut celle qui prit l'initiative et prit les mains de Syr dans les siennes, lui offrant un de ses rares sourires. Mais Syr perdit vite le sien, avant de lâcher les mains de l'elfe et se reculer un peu.

Oui, moi aussi, j'ai fini par comprendre que tu étais ma meilleure amie. J'ai mis du temps à comprendre que notre lien était précieux. Comme beaucoup, j'ai attendu que tu t'éloignes pour m'en rendre compte. Et comprendre que cette amitié ne peut pas continuer sur un mensonge.

Syr… Quel mensonge ? Qu'est-ce qu'il y a ? Je vois bien que quelque chose te tracasse.

Le mensonge, c'est moi Ryuu. La jeune femme que tu appelles Syr Flova est un mensonge en soi.

Tu veux dire… que ce n'est pas ton vrai nom ? Mais ça, ce n'est pas grave, après tout à la taverne, on a toutes nos…

Syr l'interrompit alors en lui posant un doigt sur les lèvres. Ryuu imaginait tellement de choses. Syr cachait sa véritable identité, était-elle une princesse d'un pays lointain ? La fille d'un criminel puissant ou d'un aventurier célèbre ? Une survivante d'une familia déchue comme celle de Zeus ou Héra ?

C'est plus compliqué que ça et les mots ne suffiront pas. J'ai promis à Astraea que je te montrerais la vérité. Mais Ryuu, quoi que tu découvres, mon amitié pour toi est réelle et sincère.

La pauvre elfe ne comprenait plus rien, elle ne put que regarder son amie reculer, puis, sous la douce lumière de la lune, voir son corps luire légèrement avant de se transformer. À peine quelques secondes plus tard. Ce n'était plus Syr qui était devant elle, mais une forme qu'elle ne pouvait que reconnaitre. De longs cheveux argentés, des yeux d'un mauve pénétrant et un corps à se damner, impossible à ne pas deviner malgré la cape noire dont elle était parée.

Fre… ya ?

Oui Ryuu. Après toutes ses années, je te parle enfin en étant moi-même. Cette fois, plus de mensonges.

Dire de Ryuu qu'elle était choquée était un parfait euphémisme. Elle était bien au-delà de ça. Sa meilleure amie était en réalité la déesse Freya, son esprit allait avoir besoin de temps pour accepter cette information, puis seulement se mettre à la traiter.


Au manoir de Thor, Astraea rentrait dans la chambre de Ryuu. Elle avait frappé à la porte, mais sa protégée ne lui avait pas répondu, aussi, elle était entrée. Personne dans la pièce, la fenêtre ouverte et une lettre sur le lit. Astraea en lut le contenu et vit la signature de Syr. Elle comprit alors que Freya s'était mise en mouvement. Allait-elle respecter la demande de la déesse de la justice ? Cela restait à voir. Mais pour ça, elle ne pouvait rien faire, c'était à Ryuu d'affronter cette réalité. Le lien entre Syr et Ryuu n'appartenait qu'à elles deux.

C'était pour cela qu'elle n'avait rien dit et encore moins à Thor. Sa relation avec Freya était assez tendue comme ça pour qu'elle rajoute de l'huile sur le feu. La déesse prit la seule chaise de la chambre et s'assit dessus, attendant que sa capitaine lui revienne.


Syr est… Freya… Je veux dire… la vraie… Freya ?

Oui, le cerveau de Ryuu était encore en pleins calculs.

Je crois bien être la seule comme moi. Fit la déesse en tentant une petite pointe d'humour.

Je… J'ai besoin de m'assoir. Dit simplement l'elfe dont elle sentait que ses jambes cotonneuses n'arrivaient plus à la porter. Cette dernière se laissa choir contre le mur. Inquiète, Freya avança une main vers elle, mais hésita et se recula.

Je suis désolée Ryuu, j'ai bien conscience que ça doit te faire un choc.

Ce n'est plus un choc à ce niveau-là ! Explosa soudainement l'elfe qui s'était relevé en trombe, visiblement victime d'un tourbillon d'émotions qu'elle n'arrivait plus à gérer. Tu es Freya ! Freya est Syr ! Comment ? Comment je suis supposée…

Je suis désolée, vraiment.

Comment est-ce que je suis censé croire à tout ce qu'il s'est passé ces dernières années ? Cette amitié, mes sentiments. Une minute ! Est-ce que tu m'as…

Non ! répondit la déesse qui comprenait ce qu'elle voulait dire. Je ne t'ai jamais charmé. J'en suis incapable quand je suis Syr.

Mais pourquoi Syr existe ? C'est encore un jeu tordu des dieux ?

Syr est… un moyen de voir le monde. En devenant Syr, je deviens une jeune femme ordinaire, enfin, presque ordinaire, je parle et j'interagis avec les gens un peu plus… normalement. Syr peut aller où Freya ne le peut pas et faire ce que Freya ne peut pas faire. Du moins, pas sans déclencher une émeute. Mais… c'est vrai qu'à l'origine, elle était un moyen de me distraire avant tout.

Ce jour-là dans la ruelle, c'était calculé ?

Non, je t'ai trouvé vraiment par hasard, même si je t'ai tout de suite reconnue.

Pourquoi m'avoir sauvé alors ?

Pour plusieurs raisons. Je mentirais si je disais que le divertissement n'était pas entré en ligne de compte. Mais c'est également vrai que j'étais reconnaissante envers Astraea et le sacrifice de tes sœurs d'armes, te recueillir était une façon de payer une certaine dette. Et aussi par compassion, quand je t'ai vu dans cette ruelle, blessée, le regard vide, mon cœur avait déjà accepté le fait que je ne te laisserais pas là.

Et… Mia ?

Elle le savait depuis le début. Tu sais déjà que c'est mon ancienne capitaine, cela faisait partie des conditions pour la laisser se retirer de la familia. Je finançais en prime son établissement, en échange de quoi, elle acceptait la présence de Syr et recueillerait tous ceux que je lui demanderais de recueillir. Personne d'autre n'est au courant. Ne lui en veut pas s'il-te-plait, c'est moi qui lui aie imposé le silence.

Ryuu resta silencieuse, elle ne savait plus trop quoi penser. Freya semblait sincère dans ses mots, mais le fait qu'elle soit une manipulatrice était bien connu.

De toutes celles que Mia a recueillies à la Fertile Maîtresse, je me suis toujours senti bien plus proche de toi. Pendant un moment, j'ai même cru que c'était toi l'âme sœur que je cherchais. Plusieurs fois, j'ai été tenté de tout te dire, de te faire intégrer ma familia et de tout faire pour laver ton nom. J'ai toujours pris ce que je voulais, mais avec toi, je n'ai jamais pu m'y résoudre, j'aimais beaucoup trop la vie que nous avions, avant que ton départ me fasse comprendre à quel point je l'aimais vraiment. Mais… même pour les dieux, les rêves ont une fin.

Ton… âme sœur ?

Avec tout ça, Ryuu ne savait plus trop quoi penser, elle avait le sentiment d'avoir mille questions, mais n'arrivait pas en formuler une qui soit correcte, alors demanda la seule qui lui passa par la tête.

Celui ou celle qui sera mon compagnon éternel, une âme pure et particulière qui me complètera vraiment. Je la cherche depuis tellement de temps.

Mais… tu es Freya, il te suffit de claquer des doigts pour avoir autant de compagnies que tu veux, non ?

Non, Ryuu. Je suis une déesse de beauté, il me suffit de claquer des doigts pour que tous rampent à mes pieds et accomplissent tous mes désirs. Si je te charmais vraiment Ryuu, tu ne te poserais aucune question, tu me serais fidèle et toute elfe que tu es, tu mourrais d'envie que je te fasse l'amour ici même. Il y a une différence entre la dévotion et l'amour.

Je… ne suis plus vraiment.

Au cours de mon existence, bien des personnes m'ont aimé, mais aucun à la manière qui me faisait vraiment vibrer, aucun n'a jamais illuminé mon âme pour de vrai, peu importe l'amour que je leur offrais en retour. Mais cette fois, je l'ai peut-être enfin trouvé.

Peut-être ? Donc, tu n'es pas sûre. Et si… elle n'existait tout simplement pas ?

Ryuu eut alors la surprise de voir une expression de peur et de… désespoir sur le visage de la déesse. Soit elle lui faisait un numéro de comédie digne des plus grands acteurs, soit elle était vraiment sincère.

Je t'en supplie Ryuu, ne dis pas ça. Si tel était le cas, alors cela voudrait dire que je serais condamnée à être seule pour toujours.

Quelque chose frappa alors l'esprit de Ryuu. Freya avait beau être Syr, elle retrouvait des choses de son amie. Pendant un court instant, la déesse lui avait permis de voir ses faiblesses. Peut-être que Freya subissait la malédiction de sa propre nature. Elle était une déesse de beauté, capable de faire ramper quiconque à ses pieds. Mais dans le fond, elle se sentait terriblement seule. La dévotion aveugle n'est pas réellement de l'amour. De plus, il devait lui être difficile de vivre en se demandant quelle part de son charme influait sur les relations avec chaque personne. Dans ce cas, l'existence de Syr prenait un autre sens.

Mais pour ce soir, elle avait déjà trop d'informations à digérer.

Je… Il faut que j'y aille, j'ai besoin de faire le point.

Je comprends. Je ne te demande qu'une seule chose Ryuu. S'il te plait, ne dis rien à personne.

Elle ne savait même pas si quelqu'un la croirait de toute façon. L'elfe fit deux pas vers la sortie, avant de s'arrêter et de parler à nouveau, mais sans regarder la déesse.

Je n'ai… plus le temps de travailler à la taverne. Mais si on est deux à disparaitre, Mama Mia va se retrouver embêtée. Syr… devrait retourner au travail. Et peut-être que comme ça, je pourrais venir la voir plus facilement quand j'aurais fait le point sur mes sentiments.

Je comprends. Bonne nuit Ryuu.

L'elfe ne dit rien de plus et s'en alla, espérant que la fraicheur de la nuit l'aiderait à y voir plus clair, mais ce n'était pas gagné. Quant à la déesse, elle estimait que cela s'était mieux passé que ce qu'elle espérait.

Elle avait bon espoir que Ryuu finirait par revenir vers elle, mais lui avoir parlé lui avait effectivement retiré un poids sur les épaules. Elle pourrait maintenant se consacrer pleinement à ses projets concernant Bell. Projets qui allaient d'ailleurs nécessiter l'existence de Syr. Elle se rendit alors compte que si Ryuu quittait la taverne, Syr risquerait probablement de devenir inutile tôt ou tard. Mais cela, elle le verrait en temps et en heure.


Ryuu rentra à la Hall du tonnerre comme elle était partie, discrètement et en passant par la fenêtre. Dans sa chambre, elle trouva sa déesse. Astraea se leva de sa chaise, mais ne dit rien. Elle voyait parfaitement bien l'expression perdue sur le visage de sa protégée et les émotions qui tourbillonnaient derrière son regard.

Alors, la déesse fit la seule chose qu'elle pouvait, elle ouvrit ses bras en grand et accueilli dans son étreinte la pauvre elfe qui lui sauta dans les bras, lui permettant de vider le trop-plein d'émotions qu'elle avait. Une main lui caressait affectueusement le dos et l'autre la tête. Cette douceur quasiment maternelle lui faisait le plus grand bien.


Il était tard quand elle se rendit aux bains de la demeure. À cette heure-ci, elle était seule, la plupart s'étaient retirés dans leurs chambres pour la nuit ou étaient partis profiter de leur soirée dehors.

Ryuu avait espéré que l'eau chaude lui ferait du bien, mais son esprit avait toujours du mal à faire le point sur ce qu'elle avait appris quelques heures plus tôt. Même si Freya avait tenté de la rassurer sur certaines choses, cette nouvelle information la forçait à reconsidérer les cinq dernières années de sa vie.

Elle fut sortie de sa rêverie par le bruit de quelqu'un en train de se déshabiller dans la pièce d'à côté. Mei avait passé la soirée à s'entrainer, le combat entre Ekkrit et Allen l'avait motivé à progresser encore plus, mais elle n'avait pas vu le temps passer et voilà pourquoi elle arrivait si tard aux bains. Quand elle ouvrit la porte, elle avisa immédiatement la présence de Ryuu et s'arrêta aussi net.

Ho ! Désolée, je ne savais pas que tu étais là. Je te laisse finir.

La shivati savait que les elfes avaient un rapport particulier à la nudité et aux contacts physiques en général. On disait d'eux au mieux qu'ils étaient pudiques, au pire qu'ils étaient coincés. Et elle savait aussi qu'Ygannea était une exception parmi les elfes.

Non, c'est bon… tu peux rester. Lui fit alors l'elfe en se surprenant un peu elle-même.

En fait, elle se rendit compte qu'elle ne s'était jamais intéressée aux membres de la familia de Thor. C'était eux qui avaient sauvé sa déesse et l'avaient ramené en ville, eux qui avaient levé les fonds pour leur permettre de tout recommencer, pour lever sa prime. Elle leur devait tant et elle n'avait même pas fait l'effort de vraiment s'intéresser à eux. Alors, il lui semblait juste de ne pas jeter la capitaine de cette familia hors de ses propres bains. Et étrangement, elle n'avait pas envie d'être seule, au point que cela outrepassait même sa pudeur.

Après s'être lavée, Mei se laissa choir dans le bain avec un soupir de pur bonheur, avant de tourner son regard vers Ryuu.

Toi, tu as la tête de quelqu'un qui a passé une soirée compliquée.

L'elfe, habituellement stoïque, laissa filtrer un petit rire cynique.

Si elle n'avait été que compliquée…

Tu… veux en parler ?

Non… enfin… je ne sais pas trop.

Elle avait promis à Freya de ne rien dire et respecterait sa parole, le temps de faire le point et la rivalité entre la déesse de beauté et le dieu du tonnerre était déjà assez complexe comme ça. Pourtant, elle sentait que parler avec quelqu'un comme Mei, avec qui elle avait moins de liens, serait peut-être plus facile.

Disons que mes relations avec une amie sont… compliquées en ce moment. Je me sens totalement perdue.

Je vois. Est-ce qu'elle t'en veut pour quelque chose ?

Non. En fait, ce serait plutôt à moi de lui en vouloir.

Et… est-ce le cas ?

Je ne sais pas… pas vraiment.

Et bien, tu n'as pas l'air de la détester tant que ça en fin de compte. Il y a peu de liens qui ne peuvent être réparés, ils peuvent changer, s'altérer, mais s'ils ne sont pas totalement brisés, on peut toujours faire quelque chose. Peut-être que ne pas trop y réfléchir est aussi une solution. Cogiter dans le vide ne va pas nécessairement t'aider. Parfois, il vaut mieux laisser le temps faire son travail.

Ryuu resta silencieuse, réfléchissant à ce que cette conseillère inattendue venait de lui dire. Elle avait au moins raison sur un point, seul le temps lui permettrait de faire le point et savoir où elle était avec Syr.

Tu as sans doute raison. Merci Mei.

À ton service. Lui répondit l'humaine avec un grand sourire chaleureux.

Elles restèrent ainsi, une bonne dizaine de minutes de plus dans le silence. Ryuu a essayé de se détendre et Mei à profiter de son bain. Finalement, elles conclurent au même moment qu'il était temps de sortir.

Dès qu'elle fut hors du pain, Mei, un peu fatiguée, ne fit pas attention et marcha sur quelque chose de glissant qui la fit tomber sur son séant. Et oui, même une aventurière de niveau 6 pouvait encore avoir ce genre d'accident, la falna ne protégeait pas de tout.

Raaaa ! J'ai pourtant dit cent fois à Cayope et Vasati de ranger leurs savons !

Ça va ?

Ryuu s'approcha de nouveau de Mei, mais le destin, ainsi que les petits problèmes de rangement des jeunes femmes de la familia leur jouèrent un vilain tour. Par un improbable enchainement, Mei dérapa de nouveau sur un savon, lequel fut éjecté sous un pied de Ryuu, qui rata elle-même sa réception et tomba sur Mei.

Et comme le destin avait décidé de les troller, ce fut à ce moment qu'Astraea arriva dans les bains.

Ryuu, je voulais te dire…

Mais la déesse eut la parole coupée parce qu'elle vit. Ryuu était allongée sur Mei dans une position extrêmement équivoque. Leurs jambes étaient entrelacées, chacune ayant une cuisse contre l'entrejambe de l'autre, leurs poitrines étaient écrasées l'une contre l'autre, leurs visages étaient terriblement proches. Et dans un instinct elfique venu du fond de son subconscient, Ryuu avait saisi les poignets de l'humaine pour les plaquer au sol afin qu'elle ne la touche pas.

Sauf que vu de l'extérieur, on aurait tout simplement dit que Ryuu avait sauté sur Mei et l'avait plaqué au sol pour, disons… quelques jeux ardents exclusifs aux bains des femmes.

~Pardon du dérangement~ fit alors la déesse d'une voix chantante et amusée. Elle était surprise que sa précieuse protégée soit capable de se montrer aussi hardie, et du fait qu'elle soit visiblement à voile et à vapeur. Mais après cette soirée riche en émotions, peut-être que c'était la façon qu'elle avait trouvée de se changer les idées.

Une fois dans le couloir, la déesse joignit les mains, comme si elle priait et leva les yeux au ciel.

Ha, ma chère Alise, notre petite Ryuu a bien grandi… et de bien des manières.


Dans les bains, une certaine elfe avait le visage rouge comme une tomate et quand elle se rendit enfin compte de la position dans laquelle elle était, elle se releva en trombe, mortifiée de ce qu'il s'était passé.

Je suis désolée !

Ne t'en fais pas, je ne vais pas faire un scandale pour si peu. Les seules responsables sont les deux bordéliques qui ne rangent jamais leurs affaires.

Par les dieux ! Comment je vais dissiper ce malentendu avec dame Astraea ? Et un problème de plus qui venait se greffer.

En étant honnête tout simplement. Sinon… il y a une autre solution. Faire en sorte que le malentendu n'en soit plus un. Fit alors la shivati en lui faisant un clin d'œil coquin et complice.

Heu… non merci. Mais attends, tu es…

De CE bord-là, oui. Mais détends-toi, je ne vais rien te faire. Tu sais, j'ai bien compris que tu préfèrerais plutôt, disons… croquer du lapin.

L'elfe blonde sentit ses oreilles monter à très hautes températures et quand elle commença à amorcer un déni, l'humaine lui coupa la parole.

Pas la peine de le nier, on est plusieurs à l'avoir remarqué. Sauf le principal concerné évidemment. D'ailleurs, voilà un bon moyen de te changer les idées, va donc l'attraper demain et embarque-le en rencard, ça ne peut pas te faire de mal. Sur ce, bonne nuit.

Dit simplement l'humaine en laissa l'elfe à ses réflexions. Laquelle commençait à apprécier cette humaine, un peu étrange, mais qui avait une profonde gentillesse. La porte se rouvrit doucement et laissa voir le visage de Mei.

Mais, si ma proposition t'intéresse, tu peux toujours me rejoindre dans ma chambre.

Va te coucher !


Le lendemain. Les boutiques vendant des objets magiques étaient rares, mais dans une ville comme Orario, on en trouvait aisément plusieurs. C'est dans l'une d'entre elles, le Grymalkin Rieur, que deux elfes se croisèrent. L'une était une femme aux longs cheveux verts, dotée d'une prestance royale. L'autre était une beauté plus plantureuse, avec de longs cheveux couleur de glace.

Chacune était plongée dans sa recherche, regardant les nombreux ouvrages qui étaient alignés sur de vieilles étagères en bois. Leurs doigts se frôlèrent au moment où elles levèrent la main en même temps vers le même livre.

« Ho ! » firent-elles à l'unisson, tellement plongées dans leur recherche qu'elles ne s'étaient pas rendu compte de la présence de l'autre.

Excusez-moi. Commença alors Ygannea, par politesse.

Ce n'est rien. Lui répondit alors Riveria. Aucune ne pouvait critiquer l'autre alors qu'elles étaient aussi plongées dans leur recherche toutes les deux.

Il semble que le même livre nous intéresse.

En effet.

Et il n'y avait qu'un seul sur l'étagère. Les deux femmes n'étaient cependant pas seules. Ygannea était accompagnée par Arrauth, le jeune semi-elfe de sa familia, lequel portait une petite caisse en bois dans laquelle il y avait déjà quelques achats de la magicienne. Quand à Riveria, elle avait à ses côtés Alicia, une elfe aux cheveux dorés qui lui était d'une fidélité à toute épreuve. Ce fut d'ailleurs cette dernière qui prit la parole.

S'il n'y a qu'un seul exemplaire, la politesse voudrait que vous laissiez dame Riveria acheter ce livre.

Pourquoi cela ? Lui répondit alors l'elfe de Thor, assez surprise d'une telle réaction. Elle ne comptait pas se disputer pour un livre, mais elle allait tout de même creuser un petit peu pour comprendre le comportement de la jeune elfe.

Par respect pour dame Riveria voyons ! C'est une haute-elfe, une princesse de sang royale, c'est dame Riveria Ljos Alf, alors agissez en conséquence !

La principale concernée ne dit rien, quelque peu blasée par ce genre de réaction excessive. Il lui semblait qu'elle n'échapperait jamais à son sang. Elle aimait Alicia, mais sa fidélité était parfois… envahissante.

Je ne vois rien de pertinent dans vos propos. Répondit Ygannea avec calme, coupant la voix d'Alicia.

Pour ce qui est des origines, je me considère d'abord comme une mage de la cité de Cristal avant d'être une elfe. Je viens donc d'une ville qui n'est pas soumise à l'autorité des Ljos Alf, elle n'est donc pas ma princesse. De plus, corrigez-moi si je me trompe, mais en intégrant la Loki familia, vous avez renoncé à tous vos titres et privilèges royaux.

Elle termina sa phrase en s'adressant cette fois à Riveria, la première concernée, qui ne prenait pas mal les propos de l'elfe aux cheveux bleus, laquelle avait simplement exposé des faits.

Non, mais… tenta Alicia, avant que quelqu'un d'autre ne reprenne brutalement la parole.

Bon, ça suffit, tu emmerdes tout le monde avec tes histoires ! lui fit alors Arrauth, pourtant silencieux jusqu'à maintenant.

Non, mais dis donc ! Je ne te permets pas !

Je me fiche bien de ta permission ! Toujours la même chose avec les elfes, toujours à vous la raconter comme si vous étiez supérieur à tout et tout le monde.

Arrauth ! dit alors Ygannea, en tentant de calmer son compagnon. Seulement, la dispute était amorcée et elle allait continuer.

Tais-toi saleté de sang-mêlé ! T'as visiblement pris uniquement les traits grossiers des humains, ainsi que tous leurs bas instincts, je parie.

Ha ! Arrête de faire comme si vous étiez aussi purs que vous le prétendez, les elfes sont parfaitement capables d'avoir les mêmes pulsions que les humains et c'est encore plus sale et hypocrite de leur part.

Les deux magiciennes virent la situation s'envenimer, et il fallait calmer le jeu rapidement.

Arrauth, ça suffit ! dit-elle en se mettant entre eux.

Mais, Yga…

Ygannea avait beau être une elfe, il semblait qu'elle, il la respectait.

Tu veux bien ramener mes achats à la maison s'il te plait ? Et profites-en pour te calmer un peu. Elle agrémenta ses paroles d'une caresse maternelle sur la joue du jeune homme.

Tss ! Il ne dit rien de plus et s'en alla. De son côté, Riveria s'était tournée vers Alicia avec un regard désapprobateur.

Alicia, c'était hors de propos, tâche de te contenir un petit peu à l'avenir.

Je suis désolé Dame Riveria.

Les deux magiciennes se regardèrent ensuite, un petit peu gênées que leurs accompagnants se soient laissé aller à une telle dispute. Finalement leur attention revint sur le livre de la discorde et Riveria tenta de ramener la conversation à quelque chose de plus intéressant.

Alors… vous vous intéressez aussi à la théorie de magie runique de maître Uvras ?

Une approche très novatrice s'il en est, on trouve peu de copies de ses écrits en dehors de la Cité de Cristal. J'ai eu la chance d'en lire plusieurs avant de partir.

C'est intéressant, donc…

La pauvre Alicia se sentit bien vite larguée alors que les deux magiciennes amorçaient une conversation animée, passionnée, mais technique.


Une demi-heure plus tard, les deux magiciennes elfes étaient attablées à un café et continuaient leur conversation autour d'un thé. La troisième elfe servait de plante verte décorative. Riveria n'avait pas vraiment abordé Ygannea lors de la soirée qu'avait passé la familia de Thor au Manoir du Crépuscule, ne serait-ce que parce qu'elle avait surtout surveillé Aiz et Lefiya, avant de devoir passer la moitié de la nuit à chercher Tiona et l'extirper de la demeure de la déesse Hestia. Elle avait senti le pouvoir magique de l'autre elfe et était heureuse d'avoir enfin une conversation avec elle.

Une conversation extrêmement riche, non seulement Ygannea était très érudite et pouvait entretenir avec elle une discussion très poussée sur la magie, mais le fait qu'elle ne la traite pas comme une existence supérieure lui faisait du bien. Seul Hedin lui avait parlé comme une égale, mais uniquement parce que l'ancien monarque elfe la considérait aussi comme une princesse.

Mais avec Ygannea, elle avait vraiment le sentiment de n'être qu'une magicienne, une aventurière, que cette barrière qu'il y avait entre elle et les autres elfes n'existait pas. Après une autre gorgée de thé, la magicienne de Thor avisa la troisième elfe qui faisait au mieux pour contenir son ennui et reprit la parole avec un air un peu plus triste.

Je suis vraiment désolée pour Arrauth. J'espère que vous l'excuserez, il a… ses propres circonstances.

Je vous en prie, oublions ça. Répondit poliment Riveria, même si elle était un peu curieuse. L'animosité du semi-elfe semblait forte et elle se demandait d'où cela pouvait venir.

Sérieusement, c'est quoi son problème à ce type ? se fit alors Alica en grommelant. Elle était bien plus douce et compréhensive en temps normal, mais le jeune homme lui avait hérissé le poil comme jamais et même les gros yeux que lui fit Riveria ne la firent pas taire.

Ygannea poussa un long soupir triste et estimant qu'elle pouvait faire confiance à la haute-elfe, prit la parole.

Son problème… c'est qu'il est l'enfant d'un viol.

Les deux autres elfes eurent les yeux grands ouverts et des regards horrifiés par ce que les quelques mots d'Ygannea sous-entendaient.

Et avant que tu me sortes le couplet qu'on a déjà entendu des centaines de fois sur la pauvre elfe qui se serait faite abuser par de vils humains prisonniers de leurs bas-instincts, laisse-moi te dire que tu te tromperais lourdement. C'était sa mère l'humaine. Une pauvre fille de paysan qui s'est un jour fait capturer par un noble elfe qui s'amusait à pratiquer la chasse à l'humain pour le plaisir, sous prétexte de supériorité raciale ou quelque chose comme ça. La pauvre fille a été torturée, violée, mais a réussi à s'enfuir avant qu'il ne la tue.

Et soudainement, beaucoup de choses devenaient plus claires. Avec un tel passé familial, tous les propos tenus par Alicia avaient dû apparaitre comme terriblement hypocrites pour le semi-elfe.

Seulement, la pauvre fille avait ramené un « cadeau » dans son ventre. Elle a donné naissance et a tenté d'élevé l'enfant, par compassion. Seulement, son fils ne lui rappelait que les horreurs qu'elle avait subies. Arrauth a passé son enfance à se faire battre par sa mère, qui a sombré petit à petit dans l'alcool. Et vu que plus il vieillissait, plus il ressemblait à son père, c'est allé de pire en pire. Quand il eut quatorze ans, elle a tenté de lui trancher les oreilles, c'est à ce moment-là qu'il est parti de chez lui pour finir à la rue. Quand on l'a rencontré il y a quelques mois, c'était un petit tire-laine affamé et sans espoir pour l'avenir.

Alicia se sentait soudainement mal, elle avait conscience d'avoir dépassé les bornes et Ygannea enfonça le clou.

C'est pourquoi, jeune fille, tu devrais faire plus attention avant de juger les gens, surtout quand tu ne sais pas d'où ils viennent et ce qu'ils ont vécu.

Elle ne lui répondit pas et se contenta de réfléchir à son erreur. De son côté, Riveria était un peu plus pensive et Ygannea lui offrit un sourire doux.

Je suis désolée d'avoir un peu gâché l'ambiance avec cette histoire.

Ce n'est rien, ne vous en faites pas.

Dame Riveria, commença l'elfe aux cheveux dorés. J'ai… J'ai besoin d'y aller.

Pas de problèmes, à tout à l'heure, Alicia.

Et la jeune elfe salua les deux magiciennes avant de s'en aller. De son côté, Riveria était pensive et se fit qu'envoyer une lettre à son père ne serait pas une mauvaise idée, histoire qu'il vérifie ce que certains nobles faisaient comme passe-temps. Elle avait peu d'espoir que ça serve à quelque chose, mais cela ne lui coûtait rien d'essayer.

Après ce petit interlude quelque peu triste, les deux magiciennes reprirent leur conversation sur le fait qu'il était parfois dur de s'occuper des plus jeunes de leur familia. Car les deux étaient aussi maternalistes l'une que l'autre. Très rapidement, la conversation se fit de plus en plus légère et détendue, les rires, d'abord discrets, devinrent de plus en plus assumés alors qu'elles partageaient des anecdotes sur Mei et Aiz.

La puberté et les petits problèmes féminins. Commença alors Ygannea.

Une véritable comédie. Aiz est venue me voir complètement terrifiée en étant persuadée d'être gravement blessée, avec les douleurs en prime. Elle m'a fait la plus grosse crise de larme et de panique que j'ai jamais vue de sa part, le tout au beau milieu de la nuit, alors que tout le monde était éreinté au retour d'une grosse expédition dans le Donjon. J'ai dû faire preuve de pas mal de diplomatie cette nuit-là.

J'imagine. Quand c'est arrivé à Mei, elle était persuadée d'avoir été blessée par un ennemi invisible et a attrapé son épée avant de trancher un peu partout au hasard dans le vide. Ekkrit a failli y perdre un bras avant qu'on arrive à la calmer.

Les deux elfes éclatèrent alors de rire. Si ces situations n'étaient pas forcément très amusantes sur le coup, avec le recul, elles devenaient des souvenirs nostalgiques qu'il valait mieux prendre avec légèreté.

Je ne sais pas si le fait que ces deux-là soient devenues bonnes copines aussi rapidement est une bonne chose ou le signe d'une catastrophe imminente. Fit alors la magicienne bleue.

Je crois que nous n'avons pas fini d'avoir des sueurs froides avec elles… répondit alors la verte.

Et les deux soupirèrent en imaginant ce que leurs fille/petite sœur adoptives allaient encore faire.


Pour ce qui était des deux jeunes femmes concernées, elles étaient justement ensemble. Elles s'étaient donné rendez-vous sur les remparts où elles s'entrainaient. Maintenant que Mei était niveau 6 elle aussi, elle était quasiment devenue une partenaire au niveau de l'épéiste blonde.

Aiz se remémora leur match amical quand elles s'étaient rencontrées et savoura avec plaisir que la shivati ait enfin les statistiques lui permettant de vraiment la suivre à son niveau. Elle se sentait stimulée, il y avait longtemps qu'un entrainement ne lui avait pas procuré autant de plaisir.

Quand elle entrainait Bell, elle aimait ça, mais elle était dans le rôle du mentor et les sentiments ambigus qu'elle avait pour le garçon rendaient les choses plus compliquées. Son entrainement avec Ottar avait été intense, mais elle n'y avait pris aucun plaisir. Tout d'abord, parce qu'il était motivé par quelque chose de très grave, et aussi parce qu'il lui rappelait cette dette personnelle qu'elle avait contractée envers Freya.

Mais avec Mei, elle se sentait libre. Une épéiste, comme elle, avec qui elle pouvait perfectionner sa technique, et qu'elle appréciait bien. Elle ne savait pas pourquoi l'amitié avec Mei s'était aussi vite installée, mais les relations entre les gens sont parfois bien mystérieuses.

Toujours était-il que leur entrainement était très intense, deux niveaux 6 qui s'affrontent, ça faisait des étincelles. Et cela finit par déplaire au voisinage, ce qu'elles comprirent quand une voix ferme et autoritaire se fit entendre.

Vous deux ! Ça suffit !

Et moins de cinq minutes après, les deux femmes étaient assises en seiza, en train de se faire réprimander par Shakti Varma, la capitaine de la Ganesha familia. Prenant à cœur l'ordre public de la ville, elle était venue dès qu'elle avait appris le bazar que les deux jeunes femmes mettaient sur les remparts. Elles ne s'étaient pas rendu compte, mais elles étaient du genre bruyantes et cela avait fini par attirer l'attention des riverains qui craignaient qu'un mauvais coup n'explose un mur de leurs maisons. Et avec leurs forces de niveau 6, ravager tout un quartier ne leur prendrait pas beaucoup de temps.

Désolée Ankusha. Fit tout simplement Aiz.

Ce n'est pas un peu excessif, juste pour deux amies qui s'entrainent ? répondit alors Mei, sur un ton un peu plus blasé, devant la rigidité de la dame aux cheveux bleus.

Les règles sont les règles, Asgard Jenta, vous dérangez le voisinage.

Qu'est-ce que vous êtes rigide, franchement. Faut pas vous étonner d'être encore célibataire alors que vous avez déjà trente-*bip* ans.

Parmi les autres membres de la Ganesha Familia qui accompagnaient présentement leur capitaine, plusieurs déglutirent et l'un d'entre eux eut un visage horrifié digne du Cri de Munch. Cette fille était-elle inconsciente ? Elle venait de prononcer le chiffre interdit !

Tous ceux qui connaissaient Shakti Varma diraient d'elle qu'elle était une femme d'un grand calme, capable de garder son sang-froid, même dans les pires situations. Cependant, il y avait une limite à ne pas franchir, même avec elle.

Meurs… chuchota-t-elle doucement, le regard noir. Mei n'avait pas entendu ce qu'elle avait baragouiné, mais elle sentit tout de même son aura meurtrière.

MEURS SALE GAMINE ! hurla alors l'habituellement calme capitaine de la Ganesha familia, tout en armant sa lance pour une frappe.

Ho ho ! fit alors la shivati en comprenant la catastrophe qu'elle venait de déclencher. On se casse !

Elle attrapa alors le poignet d'Aiz et l'entraina à sa suite, dans une fuite désespérée pour échapper à la vindicte que Shakti, présentement dans un état de rage avancé, laquelle était elle-même poursuivie par des membres de sa familia qui essayaient de la calmer.

S'en suivit une course-poursuite, à moitié sur les remparts, à moitié sur les toits des environs, avec une Shakti fulminante et une Aiz qui ne comprenait pas trop ce qu'il se passait.

Ce n'est pas la peine de vous énerver comme ça ! hurla Mei, sans tout de même s'arrêter. Même si vous approchez de la quaran*bip*, ce n'est pas grave, il y a plein de gens qui aiment les MILF !

Les quoi ? demanda alors la blonde avec son air ingénu.

CRÈVE ! hurla la femme aux cheveux bleus.

Je t'expliquerai un jour ma chère Aiz. Pour le moment, essayons d'échapper à la crise de nerfs d'Ankusha. Répondit Mei alors qu'une lance venait de se planter dans un bâtiment à côté d'elle.


Heureusement pour elles, les deux épéistes étaient niveau 6, ce qui leur permettait d'échapper à la capitaine de niveau 5. Cette dernière les poursuivit pendant vingt bonnes minutes avant de perdre leur trace. Cependant, sa fureur n'était toujours pas retombée et les autres membres de sa familia marchaient sur des œufs pour ne pas l'attiser davantage.

Retrouvez-moi ces deux-là et ramenez-les-moi vivantes… je les pulvériserais moi-même.


Bien plus loin, dans une petite ruelle, une voix venue de nulle part se fit entendre alors que les gardes de la Ganesha familia s'éloignaient enfin.

Ça y est, ils sont partis. Fit alors Mei alors qu'elle enlevait un étrange casque noir qui l'avait rendue invisible. À ses côtés, Aiz en fit autant. Une troisième personne fit son apparition, une belle jeune femme aux cheveux et aux yeux d'azur, portant des lunettes qui lui donnaient ce petit air d'enseignante stricte.

Merci Perseus. Dit sobrement Aiz, alors qu'Asfi poussait un soupir de dépit.

Sérieusement, renseigne-toi mieux à l'avenir Asgard Jenta. Tout le monde ici sait que l'âge de Shakti Varma est un tabou absolu.

Oui, j'ai un peu exagéré sur ce coup-là. Je lui enverrais quelque chose pour m'excuser quand elle sera calmée. En tout cas, je suis impressionné, c'est génial un casque qui rend invisible. Je ne pensais pas rencontrer la célèbre Asfi Al-Andromeda aujourd'hui. Ta réputation de meilleure créatrice d'objets magiques de notre époque n'est pas usurpée.

Merci. Répondit Asfi, habituée à ce genre de compliment. Elle ne prenait pas la grosse tête, mais connaissait tout de même la valeur de son propre travail, ne serait-ce que parce qu'il représentait une grosse part des rentrées d'argent de sa familia.

Par contre, je me demande bien ce que tu fais dans cette ruelle paumée.

Étrangement, la capitaine de l'Hermès Familia eut soudainement un air gêné, ce qui ne fit que rendre Mei encore plus curieuse.

Trois fois rien… vraiment… quelques affaires privées c'est tout.

Sauf que son air gêné la rendait soudainement bien plus suspecte et Mei, avec son caractère, n'allait pas la lâcher aussi facilement, quand bien même lui avait elle sauvé la mise.

Rien d'illégal au moins ? Fit Mei en s'approchant d'elle avec un regard inquisiteur. Son dieu l'avait mis en garde contre la tendance à la filouterie d'Hermès.

Non, pas du tout ! C'est juste que…

En reculant d'un pas, la beauté bleue avait percuté une petite caisse en bois qui trainait là et une petite boîte tomba de sa cape. Petite boite en bois que Mei ramassa en premier, sous le regard terrifié d'Asfi à l'idée qu'elle prenne connaissance de son contenu. Et curieuse comme elle était, la shivati ouvrit la boîte, avisa son contenu et referma violemment le couvercle, alors qu'Asfi, d'un naturel assez calme elle aussi, avait soudainement le visage rouge. Aiz, qui n'avait pas eu le temps de voir, rompit le silence.

Qu'est-ce que c'est ?

À sa grande surprise, son amie se tourna vers elle et commença à lui caresser la tête affectueusement.

Je répondrais à cette question avec grand plaisir, mais tu es tellement mignonne que je tiens à préserver une partie de ton innocence.

Aiz n'en était que plus curieuse, mais vu la façon dont Asfi détournait le regard, elle n'aurait pas plus de réponses de sa part. En silence, Mei rendit la boîte à cette dernière.

Ma foi… je suppose qu'il doit y avoir des clients pour ça aussi.

Et avant que la conversation ne puisse continuer, Asfi se fit justement interpeller par une femme encapuchonnée qui lui fit signe. Elle lui donna alors la petite boite contre une grosse bourse de Valis, avant que la mystérieuse acheteuse ne s'éclipse rapidement.

Attendez, c'était bien une elfe votre cliente ? demanda Mei avec un air très surpris.

S'il vous plait, vu que je viens de vous sauver de la colère de Shakti, pourriez-vous en échange éviter de poser des questions sur mes affaires, voire même de tout oublier ?

Et devant le regard de chien battu qu'Asfi lui faisait, Mei n'eut pas le cœur de la taquiner davantage. Elle pourrait toujours lui payer un verre plus tard et la faire parler d'une façon ou d'une autre. Quant à Aiz, elle gonflait les joues, boudant de ne pas avoir été mise dans la confidence.


Depuis son combat dans l'arène contre Allen, Ekkrit n'avait pas encore quitté l'hôpital de Dian Cecht, Airmid refusait pertinemment de le laisser quitter les lieux tant qu'il n'aurait pas purgé son corps de toutes les drogues de combat qu'il avait pris pour tenir contre le Vana Freya.

La guérisseuse avait tout de même été impressionnée par la résilience du nezu, n'importe qui d'autre serait mort ou avec de graves séquelles au vu de tout ce qu'il avait ingurgité. Il s'en remettrait, mais entre les produits ingurgités et les blessures, il ne serait pas au top de sa forme avant un moment.

Ce fut avec une bonne surprise qu'il reçut la visite de quelqu'un qui n'était pas de sa familia. Bell venait de finir avec le Donjon pour aujourd'hui et pendant que Welf, Lili, Mikoto et Haruhime vaquaient à d'autres occupations, il en avait profité pour faire un détour et rendre visite à celui qui lui servait occasionnellement de professeur.

C'était vraiment impressionnant dans l'arène, réussir à vaincre le Vana Freya…

Un conseil, ne cherche pas à m'imiter sur ce coup-là. Comme tu le vois, je le paie cher. Si mon dieu continue à me mettre dans de telles situations, je vais lui réclamer une plus grosse prime de risque.

Les deux rires tranquillement de la blague du nezu, qui essayait de cacher les tremblements de ses mains pour ne pas inquiéter le garçon outre mesure.

Le coup des cheveux, là par contre, je ne m'y attendais vraiment pas.

Ha ! Ça ? C'est surtout une arme psychologique en fait.

Comment ça ? demanda Bell avec curiosité. Depuis qu'il le connaissait, le nezu n'avait jamais cessé de le surprendre.

C'est vrai que c'est un matériau assez solide s'il est bien employé. Mais le but était surtout de surprendre l'adversaire. Honnêtement, qui s'attendrait à se faire étrangler avec des cheveux ? Quand l'adversaire s'en rend compte, il y a de très fortes chances qu'il laisse la surprise le gagner, même un court instant. Mais ce court instant de flottement peut faire toute la différence. C'est ce qui m'a permis de prendre l'avantage sur le Vana Freya à ce moment-là. Si j'avais utilisé de la corde, l'effet psychologique n'aurait pas été le même. Enfin, ça marche surtout la première fois, une fois l'astuce éventée, elle n'a plus le même impact. Donc, ne te sens pas obligé d'aller demander des mèches de cheveux aux femmes de ta familia.

Bell eut un petit rire nerveux, car au fond de lui, l'idée lui avait vaguement traversé l'esprit.

Sinon, tu pourrais me rendre un service Bell ?

Bien sûr, avec plaisir.

Le sac en cuir, dans le coin, il y a mon armure dedans, tu pourrais l'emmener chez les deux artisans qui me l'ont fabriqué ? Je crois qu'elle a besoin de quelques réparations.

Sans soucis, justement, je devais passer les voir, ils ont fabriqué quelque chose pour moi aussi.

Je m'en doutais, c'est bien pour ça que je te le demande.

La porte de la chambre fut alors ouverte et Airmid rentra dans la pièce.

Je suis désolé Mr Cranel, mais les visites sont finies pour aujourd'hui.

Ho ? Pas de soucis, j'y vais. Le jeune homme se leva, prit les affaires qu'Ekkrit lui avait demandé d'emmener et salua tout le monde avant de sortir, laissant le nezu seul avec l'humaine.

Désolé de vous imposer autant de travail, mademoiselle Teasanare.

Non, c'est plutôt à moi de m'excuser pour… tout ça.

Même si Thor avait un accord avec Dian Cecht, Ekkrit restait un nezu. Sa chambre était la plus éloignée des autres et c'était Airmid qui était la seule à s'occuper de lui, faisant même le travail normalement dévolu aux autres membres de la familia.

Ne vous excusez pas, vous ne pouvez rien contre plusieurs siècles de préjugés. Je m'estime déjà heureux que vous preniez votre travail à cœur avec moi, d'autres guérisseurs m'auraient mis dehors depuis longtemps, menaces de Thor ou pas.

Ce n'est pas à moi de juger mes patients, et vous êtes de loin l'un des plus raisonnables que j'ai eu.

La plupart des aventuriers étaient des têtes brûlées qui en faisaient trop et ne l'écoutaient pas, ou des beaux parleurs qui essayaient de l'impressionner. À côté, le calme du nezu était relaxant.

Dans mes affaires, il y a un petit flacon avec une étiquette bleue et un liquide transparent, prenez-le, je vous prie.

Ne comprenant pas trop ce qu'il voulait, la guérisseuse s'exécuta tout de même et fouilla dans les affaires du nezu jusqu'à le trouver.

Qu'est-ce que c'est ?

C'est pour vous. C'est un composé à mettre sur la peau pour effacer les odeurs. Je vais vous donner une astuce sur la physiologie des nezus, nous sommes aussi des thérianthropes, et nous aussi, nous avons l'odorat développé. Et Mei a tendance à utiliser un parfum très caractéristique les soirs où elle sort s'amuser.

Airmid fit rapidement le calcul dans sa tête et devint rouge tomate quand elle comprit ce que sous-entendait le nezu.

Promis, je garderais ça pour moi. Ce n'est pas comme si je ne connaissais pas cette gamine depuis plus de huit ans.

La jeune femme parvint à baragouiner un très vague remerciement avant de quitter la pièce, laissant l'homme-rat seul avec ses pensées. Il détestait rester ainsi sur la touche, mais il avait conscience que lui aussi devait se reposer pour être totalement efficace à l'avenir.


Bell venait de finir la course qu'Ekkrit lui avait demandée, provoquant la syncope des deux artisans devant l'état d'une armure quasi neuve et déjà à moitié détruite. Il avait récupéré sa propre commande et marchait tranquillement.

Bell Cranel.

Le jeune homme s'arrêta et se retourna en entendant son nom. Dans la foule, il avisa la personne qui venait de l'appeler. Une jeune femme, portant une longue tenue noire, au visage fermé, elle avait de longs cheveux gris foncé, qui lui masquaient une partie du visage, dont un œil, et l'autre avait des reflets oscillant entre le gris et l'argenté. Il avait beau chercher dans sa mémoire, il était quasiment sûr de ne pas la connaitre.

Heu… oui, c'est moi.

J'ai un message pour toi. Fit alors sobrement la jeune femme, qui ne s'était même pas présentée, ce qui n'aida pas trop le pauvre garçon.

Un message ? Heu… très bien.

Bell pensait qu'elle allait soit lui donner un message oral, soit lui donner une lettre. Et vu qu'elle n'avait pas l'air agressive, il n'était pas spécialement sur ses gardes. Aussi, il fut pris complètement au dépourvu quand elle s'approcha de lui, lui prit le visage entre ses mains et scella leurs lèvres ensemble.

Complètement choqué et l'esprit figé, il fut incapable de comprendre ce qu'il se passait, même quand la langue de la jeune femme se fraya un chemin pour venir faire danser la sienne, lui offrant un baiser long, suave et passionné. Quand son esprit se remit enfin du choc de la surprise, elle le relâcha et le jeune homme tomba sur les fesses, car ses jambes venaient de le lâcher. Sans un mot, toujours avec ce visage fermé, elle s'en alla et disparut dans une ruelle.

Bell se releva péniblement, ne parvenant pas trop à comprendre ce qu'il venait de se passer. Se retournant, il remarqua alors que ses amis étaient non loin et avaient vu tout ce qu'il s'était passé. Mikoto avait les yeux ronds, Welf lui faisait un sourire complice, Haruhime semblait au bord des larmes et Lili avait un air horrifié sur le visage. Ce fut d'ailleurs la prum qui réagit la première, piquant un sprint avant de sauter pour attraper Bell par le col.

Maître Bell ! Mais qu'est-ce que vous avez fait ! Pourquoi vous avez embrassé cette fille ! Vous savez qui c'est au moins !

Mais, mais, mais, c'est elle qui m'a… et je ne sais pas qui c'est, Lili, je te le jure !

C'est Helun, de la Freya familia ! L'intendante de la déesse, la Sans-nom !

Je ne la connais pas !

Vous draguez des femmes de la Freya familia maintenant ? Vous voulez notre mort maître Bell ?

Lili, calme-toi s'il te plait !

Mais c'était peine perdue, et le pauvre jeune homme perdit un temps monstrueux à essayer de calmer la prum et faire en sorte qu'Haruhime ne s'effondre pas en larme. Ce qui l'empêcha malheureusement de partir à la poursuite d'Helun et lui réclamer des explications.


Une chance d'ailleurs pour cette dernière qui n'était pas très loin. Elle s'était esquivée dans une ruelle et avait tout fait pour garder un visage impassible. Mais dès qu'elle fut au calme, ses jambes cotonneuses ne la supportèrent plus et elle s'effondra à genoux, les joues rouges et la respiration haletante.

Le lien qui existait entre elle et Freya pouvait être modulé en intensité au bon vouloir de la déesse. Cette dernière avait probablement regardé toute la scène avec son miroir divin et amplifié ce lien au maximum au moment du baiser, lui permettant de la savourer comme si elle l'avait elle-même donné.

Mais en contrepartie, Helun ressentait l'état actuel de Freya dont elle devinait qu'elle devait être « très joyeuse ». Du moins, c'était ce que l'état de son corps lui disait, et le fait qu'elle allait avoir besoin de changer de sous-vêtement. Elle devait puiser dans toute sa volonté pour se faire violence et ne pas céder à la tentation qu'elle ressentait, sinon, elle aurait embarqué Bell avec elle et lui aurait fait subir un tas de choses indécentes dans cette ruelle.

Helun détestait ça, elle était devenue incapable de discerner ses sentiments de ceux de Freya. Elle était amoureuse de Bell, mais ne savait pas quelle part venait d'elle et laquelle venait de sa déesse adorée.

Elle parvint tout de même à regagner assez de contenance pour rentrer à la demeure de sa familia, où elle reçut pour consigne d'aller immédiatement auprès de Freya pour son rapport. Dès qu'elle fut entrée dans la chambre de sa déesse, cette dernière l'attrapa par le poignet sans un mot et la renversa sur le lit avant de se mettre au-dessus d'elle et l'embrasser fougueusement.

Freya avait bien l'intention de capter tout ce que Bell avait laissé sur les lèvres d'Helun. Quand elle le rompit enfin, l'intendante de la déesse vit dans le regard de cette dernière que c'était elle qui allait passer à la casserole ce soir. Elle espérait juste que Freya penserait à couper le lien entre elles, sinon la situation promettait d'être étrangement narcissique.


Ailleurs ce soir-là, c'était un autre membre de la Freya familia qui était de sortie, mais pas de la même humeur. Couvert de bandages, le corps encore endolori, Allen était assis sur un toit. Sa défaite, des mains d'un nezu supposément plus faible que lui, lui était resté en travers de la gorge. Cependant, sa déesse avait été claire : pas de vengeance ou d'acte stupide.

Mais ce n'était pas ce qui l'intéressait ce soir. Son poste d'observation était proche de la Fertile Maîtresse. Seulement, Syr ne travaillait pas ce soir, ce n'était donc pas par protection qu'il était là. C'était une autre jeune femme qui attirait son attention, une Cat People comme lui, une petite brune très espiègle.

L'homme-chat était encore hanté par la fin de son combat, au bord de la mort, c'était l'image de sa sœur qui était venue à lui. Pourquoi ? Il l'avait renié, ils n'avaient plus aucun lien. Alors pourquoi ce qui aurait pu être ses potentielles dernières pensées s'étaient-elles tournées vers elle ? Parce qu'elle était sa seule famille de sang ? Cela n'expliquait pas tout.

Mais surtout, il ne savait pas ce qu'il devait faire. S'il descendait la voir maintenant, cela ne provoquerait qu'une situation gênante où aucun des deux ne saurait vraiment quoi dire. Alors il était là, comme un idiot, à surveiller en secret sa propre sœur, la voir faire sa vie de manière enjouée, et baffer un client trop imbibé qui avait tenté de lui mettre la main aux fesses.

Quand l'homme en question se fit jeter dehors par Mia, Allen décida de le suivre, il semblerait qu'il ait trouvé un moyen parfait de se défouler de sa frustration des derniers jours.