Bonjour tout le monde !

Ah, voilà, on commence enfin à rentrer dans le vif du sujet ! Alors je vous laisse profiter tranquillement de ce petit chapitre.

Bonne lecture ! :)


Chapitre 3 :

Avec lenteur, Aziraphale se redressa sur le banc en bois. Un sourcil légèrement froncé, il leva la tête en direction du jeune homme qui l'avait assailli dès son arrivée dans la boutique. Le visage luisant de ce pauvre garçon exprimait toute la fleur de l'apogée visuelle des désagréments de la puberté.

- Est-il normal que cette botte soit aussi serrée ? demanda le libraire à Crowley, qui souriait aux côtés du vendeur.

Le démon, qui ne perdait pas une miette de la situation et savourait chaque expression d'Aziraphale comme autant de gorgées d'eau fraîche dans le gosier sec de son âme, traduisit sa question en français.

- Ah bah oui, hein, répondit l'employé d'une voix traînante. C'est des chaussures de ski, c'est normal que ça serre. Et encore, vous ne les avez pas attachées.

Disant cela, il s'agenouilla devant l'ange et lui montra comme attacher – ou plutôt verrouiller ? – la botte de plastique épaisse et rigide. Cette fois, l'être rond ne put retenir un hoquet d'inconfort. Qu'il répéta lorsque le second pied se retrouva à son tour enchâssé. Le jeune vendeur s'éloigna ensuite pour encaisser d'autres clients. Aziraphale, toujours assis sur son banc, s'employait à rester digne. Le dos bien droit, il grinça à l'intention de la silhouette restée debout :

- Je t'entends rire, vieux serpent.

Crowley ne répondit pas, se contentant d'un sourire narquois. Il s'assit à son tour sur le banc, à côté de l'ange. Il venait de se rappeler à quel autre moment Aziraphale avait employé devant lui cette posture droite et digne de fierté blessée. C'était dans une cellule sombre de la Bastille. La rencontre de ce jour-là s'était également produite en France, tiens, l'anecdote était amusante…
Avec un air de conspirateur, le démon regarda de tous les côtés avant de se pencher vers son voisin guindé et de chuchoter :

- Est-ce le bon moment pour t'annoncer que j'ai moi-même participé à l'élaboration des chaussures de ski ?

Aziraphale baissa la tête vers ses pieds engoncés et tenta de les faire bouger. Sans succès.

- Hum… Difficiles à chausser comme à enlever… Prodigieusement inconfortables… Inélégantes... Mais tellement rentrées dans les mœurs de cette activité sportive qu'on ne peut plus s'en passer... rendant, de ce fait, leur utilisation indispensable. Et rendant légitimes, par la même occasion, tous les défauts précédemment nommés. Oui, Crowley. Je reconnais là ta griffe.

Le Tentateur lui renvoya un sourire fier alors que le jeune employé revenait vers eux, une paire de skis sous les bras, qu'il tendit à Crowley. Étrangement, le démon ne paraissait pas ridicule dans ses propres chaussures. Fines, étroites et de couleur sombre, elles donnaient l'impression d'être d'élégantes bottes en plastique. Il posa les skis au sol, posa le pied dans l'emplacement et les enclencha d'un geste qu'Aziraphale qualifia de connaisseur. L'ange essaya ensuite ses propres skis, ses bâtons, avant que tous les deux ne passent à la caisse et ne repartent du magasin avec leur matériel de location. Dieu merci, songea le libraire, les affreuses chaussures de ski n'étaient pas conçues pour marcher dans la station non-enneigée. Inutile de dire qu'il avait été ravi de les quitter et de retrouver ses vieux souliers de cuir.

Les deux paires de bâtons sous un bras, Aziraphale rajusta dans son autre main la poignée de l'antique luge en bois qu'ils avaient également louée. L'objet prenaSi faire du ski n'apparaissait pas en tête des priorités dans sa liste de vacances – hormis peut-être pour accompagner Crowley lors de balades, l'ange avait grand hâte de glisser assis sur la luge ! Si, du moins, quelques flocons acceptaient de tomber d'ici la fin de leur séjour…

- J'aimerais bien savoir, très cher, pour quelle raison tu as tenu à louer nos skis dès aujourd'hui ? demanda-t-il en souriant à la luge et en imaginant leurs futures glissades. Est-ce qu'il n'aurait pas été préférable d'attendre demain et d'être sûr que la neige soit bien présente ?

Leurs skis sous les bras, Crowley tint la porte de l'immeuble et laissa passer l'ange. Il désigna la station et les badauds qui s'y pressaient d'un geste du menton :

- Tous les gens que tu vois sont arrivés aujourd'hui, tout comme nous. On a bien fait de s'y prendre dès notre arrivée pour tout récupérer car si demain, il a vraiment neigé, il y aura une foule immense devant les boutiques de location.

- Donc, en soit, nous avons en quelque sorte, sauvegardé notre matériel, c'est bien cela ?

- Tout à fait.

- C'est une idée excellente, reconnut le libraire.

Skis, luge et bâtons furent stockés au rez-de-chaussée, dans un petit placard verrouillé portant le numéro de leur appartement. Lorsqu'ils ressortirent, le ciel se recouvrait de gros nuages blancs. La température fraîche avait encore baissé. Petit à petit, le temps changeait. Et l'heure, elle, tournait. Il était bientôt midi et les familles commençaient à se mettre en quête de trouver de quoi se restaurer. Une appétissante odeur de fromage fondu commençait à s'élever des nombreuses échoppes en bois en périphérie de la station. Toutes les places étaient prises d'assaut par les touristes et les terrasses se remplissaient. L'endroit devenait bruyant.

D'un commun accord, les deux amis décidèrent de faire quelques courses. Aziraphale avait fait une petite liste qu'ils pourraient agrémenter au fur et à mesure de leur séjour. Une variété assez incroyable de fromages était inscrite sur le papier, de la fine et délicate écriture de l'ange. Quelques bonnes bouteilles de vin furent également ajoutées à la facture. Puis, tous les deux rentrèrent à l'appartement, savourant désormais sa délicate odeur de frais.