Bonjour tout le monde !

Petit chapitre tout doux pour se remettre de toutes ces émotions. Je ne vous embête pas plusssss. Pardon : pas plus.

Bonne lecture ! :)


Chapitre 10 :

Chaud.

Chaud….

Il faisait chaud.

Il était bieeeeen….

Par Ssssatan. Des moments de froid, il en avait déjà vécus. Mais celui-ci, il s'en souviendrait longtemps. Mais à présent, là, il était au chaud. Bien au chaud. Encore plus au chaud que quelques temps auparavant, lorsqu'il se souvenait s'être enroulé contre quelque chose de mou. Et de….heu … ah oui : chaud, aussi.

Là, ses écailles de ventre reposaient sur du très chaud rigide. Alors que tout à l'heure, il était plutôt sur du bien chaud mou. Le très chaud rigide, c'était le plus souvent une belle pierre chauffée par le soleil. Comme le balcon de son appartement et son revêtement en pierre. Hein ? Il avait un appartement ? Ah oui : lorsqu'il était sous sa forme humaine préférée. Il n'y avait pas de balcon dans la librairie d'Aziraphale. Mais l'ange, qui était d'une gentillesse à toute épreuve, lui avait offert une lampe à infrarouges, sous laquelle il aimait bien faire quelques siestes les après-midis. Il aimait bien ces moments-là, avec l'ange, lorsque la boutique était fermée et qu'ils pouvaient laisser tomber les masques. C'était une vie radicalement différente que celle qu'il avait vécue durant ces six-mille ans. Mais tellement, tellement plus agréable.

De quoi parlait-il déjà ? Ah oui : du très chaud rigide sur lequel il s'était étendu. La pierre de son appartement chauffée par le soleil. Ou alors… Le sol de la librairie et la lampe chauffante. C'était bien, ça. Il était bien.

Mais merde alors !

Est-ce que çsssa voulait dire qu'ils étaient rentrés en Angleterre ?

Mais…. Comment ? L'ange ne savait pas conduire la Bentley. Et à moins qu'il ne soit rentré avec lui sous le bras par avion en urgence, il n'aurait….. Attends. Est-ce que l'ange avait laissé la voiture en France ? A la merci de ces français barbares ?

Crowley remua avec agacement la queue, remarquant qu'il ne pouvait pas trop bouger. Il était emprisonné…dans une boîte ? Donc sa théorie sur le retour en avion se tenait… Il avait bien envie de se retransformer tout de suite, juste pour rire un peu… Aziraphale serait bien gêné et il devrait s'expliquer avec la compagnie aérienne de la présence de cet homme roux dans la soute. Quoique. A bien y réfléchir, Crowley avait déjà voyagé dans une soute d'avion, pour le travail1. Et il y a faisait autrement plus froid qu'ici, en ce moment. C'était bizarre. Sa langue bifide sortit pour goûter l'air et rencontra à la place une matière granuleuse. Erk. Nan, pas possible... Ce n'était quand-même pas une de ses propres….. Eeeeerk ! Attends. Attendsattends. Attends. Ce n'était pas ce à quoi il pensait. (La longue langue ressortit pour recueillir quelques informations supplémentaires.) Ça avait un goût de grillé. Du gruyère aux herbes. Grillé. Nan. Plutôt brûlé, en fait.

Heu…. Quoi ?

Il passa de nouveau la langue sur la matière étrange. Oui. C'était du brûlé de fromage. Crowley n'eut pas le temps de s'interroger davantage car soudain, devant lui, apparut le visage d'Aziraphale, séparé par une vitre qu'il n'avait pas remarquée. Devant son éveil, l'ange eut un sourire réjoui et soulagé, et ouvrit la paroi de verre, laissant s'échapper l'air chaud.

- Crowley ! Mon cher ami ! Te voilà enfin éveillé ! Quel soulagement !

Ah. Alors là, le serpent ne comprenait plus rien. La théorie de la soute de l'avion s'effilochait à vue d'œil. Il comprit encore moins lorsque son ami bipède, équipé de deux maniques, se saisit du support sur lequel reposait son corps reptilien et le souleva. Crowley sortit de l'environnement chaud, si chaud. Mais il était ainsi plus proche de son ange, et cette vision le réchauffait d'une manière différente.

Le support aux bords relevés sur lequel il se trouvait fut posé sur la table. Il reconnut la table de la cuisine de leur petit appartement. Aux Pyrénées. En France. Avec Aziraphale. Quelque chose de chaud et grattant lui caressa la tête, le faisant sursauter. L'ange lui frottait doucement les écailles, les mains toujours enserrées dans les maniques.

- Je me doutais bien, murmura-t-il d'une voix douce, que te passer quelques minutes au four suffirait à te redonner un peu d'allant.

Crowley tourna brutalement la tête vers l'endroit chaud qu'il avait quitté.

Oh.

Puis, il baissa le regard sur le support sur lequel il avait été installé. Il s'agissait du plat dans lequel la tartiflette avait été cuite la veille.

Ah. Voilà qui expliquait les croûtes de fromage brûlé…

- Heu… Ok, commença-t-il d'une voix sifflante. Je vais regretter la quesssstion mais… On était à combien, là, niveau température ?

- C'est un four en degré Celsius, alors j'ai mis une cinquantaine de degrés. Est-ce que c'était trop chaud pour toi ?

- Nan. Nan. Tu vois, je n'aurais jamais pensssé à me glisssser ssspontanément dans un four de cuisine pour me réchauffer.

L'ange sourit d'un air gêné et demanda :

- Comment te sens-tu, Crowley ?

Le reptile remua un peu, le temps de sa réflexion, avant de répondre d'une voix lente.

- Écoute… Mise à part l'odeur rémanente de fromage ssssur mes écailles et un vieux reste de gueule de bois liée au vin chaud j'imagine, je penssse que çssa va mieux. Vraiment mieux.

- Quel soulagement, mon très cher. Si tu savais à quel point je me suis inquiété. Je pensais vraiment que cette fois, c'était la fin. Que… Que tu allais te décorporer par ma négligence. Pardon.

- De quoi tu t'excsssuses ? Tu n'es pour rien dans ce qui sss'est passssé aujourd'hui.

- Si, mon ami. Si j'avais compris plus tôt que tu devais, par un temps comme celui-ci, rechercher plus souvent une source de chaleur, crois-moi que je nous aurais fait faire plusieurs haltes.

- Et moi, tout à ma joie de te voir ssskier, j'ai passssé la moitié de la journée à ignorer les ssssignaux d'alerte envoyés par mon corps. Alors tu vois, tu n'es pas le ssseul fautif.

- Tu n'aurais peut-être pas eu à les ignorer si j'avais été un meilleur élève.

- Ne t'en veux pas pour çsssa, ange, css'est ridicule. Dis-moi plutôt ; je n'ai aucun ssssouvenir de notre arrivée dans l'appartement. Tu m'éclaires ?

- Oh… Bien sûr. C'était hier dans la matinée. Nous avons pris le Shuttle, roulé toute la nuit et-…

- Je voulais dire csse sssoir, coupa le reptile en agitant la queue.

- Oh, pardon. En partant du petit bar en haut de la butte, nous avons skié jusqu'en bas de la piste.

- J'ai été capable de tenir sur des ssssskis ?!

- Non. Tu venais de te changer en serpent. Alors je t'ai pris avec moi et c'est moi qui ai skié.

- J'étais… autour de ton cou ?

- Heu… Pas vraiment. Tu t'es enroulé autour de mon ventre, sous mon pull. C'était le seul endroit-…

Crowley ondula et émit un sifflement de victoire :

- Le bien chaud mou ! Csssss'était toi !

- Je te demande pardon ?

- Rien, rien, mon ange. Donc : tu as glisssé jussssqu'en bas.

- Oh. Oui. J'ai appliqué tes conseils théoriques et au lieu de glisser d'une traite jusqu'en bas en ligne droite, j'ai fait des petits serpents sur la pente, précisa Aziraphale avec fierté en faisant un geste des maniques.

- Csss'est sssuper, mon ange. En ssslalomant comme çssa, tu perds de la vitesssse et çssa t'aide à garder le contrôle de tes ssskis.

Ils eurent un léger rire devant l'affluence de sons sifflants. Aziraphale ôta sa manique et tapota doucement le crâne du serpent. Estimant le risque de brûlure amoindri, il posa sa paume sur la tête lisse et caressa le corps écailleux. Il finit par soulever le petit reptile et le maintint contre lui.

Un sifflement long et léger ne tarda pas à retentir.


1 C'étaient les années 70 et Crowley devait se rendre il ne savait plus trop où, pour le boulot... Il appréciait beaucoup les films d'espionnage à cette époque et avait voulu savoir si c'était possible de le faire pour de vrai. Après quatorze heures de voyage, il avait constaté que oui, c'était possible, que c'était cool, mais qu'il faisait froid, et qu'on était tout de même plutôt mal installé.