Pas l'heure de mourir
(Suggestion musicale « No time to die » Billie Eilish)
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La mélodie du tintement des fioles manipulées avec vigueur, raisonnaient distinctement à son oreille alors qu'elle observait attentivement la pièce dans laquelle elle se trouvait. Le silence quasi-religieux lui offrit la perception du verre et du cristal s'entrechoquant, du liège grinçant dans les embouchures ou encore la friction des doigts habiles de son ancien professeur sur les étiquettes à moitié décollées. C'était comme revivre ses années d'enseignements, ces longues heures en sa compagnie à manipuler méticuleusement, écouter assidûment et observer sous toutes les coutures. Si on lui avait dit qu'un jour, elle y repenserait avec nostalgie… Elle n'y aurait jamais cru.
Fébrilement, assise sur un vieux sofa dégarni dans les appartements privés de son hôte, Hermione caressa d'une main le tissu fatigué et rêche par bien trop d'années et resta interdite de toute parole, totalement embarrassée de se retrouver là. Cela n'était pas une surprise que d'être assise ici, après tout, où pouvait-il l'emmener d'autre alors qu'elle lui avait intimé ne pas vouloir regagner son propre chez soi … Non, le plus déroutant est qu'il n'ait pas hésité. Il l'avait menée chez lui sans tergiverser un seul instant, ralentissant même par intermittence la cadence de ses pas à travers les couloirs afin de se caler à son rythme fébrile.
La pièce qu'elle devina être le salon n'abritait que peu de meubles, seul le sofa entouré de deux fauteuils se faisant face occupaient l'espace, le tout devant une majestueuse cheminée en pierre, taillée d'une multitude de motifs représentatifs de la maison Serpentard. Dans un dégagement à sa droite, se trouvaient plusieurs portes. La source de lumière n'étant que deux chandeliers muraux se situant dans son dos, il lui était impossible de voir d'ici, combien il y en avait exactement, mais supposa possiblement deux, abritant pour l'une, une chambre et pour l'autre une salle de bain comme pour la plupart des logis de Poudlard.
Puis plus un son, le silence complet arrêta Hermione dans son observation pour fixer celui qui depuis le début farfouillait dans ce qui semblait être sa réserve personnelle. D'un air grave et distant, il lui tint une à une les fioles qu'il venait de sélectionner dans son petit cabinet :
- Tenez celle-ci pour contrer l'effet de manque du Latex de Pavot de Somnifère. Lui expliqua-t-il d'un ton mesuré.
Hermione attrapa la fiole, l'observa interdite puis la renifla avant de grimacer de dégoût. Finalement, sentant le souffle d'agacement de son interlocuteur lui chatouiller le dessus du crâne, elle l'avala d'une traite en essayant d'occulter le goût fétide qui venait de déchaîner ses papilles gustatives. À peine le temps de s'en remettre qu'une seconde fiole se présenta sous son nez.
- Celle-ci pour contrer l'effet de manque de scopolamine. Concernant cet ingrédient, je vous laisse méditer sur une plausible excuse pouvant justifier ma commande précoce de Datura sur le compte de Poudlard.
Hermione, penaude, but la seconde mixture…
- Celle-ci pour contrer la migraine qu'engendrera le manque de Psilocine. Je vous pensais plus maligne concernant celui-ci, il était inutile de venir me dévaliser sachant que tous mes champignons psychotropes sont simplement récoltés dans la forêt interdite. Persiffla-t-il
Fatiguée par ses railleries, Hermione roula des yeux avant de saisir vivement la fiole et d'en ingurgiter le contenu. Bien que moins terrible que les précédentes, elle ne put s'empêcher de grimacer lorsque l'amertume vint lui râper sa trachée. Où était passé son Ange ? Allait-il déverser son sarcasme encore longtemps ? Car au vu de son cocktail cela allait être interminable … Jusqu'à possiblement le mettre à court de pique. À peine le temps de jubiler d'avoir trouvé une solution pour sécher son tourmenteur qu'une… Troisième ? Quatrième fiole… Lui vint sous le nez.
- Ne vous fatiguez pas, je sais ! Celle-ci pour contrer l'effet de manque de ci et ça et je suis une idiote parce qu'on en trouve chez le plus véreux des apothicaires d'ici et là… Lâcha-t-elle tout en lui arrachant la fiole des mains avant de la vider aussi bien que les autres. Cependant, cette fois-ci, elle ne fut pas si mauvaise…
- Loupé Miss-je-sais-tout ! L'interrompit-il dans ses pensées. Le reste des ingrédients que vous m'avez dérobés, sont considérés comme de la médecine douce, de ce fait et considérant que vous soyez un tant soit peu prudente, rigoureuse et de toute évidence, même si cela est difficile à dire, vivante, j'en déduis que vous avez mesuré soigneusement les quantités. De ce fait, j'ai préféré vous administrer en dernier lieu un breuvage de mon invention qui comblera vos carences.
Hermione embarrassée baissa le regard. Quelle indélicatesse de sa part de jouer l'effrontée alors qu'il prenait soin d'elle, d'une façon bien singulière certes, mais il veillait sur elle tout de même. Il était là, lui avait-il dit. Dominée par sa haute stature, elle n'osa plus l'affronter et se tritura les mains afin d'occuper son regard dans l'instant bien trop long.
- Y a-t-il autre chose que je dois savoir sur vos pratiques de toxicomane ou nous avons fait le tour ?
Hermione garda le silence et continua de fixer ses mains durement serrées entre elles, démontrant à quel point, il venait de s'aventurer sur un terrain houleux. Il y avait bien autre chose… Mais… c'était inavouable, sinon pour qui ? … Pour quoi, même, allait-il la prendre. Ce n'est pas comme s'il avait une haute opinion d'elle, toutefois ce qu'elle prenait en complément avait une réputation assez controversée chez les Moldus. Même si sa propre utilisation n'était en rien mêlée à ce que les utilisateurs lambda en faisaient habituellement, elle ne pouvait décemment lui avouer une chose assimilée à des détails si intime …
- Nous avons fait le tour, je … Je vous… Merci. Bredouilla-t-elle finalement.
- Bien dans ce cas je dois vous laisser, j'ai classe. Vous pouvez rester ici pour l'instant afin de vous reposer un peu. Il attrapa un plaid sur un des fauteuils et revint vers elle. Tenez couvrez-vous, avec ce que je vous ai donné, vous dormirez sûrement et il fait vite frais dans les cachots. Je vous laisse libre champ concernant la salle de bain si vous en avez besoin. Il pointa du doigt la bonne porte. Il y a tout ce qu'il faut. Il se dirigea vers la sortie lorsqu'il se retourna pour ajouter avec hésitation. Je pense qu'il est inutile de vous spécifier qu'il vous est interdit de toucher à ma réserve personnelle.
Accoudée sur le dossier du sofa, Hermione l'observa immobile dans le chambranle de la porte, noyant son regard dans le sien. Il semblait tourmenté, évidemment qu'elle n'allait pas s'aventurer dans sa réserve, la leçon était assimilée, mais cela sembla plus profond que cela. Son air distant et ses traits inexpressifs n'avaient pu camoufler la brisure de son intonation et la lueur dans son regard qui hurlaient l'inquiétude. Tout à fait comme son ange le faisait … Finalement, ce qu'il souffla ensuite l'attesta :
- Je vous laisse seule… Ne me le faîtes pas regretter.
Sans attendre plus longtemps, il quitta la pièce non sans entendre le faible :
- Promis.
Hermione se redressa une fois la porte close quelque peu ébranlée par ce qu'elle venait de discerner dans ce pudique échange.
Animée par un feu soudain au centre de son ventre, elle traversa de long en large la pièce en de grandes foulées. Ce n'était pas les cent pas d'une angoisse, ni la peur terrible et incontrôlable de se retrouver esseulée, non, c'était aux antipodes de tout cela… Strictement, rien dans cette pièce ne lui remémorait les vestiges de son ancienne vie, aucune couleur nauséeuse et aucun bibelot douloureux, c'était un lieu vierge de son histoire et plein d'une aura rassurante. Une pièce guère avenante, certes, et austère, mais qui, tout compte fait, reposait son esprit et son âme éreintée.
Alors que le bien-être semblait prendre possession de son corps, un étonnant sourire effaça le creux de ses joues un instant. C'était inimaginable et pourtant, l'euphorie l'habitait, une sensation absente depuis des mois qu'il fallut en cet instant apprivoiser. Profitant du moment déroutant, elle se laissa mener jusqu'à la salle de bain afin d'effacer ces funestes derniers jours, marqués sur la surface de son corps jusqu'à ses entrailles par la crasse.
C'était assez métaphorique de croire qu'une douche puisse effacer le marquage de tant de douleurs et pourtant, nue sous le jet bouillant, Hermione se sentit presque renaître. L'eau piquante sur sa peau faisant ressurgir sa mélanine en de petits points rouge, agissait comme un vaccin, empêchant les abîmes de l'engloutir de nouveaux dans ses tourments.
Le temps fila et c'est l'incertitude que de croire le locataire des lieux revenu qui la fit sortir après s'être lavée. Avec appréhension, elle se servit dans la pile de serviettes et s'enroula tout entière du grand et duveteux drap d'éponge blanc sélectionné. Il y avait quelque chose d'intime dans le fait d'user ses affaires à lui… Et pourtant, ce n'était là qu'une serviette. Déjà, l'utilisation des gels lavants aux fragrances masculine l'avait quelque peu intimidée… Timidité vite évanouie lorsqu'elle s'était laissée aller à humer en de grandes inspirations l'intensité du parfum diffusé dans la condensation de l'eau… C'était presque comme le percevoir ici même, avec elle…
Hermione se secoua à cette pensée fugace et commença à frictionner vivement la serviette pour se sécher. Un instant, il lui sembla avoir subitement trop chaud, une fièvre peu commune qu'elle assimila à la température de sa douche et l'atmosphère étouffante du lieu embué et chassa donc sa mauvaise impression.
Alors qu'elle passa son deuxième bras dans l'emmanchure de la robe de chambre en satin noir qu'elle avait tirée du portant, une bouffée de chaleur la fit chanceler bien trop violemment pour que ce ne soit qu'une conséquence d'une simple douche. La main tremblante par la soudaine non-maîtrise fébrile de ses membres, elle parvint à ouvrir la porte, mais le pas de trop accentua l'effet oscillant qu'elle tentait de chasser. Soudain, sa vue fut avalée par la noirceur et son corps devenu inerte s'écroula sur le vieux parquet dans un grincement douloureux.
L'agacement pourrait être facilement perçu pour celui qui avec minutie étudierait l'écho de ses talonnettes martelant les dalles en pierre du couloir et le sifflement aiguisé des pans de sa cape fendant l'air. Car si le temps lui était habituellement long lorsqu'il donnait cours, là, il lui semblait avoir vécu l'instant le plus interminable de sa carrière d'enseignant. Être contraint de subir la gaucherie et l'ineptie des cornichons tout en se préservant du plaisir d'en garder deux, trois en retenue avait été un véritable supplice. Supplice vite comblé lorsqu'il s'était focalisé sur la raison du pourquoi cette clémence… Sa vulnérable faiblesse l'attendait.
Probablement profondément endormie sur le sofa de son salon et chaudement emmitouflée dans son plaid, il n'avait pourtant eu de cesse de s'inquiéter. Physiquement, elle semblait si détruite... Il n'osait imaginer les dégâts intérieurs… Même si la nuit dernière avait été l'image même du néant qui la caractérisait, il espérait que son don lui redonne foi en la vie.
Lui aussi la mort l'avait séduit un temps, l'anéantissant jusqu'à l'amener du haut de ses neufs ans à parer la branche de son adieu d'un dernier nœud au bout d'une corde. C'est à cet instant que ses ailes avaient jailli, tout aussi inexplicablement. Par la suite, sa curiosité d'enfant l'avait sûrement aidé à surmonter l'épreuve, le faisant revenir chaque jour en ce lieu sinistre, dans le creux de cet arbre centenaire afin d'apprivoiser ses ailes, jusqu'à rencontrer celle qui l'aura exorcisé presque à jamais.
Seulement, Hermione n'était plus une enfant et bien loin de la candeur de ses jeunes années. Ce qui l'habitait était bien plus pernicieux et destructeur. Son mal l'avait déjà bien trop atteint, jusqu'à la faire s'autodétruire à petit feu. Seule, elle n'avait sans doute aucune chance de retrouver la Lionne combative qu'elle avait été, il y a seulement une année.
Severus se hâta, un mauvais pressentiment se matérialisa en un nœud dans sa trachée aggravant son humeur. Il se fustigea mentalement, elle lui avait promis, mais il ne pouvait s'empêcher de croire que la faiblesse la ferait déchanter. Son antre, empli d'une multitude de solutions de facilité pour une suicidaire, était une tentation bien trop grande même si elle s'était unie à lui dans un serment.
Ne doutant plus de son intuition, il ouvrit la porte de ses appartements à la volée après avoir prononcé son mot de passe. Le sofa était inoccupé, absent de la délicate silhouette endormie qu'il s'était dans un premier temps imaginé. Son regard se concentra alors sur son cabinet semblant d'ici fermé et intact, mais cela ne voulait pas dire subtilisé d'une de ses fioles. Deux rapides pas plus loin lui révélèrent ce qu'il redoutait, là dans le sombre dégagement, une masse inanimée et blême jonchait le sol.
Terrifié à l'idée d'être arrivé trop tard, il traversa la pièce en une vive foulée pour la rejoindre et s'accroupit au plus près d'elle sans se soucier de sa nudité révélée par les pans de sa robe de chambre entrouverte. Elle était si pâle… Qu'il avait peu d'espoir. Mais alors qu'il plaça sa paume tout contre sa joue, il perçut son front perler de sueur. Sans attendre, il leva sa baguette et la fit danser et planer sur elle, effleurant à des moments sa peau délicate alors qu'il récitait le sortilège adapté afin d'obtenir ses constantes.
En pleine concentration, son visage déformé par les nombreuses émotions qui le traversèrent, il s'évertua à ne pas se laisser emporter par ses craintes et plaça donc une main tremblante, délicatement sur son front. Ça ne lui ressemblait pas, perdre tant contenance n'était pas dans ces habitudes et rare les fois où cela c'était produit, seulement cette fois, il ne l'expliquait pas, il se sentait impliqué, elle lui avait fait une promesse qu'elle ne semblait pas avoir tenue… Il lui en voulait.
Le sortilège crépita un instant répandant sur sa peau nue une multitude de petits scintillements, qui lui révélèrent ses organes devenus luminescents. Sous sa petite poitrine, il perçut son cœur battre et si dans un premier temps, il s'autorisa un souffle de soulagement, le décompte impossible du rythme effréné, l'alerta finalement plus encore. La fièvre brûlante qu'il mesura en même temps sous sa paume était telle, qu'il n'avait nul besoin d'être Médicomage pour deviner qu'elle succomberait rapidement s'il n'y remédiait pas immédiatement.
Qu'avait-elle pu prendre pour finir dans cet état ? Il récita intérieurement ou peut être à haute voix tant la panique fut omniprésente, la liste des fioles dans son cabinet capable de la rendre ainsi en combinaison avec ce qu'il lui avait déjà prescrit tout en plaçant un bras sous ses frêles épaules et un autre sous ses jambes dorénavant bleutées afin de la soulever. Ne réfléchissant plus, saoul de toutes les possibilités et pris par le temps, il l'amena dans la salle d'eau priorisant la fièvre affreuse qui menaçait de faire cesser chacun de ses organes.
Ne pouvant faire autrement compte tenu la taille exiguë de la douche, il tenta de la repositionner verticalement, l'entourant de ses bras afin de la maintenir tout contre lui. Sans plus attendre, d'un geste rapide, il actionna l'eau à l'aide d'une main avant de vite la repositionner pour la maintenir avant qu'elle ne glisse. Frigorifié par le ruissellement d'eau gelée qui imbiba dans un premier temps ses cheveux pour s'insinuer dans sa nuque puis ses vêtements, il tint bon, accentuant sa prise afin de ne pas succomber à la fatigue de ses membres piqués par le froid.
Malgré l'effort intense de ses bras dorénavant endoloris, elle lui échappait alors juste avant qu'elle ne les entraîne tout deux au sol, il ôta la robe de chambre en satin, fautive de sa mauvaise prise, puis la tint de nouveau fermement tout contre lui. Ainsi, elle lui semblait bien plus fragile, presque cassante alors qu'il passait une main sur son flanc marqué par ses cotes. Elle ne survivra pas… Pensa-t-il. Le nœud dans sa trachée qui n'avait fait que s'accentuer vint le noyer jusqu'à former de timides larmes passant inaperçu dans les flots de la douche. Jamais il ne pleurait... sauf pour celles qui comptaient et qu'il perdait, alors sans même s'en rendre compte, il susurra tout contre elle :
- Battez-vous… S'il vous plaît… Battez-vous…
D'une main, il balaya ses mèches dansantes sous l'eau qui lui cachaient le visage. Il voulait l'observer pour se l'imaginer… Hermione, en bonne santé dans ses bras, sous cette même douche, ses courbes d'autrefois appuyées contre son corps, ses mains affectueuses et voyageuses imprimant chaque parcelle qui le formait, le regard noisette pétillant de combativité, de vie … d'envie, encré dans le sien. Et alors que son image véritable et épouvantable balaya ce doux rêve, il la secoua, elle ne devait pas mourir, il ne le voulait pas. Il effaça ses larmes, repositionna son masque imperturbable et la secoua de nouveau.
Sa bouche s'entrouvrit et ses yeux papillonnèrent, Hermione avait terriblement froid et cette sensation glaciale ne semblait pas s'arrêter, continuant inlassablement à l'envelopper jusqu'à lui barrer le front en une vive douleur. C'était comme boire un jus de citrouille trop frais qui, à chaque gorgée vous givre les méninges. Mais dans cette tempête hivernale, elle perçut une douceur tiède, un elle ne sait quoi, fort et rassurant qui lui permis de garder la force de s'éveiller.
Parcourant le brouillard dense de sa vue, elle le vit enfin, c'était lui, son ange…Il était proche, si proche qu'elle put détailler ses obsidiennes braquées sur elle et percevoir que ses pupilles étaient encore bien plus sombres que ses iris. C'était envoûtant, presque aussi euphorisant que ses drogues, une sensation de pesanteur menant un voyage dans les confins de l'univers. Il lui faisait l'effet d'une caresse du bout des doigts sur les étoiles, d'une danse sensuelle dans les nébuleuses…
Sa folie fut stoppée par une vive douleur sur sa joue, le fourmillement fut intense et bref … Une claque… Puis une deuxième.
- Réveillez-vous !
- Sev…. Severus stop, je… je suis là… Cafouilla-t-elle, totalement embrouillée qu'elle ne capta même pas l'emploi de son prénom.
- Qu'avez-vous pris nom d'un chien ? Émit-il, perdu entre la colère et le soulagement.
- Je … rien … J'ai froid.
Trop faible et anesthésiée par la fraîcheur, elle ne comprit pas son questionnement de suite, tout ce qu'elle souhaitait, c'était sortir d'ici mais se refusa à le lâcher, se cramponnant plus encore à lui de ses bras autour de son cou. Il avait cette odeur masculine dans le creux de sa clavicule, la même que le gel lavant qu'elle avait usé avec ravissement. Elle inspira puissamment, le chatouillant du bout du nez, ce n'était pas entêtant, plutôt subtil et frais… Un mélange de coton et de lavande, ça lui allait bien…
Savourant la proximité, Severus, ne put que s'assurer de sa fièvre évanouie et des battements de son cœur plus lent frappant timidement son torse. Il se sentit apaisé la sachant sortie d'affaire, alors il la tira hors de la douche, gardant la prise sur elle pour ne pas forcer ses jambes flageolantes. Les caresses involontaires qu'elle lui prodiguait du bout de son nez et de la surface douce de sa bouche contre sa peau, n'en furent pas moins une excuse pour la laisser accrochée ainsi. C'était appréciable, il avait eu si peur qu'il consomma cette câlinerie à la dérobée. Délesté de la crainte de la perdre, il se sentit bien plus lège, le nœud dans sa trachée n'était plus et seule la crispation de ses membres restés trop longtemps sous l'eau gelée lui était encore pénible.
Elle était encore dans ses bras, le visage lové dans son cou, lorsqu'il chercha son oreille du bout des lèvres pour lui susurrer posément et peiné :
- Qu'avez-vous prit dans la réserve ? … Vous m'aviez promis…
- Rien, je tiens toujours mes promesses
Son sang semblait reprendre la course dans ses membres inférieurs, lui permettant de se tenir sur ses jambes. C'était encore adroit mais suffisamment stable pour se redresser afin de l'observer. Il se trompait et elle voulait qu'il perçoive la véracité de ses paroles en un regard. Seulement, sur ces deux pieds tout devint réel… Son corps nu et frêle appuyé contre lui, sa poitrine écrasée sur son torse puissant, ses bras enlacés autour de son cou chatouillé par ses longues mèches noires, les siens sur ses flancs… Son dos… Ses hanches…
Et elle perçut ses pouces glisser sur sa peau en de subtiles caresses avec la même délicatesse que lorsqu'il effleurait ses précieuses fioles… Déclenchant un doux feu en son centre qui la réchauffa de nouveau, rien d'inquiétant cette fois… C'était délicat et savoureux… Puis la réalité de nouveau frappa :
- Pouvez-vous me donner une serviette, s'il-vous-plait.
Sans briser le lien d'un bras, il tira une serviette de l'étagère non loin et la lâcha seulement afin de l'envelopper dans l'éponge.
- Avez-vous oublié que vous êtes une sorcière ? La questionna-t-il malicieusement, un rictus aux coins des lèvres alors qu'il l'observa commencer à se frictionner.
Il attrapa sa baguette reposée sur le meuble à vasque en marbre et fit danser sa baguette entre eux tout en récitant un sortilège de séchage. Les dernières traces de cet instant furent évaporées par la magie, et c'est alors que l'inquiétude revint au galop avec pour mission, entamer la discussion inévitable.
Severus l'attendit dans le salon, la mine sérieuse, jambes croisées et bras reposés sur les accoudoirs d'un des vieux fauteuils dégarnis, il semblait soucieux et ne s'en cacha pas. Lorsqu'elle s'installa vêtue d'une nouvelle robe de chambre sur le sofa face à lui, il espéra fortement qu'elle serait coopérative, qu'elle lui offre sa confiance et se confit, n'omettant aucun détail sur ces mauvaises habitudes. L'atmosphère dans la pièce crépitait encore d'une étonnante volupté en dépit de son inquiétante crise et était lourde des non-dits ravageurs. Il attendit qu'elle finisse de se couvrir du plaid précédemment donné avant de commencer :
- Si vous n'avez rien prit dans la réserve durant mon absence, j'aimerais que vous me disiez ce que vous avez omis de me renseigner ?
Son regard était perçant et Hermione en fut si décontenancée qu'elle balbutia imperceptiblement :
- Je … je ne peux pas…
- Si, avec moi vous pouvez, nous resterons là jusqu'à ce que je sache !
Son ton marquait son exaspération. Comment pouvait-elle vouloir lui cacher quoi que ce soit alors qu'il était déjà dans la confidence de sa prise des pires psychotropes qui soit. Il la vit trembler et sa vulnérabilité n'en fut qu'exacerbée, il la voyait trop souvent ainsi… Et il ne le supportait plus, cela devait cesser. S'il s'écoutait, il la reprendrait tout contre lui, mais ses barrières étaient encore faibles du moment précédent, s'il le faisait, il se laisserait emporter par les sensations et seul Merlin sait jusqu'où il pourrait aller… il ne devait pas, il voulait savoir…
- Vous devez me faire confiance, dites-moi.
Hermione saisie par l'intonation réconfortante contrastante avec celle dure qu'il avait eue précédemment, se laissa aller à la confidence :
- Un mélange de nitrite … Moldu… Régulièrement… Par inhalation…
Ses mots, soufflés dans le désordre, lui étaient étonnamment fort compréhensible. Il avait décrypté à quel produit précisément, elle faisait référence, malgré ses allusions détournées et il comprit pourquoi tant de secrets et de détours… Cela expliquait son état, si sa prise de Poppers était trop fréquente, il est clair que cela avait joué sur son système cardio-vasculaire… En complément de ce qu'elle prenait déjà et des remèdes qu'il lui avait prescrit il était fort probable que ça ait déclenché sa préoccupante crise de tachycardie… le souci majeur maintenant étant qu'il soit possible que cela se reproduise…
Hermione l'observa, honteuse… Il semblait pensif et peut être même affolé, si bien qu'elle se précipitât d'ajouter :
- Je ne prends pas ça pour ses « vertus » sexuelles, c'est juste pour …
- La sensation de planer dans du coton, je sais. Est-ce la raison du pourquoi, vous ne m'avez rien dit ?
- Oui. Hermione fuit son regard, elle aurait dû lui faire confiance, quelle imbécile pensa-t-elle avant de demander… Comment vous …?
- Ça se saurait si j'avais été un enfant de cœur Miss Granger, tout ce que vous avez besoin de savoir c'est qu'il était ridicule de me cacher une chose si dérisoire quoiqu'au vue des séquelles que cela vous a causé ce ne le soit plus vraiment.
Sa bouche se tordit, il ne tiendrait plus longtemps si elle continuait à trembler ainsi tout en se faufilant un peu plus dans le plaid pour chercher du réconfort. Son corps, son esprit réclamait le sien, mais de quoi cela aurait-il l'air après déjà tant de proximité partagée, aussi faible qu'elle l'était, c'était comme en abuser… Alors avant de succomber, il se précipita de formuler la dernière question, celle qui allait déterminer un important changement :
- Quelle est la fréquence de vos repas ?
Une question simple qui sembla ne pas l'être au vu des longues analyses qui animèrent ses traits. Ses sourcils foncés et froncés, son petit nez retroussé et ses lèvres pincés démontraient qu'elle était incapable d'y répondre sans le froisser.
- Inutile de répondre, donnez-moi le mot de passe de vos appartements. Lui imposa-t-il alors que la décision fût prise.
Hermione releva la tête et le questionna du regard.
- Je vais vous récupérer quelques changes, vous allez rester ici jusqu'à ce que j'estime qu'il soit judicieux de vous laisser repartir, pour cela il me faut votre mot de passe.
Après une ultime hésitation, sans y croire vraiment, Hermione, craintivement, prononça :
- « Héroïne »
C'est à ce moment qu'il sut qu'il prenait la bonne décision, prononcer ce mot, ce titre qu'on lui affublait alors qu'elle vivait la victoire comme une défaite, devait être une véritable torture…Le tout mené petit à petit à devenir un mauvais jeu de mot si on faisait le lien avec ses addictions. Il avait perçu la souffrance qui émanait d'elle alors que sa bouche remarquablement charnue malgré tout, l'avait prononcé… Et n'en fut pas moins concerné puisque la même douleur, les mêmes remords l'habitaient lorsqu'il déverrouillait ses propres appartements. D'ailleurs en y pensant…
- Puisque vous vivrez ici un temps, sachez et retenez que le mot de passe de mes appartements est
« Pardon »
À Suivre…
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Merci à ma correctrice pour la correction de ce chapitre et son retour flatteur encore une fois.
Désolé pour les quelques lecteurs qui suivent ce récit, il est vrai que j'ai un peu tardé à poster ce chapitre... mais ... mais ma vie ces temps ci n'est pas aussi facile qu'elle peut l'être habituellement. Bien trop de choses à gérer et l'impression d'être noyée sous peu d'entre elles. C'est contradictoire dit comme ça, mais c'est exactement ça. Cependant ne vous inquiétez pas, ma fic sera complète avec un chapitre final, j'y pense constamment il m'est inconcevable de la laisser sans une fin digne.
Ceci dit, et ce n'est pas dans mes habitudes de quémander cela mais n'hésitez pas à me faire des retours en une petite review, j'avoue me retourner le cerveau à l'écrit et savoir si c'est utile me rendrais plus qu'heureuse :D
