Dériver à deux c'est mieux

Suggestion musicale : «Ten black Roses» The Rasmus

.o°✦.-꧁ ❤ ꧂-.✦°o.


Hermione resta plantée là, sidérée devant cette porte qu'elle n'avait jamais franchie et qui venait de se fermer. Elle avait collecté tous les éléments… Certes, mais une chose lui avait échappée, il y avait tellement de termes, de si nombreuses histoires, de croyances, de dénomination qu'elle ne s'était qualifié, encore, en rien.

Mais lui savait et venait de le lui révéler dans sa précipitation.

- Je suis une Banshie…. Souffla-t-elle pour y croire


Il savait… Severus savait depuis le début et le lui avait caché.

Les secondes s'apparentaient à une éternité alors qu'Hermione rejouait les dernières semaines en sa compagnie jusqu'à l'apparition de ces ailes ce soir particulier ou elle n'avait souhaité que mourir, l'extension duveteuse offerte durant cette veillée funèbre et qui faisait d'elle, maintenant, une Banshie. Non, rien ne lui revenait en tête, pas un mot, ni aucun lapsus de sa part, juste une brève et vaporeuse mission mentionnée, qui était « veiller sur quelqu'un ». Severus l'avait alors guidée, remis sur pied, entraînée pour qu'elle parvienne, jusqu'à ce que sans qu'ils ne s'en aperçoivent, ce quelqu'un se retrouve à être lui… Son ange, devenu fraîchement son ami.

Une Banshie.

Avec pareille nouvelle, il était certain qu'Hermione ne trouverait jamais le sommeil, elle tournerait en rond sans aucun doute tout en buvant une multitude de thé dont les herbes et fleurs séchées emplissaient le seul placard de ce salon, ou alors, elle irait peut-être voler aux abords de Poudlard, ce, même si sa longue péripétie de la nuit dernière la marquait encore aujourd'hui de douleur dorsale. Alors qu'elle roula des épaules pour reprendre contenance, un vif élancement vint lui déchirer l'omoplate. Finalement, non, elle ne s'en irait pas ce soir, il lui fallait du repos… Enfin pas avant d'en savoir plus.

Elle devait rentrer dans cette pièce coûte que coûte et s'expliquer, qu'importe l'humeur de Severus, après tout comment pouvait-il seulement croire pouvoir dormir alors qu'il venait d'avouer de but en blanc une chose si importante. À bien y réfléchir, si, il le pouvait certainement, à sa façon d'énoncer la nouvelle, cela lui avait semblé dérisoire, à croire qu'il s'agissait d'une futilité qui ne nécessitait pas qu'on s'y attarde, un sujet mineur semblable a lorsqu'on abordait la pluie et le beau temps…
Non, elle ne pouvait décemment pas en rester là…

La main en suspend sur la poignée, Hermione, hésita alors qu'elle s'apprêta à l'abaisser. Au même instant, accompagné par une certaine frénésie, ses joues bombées s'empourprèrent du même rose des chardons en fleur des vallées d'ici. Une douce masse chaude se mit à frémir dans son bas-ventre alors qu'elle s'apprêta enfin à pénétrer son intimité. Braver cette porte qu'elle n'avait jusqu'alors, pas même juste entrouverte était une chose qu'elle s'était jusqu'alors refusé, jugeant qu'elle l'envahissait déjà bien assez comme ça.

Une Banshie…

Il le fallait, alors, sans remords et résolue, Hermione appuya cette poignée, ouvrit le battant franchement et resta figée là, bouche bée dans le chambranle de la porte tentant avec difficulté de ne pas suffoquer alors que le doux bouillon dans son ventre flamba de plus belle, allumant tout son être jusqu'à faire fondre et liquéfier ses ambres en miel. Comme précédemment les secondes avaient l'aspect de l'éternité, temps suffisant pour détailler ce que son regard ne pouvait détacher ou encore lui permettre de reprendre une goulée d'air pour parvenir avec difficulté à bafouiller :

- Mais… mais… vous êtes nu !

- De toute évidence… Émit-il dans une ironie déconcertante, tentant maladroitement de cacher de ses deux mains ce qui faisait de lui un homme alors qu'il venait de se faire surprendre. Un homme en forme à en juger la réaction sous ses doigts alors qu'il capta le feu lubrique dans la coulée du regard de celle qui venait de pénétrer sa chambre. À ce rythme, il était plus qu'évident que ses mains ne suffiraient plus à camoufler la réaction qu'elle lui provoquait… Elle devait sortir.

- Par Merlin, fermez donc cette porte Hermione ! Expira-t-il finalement d'une voix anormalement, défaillante ?

Tirée de sa rêverie, Hermione referma illico la porte puis s'y adossa tentant tant bien que mal de se ressaisir. Si elle s'était imaginé tomber sur lui de cette façon… Elle n'aurait certainement pas ouvert cette porte… Elle ne se serait donc jamais égarée à suivre des yeux cette large ligne blanche encore rosée par endroit, signature de Nagini, qui partait de son cou jusqu'au-dessus de sa poitrine et qui contournait scrupuleusement sa pomme d'Adam étrangement agitée alors qu'elle était en train de le détailler … Elle ne se serait jamais perdue non plus dans les détails qu'offrait sa peau d'albâtre souligné ici et là par d'autres marques de son terrible passé, et pour finir, elle n'aurait jamais suivi ce chemin sombre de poils partant de sa poitrine jusqu'à s'épaissir sous la cache de fortune fait de ses mains. Merlin ! Que lui arrivait-il… ?

Hermione avala difficilement, alors que son corps fébrile, matérialisa le désir qu'elle s'empêchait de concevoir jusqu'à maintenant. La chaleur répandue lui picota les joues et pulsa en son centre les battements d'une soif inconnue alors qu'elle se repassait la silhouette dénuée des multiples couches de vêtement qui le gardait habituellement prisonnier si ce n'est même capitonné par les innombrables boutons semblant scellés à jamais.

Son accoutrement était aussi mythique que son mauvais caractère, si bien qu'elle n'eût jamais osé l'imaginer sans… Seulement, son entrevue lui permit de constater qu'il n'avait rien à voir avec l'archétype couvrant les premières pages de Sorcière hebdo comme avait pu le suggérer à l'époque certaines camarades empreint au fantasme sur leur professeur, il était bien trop mince pour cela… Et bien trop marqué ici et là. En revanche, il n'était aucunement dépourvu d'une musculature certaine, ho, rien de semblable à de la gonflette superflue, juste que la vigueur de son corps s'était matérialisée alors qu'il s'était tenu en pleine tension, étiré au milieu de sa chambre, révélant alors chacun d'eux. Ses épaules balayées par la pointe de ses mèches sombres demeuraient bien plus large que le reste, une conséquence au port de ses ailes et de ses années de vol, elle avait déjà pu le remarquer lorsqu'elle avait baladé ses paumes de main à cet endroit lors de leur première séance d'entraînement.

« Par Merlin », il s'était tenu droit devant elle, ses bras étirés devant son sexe, ses jambes écartés et gainé jusqu'au talon planté à même le sol, le tout figé tel une statue dont on venait fraîchement de donner le dernier coup de burin tant la perfection lui avait soudainement donné faim et soif. Il avait cette morphologie en V, fine, élancée et sèche que les années avaient minutieusement ciselée et ce n'était pas pour lui déplaire…

Hermione se secoua à cette réflexion, sans pour autant réussir à s'enlever que la vision, même imparfaite de Severus lui plaisait d'une façon bien trop exaltante…

À peine le temps de s'en remettre que la porte derrière elle, grinça et s'ouvrit, lui permettant tout juste de se redresser et de se tourner sans perdre l'équilibre.

- Ne vous a-t-on jamais appris à frapper avant d'entrer ?! Balança Severus, tout en nouant les liens de son pantalon de nuit avant de rabattre le bas de son t-shirt une fois finit.

- Je… Si évidemment… Excusez-moi… mais je voulais…

- Vous rincez l'œil ? Suggéra-t-il moqueur.

- Ne soyez pas idiot, comment aurais-je pu savoir que vous seriez sur le point de vous changer, pile au moment où je suis entrée. Se ressaisit-elle.

- Peut-être parce que je venais justement de vous faire savoir mon envie d'aller dormir. Rétorqua-t-il plein de sarcasme. Dois-je dorénavant verrouiller ma porte d'un sortilège ou êtes-vous capable de ne pas succomber à vos pulsions de voyeurisme ? Demanda-t-il tout en feintant le sérieux.

Quel toupet, cet homme la rendait dingue. Il se jouait d'elle, et savait y faire, reconnue-t-elle. S'il voulait jouer à ce petit jeu, Bien… elle aussi.

- Ce ne sera pas nécessaire rassurez-vous, j'ai vu assez d'horreur durant la guerre comme ça. Rétorqua-t-elle pleine d'ironie, ne loupant pas par la même occasion sa moue faussement déçue presque heurtée par cette fausse vérité.

Empreint d'amusement, Severus ne la quitta pas des yeux, elle savait se jouer des situations cocasses et elle lui retournait la pareille avec bien plus de mordant, il aimait ça …

L'instant dorénavant allégé de toutes les énergies intenses, permis de tourner la page sur cet incident …

- Allez-vous garder ma porte de chambre toute la nuit, où comptez-vous être raisonnable pour une fois et vous mettre au lit ?

- Merci, je n'en demandais pas tant. Avant même qu'il ne réagisse, Hermione passa sous son bras et entra sans préavis avant de s'installer au bord de son lit, l'édredon olivâtre en velours sous elle, appela à la caresse, elle se mit machinalement à le caresser du bout des doigts.

- Hermione … Souffla-t-il lasse, d'une voix basse et caverneuse.

- Je veux juste que vous répondiez à mes questions, ensuite, je retournerais dans le salon et vous laisserais tranquille.

Elle avait ce regard suppliant pour lequel il était habituellement insensible… Et pourtant, cette fois, il laissa tomber, la supplique de son regard accompagnée de cette presque nonchalance dans sa position au milieu de ses draps et de nouveau cette bretelle insolente qui lui chatouillait les idées le fit céder en lui faisant refermer la porte, l'enfermant avec lui.

Mais parce qu'il restait cet homme difficile, il ne lui rendrait cependant pas la tâche facile. Alors, pour la déstabiliser tout autant à son tour, il rejoignit son lit comme si de rien, s'installa confortablement se préparant à dormir, et se couvrit du drap plat du même camaïeu de son édredon se tournant de façon à ne plus voir Hermione qui l'observa intriguée. Il l'entendit rapidement cependant lui demander :

- Vous comptez dormir ?

- En effet. Répondit-il feignant le sommeil.

- Mais... S'offusqua-t-elle. Et mes questions ?

- Posez-les et j'aviserais.

Un instant il n'y eut que le silence, puis vint le léger son du froissement de ses draps accompagné du mouvement de son matelas qui s'enfonce à ses côtés. Il imagina non sans mal la position d'Hermione à présent, mais n'osa pas bouger pour vérifier.

Hermione à présent adossée contre la confortable tête de lit capitonnée du même velours que l'édredon, lissa le drap qu'elle avait reposé sur ses jambes jusqu'à sa taille après avoir placé judicieusement un coussin dans ses reins pour soulager son dos encore meurtri.

C'est à cet instant seulement qu'elle réalisa son audace, veiller dans le même lit qu'un ami n'était pas si déraisonnable, elle l'avait déjà fait, de nombreuses fois se souvint elle avec nostalgie alors qu'elle repensait à ses amis disparus, mais avec Severus, c'était loin d'être anodin. Il y avait d'abord ce passé commun, cette ascendance qu'il avait sur elle du fait qu'il fut son professeur… Même si elle avait dû apprendre à passer outre en vivant avec lui, mais il y avait aussi cette autre chose, cette sorte d'alchimie… Qu'ils avaient vulgairement et simplement relégué au statut d'une simple amitié.

L'un comme l'autre ne se leurrait pas, il s'agissait plutôt d'un arrangement, une façade pour tenter d'expliquer ce qu'ils partageaient, maintenant en revanche, elle savait qu'il s'agissait de bien plus, c'était autrement qu'un simple attachement et bien loin encore d'une sensation de se sentir redevable… Il la faisait se sentir toute chose, délicieusement vulnérable et en même temps incommensurablement puissante, sa présence l'électrisait, la rendait vibrante alors que son regard lui, la faisait se sentir au-delà de vivante.

Soudainement, comme attirée par la seule excentricité que renfermaient ces appartements, Hermione découvrit que le pan de mur, celui que semblait observer Severus, dos à elle, n'était en fait que purement et simplement une immense paroi en verre offrant une vue imprenable sur les profondeurs du lac noir. Alors, fixant la lumière filtrée par la baie vitrée sous les flots, elle remercia la nuit tombée et sa lune baignant dans les étoiles de lui avoir donné la fougue nécessaire à ses agissements. Car nul doute qu'il s'agisse de la magie du soir, cet instant ou les journées sous la lumière du soleil nous réprime nos désirs, s'efface pour nous laisser capables de tout jusqu'à l'irréalisable la nuit venue.

Au son de sa respiration dans la plénitude de l'instant, Hermione devina qu'il ne dormait pas, alors elle commença :

- Pourquoi ne m'avoir rien dit dès le départ ?

- Vous n'étiez pas prête à l'entendre.

- Comment ça ?

- Vous veniez de tenter de mettre fin à votre vie, à cause de vos addictions, vous étiez à peine vivante et ensuite… Il hésita avant de poursuivre puis expira. J'ai rapidement deviné que malgré votre apparence de conquérante vous aviez sombré intérieurement. Je n'allais donc sûrement pas vous avouer que vous étiez plus ou moins liée à vie à la mort elle-même à moins de vouloir vous plonger un peu plus dans la déprime.

- Effectivement vu comme ça…

Elle marqua un temps de silence, puis reprit :

- Sommes-nous réellement seulement deux à posséder ce don ?

- Comme je vous l'ai dit la première fois, il me semble effectivement que nous sommes les seuls, ici du moins. Avant-vous, je n'avais jamais vu une autre personne que moi, les posséder. Je n'ai évidemment pas fait le tour du monde pour vérifier, voilà pourquoi je ne l'affirme pas. Cela dit il y en eu d'autre par le passé, les histoires et les croyances racontées dans les livres relatent des faits bien trop précis et bien trop détaillés pour que ce ne soit qu'imagination.

Hermione se repassa ses notes en tête, affirmant en silence ce qu'il expliquait, puis réfléchissant à toute vitesse à une nouvelle question, elle tenta finalement :

- Quand comptiez-vous tout me dire ? Si vous l'aviez envisagé bien sûr…

- Ne soyez pas idiote, je ne suis pas si mauvais pour priver l'insupportable « Miss je sais tout » d'un tout nouveau savoir. Osa-t-il moqueusement avant de recevoir un coup de coussin sur son flanc ce qui lui arracha une brève exclamation de surprise.

- Osez encore une fois ça et je vous sors de mon lit à coup de pied aux fesses. Prévint-il faussement irrité alors qu'à l'abri, il ne put réprimer un sourire.

Hermione elle aussi souriait, tout en comprenant que sa menace n'en était pas vraiment une.

Alors qu'elle marqua un temps d'arrêt tout en repensant à une chose qu'il venait de dire, elle tenta avec hésitation :

- Vous me trouvez vraiment insupportable ?

À peine sa question fut-elle prononcée, qu'Hermione vit sa silhouette longiligne se raidir sous les draps. Elle attendit cependant un temps, mais cette fois, il n'y eut aucune réponse, juste le silence et leur respiration en communion. Tant pis, elle aurait tenté… Après tout, elle s'égarait, il l'avait prévenue « Posez les et j'aviserais » vraisemblablement ce qu'il pensait d'elle ne faisait pas partie de ce qu'il lui accorderait ce soir. Alors elle reprit :

- Quand comptiez-vous m'expliquer ce que je suis ?

- Ce matin, j'avais dans l'idée de vous emmener voler et par la même occasion tout vous révéler, mais vous étiez partie… Sans m'avertir. Appuya-t-il un brin rancunier.

Hermione se pinça les lèvres à cette mention, mais ne dit cependant rien, car après tout, ses excuses avaient déjà été prononcées. En revanche, maintenant, elle s'en voulait. Tout découvrir de sa bouche aurait été sans conteste bien plus agréable et la journée n'aurait été que bien moins malmenée… En repensant à la scène de ce matin dans le bureau des Directeurs, elle demanda sans avoir tourné sa langue sept fois dans sa bouche :

- Votre haine contre Dumbledore, est-elle due à ce qu'il vous a demandé de faire ?

Un long silence s'en suivit…

- Excusez-moi, je ne devrais pas m'en mêler…Ça ne me regarde pas…

- Ce n'est pas de la haine… La coupa-t-il avant de poursuivre. Je ne saurais pas décrire pour autant ce qu'il en est exactement… Un nouveau silence s'installa, l'instant sembla si fragile et si surréaliste, qu'Hermione n'osa rien dire où faire, jusqu'à ce qu'il reprenne, rompant ainsi le temps qui s'était figé. Il était le seul que je pensais clairvoyant à mon sujet et j'imaginais simplement qu'il me pensait meilleur que tout ce que les autres imaginaient et pensaient de moi… Un rire sardonique, presque effrayant résonna dans le silence, serrant le cœur d'Hermione qui se mit à se cramponner à l'ourlet du drap qu'elle maintint sur sa taille, avant qu'il reprenne. En me suppliant de le tuer à la place de Draco, il a juste balayé d'un revers de main mes espérances. Finalement, comme tous les autres, il a jugé bon de croire mon âme assez sale, qu'un meurtre de plus n'y changerait pas grand-chose…

Hermione, du plus fort qu'elle put, appuya le drap dorénavant contre sa bouche afin d'emprisonner les trémolos de son souffle, les empêchant ainsi de vibrer dans le silence.

Le monde sorcier tout entier avait été mis au courant de la dernière volonté sinistre d'Albus Dumbledore, innocentant par la même occasion Severus. Et si aujourd'hui, il vivait libre, personne, pas même elle jusqu'à présent ne s'était soucié de savoir comment il vivait avec cet acte sur la conscience. Elle, parce qu'elle n'avait pas vraiment vécu cette folle année, les autres parce que comme il venait de le dire, le pensaient assez cruel pour croire qu'il l'avait fait sans ressentiments.

Il paraissait maintenant évident que cette demande inconcevable de la part du seul homme qu'il estimait, sonne comme le glas de sa foi, le brisant tant, que sa confession la retournait tout entière.

Hermione laissa le temps filer, ce malgré les autres questions en réserve. Elle batailla avec l'envie de le prendre dans ses bras, mais avait bien trop peur de sa réaction pour oser le faire, alors elle se terra davantage dans les draps et ne bougea plus. Finalement, le croyant endormit et réprimant un bâillement, elle l'entendit tout bas :

- Qu'est-ce qui vous a mise sur la voie concernant votre don ?

Hermione remise de ses émotions et ravie qu'il revienne au sujet principal, expliqua :

- Je suis tombée nez à nez avec une horde de Sombral puis de corbeaux dans un endroit reculé de la forêt interdite et croyez-le ou non ils se sont prosternés devant moi.

- Je vous crois. Dit-il certain, tout en se retournant finalement pour l'observer.

- Ha oui ? … Fu-t-elle seulement capable de prononcer, ses ambres happés et maintenant perdus dans les orbes noirs sans fond. Elle perçut à peine lorsqu'il acquiesça, ce n'était de toute façon pas vraiment une question…

- Et vos ailes ? N'avez-vous rien remarqué ? Continua-t-il

- … et bien … si justement, c'est comme si elles avaient agi sans moi, elles s'étaient dressées sans que je ne dirige quoi que ce soit et le plus étrange bien qu'incroyable, c'est que c'est précisément après cela que les animaux se sont courbés.

Hermione médita sur ses propres paroles, ça la dépassait, elle voyait bien le regard de Severus qui semblait la pousser à éluder ce mystère par elle-même… mais toute cette histoire était bien trop tordue pour qu'elle en tire une conclusion éclairée.

Voyant qu'elle ne trouverait pas d'explication à cela, Severus lui expliqua :

- Elles ont révélé aux symboles de la mort présents, votre nouvelle nature et par la même occasion le pouvoir que vous avez sur eux, en tant que bras droit de la mort. En se prosternant, ils consentent à vous servir et à vous aider dans votre quête de protection. Ha, et sachez que vos ailes agiront de nouveau ainsi lorsque vous croiserez d'autre symboles, tel que les chats noirs, les papillons de nuit, les chauves-souris, mais aussi quelques fleurs comme le chrysanthème ou le coquelicot qui eux s'épanouiront à votre passage. Conta-t-il posément sans jamais la quitter des yeux.

Hermione abasourdie digéra le tout… C'était incroyable, irréaliste… Et pourtant elle n'avait rien rêvé ou imaginé. L'instant dans la forêt, les histoires racontées, les mentions dans les récits consultés attestaient la véracité de toute cette folle histoire, oui, tout était vrai…

Elle était véritablement ce qu'il lui avait dit… Une Banshie

Le temps continua sa course dans le silence de la nuit. Hermione sortit finalement de cette brume de réflexion alors qu'un poisson-diable traversa de long en large la paroi de verre sous les eaux, c'est une fois la bête hors de vue qu'elle reporta finalement son attention sur l'homme à ses côtés, et qui semblait braver le sommeil de ses yeux mi-clos.

Cet homme, lui Severus Rogue celui qu'elle avait choisi…

Il était le sujet de sa quête en tant Banshie, celui sur qui elle avait choisi de veiller, il le savait évidemment, elle ne s'en était pas cachée, là-haut, dans la salle à la coupole luminescente lors de leur dernière séance de vol. Seulement, maintenant, elle ne pouvait plus nier non plus qu'il était aussi intimement bien plus que ça.

Il lui avait offert les réponses sans plus ou moins rechigner et s'était confessé à elle, chose qu'elle n'aurait jamais imaginé. Son cœur se gonfla, nul doute qu'il lui accordait une certaine confiance… Tout aussi précieuse que celle qu'il avait offerte à Albus Dumbledore. Elle, en revanche, dans la pénombre et la paix de l'instant promis silencieusement de la garder intact…

Son cœur s'emballa alors qu'elle l'observait sombrer dans une presque somnolence, ainsi, il paraissait bien moins rude, presque vulnérable sans ses traits débordant d'impassibilité qui le masquait chaque fois que le soleil se levait.

- Vous savez…mon cœur vous a choisi. Osa-t-elle, se sentant, elle aussi, libérée des convenances qu'imposaient le jour tout en profitant de l'audace offerte par la nuit pour non seulement lui rappeler qu'il était sa quête mais aussi y apporter ce double sens pareil à un aveu.

- Humm… Le mien aussi vous a choisi…marmonna-t-il somnolent.

Le cœur empli de croire qu'il s'agissait du même aveu que le sien, Hermione s'enfonça le plus discrètement possible sous le drap en popeline doucereux contre sa peau, puis reposa délicatement la tête sur l'oreiller dans un bruissement de boucle brouillé aux plumes de rembourrage, le tout sans quitter des yeux Severus vraisemblablement dorénavant endormi.

C'est enfin incroyablement légère et sereine de se retrouver là, si près de celui qui gonflait son cœur d'un quelque chose jamais encore ressentit, qu'Hermione consentit enfin à fermer les yeux, humant à outrance les draps dans lesquels elle reposait pour s'accompagner dans le monde irréel des rêves.

Severus, lui, habitué à ne dormir que d'un œil, n'avait rien loupé du manège d'Hermione, malgré tout, il n'eut pas la force… Ou peut-être l'envie de la faire partir, il était étonnement à son aise si proche d'elle et la laissa donc faire, non sans lui intimer dans un souffle de fatigue, une fois qu'elle fut bien installée :

- Que ça ne devienne pas une habitude…


Au petit matin, Severus déjà réveillé observa la luminescence ponctuée par les flots, jouer sur la peau laiteuse et rougit par endroit de celle qui partageait sa couche. Ses boucles éparses lui chatouillaient presque le visage alors qu'il se délecta de leur fragrance dans une grande inspiration. Il n'avait jamais si bien dormi… Juste dormi, ça n'avait d'ailleurs pas été si simple de s'en contenter… Encore maintenant alors qu'il entortilla une mèche folle autour de son doigt, juste comme ça, par envie et plaisir, il se laissa embarquer par son imagination foutrement débordante. L'image de sa main emmêlée tout entière et agrippant la totalité de sa masse de boucle brune se forma clairement, sa prise ferme mais fiévreuse jouait à diriger son doux visage à sa convenance alors que de sa bouche sur la sienne, il forçait sa langue à se courber contre la sienne.

Avant de perdre tout contrôle, il lâcha sa mèche, chassant par la même occasion le songe bien trop tentant. Il se leva délicatement faisant en sorte de ne pas la réveiller et quitta la pièce ses affaires du jour sous le bras.

Sur le point de refermer la porte, il dériva son regard et s'attarda sur les courbes d'Hermione, qui perdue dans ses draps défaits semblait bien paisible.

Les remous des vagues ondulaient sur la popeline qui la couvrait, l'idée de chavirer sur elle germa dans un coin de sa tête sans pour autant y succomber, évidemment.

L'analogie était assez drôle et imageait parfaitement le bien-être qu'il ressentait dorénavant dans cette pièce si elle y était-elle aussi. Un confortable refuge, un peu comme la coque d'un bateau ou ils pourraient tous deux s'isoler, à l'abri, alors qu'en-dehors, la vie, le monde n'étaient qu'une gigantesque marée déchaînée ou l'effort d'y vivre était bien trop intense et fatiguant.

C'est alors qu'il se hâta justement d'affronter la dite marée, il ferma à regret la porte et s'en alla entamer cette première longue journée d'examen…

Le soir venu, éreinté il regagna avec empressement non feint, le calme de son chez lui. Il croisa Hermione, dans le silence qu'il affectionnait, ponctué par le bruissement des pages qu'elle lisait. Elle l'accueillit avec un sourire désarmant et il opina pour toute réponse avant de se hâter jusqu'à sa chambre. Le même rituel se joua jusqu'à ce que fin-prêt à se glisser dans ses draps, il s'y détourna pour finalement ouvrir sa porte de chambre à celle qui semblait n'attendre que ça. Pas un mot ne fut échangé, leur regard en disait déjà beaucoup trop…

Hermione passa sous son bras comme la veille, s'installa sans une once d'hésitation dans son lit comme s'il en avait toujours été ainsi. Lui se fustigeât mentalement d'aller à l'encontre de ses propres directives alors qu'il l'observa faire sans rien dire. Il n'était pourtant pas de ceux qui parlaient avec légèreté, non, chaque prérogative, décision et ordre qu'il formulait, il s'y tenait … hors là, il en était incapable.

Elle le rendait inévitablement déraisonnable, imprudent, dépendant et pour finir faible, d'elle. Mais une grande part de lui adorait ça et ne pouvait plus se passer de cette déroutante sensation, elle était la plus délectable des addictions, un genre de drogue douce qui le narguait et dont le simple fait d'y résister était déjà euphorisant.

Pourrait-il s'en contenter encore longtemps… ? Non, capitula-t-il, la mise en place de cette routine en l'invitant chaque soir dans ses draps allait le mener à commettre ce qu'il s'était jusqu'à maintenant refusé, c'était certain.

C'est alors que dans un silence quasi-religieux, il la rejoignit, s'installa face à elle et se délecta une fois de plus de ses ambres brûlants tout en y mêlant ses obsidiennes.

Aucune question ce soir, rien que la paix du lieu bravant les flots de la vie et leur respiration en communion. Severus inspira profondément son parfum chaud des fleurs d'un champ en été, ça lui avait manqué durant la journée puis la vit faire de même, il espéra lui avoir manqué aussi …

C'est alors que l'un et l'autre saoule de chacun, bercé par le jeu de lumière des vagues et de la lune, ils se laissèrent happer par l'obscurité de la nuit salvatrice.

À suivre…

.o°✦.-꧁ ❤ ꧂-.✦°o.

[ Désolé pour ce manque de mise à jour ... mais que voulez-vous, les vacances, le soleil, la mer ... les enfants bruyants ^^ la rentrée, la course aux papiers et dossiers à renouveler ... bref une vie de Maman chargée :D

Vous êtes parti cet été ? Ou ça ? Oui, je suis curieuse ! Nous, nous avons succombé à Tenerife et à ses paysages idylliques, une île aux Canaries, que je ne peux que vous conseiller !

Pour en revenir à mon récit, j'espère que l'avancement vous plaît ... je pense approcher de la fin ... Quoique de base dans ma tête je ne dépassais pas 3 chapitres alors que nous en sommes finalement à 7 :D

J'attends vos retours !]