A tire d'ailes
Suggestion musicale, « Smells like teen spirit » Malia-J BO BlackWidow
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L'atmosphère houleuse comme la marée déchaînée, laissa voguer dans sa tempête nos deux porteurs d'ailes. Hermione et Severus survolèrent plus proche que jamais la forêt immense et interminable qui ombrageait l'entièreté de leur vison. Quant à Poudlard et ses parcs, ils étaient déjà bien loin. La longue distance qui les séparait maintenant de leur pied-à-terre, était nécessaire, car aucun des deux n'avait l'envie de quitter l'instant fragile et durement créé.
La promenade inopinée ressemblait davantage à une expérience sensorielle tandis que l'humidité des nuages dorénavant en abondance se propageait sur chacune de leur extrémité, apaisant la fièvre superficielle de leur effort jusqu'à celle plus intense en leur centre. Le bruit sourd des détonations au loin et le bruissement des branches composaient une douce et grondante mélodie étonnamment relaxante. Il y avait aussi les effluves terreux de l'humus des feuillus plus bas, exacerbé par l'oxygène saturé et le soleil qui avait frappé toute la journée qui imprégna totalement leur odorat alors que dans leur bouche, la saveur du baiser précédemment échangé persistait.
Hermione, totalement grisée par les sensations, ne put retenir davantage la poussée d'adrénaline qui l'amena prestement à battre bien plus des ailes. Elle devança dorénavant Severus qui peina à la suivre. Ses extensions duveteuses à l'envergure impressionnante déchiraient promptement à coup de plume l'air oppressante, jusqu'à enfin la faire surplomber l'océan de nuages.
Là, happée par l'immensité du firmament, elle contempla le ciel soudainement clair alors que ses ailes gigantesques bâtèrent dorénavant un mouvement ample et régulier afin de la maintenir sur place.
Severus, lui, la rattrapa enfin, et fut tout autant subjugué. Le voile de nébuleuse en dessous était par-ci par-là ponctué de flash lumineux, signe que l'orage s'avançait sous eux. C'était comme se retrouver entre deux ciels, l'un pur et constellé, l'autre surchargé détonnant en tous sens.
Et au milieu de tout ça, sa protégée, belle et guerrière, ses ailes déployées comme jamais dans ce calme ahurissant. Elle ressemblait à un rêve, son rêve… Cela dit, il la savait bien réelle. Sa présence se manifestait amplement chez lui pour ne point en douter, et il ne le regrettait aucunement bien au contraire. Il aimait voir ses piles de livres en si grand nombre qu'ils semblaient maintenir les murs de son salon, sa trousse de toilette tenir compagnie à la sienne sur le rebord de la vasque, ou encore frôler son linge installé récemment sur le même portant que les siens.
Il s'était laissé envahir, et c'était bien la première fois qu'il laissait une telle chose arriver. Il aurait sûrement rejeté à coup de pied aux fesses n'importe quel autre inconvenant, mais force et de constater qu'Hermione était une fois de plus, l'exception qui dérogeait à la règle. Pour être honnête avec lui-même, il aimait plus que tout qu'elle mêle sa vie à la sienne.
Encore essoufflé par la course précédente, il quitta sa rêverie et virevolta jusqu'à sa presque chimère, la frôla finement de ses plumes jusqu'à se positionner face à elle. Elle avait ce regard flamboyant qui le faisait fondre et se sourire ravageur qu'il aurait tant adoré goûter une nouvelle fois, lorsqu'une grimace fendilla l'expression tendre de son visage.
- Qu'y a-t-il ? S'inquiéta-t-il
- Ce n'est rien, juste un mauvais mouvement. Expliqua-t-elle évasivement, sous le regard curieux de Severus.
Hermione ne disait pas tout évidemment, ses épaules la faisait sérieusement souffrir, elle avait bien trop forcé pour venir jusqu'ici, mais pour rien au monde elle voulait rompre l'instant. Elle se sentait tellement sereine maintenant et sans conteste libérée, si bien qu'elle comptât profiter au maximum de cette légèreté dans les airs avec cet homme à ses côtés, son ange… Severus.
Seulement, elle ne loupa pas son tracas, il était évident qu'il ne la croyait pas, alors elle s'approcha davantage faisant en sorte de ne pas entraver l'espace de ses ailes et tenta d'un baiser furtif de chasser ses interrogations.
Le contact était doux, tendre, et elle sentit ses fines lèvres sur les siennes esquisser un sourire. Elle aurait tout donné pour l'observer avec cette expression, mais fut incapable de reculer pour autant. Ses mains, fortes, se perdirent déjà dans ses boucles, alors les siennes, plus petites et délicates s'accrochèrent à son col de veston dans un nouveau baiser cette fois-ci appuyé.
- Hermione. Murmura-t-il contre ses lèvres
- Hum ?
Severus rompit le baiser, posa son front contre celui d'Hermione, son nez saillant frottant le sien plus petit et rond, avant de lui répondre :
- Je ne suis pas idiot Hermione, tu as mal et ce n'est pas prudent de forcer sur elles. Lui fit-il comprendre tout en pointant du menton ses deux ailes.
- Bien redescendons alors, mais avant, j'aimerais refaire deux choses. Ça. Hermione tira de nouveau sur son col afin de lui voler un baiser, puis se recula avant de s'exclamer. Et ça !
C'est alors qu'elle ramena ses ailes repliées dans son dos et se laissa tomber en arrière un sourire aux lèvres sans battre des plumes. C'était parfaitement puérile et totalement imprudent, mais ce court instant de pesanteur, l'enivra d'une sensation telle, qu'il lui sembla ne plus pouvoir s'en passer. Au même moment, son corps entier se fourmilla de vivacité.
Oui, c'était ça, elle avait besoin de cette adrénaline pour comprendre à quel point elle aimait être vivante. Elle ne se souciait pas de Severus à cet instant, elle savait qu'il pouvait faire de même, voler jusqu'à elle et la rattraper, après tout, il était son égal dans ce monde et plus encore maintenant, son compagnon dans la vie.
Dans sa chute libre, alors même que l'attraction de la terre l'attirait, elle traversa l'épaisse couche de brumes humides tandis que ses boucles s'emmêlèrent entre elles tirant quelque peu sur ses tempes encore échauffées. La vaste étendue sombre et verte de la forêt se dessina dans sa vision troublée par la pluie qui tombait maintenant. La tempête faisait rage ici. C'était le moment, il fallait qu'elle se déploie sur-le-champ, seulement, elle n'eut pas prévu que la pluie qui tombait en trombe alourdisse tant son mouvement, rendant son dos bien plus douloureux.
La cime des arbres approcha dangereusement, alors qu'elle était toujours incapable de s'arrêter. Dans la panique, il lui sembla entendre Severus, plus haut, qui tentait de la rattraper et qui lui hurlait, elle ne sait trop quoi tant le vacarme de la tempête envahissait son ouïe. Les nuages rassemblés au-dessus de la forêt se firent de plus en plus menaçants. Elle réalisa à quel point elle venait de les mettre tous deux en danger quand soudain un éclair zébra le ciel.
Le tonnerre qui retentit juste à sa gauche eu pour mérite de lui donner le coup de fouet nécessaire au déploiement complet de ses ailes. C'est alors qu'elle se stoppa net, malgré l'élancement fracassant dans ses épaules meurtrie, et ce, à quelques petits mètres seulement de la pointe d'un épicéa.
Le soulagement cependant fut de courte durée, lorsqu'elle leva le regard pour chercher Severus dans la cacophonie de la tempête. Elle le vit enfin, fonçant sur elle avec une panique flagrante sur ses traits. Seulement, le ciel en furie n'en avait pas fini, un autre éclair fracassa le ciel et vint telle une flèche, terrasser Severus de sa trajectoire. Elle hurla alors qu'elle observa son corps projeté plus bas, et assista impuissante à la scène alors qu'il heurta la cime d'un arbre plus loin jusqu'à rejoindre le sol dans une chute ralenti par les branches ici et là tandis que ses ailes essayèrent de le faire planer sans succès.
Hermione terrifiée, se précipita à son secours, le visage plein de larmes aussi abondant que la pluie torrentielle. Elle était dorénavant insensible à la douleur dans son dos tant elle redoutait le pire pour la vie de Severus. Le sol, mélange de feuilles arrachées et de mousses imbibées, amortit aussi délicatement qu'il fut possible son atterrissage précipité.
Autour d'elle, tout était sombre et en perpétuel mouvement dans les vents déchaînés, ce qui ne simplifia pas sa recherche. Elle piétina un moment, sans savoir où chercher, le chuintement de ses pas sur le sol trempé l'agaça. Elle ragea, se détesta, lorsqu'enfin, elle aperçut un amas de branches cassées remuer plus loin, au pied d'un immense arbre toujours secoué par la tempête, elle s'y dirigea à pas de course. Hermione fonça comme jamais il ne lui avait été donné de le faire, puis alors que ses jambes foulaient un rythme insensé, anxieux, mais en haleine, elle dégaina sa baguette attachée à sa cuisse avant de pointer les branches amoncelées tout en hurlant :
- « Wingardium Leviosa ».
Le sort d'une puissance telle qu'il atteignit sa cible malgré la distance, souleva les branchages et les déplaça en lévitation à côté du corps libéré de Severus.
Lui, mal en point gémit plus intensément alors que la pression sur lui ne se fit plus. Hermione en panique, mais aux gestes réfléchis se pressa plus encore pour enfin s'accroupir à ses côtés et tenter un premier diagnostic. Sa cuisse droite, transpercée de part en part par une branche, semblait être la priorité, alors elle pointa de sa baguette le bois logé, puis lança le plus distinctement possible entre deux tremblements :
- « Evanesco »
La branche disparue magiquement et arracha un cri de douleur à Severus alors qu'Hermione pressa du plus fort qu'elle put la plaie sanglante d'une main. Incapable de braver son regard agonisant, elle se réfugia dans son torse. Ses sens la malmenèrent cette fois bien moins agréablement alors qu'elle discerna ses tremblements, entendit la palpitation faible de son cœur et senti l'odeur métallique emplir ses narines.
Ses pleurs redoublèrent, elle avait si peur de le perdre. Il ne le pouvait pas, il avait déjà survécu à pire, bien pire, si bien qu'elle le pensait invincible. Il saignait en abondance, tout comme ce soir de bataille, il souffrait tout autant, les images du passé revinrent en force alors que la situation présente semblait tout autant préoccupante. Elle l'avait cru mort, et pourtant ... Il devait en être de même... Il devait survivre, encore… Et encore s'il devait y avoir une autre fois, et ce, jusqu'à ce qu'elle parte avant lui, car elle ne pourrait jamais vivre sans lui.
- Referme la plaie. Ordonna Severus, d'une toute petite voix faible qui chercha à être ferme, ce qui, la sortie de sa presque léthargie.
- Ho Severus, je suis tellement désolé. Sanglota-t-elle de plus belle en l'entendant enfin s'adresser à elle.
- Referme là, Hermione… Tu connais la formule. Lui dicta-t-il de plus belle, tout en ignorant ses excuses.
Hermione se redressa quelque peu, sécha ses larmes de sa main presque libre qui tenait fermement son bois de vigne magique, souleva de sa cuisse l'autre si poisseuse qu'elle observa davantage la plaie sanglante et béante, nul doute que l'artère fémorale fut touchée, puis se concentra à passer sa baguette le long de la lésion profonde tout en marmonnant l'incantation demandée semblable à une mélodie.
- « Vulnera Sanentur, vulnera sanentur, vulnera sanentur »
Le sort jeté à la perfection comme il aurait pu si bien le faire, referma sa plaie complétement. Cela dit, les autres contusions bien moins graves mais douloureuses, tout de même, l'empêchèrent dans un premier temps de se redresser, l'obligeant à concevoir qu'il lui serait impossible de quitter cet endroit sans aide ou même avant de prendre quelques précautions.
Fort heureusement, sa mésaventure sous les crocs de Nagini lui avait donné l'habitude de ne jamais partir sans quelques réserves. C'est alors que Severus commença à déboutonner sa redingote avec grande difficulté. Il n'était franchement pas au mieux de sa forme, Ho rien de comparable et bien moins atroce que les Doloris et autres tortures subies dans son passé d'agent double mais comme toute chose que l'on exerce plus depuis longtemps, il était difficile de s'y remettre.
Ses mains lui faisaient atrocement mal, sans parler du mouvement de ses bras qui diffusaient une sensation de brulure jusqu'entre ses omoplates. Nul doute que ses ailes, même dorénavant rangées devaient avoir morflé. Il pesta lorsqu'il fut incapable de glisser un des boutons en dehors de sa boutonnière, et ragea plus encore prêt à les arracher, lorsque finalement, de petites mains délicates vinrent chasser les siennes.
- Laisse-moi faire, tu penses être blessé là aussi ? Lui demanda-t-elle, bien plus calme.
- Non pas ici.
Severus resta bref, il lui en voulait, terriblement, cela dit, il ne pouvait pas faire sans son aide, il était bien trop faible, avait perdu bien trop de sang et chaque mouvement le faisait atrocement souffrir, alors :
- Fouille mes poches intérieures, potion de régénération sanguine à droite et solution de force à gauche. Dicta-t-il clairement.
Hermione s'exécuta. Dans un premier temps, elle écarta les pans ouverts de son veston, tomba sur sa chemise qui se soulevait bien trop timidement, elle était détrempée marquée de quelques taches de sang mais rien d'important qui puisse être alarmant, cela la rassura. Elle glissa ensuite ses mains dans les petites ouvertures dissimulées et en ressortie avec ce qu'il lui avait demandé.
Elle les lui présenta, et lui opina simplement. Son cœur se serra alors qu'elle percevait la distance qu'il instaurait par son silence ou ses quelques mots insipides, mais ne s'attarda pas pour autant. Elle débouchonna la première fiole d'une main, faisant sauter le bouchon avec son pouce puis lui tint la tête de l'autre, afin de lui glisser le liquide entre ses lèvres sans qu'il n'ait besoin de trop bouger. Recommença ses gestes une seconde fois, avant de s'apercevoir que son teint devint moins pâle, un semblant de rose empli ses pommettes, c'était discret évidemment, il s'agissait de Severus Rogue tout de même. Son regard, dorénavant moins perdu, était de nouveau habité mais devint rapidement froid et sévère :
- Déploie tes ailes maintenant. Exigea-t-il d'une voix rude et distante, mais toujours quelque peu faible.
- Mais… mais je ne veux pas te laisser là. Bégaya-t-elle alors que la panique l'envahit de plus belle.
- Je ne t'ai pas dit de t'envoler, je t'ai demandé de déployer tes ailes, il serait judicieux à partir de maintenant que tu exécutes mes directives sans objection. Claqua-t-il menaçant et durement.
Hermione qui avait l'impression d'être redevenue l'élève insignifiante et introvertie sous le joug de son professeur difficile s'exécuta de nouveau sans tergiverser. Ses ailes se dressèrent du plus haut qu'elles purent, exposant chacune de leur plume individuellement et déchirant le dos d'Hermione d'un spasme vif et douloureux.
Tout ceci était sa faute, elle méritait sa douleur, elle aurait dû l'écouter et le suivre sans faire de folie. Elle s'en voulait et lui aussi manifestement, évidemment, il l'avait échappé belle, à cause de son inconscience et ses délires immatures.
Soudainement, le hennissement d'un Sombrals vint interrompre sa lamentation silencieuse. Évidemment, voilà pourquoi il lui avait fait cette demande insensée, ce n'était ni plus ni moins qu'un appel à l'aide. Derrière elle, le cheval squelettique à l'allure peu ragoûtante s'approcha jusqu'à frotter son museau contre sa joue, la barbouillant plus encore. Elle accepta la caresse, comme un réconfort dont elle avait éperdument besoin là maintenant, sous la pluie qui ne cessait, lorsque finalement, Severus, interrompit l'instant en essayant de se redresser dans une plainte de douleur :
- Attends, attends, je vais t'aider. Se précipita Hermione.
- Tu en as assez fait comme ça. Lui reprocha-t-il tout en repoussant son aide.
Son souffle se bloqua dans sa trachée alors que les larmes aux bords du précipice de ses paupières s'annoncèrent de plus belles. Hermione resta là, frappée par la douleur de se faire rejeter de la seule personne qui comptait dorénavant pour elle. Ce dernier, aidé par le Sombral, fut hissé par le presque cheval sur son dos, lorsqu'installé convenablement, il tendit tout de même une main quelque peu mutilée vers une Hermione tremblante, avant de lui dicter :
- Grimpe.
Hermione suivit Severus qui la précédait en clopinant dans les couloirs. Il avait refusé son aide une fois de plus en descendant du Sombral aux portes du château. Fort heureusement, le vol et les remèdes l'avaient quelque peu requinqué, il arrivait à se maintenir debout et à avancer, difficilement, mais tout de même, les menant ainsi dans un silence pesant jusqu'à la porte de ses appartements.
D'un calme surprenant, il prononça son mot de passe, ouvrit sa porte d'une poignée de main fragile, entra péniblement, puis alors qu'Hermione s'avança à son tour, il referma la porte devant elle, lui claquant cette dernière au nez.
Alors quoi ? C'était tout ? Quelques baisers et voilà qu'ils en avaient terminé. Hermione refusa de croire que cela puisse se terminer ainsi. Elle avait merdé, oui irrémédiablement merdé, mais… Mais jamais elle n'aurait cru qu'il puisse lui arriver une telle chose. Après tout, c'est lui qu'il lui avait proposé cette sortie alors même que le ciel menaçait. Non, elle ne pouvait décemment pas le lui reprocher, cette promenade à ses côtés lui avait fait un bien fou, ils avaient eu besoin tous deux de cette sortie. Il lui avait demandé d'être prudente, lui avait dit de ne pas forcer alors qu'il la savait souffrante et elle, elle, n'en avait fait qu'à sa tête, s'était laissée prendre aux pièges de ses émotions sans la moindre réflexion.
Elle devait s'excuser, coûte que coûte, cela tombait bien puisque pour entrer, il lui suffisait de prononcer :
- « Pardon »
La porte se déverrouilla alors, et elle entra.
Hermione observa Severus qui ne portait plus sa redingote, elle jonchait négligemment le sol dans ce coin plus loin, tout prêt du sofa. De l'autre côté, il était habillé seulement de sa chemise négligée par l'incident et qui sortait à moitié de son pantalon déchiré et maculé, et semblait n'avoir aucunement remarqué sa présence.
Ses manches retroussées, lui donnaient une allure des plus débraillée qu'elle ne lui connaissait pas alors qu'il farfouillait consciencieusement son cabinet, sûrement à la recherche d'onguent apaisant et cicatrisant. Ses mèches dégoulinantes le gênaient, tant et si bien qu'il en repoussât certaines d'un geste rageur. Elle aperçut alors son arcade tuméfiée suintant de sang coagulé et la ligne de sa mâchoire éraflée et à vif sans parler de ses mains abîmées qu'elle avait déjà pu examiner.
Elle grimaça de douleur pour lui, car plus que tout, elle s'en voulait…
C'est alors qu'elle profita de son inattention pour refermer la porte avant de s'avancer chancelante, au même instant son regard croisa le sien. Ses pupilles noires et froides la sondèrent sans expression, cela la gela sur place. Il avait seulement tourné la tête, son corps toujours penché et à la recherche de ses remèdes avant de finalement reporter son attention sur ce qu'il faisait sans même lui adresser un mot. Hermione avala difficilement sa salive…
Après un moment, ses mains tenant compresses, pots et fioles en tout genre, Severus se dirigea vers le sofa en boitillant, s'y affala dans un souffle retenu de douleur et tenta dans un profond entêtement de s'auto soigner. Évidemment, chaque geste lui était toujours difficile et douloureux, presque impossible lorsqu'Hermione tenta :
- Tu sais que tu peux me demander de le faire.
- Je n'ai pas besoin de ton aide. La rejeta-t-il une nouvelle fois sans même la regarder.
- Bien, bien, débrouille-toi. S'agaça-t-elle finalement toujours dans l'entrée, sans oser s'avancer.
Severus, bien trop fier pour lui demander quoique soit maintenant, leva un bras dans un effort intense et tenta d'étaler une noisette de crème cicatrisante sur son arcade sourcilière ouverte, lorsqu'il abandonna à contre cœur son geste dans un sifflement de douleur coincé entre ses dents.
Rien n'allait, rien de rien. Comment la soirée avait-elle pu devenir si désastreuse ? Ragea-t-il intérieurement tout en soufflant d'exaspération et rejetant sa tête contre l'appuie-tête derrière, les yeux fermés par la fatigue l'emportant. Il lui en voulait d'avoir fait preuve de tant d'inconscience et de négligence. Dans les airs, si haut et surtout lorsqu'on ne maîtrise pas totalement l'exercice, il est juste inconcevable de se permettre de se jouer ainsi de la vie. N'y tenait-elle pas ? Ne comptait-il pas ? S'était-il trompé…
En pleine réflexion, il sentit un contact chaud s'insinuer entre ses cuisses et une ombre le dominer. Il ouvrit alors ses yeux pour tomber dans ceux noisettes. Il ne la repoussa pas, obligé de se rendre à l'évidence qu'il en était incapable alors qu'elle le surplombait, et puis, il devait bien admettre qu'il avait besoin d'elle, pour les soins et pour un peu de réconfort. Il avait eu si peur, bien plus pour elle que pour lui d'ailleurs.
- Laisse-moi t'aider. L'entendit-il souffler avant d'opiner pour toute réponse sans la quitter des yeux.
Hermione consciencieuse de ses faits et gestes, piocha une compresse d'une main et collecta de l'autre une quantité suffisante de crème à l'aide de son index, dans le pot reposant juste à côté.
Elle se pencha délicatement plus en avant, faisant en sorte de ne pas s'appuyer sur lui afin de ne pas lui faire plus de mal, c'est alors que la promiscuité lui offrit la perception de son souffle lent sur sa poitrine. Elle se racla quelque peu la gorge, intimidée, puis jugeant être vraisemblablement assez près, elle lui souleva le menton d'une main.
Tout en tapotant la compresse imbibée magiquement sur la plaie afin de la nettoyer, Hermione détailla chaque précision de ses traits. Elle aimait plus que tout son visage, il regorgeait de particularité qui lui donnait cette personnalité unique, sombre et envoûtante. Oui, c'était cela, elle était totalement ensorcelée et éprise de sa singularité. Elle était assurément séduite par la courbure de ses sourcils, fournis et sombres, et des lignes de son front assez haut lorsque ses yeux s'assombrissent. Par son nez aquilin qui ne faisait pourtant pas l'unanimité, mais qu'elle, justement, trouvait que l'entièreté de son charisme se trouvait en ce point précis. Et puis, il y avait ses pupilles, qui regorgeaient de nombreuses nuances de noirs, toutes différentiables si on s'y attardait.
Ses joues s'échauffèrent, alors que la plaie était dorénavant saine, Hermione appliqua alors du bout des doigts l'onguent sur son arcade dorénavant propre mais ouverte.
La plaie se ferma presque instantanément tandis que Severus soupira d'aise et de soulagement. L'instant d'après il pivota légèrement la tête, afin de lui présenter l'autre plaie longeant la ligne de sa mâchoire. Hermione sourit pour elle, alors qu'elle comprit que sans un mot, il lui intimait de continuer.
Elle réitéra ses gestes, nettoyant et appliquant consciencieusement les produits de soin, avec cette impression de maîtriser l'instant. Elle lui avait imposé son aide, le surplombait et maniait ses soins, alors que lui, cet homme inflexible se tenait là, sous elle, à sa merci dans une posture détendue et semblant apprécier l'opération.
Severus s'enfonça davantage dans l'assise, c'était agréable, il aurait aimé qu'on s'occupe de lui ainsi lorsqu'il revenait des réunions de Mangemort… Finalement non, une telle promiscuité avec Pomona ou encore pire, Minerva ne le faisait franchement pas rêver. Hermione était la seule qu'il désirait si proche de lui et bien plus encore. Dans sa petite robe trempée, les cheveux en pagaille et le visage empourpré par les événements, elle avait cette allure de sauvageonne, négligée, mais sensuelle. Il en voulait décidément plus avec elle…
Un coup d'œil et Severus vit Hermione grimacer de nouveau. Sa position ne semblait franchement pas confortable, alors, tandis qu'elle s'occupait à étaler l'onguent sur une partie de sa joue, il posa ses mains sur le flanc de ses cuisses et lui intima chaudement :
- Viens là.
Hermione se laissa guider, heureuse qu'il s'adresse de nouveau à elle ainsi. Ses mains sur ses cuisses nues étaient brûlantes, elle s'inquiéta qu'il ne soit fiévreux. Mais à peine le temps de s'en soucier, qu'il glissa une première jambe entre les siennes, écartant quelque peu ses cuisses. L'autre blessé rejoignit la première, forcément plus difficilement, alors comprenant ce qu'il cherchait à faire, poussée par ses mains fragilisées, Hermione l'aida et grimpa sur son bassin pour terminer de les installer tout deux.
Ses cuisses de chaque côté de lui, l'encerclaient, tandis que sa robe, remontée par la position, cachait tout juste son sous vêtement. Assise ainsi, son dos ne la torturait plus, elle pouvait s'adonner entièrement à ses soins sans que ce ne soit douloureux pour aucun des deux, même si maintenant un trouble bien plus insidieux se manifesta.
… A suivre
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