Le début de la fin.


suggestion musicale " On brulera" de Pomme

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Dans la brume de cette matinée bien entamée, Hermione s'éveilla, avant de réaliser les yeux ronds de stupeur la perception de ses membres endoloris. Elle remua quelque peu entre les couches de draps doux contre sa peau, subissant les courbatures de son corps, preuve concrète de ce qui était vraiment arrivé. Bien que douloureux, ce qu'elle percevait était exquis, comme une douce fièvre restante. C'est alors qu'à moitié cachée sous la popeline, elle sourit, comblée d'avoir vécu cet instant avec celui qui faisait battre son cœur ainsi.

L'attente avait enfin pris fin hier… Ou peut-être très tôt ce matin, honnêtement elle était quelque peu perdue à ce sujet. Mais peu importe, les faits étaient là, Severus et elle, s'étaient succombés l'un l'autre de la plus délicieuse des manières.

Tout en baladant sa main sur la place à son côté, elle réalisa qu'elle était vacante et à en juger par la faible chaleur qui y régnait, cela faisait à n'en point douter un moment que son partenaire s'en été allé. L'angoisse qu'il se soit peut-être échappé de la situation la tétanisa un instant. Allait-il une fois de plus lui échapper, soufflant aujourd'hui le froid alors qu'il lui avait pourtant prouvé avec intensité comment il pouvait diffuser le chaud. C'était une éventualité, il était trop tôt pour affirmer qu'il assumerait et s'engagerait, même après ça.

Pleine de doute, Hermione pivota pour observer les fonds du lac derrière la baie de la chambre. L'eau était claire, nul doute que le soleil brillait sûrement à son zénith.

Il était donc plus que l'heure de se lever.

Elle regretta rapidement sa précipitation. Et non, les vestiges de ses ébats torrides n'étaient pas les plus pénibles. Son dos lui faisait vivre une véritable torture tandis qu'elle se dirigeait dans la salle de bain. Sans réfléchir plus longuement, elle se glissa sous la douche faisant couler l'eau brûlante sur son dos qu'elle avait courbé, tout en soufflant de soulagement.

Durant ses ablutions et sans même stopper l'eau, Hermione savonna ses cheveux hors du jet, grimaçant à chaque mouvement de bras, tout en pestant intérieurement d'avoir forcé autant sur ses ailes, puis s'occupa du reste de son corps avant de rapidement sortir.

Encore un peu humide par l'évaporation ambiante de la pièce, une serviette autour de sa poitrine, elle n'avait plus qu'une seule et unique idée en tête. Regagner le plus rapidement possible le confort de sa couche et attendre que Severus revienne.

Avant, elle frictionna d'une main et d'un coup bref le miroir embué. Puis, sans grande surprise y découvrit le reflet de son visage marqué par les multiples péripéties de sa journée d'hier. Fuyant la vision de ses yeux cernés, son regard se posa finalement sur les fioles curieusement alignées aux côtés de leurs affaires de toilette.

Un nouveau sourire fleurit sur ses lèvres rougies par la température de sa douche. Severus avait pensé à tout avant de partir et n'ignorait visiblement pas leur situation. Chacune des fioles avait sa petite étiquette et ses prérogatives. Hermione se saisit de la première avant d'y lire :

« Puissant Analgésique.

Confectionné de façon à cibler les douleurs dorsales.

Te permettra de me rejoindre au plus vite à la gare de Pré-au lard »

Hermione gémit de soulagement lorsqu'elle en avala le contenu. Son dos se détendit miraculeusement dès la première gorgée ingérée. Elle remercia la magie d'exister à cet instant faisant mine de s'adresser au ciel et changea son planning. Pas de retour au lit, mais bien un aller simple à la gare, décida-t-elle finalement avant de se saisir de la deuxième fiole.

« Contre les contusions d'amour.

Indispensable si tu souhaites recommencer.

Bois-moi ! »

Lut-elle avant d'engloutir le contenu sans réfléchir. La bouche pleine, elle s'empêcha de rire comme une godiche en s'observant ainsi dans le miroir, puis essuya une goutte restante au coin de ses lèvres une fois le tout avalé. Elle secoua la tête riant tout même bêtement du pourquoi sa précipitation. Évidemment qu'elle comptait recommencer… et attendre que son corps se remette seul n'était pas une option.

Son euphorie s'estompa en saisissant la dernière fiole. Le liquide contenu avait un aspect visqueux et peu ragoûtant, Hermione en grimaça de dégoût à l'avance. Puis lut :

« Potion du Lendemain.

Son équivalant dans le monde moldu est sous forme de Pilule.

Je les confectionne de la plus horrible des manières pour inciter la prévoyance.

Bon courage ... »

Tout en reniflant les relents de la mixture au-dessus de l'embouchure, Hermione se promit de lui en toucher deux mots sur sa méthode scabreuse de prévention. Ce truc horrible ne pouvait que, soit, vous plonger dans le coma, ou vous faire préférer une plausible grossesse.

Bien que l'image d'un mini rogue aux cheveux bouclés aussi noir que la pupille de ses yeux, la fit quelque peu rêver, sa raison la rattrapa. L'image du bambin disparu de sa tête et s'y effaça en même temps qu'elle termina de vider la fiole au plus profond de sa gorge.

Un haut-le-cœur vint clôturer l'expérience tandis qu'elle continua de se pincer fortement le nez, persuadée qu'elle sentirait moins le goût fétide de ce truc immonde ainsi. Seulement, c'était sous-estimer la perfidie de son compagnon, qui devait y avoir mis les extraits des pires choses qui soient dans ce monde magique.

L'image d'excrément des Scrouts à pétard d'Hagrid lui vint en tête alors qu'un arrière-gout de fumet suspect s'intensifia dans sa bouche. Sans perdre une autre seconde, elle se saisit de sa brosse à dents avant de l'enduire copieusement d'une bonne couche de dentifrice.


L'heure tournait tandis que les derniers élèves montaient dans le train. Le Poudlard express fumait déjà, prêt à partir, ravissant Severus d'une joie singulière, celle d'en avoir enfin fini avec ces cornichons insupportables.

Il balaya le quai de son regard impassible, lorsqu'un grondement d'exaspération vrombit dans le fond de sa gorge en apercevant ses mauviettes de collègues s'essuyer le coin des yeux. Tout en fronçant les sourcils, il essaya de saisir comment il était possible de ressentir de la peine en voyant ce troupeau d'imbéciles s'engouffrer dans les wagons, concluant finalement qu'il fallait sûrement être une sacrée andouille.

Lui, intérieurement fêtait déjà ces deux mois de vacances enfin tranquille, et bien qu'habituellement, il ne s'attardait jamais bien longtemps ici, préférant trinquer à sa tranquillité retrouvée chez Rosmerta, il du bien admettre que cette fois, il avait espéré partager ce moment avec quelqu'un. En vain, elle n'était pas là.

Le fait qu'Hermione soit absente l'empêcha en quelque sorte d'en profiter pleinement. Pour être tout à fait honnête, elle lui manquait… Oui, déjà. Il n'allait pas s'en fustiger, il était ainsi, aussi intense en amour qu'il pouvait l'être à détester le monde.

Albus lui avait dit une fois qu'il était malsain d'aimer tant… Aujourd'hui il ne pouvait que se rendre compte qu'effectivement ça l'avait été pour Lily. Malsain, parce qu'il s'était entêté à éprouver cet amour à sens unique, s'habituant à en souffrir, jusqu'à presque se détruire lorsqu'elle disparu de ce monde.

Mais pour Hermione, il en était tout autre, elle l'avait en quelque sorte guéri plus qu'elle se l'imaginait tandis qu'il faisait de même pour elle depuis des semaines. Il savait aussi que même si les mots n'avaient pas été prononcés, de forts sentiments partagés s'étaient développés jusqu'à se matérialiser cette nuit alors qu'ils n'avaient formé qu'un.

Il l'aimait… et il savait qu'elle aussi, c'était pur et sain, il en était certain.

Il aurait aimé qu'Albus soit encore de ce monde pour lui démontrer qu'il pouvait aimer sainement et être aimé tout autant en retour. Quoi que, même six pieds sous terre ce vieux fou devait sûrement s'en douter.

Au même instant, une bousculade le sortit de ses songes. Il en émergea, tout en fusillant du regard le morveux qui venait de se prendre dans ses pattes. Encore ce Poufsouffle de troisième année les fesses au sol. Severus leva les yeux au ciel. Ce Gibson avait une tendance exaspérante à se vautrer continuellement près de lui, si bien que sans aucune retenue, il le remit sur pied en le tirant par l'arrière de son veston.

- Désolé Professeur. Commença le malencontreux. C'est que je ne trouvais plus mon bagage et puis comme le train s'apprête à partir, je me suis dépêché jusqu'à, enfin… vous voyez. Heureusement, les portes ne sont pas fermées, sinon vous m'auriez supporté tout l'été. Tenta-t-il de plaisanter.

Severus se pinça l'arête du nez avant de siffler dangereusement :

- Fermez-là Gibson.

- Bien Monsieur, bon, il est temps que je monte. Continua l'insouciant tout en grimpant les premières marches du wagon. À l'année pro…

- C'est ça, bon débarras. Le coupa Severus excédé tout en claquant les portes derrière lui.

- He bien, n'es-tu pas censé être de bonne humeur après cette incroyable nuit ? Prononça une voix qu'il s'impatientait d'entendre.

Son cœur s'emballa alors qu'il pivota pour l'apercevoir. Là, à l'ombre sous le porche du quai, Hermione, belle comme le jour, les ailes encore derrière son dos. Saisi par sa beauté naturelle il fut un instant décontenancé, pour dire vrai, il avait du mal à se dire qu'elle était dorénavant sienne. En tout cas, c'est ainsi qu'il la considérait. Sienne tout autant qu'il était sien.

Il lui sourit, Hermione lui rendit, et personne sauf elle put le contempler ainsi puisqu'il se tenait dos à tous les petits curieux qui s'étaient collés aux vitres pour les observer. Les yeux dans les yeux, ils attendaient. Quoi ? Hermione n'en savait strictement rien.

Le bruit des autres portes qui se ferment résonna avec le sifflet d'Hagrid qui annonça le départ imminent. La cloche du train tinta en réponse, prêt à partir. Lorsqu'enfin, Severus s'avança, écoutant simplement son désir qui pulsait pour elle et l'amour qu'il lui vouait résonnant dans sa poitrine.

Lorsque la distance fut franchie, il l'attrapa par les hanches et la colla à lui recouvrant la chaleur de son corps. Bien qu'il aurait pu rester à l'observer des heures ainsi, il ne résista pas plus longtemps à l'appel de ses lèvres, qu'il captura l'instant d'après tout en raffermissant sa prise sur elle.

Si le bruit des roues du train qui grincent contre les rails n'était pas un tel vacarme, ils auraient pu entendre les sifflements des élèves parqués dans les cabines. Seulement, en cet instant plus rien ne comptait si ce n'est se retrouver. C'était comme valider ce qu'ils avaient entamé cette nuit, aucun des deux ne regrettait, bien au contraire. Ils démarraient là leur histoire à deux.

Embrasser Hermione, fut pour Severus comme prendre une bouffée d'oxygène ou sauter dans le vide sans ailes. C'était l'inconnu, mais qui le faisait se sentir vivant. Il eut besoin de ça, dès l'instant où il l'avait aperçu, pour s'apaiser et se rassurer, et tant pis pour la bande de voyeurs qui les épiaient. Après tout, il n'avait jamais été aussi certain, bien que le futur fût encore une incertitude, lui, le pragmatique allait faire avec, c'est comme ça qu'il faisait depuis qu'il était avec elle.

Qu'est-ce qu'elle lui a fait non d'un chien ? Pensa-t-il… Avant de conclure qu'il s'en fichait. Il souriait pendant qu'il jouait avec sa bouche, et il la sentit sourire aussi, saoul du bonheur qu'ils s'autorisaient enfin.

Ses lèvres étaient douces, sa langue la plus succulente des sucreries, jamais plus il ne pourrait s'en passer. « Putain ce que c'est bon ». Et c'est parce que sa langue était bien trop occupée qu'il ne le prononça pas tout haut.

Sa main en revanche, ne s'empêcha rien lorsqu'elle se balada contre son ventre chaud pour remonter jusqu'au flanc de sa poitrine pour en apprécier l'arrondi à travers le lège coton blanc de sa robe.

Bien que quémandeuse de plus, Hermione s'obligea à le repousser, avant de rompre le baiser pour calmer son ardeur.

- Vos manières, professeur. S'amusa-t-elle à lui rappeler tout contre sa bouche, son front contre le sien.

- Je ne le suis plus depuis que le train a sifflé son départ. Lui rétorqua-t-il sur le même ton.

Hermione lui sourit, comprenant maintenant pourquoi il avait attendu avant de la rejoindre pour l'embrasser. Bien qu'elle ne fût plus son élève, son rôle de professeur lui confessait une certaine discipline à tenir en public, chose qu'il avait respecté le temps imparti.

Son souffle saccadé caressa encore sa bouche, lorsqu'elle l'entendit finalement poursuivre :

- Mais tu fais bien de m'arrêter, je n'ai pas tellement envie de partager ce que je compte te faire avec mes collègues et les autres voyageurs ici présents. Laissa-t-il planer à son oreille.

- Ho vraiment charmant ! Tenta-t-elle de manière sarcastique combattant la chaleur diffuse qu'il venait de déclencher.

Severus ne put retenir un rictus amusé, brièvement évidemment, ils n'étaient pas seuls.

- Je ne serais pas si pressant si tu ne m'avais pas fait attendre ainsi.

- Figure-toi que je serais arrivée plus tôt si je n'avais pas eu besoin de me brosser cinq fois les dents après avoir bu ce truc immonde que tu oses brasser dans tes cachots et je ne veux d'ailleurs même pas savoir ce que tu y mets dedans même si j'en ai une vague idée.

Cette fois, c'est presque un rire qui résonna dans sa poitrine, faisant pétiller ses yeux d'amusement.

- C'est ça, moque toi… bougonna-t-elle, achevant définitivement la retenue de Severus qui se mit à rire franchement, lorsqu'elle décida de le faire cesser d'un coup de coude dans les côtes, puis d'un deuxième.

- C'est bon, c'est bon. Je sais, c'est mauvais…

- Mauvais ? MAUVAIS ? Tu sais quoi, j'aurais dû venir ici sans prendre la peine d'effacer l'émanation putride que tu m'as fait avoir. Histoire que tu profites toi-même des relents de déjections de je ne sais quoi dans ta propre bouche.

- Je m'excuse, c'est bon ? Tenta-t-il.

Hermione souffla du nez, acceptant par dépit ses excuses, avant d'apercevoir la directrice au loin s'avancer vers eux. Elle profita du laps de temps encore à deux pour lui demander.

- Extrait de crotte de Scrout ?

Severus l'observa hésitant, avant de hocher la tête par l'affirmative. Il fit son possible pour ne pas succomber à un second fou rire à la vue de sa mine déconfite au bord de la nausée et fit le serment de ne jamais lui avouer que ce n'était pas tout.

- He bien jeune gens, comme il est plaisant de vous voir ainsi. Intervint Minerva McGonagall

- Tu sais à quel point je me délecte des fins d'année Minerva et je dois ajouter que rien ne me réjouis plus que de vous voir tous pleurnicher sur le quai tandis que les pires créatures du monde Magique s'en vont enfin.

- Je n'en doute pas Severus, et je te remercie pour ta sollicitude. Cependant, je parlais de vous deux, ensemble. Quel joli spectacle vous nous avez fait là.

Hermione ne sut pas trop où se mettre, bien qu'elle eût saisi la bienveillance de sa Directrice, c'était assez maladroit. Relever les inhabitudes et les démonstrations de tendresse de Severus, ainsi, ne pouvait que le mettre mal à l'aise. Pourtant, il n'en fut rien lorsqu'elle perçut sa main se poser sur sa taille la faisant se coller à lui.

- Merci Minerva, cependant, ne t'y habitue pas, nous serons évidemment plus discrets que cela à l'avenir.

- Cela va de soi venant de toi Severus. Finit-elle un sourire aux lèvres que Severus lui rendit.

Hermione sourit aussi, tout semblait aller pour le mieux cette fois entre eux deux. Pas d'animosité, d'incompréhension, d'ignorance, il régnait en fait une courtoisie pleine de pudeur. L'un tenait à l'autre sans aucun doute possible. Et bien que les épreuves de l'avant-guerre eussent mis de la distance, Hermione était optimiste, le temps apaisera les choses.

De ses noisettes, Hermione observa Severus se courber avec respect pour saluer celle qui lui avait mine de rien sauver la vie, comme une mère l'aurait fait pour un fils. Elle en fit de même, elle lui était tout autant redevable finalement, après tout en le sauvant, Minerva l'avait fait survivre elle aussi.

Ils commencèrent tout deux à s'éloigner sous le regard tendre de leur supérieure, jusqu'à ce qu'elle ne les arrête, pour une dernière recommandation.

- Vous n'êtes tenu de rien, je le sais bien, l'année est terminée, mais faites-moi le plaisir d'offrir ce spectacle à Albus. Si vous saviez depuis combien de temps, il attend ça.

Hermione s'attendit à un refus lorsque finalement Severus assura par-dessus son épaule :

- Nous irons le voir, promis.

Le cœur d'Hermione se gonfla davantage lorsqu'il prononça cette promesse. Car s'il y avait bien une personne sur cette terre qui n'avait jamais failli à l'une de ses promesses c'était bien lui, l'homme qu'elle aimait.

L'esprit léger et le cœur plein, ils reprirent tout deux leur marche jusqu'à pouvoir s'envoler.


Ils survolèrent le lac lorsqu'Hermione aperçut la petite île abritant la sépulture d'Albus Dumbledore. Bien qu'encore en altitude, d'ici elle apercevait la stèle immaculée qu'elle n'avait plus visitée depuis plus d'une année. Elle s'interrogea sur leur destination, même s'il fut maintenant assez évident qu'il veuille la mener sur cette île. C'était assez étrange, enfin, c'est ce qu'elle pensait, mais se garda de le lui dire.

Quoiqu'il décide de faire, venir jusqu'ici devait lui coûter beaucoup. Il était un homme fier, ne revenant jamais sur ces décisions, pourtant il l'avait menée jusqu'à cet endroit symbolique alors l'interrompre n'aurait rien de bon. Son rôle était de l'accompagner, le soutenir dans sa démarche.

- Suis-moi, on descend. Entendit-elle à travers les échos du ciel.

Sans broncher et bien plus prudente que les fois précédentes, elle le suivit doucement dans la descente, puis, posa pied à terre tandis qu'il s'avançait déjà.

Statufié devant le marbre, Severus se raidit. Le silence était pesant, aucune brise, rien sous ce soleil de plomb. Hermione fut frappée par la vision qu'il renvoya alors. L'homme et sa prestance s'étaient évaporés, lui donnant l'aspect de l'étudiant qu'il fut un temps. Avec un manque flagrant d'ardeur il se tenait sur ses deux jambes semblant trop grandes pour lui, s'en était presque maladroit.

C'est à ce moment qu'Hermione s'avança, se positionnant à ses côtés, voulant l'aider tandis qu'elle avait décelé son inconfort.

Lorsqu'elle entrelaça ses doigts aux siens, Severus tourna la tête dans sa direction et plongea dans ses yeux. Il avait cette expression démunie bouleversante, et bien qu'il tentât en vain de durcir ses traits, il ne la trompa pas. Il était perdu dans ses regrets, amer de lui-même. C'est alors que d'un regard, elle lui transmit sa force pour effacer ses reproches qu'il avait pour lui-même. Ce fut suffisant pour qu'il reprenne sa posture habituelle tout en observant de nouveau la stèle gravée du nom d'Albus Perceval Wulfric Brian Dumbledore.

C'est à ce moment qu'Hermione tira sa baguette attachée à sa cuisse, avant de la pointer sur le monument et de lancer le sortilège d'Orchideus. Celui-là même qu'elle avait utilisé pour Harry sur la tombe de ses parents. L'onde magique fit apparaître une couronne de fleurs de saison dans un camaïeu de jaune et blanc.

Lorsque le dernier bouton de fleur s'ouvrit sous la magie, Severus, lui serra davantage la main et baisa son front du bout des lèvres pour la remercier.

C'est ce moment qu'elle choisit pour rompre le silence :

- Severus, j'aimerais que tu cesses de t'en vouloir et que tu te pardonnes enfin.

Elle se tourna vers lui et l'encercla de ses bras avant de sentir les siens s'enrouler sur sa taille. Bien qu'il n'eût aucune hésitation à lui retourner ce simple geste, elle ne loupa pas ses lèvres tressaillir comme incertain de la laisser continuer sur ce sujet. Pourtant et parce qu'il était temps de guérir sa peine, c'est ce qu'elle fit :

- Si c'est toi qu'il a choisi pour effectuer cette dernière volonté ce n'est pas parce qu'il te pensait sans valeur ou te considérait moins qu'un autre. Je suis convaincue que c'est justement parce qu'il t'estimait plus que n'importe qui, qu'il a souhaité mourir ainsi. Il était condamné et tu étais sa plus belle option. Une fin rapide et digne, de la main de celui en qui il avait le plus confiance et qui j'en suis persuadé, aimait.

Severus baissa le menton, il ne voulait pas qu'elle le voit ainsi, touché par ces mots avant de murmurer tout bas.

- Je le sais…

Hermione lui souleva le visage, retrouvant l'infini de ses yeux bouleversés et chercha à comprendre :

- Alors pourquoi… pourquoi … Tenta-t-elle de lui demander, incapable de finir tant elle fut saisie par son regard, mélange de détresse et de tendresse.

- Je crois que j'attendais simplement que quelqu'un me le dise pour m'en persuader.

- Hoo Severus, laissa-t-elle échappée entre les larmes qui lui vinrent avant de venir l'embrasser sur la pointe des pieds.

Severus accueillit son baiser avec toute la tendresse qu'il lui était possible de communiquer. Il relâcha sa taille pour prendre son visage entre ses doigts et s'imprégna d'elle, son insupportable Hermione. Elle venait de briser son dernier rempart de muraille pour y construire des bases plus solides, elle l'avait guéri.

Il ouvrit les yeux, pour l'observer dans le baiser, ses lèvres se mêlant toujours aux siennes et tomba sur les deux noisettes ouvertes. Le jour de ses yeux tant ils brillaient comme des soleils, emprisonnèrent la nuit des siens, comme une promesse de futur et de jours heureux. C'était un savant mélange d'eux, qui danse et qui chante cette passion indomptable et cet amour incontrôlable.

Finalement et à bout de souffle Hermione tout contre ses lèvres laissa échapper ce qu'elle ne pouvait plus garder pour elle :

- Je t'aime…

Il n'en fut pas surpris, seulement l'entendre lui fit un bien fou, son cœur était au bord de l'implosion tandis qu'il chercha ses mots à lui. Et bien qu'au fond de lui-même, il aurait pu lui crier la pareille, il respecta ses principes et préféra avec retenue lui avouer :

- … et moi tout autant.

Ce qui suffit puisqu'elle reposa ses lèvres contre les siennes.


- Minerva vous revoilà, tout s'est bien passé ? Demanda la représentation magique de l'ancien Directeur.

- Oui Albus, ils s'en sont tous allés. Le Poudlard Express est parti à l'heure comme chaque fois avec tous nos petits à l'intérieur. Compta la Directrice d'une voix monotone encore touchée par le départ de ses élèves.

- Ne soyez-pas si triste Minerva, deux mois ce n'est pas si long et puis il me semble que deux d'entre eux sont encore présent. Tenta-t-il de la consoler, les yeux pétillants de savoir.

Minerva Mc Gonagall se concentra alors sur le portrait enchanté depuis son fauteuil, les traits finalement détendus en se souvenant :

- Si vous aviez pu les voir Albus… Ils sont si beaux et nous promettent un bel avenir, j'en suis convaincue. En parlant de promesse, Severus et Hermione ont fait celle de vous rendre visite prochainement.

- C'est déjà fait Minerva, à l'instant. Et vous avez raison, ils sont magnifiques…

La directrice haussa un sourcil, ne comprenant pas comment en si peu de temps, il y est pu avoir une quelconque visite d'organisée ici même. Pourtant vu l'air ravi de son prédécesseur, elle n'osa pas le contredire et se contenta d'acquiescer dubitative.

Le directeur souriant grandement dans sa moustache se garda de lui dire qu'il avait pu avoir un aperçu de nos deux amoureux depuis sa tombe.

Il voulait garder pour lui seul ce moment offert par Severus, son plus grand ami si ce n'est plus et sa très chère ancienne élève, Hermione.

La promesse avait été tenue, là, à l'endroit même où il était enterré et c'est tout ce qui comptait, car après tout dans ce tableau ne résidait qu'une infime et ridicule partie de lui.

Rendre une visite aux morts dans le lieu où reposaient leurs corps et ou s'en étaient allé leurs âmes, avait bien plus de sens aux yeux du plus pragmatique des Sorciers. Même s'il devait avouer que cette notion était quelque peu bancale dans un monde où règne la magie et l'extraordinaire. Il rit seul de sa remarque s'attirant les regards interloqués de ses voisins de tableau et de son successeur, mais les ignora.

Depuis son tableau, il se repassa la scène qui venait de se jouer sur sa petite île et la faculté qu'avait eue Hermione avec les mots.

Les mots.

La plus humble et inépuisable source de magie, celle capable à la fois d'infliger des blessures et y porter remède…

Severus allait pouvoir vivre enfin pour lui …

Mais avec elle.

Unis tous deux pour la vie et jusque dans la mort grâce au don des ailes, car c'est après tout, ce qu'ils méritaient.

FIN

« Rien ne sert de s'enfermer dans la morosité, car chacun sait qu'au-dessus des nuages, le soleil brille davantage »


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[Je tiens à vous remercier, tous et plus particulièrement ma correctrice sans qui je ne serais jamais arrivé au bout. Elle a été ma bouffée de motivation.
J'ai hâte de lire vos impressions, j'espère que mon Ode à la vie vous a plu]