Pour ceux qui suivaient la Fic depuis le début une brève explication pour le délai d'upload: J'ai pris ce texte en grippe à cause de la maladresse originale de ma plume et je l'ai abandonné un moment, puis je l'ai repris, entièrement reconstruit et me voilà. Vous trouverez sans doute des éléments du texte de base dispersés ci et là mais j'ai retissé l'intrigue autrement. Comme c'est un préquel et que je reste fidèle à l'oeuvre je respecte scrupuleusement ce que JK décrit sur le caractère des personnages et les faits qu'elle donne sur cette époque donc s'il y a une incohérence c'est une erreur de ma part. J'espère que vous prendrez plaisir à lire ce nouveau texte, quant à moi je savourerai chacune de vos reviews. La fiction est complète et le rythme de publication sera régulier désormais, au moins un chapitre par semaine, peut-être plus. Bonne lecture à vous !
— J'y crois pas ! Ah il est comme toi ! Répéta la grosse voix de son père dans un bruit de verre cassé fracassant. Eh bien, je savais qu'y avait un truc pas normal chez lui ! Diable, tu lui as filé ta saleté !
— Ma saleté ? Gronda sa mère. Il est aussi renfermé et irascible que toi avec ton sale caractère de Moldu ! Ils avaient raison. J'aurai jamais du souiller mon sang avec...
Severus aperçut la grosse main de son père se refermer sur la chaise juste devant sa porte, la chaise s'écrasa à quelques centimètres au dessus de la tête de sa mère qui s'était baissé souplement. Il hoqueta de peur. Le bruit du meuble brisé se noya dans le hurlement furieux de son père. Le garçon décolla son œil de la serrure et recula, il pressa ses petites mains pâles contre ses oreilles pour ne plus entendre et tituba vers son lit près du mur noirci d'humidité. S'asseyant sur le matelas dans un couinement de ressort il ferma les paupières très fort sans parvenir à empêcher les larmes d'en glisser.
Il ne savait pas ce qui s'était passé.
Ils mangeaient calmement tous les trois quand son père lui avait demandé pourquoi il restait toujours seul comme ça au lieu d'aller avec les autres. Severus n'aimait pas les autres enfants, ils se moquaient tout le temps de lui, il préférait les livres. Quand son père avait menacé de mettre ses « torchons plein de bêtises » à la poubelle s'il ne faisait pas d'effort, le verre de Severus avait éclaté en morceaux dans une explosion coupante. Ses parents l'avaient dévisagé avec stupeur. En voyant la fureur envahir le visage de son père et ses yeux noirs se plisser, le petit garçon avait sauté de sa chaise et couru à la cave, dans sa chambre. Il ne comprenait pas ce qui s'était passé mais il savait que son père se mettrait à hurler et à frapper, même si ce n'était pas de sa faute si le verre s'était cassé tout seul.
Ils continuaient de se crier dessus quand Severus retira ses mains de ses oreilles, il se glissa sous ses couvertures pelucheuses, rassuré par l'odeur fraîche de moisi et l'obscurité brisée par le rayon de lumière qui passait sous la porte. Il se tourna sur le côté, les joues baignaient de larmes et reniflant doucement, puis la tête sous l'oreiller pour ne plus entendre crier il se blottit sur lui-même pour s'endormir.
— Et ils sont où les gens comme nous Maman ? Demanda Severus en observant sa mère qui faisait la vaisselle, les lèvres pincées et l'air agacé.
Elle soupira sans répondre.
Il savait qu'elle préférait qu'il lise ou qu'il traîne dehors, tout plutôt que de rester « dans ses pattes comme un gnome atteint de Babillage ». Mais la curiosité qu'éprouvait l'enfant depuis qu'elle lui avait expliqué qu'il était un sorcier était bien trop forte pour qu'il se taise. Elle le lui avait appris le lendemain de l'incident du verre brisé avant de lui ordonner de ne plus parler de ça et de ne plus causer de problème devant son père. Malheureusement pour elle, Noël approchait et il n'aurait pas d'école pendant deux semaines, il avait le temps de l'interroger maintenant.
A force de la harceler de questions, il avait réussi à grapiller quelques informations : sa mère était une sorcière, il y avait beaucoup d'autres gens comme eux, il fallait une baguette pour contrôler sa magie et il apprendrait tout ça à l'école de magie appelé Poudlard. Mais c'était insuffisant.
— Pourquoi je t'ai jamais vu faire de la magie ? Reprit Severus en jouant avec la manche élimée de sa blouse.
— Tsss siffla sa mère en s'essuyant les mains d'un geste brutale sur le torchon grisâtre.
Elle baissa les yeux sur son fils en fronçant les sourcils et, jetant un vague coup d'oeil à la vieille pendule dont la trotteuse rythmait le silence de la cuisine, elle soupira d'un air résigné.
Un éclair de joie traversa les yeux du petit garçon lorsqu'elle le dépassa pour rejoindre le salon, il la suivit en sautillant, sûr qu'il avait atteint les limites de sa patience et qu'elle allait lui donner quelques chose pour l'occuper. Il l'observa retirer les livres de la petite bibliothèque branlante avec perplexité mais tint sa langue tandis qu'elle glissait ses ongles dans les rainures d'une plaque apparut derrière les étagères vides. Elle retira la plaque, la glissa à ses pieds puis sortit un vieux sac de cuir raide de la cache, Severus s'approcha lentement, les yeux pleins d'espoir. Sa mère plongea le bras dans le vieux sac si profondément que Severus s'étonna de ne pas le voir transpercer le fond, puis elle en extrait un gros livre, jetant un bref regard sur lui, elle lui colla le livre dans les bras puis avant qu'il n'ait pu en déchiffrer le titre elle reposa un autre livre par dessus et un autre.
Severus ploya sous sa charge.
Il croisa le regard impatient et rêche de sa mère et s'empressa d'emmener son trésor dans sa chambre, sautant les trois marches de bois grinçantes qui descendaient à la cave avec allégresse, le petit garçon déposa aussi délicatement qu'il pu les ouvrages sur son matelas et retourna chercher le reste. Après quelques allers-retour les bras chargés de livres, Severus un peu essouflé, revint vers sa mère plus lentement, elle couvait d'un regard mélancolique le morceau de bois clair et brillant qu'elle tournait entre ses doigts.
— C'est une baguette magique ? Je peux l'avoir ? Demanda t-il en fixant la baguette d'un air émerveillé.
— Non. Celle-là reste ici rétorqua sèchement sa mère, tu auras la tienne quand on recevra la lettre.
Elle jeta la baguette dans le sac, le remit dans sa cachette et replaça les livres devant d'un geste raide, la mâchoire crispée et l'air énervé.
— Maintenant fiche moi la camps ! s'impatienta t'elle en retournant dans sa cuisine.
Ce soir-là lorsque ses parents recommencèrent à se disputer comme ils le faisaient tous les soirs dès que son père rentrait du travail, Severus s'en aperçut à peine, assit contre le mur humide, un livre ouvert sur les genoux, il lisait avec délectation un conte qui parlait de marmite sauteuse et de sorcier grognon à la lumière de la vieille lampe à huile rouillée posée près de son lit. Quand il arriva à la fin du dernier conte, ses yeux commençaient à se fermer tout seul et les éclats de voix de ses parents s'étaient éteint depuis longtemps.
Le garçon jeta un regard avide aux trois piles de livres près de son lit, il aurait de quoi lire pendant un moment et mieux que ses vieux livres policiers, ceux-là lui apprendraient tout sur la magie. Il avait tellement hâte de tout savoir sur les trésors et les merveilles que son vrai chez lui contenait. Il caressa la dernière page du livre et fronça légèrement les sourcils en remarquant un sceau sous ses doigts, il rapprocha son visage du livre et écarta ses cheveux de ses yeux d'un geste paresseux pour l'examiner, c'était un P enluminé et tressé d'un cobra dont le cercle d'encre verte semblait onduler sur la page.
Severus lança un regard agacé au soleil éclatant, il avait encore passé la journée à lire dans sa chambre comme il le faisait depuis le début des vacances d'été et le changement brutal de luminosité lui blessait les yeux. Il avançait sans faire attention à la rue sale qu'il traversait et à la bande d'adolescent Moldu qui riait bruyamment un peu plus loin, ses pensées restaient bloquées sur sa lecture. En ce moment c'était l'histoire de la magie qui l'intéressait le plus, il essayait d'imaginer les évènements qu'il avait lu, les faisant vivre dans sa tête pour garder une partie du monde sorcier avec lui alors qu'il traversait les rues mornes remplis de Moldus hostiles.
Il avait hésité avant de sortir aujourd'hui. D'habitude il allait au parc voir si la petite fille rousse était là mais il n'y était pas retourné depuis qu'il leur avait parlé à elle et à sa Moldue de sœur. Ça c'était mal passé et d'habitude il préférait abandonner quand les autres réagissaient si mal avec lui. Mais là c'était différent. Il contourna les bennes surchargées qui envahissaient le trottoir devant lui et traversa la route pour rejoindre le pont qui conduisait au centre. Et si elle y est je fais quoi ? Se demanda t-il anxieusement en tirant sur sa veste trop grande pour l'empêcher de glisser de ses frêles épaules. Il en était sûr, elle était comme lui c'était une sorcière.
C'était la première fois qu'il voyait quelqu'un d'autre faire de la magie.
Il arriva aux grilles du parc et ralentit le pas en dressant l'oreille. Il entendit le grincement d'une balançoire mais personne ne parlait, il se glissa derrière les buissons avec l'aisance de l'habitude et jeta un coup d'oeil.
Elle était là.
Assise toute seule sur une des balançoires, la rousse tordait son pied dans la poussière d'un air boudeur, la tête inclinait tristement. Severus se tortilla les mains, son coeur accéléra dans sa poitrine. Il avait tellement envie de retourner lui parler, de trouver un moyen de lui faire comprendre qu'elle était comme lui et que ce n'était pas mal d'être un sorcier. Il essaya de réfléchir à ce qu'il pourrait lui dire pour la convaincre mais la peur et l'impatience lui embrouillaient les idées.
Il inspira pour se donner du courage et contourna le buisson sans qu'elle ne le remarque, puis il ramassa une brindille par terre à laquelle deux feuilles vertes déclinantes été accroché et la fit s'envoler vers la rousse, les deux feuilles battaient l'air comme deux ailes, elles donnaient l'air d'une libelulle à la brindille.
La petite fille releva la tête en apercevant la brindille voler vers elle, écarquilla les yeux et regarda autours d'elle d'un air stupéfait. Quand elle croisa le regard de Severus, il sourit timidement.
— Tu vois moi aussi j'y arrive dit-il en avançant vers elle d'un pas qui semblait confiant, alors que la brindille retombait par terre en tournoyant. Elle le regardait d'un air méfiant mais curieux.
— T'as insulté ma sœur la dernière fois je crois. Maintenant elle veut plus venir avec moi.
Il s'arrêta en face d'elle d'un air hésitant mais voyant qu'elle n'avait pas l'air de vouloir s'en aller, il s'assit sur la balançoire à côté d'elle.
— Elle s'est moqué de moi bougonna t-il. De toute façon c'est à toi que je voulais parler pas à elle.
— Pourquoi tu m'as dis que… Que j'étais une sorcière alors ? demanda t-elle en fronçant les sourcils d'un air vexé.
— Parce que t'arrives à faire de la magie. Comme moi. Mais c'est bien, si tu veux je peux te parler de ce que j'ai appris sur le monde sorcier. J'ai des livres qu'en parlent grâce à ma mère. Il y a même des contes pour sorciers.
Elle le regardait d'un air perplexe et hésitait visiblement à le croire.
Il ramassa la brindille qu'il avait fait voler jusqu'à elle et jetant un vague coup d'oeil autours de lui pour vérifier que le parc était encore désert, il la fit décoller de sa paume, tourner autours d'eux en battant de ses ailes de feuilles et se poser sur les genoux de la rousse. Severus croisa le regard vert de la fillette et attendit qu'elle dise quelque chose, il sentait ses joues se réchauffer et une part de lui attendait avec inquiétude et résignation le moment où elle se moquerait de lui ou l'insulterait et partirait comme les autres enfants faisaient tous. Mais après quelques secondes de réflexion supplémentaire la rousse lui tendit la main d'un geste décidé.
— Je m'appelle Lily dit-elle. Il serra sa main timidement.
— Severus répondit-il avec un petit pincement de bonheur surpris au coeur.
La démarche lourde de son père dans la cuisine l'avait réveillé comme chaque matin et Severus attendait qu'il parte, pelotonné sous ses couvertures, les yeux accrochés au rayon de lumière qui passait sous sa porte.
Il soupira.
Il n'était pas retourné à l'école moldue après les vacances d'été, sa mère n'avait rien dis en le voyant traîner à la maison, il avait deviné que tant qu'il la laissait tranquille elle se fichait de ce qu'il faisait. C'était un soulagement de ne plus supporter les brimades des autres à cause de ses habits ou de ses cheveux gras mal coupés mais il aurait aimé continuer d'apprendre, même si les moldus ne savaient pas grand-chose d'intéressant. Il glissa la main hors de son lit et tatônna le sol froid jusqu'à ce que ses doigts rencontrent la couverture de cuir de son livre de Défense contre les forces du Mal.
La petite fenêtre carrée derrière lui ne laissait passer qu'une lumière grise trop fluette pour qu'il puisse lire sans allumer sa lampe et il préférait éviter que son père ne voit le carré de lumière provenant de sa chambre en passant sur le trottoir pour aller à l'usine, alors il attendait que les bruits de la cuisine disparaissent et que la porte claque avant d'allumer.
Il avait essayé de lire les livres avancés que sa mère lui avait donné mais il s'était vite aperçu qu'il vallait mieux commencer par les livres de première année s'il voulait comprendre quoi que ce soit. Alors qu'il feuilletait tous ses livres avidement il avait remarqué que le mystérieux sceau au P tressé de serpent figurait sur chacun d'eux.
Il apprenait les sortilèges de défense en ce moment, faute de mieux il répétait les gestes et les formules avec une petite branche qu'il s'était trouvé, ça ne marchait pas pour l'instant évidemment mais quand il aurait enfin l'âge d'avoir sa propre baguette…
La porte claqua derrière son père et Severus se glissa aussitôt hors de son lit pour s'habiller, il se tortilla pour enfiler son jean qui le serrait de plus en plus, tira sur ses chaussettes pour essayer de dissimuler son feu de plancher et couvrit la vieille blouse élimée avec le pull noir que sa mère avait récupéré l'hiver dernier chez la voisine. Il ne faisait pas encore si froid mais Severus avait convenu de retrouver Lily au parc ce matin et le pull était le seul vêtement qu'il avait d'un tant soit peu élégant.
Après un rapide petit-déjeuner, Severus passa quelques heures à étudier ses livres puis quand il vit l'heure du rendez-vous avec Lily arriver, il ramassa son livre de contes, l'enfoui dans sa besace et sortit de la maison d'un pas joyeux.
— Salut Severus ! S'exclama la rousse en arrivant près du vieux Saule au bord de la rivière. Pourquoi on s'est pas rejoint au parc comme d'habitude ?
— Parce que j'ai apporté un truc aujourd'hui répondit-il en souriant alors qu'elle s'asseyait dans l'herbe en face de lui. Il sortit son livre de sa besace avec une certaine révérence tandis que Lily s'approchait en écarquillant les yeux.
— C'est un livre de magie ?
— Non un livre de contes sorciers. Il la regarda ouvrir son livre et commencer sa lecture sans parvenir à détacher les yeux de son joli visage.
Quand elle arriva à la fin du conte de la Marmite sauteuse, elle releva la tête.
— Je pourrais te l'emprunter ? Demanda t-elle avec les yeux pétillant.
— Euh… ouais balbutia t-il en baissant les yeux, il lui tendit sa besace. Par contre vaut mieux que personne te voit avec.
Elle hocha la tête et remit le livre dans la besace. Un petit silence s'installa entre eux.
— Ma sœur m'a dit que je ne devrais pas te parler tu sais… Il déglutit tristement sans relever les yeux.
— Je lui ai dis que t'étais gentil et que tu savais plein de trucs mais… Severus releva la tête.
— Pourquoi tu parles tout le temps d'elle ? Demanda t-il.
— Parce que c'est ma grande sœur. T'as pas de frère et sœur toi ?
— Non. Je sais même pas pourquoi mes parents m'ont eu…
— Pourquoi tu dis ça ? S'étonna Lily. Severus haussa les épaules.
— Ils se disputent tout le temps et ils s'en fichent de moi.
Elle le regarda avec tristesse, il baissa la tête et déglutit, arrachant des brins d'herbes pour essayer de penser à autre chose. Une petite pâquerette glissa lentement devant lui et referma ses pétales comme une étrange huître. Il releva les yeux vers Lily et ils échangèrent un sourire.
— Moi je m'en fiche pas de toi dit-elle avec une lueur d'affection dans les yeux. On retourne aux balançoires ?
Lily mit la bourse que lui avait donné le Professeur McGonagall dans sa poche et enfila son manteau en souriant. Même si Severus lui parlait depuis presque deux ans du monde sorcier et lui répétait régulièrement qu'elle était comme lui, Lily s'était un peu inquiété qu'il se soit trompé et qu'elle ne soit pas vraiment une sorcière. Mais finalement il avait eu raison, un Professeur de Poudlard était venu tout expliqué à ses parents la veille. Elle avait d'abord appréhendé leur réaction mais ils avaient été émerveillé par la nouvelle. Ils étaient fier d'elle.
— Tu es sûre que tu ne veux pas qu'on t'accompagne ma chérie ? Demanda sa mère qui la regardait d'un œil un peu inquiet.
— Maman je t'ai déjà dis que j'y allais avec Severus. Et puis comme Tunie aurait jamais voulu venir avec nous… J'ai pas envie qu'elle reste toute seule ici.
— Ta sœur m'a dit que ce garçon avait essayé de lui faire du mal…
Lily fixa sa mère avec une étincelle furieuse dans les yeux.
— Il a pas fait exprès ! Elle s'est moqué de lui et… La branche est tombé sur Tunie. C'est comme quand j'avais tranformé le chien des voisins en poussin parce qu'il me faisait peur, on contrôle pas encore très bien. Mais il est très gentil Severus.
Mrs Evans lissa les cheveux de sa fille d'un geste affectueux.
— Bon. Et tu es sûr qu'il sait comment faire pour y aller ?
— Oui oui t'inquiète pas. Sa mère lui a expliqué répondit Lily en la contournant pour sortir. A tout à l'heure Maman !
Elle ne fût pas surprise de voir Severus assit sur la barrière devant chez elle, il l'attendait en balançant ses pieds d'un air impatient et en tirant sa manche nerveusement. Il releva la tête en entendant la porte claquer et, l'apercevant, il sauta de la barrière pour la rejoindre.
Elle l'accueillit avec un grand sourire.
— Salut !
— Salut Lily. Euh en fait il va falloir qu'on fasse autrement pour y aller...
— On y va plus par la cheminée de chez toi ? S'étonna t-elle. Il grimaça.
— Non ma mère a pas assez de poudre de cheminette et elle préfère éviter que… Enfin… On va faire autrement mais faut qu'on se dépêche.
Elle le suivit sans rien dire, elle savait qu'il trouverait un autre moyen. Ils traversèrent la rivière, prenant le chemin de chez lui puis il bifurqua vers leur coin secret près du vieux saule, arrivée au pied de l'arbre il sortit un vieux chapeau pointu de sous son pull.
— C'était celui de ma mère, elle l'a transformé en portoloin.
— En quoi ? S'inquièta Lily en observant le vieux chapeau.
— Tiens-le ordonna Severus.
Elle obéit et releva les yeux vers son ami en quête d'une explication mais elle n'eût que le temps d'apercevoir son sourire avant que le monde ne tournoie autours d'elle et qu'elle se sente violemment accroché par le nombril.
— T'aurais pu me prévenir que ça ferait ça quand même ! Reprocha une nouvelle fois la rousse en glissant ses livres dans le vieux sac de cuir que Severus tenait ouvert pour qu'elle range ses derniers achats.
— C'est ce que j'ai fais rétorqua t-il calmement en fermant le sac.
— Hmmm… gronda t-elle en se rapelant avec une légère nausée la sensation du Portoloin. Oh regarde ! s'exclama Lily en s'arrêtant à la vitrine devant laquelle ils passaient, il y a des hiboux !
Severus jeta un coup d'oeil à la ménagerie magique, les hiboux dans leur cage, les crapauds et les chats qui, couchaient derrière la vitrine, ignoraient fermement les enfants qui cognaient à la vitre pour les faire réagir. Il n'avait pas assez d'argent pour s'acheter un hibou, sa mère ne lui avait donné qu'avec réluctance la vieille bourse qui lui restait de sa fuite et ce n'était pas les 3 mornilles qui avait survécu à ses achats qui lui permettraient d'acheter un hibou.
Il reporta son regard sur Lily qui fouillait dans sa propre bourse en plissant le nez d'un air contrarié. Contrairement à lui elle avait du acheter tous ses livres en plus de sa baguette, de ses robes et du matériel pour les potions, la bourse replète avec laquelle elle était arrivé avait considérablement fondu.
— J'ai pas assez conclut Lily d'un air navré.
— C'est pas grave il y a une volière à l'école la rassura t-il en sortant sa baguette, t'auras qu'à en emprunter quand tu voudras écrire à quelqu'un.
Elle hocha la tête et observa Severus secouer sa baguette avec un pincement d'appréhension, elle n'avait pas beaucoup aimé le Portoloin, elle espérait que le magicobus dont il lui avait parlé serait plus agréable et aussi confortable que la voiture de ses parents, elle pourrait commencer à regarder ses livres comme ça…
— Serpentard ?
Severus s'interrompit en dévisageant celui qui venait de l'interrompre, trop pris par son enthousiasme et par l'envie de consoler Lily, il n'avait pas fait attention aux deux garçons qui occupaient le même compartiment qu'eux. Le Poudlard Express était encore plus grand et merveilleux qu'il l'avait imaginé, il ne comprenait pas pourquoi Lily pleurait pour les méchancetés qu'avait dis sa Moldue de sœur alors qu'ils rejoignaient ENFIN le monde sorcier ensemble. Les deux autres poursuivaient leur conversation sur les maisons de Poudlard.
— Si vous allez à Gryffondor, vous rejoindrez les courageux ! Comme mon père s'exclama celui qui avait des lunettes.
Severus ricana, comment pouvait-on préférer aller chez Gryffondor alors que Merlin lui-même était allé à Serpentard, la maison de la grandeur ?
— Ça te pose un problème ? Rétorqua l'autre d'une voix un peu agressive.
— Non. Si tu préfères le biceps à l'intellect…
— Et toi, où comptes-tu aller, étant donné que tu n'as ni l'un ni l'autre ? S'exclama le garçon assit à côté de Severus pour défendre son ami.
Il ne dit rien de peur d'envenimer la situation.
Mais Lily, dont les yeux s'étaient empli d'une lueur féroce à cette remarque, se releva brutalement et avec une moue dégoûtée pour les deux autres, elle entraîna Severus hors du compartiment. Il trébucha sur la jambe de l'adulateur de Gryffondor en passant devant lui, et se rattrapa in extremis à la porte tandis que les deux garçons parodiaient la voix de Lily déjà loin dans le couloir et lançaient une dernière moquerie sur son nom à lui.
Severus se frotta la jambe en grimaçant et se laissa tomber sur la banquette à côté de Lily dans le nouveau compartiment qu'elle avait trouvé, le seul occupant des lieux leur jeta un regard timide mais n'osa pas leur parler. Lily laissa son regard maussade dériver par la fenêtre immédiatement.
Ça commence mal se dit-il… La réaction des deux autres l'inquiétait, ils avaient réagi de la même façon que les Moldus de l'école.
Il doit y avoir quelques idiots chez les sorciers aussi se rassura Severus en pensant à l'imbécile qui voulait aller chez Gryffondor. Mais ça ne voulait rien dire après tout. Il observa le garçon en face de lui, trois cicatrices lui barraient le visage et une grande nervosité émanait de lui, il était pâle et se tortillait les mains sans décrocher ses yeux ambrés du paysage verdoyant qui défilait par la fenêtre, sentant sans doute son regard il adressa un petit sourire nerveux à Severus avant de tourner la tête. Il avait l'air gentil.
Oui pensa Severus, il s'adapterait mieux avec les sorciers, il sentait que c'était un nouveau départ et ce soir il ne subirait pas les disputes incessantes de ses parents.
