o o o

« Ce suspense est terrible. J'espère qu'il va durer. »

Oscar Wilde

o o o

L'heure décisive approchait. Les bancs étaient pleins, la chorale avait fini de répéter, et la mariée avait enfilé sa robe. Un hibou de Charlie était arrivé, pour prévenir Hermione qu'il serait en retard, mais qu'il arriverait à dos de Suédois à museau court sous un Sortilège de Dissimulation.

Sous prétexte d'avoir besoin d'un bol d'air frais, Hermione se glissa hors de la salle où elle s'était habillée pour jeter un coup d'œil dans l'église. Il n'y avait pas trace de Snape. C'est probablement mieux comme ça, se dit-elle, mais son moral était bas.

Il était prévu que la cérémonie commence à midi, suivi d'un repas de noces. Snape avait était une présence si constante à ses côtés pendant les dernières quarante-huit heures, et une telle plaie, qu'Hermione ne parvenait pas à imaginer où il pouvait se trouver. Il avait été tellement pénible à supporter, et maintenant qu'il commençait à lui manquer un peu, il avait disparu de la circulation.

C'est probablement mieux comme ça, se répéta t'elle une fois de plus. Quand Charlie serait là, quand ils seraient à nouveau réunis, tous les souvenirs de cet intermède avec Snape s'effaceraient – elle l'espérait. Hermione était faite pour devenir une Weasley. Elle avait été aussi proche de leur famille qu'elle l'avait été de la sienne depuis quatorze ans, peut-être même plus proche. Avec Charlie, Hermione entrerait dans une existence chaleureuse et heureuse, entourée de sa famille et de ses amis. Si jamais elle choisissait Snape, il lui faudrait abandonner tout ça pour plonger dans l'inconnu.

Pendant que tout le monde s'affairait, pris dans l'excitation du moment, Hermione se calma progressivement, ressentant un remarquable sentiment de détachement. Si la meilleure chose pour moi est d'épouser Charlie, pourquoi est-ce que je me sens misérable à ce point ? Elle fit de son mieux pour rassembler ses forces, pour faire face à l'heure qui venait, se rendant compte au fur et à mesure du temps qui passait que l'inconnu ne lui avait jamais semblé plus attrayant.

A 12h29 exactement, il y eut du remue-ménage dans le couloir. « L'église a pris feu ! » hurla le diacre. La chaleur irradiait du plafond, et les flammes commençaient à lécher les poutres. « Que tout le monde sorte par les vestibules ! » Paniqué, il se mit à courir pour aider à l'évacuation.

Les sorciers présents intervinrent discrètement à l'aide de la magie, et le feu fut rapidement éteint, n'ayant causé que peu de dommages à la structure du bâtiment.

« C'est vraiment la chose la plus stupide, la plus incompétente, la plus crétine que j'aie jamais vue ! » ragea Molly, en rejoignant le reste de la foule devant l'église. « Ça lui vient de ton côté de la famille, Arthur ! »

« Voyons, Molly, calme-toi, » murmura son mari, en la suivant. « Comment est-ce que Charlie aurait pu deviner que le dragon raterait son atterrissage, pour s'empaler sur la flèche ? Il est sur le toit maintenant, avec Hagrid, et il fait de son mieux pour remédier à la situation. Ne t'en fais pas. Le Ministère enverra une équipe d'Oubliators, si nécessaire. »

« Je n'arrive pas à croire tout ce que me fait endurer cette famille ! Et la pauvre Hermione. Son mariage est ruiné ! » Molly parcourut la foule du regard. « Je me demande où elle est ? »

Hermione et ses demoiselles d'honneur se pressaient au milieu de la cohue. Le chaos, tout comme elle l'avait prévu, avait présidé à sa journée. L'ironie de la situation la frappa. Elle avait été persuadée que si quoi que ce soit perturbait la cérémonie, Snape en serait la cause. Au lieu de cela, c'était à cause de Charlie que le mariage était reporté. Elle avait l'impression qu'on lui avait accordé un répit – maintenant, si seulement elle pouvait trouver Snape.

Les responsables de l'église avaient appelé les pompiers, les lieux furent inspectés et l'église fermée. Le repas de noces fut annulé et les Weasley, les Granger, et leurs invités partirent chacun de leur côté.

Toujours en robe de mariée, Hermione déclina l'invitation des Weasley de venir passer l'après-midi au Terrier et choisit de rentrer à son appartement.

o o o

« Les choses les plus importantes au monde sont de trouver quelque chose à manger, quelque chose à boire, et quelqu'un pour vous aimer. »

Brendan Behan

o o o

Alors qu'elle remontait l'allée étroite qui menait à sa porte, une voix tremblante appela son nom depuis un recoin sombre. « Hermione. »

« Severus, » souffla t'elle alors qu'il approchait.

« Est-ce que… »

« Non, je ne me suis pas mariée. »

Snape laissa échapper un grand soupir.

Elle tourna la clé dans la serrure, et le fit entrer.

« Severus, je ne t'ai pas laissé. J'ai ouvert la porte et… »

« Je sais, » la rassura t'il doucement. « Molly m'a dit ce qui s'était passé. Nous avons pris un Portoloin pour l'église peu de temps après que tes amies t'aient emmenée. »

Elle le regarda, l'air interrogateur. « Je t'ai cherché, mais je ne t'ai pas vu. Où étais-tu ? »

« Nous sommes arrivés en avance, et j'étais de plus en plus nerveux, et puis je ne me sentais pas à ma place. J'ai Transplané jusqu'à mes cachots pour réfléchir… et espérer. Je traînais devant ta porte depuis une heure, me demandant si tu reviendrais. »

« Alors tu ne sais pas ? »

« Je ne sais pas quoi ? » demanda Snape.

« Que l'église a failli être réduite en cendres. Charlie est arrivé par dragon, le dragon s'est cabré pour une raison inconnue, et s'est empalé sur la flèche de l'église. »

Snape lui lança un regard de côté, mal à l'aise, avant de s'asseoir sur le canapé. « Est-ce que quelqu'un a été blessé ? »

« Non, à part le dragon. Charlie et Hagrid doivent toujours être sur le toit à essayer de déloger la pauvre bête. » Hermione s'assit à ses côtés.

« Hermione, il faut que je sache – est-ce que tu as pris ta décision ? Tu étais sur le point de me le dire quand nous avons été séparés. S'il te plait, je ne peux plus supporter… »

« C'est toi que je veux, » lui affirma t'elle. « Ces deux derniers jours ont été incroyables, défiant toute raison. Je ne peux pas te dire en toute honnêteté que je suis amoureuse de toi, tout ce que je sais, c'est que je veux prendre le temps de savoir à quoi ça ressemble, d'être avec toi. »

« Alors tu ne m'épouseras pas ? »

Elle sourit et lui caressa doucement le visage du bout des doigts. « Pas aujourd'hui, en tout cas. »

Snape se détendit et s'affaissa un peu dans le canapé, étendant les jambes devant lui. Il se frotta joyeusement les mains. « Alors qu'est-ce que tu dirais d'une tasse de thé ? »

Hermione se pencha vers lui, une lueur malicieuse dans le regard, ce qui poussa Snape à penser que le thé devrait attendre. Il la souleva dans ses bras, pour l'emmener vers la chambre à grands pas, afin d'y discuter du soulèvement d'Elfric l'Insatiable.

Finalement, j'ai coupé la dernière partie en deux, pour que vous puissiez avoir un chapitre tout de suite. J'ai eu bon ?

benebu