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« La compréhension est le premier pas vers l'acceptation, et seule l'acceptation permet la guérison. »
Albus Dumbledore
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Le jour dans toute sa splendeur se fraya un chemin jusqu'à leur nid douillet. Pendant la nuit, d'un commun accord et après des débuts assez maladroits, ils étaient devenus amants. Snape était toujours profondément endormi, un sourire satisfait sur le visage, et Hermione se réveillait juste.
Elle regarda son improbable compagnon d'un air émerveillé tout en s'étirant paresseusement, toujours comblée par leurs explorations prolongées. Dans le noir, il était divin. Aux premières lueurs de l'aube, il était un peu hostile pour les yeux… mais néanmoins divin.
Hermione se frotta les yeux et bâilla. Elle sortit du lit, et faillit trébucher sur sa robe de mariée qui gisait en un tas désordonné sur le sol. Entrant dans la salle de bains, elle vit que les vêtements de Snape étaient dans le même état, éparpillés sur les meubles. Une fiole vide dépassait de la poche de sa robe. Curieuse, elle l'attrapa pour en lire l'étiquette.
De l'anti-dragons ! Hermione y réfléchit rapidement. Mrs Weasley a dû lui dire que Charlie arriverait à dos de dragon. Et Severus… non, il n'aurait jamais pu faire quelque chose d'aussi méprisable. Hermione n'allait même pas s'autoriser à penser une telle chose. Elle remettait la fiole dans la poche de Snape quand elle sentit qu'elle cognait sur autre chose. Elle chercha un peu et trouva une autre surprise. Mes bagages ! Il les a volés pour m'empêcher de partir en lune de miel. Serpentard jusqu'à la moelle !
Hermione se précipita vers la chambre et réveilla Snape. Il entrouvrit les yeux en grognant.
« Explique-toi ! » demanda t'elle.
Snape cligna des yeux, essayant de rendre le monde autour de lui un peu moins flou. « Est-ce que j'ai encore parlé dans mon sommeil ? J'ai mentionné Lil… euh, le lilas ? »
« Non, tu n'as pas parlé de lilas. Explique-toi à propos de ça ! » Elle lui mit la fiole dans les mains.
Je n'y crois pas. Nous ne sommes pas encore mariés et elle me fait déjà les poches !
« J'ai toujours sur moi une dose d'anti-dragons pour les urgences. On ne sait jamais, ça peut toujours servir, » mentit-il avec aplomb.
« Tu n'as pas souvent l'occasion d'être en contact avec des dragons ! »
« Ce n'est pas tout à fait vrai. J'imagine que je ne vais pas tarder à rencontrer ma future belle-mère. »
« Ne t'en fais pas, vous avez beaucoup de points communs – à commencer par l'âge ! » lui lança Hermione avec mordant.
« De quoi est-ce que je suis accusé, au juste ? »
« Tu t'es glissé sur le toit, et tu l'as aspergé d'anti-dragons pour que Charlie ne puisse pas se poser ! Mrs Weasley a dû te dire qu'il arriverait à dos de dragon. Tu as délibérément essayé de gâcher mon mariage ! Charlie aurait pu être tué, et la structure de l'église a été endommagée ! »
« Mon intention n'était que reporter la cérémonie pour te donner plus de temps pour te décider. Je n'avais aucun moyen de prévoir que Weasley se débrouillerait pour transformer son dragon en cochonnet à la broche. »
« Est-ce que tu es sûr que c'était ta seule intention ? »
« Je te l'ai déjà dit, tu es libre d'épouser celui que tu choisiras. J'ai agi avec noblesse en te procurant plus de temps pour réaliser que c'est auprès de moi que tu trouveras le bonheur. »
« Oh, tu débordes d'altruisme maintenant, c'est ça ? Et comment est-ce que tu expliques que mes bagages étaient dans ta poche ? Tu les as volés pour que je n'aie rien à me mettre pendant ma lune de miel.»
« Je suis certain que ton ersatz de fiancé n'aurait rien trouvé à y redire. Pour information, Molly m'a demandé de rétrécir tes valises, elle avait les mains pleines à ce moment là. »
« Est-ce qu'elle était encore occupée à te faire du thé ? Depuis quand est-ce que vous êtes si copains elle et toi ? Si seulement elle connaissait ta véritable nature ! »
« Molly a une très haute opinion de moi depuis que nous avons travaillé ensemble pour l'Ordre. Elle me considère presque comme un membre honoraire de la famille Weasley. Nous avons même partagé une mission secrète, » révéla t'il, « même si elle n'est pas au courant. »
« Qu'est-ce que tu veux dire ? » demanda t'elle, sceptique.
« J'ai volé une tourte qu'elle avait préparée à l'office, Square Grimmaud. Je l'ai emmené avec moi à l'une des réunions du Seigneur des Ténèbres. Trois Mangemorts y ont goûté et ont succombé d'un empoisonnement à la ptomaïne. Dommage que je n'en ai pas offert une part au Seigneur des Ténèbres. Molly et moi aurions pu sauver le monde magique sans avoir besoin de la moindre intervention de la part de Potter. »
Malgré sa colère, Hermione ne put s'empêcher de rire.
« Maintenant que je t'ai amusée, est-ce que je suis pardonné ? »
« Eh bien, » calcula Hermione, « Personne n'a été blessé – à part le dragon, bien sûr. Mais je suis persuadée que Charlie et Hagrid sauront le remettre sur pied. »
« Alors tu n'es plus en colère ? »
« J'imagine que non. »
« Bien. Maintenant, reviens au lit que nous nous entraînions un peu pour notre lune de miel, » suggéra Snape avec gourmandise.
Hermione alla se pelotonner entre ses bras. « Il n'y aura de lune de miel que si j'accepte de t'épouser, » le taquina t'elle en lui mordillant l'oreille.
« Quand tu accepteras de m'épouser, » corrigea t'il, caressant le décolleté qu'il avait conquis la veille.
Après plusieurs minutes de baisers enthousiastes, il s'écarta et demanda timidement, « Hermione ? »
« Oui, Severus ? »
« Il y a quelque chose que j'aimerais vraiment, » déclara t'il évasivement.
« Ce que tu voudras, chéri. Je t'écoute. »
« Je me demandais… »
« Severus, après tout ce que nous avons fait cette nuit, ce n'est plus le moment d'être timide. Dis-moi ce que tu as en tête. Ça ne me dérange pas d'essayer des choses un peu différentes, peut-être même que moi aussi j'y trouverai du plaisir. »
« Eh bien, » énonça Snape avec précaution, « c'est quelque chose qui me ferait plaisir à moi, mais si tu refuses de le faire, je comprendrai, et nous pourrons continuer comme nous l'avons fait jusqu'à maintenant. C'est très satisfaisant, » confessa t'il, « et je ne tiens certainement pas à te demander de faire quelque chose qui te mettrait mal à l'aise. »
Hermione le regarda avec un sourire coquin. « Est-ce que c'est quelque chose d'excitant? »
« J'ai toujours entendu dire que ça l'était. »
« Est-ce que c'est vraiment chaud ? » demanda t'elle, émoustillée à l'idée.
« Quand c'est bien fait. »
« Est-ce que ça nécessite… un liquide ? »
« Evidemment. »
« Eh bien, Severus, c'est un peu inhabituel, mais j'ai l'esprit ouvert. Est-ce que tu veux le faire, ou est-ce que tu veux que je le fasse ? »
« Je préfèrerais que ce soit toi, » lui répondit candidement Snape.
« Maintenant ? » demanda Hermione, perdant de son assurance.
« Ce serait préférable. »
Hermione se déroba. « Je ne peux pas. C'est trop… trop… »
« Il est trop tôt le matin ? » proposa Snape.
« Non, c'est trop dégoûtant, » décida t'elle en fronçant le nez.
« Bon, comme tu voudras. Je suppose qu'après notre mariage, quand nous aurons emménagé dans notre cottage, je pourrais toujours m'en remettre à un elfe de maison pour obtenir satisfaction. »
Hermione s'assit resta bouche bée, horrifiée par ce qu'elle venait d'entendre. « Là, c'est carrément pervers ! Ça donne une connotation nouvelle et d'un goût douteux au mot 'SALE'. » Elle frissonna. « Je ne suis plus si sûre de vouloir t'épouser, finalement. »
« Mais de quoi diable est-ce que tu es en train de parler ? » demanda Snape, complètement perdu.
« C'est simplement trop demander. » Hermione croisa les bras d'un air boudeur.
Snape secoua la tête et plissa les yeux. « C'est une bien triste journée en Angleterre quand un sorcier n'a même pas le droit à une bonne tasse de thé ! » s'apitoya t'il.
« De thé ? » répéta t'elle.
« Oui ! De thé ! » aboya t'il.
« Je vais m'en occuper, » répondit Hermione en chantonnant.
Avant de la laisser se lever, Snape l'étreignit un moment. « Enfin, » soupira t'il, heureux, « je tiens le monde entre mes bras. »
FIN.
