Titre : Kurogane (J'ai pas trouvé mieux pour l'instant)
Auteur : Ishime mode fan-des-grands-ninjas-sombres-cool-et-balèzes
Sujet : Tsubasa Reservoir Chronicle
Rating : PG-13 (shonen ai et meurtres, fallait bien ça)
Genre : Euh... Plutôt sérieux... Même pas OOC de Kuro et Fye, puisque leur relation est déjà un peu équivoque dans le manga (vous me direz, c'est des Clamp, fallait s'y attendre).
Disclaimer : Kurogane, Fye, Shaolan et Sakura ne m'appartiennent pas... Les parents de Kurogane, si.
Résumé : Les souvenirs de notre Kuro-chan préféré
Commentaire : J'adore le personnage de Kurogane... Et celui de Fye. Pas que je n'aime pas les autres ! Mais ces deux-là sont mes petits chouchous.
Dédicace : Hmm... Than-san, pour cette fois. Tu as vu ? J'ai écrit sur autre chose que Naruto !
Chapitre I
Une femme. Grande, mince, brune. Les manches de son kimono bleu
nuit semblent flotter dans l'air au moindre mouvement qu'elle fait.
Elle va, elle vient, sans jamais se départir de sa grâce
et de sa douceur. Elle regarde l'homme assis à table près
d'elle. Elle sourit et s'approche de son mari, lentement. Son mari
qui la regarde, et lui sourit aussi en retour. Elle s'assied à
son côté. Dehors, il pleut.
Ils ne paraissent pas
s'en apercevoir.
Au fond de son lit trop confortable, il se retourne et se replie
un peu sur lui-même.
Personne ne pourrait le voir, sous la
couverture qu'il a remonté au dessus de sa tête, mais il
sourit.
La même femme. Elle est accroupie, et tient à la
main une petite figurine en bois. Un soldat. Elle sourit, et l'agite
en annonçant quelque chose qui le fait rire. Il élève
son soldat à lui, et l'approche de celui qu'elle a posé
au sol. Ils parlent, rient, crient même parfois. Dehors, il
fait froid.
Ils ne s'en sont pas aperçus.
Il se retourne, et cesse de sourire.
Dans ses rêves,
chaque scène en précède une autre, dans un ordre
bien défini.
Il le sait.
Et la suivante...
Encore la même femme. Elle le porte et court à
travers la maison. Il ne comprend pas ce qui se passe. Elle halète,
ses yeux sont écarquillés, elle respire la panique. Il
ne la reconnaît plus. Il voudrait pouvoir l'aider, ou au moins
la rassurer, mais il ne sait pas quoi dire. Il n'arrive même
pas à réfléchir, alors il comprend de moins en
moins. Tout à l'heure, elle est venue en courant l'arracher à
son lit, et maintenant...
Maintenant elle ouvre la trappe qui
mène à la cave, et descend quatre à quatre les
marches de l'escalier. Elle écarte une tenture, et commence à
déplacer le tas de vieilles couvertures amassées là.
Il ne comprend pas non plus. Par le soupirail, ils entendent des
cris.
Il la regarde, inquiet. Elle s'est immobilisée. Elle
aussi a reconnu, parmi les voix étrangères, celle de
son époux. Mais déjà elle se remet à sa
tâche. Elle jette par terre la dernière couverture
miteuse, révélant un coffre, dont elle soulève
précipitamment le couvercle. Elle se tourne vers lui et lui
fait signe de se taire, puis l'attrape par la main. Elle le pousse
vers le coffre, l'y fait entrer, et se penche vers lui. Elle lui
chuchote des phrases étranges, dans lesquels résonnent
de sinistres échos. Des phrases comme indistinctes, qu'il
entend sans vraiment les entendre. Il promet qu'il ne criera pas,
n'appellera pas, ne parlera pas, ne fera aucun bruit. Il promet
d'attendre trois heures en regardant attentivement la montre à
gousset qu'elle lui donne avant de sortir. Et il promet que même
après ces trois heures, il ne sortira que s'il n'a plus rien
entendu depuis au moins un quart d'heure. Il ne comprend toujours
pas.
Et puis, tout à coup, la dernière phrase,
celle qui restera, bien nette, gravée en lettres de feu au
fond de son crâne.
"Tu dois vivre."
Elle
referme le coffre. Il l'entend replacer à toute vitesse les
couvertures et la tenture. Et puis quelqu'un soulève la
trappe. On descend.
Et c'est l'horreur.
Il se recroqueville complètement. Son visage s'est crispé.
Il va arriver quelque chose.
Il le sait.
Et ce qui va
arriver...
Les trois heures se sont écoulées. Depuis un
long, très long moment, un silence de mort plane sur la
maison. Un silence qui l'étouffe au fond de son coffre. Il
jette un oeil à la montre qu'elle lui a donnée. Encore
quelques secondes, et il pourra sortir.
Dix, neuf.
Mais a-t-il
seulement envie de sortir ?
Huit, sept.
Il a entendu les voix
du dehors...
Six, cinq.
... qui disaient des choses...
Quatre, trois.
... des choses...
Deux, un.
Et puis
elle a crié.
Zéro.
Il a peur. Il ne comprend
pas.
Il a peur de comprendre.
Mais il sort.
Et c'est
l'horreur.
Si c'était possible, ses traits se crisperaient encore
plus. Sur son visage, on pourrait lire l'horreur, mais l'Horreur avec
un grand H, celle qui glace jusqu'aux os rien qu'en remontant du fond
des souvenirs.
Celle qu'on n'oublie pas. Jamais. Même après
des années et des années.
Toujours la même femme. Mais cette fois, c'est sa
dernière apparition, il le sait.
Parce qu'elle est morte.
Il se laisse tomber devant elle et pleure, sans bruit.
Il y a
du sang partout. Sur le sol, sur les murs, sur la tenture, et même
un peu sur les couvertures. Il se relève, et titube tant bien
que mal vers l'escalier. Il réussit à monter les
marches. Par chance - si on peut appeler cela de la chance - la
trappe est restée ouverte. Il jette un coup d'oeil dans la
salle à manger. Tout est sans dessus dessous - la table
renversée sur le côté, avec un pied arraché,
les chaises brisées jetées ça et là, les
vases colorés en miettes sur le sol - mais c'est bon, il n'y a
personne. Il quitte l'escalier, retenant ses larmes et serrant contre
son coeur la montre.
Il arrive dans la salle à manger. Là
aussi, les meubles et les divers objets gisent pitoyablement,
tailladés, éclatés, émiettés. Mais
personne là non plus. Il frissonne.
Il se précipite
dans la cuisine. Puis à l'étage. Oublie d'être
prudent et vérifie toute les chambres, l'une après
l'autre.
Toujours personne.
Il grelotte. Ravale un sanglot.
Le silence l'effraie.
Il redescend. Suit le couloir. Il marche de
plus en plus vite. Traverse l'entrée en courant, et sort de la
maison.
Et c'est le Cauchemar.
Des cadavres, des cadavres,
encore des cadavres... Partout. Écroulés le long des
murs, au milieu de la rue. Cloués aux murs par une lance.
Pendus aux portes du village, au dessus du puis. Abandonnés
aux fenêtres pour avoir tenté de fuir. Partout, partout,
partout...
Le maire, le boulanger, les voisins, les amis, tous,
ils sont tous là, quelque part, morts.
Des morceaux
d'êtres humains éparpillés dans un décor
infernal par une main qu'il sait humaine.
Le toit d'une maison
qui brûle. Un cheval qui hennit faiblement, dans la fin de son
agonie.
Il ne comprend pas.
Il court d'un endroit à un
autre, dans un état second.
Il ne parvient pas à
comprendre.
Et puis il remarque un corps qui détonne au
milieu de cette scène. Cette personne morte là,
contrairement aux autres, il ne la reconnaît pas... Elle n'est
pas du village. Mais ses vêtements lui rappellent vaguement
quelque chose... Il s'approche.
Et il se souvient.
C'est un
soldat du seigneur. Il sont venus il y a deux jours, pour demander de
l'argent au maire, mais on ne leur a pas donné. La récolte
a été mauvaise cette année, on n'avait juste
assez d'argent pour passer l'hivers. On ne pouvait pas leur en
donner.
Alors, s'il est ici...
Sa bouche s'ouvre en grand.
Les larmes lui viennent aux yeux.
Il a compris.
Il a six ans.
"Papa... Maman..."
Il hurle, hurle, hurle...
Il hurle et se réveille, couvert de sueur.
Fye, qui
dort dans la même pièce que lui, se précipite.
"Qu'est-ce qui se passe ?"
Le brun regarde le blond,
l'air hagard et la peur encore au fond des yeux.
"Tu as fait
un cauchemar ?"
Petit à petit, Kurogane récupère
son souffle et son sang-froid.
"Oui... Ce n'était
qu'un cauchemar..."
Fye tique. Hurler de peur, ça ne
ressemble pas à Kurogane. Mais alors pas du tout. Qu'est-ce
qui pourrait bien effrayer un ninja aussi fort ? Le magicien observe
l'autre homme du coin de l'oeil. Son visage a l'air de se refermer.
Bientôt, il se murera de nouveau dans le silence.
"Kurogane
?"
Le brun grogne, et se tourne vers son compagnon.
"Quoi
?"
Fye sourit, et passe les bras autour des épaules
larges du ninja.
"Il y a quelqu'un qui te fait peur,
Kuro-chan ? Allez, raconte à tonton Fye..."
Kurogane
le repousse et crie.
"Stupide magicien ! COMBIEN DE FOIS
FAUDRA-T-IL QUE JE TE RÉPÈTE DE NE PAS M'APPELER PAR
CES STUPIDES SURNOMS !"
Fye s'écarte en souriant.
"Mais tu sais Kuro-kuro, si jamais tu as besoin de parler,
je suis là..."
Mais le brun n'est pas d'humeur à
saisir les sous-entendus du blond.
"OUAIS BEN C'EST PAS
DEMAIN LA VEILLE QUE JE VIENDRAI TE VOIR !"
