Titre : Kurogane (J'ai pas trouvé mieux pour l'instant)
Auteur : Ishime mode fan-des-grands-ninjas-sombres-cool-et-balèzes
Sujet : Tsubasa Reservoir Chronicle
Rating : PG-13 (shonen ai et meurtres, fallait bien ça)
Genre : Euh... Plutôt sérieux... Même pas OOC de Kuro et Fye, puisque leur relation est déjà un peu équivoque dans le manga (vous me direz, c'est des Clamp, fallait s'y attendre).
Disclaimer : Kurogane, Fye, Shaolan et Sakura ne m'appartiennent pas... Les parents de Kurogane, si.
Résumé : Les souvenirs de notre Kuro-chan préféré
Commentaire : J'adore le personnage de Kurogane... Et celui de Fye. Pas que je n'aime pas les autres ! Mais ces deux-là sont mes petits chouchous.
Dédicace : Hmm... Than-san, pour cette fois. Tu as vu ? J'ai écrit sur autre chose que Naruto !
CHAPITRE II
"Il est encore là ?"
Une autre femme.
Grande aussi, mais pas mince : maigre. En fait, elle doit avoir à
peu de chose près la corpulence de sa mère. Il le sait,
mais rien à faire : il la trouve est maigre. Osseuse, même.
Elle bouge sans grâce ni douceur ; dans chacun de ses gestes on
sent son souci d'économiser son énergie. D'ailleurs
elle économise tout, du moins tant qu'il est question d'elle.
Sauf sa salive.
Sa langue, c'est bien la seule chose qu'elle ne
rechigne jamais à utiliser. Rarement par souci d'altruisme.
Et il la connaît assez bien maintenant pour savoir que cet
unique moyen d'action peut s'avérer d'une efficacité
terrifiante. Il l'a vue dénoncer ses voisins, cousins,
clients. Il l'a aussi vue, à l'occasion, les monter tous
contre une pauvre créature qui avait eu le malheur de la
contrarier. Il sait que ce genre de commentaires précède
de peu le passage à l'acte, toujours par personne interposée.
Mais contrairement à ses précédentes
victimes, il ne se fait aucune illusion sur sa capacité à
nuire. Il est inutile de partir, à présent qu'elle l'a
choisi. Elle le retrouvera, même à l'autre bout de la
ville. Il se redresse, émergeant de la pénombre qui
règne dans le réduit à ordures. Elle plisse les
yeux pour mieux distinguer ses traits juvéniles, et un sourire
étire ses lèvres pâles. Le sourire. Celui qui
empeste la méchanceté, l'égoïsme, et le
désir pervers de faire souffrir.
Leurs regards se
croisent. Il ne cille pas.
"Alors c'est à ça
que tu ressembles ? Je vais t'apprendre à rester à ta
place ! Tu vas regretter d'avoir fouillé dans mes poubelles...
!"
Tout en elle respire cette joie malsaine, ce plaisir
sadique qui seul offre un intérêt à son existence
sordide. Il ne bronche pas. Cette aura puante ne l'affecte pas. Il
rôde dans les parages depuis plus de six mois, il s'y est
habitué. Aucune partie de son corps ne bouge, pas même
un sourcil. Il la fixe, simplement. De ce regard indéchiffrable,
qui a lui aussi le don de mettre les gens sur lesquels il se pose mal
à l'aise.
Et c'est elle qui détourne les yeux la
première.
"Tu vas voir ! Tu vas voir comment les
soldats dressent les sales petits mendiants dans ton genre... !"
Il
s'avance vers elle. La regarde se replier sur elle-même comme
une vipère. Oui, c'est ça, comme une vipère. Il
l'imagine, une longue et fine langue bifide dépassant entre
ses dents, sifflant pour l'effrayer. Quand il arrive à sa
hauteur, elle s'écarte précipitamment. Il continue,
s'en va tranquillement le long des murs. Elle fronce les sourcils, et
retourne s'enfermer dans sa bicoque.
Fye regarde Kurogane, surpris qu'il n'ait pas réagi quand
il l'a appelé tout à l'heure. Le magicien sourit.
Un
ninja profondément endormi sur un fauteuil, sans défense
au beau milieu d'une maison inconnue, c'est si rare. Le blond va
ouvrir l'armoire, en sort une couverture et revient se pencher sur le
brun pour le couvrir.
"Pauvre Kuro-tiep. Tu devais être
drôlement fatigué. Allez, repose-toi donc un peu, pour
une fois..."
Il s'approche du bureau de police, sans se préoccuper
des soldats qui en gardent l'entrée.
Eux non plus ne lui
prêtent pas attention. Il entre, et s'arrête au milieu de
la pièce pour chercher quelqu'un du regard. Mais le borgne
n'est pas là. Il hésite. Vers qui se tourner ? Rien ne
prouve que les autres seront intéressés par ce qu'il a
à dire... Mais un petit homme derrière un bureau
interrompt ses réflexions.
"Qu'est-ce que tu fais
ici, toi ?"
Il cligne des yeux, se demande ce qu'il faut
répondre. Opte pour la vérité.
"Je
cherche le borgne."
C'est au tour de l'autre de cligner des
yeux.
"Qu'est-ce qu'un gamin comme toi peut lui vouloir, au
borgne ?"
Il se renfrogne. Dire la vérité,
d'accord, la dire toute entière...
"Lui
parler."
L'autre ricane.
"Dans ce cas, c'est au
cimetière qu'il faut aller, petit. Alors à moins que je
ne puisse le remplacer..."
Il soupire. Il n'a plus vraiment
le choix, il faut se jeter à l'eau.
"C'est à
propos de la mère Mahoro... Le borgne m'avait dit que tout ce
que je pourrais apprendre à son sujet vous
intéressait..."
L'homme hausse un sourcil, puis
sourit.
"Viens dans la pièce à côté
m'expliquer tout ça, petit. Tu m'intéresses..."
Fye s'est attardé dans le salon. Il a eu beau trouver
toutes sortes de prétextes, Sakura et Shaolan savent que c'est
pour rester veiller sur son grand "ami". Le magicien lui
jette un coup d'oeil distrait, et soupire en voyant la grimace qui
tord son visage. Il ne se lassera jamais d'observer Kurogane, même
si beaucoup de gens le trouveraient ennuyeux ou déprimant, à
ne quasiment jamais exprimer ni la joie, ni aucune forme
d'attachement envers les autres...
Le blond, lui, n'est pas de
cet avis.
"Kuro-kuro, tu es plus sensible que tu ne veux
bien le montrer. Alors pourquoi est-ce que tu mets tant d'énergie
à le cacher, dis ?"
Il l'a bien observé, mine
de rien. Il l'a vu rayonner à l'annonce des batailles, se
chamailler avec Mokona, s'inquiéter pour ses compagnons, et
parfois même essayer de les encourager, à sa manière...
Et puis, il aime discuter avec Kurogane. Le ninja n'éprouve
aucune pitié pour lui, et n'a aucun complexe à le
clamer. Les gens qui renoncent à la vie, il déteste. Il
les méprise parce qu'il les voit tels qu'ils sont : des
lâches.
Et pourtant, Fye sait, a senti confusément
que cette grande brute tient à lui.
"Ça te
fait vraiment peur à ce point, d'aimer les gens ?"
Il sort du bureau de police, lesté de quelques pièces
d'or. Pas beaucoup, mais suffisamment pour s'acheter des vêtements
de rechange... Il ne le fera pas. Cet argent, il l'a obtenu en
dénonçant quelqu'un, et même si le quelqu'un en
question pratiquait lui-même allègrement la délation,
il se refuse à profiter d'un acte aussi immoral. Il n'a pas
dénoncé cette femme par plaisir, mais par nécessité.
Fuir ne mène à rien. Il n'est pas de taille à
se défendre. Alors il attaque. Ne pas attendre qu'on lui fasse
du mal, parce qu'à ce moment là il sera trop tard.
L'attaque est sa seule défense possible. Frapper le premier,
c'est échanger les rôles.
Sur le chemin, il croise
une fillette qui fait la manche. Sa peau est couverte de terre, ses
cheveux sont tellement emmêlés qu'il forment une sorte
de boule de filasse noire. Ses vêtements sont complètement
déchirés. Elle a l'air de ne pas avoir mangé
depuis longtemps. Elle pleure devant une timbale vide.
Il sort
l'argent de sa poche, et le verse dedans.
Elle le fixe de ses
yeux noirs écarquillés, et le salue d'une étrange
courbette.
"Merci, merci, merci..."
Fye tourne autour du brun endormi depuis près d'une heure,
à présent. Il est en proie à un horrible dilemme
: laisser son Kuro-Tiep endormi au fond de ce vieux fauteuil qui
laisse un peu à désirer côté confort, ou
le réveiller pour lui dire d'aller se coucher dans son lit ?
Il penche plutôt pour la seconde option : vu l'expression du
visage du ninja, son rêve ne doit pas être très
agréable...
Et tout d'un coup, Kurogane sourit.
Légèrement. Discrètement.
Mais il
sourit.
Alors Fye reste là, à le contempler, sans
oser le tirer de son sommeil.
Il n'a pas eu de mal à trouver d'autres poubelles mieux
garnies que celles de la mère Mahoro. Cette femme était
vraiment avare ! Et mesquine, pour vouloir s'attaquer à lui...
Il ne laisse jamais rien traîner, quand il va fouiller les
poubelles près d'une maison. Il considère que c'est le
moins qu'il puisse faire pour ces gens qui le nourrissent
gratuitement et parfois même à leur insu. Il y a cinq
jours qu'il a dénoncé la mégère. Malgré
lui, il s'inquiète. Il espère qu'il ne la maltraiteront
pas trop... Qu'ils lui donneront une mort sans souffrance... Il prie
pour qu'ils soient brefs avec elle, mais doute qu'ils puissent l'être
avec qui que ce soit. Ses remords ne veulent pas le laisser en
paix...
Sauf quand il se souvient de la gamine. L'image de sa
tignasse sombre efface les sombre pensées qui ont envahi son
cerveau. Il se promène dans le quartier où il l'a
rencontrée. Peut-être la croisera-t-il de nouveau, au
hasard d'un tournant... Tiens, pourquoi pas dans cette ruelle, là
? Il s'y engouffre, obéissant à son impulsion. Et une
odeur épouvantable le fait chanceler.
Une odeur de cadavre
qui commence à pourrir.
Il a un mauvais pressentiment. Il
marche lentement vers la source de cette puanteur...
C'est elle.
Il l'a reconnue tout de suite, avec ses cheveux noirs mal peignés...
Peut-être même jamais peignés. Elle est là,
étendue à terre, les mains serrées contre son
coeur et la gorge tranchée. Ses grands yeux noirs, si tristes
et doux, sont grands ouverts. Elle n'a pas dû comprendre
pourquoi elle sentait son cou dégouliner, fondre sur les
restes de son kimono... Pourquoi elle tombait. Elle a roulé
sur le côté, en gardant les mains contre elle...
Elle
est morte depuis un peu moins d'une semaine.
Il la dépasse,
retenant ses larmes de couler. Il ne connaît même pas de
prière à réciter pour elle... Il va aller
chercher un moine du temple bouddhique. Eux pourront faire quelque
chose pour cette pauvre âme... Il commence à courir. En
arrivant à l'autre bout de la rue, ses pieds butent contre
quelque chose. Il s'arrête, baisse les yeux, cherche du regard
ce qu'il a heurté de ses orteils nus.
La timbale. Sa
timbale. Vide.
Il s'enfuit, le plus vite possible. Ses larmes
coulent le long de ses joues sans même qu'il s'en rende compte.
Fye est penché au dessus de son ninja préféré,
et essaie de comprendre ce qui peut lui passer par la tête.
Tout à l'heure il souriait comme un bienheureux, et là
le voilà prêt à pleurer. Son Kuro-chan est au
bord des larmes, il en mettrait sa main au feu. De quoi peut-il bien
rêver ? Fye tente sans succès de le lire sur son visage
crispé et ses paupières closes...
Ah non, ouvertes.
"Tu es réveillé Kuro-rin ?"
Le ninja
cligne des yeux, pris au dépourvu. Puis il reprend ses
esprits, et foudroie Fye du regard. Évidement qu'il est
réveillé ! Quelle question stupide ! Tout à fait
digne de ce stupide et exaspérant magicien. Mais le blond ne
se laisse pas démonter.
"Tu devrais aller dans ton
lit pour dormir, tu ne crois pas ?"
Kurogane se relève
brusquement, bouscule Fye et se dirige vers les escaliers. Le
magicien, tout sourire, trottine derrière lui. Ils montent à
l'étage, et se séparent pour se diriger chacun vers
leur chambre. Le magicien ouvre la porte de la sienne et se retourne.
"Oyasumi, Kuro-pon !"
Le ninja s'immobilise et se
retourne, la main sur son sabre.
"Si tu m'appelles encore
une fois avec tes surnoms stupides, tu le regretteras !"
Kurogane
s'apprête à fermer la porte derrière lui, mais
Fye court vers lui et s'agrippe à son bras.
"Ouiiiiiiin,
mon Kuro-kuro ne veut pas me dire bonne nuit !"
Le brun lève
les yeux au ciel, en signe de désespoir.
"Tu écoutes
ce qu'on te dit des fois ? Vas dormir... Et n'oublie pas de te
réveiller demain matin, baka."
Fye sourit, se détache
de son ami et se précipite vers son lit en chantonnant.
"Kuro-rin s'inquiète pour moi ! Miaou miaou, je peux
aller me coucher ! Miaouuuuuu ! Kuro-chan a été gentil
avec moi..."
